Souveraineté alimentaire : une vision à mettre en œuvre

Le Mali dispose d’atouts indéniables pour assurer son autosuffisance alimentaire. Les nombreuses potentialités agricoles et agropastorales, la diversité et la richesse des zones de production, l’existence de cadres stratégiques et réglementaires sont autant de facteurs pour arriver à cette souveraineté. Mais l’objectif semble encore loin tant les défis à relever sont nombreux. Aux aléas climatiques récurrents s’ajoutent les multiples crises que le pays traverse et l’insuffisance en investissements.

Le pays possède pourtant de grandes potentialités en terres agricoles et agropastorales, selon le Fonds des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO). Environ 43,7 millions d’hectares de terres exploitables, tous secteurs confondus, un potentiel irrigable estimé à plus de 2,2 millions d’hectares, l’un des cheptels les plus importants de la sous-région (12 474 462 bovins, 20 142 677 ovins, 27 810 553 caprins, 595 869 équins, 1 167 223 asins, 1 265 915 camelins, 87 216 porcins et 52 098 451 volailles, selon le rapport 2020 de la Direction nationale des Productions et industries animales), et également un domaine forestier qui couvre près de 100 millions d’hectares avec une faune importante et diversifiée.

« Sur le plan économique, l’État fait la promotion des Zones économiques spéciales pour l’Agriculture (Zone Office du Niger, Zone Office Riz Ségou, ADRS – Agence de développement rural de la vallée du fleuve Sénégal, Zone Office du Périmètre Irrigué de Baguinéda). D’importantes infrastructures structurantes de désenclavement sont réalisées pour la fourniture d’énergie et des services sociaux de base », ajoute l’organisation.

Concernant la gouvernance, la FAO cite plusieurs cadres stratégiques et politiques, parmi lesquels la Loi d’orientation agricole (LOA), la Politique de développement agricole (PDA), le Plan national d’investissement dans le secteur agricole (PNISA 2015 – 2025), la Politique nationale de Sécurité alimentaire et nutritionnelle (PolNSAN), la Politique foncière agricole du Mali (PFA), les Priorités résilience pays (PRP) ou encore la Politique nationale de Protection de l’environnement. Pour mettre en œuvre ces lois, politiques, plans et cadres, un dispositif national de sécurité alimentaire et nutritionnelle a été mis en place et comprend entre autres le Commissariat à la Sécurité alimentaire (CSA), l’Observatoire du Marché agricole (OMA), l’Office des produits agricoles (OPAM), etc.

Quelles stratégies ?

C’est la Conférence au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays du CILSS, tenue en novembre 2000 à Bamako suite au deuxième Forum des Sociétés sahéliennes, qui a adopté «  le Cadre stratégique de Sécurité alimentaire dans une perspective de lutte contre la pauvreté au Sahel, de manière à assurer les conditions d’une sécurité alimentaire durable, structurelle et régionalement intégrée, et à renforcer la prévention et la gestion des crises alimentaires ». Ce qui explique que l’existence d’une Stratégie nationale passe par son intégration à une stratégie sous-régionale. Une question d’autant plus cruciale que les défis du Mali en la matière sont aussi ceux de ses voisins. En effet, la complémentarité des économies de la région constitue un facteur important pour l’atteinte des objectifs de la sécurité alimentaire.

Il ressort de l’étude sur la Stratégie nationale de sécurité alimentaire du Mali que l’option de base était la réalisation de l’autosuffisance alimentaire, définie comme la capacité d’un pays « à fournir à la population en général, à chaque individu et à chaque famille en particulier, d’une part une alimentation suffisante (…), par la production locale, en exploitant le mieux possible son potentiel agricole et en mobilisant les ressources humaines, et, d’autre part, un niveau nutritionnel suffisant, garantissant à la population une ration équilibrée ». Mais l’échec des stratégies nationales d’autosuffisance alimentaire a donné lieu à « une vision plus libérale », donnant plus de place au marché et aux opérateurs privés. L’intervention de l’État se limitant à la gestion d’un Stock national de sécurité alimentaire, à la gestion de l’aide alimentaire et à la promotion des dispositifs d’information sur le marché.

