Amadou Haya Sanogo, un putschiste qui s’ignorait…

« La mort vaut mieux que la honte ! » aime à  répéter le capitaine Sanogo à  ces collègues en référence à  la déroute de l’armée malienne face aux rebelles du nord. Le nouvel homme fort du Mali et président du Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’Etat (CNR est de l’ethnie Senoufo, celle des braves cultivateurs du Sud. Mais Amadou Aya Sanogo n’a pas opté pour la « daba » mais l’armée afin de défendre le pays. Athlétique, et aimant le sport, le fooball, l’armée était le cadre idéal pour canaliser ses ambitions. Passage au Prytanée de Kati Ils sont nombreux ces militaires à  connaitre ce jeune officier peu bavard à  Kati comme à  Koulikoro, villes d’académies militaires au Mali. Ils affirment tous l’avoir côtoyé sur le terrain, son bâton à  la main, alors que l’homme laisse apparaitre une certaine discrétion dans les actes, « même s’il doit en mourir, il te dira toujours la vérité », témoigne une jeune dame militaire. Originaire de Ségou, le tombeur du président Amadou Toumani Touré est issu du Prytanée de Kati, l’école militaire située à  une quinzaine de kilomètres de la capitale, et dont le camp est devenu le QG du nouveau pouvoir. Là  sont même retenus les membres du gouvernement déchu d’ATT, et peut être le président déchu dont le sort reste flou. Audacieux mais pas fou Quatrième fils d’un infirmier à  la retraite à  Ségou, ses amis d’enfances disent de Sanogo, qu’il est un être d’une grande maà®trise. Son père avait pour l’habitude de dire que parmi ses enfant, le capitaine est le plus imperturbable de tous. Faut-il se méfier de l’eau qui dort ? Ses dernières apparitions le montrent un bâton à  la main et des « gris gris » à  la poignée, censés protéger sa personne. Ne se lève qui veut pour orchestrer un putsch militaire… Populaire à  Kati, le capitaine Amadou Aya Sanogo a été professeur d’anglais au Prytanée militaire de Kati et de Koulikoro. Il en a ensuite été renvoyé, puis a suivi plusieurs formations aux Etats-Unis notamment à  la base des Marines de Quantico en Virginie. Le badge accroché à  son uniforme témoigne de son séjour américain. Cela qui n’a pas empêché Washington de condamner le coup de force perpétré au Mali. l’affaire du bizutage de l’EMIA de Koulikoro o๠il était instructeur reste une part d’ombre dans sa carrière. Pour rappel, cinq élèves officiers ont trouvé la mort à  l’école militaire Interarmes de Koulikoro(EMIA) des suites de sévices corporels brutaux. Sanogo n’a pas directement été impliqué dans les faits, mais il figure parmi les militaires qui ont été renvoyés puisque tout le personnel d‘encadrement, dont il faisait partie, a été sanctionné. Personnalité multiple… Ses collaborateurs et ses proches militaires lui imputent une grande sociabilité. Tandis que d’autre le décrivent séducteur et fougueux… Est-ce pour cela qu’il laisse son lieutenant Amadou Konaré, faire le porte-parole sur les antennes nationales à  la lecture de chaque communiqué du CNRDR de peur de laisser apparaà®tre sa véritable nature ? l’Adudjant Astan Doumbia, qui sillonnait ce dimanche la capitale malienne pour restituer des véhicules réquisitionnés par les militaires le jour du coup d’état, affirme que le putschiste est un homme qui écoute les autres Certaines personnalités qui l’ont rencontré depuis sa prise du pouvoir, le décrivent toutefois “attentif” aux propos de ses interlocuteurs. Un diplomate estime par ailleurs qu’il ne prend jamais de décision seul, préférant consulter son entourage. A la question de savoir si ce coup d’Etat était préparé, le capitaine répond non, C’’est juste un coup du hasard : « Je n’ai jamais pensé à  un coup d’Etat ! ». Faut-il le croire ? Si le capitaine affirme ne pas s’éterniser au pouvoir, à  défaut de sauver le nord du pays en proie à  la rébellion, on l’accuse de vouloir régler des comptes avec le pouvoir. De nombreuses personnalités ont été arrêtées en marge le 22 Mars dont l’ancien premier ministre Modibo Sidibé ou encore l’opérateur économique Jeamille Bittar et d’autres proches têtes de l’ancien pouvoir. Le capitaine est marié et père de trois enfants.

