Accord Cadre : Ce qu’il faut comprendre

Au moment, o๠le capitaine Sanogo, déclare lors d’une conférence de presse tenue à  Kati, le 9 avril que : «Â lui et ses hommes doivent assurer leurs arrières », le pays tout entier a les yeux braqués sur l’investiture de Dioncounda Traoré, le président intérimaire, et qui doit intervenir ce 10 avril; Tout comme la nomination du premier ministre de transition qui aura la lourde tâche de conduire un gouvernement d’Union nationale pour rétablir l’intégrité du territoire national ne saurait tarder dans les heures à  venir. l’accord Cadre signé entre la médiation de la CEDEAO et la junte propose de suivre le schéma classique d’organisation du pouvoir exécutif en cas d’empêchement du président de la République. En effet, selon l’article 36 de la constitution du 25 Février 1992, «Â Lorsque le président de la république est empêché de façon temporaire de remplir ses fonctions, ses pouvoirs sont provisoirement exercés par le Premier Ministre. En cas de vacance de la présidence de la république pour quelque cause que ce soit d’empêchement absolu ou définitif constaté par la cour constitutionnelle, saisie par le président de l’Assemblée Nationale et le premier ministre, les fonctions de président de la République sont exercées par le président de l’Assemblée Nationale. » Un intérim qui doit durer 40 jours pendant lesquels le président intérimaire est chargé d’organiser des élections. Compte tenu de la situation eceptionnelle que vit le Mali, ce délai est impossible à  respecter. La junte omniprésente Cet accord signé entre les membres du CNRDRE et la médiation de la CEDEAO, mené par Djibril Bassolé, ministre burkinabè des Affaires étrangères enclenche désormais le processus de retour à  l’ordre constitutionnel. D’ores et déjà , le président ATT en démissionnant dimanche 7 avril loin des regards des caméras, a actionné le processus. Ensuite, la Cour constitutionnelle devra être saisie pour constater la vacance du pouvoir et régler les détails de l’investiture du président intérimaire. Le 9 avril, Dioncounda Traoré a rencontré le chef de la junte,dans son QG de Kati. Pour ceux qui pensaient voir le capitaine Sanogo partir immédiatement après signature de l’accord, il faudra attendre encore. Selon les termes de l’Accord Cadre, elle sera chargée de mettre en œuvre l’accord sous l’égide du médiateur de la CEDEAO, avec l’appui de la communauté internationale. A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Dans un pays coupé en deux et occupé au nord par les rebelles et les islamistes, l’urgence est à  la nomination du premier ministre de transition. «Avec Dioncounda Traoré, nous allons nous asseoir pour le désigner », a déclaré le chef des putschistes qui n’entend pas se laisser exclure du processus de sortie de crise prévu par l’Accord cadre. D’ores et déjà , des noms comme Ousmane Issoufi Maiga ou Modibo Keita, ancien premier ministres circulent. Autant dire que toutes les décisions se prendront avec l’aval de la junte qui détient encore d’anciens membres du gouvernement déchu d’ATT au QG de Kati. Si la junte a négocié une loi d’amnistie générale pour elle et ses membres, rien n’est mentionné sur la sécurité de l’ancien président Amadou Toumani Touré, ni sur les poursuites que la junte avait évoqué à  son encontre. Reconquérir le nord Outre la sortie de crise, l’accord Cadre prévoit un certain nombre de dispositions pour les mutins.En son article 7, il prévoit entre autres, une loi portant indemnisation des victimes de la guerre et du mouvement insurrectionnel du 22 mars. Et également une loi portant orientation et programmation militaire pour les besoins d’organisation et d’équipement de l’Armée. Principal motif de revendication des mutins qui ont pris le pouvoir dans la nuit du 21 au 22 mars 2012. Face à  l’ampleur des défis constitutionnels et géopolitiques du Mali, la tâche s’annonce rude pour l’ensemble des acteurs du processus mais surtout pour ce futur premier ministre de transition qui aura à  C’œur de réunifier le pays sur la base de la négociation avec les groupes armées, option souhaitable ou dans une configuration d‘offensive militaire, option plus délicate. A Bamako, la reconquête du nord a déjà  commencé, avec les nombreuses manifestation des collectifs pour le nord. D’ailleurs l’Accord Cadre en son article 10 prévoit un fonds d’assistance humanitaire pour les populations réfugiés du nord.

Accord cadre entre la CEDEAO et la junte : un premier ministre de transition bientôt nommé

Cette décision a été rendue public lors d’un déclaration du capitaine Amadou Haya ce vendredi 6 Avril au camp de Kati. Cet accord de principe entre le CNRDRE et la CEDEAO datée du 1er Avril, a été signé entre les deux parties en vue de mettre en place la transition selon l’article 36 de la constitution. L’accord prévoit que la Cour Constitutionnelle « constate la vacance de la présidence » et investisse pour l’intérim du pouvoir le président de l’Assemblée nationale, a expliqué une source proche de la junte. Un premier ministre sera trouvé à  l’issue des discussions en cours et sera à  la tête d’un gouvernement de mission qui devra organisé les élections. Compte tenu de la situation urgente au Nord un premier ministre devra aussi être nommé sous l’égide du médiateur de la CEDEAO et la mise en place d’un gouvernement » consensuel de mission, selon les termes de Djibril Bassolé, ministre des affaires étrangères du Burkina et porte parole du médiateur Blaise Compaoré. « Nous faisons du combat du Mali notre combat, avec un gouvernement en vue de négocier la paix ou la Guerre », a ajouté Bassolé. De plus, l’accord prévoit une Loi d’amnistie générale pour les membres de la junte. Du reste, dès l’entame du processus de transition, le président Blaise Compaoré a promis de prendre les dispositions pour rendre effectif rapidement la levée des sanctions de la CEDEAO. Dès la signature de l’accord, le président en exercice de la Cédéao prendra les dispositions nécessaires pour la levée des sanctions contre le Mali, stipule le texte.

Bienvenue dans le SANOGO SHOW

JT de 20h, mercredi 4 avril au soir. Ndèye Sissoko, charmante présentatrice du paysage audiovisuel malien, annonce l’annulation, ou plutôt le report de la convention Nationale, qu’avait annoncé la junte mardi soir. Plus tôt dans la journée du 4 Avril, le Front Uni pour la sauvegarde de la démocratie, se réunissait et décidait de ne pas participer à  cette concertation qualifiée de «Â piège », par un membre du Front. Du côté des pro-putschistes, on tape sur la Cédéao qui menace d‘intervenir militairement. A Kati, la junte doit s’interroger… Et les journalistes de se demander o๠va se tenir cette rencontre de «Â haut niveau »Â… Dans les stations services, les Bamakois dépités font le plein d’essence. A l’ACI 2000, quartier d’affaires, on évoque les dernières frasques du capitaine Sanogo, alors qu’une coupure EDM, paralyse la cité des affaires à  Bamako. «Â  Mais vous avez noté que son teint est devenu lisse en dix jours de pouvoir ? », fait remarquer Céline, une expatrié à  Bamako. «Â  Eh, il a même changé son canapé, pour recevoir ses visiteurs, vous avez pas fait attention au JT de l’ORTM ? », ajoute Leila. Oui, en dix jours, le capitaine Sanogo a pris de l’assurance. Déclaration sur déclaration, face à  la meute de journalistes nationaux et étrangers pendus à  chacune de ses sorties, il distille avec éloquence ses dernières décisions qu‘il remettra aussitôt en cause le lendemain . Oublié la voix éraillée et cassée de la première interview accordée à  nos confrères d’Africable, quand le chef de la junte tombait dans l’escarcelle du pouvoir, un 22 Mars, à  la faveur d’un coup d’état inattendu. Histoire d’un putschiste qui s’ignorait… Le capitaine Sanogo prend peu à  peu la mesure du pouvoir et semble y prendre goût, sans pour autant en maà®triser les ressorts ni les subtilités. D’abord en retrait, derrière son porte parole, le lieutenant Amadou Konaré, qui distillait les communiqués les un après les autres, à  la télévision, désormais, le chef de la junte convoque les médias au fief de Kati, entouré de ses généraux. Béret vert sur le crane, l’œil brillant, il en appelle à  l’aide internationale, convoque les parties politiques et tape sur ATT, qu’il menace de poursuite et de sanctions. Le chef de la junte, est un roublard qui joue avec la Cédéao, les Maliens et même les journalistes à  qui il dit tout et son contraire. Son bâton magique à  la main, il se donne une contenance qui laisse masquer un côté brouillon, comme témoigne un journaliste qui l’interviewé. « Le capitaine est sympa mais on le sent confus… » Confusion au sommet de l’état, Sanogo a dans les mains, un pouvoir qui lui échappe. Cerné de toutes parts, affirmant détenir des informations compromettantes pour les anciens affidés du général décu, le capitaine fait son show, donne de l’espoir aux Maliens comme lorsqu’il déclarait restaurer la constitution, après avoir dérouté la CEDEAO, en empêchant 5 chefs de l’état d’atterrir à  Bamako. Excuses internationales, Sanogo crée l’espoir puis l’angoisse chez le peuple. Comme dirait un homme politique célèbre, le feuilleton Sanogo nous réserve chaque jour que Dieu fait, son lot de mauvaise surprises. Le Sanogo Show, C’’est du 24h sur 24 en prime time national ! Dernier rebondissement du feuilleton Sanogo qui en appelle à  l‘intervention militaire étrangère au Mali : le report d’une convention nationale boycotté par une grande partie de la classe politique. Motif de la junte : impréparation, définition des angles et contours floues en filigrane… Ils vont y plancher. Et cette fois, ce n’est pas le capitaine qui a parlé, mais l’un de ses obscurs lieutenants ! A suivre…