Obstacles

Il en résulte donc de nombreux obstacles à l’atteinte de la souveraineté alimentaire. Si leur existence constitue un atout certain, « la situation très diverse selon les zones de production constitue l’un des obstacles à l’atteinte de cette souveraineté », explique le Dr Abdoulaye Traoré, économiste et coach en management. De la Zone Office du Niger à l’OHVN, en passant par la Zone Office Riz Ségou. Alors que dans certaines exploitations l’on peut obtenir de 6 à 8 tonnes à l’hectare, dans d’autres la production ne dépasse pas 1,4 à 1,5 tonne. Il faut donc chercher à niveler les rendements dans les différentes zones d’exploitation, suggère le Dr Traoré. Il faut aussi noter qu’il « y a une migration de la culture du mil vers la culture du maïs, parce que c’est seulement dans les stations de recherche que l’on peut atteindre plus d’une tonne de rendement pour le mil. Les paysans, individuellement, dépassant difficilement 800 à 900 kilogrammes à l’hectare ».

Alors qu’avec les variétés de maïs existant actuellement on peut atteindre 3 à 6 tonnes. Mais les habitudes alimentaires sont telles que le mil est plus consommé par les populations. Le maïs étant principalement consommé à Sikasso et dans les zones soudaniennes, alors que dans le Centre et le Sahel occidental on prise plutôt le mil et le sorgho.

Il faut donc faire évoluer les habitudes alimentaires en fonction des niveaux de production et passer d’une agriculture extensive à une intensive, parce que souvent les capacités techniques pour produire sur des espaces de 30 à 50 hectares n’existent pas pour les producteurs, ajoute le Dr Traoré. Alors que 5 hectares peuvent constituer un niveau acceptable de production. En outre, les problèmes des sols pauvres et dégradés sont accentués sur les surfaces étendues.

Défis

Selon l’étude sur la Stratégie nationale de sécurité alimentaire, les enjeux et les défis se résument à comment nourrir une population en forte croissance et de plus en plus urbaine. Assurer la sécurité alimentaire revient à assurer une croissance économique et à augmenter les revenus des populations. Et, pour une population majoritairement jeune, d’importants efforts sont nécessaires « en matière d’éducation, de santé et de nutrition pour permettre au pays de disposer de ressources humaines de qualité, condition sine qua non pour un développement économique, social et culturel garantissant une véritable sécurité alimentaire ».

Les aléas climatiques récurrents et la crise et l’insécurité qui sévissent au Mali constituent autant d’obstacles à l’atteinte de la souveraineté alimentaire, estime la FAO. « La mobilisation de ressources insuffisantes, l’étroitesse du cadre partenarial, le faible niveau d’investissement des acteurs privés, le rétrécissement de la croissance du PIB à 2,1% en 2022 et l’augmentation des prix à la consommation des produits de première nécessité (huile, farine de blé, sucre, lait en poudre, engrais, etc.), à la suite de facteurs exogènes comme les sanctions des institutions sous-régionales (levées le 3 juillet 2022, NDRLet le conflit entre la Russie et l’Ukraine », constituent aussi des « goulots d’étranglement ».

La croissance de la population urbaine impactera la demande en certaines céréales, telles que le riz, et en produits agricoles transformés. Un changement qui constitue, au regard de la sécurité alimentaire et de la lutte contre la pauvreté, à la fois une contrainte et un défi, selon l’étude. En effet, la population rurale actuelle, qui représente près de 80% de la population totale, a d’énormes difficultés à satisfaire les besoins alimentaires. Avec la diminution de cette proportion, on peut penser que ces difficultés vont augmenter. Il s’agira donc de relever le défi de la production par l’amélioration de la productivité : intensification agricole (mécanisation et accès aux moyens de production, notamment), maîtrise de l’eau, utilisation des nouvelles technologies, etc.)

Il faudra aussi passer des exploitations agricoles aux entreprises agricoles, suggère le Dr Traoré. Parce qu’il faut arrêter de produire uniquement pour consommer, l’essentiel des productions des exploitations actuelles étant dédié à la consommation. Chaque individu consommant environ 200 kg de céréales par an, selon les statistiques de l’Institut d’économie rurale (IER), lorsque l’on prélève cette quantité, peu de stock reste après la consommation.

33ème journée du CILSS : Valoriser les produits forestiers non ligneux

Le Comité permanent inter États de Lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS) organise sa 33ème journée ce 12 septembre. Le thème retenu est « L’importance des produits forestiers non ligneux dans le renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et des moyens d’existence des ménages vulnérables au Sahel et en Afrique de l’Ouest ». L’occasion de mettre l’accent sur une stratégie d’adaptation aux variabilités du climat.

