Choguel Kokalla Maiga : 100 jours de débats

Des podiums  de conférences de presse à n’en pas finir du M5-RFP, celui qui est devenu à la faveur du coup de force du 24 mai dernier l’allié numéro un des militaires aux commandes a hérité de la Primature pour « rectifier » la Transition. S’il s’est attelé à la tâche, à un « moment crucial », et œuvre à la concrétisation des axes prioritaires de son Plan d’action, validé par le Conseil national de Transition début août, le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga doit faire face à la méfiance d’une partie de la  classe politique, qui ne s’accorde pas avec lui sur certaines questions pourtant fondamentales. Une réalité qui fait planer de gros nuages sur la suite de la transition, dont la fin est annoncée pour février 2022.

La « thérapie de choc » du Docteur Choguel Kokalla Maiga  au chevet du « grand corps malade » Mali a bel bien et commencé à être appliquée. Mais, près de 100 jours après le démarrage de ce « traitement », bien malin celui qui peut déjà entrevoir son efficacité à terme, les premiers signes concrets  de « guérison » se faisant toujours attendre.

« Nous pouvons dire que le bilan de ces 3 premiers mois n’est pas très flatteur. Le Premier ministre a présenté un Plan d’action du gouvernement et, si on doit l’évaluer, on doit le faire sur la base de ce plan. Et sur cette base plusieurs actions prévues sont déjà en retard dans la mise en œuvre », pointe le porte-parole du parti Yelema Hamidou Doumbia.

Sécurité, Justice et Refondation sont les trois besoins indispensables à la survie du Mali, selon le Premier ministre. Trois piliers autour desquels sont définis les quatre axes prioritaires que sont le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national, les réformes politiques et institutionnelles, l’organisation des élections générales et la promotion de la bonne gouvernance, ainsi que l’adoption d’un pacte de stabilité.

Nettoyage judiciaire

Pour le Premier ministre, des efforts sont entrepris pour améliorer la sécurité sur toute l’étendue du territoire avec des opérations militaires qui y sont continuellement menées. Mais les impacts de ces opérations ne sont pas encore visibles à bien des égards.

« Concernant la sécurité, les attentes tardent à être comblées. Ce que nous nous voulons entendre, c’est que des territoires sont libérés. Mais c’est le contraire qui se produit au quotidien », se désole Housseini Amion Guindo, Président de la Convergence pour le développement au Mali (Codem), qui ne réfute pas pour autant « la volonté et l’engagement » dont fait preuve le Premier ministre.

Boubacar Bocoum, analyste politique, est plus tranché. Pour lui, la situation sur le plan sécuritaire est encore « plus catastrophique » qu’elle ne l’était, « sans évolution » ni de « montée en puissance » de l’armée. C’est finalement sur un autre terrain, celui de la justice que la nouvelle équipe se fait « sentir ».

Déterminé, sous l’impulsion du Président de la Transition, le colonel Assimi Goita, à mener une lutte implacable pour combattre la corruption et l’impunité, qui « sont à la base de la déliquescence de l’État », le Chef du gouvernement a durant ces 100 premiers jours réussi à faire bouger quelques  lignes.

La Justice, à travers la Cour suprême, a rouvert certains dossiers de malversations financières, notamment ceux de l’acquisition de l’aéronef présidentiel et de l’achat des équipements militaires sous l’ancien Président IBK. Ce qui a conduit au placement sous mandat de dépôt le 26 août dernier de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga et de l’ancienne ministre des Finances Mme Bouaré Fily Sissoko, à l’issue d’une procédure contestée, où les tiraillements des spécialistes du droit n’aident pas à y voir clair.

Comme promis par le Chef du gouvernement du temps de tirades du M5, les poursuites judiciaires sur les tueries et exactions des 10, 11 et 12 juillet 2020 à Sikasso, Kayes et Bamako sont également engagées, ayant conduisant à l’arrestation du commandant de la Forsat lors de ces évènements, le commissaire divisionnaire Oumar Samaké, provoquant au passage la colère des policiers.