Sanogo : « Si la situation se durcit au Mali, le monde entier en sera victime »

Le chef mutin s’entretenait avec des journalistes français depuis le camp militaire de Kati, près de la capitale malienne. {Les rebelles avancent à  grande vitesse. Est-ce l’heure d’une opération militaire, d’une contre-offensive de l’armée dans le Nord} La situation est critique, mais pas générée par le CNRDRE. C’est une des raisons pour lesquelles on a décidé de mettre fin à  un régime [celui du président Amadou Toumani Touré]. La situation était déjà  pourrie, depuis une dizaine d’années, par des personnes qui avaient trahi ce pays. Nous mettons tout à  la disposition des forces armées qui doivent préserver l’intégrité du territoire. La situation n’est pas seulement critique pour le Mali. Ce n’est plus une rébellion simple. On a un groupe islamique qui s’installe, avec tout un réseau. Si la situation se durcit, et l’Afrique et le monde entier en seront victimes un jour. {Que faut-il faire à  ce stade ?} Essayons d’oublier le Comité [le CNRDRE], oublions les rouages de la Constitution : on doit faire face à  un problème. Chaque heure compte. {Quelle est la solution ? Vous appelez à  une aide militaire internationale contre les rebelles ?} Si les grandes puissances ont été en mesure de traverser les océans pour aller lutter contre… [un ennemi comparable], qu’est-ce qui les empêche de venir ici ? Le danger, ce n’est pas seulement pour le Mali. Qu’on oublie un peu le Comité. Parlement, Constitution, ça peut attendre. Le dossier grave, c’est au Nord, c’est le plus important. {Une force internationale au Mali serait souhaitable, selon vous ?} Le Comité va toujours dans le sens de ce qui est bien pour ce pays. L’intervention d’une force, d’accord, mais bien canalisée, conformément à  nos principes. L’ennemi est connu, ce n’est pas Bamako. Si une force devait intervenir, elle sait oà¹. C’est là -haut [au Nord]. Des éléments africains ou occidentaux pourraient prendre part à  cette force ? J’ouvre la porte à  toutes les possibilités. Mais, encore une fois, dans le souci d’aller en guerre contre ce système [les rebelles], pas à  Bamako. Vous appelez la classe politique et les organisations à  tenir, jeudi 5 mars, une convention nationale pour décider du futur du pays ? Quand pensez-vous que des conclusions peuvent être attendues ? Nous sommes venus [au pouvoir] pas pour nous [y] éterniser, je le dis et le maintiens. Nous sommes des militaires. Notre mission principale, c’est de sécuriser le territoire, d’assurer la sécurité des personnes et des biens. Si vous voyez qu’on est là  aujourd’hui, c’est par la force des choses. On compte tenir la promesse qu’on ne sera pas là  pour longtemps. Concernant la convention, puisque on l’a fait pour le bonheur du peuple, c’est que quelque chose ne marchait pas. Dans la convention, demain, les participants parviendront à  dégager les grandes lignes d’une feuille de route. Pour le petit temps qu’on aura fait ici, et projeter ce qui se passera plus tard. Y a-t-il a des négociations avec Ansar Dine ou le Mouvement national de libération de l’Azawad -MNLA- [les deux groupes rebelles qui ont pris le nord du Mali] ? Faut-il discuter avec ces deux groupes séparément ? Tant qu’un individu est en armes, avec l’objectif de semer la terreur ou tuer, pour moi ces groupes n’ont pas de différence. Quant aux négociations, les portes sont ouvertes, mais une chose est sûre : l’intégrité du territoire reste mon mot d’ordre. C’est l’une des plus graves crises dans le nord du Mali. Ce qui est certain, c’est que le groupe islamiste est en train de s’installer, et ça n’interpelle pas seulement le Mali. Cela interpelle tout le monde. Vous avez peur que le MNLA décrète une forme d’autonomie, ou de sécession, dans le Nord du pays ? D’abord, en tant que soldat, je n’ai jamais peur. Mais j’ai quelques inquiétudes quand même. Pour l’instant, je préfère ne pas me prononcer. Hier, vous annonciez des poursuites contre « ATT » [le président Amadou Toumani Touré, toujours caché]. Que vont devenir les ministres arrêtés [comme Boubeye Maiga, ministre des affaires étrangères] ? Je n’ai pas de ministre arrêté. Pour le moment, je les détiens pour protéger leur intégrité physique, car je connais bien mon pays. En les laissant en ville, ils peuvent courir un risque. Si on devait faire des exactions, on l’aurait déjà  fait, mais vous conviendrez avec moi que depuis qu’on est là , on est à  l’écoute du peuple, on fait ça pour le peuple, donc on n’est pas dans une chasse aux sorcières. Ces gens, en les laissant en ville, courent un danger. Voilà  pourquoi je les garde, mais ils ne sont pas détenus. Et « ATT » ? Si je le trouve, c’est aux services spécialisés de le décider. Il y a encore un service judiciaire qui fonctionne, c’est à  eux de déterminer. O๠sont les militaires qui ont fui ? Mes soldats n’ont pas fui, ils se sont repliés. Une grande partie est restée à  Sévaré [base militaire près de Mopti]. Etes-vous en contact avec les pays qui sont utilisés par la rébellion comme bases arrières, l’Algérie et la Mauritanie ? Je n’en veux à  personne. D’ailleurs, si nos propres responsables ont permis l’accueil de groupes armés… Tout un groupe [de rebelles] a quitté la Libye et a été accueilli en héros ici, avec les honneurs, et c’est ce même groupe qui en train de tuer les Maliens aujourd’hui… Je n’en veux à  personne. Au contraire, je les invite à  une collaboration pour éradiquer le mal commun. Avez-vous peur de voir la classe politique qui était aux affaires revenir au pouvoir ? C’est ma plus grande préoccupation. Il y a ceux qui ont fait dix ou quinze ans au pouvoir. De député on devient ministre sans rien rapporter au pays. Vous croyez que les mêmes têtes vont rester ? Nous, on veut un changement, pas un changement pour changer, pour les valeurs. « Tu as dirigé le Mali pendant trente ans, et tu t’accroches encore ? Laisse les autres s’exprimer ! » C’est tout ce que je demande à  la classe politique. Si la convention nationale décide que votre départ est souhaitable, que ferez-vous ? Laissons la convention décider de cela, mais laissez-moi vous dire quelque chose : à  l’heure o๠nous sommes, on a déjà  évité un chaos. J’espère bien que la convention ne souhaitera pas voir ce Comité disparaà®tre, parce que ça va être le chaos le lendemain. L’application des sanctions est-elle une grande surprise ? La Cédéao [Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest], c’est l’organisation à  laquelle nous appartenons, je respecte leur décision, mais je les appelle au dialogue. Il est temps qu’on aille vers une Cédéao des peuples et non des Etats, des peuples d’Afrique. Je n’ai rien contre les circuits institutionnels, mais j’ai peut-être quelque chose contre les hommes. Si dans vingt à  quarante jours, il n’y a pas d’élection, il y aura un vide. Ce vide, qui va le combler ? Au lieu de perdre deux mois et de repartir sur quelque chose d’incertain, puisque il y a déjà  des acquis, pourquoi ne pas faire un démarrage imminent ? On gagne en temps, on gagne en structure, on gagne en confiance. Et surtout le CNRDRE est le comité du peuple, vous l’avez remarqué, faites des sondages. On a posé un acte qui a plu au peuple. Des propositions pour la Cédéao ? Je suis obligé de garder une position. Ce n’est pas de la bravade, c’est pour l’intérêt du peuple malien. L’heure n’est pas au Comité, ou au jeu politique, ça peut attendre dix ans. C’est un pays de la Cédéao qui est en train de mourir chaque jour, c’est ça la priorité. L’administration à  Bamako fonctionne, les gens vaquent à  leurs affaires, le Comité est là , bien respecté, donc il n’y pas d’urgence ici. L’urgence, c’est le Nord. Les pays qui conseillent à  leurs ressortissants de quitter le pays ? Ils ont leurs raisons. Vous êtes là , à  Bamako, on vous a menacé ? Certains journalistes l’ont été, oui… Certains journalistes ? Ceux qui les ont agressé ont leurs raisons. Mais moi, ma mission est d’assurer la sécurité des personnes et des biens sur le territoire malien, que vous soyez malien ou étranger. Et si je suis incapable de le faire, ce n’est pas délibéré. Y a-t-il déjà  un effet des sanctions qui perturbent le secteur bancaire ? Pour le moment, le Mali marche bien. Pour les structures bancaires, je ne suis pas informé, mais ça marche. Je peux vous assurer qu’on n’arrivera pas à  ce point.