Renforcer la résilience des populations rurales du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest et par conséquent leur sécurité alimentaire passe par l’accroissement de la diversité alimentaire, économique et écologique des paysages. Parmi ces stratégies de diversification figurent les utilisations des produits forestiers non ligneux (PFNL).

Les arbres et arbustes présents dans ces espaces fournissent aux populations des produits alimentaires : fruits, graisse, huile, noix et condiments. Ils  constituent aussi des sources de revenus, car commercialisés et consommés de façon locale ou transformés, contribuant ainsi à l’économie nationale.

Fortes pressions Cependant, les différentes pressions exercées par des populations en pleine croissance entrainent une dégradation des espaces de production et exacerbe la pauvreté. Les ressources naturelles sont directement affectées par la réduction des espaces forestiers, conséquence du déboisement et de la perte de biodiversité, de la diminution des propriétés foncières, de celle des fertilités des sols et de la progression des emplois non agricoles.

C’est pour inverser cette tendance et accomplir son rôle dans l’atteinte de la sécurité alimentaire que le CILSS a décidé d’y consacrer sa 33ème journée. Avec pour double objectif de booster les capacités locales, afin d’assurer de façon durable la sécurité alimentaire, et de répondre aux engagements de la sous-région en matière de conventions internationales sur l’environnement et la création de richesses.

Malheureusement « ignorés pendant longtemps », les PFNL n’ont pas été suffisamment pris en compte dans les recettes. Ce qui occulta le rôle des ménages dans le secteur du commerce des produits locaux et des stratégies alimentaires, économiques et pharmacologiques paysannes.

Des revenus conséquents Ils contribuent à l’amélioration des revenus des ménages, surtout des femmes, qui les exploitent principalement. C’est pourquoi l’un des objectifs visés par la journée est de mieux faire connaître les implications de ces produits sur la vulnérabilité des secteurs stratégiques de la sécurité alimentaire. La journée souhaite aussi susciter auprès des États membres et des partenaires techniques et financiers un intérêt croissant à intégrer les solutions « émergentes » centrées sur la valorisation des PFNL dans leurs programmes nationaux afin de renforcer la résilience des populations et d’assurer une sécurité alimentaire durable.

17è conférence des chefs d’Etats du CILSS : le Mali prend les rênes

Après la 50è session du Conseil des ministres du CILSS, les chefs d’état du CLISS se réunis en conférence au Centre International de conférence de Bamako(CICB) ce mercredi 15 avril. Etaients présents Mamadou Issoufou, président du Niger, Mohamed Ould Abdel Aziz de la Mauritanie, Michel Kafando du Burkina Faso, le Premier Ministre Guinéen etc… Comme à  l’accoutumée, le président Ibrahim Boubacar Keita a souhaité la bienvenue aux délégations venues des différents pays. Il s’est dit très heureux que les chefs d’Etats aient honoré de leur présence la conférence du CILSS malgré leur agenda chargé : « Votre présence effective traduit à  souhait l’intérêt particulier que vous portez à  notre institution ». C’’était aussi l’occasion de féliciter les partenaires techniques et financiers qui aident à  faire du CILSS, une institution crédible aux yeux de la communauté internationale. Appel pour la Paix « Je voudrais lancer un appel aux institutions financières afin de mobiliser davantage de fonds pour répondre aux défis du CILSS ». La 17è conférence se tient au moment ou les pays sahéliens sont sous la menace terroriste, l’intolérance religieuse et toutes sortes de menaces transnationales etc… ». A cette conférence est revenu le dossier de l’Accord d’Alger. Pour Idriss Déby Itno : »la signature définitive de la paix permettra de lutter efficacement contre le terrorisme dans le Sahel ». Concernant ses deux mandats à  la tête du CILSS, le président tchadien a reçu des félicitations pour sa bonne gouvernance et ses résultats satisfaisants. Ce qui lui a valu une reconnaissance par le secrétaire exécutif du CILSS. « Je dédie ce trophée à  tous les sahéliens qui ne cessent de se battre pour la survie de leurs populations». Les partenaires techniques financiers ont une fois de plus réaffirmé leur soutien au CILSS. C’est désormais le Mali qui prend la présidence du CILSS à  l’issue de cette 17è conférence des Chefs d’Etats tenue à  Bamako.