Pluie de condamnations sur la junte

On avait l’impression que toutes les composantes de la société malienne adhéraient à  l’action des mutins de Kati, ayant renversé le 22 mars dernier, le régime d’Amadou Toumani Touré (ATT). Mais quatre jours après le push orchestré, la situation demeure confuse à  Bamako. Les prises de position se renforcent contre les tombeurs d’ATT. Si pour certains, le coup d’état est injustifié et inopportun, pour d’autres, fallait-il enlever ATT qui n’avait plus que quelques semaines pour rendre le tablier à  un mois des élections ? Même si certaines associations ou regroupements politiques saluent l’initiative du push, ils sont de plus en plus nombreux à  hausser le ton pour condamner le coup de force qui ne constitue qu’un recul pour la démocratie malienne. Déclarations de condamnation Considérant que le Parlement est l’émanation du Peuple et dépositaire des pouvoirs du Peuple ; qu’en tant que représentation nationale, le Parlement ne peut être remis en cause par un coup d’état ; que le coup d’état perpétré le 22 Mars 2012 par un groupe de militaires ; que l’intégrité du territoire national est dangereusement menacée; l’Assemblée nationale du Mali a, sans réserve, condamné le coup d’état militaire. Le FUDR pour le retour de l’ordre constitutionnel Sur le plan des partis non favorables au coup d’Etat, une coalition politique, dont l’Adema de Dioncounda et l’URD de Soumaà¯la Cissé, a créé l’Alliance des 38 partis politiques la restauration de la démocratie et de la République. Cette coalition a lancé un appel à  la société civile pour la constitution d’un large front républicain pour la sauvegarde de la démocratie et de la république. «Â Nous condamnons le coup de force et exigeons le retour à  une vie constitutionnelle normale. Pour ces partis, plus que jamais, les priorités demeurent le rétablissement de la paix et de la sécurité au Nord Mali et l’organisation d’élections libres, transparentes et démocratiques. C’’était tout l’objet du grand rassemblement qui a eu lieu à  la Bourse du travail ce matin. Dans une déclaration rendue publique ce 24 mars 2012, le Réseau d’appui au processus électoral au Mali (APEM) demande au Comité National de Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’Etat (CNRDRE), le retour à  l’ordre constitutionnel dans les plus brefs délais. Et, recommande-t-il, «Â la préservation de la sécurité des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire national, la tenue des élections générales 2012 dans les plus brefs délais, l’élaboration urgente d’une Feuille de route par le CNRDRE. l’ordre des avocats condamne Pour sa part, le Barreau du Mali dit constater avec consternation le coup d’Etat perpétré le 22 Mars 2012 par des Militaires. Le Barreau estime que la prise du pouvoir politique par les armes est contraire aux règles démocratiques et républicaines. «Â Nous condamnons le coup d’Etat militaire, et demandons le rétablissement de l’ordre constitutionnel ». Par ailleurs, les avocats maliens demande la levée immédiate des mesures de suspension de la Constitution et du couvre-feu et «Â exige la libération immédiate des personnes arrêtées de manière arbitraire ». La communauté international hausse le ton Sur la scène internationale, les réactions commencent à  tomber. L’Union Africaine a suspendu le Mali jusqu’au retour de l’ordre, et une mission conjointe de l’Union africaine et de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) s’est rendue ce week-end à  Bamako pour appeler les militaires putschistes à  rendre le pouvoir. De leur côté, les Européens ont réclamé le «retour d’un gouvernement civil et la tenue d’élections démocratiques», qui étaient prévues le mois prochain et ont réitéré vendredi dernier à  Bruxelles leur appel à  «un cessez-le-feu immédiat dans le nord du Mali». Bruxelles a aussi a décidé de suspendre temporairement les opérations de développement, sauf l’aide humanitaire. Tout comme le Conseil de Sécurité des Nations Unies qui vient de condamner le coup de force au Mali. « Le Conseil condamne fermement le fait que certains éléments des forces armées maliennes aient pris par la force le pouvoir détenu par le gouvernement malien démocratiquement élu », indique la déclaration. « Il condamne les actes auxquels se sont livrés les soldats mutinés (…) et exige d’eux qu’ils mettent fin à  la violence et regagnent leurs casernes ». Il demande le « rétablissement de l’ordre constitutionnel et la tenue des élections comme prévu initialement ».

