Exécution des deux journalistes de RFI : “Envoyé Spécial” révèle un possible scandale d’Etat

Les deux journalistes de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, auraient été enlevés et assassinés par Al-Qaïda, en représailles au versement incomplet de la rançon pour la libération des otages d’Arlit. Scandale d’Etat en perspective si cette révélation explosive de l’émission de reportage “Envoyé Spécial”, diffusée ce soir, se vérifiait.

Un an durant Envoyé spécial a enquêté sur une affaire d’Etat : la question des négociations qui ont rendu possible la libération des otages d’Arlit, enlevés au Niger en septembre 2010. Signée Geoffrey Livolsi, Michel Despratx, Antoine Husser, Loup Krikorian et Marielle Krouk, cette investigation aux révélations explosives, explore les liens qui existent avec une seconde affaire : l’enlèvement et l’assassinat de deux journalistes français de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, à Kidal, au Mali.Le point de départ, c’est l’enlèvement, le 16 septembre 2010, à Arlit, dans le Sahel, de six hommes et une femme travaillant sur le site minier d’Areva, par un commando d’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique). Leur kidnapping a eu lieu en pleine nuit, après une fête entre collègues. Les ex-otages racontent qu’à 2h30 du matin, ils se sont fait sortir du lit « de manière assez violente » puis ont été embarqués « encore pieds nus » dans un véhicule. Direction le massif des Ifoghas au nord-est du Mali, une zone contrôlée par les Islamistes. Sur ces sept employés d’Areva, quatre hommes, Pierre Legrand, Marc Féret, Thierry Dol et Daniel Larribe, vont rester captifs durant trois ans. Lorsque ces quatre ressortissants français sont finalement libérés le 29 octobre 2013, la France se félicite d’avoir récupéré ses otages « vivants », et d’avoir maintenu « l’unité de la Nation ».Loin de ces satisfecit, Envoyé spécial, au terme d’une enquête extrêmement délicate, ponctuée de menaces sur son équipe et la rétractation de certains témoins-clés, révèle une autre histoire. Un récit très différent de la version officielle qui, s’il se vérifiait, constituerait un véritable scandale d’Etat qui éclabousserait la présidence de la République, le ministère de la Défense et la DGSE. Explications en quatre points.

Comment la France a mis en place deux équipes rivales de négociateurs pour obtenir la libération des otages

Très vite, l’identité des ravisseurs des Français est connue : il s’agit d’une équipe sous les ordres d’Abou Zeid, cofondateur d’AQMI. L’homme s’est spécialisé, depuis 2003, dans le rapt de touristes dans le Sud de l’Algérie. Avec lui naît le business juteux des otages.Le film explique bien comment deux équipes de négociateurs ont travaillé en parallèle. Soutenu par Areva et la DGSE, Jean-Marc Gadoullet, ex-agent secret, est le premier à être mandaté par la France pour aller négocier la libération des otages. Officiellement, c’est Areva qui paye, mais c’est l’Elysée qui supervise les opérations. Gadoullet finit par rencontrer Abou Zeid, qui est prêt à libérer les otages par paquets. Mais la négociation n’aboutit pas et Gadoullet est blessé par balles en novembre 2011 : il doit rentrer se faire soigner en France, mais assure qu’il continue à travailler.Un nouveau négociateur (concurrent) surgit en la personne de Pierre-Antoine Lorenzi. Lui aussi ex-agent de la DGSE et patron de la société de sécurité Amarante, il est introduit dans le jeu avec l’aval du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Plan A contre à plan B, DGSE contre ministère de la Défense… Envoyé spécial dépeint un fiasco, une guerre des négociateurs, de l’argent qui s’évapore, le refus de la France de payer une rallonge au nom des « frais d’opérations »…

Pendant ce temps, les otages vivent l’enfer : « des interrogatoires, des simulacres d’exécution, beaucoup de tirs de kalashnikov. La haine et l’atrocité de ces individus, c’était de la torture », résume l’un d’entre eux, Thierry Dol devant la caméra.Comment la France a fait traîner les négociations, laissant ses ressortissants en danger dix-huit mois supplémentaires

Pourquoi la France a-t-elle annulé une mission menée par le négociateur Jean-Marc Gadoullet en mai 2012 ? L’enquête rappelle les circonstances. Le 1er avril 2012, un accord signé par AQMI confirme que l’otage Marc Feret va être libéré contre le versement d’une rançon de 6,5 millions d’euros. L’homme se prépare à sa libération. Il raconte comment l’un de ses ravisseurs lui offre en souvenir un petit cadeau : une boîte d’ananas. De son côté, Gadoullet espère que cette première libération va permettre d’entrer en négociation pour les trois autres employés d’Areva et de Vinci. Arrivé à Niamey, au Niger, l’intermédiaire attend le feu vert de l’Etat français pour aller chercher l’otage. Mais rien ne va se passer comme prévu. Le 3 mai 2012, trois jours avant le second tour de l’élection présidentielle, Areva est informée que « l’opération est annulée ». Le général Benoît Puga, chef de l’état-major de Nicolas Sarkozy (il deviendra celui de François Hollande) a-t-il décidé seul, comme l’affirme le magazine de France 2, d’annuler la mission de libération ? A-t-il fait obstruction à la libération des otages ? Conséquence grave : Abou Zeid, chef des ravisseurs d’AQMI, n’aura plus confiance et Marc Feret et ses camarades resteront otages dix-huit mois de plus. Depuis sa libération, Marc Féret a porté plainte pour connaître la vérité et savoir « si des personnes ont, à un moment donné, pris la décision de mettre sa libération en suspens pour une raison X », explique-t-il aux journalistes d’Envoyé spécial.Comment “Envoyé spécial” démonte l’affirmation de François Hollande : “La France ne paye pas de rançon”