50è Session du CILSS: Bamako, capitale du Sahel

Cette réunion importante sera suivie le 15 avril prochain par la 17è conférence des chefs et de gouvernement du CILSS. Ces différentes réunions seront l’occasion pour les chefs de l’Etat et de gouvernement des Etats membres du CILSS, de dresser le bilan de l’organisation depuis la dernière conférence tenue en juillet 2013 à  NDJAMENA et les grandes orientales stratégiques pour les années à  venir. Plan quinquennal 2015-2019 La 50eme session ordinaire du conseil des ministres se penchera sur des questions comme la signature de la seconde convention révisée, le CORESA révisé, la révision de la politique de rémunération, la révision du niveau de contribution des Etats membres au fonctionnement du CILSS, le processus de rapprochement CILSS-CEDEAO, les arriérés de paiement et contributions des Etats membres, la construction du siège de l’INSAH et la nomination d’un Auditeur interne. C’’est ainsi que Mme Rosine Baiwong Djibergui AMANE , ministre de l’agriculture et de l’environnement du Tchad, ministre Coordinateur du CILSS, a invité ces collègues à  examiner toutes ces questions avec la plus grande attention afin de faire des propositions pertinentes au sommet des chefs d’Etats : «Nos délibérations devront permettre aux chefs d’Etats et de gouvernement, de prendre des engagements forts pour valider le plan quinquennal 2015-2019 et envoyer un signal percutant à  l’endroit des partenaires techniques et financiers pour leur soutien et accompagnement dans la réalisation de cet ambitieux programme. Elle a appelé ces collègues ministres à  résoudre définitivement la question de la convention. Et à  adopter les outils de gestion des ressources humaines pour assurer la pérennité de l’emploi au CILSS. Pour sa part, Bocary Tréta ministre du développement rural, a indiqué que les Etats ont connu ces dernières années des crises alimentaires qui ont pu être gérées de façon satisfaisante, grâce à  la capacité d’anticipation développée par le CILSS, à  travers ses outils et ses instruments d’information et de gestion des crises alimentaires. Les partenaires techniques et financiers notamment la CEDEAO, l’UEMOA, la BAD ont rassuré les ministres de leur accompagnement sur les différents programmes du CILSS avant de leur suggérer également le suivi et l’évaluation de l’institution dans ses activités.

44e session du conseil des ministres du CILSS : La crise alimentaire domine les débats

Cette session se tient quelques jours après la 16e réunion de son comité régional de programmation et de suivi (CRPS). Les points évoqués lors de cette session sont entre autres : Le mandat du secrétaire exécutif, le commissariat aux comptes, la situation des cotisations des Etats membres, l’état de mise en œuvre de la feuille de route de la coalition mondiale sur l’eau au sahel et le rapprochement entre le CILSS et la CEDEAO. Le changement climatique inquiète l’instauration de deux sessions du conseil des ministres par an, a été décidée lors de la 15e conférence des chefs d’Etats et de gouvernement du CILSS en Mars dernier au Tchad. Le ministre malien de l’agriculture, Aghatam Ag Alhassane explique que « cette décision offre l’opportunité de suivre de façon plus rapprochée, les activités du CILSS et d’apporter les ajustements nécessaires, chaque fois que le besoin se fait sentir. Elle permettra également de redynamiser le comité.» Il indique par ailleurs que depuis presque quatre décennies, le comité œuvre inlassablement pour améliorer les conditions de vie des populations sahéliennes, dans un environnement marqué par le changement climatique. La crise alimentaire au C’œur des débats Par ailleurs, le chef de la délégation de la commission européenne au Mali et chef de file des partenaires techniques et financiers (PTF) du CILSS, Giacomo Durazzo se dit satisfait du dynamisme des Etats membres. Les PTF émettent cependant quelques points leur semblant assez primordiaux. Giacomo Durazzo évoque notamment la question de la coalition mondiale de l’eau au sahel qui a fait l’objet d’une mise en œuvre. Il déclare « nous restons convaincus que la problématique de l’eau, déborde les frontières de l’Afrique de l’ouest et nécessite des coopérations plus élargies. » Les PTF saluent aussi, les efforts du CILSS, de l’UEMOA, de la CEDEAO et des organisations socioprofessionnelles dans la gestion de la crise alimentaire. Ils estiment que les initiatives tendant à  renforcer le suivi de la situation alimentaire et nutritionnelle au sahel doivent se poursuivre. Rappelons que la présidence du CILSS est présentement assurée par le Tchad. Ainsi, le coordonnateur des actions du comité se fait sur la direction du ministre tchadien de l’agriculture et de l’irrigation, Pahimi Padaké Albert. Il évoque en premier lieu, la situation alimentaire au sahel. Il explique que « face à  cette situation de crise, nos pays ont fait preuve de solidarité et la communauté internationale s’est mobilisée pour venir en aide aux populations affectées. » Renforcer la coopération technique Le ministre tchadien de l’agriculture interpelle les uns et les autres, sur la nécessité de renforcer la coopération technique. Il explique que le CILSS a une certaine expérience sur la prévention et la gestion des crises alimentaires. Il faut reconnaitre que les outils et méthodologies élaborées par le CILSS pour le suivi de la campagne agricole, puis, l’évaluation des récoltes, ont fait la preuve de leur fiabilité depuis plus de deux décennies. Cependant, le ministre reconnait que les crises sont devenues multiformes et complexes. Il appelle par conséquent tous les pays, à  dégager les ressources nécessaires pour le financement de l’enquête agricole. Ainsi que le ciblage rigoureux des populations vulnérables. Les neufs ministres du CILSS, après ces deux jours de travaux visiteront cette après midi, le périmètre irrigué de Baguinéda (à  quelques kilomètres de Bamako). Une visite qui mettra un terme à  cette 44e session du conseil des ministres du comité permanent inter-état de lutte contre la sécheresse au sahel.