Crise malienne : La mission sacrée du Capitaine Sanogo…

Il semble évident que le capitaine Sanogo et la CEDEAO ne soit pas sur la même longueur d’onde malgré les tractations diplomatiques qui ont émaillé Bamako ces derniers jours. Ce qui à  long terme, pourrait desservir le peuple malien et profiter davantage aux rebelles du nord. La situation sur le terrain l’a prouvé. Tombouctou est aux mains des rebelles ou plutôt du groupe islamiste Ançar Dine, qui y planté son drapeau. Dans quelques jours, le Mouvement National de libération de l’Azawad, MNLA, entend proclamer son indépendance.. Vous avez dit démocratie mon capitaine ? Autrement préoccupant, le différend de compréhension entre les attentes de la CEDEAO qui exige le retour à  l’ordre constitutionnel immédiat, donc la démission du capitaine Sanogo au profit de Dioncounda Traoré, Président de l’Assemblée Nationale, qui prendrait l’intérim et la mission sacrée que s’est confiée le capitaine à  lui-même. Ses propos à  l’hebdomadaire Jeune Afrique sont clairs : «Â  Selon la Constitution, en l’absence du président élu, C’’est à  Dioncounda Traoré [le président de l’Assemblée nationale, NDLR] de mener à  bien le processus de transition. Mais son mandat expire le 8 juin. Et en toute objectivité, je ne pense pas qu’il puisse organiser les élections dans le délai constitutionnel de 40 jours. Donc si on l’y place aujourd’hui, lui aussi sera illégalement à  la tête de l’à‰tat à  cette date, et on devra repartir à  zéro. D’o๠l’idée de mettre en place dès maintenant une convention nationale, composée de membres de la société civile et de militaires pour mener à  bien le processus qui conduira aux élections ». Dimanche soir, lors de sa déclaration, le capitaine Sanogo avait crée l’espoir chez les uns et ce mardi, alors qu’il procède à  des nominations dans son état major, l’inquiétude face à  l’embargo est monté crescendo chez les Maliens. L’hydre à  trois têtes Le capitaine Sanogo n’a donc pas l’intention de quitter le pouvoir de sitôt, encore moins l’envie de voir Dioncounda Traoré diriger une transition trop rapide. Non le pouvoir arraché ne saurait être rendu trop vite. Le capitaine Sanogo s’est confiée une mission sacrée, celle de restaurer une démocratie qu’il juge pervertie et qu’il ne veut pas remettre aux anciens alliés d’ATT. C’’est donc pour cela que le capitaine Sango a renversé le général, pour régler par ailleurs la crise du Nord o๠de nombreus soldats maliens ont laissé la vie. Mais comment y arrivera-t-il seul et sans une armée décapitée de ses têtes, trahie par ses généraux ? Après la CEDEAO, C’’est au tour du Conseil de Sécurité de statuer sur la situation au Mali. Alors que beaucoup réclament l’urgence d’une offensive au nord pour contrer les rebelles, ces derniers sont signalés aux alentours de Mopti, dont les habitants désertent déjà  les lieux… Quel nouvel espoir faut-il attendre de la junte ? «Â Le capitaine Sanogo donne le tournis à  la classe politique malienne’, commente un éditorialiste. «Â Je ne comprends plus sa position, il n’a pas l’intention de partir’, exprime une bamakoise dépitée. Entre espoir et incertitudes, la population malienne, ne sait plus à  quel saint se vouer et risque bien de se trouver prise au piège des volontés de la junte et de la CEDEAO. La crise malienne, C’’est une hydre à  trois têtes, et chacune d’elle veut manger l’autre.

Mali : la Cedeao place la junte sous « embargo »

Les chefs d’à‰tats de la Communauté économique des à‰tats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont frappé fort. Réunis lundi 2 avril à  Dakar à  l’occasion d’un sommet extraordinaire, ils ont décidé d’imposer à  la junte au pouvoir au Mali un « embargo total », c’est à  dire à  la fois diplomatique et financier. « Toutes les mesures diplomatiques, économiques, financières et autres sont applicables dès aujourd’hui (lundi) et ne seront levées que quand l’ordre constitutionnel (sera) effectivement rétabli, a déclaré le chef d’à‰tat ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de la Cedeao. Parallèlement, la Cedeao a décidé la mise en place immédiate de sa force militaire, qui était déjà  en état d’alerte depuis plusieurs jours. Les modalités d’activation de cette force de quelque 2 000 hommes doivent être étudiées lors d’une réunion d’un comité des chefs d’état-major dès cette semaine à  Abidjan. « Les déclarations de la junte vont dans le bon sens » « La situation au Mali est très grave, c’est un coup contre la démocratie et une atteinte à  l’intégrité territoriale de ce pays », a affirmé Ouattara. Et de répéter : « Ce n’est pas acceptable. Le retour à  l’ordre constitutionnel et à  l’intégrité territoriale doivent se faire dans les plus brefs délais. » De son côté, la junte a promis dimanche le retour à  un pouvoir civil et une transition démocratique avec des élections dont la date n’a pas été précisée. Une marque de bonne volonté qui n’a visiblement pas suffit à  calmer l’ire de Ouattara. « Les déclarations de la junte vont dans le bon sens, mais il faut que ce soit effectif, que la junte se mette à  l’écart et transmette le pouvoir aux autorités constitutionnelles reconnues », a estimé le président ivoirien. Le sommet de Dakar a également demandé que le gouvernement légitime qui doit être « mis en place dans les prochains jours ouvre le dialogue avec les mouvements armés », a poursuivi Alassane Ouattara. « Nous allons transmettre ces décisions au président de la Commission de l’Union africaine (UA) Jean Ping afin de lui demander de saisir le Conseil de sécurité de l’ONU pour accompagner ces décisions », a-t-il le président de la Cedeao. à‰ventuelle saisine de l’ONU Le ministère français des Affaires étrangères, Alain Juppé, qui assistait à  la réunion de la Cedeao en marge de l’investiture de Macky Sall comme nouveau président du Sénégal, a quant à  lui indiqué que le Conseil de sécurité pourrait aussi être saisi par Paris des éventuels besoins de l’organisation ouest-africaine pour régler la crise au Mali. La France soutient les efforts de la Cedeao, qui a mandaté le président (burkinabè Blaise) Compaoré comme médiateur, et elle relaiera auprès du Conseil de sécurité, avec ses partenaires africains au sein du Conseil, les besoins de la Cédéao pour appuyer ses actions », avait affirmé plus tôt un porte-parole du Quai d’Orsay, Romain Nadal.