En arrivant au pouvoir, François Hollande impose une nouvelle doctrine : « La France ne verse pas de rançon pour libérer ses otages ».Contrairement à ce credo martelé régulièrement, l’enquête met au jour les sommes versées. La France aurait dépensé plusieurs dizaines de millions d’euros pour libérer ses otages. Trente millions d’euros, tirés des fonds secrets de la République, ont ainsi été versés pour obtenir libération de Pierre Legrand, Marc Féret Thierry Dol et Daniel Larribe le 29 octobre 2013 après 1139 jours de captivité.Au-delà de cette affaire, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les pays occidentaux auraient versé plus de 120 millions d’euros à AQMI de 2008 à 2013. A elle seule, la France aurait, durant cette période, versé 55 millions d’euros, se plaçant ainsi au premier rang des payeurs.Comment “Envoyé spécial” relie l’assassinat des deux journalistes français de RFI à la libération des otages d’Arlit

Ghislaine Dupont et Claude Verlon, journalistes à RFI, étaient venus couvrir les élections législatives au Mali. Mais, selon Envoyé spécial, les deux journalistes travaillaient discrètement sur un autre sujet, sans en avoir parlé à leur rédaction : le possible détournement d’argent des rançons des otages d’Arlit. Ghislaine Dupont et Claude Verlon sont enlevés et assassinés exactement trois jours après la libération des otages, dans une proximité de temps mais aussi de lieu (dans la même région de Kidal).« Quand on a commencé notre enquête (il y a un an), on n’avait pas du tout établi de lien entre les otages et les assassinats des journalistes de RFI », explique Geoffrey Livolsi, coauteur du reportage. « C’est au fur et à mesure qu’on l’a compris […] que des gens nous ont fait état de ce lien, nous ont dit de creuser… Quand quelqu’un comme Alain Juillet (ancien directeur au sein de la DGSE) s’exprime face caméra comme il le fait, cela nous a étonné qu’il s’aventure de lui-même sur ce sujet  », ajoute Livolsi.Témoignage après témoignage, il apparaît, dans cette affaire complexe, que l’intégralité de la somme versée par la France n’est pas allée aux ravisseurs. Des témoins-clés évoquent des détournements d’argent. AQMI parle d’« une facture non réglée ». Certains intermédiaires (chauffeurs, gardes du corps, types qui ouvraient les routes, sécurisaient les contacts, gardiens…) n’auraient pas été payés et se seraient sentis lésés. C’est par vengeance que l’organisation terroriste aurait exécuté les deux journalistes français le 2 novembre 2013.Jusqu’ici, seul le soupçon d’un lien entre les deux affaires existait (comme le confirment les proches de Ghislaine Dupont et Claude Verlon), mais n’avait jamais été établi. C’est désormais le cas.Enfin, dernier élément troublant (mais pas incriminant de façon formelle), révélé par Envoyé spécial : l’ordinateur personnel de Ghislaine Dupont qu’elle avait laissé à Paris, a été piraté une heure avant son enlèvement. Ses mails ont été copiés et vidés. Ultime détail troublant d’une enquête aux multiples rebondissements.

Quel lien entre les otages d’Arlit et l’assassinat des journalistes de RFI ?

Les deux journalistes de RFI, Guislaine Dupont et Claude Verlon, auraient été enlevés et assassinés par Al-Qaïda, en représailles au versement incomplet de la rançon versée pour la libération des otages d’Arlit. Scandale d’Etat en perspective si cette révélation explosive d’Envoyé Spécial se vérifiait. Pour mieux comprendre, nous avons invité Christophe Deltombe, avocat et membre de « l’association des amis de Guislaine Dupont et Claude Verlon », connaissant parfaitement l’affaire, répondre à ces questions.

Une justice pour Ghislaine Dupont et Claude Verlon ?

Le 2 Novembre 2013, la journaliste Ghislaine Dupont et le caméraman Claude Verlon, tous deux travaillant pour RFI (Radio France Internationale) ont été kidnappés puis exécutés à quelques kilomètres de Kidal, dans le Nord du Mali. Quelques années après la tragédie, revenons sur le tumulte qui entoure cette macabre affaire.

Les deux journalistes préparaient un reportage spécial sur la guerre au Nord du pays et la réconciliation nationale. Le double assassinat, revendiqué par le groupe Aqmi (Al Quaida au Maghreb Islamique) quelques jours plus tard, avait suscité l’indignation et la polémique chez bon nombre de personnes. Suite aux événements tragiques, une bourse d’études portant le nom des disparus a vu le jour en Afrique, ainsi que des clubs d’amis et sympathisant des deux journalistes. Les Nations Unies ont également décrété le 2 novembre journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes contre les journalistes.

Le meurtre des deux journalistes, commis dans des circonstances floues et les hypothèses différentes sur la découverte des corps, ont bien sûr contribué à ralentir l’enquête sur l’assassinat des deux reporters, qui comporte déjà plusieurs zones d’ombre. 3 ans après les faits, le dossier qui avait été retardé reprend de plus belle, notamment en février dernier, où il a finalement été déclassifié. Le juge chargé de l’affaire, Jean-Marc Herbaut a enfin obtenu le droit de consulter les dossiers du Ministère Français de la Défense, lié à l’affaire, constitué de photos, de télégrammes et de notes de renseignement. Selon le ministère français de la Défense, cent documents confidentiels secret-défense auraient été déclassifiés et 75 éléments resteraient encore confidentiels. Avant que le document ne soit remis entre les mains du juge chargé de l’affaire, des centaines de paragraphes y ont été supprimés, pour ‘‘protéger l’armée française, afin de ne pas dévoiler leurs stratégies de défense à l’ennemi’’. Néanmoins, Jean-Marc Hubert a désormais carte blanche pour auditionner les soldats français dont les noms figurent dans le dossier.

Rappelons que Deux des commandos qui ont enlevé et assassiné Ghislaine Dupont et Claude verlon sont morts, l’un tué par les troupes françaises, l’autre dans un accident de voiture et trois autres toujours en fuite.  Ce sont des éléments de la katiba Yousouf Ibn Tachfen, dont l’émir est Sedane AG Hitta alias Alqarawani.