16e Réunion du comité régional du CILSS : Les délégués à Bamako

Cette 16e réunion des 9 pays membres du CILSS a pour objet, d’examiner les rapports techniques et financiers de l’année 2009, les plans d’opération et l’adoption du prochain budget. Notons que cette rencontre se tient à  la veille du conseil des ministres du comité. Ces deux jours de travaux permettront notamment d’échanger sur l’état de mise en œuvre des résolutions et recommandations issues de la dernière rencontre des chefs d’Etats et de gouvernements du CILSS à  N’djaména (Tchad) en Mars 2010. La question sur la coalition mondiale sur l’eau au sahel n’est pas en reste. Puis, le rapprochera institutionnel entre le CILSS et la CEDEAO, le système de recrutement des cadres nommées par le conseil des ministres, l’extension du CILSS à  l’espace CEMAC-CEEAC et le recouvrement des cotisations des Etats membres, sont entres autres les questions abordées au cours de cette réunion de deux jours. Crise alimentaire au sahel Le secrétaire exécutif du CILSS, le Pr Alhousseà¯ni Bretaudeau reconnait que la situation alimentaire au sahel est préoccupante. Il précise que « le CILSS est solidaire des populations affectées et met tout en œuvre avec ses partenaires, pour venir en appui aux pays et personnes touchées par le fléau.». Il rappelle que du 17 au 19 mai dernier, une réunion extraordinaire sur la crise alimentaire s’est tenue à  Lomé (Togo). C’’était en présence des ministres en charge de l’agriculture, du commerce, des actions sociales et/ou humanitaires des pays membres de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Cette rencontre sur la crise alimentaire et nutritionnelle en Afrique de l’ouest, visait selon le Pr Bretaudeau, à  apporter une réponse régionale en appui aux efforts déjà  déployés par les Etats et leurs partenaires. Le secrétaire exécutif appelle à  la consolidation des différents systèmes de production (agriculture, élevage, pêche, exploitation forestière) et, à  la vulgarisation des techniques permettant aux populations d’atténuer les crises alimentaires, en s’adaptant aux changements climatiques. Le CILSS tire la sonnette d’alarme Le ministre de l’environnement, Aghatam Ag Alassane rappelle l’importance du rôle joué par le comité dans la prévention et la gestion des crises alimentaires au sahel. Il estime que « depuis plus de 20 ans, le dispositif mis en place par le CILSS pour lutter contre la crise alimentaire dans le sahel et sur l’ensemble du contient, permet d’assurer un suivi rapproché de la situation agricole et alimentaire. » Il explique que grâce à  cet outil unique en son genre en Afrique subsaharienne, les décideurs politiques sont en mesure de prendre des décisions appropriées. Ces informations il faut le dire, sont fiables et pertinentes dans la gestion efficace de la crise alimentaire actuelle. Le dispositif a d’ailleurs fait ses preuves dans la résolution de la crise de cette année 2010 selon le ministre. En décembre 2009, le CILSS avait attiré l’attention des ses membres et de la communauté internationale sur les potentiels risques d’insécurité alimentaire au sahel. Cet appel a donc permis comme l’indique le ministre malien de l’environnement, de prendre les mesures nécessaires pour circonscrire la crise et soulager les populations vulnérables. Mr Aghatam appelle tous les participants à  conserver le capital de connaissances et de compétitions accumulés par le CILSS depuis près de quatre décennies. Cela, au profit non seulement des populations sahéliennes, mais aussi à  tout l’espace CEDEAO et l’Afrique centrale qui a sollicité l’aide du comité. Notons que les chefs d’Etats et de gouvernements du CILSS ont ramené la périodicité de leur conférence de trois à  deux ans, lors de la rencontre de Mars dernier au Tchad. Ils ont également décidé que le conseil des ministres se tiendra désormais en session ordinaire deux fois par an au lieu d’une. Ce qui impliquera la tenue biannuelle des rencontres du CRPS deux fois également puisqu’il précède toujours le conseil des ministres. Rappelons que les conclusions de ce comité régional seront débattues lors de la 44e session ordinaire du conseil des ministres du CILSS, qui commence la semaine prochaine à  Bamako.