Transition : réactions la classe politique malienne

Tout ça pour ça ? Voilà  comment certains observateurs ont commenté l’annonce par le capitaine Amadou Haya Sanogo dimanche 1er avril du rétablissement de la Constitution et des institutions de la République, suite à  la menace d’embargo économique brandit par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). En acceptant de rétablir la Constitution du 25 février 1992 la junte militaire a jeté aux oubliettes l’Acte fondamental qu’elle avait adopté il y a quelques jours. « Le CNDRE ne devrait plus être au pouvoir » Le Front uni pour la restauration de la démocratie (FURD) a accueilli l’annonce avec beaucoup de prudence, tout en estimant qu’il s’agit d’un pas important vers la sortie de crise. «Â Si la Constitution est rétablie, le CNRDRE ne devrait plus être au pouvoir », a déclaré au nom du FURD le député de l’ADEMA Kassoum Tapo, qui préconise l’adoption d’une loi d’Amnesty protégeant les putschistes. Autre écueil, le rétablissement de la Constitution exige qu’Amadou Toumani Touré revienne au pouvoir. Or le président malien élu a annoncé dans une interview à  RFI que «Â l’important C’’est le Mali », en considérant la résolution de la crise prioritaire sur son retour à  Koulouba. Tous les regards se tournent donc vers Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale et candidat de l’ADEMA à  l’élection présidentielle. Selon la Constitution c’est à  lui qu’il revient de remplacer le président « en cas de vacance de la Présidence de la République pour quelque cause que ce soit ou d’empêchement absolu ou définitif « . Dioncounda Traoré s’est dit prêt à  assurer la transition. n’a pas caché sa disponibilité. «Â Pour l’instant, on ne m’a pas fait de notification. Dès que ce sera fait, je n’aurai aucune objection à  venir assurer cette transition », a déclaré Dioncounda Traoré pour la priorité reste la reconquête du territoire et l’organisation rapides d’élection libres et crédibles. Le SADI déçu Joint au téléphone, le président du parti SADI, Cheick Oumar Sissoko, n’a pas souhaité faire de commentaire. «Â J’attends de voir clair avec mes autres camarades avant d’adopter une déclaration », a-t-il expliqué. Son parti s’était déclaré «Â solidaire » des putschistes au lendemain du coup d’Etat. La jeunesse du parti SADI (membre du MP22) est plus bavarde. La déclaration dominicale du capitaine Sanogo a été accueillie avec beaucoup de déception. «Â Nous pensons que C’’est une trahison au regard de tout ce que le MP 22 et la Convergence de soutien au CNRDRE a fait depuis le 22 mars. C’’est également une trahison pour l’ensemble de la jeunesse qui voyait en ce coup d’Etat un sursaut patriotique afin de permettre au Mali de retrouver sa dignité », a déclaré un des responsables de la jeunesse SADI. Selon Etienne Oumar Sissoko «Â la capitulation de junte militaire face aux pressions consacre le retour à  la case départ et un retour aux erreurs du passé ». Mais une transition menée par le président de l’Assemblée nationale ne les enchante pas. «Â Nous avons de réels doutes quant à  la capacité de Dioncounda Traoré à  pouvoir conduire une bonne transition et reconquérir le territoire car il est comptable de situation que nous vivons ». Les propositions du FUDR Pour Tiéman Hubert Coulibaly de l’UDD, il faut une application de l’article 36 de la constitution malienne, qui prévoit un intérim et une transition du Président de l’Assemblée Nationale, pour assurer le retour normal à  l’ordre constitutionnel. Pour le FURD, le Front Uni pour la Sauvegarde de la démocratie, par la voix de son président Kassoum Tapo, se réjouit et prend acte de la déclaration du président du CNRDRE prenant l’engagement solennel de rétablir la constitution de la république du Mali du 25 février 1992. Par ailleurs, le FUDR, appelle à  une sortie de crise, à  travers un schéma qui prévoit la démission du Président de la République et du Gouvernement, la constatation de la vacance du pouvoir par la cour constitutionnelle et la désignation du président de l’assemblée pour assurer l’intérim. Et plus urgent, face à  la crise du nord, l’ engagement des forces de la CEDEAO aux côtés des forces armées nationales pour le rétablissement de l’intégrité territoriale

Une délégation de la junte malienne a rencontré le président burkinabè à Ouagadougou

Alors que les combats ont atteint la ville de Gao au nord du Mali, les initiatives diplomatiques se poursuivent. Une délégation de la junte qui a pris le pouvoir à  Bamako a rencontré ce samedi 31 mars à  Ouagadougou le président burkinabè, Blaise Compaoré, nommé médiateur dans la crise malienne par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Le dialogue n’est pas rompu avec la Cédéao. Sur le principe, la junte se dit d’accord pour un retour à  l’ordre constitutionnel au Mali, reste à  en déterminer les modalités. Les discussions vont donc continuer avec Djibril Bassolé, le ministre des Affaires étrangères burkinabè. « C’’est précisément ces modalités que nous continuerons de discuter à  Bamako ce soir, dit-il, afin de trouver la solution qui apaise le climat social, qui fédère les Maliens et qui nous permette finalement d’adopter des institutions stables ». De son côté, le colonel Moussa Sinko Coulibaly – à  la tête de la délégation de militaires – assure que des institutions stables seront mises sur pied « dès que possible ». « Le comité, confie-t-il, n’a aucune intention de rester au pouvoir ou de confisquer le pouvoir. Nous allons partir dès que la crise institutionnelle sera résolue. Si cela se fait en une semaine, le comité va disparaà®tre, si cela se fait en 24 heures, le comité va disparaà®tre. Donc, pas d’inquiétudes de ce côté. Nous ne sommes pas là  pour confisquer le pouvoir ». Quant au chef de la junte, le capitaine Sanogo, il a une nouvelle fois promis que ni lui, ni aucun des membres de la junte, ne participeraient à  de futures élections. RFI