 

Hommage à Claude Verlon et Ghislaine Dupont…en poésie

Il y un an, le 30 octobre, Claude Verlon et Ghislaine Dupont étaient pleins de vie. Ils avaient pris la direction de Kidal pour préparer le spécial RFI sur la paix et la réconciliation au Nord du Mali. Dans cette région désertique vaste et zone de non droit, ils trouveront la mort le 2 novembre 2013, assassinés à  quelques kilomètres à  la sortie de Kidal. Au même moment à  Bamako, se tenaient les Assises du Nord et qui réunissaient toute la société civile du Nord et les élus du peuple. Aujourd’hui, les amis de Claude Verlon et Ghislaine Dupont exigent que vérité et justice soient faites sur les circonstances de leur mort. Mort qui a ému tout un peuple. « Au nord, les femmes sont des reines, ce n’est pas dans notre tradition de tuer une femme », lancera ce malien de Kidal à  la cérémonie d’hommages organisé ce 30 otobre à  Bamako et o๠sont venues de nombreuses personnalités telles Jean Marie Idrissa Sangaré, ancien ministre de la communication du Mali, Tiébilé Dramé, un ami de longue date de Ghislaine, Gaoussou Drabo, ex ministre, Fatoumata Siré Diakité de l’APDF, ou encore Oumar Mariko ainsi que toutes les associations de presse comme l’Assep, le Groupement patronal de la Presse, le syndicat des journalistes reporters du Mali. Tous ces hommes de médias ont tenu à  rendre un hommage appuyé à  ces deux vétérans de RFI. Dans la salle, il y avait les amis de Ghislaine et Claude, mais peut-être Ghislaine et Claude eux-mêmes étaient là  car,dit Moctar Kounta, éditorialiste au Républicain, « les morts ne sont pas morts. Ils sont dans l’arbre qui frémit, dans le bois qui gémit, les morts ne seront jamais morts ». Ces quelques paroles du poème de Birago Diop ont planté le décor. Odes à  la vie, odes à  la mort, point de place pour la tristesse, mais le souvenir seul de deux « passionnés de l’Afrique et des Africains. « Ils avaient une claire conscience du danger que représentait la situation à  Kidal, pour le Mali, Ghislaine était une grande amie de l’Afrique et des Africains », dira Tiébilé Dramé. Ces mêmes mots, Tiébilé Dramé les avait prononcé au Quai Branly à  Paris lors d’une cérémonie quelques jours après la mort des deux reporters. Pourquoi sont-ils morts ? Pourquoi ?, s’interroge l’éditorialiste Adam Thiam. Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont-ils vu, su ou entendu quelque chose qu’ils n’auraient pas du voir, savoir ou entendre ? l’heure n’est plus aux réminiscences, ni aux pleurs, puisque, insiste Thiam : « Aujourd’hui nous ne pleurerons pas. Nos voix trembleront mais nous ne craquerons pas. Ne pas savoir nous met tous en sursis et il faut savoir, alors, nous saurons ». Quelques confrères se sont ensuite exprimés, notamment Alexis Kalambry, du journal Les Echos: « Rendre hommage aux martyrs, permet de fortifier ceux qui sont encore dans le travail. Pour l’ancien ministre Gaoussou Drabo, la mort de Ghislaine Dupont et Claude Verlon doit cultiver le devoir de mémoire, le refus de l’indifférence et de l’attentisme, car tel que le disait Albert Camus, il vaut mieux avoir des problèmes de liberté de presse, que pas de liberté de presse du tout. Cette liberté, Claude Verlon et Ghislaine Dupont l’avait dans le sang et leur amour pour l’Afrique, les a conduit à  leur destin. Désormais, une bourse pour les journalistes africains portent leurs noms. Qu’ils reposent en paix…

RFI lance la bourse Claude Verlon et Ghislaine Dupont

RFI lance la Bourse Ghislaine Dupont et Claude Verlon en hommage à  nos confrères assassinés en novembre dernier à  Kidal. Cette bourse récompensera tous les ans un jeune journaliste et un jeune technicien de moins de trente ans qui viendront suivre une formation à  Paris. Les noms des deux premiers lauréats de la Bourse Ghislaine Dupont et Claude Verlon seront dévoilés à  Bamako le 2 novembre, date du premier anniversaire de l’assassinat de nos confrères à  Kidal. Le 2 novembre 2013 Ghislaine Dupont et Claude Verlon étaient sauvagement assassinés à  Kidal, dans le nord du Mali. Nous n’oublierons jamais. Mais il nous faut aussi construire l’avenir. C’’est pourquoi nous avons souhaité créer une Bourse portant leur nom : « La Bourse Ghislaine Dupont et Claude Verlon pour les jeunes journalistes et techniciens en Afrique », a précisé Marie Christine Saragosse, Directrice de France Médias Monde. Il s’agit de poursuivre ce que ces passionnés de reportage et du continent africain aimaient à  faire en transmettant leur savoir, et d’être ainsi fidèles à  leur rôle de passeurs auprès des jeunes journalistes et techniciens qui les côtoyaient dans la rédaction de RFI ou sur le terrain. En leur mémoire, cette journée du 2 novembre a été décrétée par les Nations Unies, Journée internationale de lutte contre l’impunité des crimes commis contre les journalistes. Nous remettrons ce jour là , à  Bamako, la première « Bourse Ghislaine Dupont et Claude Verlon ». Ce sera ainsi l’occasion de défendre aux côtés de nos confrères maliens, une valeur qui nous est essentielle, celle du droit à  l’information libre que le terrorisme vient bafouer. Un droit qui ne peut s’exercer que si les attaques dont les journalistes sont victimes ne restent pas impunies. Avec nos partenaires de l’ORTM, l’Office de Radio Télévision Malienne, qui nous accompagnent cette année, avec nos partenaires français de l’Ecole de Journalisme de Sciences Po et de l’INA, et avec l’ensemble des équipes du groupe France Médias Monde, nous avons tous ce même désir de rendre hommage aux deux grands professionnels qu’étaient Ghislaine et Claude, en transmettant aux jeunes générations leur passion et leur exigence.