15e Sommet du CILSS : maîtriser l’eau en Afrique

Ce sommet coà¯ncide avec la célébration de la journée mondiale de l’eau le 22 mars. Le rôle du CILSS Le CILSS est composé des Etats membres ayant pour points communs, le sahel. A la fin de cette rencontre, les dirigeants ont décidé de se rencontrer tous les deux ans. Le sahel est la partie du continent o๠l’eau est une denrée rare, très rare. Cette rareté s’explique par la présence du désert du Sahara partagé entre le Mali, le Niger et la Mauritanie. l’avancée permanente du désert n’arrange donc pas les choses. C’’est situation alarmante qui amènera les chefs d’Etats à  parler de l’instauration d’une coalition mondiale pour maitriser l’eau et faire reculer la faim au sahel. Aussi, la sécheresse et l’insécurité alimentaire atteignent plusieurs milliers de personnes dans le sahel. Parmi les personnes concernées, se trouvent les éleveurs, les agriculteurs maliens, nigériens et burkinabés. Les éleveurs tirent la sonnette d’alarme Par ailleurs, quelques jours avant l’ouverture du sommet, un réseau d’éleveurs maliens et burkinabés ont lancé un appel pressant à  leurs dirigeants par rapport à  la famine et la sécheresse qui menaçent leur bétail. Le secrétaire exécutif du réseau explique que « depuis décembre 2009, les éleveurs du nord du Burkina et de nord–est du Mali, sont vulnérables. Et de la même manière, la situation est devenue difficile au niveau de Gao parce que C’’est une zone o๠circulent beaucoup d’éleveurs du Niger, du Burkina et du Mali. Lorsque nous voyons les animaux, on constate que leurs poids baisse et ils sont affaiblis». Il déplore le fait que le prix de ces animaux baisse en même temps que celui des céréales augmente. Donc, l’éleveur doit vendre plus pour espérer avoir un peu de céréales, sachant que leurs enfants vivent essentiellement de lait. Les femmes et enfants de ces zones, font face à  une situation de malnutrition accrue, avec des matières premières qui se font rares. Réchauffement climatique Signalons que le CILSS n’avait pas tenu de sommet depuis six ans maintenant. Cette rencontre de N’djaména fait suite à  la situation alarmante que provoque le réchauffement climatique. Les chefs d’Etats ont pour préoccupation majeure, l’accès à  l’eau de toutes les populations du sahel et l’éloignement de la famine.Le président burkinabé Blaise Compaoré indique « l’espace UEMOA (L’Union économique et monétaire ouest-africaine) enregistre un déficit record de production annuelle, estimée pour la campagne 2009 à  environ 2 millions de tonnes de céréales. Soit 15% des besoins de consommation s’élèvent à  environ 14 millions de tonnes ». Une nouvelle présidence à  la tête du CILSS A l’issue de cette 25e rencontre du comité, le président Tchadien Idriss Déby Itno a été élu à  la tête du CILSS, en remplacement de son homologue mauritanien, pour un mandat de deux ans. Le Tchad qui est le seul pays d’Afrique centrale membre du comité, assure la présidence durant deux ans. Par ailleurs, la rencontre des chefs d’Etats est passée de trois à  deux ans. Et, les ministres du CILSS se rencontreront tous les six mois, avec une augmentation dans les cotisations des pays membres qui passent à  20% du budget du comité, contre 10%.