Des actions que le Président de la Codem salue. Mais il estime qu’il reste encore beaucoup à faire, surtout au niveau de l’impartialité. « Il faut faire en sorte que la justice ne soit pas celle des vainqueurs. Cela est très important pour le nouveau Mali », s’alarme celui qui conduit également aux destinées du regroupement politique Alliance Jigiya Koura.

Refondation oui, mais…

S’il y a un point pour lequel le bout du tunnel semble encore loin pour le Premier ministre Maiga, c’est bien la question de la refondation du Mali, qui englobe toutes les réformes politiques et institutionnelles concourant à y parvenir.

La tenue des Assises nationales de la refondation (ANR), chère à l’ancien Président du Comité stratégique du M5, ne fait pas consensus. Et c’est bien là l’un des défis majeurs à relever dans les prochaines semaines par les autorités de la Transition.

Le constat est sans appel. Une partie de la classe politique, s’oppose tout simplement à la tenue de ces Assises, prévue pour la fin du mois de septembre et dont les termes de références sont en train d’être élaborés, selon certaines informations au niveau de la primature.

Pour ces politiques, regroupés au sein du Cadre d’échanges pour la réussite de la Transition mais pas que, d’autres ayant les mêmes positions sans en être, cela va être les assises de trop, parce que par le passé plusieurs échanges de ce genre ont déjà eu lieu.

Le Chef du gouvernement ne l’entend pas de cette oreille. Pour lui, les ANR seront différentes de tous les fora du passé. Leur particularité sera que les conclusions seront « immédiatement exécutoires » et  vont « s’imposer à toutes les autorités politiques ».

« Ce qui est nouveau cette fois-ci, c’est que l’ensemble des résolutions de ces différents fora vont servir de matières premières. On ne va pas les jeter à la poubelle parce que c’est le résultat d’actions et de réflexions de Maliens », explique le Premier ministre.

« Nous allons les enrichir par les idées des forces du changement. Ce sont les transformations politiques et institutionnelles que les forces du changement voulaient pour le Mali nouveau qui  vont enrichir le débat », ajoute-t-il.

Pour Housseini Amion Guindo, la transition a commencé par une concertation nationale qui a fixé son cadre et ses limites. Ce n’est  donc  pas pendant cette transition qu’il faut tenir des Assises nationales « coûteuses » pour lui « donner une nouvelle orientation ».

Une nouvelle orientation, qui, sans équivoque, mènera à la prolongation du délai de la transition, suspecte-t-on d’ailleurs du côté du Parti pour la Renaissance nationale (Parena).

« Nous prenons la tenue des ANR comme un stratagème pour sortir du délai initial de la fin de la transition. Nous ne voulons pas être la caution ou les complices d’une quelconque prolongation de la transition. Nous l’avons dit dès le début et nous camperons sur cette position », affirme le Secrétaire général Djiguiba Keita dit PPR.

Le parti de l’ancien chef de la diplomatie malienne, Tiébilé Dramé, a d’ailleurs déjà  lancé les futures « empoignades » durant les prochaines semaines entre la classe politique et le Premier ministre.

Le Parena a tout simplement décliné une demande en date du 4 septembre 2021 du ministère de la Refondation de l’État l’invitant à une rencontre le 6 septembre, relative aux « Assises  nationales de la refondation et à la création de l’Organe unique de gestion des élections et autres sujets connexes ».

« Pour nous il n’est pas question que ces assises remettent en cause un consensus national et international. C’est un mauvais jeu, qui contribuera à davantage diviser les Maliens », renchérit M. Guindo, qui va jusqu’à parler de « trahison » des Concertations nationales de septembre 2020.

Mais, s’offusque l’analyste politique Boubacar Bocoum, la classe politique est en manque de réalisme et se met dans des procès d’intentions aux autorités de la transition quant à la question de prolongation de celle-ci.

Selon lui, cette classe politique doit être « plus sérieuse », d’autant plus que « ni le Président ni le Premier ministre de la transition n’ont jusqu’à preuve du contraire affiché une volonté de prolonger le délai ».

Vers un blocus ?