Mali: l’enquête sur l’assassinat des journalistes de RFI n’avance pas

C’’est le constat de Suliman Baldo, l’expert indépendant des Nations unies chargé des droits de l’homme. Exemple de cette impuissance : l’enquête sur l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Il y a quatre mois, le 2 novembre dernier, les envoyés spéciaux de RFI au Mali, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, ont été assassinés aprés avoir été enlevés à  Kidal en plein jour par des hommes armés et cagoulés. Les assassins sont toujours dans la nature. Une enquête a été ouverte à  Bamako et à  Paris, mais jusque là , elle a bien du mal à  avancer. A Bamako, l’enquête sur l’assassinat de Claude Verlon et Ghislaine Dupont a été confiée à  un juge d’instruction, Mahamadou Kassogué, un homme à  la réputation de sérieux qui travaille déjà  sur des dossiers de jihadistes. Récemment, un mandat d’arrêt a été lancé contre le seul suspect identifié Baye ag Bakabo, le propriétaire du véhicule de l’enlèvement. l’homme est un trafiquant proche d’Ansar Dine, soupçonné de travailler pour l’islamiste Abdelkrim al-Targui. Raisons de sécurité Mais les magistrats maliens chargés du dossier sont pessimistes. « l’enquête n’avance pas », confie sous couvert d’anonymat un magistrat du parquet. Tout s’est joué à  Kidal et dans la région or, pour des raisons de sécurité, le juge ne peut pas se rendre sur place. Les auditions contenues dans le dossier malien ont été effectuées en présence des enquêteurs français. « Les gendarmes maliens ont interrogé les témoins dans le camp Serval mais les conditions n’étaient pas satisfaisantes », considère un autre magistrat malien : il faudrait que l’on reprenne tout en détail. Mais depuis plus rien n’a été fait. « Je crains malheureusement que la justice malienne ait du mal à  opérer les investigations utiles localement, commente Maà®tre Christophe Deltombe, l’avocat de la famille de Ghislaine Dupont. Kidal est peut-être encore en distance par rapport au pouvoir d’Etat malien et je me demande si la justice malienne a tous les moyens pour pouvoir mener sereinement des investigations, voire même les mener tout court ». De nombreuses zones d’ombre Quant à  l’identité des assassins, il ne cache pas son inquiétude. Les zones d’ombre sur les circonstances et les mobiles de l’assassinat restent nombreuses. « Il y a au moins un homme qui a été reconnu, notamment par le chauffeur, un certain Baye ag Bakabo, confirme Christophe Deltombe. Pour les autres, on a commencé par nous annoncer qu’on avait repéré les quatre personnes, puis ensuite on nous a dit qu’on ne les avait pas repérées. Bref, on est un peu dans le flou. Il y a des interrogations à  la fois sur la manière dont cela s’est passé et sur les circonstances. Par exemple, on a parlé d’un hélicoptère, dans les débuts, de l’intervention de Serval, puis on en a plus parlé après. Quel est véritablement le but de ce rapt ? On en saura peut-être plus le jour o๠on pourra mettre la main sur les personnes qui ont procédé au rapt. Mais à  ce jour, on n’a arrêté personne ». Peut-on espérer voir un jour les assassins arrêtés ? Pour l’avocat, « cela va dépendre bien sûr de la volonté politique malienne, de la capacité de la justice malienne à  mener ses actions efficacement, des capacités de la police malienne à  agir. Donc ça dépend d’un contexte politique compliqué, et en même temps on est totalement dépendant du Mali ». Côté français, les familles, qui se sont portées parties civiles, attendent toujours la saisine d’un juge promis par le parquet antiterroriste de Paris. « Le parquet de Paris nous avait annoncé qu’il avait l’intention de saisir un juge fin janvier ou début février, mais à  ce jour, à  ma connaissance, aucun juge d’instruction n’est encore désigné ».

Mali : ce qu’a tenté l’armée française après l’enlèvement des envoyés spéciaux de RFI

Outre les deux hélicoptères de Tessalit, à  qui le quartier général de Gao a donné l’ordre d’annuler une mission prévue pour décoller en urgence, deux Rafale ont été déroutés d’une opération dans l’extrême nord du Mali pour tenter d’intercepter les ravisseurs. Hélicoptères et avions arrivèrent tous sur la zone sans avoir pu intervenir. C’est un convoi parti par la piste vers l’est, en direction de Tin-Essako, qui a découvert le véhicule des ravisseurs à  14 h 30, soit une heure après l’alerte donnée par un habitant de Kidal à  la force Serval. RAFALE, Hà‰LICOPTàˆRES ET PATROUILLE AU SOL Les Rafale sont arrivés sur ce point, à  12 km de la ville, en même temps que cette patrouille au sol, a expliqué le colonel Gilles Jaron, porte-parole de l’état major de l’armée française. Selon lui, « en fouillant les approches », pour s’assurer que la zone n’était pas piégée, les militaires de la patrouille au sol découvrirent les corps sans vie des deux envoyés spéciaux « aux alentours de 14 h 50 ». Les hélicoptères sont arrivés eux quarante minutes plus tard, compte tenu des distances, près de 250 km, entre Tessalit et Kidal, o๠aucun appareil n’est stationné en permanence. « Une force capable de réorienter un avion de chasse configuré pour une mission donnée, ainsi que d’autres moyens, en cinquante minutes est une force très entraà®née », a justifié l’état-major en réponse à  des questions de la presse sur la réactivité de Serval. à‰VITEMENT ET ARMEMENT Aucune précision n’a été fournie sur la façon dont les ravisseurs ont pu ou non être pistés par la suite ; leur véhicule abandonné, ils ont pu être emmenés par un autre pick-up. « Des actions combinées de renseignement se poursuivent », a simplement ajouté le colonel Jaron. Douze hélicoptères de Serval sur seize – pour ce qui concerne les forces conventionnelles – étaient mobilisés ces jours derniers pour l’opération Hydre. Cette vaste opération de contrôle de zone a été menée du 20 octobre au 3 novembre avec 1 500 soldats français, maliens et onusiens. Elle n’a, officiellement, pas permis d’arrêter ou de neutraliser de chefs djihadistes. Dans la région de Gao, ces derniers n’ont pas cessé de s’armer, selon les sources militaires françaises, mais ils poursuivent leur stratégie d’évitement : « Nous avons eu confirmation de leur mode d’action. A l’approche des forces, l’adversaire tente d’échapper au combat. Et nous n’avons pas retrouvé d’armement significatif », a encore précisé le colonel Jaron. UNE IMPORTANTE PLATEFORME LOGISTIQUE NEUTRALISà‰E Des sources sur le terrain avaient cependant révélé au Monde que des caches d’armes « résiduelles » avaient été découvertes. L’état-major a annoncé jeudi qu’une plateforme logistique importante a été neutralisée près de Tombouctou. Organisée de façon militaire, « comme l’aurait fait l’armée française », elle comportait en plusieurs lieux du ravitaillement, des véhicules, et des moyens de soutien aux combattants. Entre juin et octobre, soit les cent vingt premiers jours de Serval II, les Français ont été en opération pendant quatre-vingt-dix jours au total. Trente tonnes d’armement et une tonne et demie de matières explosives ont été découvertes, ainsi que des ateliers de fabrication de bombes artisanales. Deux accrochages seulement se sont produits. Le premier le 14 septembre à  Bourem, o๠Serval a fait trois prisonniers, l’un étant mort de ses blessures. Le second à  Tombouctou le 1er octobre, au cours duquel les forces spéciales ont tué 10 djihadistes.