L’avancée des rebelles dans le Nord du Mali inquiète

La situation militaire se dégrade rapidement dans le nord du Mali plaçant la junte au pouvoir à  Bamako depuis dix jours dans une position extrêmement délicate. Samedi, après le chute de Kidal la veille, les rebelles de Mouvement Nationale pour la libération de l’Azawad (MNLA), une rébellion touareg, étaient entrés dans Gao, la seconde ville du nord-Mali o๠ils se heurtaient à  l’armée malienne. Toute la matinée, d’importants combats se sont déroulés dans la périphérie de la cité. Dans l’après-midi, le MNLA, appuyés par les hommes de la milice Ansar Dine, un groupe salafiste dirigé par Iyad ag Ghaly, semblait avoir pris le contrôle de toute la ville. On ignorait cependant samedi soir le sort de camp militaire situé à  une dizaine de kilomètres au sud-est de Gao. Cette importante caserne sert de centre opérationnel à  l’état-major malien et de base aux trois hélicoptères engagés dans les combats. L’éventuelle chute de ce site achèverait de désagréger le front malien. Dans le même temps, des accrochages étaient signalés aux environs de Tombouctou, la capitale du nord du pays. Selon un homme d’affaire originaire de cette ville, les rebelles n’en seraient qu’à  quelques kilomètres. L’armée malienne, pour sa part, se serait repliée au moins en partie plus au sud. Les mouvements touaregs sont renforcés Pour le MNLA, qui revendique l’indépendance de l’Azawad, une vaste zone qui comprend notamment une bonne part du nord Mali, la prise de ces deux villes signifierait la réalisation complète de ses objectifs en un temps record. Cette avancée fulgurante doit beaucoup à  la supérioté de ses armes. Les mouvements rebelles touaregs, qui agitent le nord du pays presque sans discontinuer depuis l’indépendance en 1960, ont été considérablement renforcés avec l’arrivée à  l’automne d’hommes venus de Libye. La chute de Kadhafi a en effet entraà®né le retour aux bercails d’au moins 2000 de ces mercenaires d’origine malienne avec leurs armes. Cet afflux a radicalement changé le rapport de force entre les Touaregs et une armée malienne, très mal équipée. Le MNLA a aussi profité ces deniers jours du coup d’état qui a renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré, désorganisant le commandement malien. Pour la junte, arrivée en pouvoir en affirmant précisément agir pour renverser le sort des armes dans le nord du pays, cette avancée est un désaveu. Dans une interview accordée à  Radio France Internationale (RFI), le chef du Comité national pour restauration de la démocratie et le redressement de l’Etat (CNRDRE), le capitaine Amadou Haya Sanago, a assuré que ces récents revers n’étaient pas pour lui une défaite. «On ne peut pas redresser en dix jours dix ans d’erreur», a-t-il expliqué. L’officier appelle également à  l’union nationale pour sauver l’unité du pays. Un argument qui semble porter. Les partis politiques qui dans un premier temps avaient rejeté le coup de force et exigé un retour à  l’ordre constitutionnel s’y sont montrés sensible. «L’heure n’est plus au discussion. Il faut que le monde politique se réunisse pour trouver une solution rapide. Il faut sauver le Mali», affirme ainsi Ibrahim Boubacar Keita, ancien premier ministre. Le Front du refus, un collectif de partis et d’associations formés pour lutter pour le putsch, a lui aussi lancé un appel en ce sens. La junte veut aussi convaincre les pays voisins de lui venir en aide. Mais la Communauté économique des états d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a lancé au CNRDRE un ultimatum qui se termine lundi pour rendre le pouvoir sous peine d’un embargo diplomatique et financier. Une telle mesure étoufferait rapidement le Mali. Samedi, une délégation du CNRDRE était à  Ouagadougou pour rencontrer le président burkinabé Blaise Compaoré, nommé médiateur de cette crise. «Nous espérons infléchir la position de la Cédéao et obtenir son aide», a affirmé le capitaine Sanago. Une aide que la Cédéao semble prête à  lui accorder. à€ une condition. Vendredi le président ivoirien Alassane Ouattara a une nouvelle fois exigé le retour à  l’ordre constitutionnel avant toute chose. Le ministre des Affaires étrangères Burkinabé, était lui attendu samedi soir à  Bamako pour tenter de trouver une sortie de crise. De notre envoyé spécial à  Bamako

La lettre d’Alioune Ifra Ndiaye au capitaine Sanogo

Bonjour mon capitaine, Je me permets de vous adresser cette lettre ouverte parce que je vois que mon pays s’enfonce dans l’aventure et que je ne peux pas me taire. Mon capitaine, vous avez pris le pouvoir parce que vous étiez mécontent, comme beaucoup, mais surtout parce que vous aviez des armes. Ce qui est d’ailleurs le cas des rebelles du Nord. Ils étaient mécontents et ils ont des armes. Ils les ont retournées contre leur pays. Aujourd’hui, leur mécontentement est devenu une revendication politique : la partition du Mali. Mon capitaine, votre mécontentement est malheureusement en train de changer de nature. Il provoque une confusion politique qui coupe le Mali du reste du monde. Mon capitaine, J’observe que, pro ou anti coup d’Etat, tout le monde est unanime pour dire que vous n’êtes pas une mauvaise personne. Mais ça ne donne ni la légitimité, ni les connaissances qui permettent, au XXIe siècle, de diriger le pays. Mon capitaine, la plupart des gens qu’on entend très fort, qu’ils soient pro ou anti coup d’Etat, ne cherchent qu’une chose : attirer votre attention et se positionner pour le « partage du gâteau ». Il ya quelques mois, beaucoup d’entre eux qualifiaient ATT de messie. Certains lui ont même proposé un troisième mandat. D’autres sont mécontents, parce qu’on leur a pris leur strapontin. C’est malheureusement une réalité de notre pays, une réalité que nous vivons tous, que vous vivez comme nous. Et quand les événements tourneront mal – il y a toujours un moment o๠ça tourne mal – ces mêmes personnes qui aujourd’hui vous encensent diront : « On l’avait bien dit, il n’écoute pas les gens ». Mon capitaine, je ne crois pas qu’un seul Malien soit fier de ce qui se passe aujourd’hui. Mais nous sommes tous responsables de la situation. ATT, vous, le citoyen lambda, moi…. J’imagine la pression sociale que vous devez subir. « C’’est notre tour maintenant » vous diront la famille, les amis, les anciens proches et les nouveaux proches, tous les opportunistes que toujours le pouvoir attire. Ces sentiments destructeurs ont déjà  dérouté du droit chemin des milliers de cadres compétents. Les liens familiaux et les passe-droits priment sur la compétence. La société elle-même n’a pas pris la mesure du chantier. La preuve. Nous tolérons la corruption quand elle est le fait d’un parent qui nous en fait profiter. Beaucoup d’associations et de partis politiques vous soutiennent aujourd’hui espérant tirer de ce soutien un maroquin, un strapontin, un avantage. l’impasse dans laquelle la situation nous met, les dangers qu’elle fait courir à  la patrie, à  nous tous, à  vous même, C’’est le dernier de leur souci. Mon capitaine, des centaines de milliers de personnes comme moi n’ont pas besoin d’être ministres, députés, directeurs généraux, conseillers municipaux, ect… Nous savons travailler. Nous nous sommes assumés en créant les moyens de notre activité, des associations, des ateliers, des exploitations agricoles, des PME, des PMI. Nous sommes le C’œur du dynamisme du Mali d’aujourd’hui. Nous sommes la vraie société civile. Nous appartenons à  des familles politiques différentes ou même à  aucune. Aux élections prochaines, nous ne voterons pas pour les mêmes candidats. Nous sommes souvent maltraités par le système. Mais nous n’avons pas souhaité le coup d’Etat. Nous voulons un Mali stable avec des repères intouchables quel que soit le problème. Le Sénégal vient de nous donner une leçon qu’aujourd’hui nous méditons tous dans la tristesse et l’angoisse du lendemain. Mon capitaine, imaginez un homme qui change constamment de nom de famille. Pensez-vous que ses voisins lui feront confiance ? Sa propre famille lui fera-t-elle confiance ? Un ami me disait hier, « l’eau versée ne peut être ramassée ». C’’est vrai. Mais nous pouvons sortir de cette impasse par le haut. Et la CEDEAO nous tend une perche. Elle n’est pas géniale comme solution, mais elle nous permettra de sortir rapidement de cette impasse. Vous. Nous. Le pays. Beaucoup de citoyens maliens de ma génération ou plus jeunes sont décidés à  tout faire pour que le laisser-aller, la corruption, les injustices, le mépris de l’intérêt général n’aient plus droit de cité dans notre patrie. Là  est la vraie force des idées que vous affirmez vouloir mettre en œuvre, pas dans la peur, ni dans les fusils. Alioune Ifra Ndiaye Opérateur culturel

Maliens, où est passé notre bon sens ?