Le capitaine SANOGO : « Nous ne sommes pas venus nous éterniser au pouvoir ».

l’on sait encore peu de choses sur le capitaine Sanogo, nouvel homme fort du Mali. lui-même évoque une carrière militaire au Prytanée militaire de Kati et de formateur dans diverses académies militaires d’Afrique. Le Capitaine Amadou Aya Sanogo est l’homme qui a retiré le pouvoir à  ATT et le président du Comité National pour Redressement, la Démocratie et la Restauration de l’Etat. Interrogé par nos confrères d’Africable, le capitaine se veut un homme avec un idéal, une mission pour le peuple malien, d‘o๠le nom du CNRDR, le Comité National pour le Redressement, la Démocratie et la Restauration de l‘Etat. Marié et père de trois filles, il dit avoir agi au nom de l’intérêt du peuple malien : «Â  La situation était critique… l’idée auparavant ne m’est jamais venu de faire un coup d’état… mais il fallait agir », se justifie le capitaine sur le coup d’état du 21 Mars 2012. Rendant hommage aux soldats enrôlés au nord, le capitaine explique que tout est parti de requêtes non satisfaites des militaires maliens. « Il fallait donc s’imposer, même si C’’est par la voie des armes. Trop, C’’est trop », affirme Sanogo. Sur le nord, le capitaine revient sur le manque d’informations, le silence sur le sort des soldats, la désinformation orchestrée par l’ancien pouvoir et qui a conduit à  ce ras-le-bol généralisé…  » Nos troupes n’ont pas de secours, pas d’armements! C’’est-ce qui a conduit à  ce ras-le-bol généralisé ! » Evoquant les recrutements illégaux dans l’armée, les mauvaises conditions de travail, le manque de compétence des militaires, Sanogo, affirme vouloir restaurer la dignité des soldats : «Â  On veut de bonnes conditions de travail, de formation, de travail, ces hommes ont des familles, et sont traités comme de pauvres citoyens…» La rencontre avec le ministre Gassama au camp de Kati dans la matinée du 21 mars a conduit les officiers à  prendre la décision de faire le coup d’état. «Â  La situation était favorable et les sous-officiers nous ont fait confiance… ». A la question de savoir s’ils rendront le pouvoir, le capitaine déclare :  » Nous ne sommes pas là  pour nous éterniser ! Je promets cela au peuple malien, 3, 6 ou 9 mois, tout va dépendre de la transition ». D’ores et déjà , la classe politique a commencé à  rencontrer les membres du CNRDR, après l’appel du capitaine Sanogo, à  rencontrer toutes les forces vives de la nation pour restaurer la démocratie et gérer la transition. Sur la question de la sécurité au nord, le capitaine déclare que le nécessaire sera fait pour circonscrire la menace des rebelles. Pour l’instant, le capitaine Sanogo ne dit rien sur la stratégie pour contrer la rébellion. Autre point : la sécurité des citoyens maliens sous le coup d’un couvre-feu. Le capitaine évoque ses forces spéciales pour sécuriser les quartiers en proie aux pillages et dénotations d’armes continuelles. Un peu fougueux dans le verbe, le capitaine Sanogo, face à  notre confrère d’Africable a terminé l’interview en lançant un nouvel appel aux Maliens pas pour autant rassurés : «Â  Nous ne sommes pas venus pour casser. Que cessent les actes de vandalisme ! »Â « Alors que le sort du président ATT demeure incertain, Sanogo est clair : «Â On ne tue personne ! Au moment opportun, chacun répondra de ses actes devant une juridiction compétente ».

Coup d’état : Scènes de pillage et arrestations à Bamako

Dans leur 5è communiqué, les auteurs du putsch appellent à  la fin des actes de vandalisme, qui agitent la capitale malienne depuis l’annonce du coup d’état. Malgré toute, le désordre règne à  Bamako et les coups de feu résonnent en continu dans les différents quartiers de la capitale. Ce jeudi, le candidat à  l’élection présidentielle, Modibo Sidibé a également été arrêté à  son domicile de Faladjé. Au même endroit, les locaux de la Douane, ont subi un véritable rapt, de marchandises, d’objets en tous genre et de matériel informatique par la foule. Dans les rues, des civils se font dépouiller de leurs voitures, notamment les détenteurs de voitures 4X4. Des boutiques et alimentations et dépôts de boissons sont vandalisés par les militaires. Dans la soirée, l’animateur de radio célèbre Sy Souleymane aurait été arrêté dans son quartier. Il est réputé proche d’ATT. Les hommes du CNRDR visent ainsi toutes les personnalité proches de l’ancien régime. Une chasse aux pontes de l’ancien régime. Alors que les rumeurs les plus folles courent sur l’implication de certains hommes politiques dans le coup d’état, C’’est le parti SADI d’Oumar Mariko qui le premier a fait allégeance à  la junte en soutenant publiquement la chute du régime. D’après le porte-parole du CNRDR, le lieutenant Amadou Konaré, ces pillages et vols orchestrés, détournent le CNRDR de sa mission, celle de conduire son idéal de restauration de l’état. Les hommes du CNRDR ne contrôlent pas toute la situation et aux militaires, se mêlent le brigands et bandits qui profitent de la situation. Le couvre feu a lui été décrété de 18h à  6h du matin.