Aqmi revendique l’assassinat des deux journalistes de RFI au Mali

L’agence mauritanienne « Sahara Médias » affirme, mercredi 6 novembre, avoir reçu une revendication d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) pour le meurtre le week-end dernier des deux journalistes français de RFI au Mali. « Cette opération intervient en réponse aux crimes commis par la France contre les Maliens et à  l’oeuvre des forces africaines et internationales contre les musulmans de l’Azawad », nom donné par les Touareg au nord du Mali, indique le communiqué. Aqmi ajoute que le rapt et le meurtre des deux journalistes français « constitue le minimum de la facture que [le président français François] Hollande et son peuple doivent payer en contrepartie de leur nouvelle croisade ». De son côté, l’Elysée assure, dans un communiqué que la France mettra « tous ses propres moyens en oeuvre » pour que l’assassinat de deux journalistes français au Mali ne reste « pas impuni quels qu’en soient les auteurs » Abdallah Mohamedi, patron du site internet auquel des islamistes actifs au Mali transmettent régulièrement des communiqués, dit avoir reçu cette revendication dans un courriel adressé par des combattants obéissant à  Abdelkrim al Targui. Ce dernier est un Touareg qui était proche d’un des principaux chefs d’Aqmi au Mali, Abou Zeà¯d, tué en début d’année lors de l’offensive militaire tchadienne et française dans le massif des Ifoghas (extrême nord-est du Mali). Abdelkrim al Targui n’est pas un inconnu de la nébuleuse Aqmi et son nom est apparu dans l’affaire des otages d’Areva. « Le Nouvel Observateur » révélait en janvier 2011, qu’Abdelkrim al Targui, alors imam de Tombouctou, venait de donner naissance à  une phalange entièrement composée de Touaregs -une première. « Le Nouvel Observateur » expliquait aussi que c’était sans doute cette brigade qui avait enlevé les otages Français au Niger avant de les livrer à  Abou Zeà¯d. Mardi, « Le Monde » révélait, qu’au moins un des quatre ravisseurs présumés appartenait à  Aqmi, précisément à  la katiba d’Abdelkrim al Targui. Au moins 35 personnes ont été arrêtées depuis le début des investigations.

Hommage à Ghislaine Dupont et Claude Verlon à Paris

Lors de cette cérémonie d’environ 90 minutes sur les antennes de Radio France Internationale (RFI) et sur rfi.fr, journalistes, personnalités politiques françaises et maliennes et amis ont rendu un dernier hommage aux deux journalistes. Pour Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, « Cet assassinat est un crime contre l’amitié entre l’Afrique et la France, dont RFI est un symbole ». Après avoir rassuré RFI et l’ensemble de la presse, il a encouragé les journalistes à  poursuivre leur travail. « Vous faites un travail formidable reconnu dans le monde entier, ce travail doit continuer et J’en suis sûr que ce qu’aurait voulu Jean et Claude » a t-il poursuivi. « Beaucoup de Maliens et beaucoup d’Africains ne connaissaient pas de visu Ghislaine et Claude mais je pense que leurs voix étaient très proches de nous » a déclaré, pour sa part, Jean-Marie Sangaré, ministre malien de la communication. Durant la cérémonie, le public a suivi des extraits de reportage réalisés par Ghislaine et Claude, des vidéos de souvenirs ainsi que des messages des auditeurs. Envoyés spéciaux de RFI au Mali, Ghislaine Dupont,57 ans, et Claude Verlon, 55 ans, ont été assassinés à  Kidal le 2 novembre dernier.