Notre pays mérite t-il cette situation ? Le Mali, cette terre de djatiguiya, se transforme depuis quelques jours en bataille de partisannerie à  tout va et d‘opportunisme caché au nom d’une junte qui a pris le pouvoir un 22 Mars 2012. Et dans pareille situation, les extrêmes ne sont jamais bons. Ainsi des leaders politiques, des associations de la société civile, des groupements d’individus inconnus jusqu’alors, se précipitent pour prendre position dans un contexte o๠l’apaisement est de rigueur. On les voit déclaration sur déclaration apporter leur soutien au coup d’état militaire. On les voit condamner l’ancien régime dont-ils sont aussi responsables pour avoir cautionné le système des années durant. Les communiqués fusent à  la télévision nationale et dans la presse. Chacun veut être visible, mais sans réfléchir aux conséquences d’une prise de position trop rapide. «Â  Considérant que ceci, considérant que cela… », énumèrent-ils sans réellement mesurer la portée d’une telle situation de chaos politique et social… Mais la gloire ne dure qu’un quart d’heure. Et sur le pavé, les manifestations de soutien à  la junte se multiplient et les militants sortent pour battre le pavé au lieu d’appeler à  l’unité nationale. On en vient à  se jeter des pierres comme au temps de David et Goliath. Le Mali est t-il devenu fou ? Notre pays n’est en tout cas plus le même depuis ce 22 Mars, depuis qu’un certain capitaine Sanogo, un refoulé du camp de Kati, un homme qui doit en avoir gros sur le C’œur, a décidé de prendre les choses en main. Un coup d’état militaire est-il la solution ? Dans la forme, lorsque les choses ont atteint leur paroxysme, le coup de force s’imposerait. Mais ensuite ? Peut-on en quelques heures, jeter aux orties, vingt ans de combat démocratique, une démocratie questionnable évidemment, mais peut-on agir au nom d’un peuple tout entier et imposer la loi militaire aux enfants du Mali. Une démocratie de paille hélas, puisque renversé en 24h… Le pouvoir par les armes a eu raison de notre Maliba, exemple déchu de stabilité démocratique, désormais pointé du doigt par tous : «Â Nous ne sommes pas venus nous éterniser! », a affirmé le chef du CNRDRE. Il semble pourtant que le capitaine Sanogo veut se donner du temps, combien de temps exactement pour retrouver l’unité nationale, l’intégrité territoriale alors que Kidal vient de tomber aux mains des rebelles ? Qu’a le capitaine Sanogo a nous dire là -dessus ? Qu’il a besoin d’aide évidemment. Plus pathétique, ces putschistes ont réussi à  faire rebrousser cinq chefs d’états africains à  cause d’une manifestation sur le tarmac de l‘aéroport. A cause du CNRDRE, le lièvre CEDEAO a du fuir. Quelle légitimité a maintenant l’organisation panafricaine pour gérer la crise malienne ? Notre hinterland, privé de son ordre constitutionnel, sous la menace d’un embargo économique, se trouve prisonnier entre des militaires que le pouvoir commence à  enivrer et une société civile divisée, une classe politique partagée entre le pour et le contre. C’’est le peuple qui risque d’en souffrir, va certainement en pâtir. Dans ce contexte agité, o๠est passé notre bon sens, notre tempérament de citoyen malien, notre sens patriotique… Maliens, ayons du bon sens, la situation est entrain de nous échapper…

Bourse du Travail : Affrontements entre pro-putschistes et anti-puschistes

Cela fait maintenant une semaine que le Mali vit dans les troubles depuis le coup d’état du 22 Mars à  travers les différentes marches des mouvances pour ou contre la junte. Et ce 29 Mars, des affrontements entre pro-putschistes soutenues par certains partis politiques et les anti-puschistes regroupés au sein du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie (FU ont eu lieu à  la Bourse du Travail. l’incident s’est produit vers 10 heures au moment o๠les jeunes et les femmes étaient réunis devant la bourse du travail en attendant les responsables du meeting. C’est alors qu’une pluie de pierres venant s’est abattue sur les manifestants, provoquant un mouvement de panique général. Les jeunes du FDR ont ensuite riposté contre leurs agresseurs. Durant une heure, des lancets de pierre ont émaillé la Bourse du travail et détourné l’objectif de la marche. Un jeune militant pro-putschiste est ensuite tombé dans les mains des jeunes du FUDR. Bilan de cet affrontement, des blessés légers. Au même moment, d’autres manifestants ont envahi l’aéroport de Bamako Sénou o๠était attendue une délégation de chefs d’états de la CEDEAO en visite au Mali, ce qui poussé à  l’annulation de la réunion. Le FUDR monte au créaneau La veille, les responsables du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie, (FU étaient face à  la presse à  la bourse du travail pour annoncer la marche de protestation des partis politiques et de la sociétés civiles regroupés au sein du FUDR en soutien à  la CEDEAO dont la mission a du pourtant être annulée. Selon Kassoum Tapo, porte-parole du FUDR, il s’agit d’exiger à  la junte le retour à  l’ordre constitutionnel. « Aujourd’hui la question est de défendre la démocratie remise en cause par le coup des jeunes militaires » précise Tièman Coulibaly, le président de l’UDD. D’autres responsabilités ont dénoncé l’inutilité d’un coup de force à  un mois des élections. De même qu’Iba Ndiaye, le premier vice président de l’Adema a dénoncé la situation extrêment tendue qui prévaut à  Bamako :  » Il serait regrettable que nous en arrivions à  autre chose ».

Djibril Bassolé : « Le dialogue avec la junte n’est pas rompu »

Retour rapide à  l’ordre constitutionnel ou possibilité d’une transition, le communiqué final du Sommet Extraordinaire de la CEDEAO tenu le 27 Mars à  Abidjan a été clair : « Si la junte n’acceptait pas de surseoir au putsch, une intervention militaire pourrait être envisagée: «Â Je crois qu’on se dirige vers un scénario à  la nigérienne, avec une assemblée constituante prenant en compte toutes les tendances de la société… », confie un diplomate sur place. Dès 9h, le tarmac de l’aéroport de Bamako Sénou s’est vu envahi de journalistes, de militaires de la junte et de membres du protocole ce 29 Mars pour attendre la mission des 5 chefs d’Etats de la CEDEAO, mission constituée d’Ellen Johnson du Libéria, Yayi Boni du Bénin, Mahamadou Issoufou du Niger, Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Blaise Compaoré, le médiateur de la Cédéao en cours de route. Mais lorsque les journalistes apprennent que la visite est annulée, C’’est l’agacement général. A 10h30, le chef de la junte, président du CNRDRE, le capitaine Amadou Haya Sanogo, a fait une entrée spectaculaire un peu à  la manière d’un Dadis malien et des manifestants ont forcé les grilles et investi le tarmac. Sur les pancartes, des slogans hostiles : «Â A bas la Cédéao» ! «Non à  l’impérialisme ». «Â Vive la junte au pouvoir » Le capitaine Sanogo s’est ensuite offert un bain de foule, avant de disparaà®tre dans le salon d’honneur de l’aéroport. D’après des témoins, il aurait demandé aux manifestants de libérer le tarmac pour laisser atterir les avions. Mais on se demande pourquoi la sécurité a laissé entrer les manifestants dans l’enceinte de l’aéroport réservé aux chefs d’états. Le CNRDRE l’a t-il fait exprès ? Des manifestations, au même moment, agitaient Bamako, entre partisans du CNRDRE et forces anti-junte à  la Bourse du Travail. Le dialogue n’est pas rompu Après l’annonce de l’annulation de la mission, des discussions ont eu lieu entre le chef de la junte et certains ministres présents à  Bamako. D‘après Djibril Bassolé, le ministre des Affaires Etrangères du Burkina Faso, rien n’est perdu: « Les conditions de sécurité n’étaient pas réunies, mais la junte est disposée, nous nous sommes écoutés et nous allons maintenant restituer cet entretien à  nos chefs d’états respectifs. Mais soyez sûrs que le dialogue n’est pas rompu ». Tout comme L’honorable Bictogo Adama, Ministre Ivoirien de l’Intégration Africaine, a souligné l’environnement peu propice à  la tenue de la rencontre qui a dû être différée. Mais ce qui est plus étonnant de la part de la CEDEAO, c’est de vouloir faire venir en grosse délégation au Mali, six chefs d’états, deux jours après la réunion d’Abijdan vu le contexte agité. Du reste, le capitaine Sanogo n’a fait aucune déclaration à  la presse après l’annulation de la mission. Le chef de la junte malienne n’envisage pas de se retirer. Il aurait par ailleurs demandé à  la Cédéao de l’aider à  réaliser une réforme de l’armée malienne, et expliqué que les conditions ne sont pas réunies pour tenir les élections à  la fin avril comme prévu, rapporte RFI. Les Chefs d’états en mission de la CEDEAO ont eux pris le chemin d’Abidjan pour une réunion d’urgence. « Ceci montre bien l’incapacité de la CEDEAO à  gérer cette crise, une petite manifestation et ces chefs d’états rebroussent chemin! », commente un photographe déçu. « Il n’y avait pas grand-chose à  espérer de cette rencontre, et je ne crois pas que la CEDEAO soit la solution à  ce problème », ajoute un diplomate en sourdine. « Le plus curieux, C’’est cette décision brusque de venir à  Bamako, alors que la situation ne le permettait pas ». A Bamako, la situation reste tendue avec les nombreuses manifestations qui ont émaillé ce jeudi en faveur mais aussi contre la junte au pouvoir. Une autre grande manifestation est prévue ce samedi au stade du 26 Mars de Bamako à  l’initiative du Mouvement Patriotique du 22 Mars…