Impact de la pluviométrie sur les cultures

Le CILSS reconnaà®t que le calendrier cultural est légèrement perturbé. Néanmoins, le coordinateur Mr Dramane Coulibaly explique : « nous sommes à  même de conseiller les paysans à  la bonne période parce que, nous avons les outils nécessaires pour prévenir la venue des pluies. C’’est dire que les cultures ont été protégées des récentes inondations. » Le Cilss, observatoire des cultures Le comité regroupe 37 Etats membres du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, et dispose d’un mécanisme de prévision saisonnière qu’il lance chaque année. Celui-ci se divise en deux périodes : JUILLET-AOUT-SEPTEMBRE et OCTOBRE-NOVEMBRE-DECEMBRE. Il permet aux paysans de planter au bon moment afin de mieux gérer leurs campagnes. Même avec les changements climatiques, et les réductions de la période culturale, il existe des semences appropriées mises à  la disposition des producteurs. Tout un mécanisme d’adaptation est mis sur pied pour la variabilité climatique. Selon Mr Coulibaly, ces mécanismes permettront aux producteurs et institutions régionales de pouvoir s’adapter et faire en sorte que le glissement ne perturbe pas la production agricole. Agriculture d’irrigation avec la CEDEAO Le CILSS a des programmes sur la sécurité alimentaire et la maà®trise de l’eau, et développe des activités en direction des pays, sur les petites et grandes irrigations. Cependant, le comité n’est pas seul dans cette dynamique. l’unité de la CEDEAO sur la maà®trise de l’eau, s’implique à  son niveau. Sans compter la structure internationale EWI, travaillant en collaboration avec le CILSS. Ils viennent d’ailleurs de mobiliser cinq millions de dollarS pour appuyer des pays tels que le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Ghana. Cet argent devra leur permettre de maà®triser l’eau et faire en sorte que les productions soient sécurisées. « Petit à  petit petit, avec de la tâche d’huile, des programmes de ce genre s’amplifieront dans tout le sahel, et même pour toute l’Afrique de l’Ouest. », informe Mr Coulibaly. Il déclare « le CILSS est le bras technique de la CEDEAO en matière de sécurité alimentaire et de gestion des ressources naturelles. Son ambition étant de couvrir l’ensemble des pays membres. Nous nous battons pour assurer une agriculture solide et une sécurité alimentaire garantie. Depuis toujours, nous appuyons les pays afin d’avoir de bons systèmes d’information. Et tous les pays sont désormais dotés de systèmes d’informations fiables. Les enquêtes agricoles sont donc menées honnêtement. Cela n’existe nulle part ailleurs en Afrique. »

Approvisionnement des marchés en Afrique de l’ouest : les experts réunis à Bamako

Sur initiative du Cilss (Comité Permanent Inter-états de lutte contre la sécheresse), les experts des instituts et centres de recherche de la sous-région ouest africaine se concertent autour de la « dynamique des marchés » en Afrique de l’Ouest. Le Cilss veut assurer la sécurité alimentaire à  travers un approvisionnement régulier des marchés. Cela passe forcément par une information des producteurs et opérateurs économiques. «Le Cilss a très tôt compris le rôle stratégique du marché dans la gestion de la sécurité alimentaire aux niveau local, national et régional. A cet effet, il s’est beaucoup investi dans la fluidification des échanges et dans l’élaboration de politiques appropriées », a expliqué le Directeur de l’Institut du Sahel. La crise économique et financière mondiale qui touche de plein fouet la sous- région ouest africaine a favorisé l’organisation de cette conférence régionale. Acteurs des centres et instituts de recherches du Mali, du Bénin, du Burkina Faso, du Sénégal échangeront ainsi les expériences pour trouver des stratégies afin de redynamiser le marché agricole. l’ONG « Afrique verte » représenté par son coordinateur Mohamed Haidara, attend un niveau élevé dans les débats. JournalduMali.com : Qu’est-ce que « Afrique Verte »? Mohamed Haà¯dara : Afrique verte est une ONG d’appui à  la sécurité alimentaire. Nous intervenons au Burkina Faso, au Niger et au Mali avec le siège basé en France. Nous intervenons exclusivement dans le domaine de la sécurité alimentaire en favorisant les échanges de céréales entre zones déficitaires et excédentaires. Nous sommes considérés comme les initiateurs des bourses de céréales au Mali. Ces sont des forums qui permettent de confronter l’offre et la demande pour que les consommateurs puissent accéder aux céréales à  des coûts abordables sans spéculation. JournalduMali.com : comment se fait cet échange de céréales ? MH : Il se fait sur la base d’une estimation des besoins au niveau des zones déficitaires et une estimation des disponibilités au niveau des zones excédentaires. Et l’on opère des croisements en fonction des coûts d’approche, des frais de transport. La rencontre est organisée et les mises en relations sont faites. Ce qui fait qu4 Afrique Verte a un pied ferme dans les dispositifs d’information. Nous produisons aussi un bulletin au niveau des trois pays d’interventions. Ces informations permettent à  l’ensemble des opérateurs de pouvoir faire des transactions céréalières parce que nous sommes sur un marché totalement intégré. Les céréales transitent désormais d’un pays à  l’autre. JournalduMali.com : Pouvez-vous nous donner un exemple concret ? MH : Je vous donne le cas de la région de Kayes qui est déficitaire en riz. Les coopératives d’approvisionnement de la région financées par les immigrés maliens achètent du riz de l’office du Niger (Mali) qui est une zone excédentaire en riz. Donc grâce à  Afrique Verte, un approvisionnement est fait sans spéculation, sans intermédiaires et à  un coût accessible aux populations.