Mali : progrès dans l’enquête sur l’assassinat des deux journalistes à Kidal

Moins d’une semaine après le meurtre de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, envoyés spéciaux de Radio France Internationale (RFI) à  Kidal, l’enquête pour retrouver leurs assassins semble en bonne voie. « Au moins 35 personnes ont été arrêtées depuis (le début des) investigations, nous mettons tout en œuvre pour faire avancer les enquêtes », a affirmé une source sécuritaire malienne. L’information a été confirmée par une source administrative de Kidal, qui a parlé de « quelques dizaines de personnes interpellées sur le territoire malien au cours des dernières 48 heures ». « C’est encourageant », a ajouté cette source à  Kidal, précisant que « dans la voiture abandonnée non loin du lieu du crime, de précieux numéros de téléphone ont été trouvés, ce qui est un détail important ». La source sécuritaire malienne a pour sa part affirmé que « les preuves s’accumulent ». « Nous avons plus que des indices, des sous-traitants (ceux qui enlèvent des otages pour le compte d’un groupe armé, NDLR) actuellement en prison pour une affaire d’enlèvement d’otages français en 2011, ont également permis de prendre de bonnes pistes dans l’enquête », a-t-elle ajouté. En novembre 2011, deux Français, Philippe Verdon, exécuté depuis, et Serge Lazarevic, toujours retenu, avaient été enlevés à  Hombori (nord) par des sous-traitants d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) dont certains ont été arrêtés à  Gao, la plus grande ville du nord du Mali, puis transférés à  Bamako. Des suspects connus des services de renseignement ? Le Mali et la France ont promis que tout serait fait pour retrouver les auteurs de l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, journalistes à  Radio France Internationale (RFI) tués peu après avoir été enlevés à  Kidal par un petit groupe d’hommes armés. Des policiers français sont arrivés lundi à  Bamako pour participer à  l’enquête sur ces assassinats. Selon le quotidien français Le Monde, qui cite mardi des sources malienne et française, « trois des quatre personnes ayant participé à  la prise d’otage (des deux journalistes) ont été identifiées ». « Elles ne figurent pas parmi celles arrêtées depuis dimanche. Selon une source locale à  Kidal, confirmée par une source gouvernementale française, la mise au jour des profils de ces trois membres du groupe de preneurs d’otage a notamment été rendue possible grâce à  un document découvert dans le véhicule trouvé à  proximité des cadavres des deux journalistes », ajoute Le Monde. Le journal précise que « cette pièce a permis d’identifier un premier individu déjà  fiché, en 2010, comme un membre d’Aqmi, et de remonter sur deux autres membres du commando. Il est vite apparu que ces trois personnes étaient connues des services de renseignement français en opération au nord du Mali ».

Incontrôlable Kidal…

C’est tout le contraire qui semble se profiler avec la récente levée des mandats d’arrêts contre des chefs rebelles, les accointances avec les maà®tres du nord qui prévalent dans le jeu du rapport de force entre Bamako et les représentants du Nord. Certains parlent même d’un modèle à  la « ATT » qui perdurerait et risquerait de saper définitivement l’autorité de l’Etat. Si les forces françaises et onusiennes sont sous représentées à  Kidal, l’armée malienne l’est encore plus. La question qui est sur toutes les lèvres est bien sûr celle du contrôle de Kidal o๠courent de nombreux groupes armés et mouvements touareg, d’obédience plus ou moins extrême. Si les uns optent pour le jeu politique, d’autres nouent des alliances contre nature avec AQMI, au risque de saper le dialogue entamé. Plus rien n’étonne du MNLA, qui équivaudrait pour beaucoup à  Ançar Dine ou à  AQMI, ou au MUJAO. Les cartes sont bel et bien brouillées. Kidal demeure donc l’inconnue, ce désert aride o๠seuls les hommes bleus savent se repérer et fuir. Fuir avec deux otages français, sur environ 12 km, même poursuivis, traqués jusqu’à  les tuer et les abandonner en plein sable. La capitale de l’Adrar des Ifoghas fait partie de ces villes sur liste rouge. Kidal, l’incomprise, reste encore sous le contrôle d’éléments armés, tandis que la Minusma, l’armée malienne et Serval y sont en sous effectifs. Et tentent de sécuriser le coin. Des rues poussiéreuses, un horizon incertain, des hommes enturbannés. Parmi lesquels il est difficile d’identifier qui est qui. Détail esthétique, mais qui a son importance, lors d’une prise d’otages rapide, et qui empêche de distinguer l’agresseur. Kidal, « C’’est la seule zone, o๠la souveraineté de l’à‰tat n’est pas effective. Les troupes de l’armée malienne ne patrouillent pas à  Kidal », confesse le ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Soumeylou Boubèye Maà¯ga, au lendemain de l’assassinat tragique de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon, qui y préparaient une opération spéciale RFI. Et ces derniers s’y sentaient en confiance, à  tel point qu’ils se sont rendus au domicile d’un membre du MNLA, sans peur et sans imaginer qu’ils puissent être des cibles potentielles. Kidal, ils la connaissaient, la percevaient d’une certaine façon. Erreur de jugement ? Observés ? Suivis ? Ils l’étaient certainement. Attendus, épiés, puisque dès qu’ils sont sortis du domicile d’Ambéry Ag Ghissa, ils ont été tout de suite cueillis et emmenés. Le reste est connu. Cibles de choix, cibles traquées, beaucoup pointent du doigt le MNLA. Qui sait si Ambéry Ag Ghissa ne les a pas vendu ?, affirment certains. Etaient-ils détenteurs d’une information pouvant mettre à  mal le MNLA ? O๠ont-ils été utilisés comme des martyrs par une mouvance terroriste, afin de toucher la France en plein C’œur. AQMI, on le sait mène une guerre sans merci à  la France depuis l’opération Serval. L’exécution rapide de Ghislaine Dupont et Claude Verlon sonne t-elle comme une nouvelle bataille engagée par les ennemis de la France, sur le sol malien ? Que les forces en présence n’aient pas pu intercepter le véhicule est une chose, mais que des otages soient pris dans cette vaste zone désertique n’est pas nouveau. Plus que jamais, la vigilance ne saurait être baissée même lorsque des otages ont été libérés. Une guerre sans merci oppose désormais la France aux puissances du mal dans le Sahel, celle médiatique contre celle de la terreur. Laquelle est la plus nocive ?