Bamako : Grande marche de soutien à la junte

Les manifestations se multilpient à  Bamako. Après celle du Front Uni pour la Sauvegarde de la démocratie, lundi 26 Mars, c’est la marche des sympathisants du CNRDRE qui a eu lieu ce merdredi matin, dans les artères de la capitale malienne. Un peu plus d’un miliier de marcheurs emmenés par le Mouvement Patriotique du 22 Mars, ont exprimé leur soutien à  la junte du capitaine Sanogo. Les pro-junte portaient pancartes et banderoles sur lesquelles on pouvait lire « à€ bas ATT », « à€ bas la France », « à€ bas Sarkozy », « à€ bas la communauté internationale » ou encore « Vive la junte ». Ils scandaient également des slogans en hommage au chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo, tels que : « Sanogo solution ! ».  » Merci CNRDRE »… Une marche destinée à  exprimer l’autre sensibilité de la population malienne, qui adhère à  l’action de la junte qui a pris le pouvoir le 22 Mars au Mali. Contrairement à  l’idée selon laquelle, les Maliens seraient tous défavorables au coup d’état. Cette marche de soutien au CNRDRE et à  l’armée malienne qui se voulait utile pour‘‘pour recouvrer l’unité nationale, l’intégrité territoriale et la cohésion sociale », a débuté à  la place de la liberté pour prendre fin à  l’ex-primature, en passant par le cinéma Babemba, le monument de l’indépendance. Lors de la marche, des personnalités comme Cheikh Oumar Sissoko du parti SADI, étaient visibles, tout comme Oumar Mariko. Au même moment, la junte a proclamé un schéma de constitution, ou « Acte fondamental », devant régir la nouvelle vie politique et administrative, un texte de 70 articles o๠la junte tente de légitimité sa prise de force. A l’ex-primature, les manifestants ont été rejoints par le porte-parole du CNRDRE, le lieutenant Amadou Konaré et certains éléments dudit comité. La convergence patriotique pour la défense du Mali regroupe des partis politiques et des organisations de la société civile. Il s’agit notamment du parti solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi), représenté par Oumar Mariko secretaire général du parti, la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (Cstm), le Syndicat libre de la magistrature (Sylima), le groupement des commerçants du Mali, le Forum pour un autre Mali repreenté par Aminata Dramane Traoré altermondialiste. Ces acteurs sont également membres du Mouvement populaire du 22 mars (MP22). Tour à  tour ces marcheurs ont fustigé le bilan d’ATT, la corruption galopante, l’impunité encouragée, le laxisme total dans la gestion du nord. A la fin de cette marche les organisateurs ont annoncé la tenue d’un meeting au stade du 26 mars ce samedi. La CEDEAO envoie une mission de cinq chefs d’Etat pour demander aux putschistes de quitter le pouvoir et rétablir l’ordre constitutionnel. Leur communiqué final précise que leur entêtement à  se maintenir au pouvoir peut pousser à  la CEDEAO à  un recours aux armes.

Pourquoi la junte a t’elle arrêté Modibo Sidibé ?

l’ancien Premier ministre et candidat déclaré à  l’élection présidentielle du 29 avril qui préparait un meeting géant le 25 Mars au Stade du 26 Mars dans le cadre de sa campagne, a fait les frais de la chasse aux personnalités proches de l’ancien régime par la junte . Dans la nuit du 22 mars 2012, aux environs de 1 heure du matin, des éléments de la junte lui rendent visite à  sa résidence de Faladiè, un quartier de Bamako. De sa chambre à  coucher, Modibo entend les crépitements des armes automatiques. Il sort pour s’enquérir de la réalité. Selon nos sources, Modibo Sidibé s’est mis à  la disposition des militaires sans résistance, après avoir cru à  une protection, et avec un calme olympien en leur déclarant de «Â l’amener o๠ils veulent ». Il a été ensuite conduit au camp Soundiata Kéita de Kati o๠sont gardées d’autres personnalités de l’Etat, des ministres et présidents d’institutions de la République. Après cinq jours de détention, l’ancien bras droit d’ATT a enfin été relaxé ce mardi dans des conditions non encore élucidées. Fidèle à  son tempérament flegmatique, Modibo Sidibé est apparu souriant sur les écrans de la télévision nationale, en compagnie du président du Haut Conseil Islamique, Mahmoud Dicko, qui a rendu visite mardi aux détenus. Pourquoi Modibo Sidibé ? Vraisemblablement, les putschistes en avaient gros sur le C’œur contre Modibo Sidibé, si bien que, parmi la vingtaine de candidats officiellement déclarés à  la présidentielle du 29 avril 2012, Modibo Sidibé, candidat d’une dizaine de partis politiques, est l’un des rares à  avoir été arrêté par le Conseil national de redressement de la démocratie et pour restauration de l’Etat (CNRD-RE) avec Jeamille Bittar, le président de la Chambre de Commerce et d‘industrie. «Â Modibo Sidibé aurait été ciblé pour sa connivence avec le régime déchu », révèle une source proche de la junte. Pour plusieurs personnes, l’ancien Premier ministre était celui qu’ATT prédestinait au fauteuil présidentiel. Des preuves auraient été découvertes par les éléments de la junte, chose qui reste à  vérifier… Mais les observateurs ne le voyaient pas venir en raison de son «Â manque de popularité et l’absence d’appareil politique approprié ». Modibo peut-il encore briguer la magistrature suprême ? Difficile à  dire. Il est certain que l’arrestation de Modibo Sidibé a ralenti sa marche vers Koulouba au moment o๠l’on évoque une possible transition que pourrait diriger Dioncounda Traoré. Une proposition émise par la Cédéao à  l’issue du sommet extraordinaire d’Abidjan sur la crise malienne. Juste avant le putsch, le candidat indépendant avait misé sur une grosse campagne de communication. l’élan est désormais brisé pour Modibo Sidibé qui a été relâché mardi soir par la junte. Il lui reste toutefois l’adhésion de ses partisans, mais le contexte ne se prête plus au jeu électoral. A moins d’un retour rapide de l’ordre constitutionnel au Mali et l’organisation d’élections immédiates, un scénario presque’ impossible, l’issue de la médiation des cinq chefs d’états attendus mercredi à  Bamako, nous en dira davantage sur les chances de l’un ou l’autre des candidats, et comment chacun d’entre eux s’appropriera ce contexte… Reste que depuis le putsch militaire, Soumaila Cissé et Ibrahim Boubacar Keita étaient apparus comme les deux figures au devant la communication anti-junte, les deux hommes ayant rencontré le capitaine Sanogo, après avoir condamné le coup de force. Mais le retour de Dioncounda Traoré, qui était à  Ouagadougou lors des évènements du 22 Mars, pourrait-il changer la donne ? Tout comme le bref séjour de Modibo Sidibé au camp de Kati pourrait-il créer chez lui un sursaut d‘orgueil. Les cartes seraient ainsi remises en jeu…