La mise en place de l’Organe unique de gestion des élections est la deuxième pomme de discorde entre les politiques et le Chef du gouvernement. Processus « irréversible » selon le Premier ministre, dont une esquisse de chronogramme de mise en place a d’ailleurs été  établie au niveau du ministère délégué chargé des Réformes politiques et institutionnelles. Cela ne fait pas pour autant l’unanimité.

Au Parena, tout en n’étant « pas fondamentalement contre » la mise en place de l’Organe unique de gestion des élections, on pense que tel qu’il est proposé il ne pourra pas se faire sans la révision de la Constitution. « Or nous disons que la révision de la Constitution est également un stratagème pour sortir du délai de la transition, parce que cela va prendre beaucoup de temps », précise Djiguiba Keita.

Il souligne en plus que son parti a proposé comme solution alternative la création d’un organe transitoire régissant les élections, où les prérogatives de la Cour constitutionnelle vont rester.

Même son de cloche à la Codem, dont le leader rappelle qu’il y a eu un consensus sur une « Ceni renforcée » et un maintien des autres organes intervenant dans le processus électoral bien avant l’arrivée de l’actuel Premier ministre, avec le même ministre en charge de l’Administration territoriale.

Par ailleurs, selon Housseini Amion Guindo, qui ne voit pas quel intérêt  le Premier ministre aurait à vouloir imposer l’organe unique sans consensus, ce dernier gagnerait à respecter ce que veut la classe politique.

Un avis que ne partage pas l’analyste politique Boubacar Bocoum. « La faisabilité ou non de l’organe unique, ce n’est pas la classe politique qui la définit. Si les autorités de la transition pensent qu’elles peuvent l’instaurer, je ne vois pas où est  le problème. C’est le rôle de l’État de l’exécuter », tranche-t-il.

La mission de la Cedeao  pour le suivi de la transition, qui a séjourné à Bamako du 5 au 7 septembre, a réitéré l’impératif du respect du délai de la transition et demandé au gouvernement la publication d’un chronogramme détaillé des futures élections.

Quand elle a rencontré la classe politique, celle ci dans sa majorité, y compris des partis membres du M5-RFP, a été unanime sur la tenue aux dates indiquées des élections.

Si le Premier ministre ne s’y oppose naturellement pas, il insiste toujours sur l’effectivité des réformes avant ces rendez-vous électoraux. Des réformes qui vont être décidées lors es Assises nationales de la refondation pourtant rejetées par une partie importante de la classe politique. De quoi présager d’un bras de fer à l’horizon ?

Société civile : Une construction difficile

Face à la crispation de la situation politique, les regards se tournent souvent vers la société civile pour servir de pont entre les différents bords mais aussi constituer un rempart et permettre aux populations de jouir de leurs droits. Un rôle essentiel de plus en plus mis en cause, de l’aveu même des acteurs, à cause de « la précarité » ou de « l’appât du gain ». Si l’espoir reste permis, le chemin vers une société civile malienne consciente semble encore long.

« Malheureusement; les politiques ont acheté la conscience de la société civile. Elle n’est plus capable de jouer son rôle », déclare sans ambages M. Abdoulaye Niang, membre fondateur de Joko ni Maaya, un réseau d’organisations de la société civile. Et ni les religieux, ni les « fondateurs de Bamako », encore moins les jeunes, ne peuvent plus jouer ce rôle. La crise est donc profonde et « très peu de gens peuvent parler », ajoute M. Niang.

Initialement, ce rôle devait lui permettre d’être un partenaire accompagnant la classe politique. Mais, dans le contexte malien, certains hommes politiques estimant qu’il « n’existe pas de société civile tout court », ce rôle n’a pu être mené à bien.

Quoi qu’il en soit, la société civile, dans la nouvelle ère démocratique », se trouve au milieu, entre classe politique et classe économique et elle doit mener des initiatives pour permettre la stabilité, selon M. Niang.

C’est donc une prise de conscience, surtout des jeunes, qui « doivent comprendre que ceux qui dirigent ont échoué », qui s’impose, selon M .Ibrahim Ben Touré, coordinateur d’Activistes TV. Mais pour mener ce combat « déterminant », « les jeunes doivent s’unir malgré leurs difficultés », trouver les moyens nécessaires à leurs actions, « régler leurs problèmes de leadership » et réfléchir à l’intérêt général, selon lui.