Campagne Agricole dans le Sahel : Le CilSS prévoit moins de pluies cette année.

Les prévisions ne sont pas bonnes dans le sahel. Les quantités de pluies attendues seront inférieures à  la normale dans la plupart des pays du sahel. l’annonce a été faite par le secrétariat du Cilss. Chaque année, cette structure pilote une étude sur la prévision des pluies dans le sahel, au Tchad et au Cameroun. Sur la base des résultats de l’étude 2009, l’organisation sous-régionale affirme que les pluies seront moins abondantes. Plus d’une dizaine d’organismes ont participé à  la réalisation de l’étude. Parmi eux, les services Météorologiques et Hydrologiques Nationaux de la sous région, l’Autorité du Bassin du Niger, l’organisation météorologique mondiale, Météo France etc. C’’est à  Niamey que les résultats ont été publiés lors du 12 forum du PRESAO, tenu le 21 mai dernier. Ainsi dans les différentes zones géographiques (trois au total), les prévisions varient d’une région à  l’autre. Dans la zone I (le Sud-ouest de la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Guinée Bissau, le nord et l’Ouest de la Guinée Conakry, le Sud-ouest et le Centre du Mali), les probabilités de précipitations en dessous de la normale sont plus élevées. En clair, on a 45% de risque que les pluies n’atteignent pas la moyenne annuelle. Dans la zone II qui correspond au Sahel Central, C’’est à  dire incluant l’Est du Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad, le Nord des pays du Golfe de Guinée ; la probabilité des pluies sous la normale est de 35%. Dans la zone III qui renferme les pays du sud du Golfe de Guinée c’est-à -dire de la Côte d’Ivoire au Cameroun, les chances sont de 50% pour qu’on dépasse une saison normale. C’’est dire si on est rassuré sur les précipitations qui dépasseront la moyenne annuelle dans cette zone. Bonne répartition, bonne saison La réussite de la campagne dépend de la bonne répartition des pluies. Selon les experts du Cilss on pourra atteindre une production agricole normale sinon supérieure à  la normale si toute fois on bénéficiait d’une bonne répartition des pluies dans le temps. Les producteurs devront être ingénieux en pratiquant des techniques culturales pouvant favoriser une bonne utilisation de la quantité de pluie tombée. Ces techniques sont, le buttage, l’utilisation de la fumure organique, les systèmes de retenues d’eau, l’irrigation, le choix de variétés rapides, les pluies provoquées, etc. En cas de bonne répartition, les biomasses pourront atteindre la normale. En cas de mauvaise répartition, les populations seront exposées à  une mauvaise production, à  des risques d’inondation et de sécheresse grave. La mauvaise répartition peut aussi anticiper la transhumance chez les éleveurs avec des risques élevés de conflits entre agriculteurs et éleveurs. Le sahel victime du réchauffement climatique La principale cause de la raréfaction des pluies dans le sahel est sans nul doute le réchauffement climatique. La formation des nuages dans le sahel se fait pour la plupart des cas au dessus du lac Tchad à  partir de l’anticyclone de Sainte Hélène. Ce lac malheureusement est aujourd’hui victime d’assèchement. A cela s’ajoute les activités anthropiques telles le déboisement des forêts, la désertification… Comme alternative, les experts conseillent le reboisement, la réduction des gaz à  effet de serre entre autres. Les experts proposent aussi une coordination permanente des activités des différents gouvernements pour alléger le choc en cas de mauvaise répartition des pluies. Car cela peut avoir de lourdes conséquences dans région si des mesures ne sont pas prises par les décideurs.