Une nouvelle constitution pour le Mali

Quelques heures après un sommet extraordinaire de la CEDEAO qui a pris des sanctions contre la junte au pouvoir au Mali, cette dernière continue comme si de rien n’était de prendre des décisions pour «un retour rapide à  l’ordre constitutionnel». Un militaire juriste membre du Comité a lu ce mardi à  la télévision nationale un texte devant servir de constitution au pays pendant la transition. l’ordonnance n°0001 du CNRDRE, intitulée « Acte fondamental » commence par un préambule qui stipule que le peuple malien « affirme solennellement sa détermination de perpétuer un Etat de droit et de démocratie pluraliste dans lequel les droits fondamentaux de l’Homme sont garantis ». Le CNRDRE, instance suprême du pays En son article 37, la nouvelle constitution indique la composition du Comité National pour la Restauration de la Démocratie et le Redressement de l’Etat. Composé exclusivement de militaires depuis le coup d’Etat du 22 mars, il comprendra 26 membres issus des forces armées et de sécurité et 15 personnalités issues « des forces vives de la Nation ». Le CNDRE est « l’organe suprême de la transition » et est chargé « d’assurer le maintien de l’intégrité du territoire et de l’unité nationale, d’assurer la fonction législative, de déterminer la politique de la Nation, de contrôler l’Exécutif […] et d’œuvrer à  la mise en place de nouvelles institutions démocratiques ». Les membres du Comité s’octroient également l’immunité parlementaire. Ils échapperont donc ainsi à  toutes poursuites sauf celles intentées par le Comité lui-même. Les articles suivants portent entres autres sur la composition du gouvernement, du rôle du Chef de l’Etat et de l’autorité de l’Etat. Autre information importante, aucun membre de la junte et de son futur gouvernement ne sera autorisé à  être candidat aux élections législatives et présidentielle que le nouveau pouvoir prévoit d’organiser. Pendant toute la transition, la junte en sera « l’organe suprême » et son chef, le capitaine Amadou Sanogo, est le « chef de l’Etat », qui nommera un gouvernement ouvert à  toutes les composantes de la société malienne. La crise au Nord du Mali et le contexte particulier qui en résulte ont inspiré l’article 47 qui stipule que «lorsque les institutions de la République, l’indépendance de la Nation, l’intégrité du territoire sont menacés d’une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics est interrompu, le chef de l’Etat prend, en accord avec le CNRDRE et le gouvernement les mesures exceptionnelles exigées par les circonstances. Les autres textes et dispositions législatives restent en vigueur, selon l’article 64, sauf « intervention de textes nouveaux ».

Que peut le CNRDRE face aux rebelles du Nord ?

«Â  Nous les exhortons déjà  à  cesser les hostilités et à  rejoindre dans les plus brefs délais la table de négociation », a déclaré le capitaine Sanogo lundi soir lord d’un message radiotélévisé à  la Nation malienne. Un message qui sonne bien creux face à  l’avancée des rebelles dans la partie du nord du pays. Le MNLA avait, via son porte-parole déclaré que le coup d’état ne changeait rien dans leurs revendications. Mais le capitaine Sanogo en appelle aux discussions… D’après le chef des mutins, «Â tout est négociable, sauf l’intégrité territoriale et l’unité du pays »Â . Alors comment négocier avec ces rebelles qui ont déjà  refusé de s’asseoir face à  l’ancien régime et dont la seule revendication est l’indépendance de l’Azawad ? On voit mal également la junte se rendre au Nord o๠la hiérarchie militaire est totalement bafouée. Le général Poudougou a lui quitté, la base de Gao, o๠sont positionnés quelques centaines d’hommes depuis longtemps et les troupes font face à  la prise imminente de Kidal. Profitant du chaos de Bamako pour avancer dans leurs positions, les rebelles ont pris Anéfis, puis encerclé Kidal. Autant dire que la junte semble ignorer la gravité de la situation au Nord à  coups de déclarations péremptoires. Quelle stratégie pour le CNRDRE ? Appel à  négocier avec les rebelles ? Voilà  la seule stratégie de communication de la junte qui reçoit journalistes et hommes politiques dans son QG de Kati et improvise chaque sortie médiatique. Lorsqu’on interroge le capitaine Sanogo sur le Nord, et les moyens à  mettre en oeuvre pour combattre la rébellion, l’intéressé, se fend de réponses évasives. Mais le temps presse et pendant que la junte distille des communiqués insipides sur les écrans nationaux et à  l’heure o๠le capitaine en appelle aussi à  l’aide de la CEDEAO qui se réunit ce mardi à  Abidjan, tout le nord, de Léré à  Ménaka en passant par Tessalit et Kidal aujourd’hui est presque aux mains des rebelles et des groupes armés islamistes, plus ou moins alliés au MNLA, se sont positionnés sur le terrain face à  l’armée malienne en déroute totale. La ville de Goundam serait même aux mains des rebelles depuis ce lundi soir. D’après André Bourgeot, spécialiste du Sahel, dans une interview au site Slateafrique.com, «Â le coup d’Etat fomenté par la junte a plutôt bénéficié au mouvement de libération de l’Azawad, dans un contexte o๠l’on ne voit plus la cohérence et la cohésion de l’armée malienne. On ne voit plus comment s’exerce l’autorité». La rébellion du MNLA avait annoncé qu’elle continuerait ses attaques et elle tient parole. De violents combats se sont déroulés ces dernières heures autour de la ville de Kidal. Des tirs d’armes lourdes se font entendre depuis le lundi matin et selon plusieurs sources, les troupes touareg se trouvent à  quelques centaines de mètres des portes de la ville, rapporte l’AFP. Il est évident que le capitaine Sanogo qui réclamait à  l’ancien ministre de la défense, Sadio Gassama, plus de moyens ce fatidique 21 Mars, ne serait pas plus avancé que ces nombreux soldats au nord et qui auraient fui devant l’ennemi par manque d’encadrement militaire. Quelle réponse donc donner au peupe malien face à  la question du Nord ?  

Stupeur et tremblements à Bamako

Il y’a de véritablement de quoi s’inquiéter à  Bamako, depuis l’orchestration du coup de force des militaires de Kati. l’activité économique est paralysée depuis ce mercredi à  Bamako. Outre la timide réouverture des boutiques, l’absence de plus en plus remarquées des vendeurs à  la sauvette, C’’est le chaos qui s’installe. Comme une trainée de poudre, la même atmosphère semble se ressentir sur les autres localités du pays, dans les régions de Gao et Tombouctou notamment. Parti de la ville garnison de Kati, ce vaste mouvement d’humeur des militaires s’est vite transféré à  Bamako, avec pour cible le Palais de Koulouba et l’Office de radiodiffusion télévision du Mali (ORTM). C’’est véritablement là  qu’a commencé la panique chez la population. Partout à  travers la ville, l’on pouvait apercevoir les bérets rouge commis d’office pour protéger les édifices publics contre d’éventuelles agressions. C’’est ainsi que, le trésor public, l’Assemblée nationale, les alentours du Palais présidentiel étaient ceinturés par un impressionnant dispositif sécuritaire. Les démons du passé resurgissent désormais après le coup d’état de 1991, lorsque le général ATT aujourd’hui tombé, renversait, en mars 1991, le général Moussa Traoré. Personne, malgré la menace touarègue n’a vu venir le coup d’état du 21 Mars 2012. Et C’’est sans grande réistance que les mutins ont pris le contrôle de l’Office de radio diffusion télévision du Mali (Ortm), coupant sur le champ les différents programmes de diffusion. Aux environs de 23 heures TU que les téléspectateurs ont pu apercevoir sur leur petit écran, un message laconique stipulant qu’une déclaration allait être lu : «Â DANS UN INSTANT, UNE DECLARATION DES MILITAIRES ». Ce n’est qu’aux environs de 4 heures du matin que le message a enfin été lu. Jonché de maladresses et de déchets techniques, ce message a décrété la dissolution des Institutions de la République, la suspension de la constitution… Dès lors, des coups de feu ne cessent de tonner dans l’air Bamakois. Vol, pillage, indiscipline militaires riment avec un contexte de non-droit Malgré les appels à  l’arrêt des tirs à  sommation, certains militaires continuent de terroriser les pauvres populations. Ce vendredi, encore, le calme est loin de revenir vu les coups de tirs sporadiques qui tonnent par endroits dans la capitale et ses banlieues. Sur l’axe de Babalabougou-Kabala, l’on a assisté à  ces scènes de pillages orchestré par des hommes de tenue. Comme quoi, dans le contexte de non droit instauré par ce coup d’Etat, tous les coups sont permis. Certains particuliers ont été dépossédés de leurs véhicules par des militaires, des boutiques et stations d’essences ont été pillées. Des candidats arrêtés Le Comité national de redressement de la démocratie et de restauration de l’Etat (CNR qui se prévaut de ce coup d’Etat a procédé à  l’arrestation de certaines autorités. Selon nos sources, outre l’arrestation de l’ancien Premier ministre d’ATT, Modibo Sidibé, le président du Conseil économique social et culturel (CESC) et candidat à  la présidentielle, Jeamille Bittar a été arrêté dans l’après midi de ce jeudi. C’’est dire que la tourmente est loi de finir pour ATT et les siens. Le président déchu serait en lieu sûr mais tenu secret, a indiqué le chef de la junte, le capitaine Amadou Haya Sanogo. Selon nos informations, il a été très vite exfiltré par sa garde rapprochée au Camp des parachutistes à  Djicoroni Para.