Éducation civique

Mais si la société civile ne peut plus s’adresser à la classe politique, jugée « indigne », de quelle alternative dispose t-elle ? « La désobéissance civile », répond M. Niang. « Un droit constitutionnel qui ne mène pas au coup d’État. Avec une société civile digne, le Mali serait l’un des pays les plus riches! Il n’y a pas de raison que ses populations soient à la 182ème place de l’Indice de développement humain ». Pour y arriver, « il faut une ’éducation civique », préconise M. Niang. Mission à laquelle s’attelle son organisation. « Nous formons les citoyens dans ce sens, même si, à la moindre occasion, ils détruisent ce que l’on a construit », note M. Niang. Cependant l’espoir est permis, car il s’agit d’un travail scientifique dont les fruits seront récoltés plus tard.

Mali : un scrutin entouré de suspicion

L’ensemble de la classe politique malienne devrait tirer les leçons de ce scrutin présidentiel.

   

Le 20 août, la Cour constitutionnelle du Mali a confirmé la victoire du Président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, élu avec 67,16 % des suffrages. Comme lors de l’élection de 2013, il a encore affronté, au second tour, Soumaïla Cissé, crédité de 32,84 % des voix. Alors que l’opposition rejette ces résultats et menace de reprendre les manifestations, de nombreuses leçons devraient être tirées de ce scrutin.

 

La sécurité a de nouveau constitué une importante préoccupation. Malgré la signature de l’accord pour la paix et de réconciliation en 2015 entre le gouvernement malien et les anciens groupes rebelles armés, la situation sécuritaire sur le terrain demeure volatile.

 

Les chiffres fournis par les autorités maliennes démontrent que c’est surtout dans le Centre que l’insécurité a eu un impact significatif sur le déroulement du scrutin. Sur huit millions d’inscrits, plus de 200 000 électeurs n’ont pas pu voter au premier tour et environ 130 000 au second.

 

Comme en 2013, la sécurité a de nouveau constitué une importante préoccupation

L’insécurité a gagné du terrain dans cette partie du pays au cours des dernières années, avec la multiplication des attaques perpétrées par les groupes extrémistes violents  – qui ne sont pas partie au processus de paix – et la recrudescence des conflits locaux sur fond de compétition autour des ressources naturelles, accentuée par l’absence ou la faiblesse de l’État.

 

De nombreux incidents attribués aux groupes extrémistes violents, notamment des intimidations, le saccage de bureaux de vote ou encore la destruction de matériel électoral, ont émaillé les deux tours du scrutin. Dans la région de Tombouctou, le président d’un bureau de vote a été tué par des hommes armés le 12 août.

 

Lors de ce scrutin, 24 candidats étaient en lice pour accéder à la magistrature suprême, contre 28 en 2013. La plupart d’entre eux ont exposé leurs visions à travers la présentation de projets de société pour faire face aux immenses défis auxquels le Mali est confronté. La participation à cet exercice, autrefois boudé, représente une avancée qu’il faut saluer, notamment dans la perspective d’un approfondissement de la démocratie.

 

Y a également contribué l’interdiction des pratiques publicitaires à des fins politiques et commerciales (la fourniture de tissus, de tee-shirts, d’ustensiles de cuisine, de stylos, de porte-clés et de calendriers). Néanmoins, ni l’élaboration de projets de société ni même cette interdiction n’auront suffi à susciter des débats d’idées et des confrontations de programme entre les candidats ou leurs représentants.

 

Malgré un paysage médiatique relativement ouvert, le débat d’idées reste le parent pauvre des processus électoraux au Mali. Cette lacune est en partie liée aux insuffisances de la loi électorale – qui ne prévoit aucune obligation de débats contradictoires entre les candidats – et à l’échec des partis politiques en matière de formation civique de leurs militants.

 

Le débats d’idées reste le parent pauvre des processus électoraux

La législation malienne n’encadre pas le financement et les dépenses de campagne. S’y ajoute le décalage des moyens, y compris médiatiques, entre un candidat-président et ses adversaires. L’absence de contrôle strict creuse l’asymétrie entre les candidats et favorise la collusion entre milieux d’affaires et acteurs politiques. De ce fait, cette situation réduit les engagements de lutte contre la corruption à de simples incantations.