Le parti SADI d’Oumar Mariko soutient la chute du régime d’ATT

Le parti SADI depuis le 9 Février 2012 demande la démission du régime d’ATT en raison de : – sa gestion solitaire des affaires du Nord qui l’on conduit à  prendre des décisions contraires aux principes de la République, aux intérêts de notre pays, à  l’esprit et la lettre du serment, art 37 de la constitution, qu’il a prêté devant la cour suprême, les 8 juin 2002 et 2007. – son manque de fermeté face à  la 1ére rébellion : alliance du 23 mai 2006 dirigée par Bahanga et le lieutenant colonel félon Fagaga. – Son abandon de souveraineté avec la signature de l’Accord d’Alger, le 4 juillet 2006 qui autorise le retrait de l’armée des régions du Nord et les interventions militaires franco-mauritaniennes sur le territoire malien. – sa bienveillance face à  l’implantation de AQMI, des narcotraficants dont il fait libérer une personne impliquée au plus haut niveau : Mohamed Ould Awainatt. – Son autorisation de laisser entrer sur notre territoire des combattants venant de Libye avec toutes leurs armes. – Son absence de soutien logistique aux militaires envoyés sur le front, provoquant la mort certaine de plusieurs militaires. – son manque de volonté de protéger les populations civiles. – Son refus à  constituer un fichier électoral fiable pour des élections libres, transparentes et crédibles. – Son incapacité à  faire face aux différentes crises : crise de l’école, l’emploi, la famine, la corruption, la cherté de la vie, l’insécurité… C’’est donc en toute cohérence avec ses idées que le SADI se propose d’accompagner le CNRDR, avec les forces vives progressistes pour sauver le pays. Rétablir la paix et la sécurité pour assurer l’intégrité du territoire est essentiel mais il faut aussi penser à  construire une démocratie au service du peuple conformément aux idéaux de 26 mars 1991. Nous adressons nos condoléances au peuple et aux familles endeuillés par la mort des soldats. Souvenons-nous qu’il y a 22 ans jour pour jour, 22 mars 1991-22 mars 2012, des centaines de maliens se sont sacrifiés pour cette même démocratie, contre le dictateur Moussa Traore. Vive le Mali un et indivisible. Le Bureau Politique du SADI Cheick Oumar Sissoko

Coup d’état confirmé au Mali

Le communiqué a été lu à  4h30 sur l’ORTM par le Lieutenant Amadou Konaré, porte parole du CNRDR. Comme on le constate sur les images les mutins ont rencontré des problèmes techniques.Ils ont annoncé avoir mis «fin au régime incompétent» en place à  Bamako, avoir dissous «toutes les institutions», suspendu «la constitution» et décrété un couvre-feu, dans une allocution à  la radio-télévision nationale qu’ils occupaient depuis mercredi 20 mars 2012. Ainsi, toutes les institutions de la République dissoutes. Un comité de Sauvegarde et De Restauration de la Démocratie mis en place par les militaires.Dans son discours, le porte-parole de ces soldats, le lieutenant Amadou Konaré, affirme qu’ils ont agi pour faire face «à  l’incapacité» du régime du président Amadou Toumani Touré «à  gérer la crise au nord de notre pays», en proie à  une rébellion touareg et aux activités de groupes islamistes armés depuis la mi-janvier. Le lieutenant Konaré, entouré d’une dizaine d’autres militaires, parle au nom d’un Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE). Peu après, le capitaine Amadou Sanogo, chef de la junte, a pris la parole pour annoncer qu’un couvre-feu avait été instauré à  compter de jeudi 22 mars 2012. Président de la junte, il a pris le pouvoir sous le nom de Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE) La deuxième déclaration des mutins à  Bamako