Ghislaine Dupont et Claude Verlon décorés à titre posthume

Cette cérémonie sobre d’un quart d’heure environ a été présidée par le chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keita en présence des membres du gouvernement, de la direction de RFI, de l’ambassadeur de France au Mali. Dans le silence, les cercueils ont été posés sur des tréteaux en face des officiels. « Nous pleurons Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux amis du Mali, qui n’ont jamais donné un sens aux frontières, seulement mu par leur soif d’informer, leur envie d’apporter leur pierre dans l’édification d’un Mali démocratique et paisible. » a déclaré Jean-Marie Sangaré Ministre de la communication lors de son hommage. Pour le ministre, il est toujours difficile de sortir des mots lorsqu’on perd des êtres chers. « Ghislaine et Claude, soyez surs d’une chose : vous laissez un immense héritage dont le Mali saura tirer bénéfice et dont des générations de journalistes et techniciens prendront comme repère et répertoire. On peut éteindre un corps, mais on ne taiera jamais une voix, et surtout les voix de l’espoir. Le Mali vous sera éternellement reconnaissant » a t-il poursuivi. Le président IBK visiblement ému s’est approché des deux cercueils pour y déposer des médailles. Les deux sont faits chevaliers de l’Ordre national du mérite. La délégation de RFI avec à  sa tête Marie-Christine Saragosse, s’est recueillie à  son tour devant les dépouilles. Ceux qui n’ont pas pu se retenir ont éclaté en sanglots. C’était un moment d’intense émotion pour tout le monde. Les cercueils ont ensuite été amenés dans l’ambulance. Des réactions après la cérémonie… Marie-Christine Saragosse, PDG de France Médias Monde: Tiébilé Dramé , président du Parti pour la renaissance nationale (PARENA) : Christine Muratet, journaliste à  RFI:

Assassinat de journalistes: la presse dit « NON à la barbarie »

l’émotion était grande ce lundi après-midi dans les rues de Bamako. La mobilisation des journalistes et des artistes en hommage aux deux envoyés spéciaux de RFI à  Kidal (a rassemblé plusieurs dizaines de personnes. « Plus jamais ça », « le travail, le professionnalisme, le risque, c’était ça votre vie », « on veut la vérité ». Voilà  le message que la presse malienne a voulu faire passer à  travers la marche qu’elle a organisé ce lundi. La centaine de journalistes qui a défilé de la Maison de la Presse à  l’ambassade de France de Bamako était accompagnée par de plusieurs personnalités des mondes politique et artistique. Les journalistes internationaux présents sur le terrain ont eux aussi fait le déplacement. Les autres envoyés spéciaux et correspondants de RFI au Mali sont visiblement abattus par l’événement. Pour Serge Daniel, correspondant de RFI au Mali, « trois mots résument cette situation : tristesse, émotion et douleur. Je suis le dernier journaliste à  RFI à  les avoir vus avant leur départ pour Kidal. Ce qui est arrivé, C’’est de la méchanceté gratuite ». La presse malienne solidaire et déterminée A l’arrivée de la manifestation devant les portes de l’ambassade, Le Président de la Maison de la Presse, Makan Koné,a remercié les confrères pour la mobilisation avant de livrer son message. Pour la presse malienne, il est important que la lumière soit faite sur « le lâche assassinat » de nos confrères dont le professionalisme était reconnu de tous. « Ils ont privé le Mali d’amis sincères » déclarera un peu plus tard un anonyme dans la foule. Ils étaient en effet nombreux qui n’appartenaient pas à  la profession et qui sont pourtant venus rendre hommage à  la journaliste du service Afrique de RFI dont la voix était connue dans de nombreux foyers maliens. Selon des journalistes maliens, ce crime est perpétré pour dissuader les hommes de médias à  se rendre à  Kidal « même après ça nous allons partir à  Kidal, recueillir les informations et faire notre travail » explique Mohamed Aboubacar Konaté, journaliste à  la radio Kaà¯ra. « On a marché contre la barbarie, contre l’intolérance. Nous sommes là  pour la solidarité en hommage à  nos confrères» confie le Directeur de l’ORTM (office de radiodiffusion télévision du Mali) Baly Idrisa Sissoko. La directrice de France Médias Monde venue avec une délégation de RFI pour le rapatriement des deux corps s’est ensuite entretenue avec l’ambassadeur de France au Mali, venu accueillir les marcheurs.

Laurent Fabius :  » La sécurité va être accrue à Kidal »

Au lendemain de l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux journalistes de RFI, à  Kidal, le président Hollande a réuni pendant un heure le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius et celui de la Justice, Christiane Taubira ainsi que Bernard Bajolet, le patron de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), afin de commencer à  Â“établir précisément, en lien avec les autorités maliennes et les forces de l’ONU, les conditions” de ce drame. A l’issue de cette réunion, M. Fabius a déclaré que les responsables de l’assassinat des deux journalistes – qu’il a qualifié de “crime contre la liberté d’informer et d’être informé” – étaient “ceux que nous combattons, C’’est-à -dire les groupes terroristes qui refusent la démocratie et qui refusent les élections. Le ministre a précisé que les reporters avaient été tués avec une arme à  feu. “l’un a reçu deux balles,l’autre trois balles”, a-t-il indiqué. Par ailleurs, le chef du Quai d’Orsay a indiqué que “la sécurisation de l’ensemble de la zone et des zones voisines, va bien sûr être accrue”, en parlant de Kidal. Les autorités maliennes n’ont que peu – voire pas aucune – prise sur ce bastion historique de la rébellion touareg, tenu par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et o๠sont établis d’ancien djihadistes du groupe Ansar Dine ou encore des militants du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest Mujao). Il y a également des rivalités entre groupes touareg, basés parfois sur des origines tribales. Et C’’est sans compter sur le narcotrafic ou encore sur les tensions ethniques, notamment entre touareg et arabes. Libérée de l’emprise des groupes djihadistes à  la fin janvier par les forces françaises de l’opération Serval, la ville de Kidal a été plusieurs fois le théâtre d’attentats suicide et d’affrontements armés. Récemment, l’armée malienne y avait d’ailleurs été prise à  parti. Actuellement, 200 militaires français sont déployés à  l’aéroport de Kidal. Et la force Serval comptait, au 31 octobre, moins de 3.000 hommes, dont certains sont engagés dans l’opération Hydre, de part et d’autre de la boucle du Niger. Pour le moment, les détails de la décision visant à  accroà®tre la sécurité dans le secteur de Kidal ne sont pas connus. Alors que la MINUSMA, la mission des Nations unies au Mali, peine à  déployer les 12.500 hommes prévus, il est probable que les autorités françaises soient obligées de revoir le calendrier de retrait de la Force Serval, dont les effectifs, en principe, doivent être ramenés à  1.000 personnels à  la fin janvier 2014.