 

Ce scrutin a été l’occasion de rappeler, une fois de plus, que l’argent demeure déterminant dans la conquête du pouvoir. Les trois candidats arrivés en tête lors du premier tour, à savoir Keïta, Cissé et Aliou Boubacar Diallo, sont probablement ceux qui ont dépensé le plus lors de la campagne électorale.

 

Dans un pays aussi vaste que le Mali (1 241 238 km2) équipé d’un réseau routier en très mauvais état, les déplacements des candidats pour aller à la rencontre de leur électorat et s’assurer le soutien de grands électeurs, tels que les autorités traditionnelles, dépendent beaucoup des moyens financiers dont ils disposent.

 

Selon la Cour constitutionnelle, sur un corps électoral estimé à un peu de plus de huit millions de personnes, 43,06 % ont voté au premier tour et seulement 34,42 % au second. La faiblesse du taux de participation demeure une constante au Mali, en particulier lors des scrutins présidentiels. Elle soulève des interrogations sur les limites des processus électoraux comme mécanisme de légitimation politique, en particulier dans un contexte d’insécurité croissante.

 

L’hivernage, les accusations de fraude et d’irrégularités portées par une grande partie des candidats à l’encontre de l’administration ont probablement contribué à la démobilisation des électeurs au second tour. Cette situation illustre surtout les dysfonctionnements du système politique malien ainsi que le fossé grandissant entre les électeurs et la classe politique.

 

Le Mali a besoin d’un organe unique, permanent et autonome de gestion des élections

La participation est en baisse par rapport à 2013, où les taux s’élevaient respectivement à 48,98 % et 45,78 %. Après un mandat mitigé du Président sortant et l’impression générale que l’élection de 2013 n’a pas permis de résoudre les nombreux problèmes du pays, la participation a drastiquement chuté.

 

Le Mali réunit l’essentiel des attributs d’une démocratie formelle, avec, entre autres, l’organisation régulière d’élections présidentielle, législatives et municipales, la séparation théorique des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) et la liberté d’expression reconnue par la Constitution. C’est donc surtout l’incapacité des gouvernants à répondre aux besoins et aux attentes des populations qui est à l’origine de cette désaffection.

 

Au moins quatre acteurs dont la Commission électorale nationale indépendante, la Délégation générale aux élections, le Ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation  (MATD) ainsi que la Cour constitutionnelle sont impliqués dans le processus électoral.

 

Le MATD – donc le gouvernement – joue toutefois un rôle central dans le dispositif à travers l’organisation matérielle du scrutin, la centralisation des résultats provisoires et leur proclamation. Cette prépondérance de l’administration dans l’organisation des élections génère de la suspicion et donne l’impression qu’elle est au service du pouvoir qui l’a nommée.

 

L’impartialité de la Cour, qui examine les recours éventuels et proclame les résultats définitifs, a également été remise en cause. Compte tenu de certaines incohérences et irrégularités procédurales relevées par les observateurs nationaux et internationaux dans de nombreux bureaux de vote au nord et au centre, la rapidité avec laquelle elle a examiné les résultats a renforcé la méfiance.

 

Le manque de confiance dans les institutions responsables de l’organisation des élections affecte autant la crédibilité du processus que celle du vainqueur. Afin de crédibiliser davantage les scrutins futurs, d’importantes réformes sur le plan électoral seront nécessaires, notamment la création d’un organe unique, permanent et autonome de gestion des élections, l’encadrement stricte des dépenses de campagne et l’amélioration du fonctionnement de la Cour constitutionnelle.

 

Dans l’immédiat, l’abstentionnisme qui a marqué ce scrutin devrait inciter le pouvoir élu à une démarche inclusive et de rassemblement pour affronter les multiples défis auxquels le pays est confronté dont les chantiers de la paix et de la réconciliation nationale.

 

Ibrahim Maïga, chercheur et Khadija Maïga, chercheuse boursière, ISS Bamako

 

Cet article est d’abord paru sur le site de l’Institut d’études de sécurité