Mort de Ghislaine Dupont et Claude Verlon : la presse indignée

Amélie Niard, ex pigiste à  RFI « J’ai beau ne plus être à  RFI depuis plus d’un an, ça me touche et j’ai mal pour le Mali, aussi. Je ne connaissais Ghislaine que de vue mais Claude un peu plus, je l’aimais beaucoup. C’était un grand homme, et c’est horrible, en plus la manière dont cela s’est passé, tués comme des chiens au bord d’une route. C’est une infamie et encore une fois, je suis triste pour le Mali, qui va en souffrir malheureusement ». Birama Konara, Binthily Communication Je suis horrifié par ces assassinats cruels. Les disparitions tragiques de Ghislaine et de Claude constituent une perte irréparable. RFI est une famille. Les voix et les analyses de ses journalistes meublent notre quotidien. Mes condoléances vont donc aux collaborateurs de RFI, à  ses auditeurs et aux familles des deux victimes. Plus que jamais, nous devons nous mobiliser pour le respect des libertés et la défense de la sacralité de la vie Tiégoum Maiga, La nouvelle République « Je ressens de la tristesse, de la colère. Ces deux journalistes sont morts pour leur passion, celle d’être au plus près des hommes et des faites. Le MNLA doit livrer les assassins de nos confrères ». Serge Daniel, correspondant de RFI à  Bamako « Tant que tous les groupes armés ne seront pas désarmés à  Kidal il y aura ces cas. On ne kidnappe pas à  Gao. Il existe une passerelle entre MNLA, Ançardine, AQMI, MUJAO, etc. Et c’est connu de tous ! » Reporters sans frontières « Nous condamnons avec la dernière énergie ce double assassinat qui montre malheureusement l’Etat de non droit qui règne encore dans le nord du Mali. Cet assassinat est non seulement un acte criminel mais un acte terroriste, destiné à  intimider les regards extérieurs ». Salif Sanogo, journaliste à  l’ORTM « La première fois que J’ai rencontré Ghislaine Dupont, C’’était un jour de juillet 1999. Je venais de finir mes études à  l’ESJ de Lille et je démarrais un stage de quelques mois à  RFI, à  Paris. Avec Chantal Lauraux et Carine Frenk, J’avais trouvé de grandes professionnelles qui ont bien veillé sur moi. Professionnellement, elle m’a beaucoup appris. Humainement, sa chaleur était indiscutable. Elle aimait bien rire ». Noel Tadegnon, Journaliste indépendant, Médiatogo.info Je suis sous le choc. Je n’ai pas dormi après l’annonce de leur mort. Je n’arrive pas à  imaginer qu’on puisse tirer sur des journalistes aux mains nues qui ne cherchent qu’à  informer les autres ». Nous journalistes sommes insultés, battus, menacés, kidnappés, assassinés, mais nous ne seront jamais découragés. Nous sommes encore forts et plus que déterminés à  informer le monde avec courage et professionnalisme.

Communiqué du Gouvernement suite à l’exécution des deux journalistes de RFI

Le gouvernement de la République du Mali a appris avec consternation et une très grande tristesse ce samedi 02 Novembre, l’enlèvement et l’exécution à  Kidal de deux journalistes travaillant pour Radio France internationale(RFI). Le gouvernement condamne avec la plus grande fermeté cet acte barbare et lâche. Le gouvernement prie pour le repos de l’âme de Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Ces deux professionnels expérimentés et aguerris n’en étaient pas à  leur premier séjour au Mali, notamment dans la région de Kidal ou ils avaient couvert pour RFI les opérations de vote du premier tour de l’élection présidentielle en Juillet dernier. En cette douloureuse circonstance, le gouvernement adresse ses condoléances émues au gouvernement français et aux familles des personnes disparues. Il renouvelle enfin toute sa détermination ainsi que de celle de ses partenaires à  poursuivre la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Fait à  Bamako,le 02 Novembre 2013 Le gouvernement

Ghislaine Dupont et Claude Verlon, tués à Kidal

La nouvelle a été confirmée par le Quai d’Orsay. Ghislaine Dupont et Claude Verlon, les deux journalistes français de RFI enlevés samedi 2 novembre à  Kidal, ont été tués. Leurs corps sans vie ont été retrouvés à  12 kilomètres du lieu du rapt, selon le préfet de Kidal et plusieurs sources touarègues. Ils avaient été enlevés dans l’après-midi devant le domicile d’Ambéry Ag Rissa, un représentant du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). « Ambéry Ag Rissa a entendu un bruit suspect dans la rue, des coups de crosse portés contre le véhicule de nos reporters. Il a alors entrouvert sa porte et a vu les ravisseurs embarquer nos deux journalistes dans un véhicule 4×4 beige », indique RFI sur son site Internet. Toujours selon ce témoin, les ravisseurs « étaient enturbannés et parlaient tamachek », la langue des Touareg. Ils ont ensuite « sommé M. Ag Rhissa de rentrer chez lui et ont forcé le chauffeur des journalistes à  se coucher à  terre ». Ce dernier a « entendu Claude Verlon et Ghislaine Dupont protester et résister. C’est la dernière fois que les journalistes ont été vus », selon RFI. Une malheureuse première C’est la stupeur dans le monde de la presse. C’est la première fois que des journalistes sont tués au Mali. Ousmane Ndiaye du Courrier Internationale a déclaré, sur TV5Monde, être « sous le choc ». Les autorités maliennes n’ont pas encore communiqué officiellement sur ce drame et on ne connait pas pour le moment les circonstances dans lesquelles il est survenu. C’était la deuxième mission des reporters de RFI dans cette ville. Ils s’étaient déjà  rendus à  Kidal au mois de juillet pour couvrir le premier tour de l’élection présidentielle. Ghislaine Dupont, journaliste expérimentée, est spécialiste de l’Afrique à  RFI depuis des années. Ils avaient quitté Bamako pour Kidal mardi, en vue d’émissions spéciales sur le Mali devant passer sur RFI les 7 et 8 novembre.