Conseil national de transition : la présidence de toutes les questions

Le visage concret du Conseil national de la transition (CNT) se dessine, avec la clé de répartition de ses membres désormais connue. Avec 22 représentants des Forces de défense et de sécurité, le plus gros quota, l’armée se taille une place de choix au sein de cette institution, qui sera l’organe législatif de la transition. Une situation qui vient renforcer les fortes suspicions autour du CNSP, accusé de vouloir « offrir » la présidence du CNT à son premier Vice-président, le colonel Malick Diaw.

Les 121 sièges du Conseil national de transition ont été répartis entre ses différentes composantes par un décret signé du Président de la transition, Chef de l’État, Bah N’Daw, le 9 novembre 2020. Il a été publié le lendemain au Journal officiel.

Après les Forces de défense et de sécurité, ce sont, entre autres, les partis et regroupements politiques, les organisations de la société civile, le M5, les ordres professionnels, les syndicats libres et autonomes et les Maliens établis à l’extérieur qui auront le plus de représentants au CNT. Une répartition, qui, à en croire la plupart des regroupements membres, a été faite unilatéralement par les autorités de la transition, sans consultations préalables.

« Nous n’avons pas été consultés pour quoi que ce soit. Nous l’avons appris au même moment que tout le monde, sur les réseaux sociaux, alors que le ministère de l’Administration pouvait écrire aux différents partis politiques et associations pour leur soumettre un document officiel d’une telle envergure », s’indigne Mamadou Traoré du parti Union, membre de la Coalition des forces patriotiques (COFOP).

Même son de cloche au M5-RFP, où l’imam Oumarou Diarra, membre du comité stratégique, déclare que ce dernier n’a été approché « ni de près ni de loin » par rapport au CNT.

Malick Diaw aux commandes ?

L’article 14 de la Charte de la transition stipule que « le Conseil national de Transition est présidé par une personnalité civile ou militaire élue en son sein ». Le colonel Malick Diaw du CNSP, même s’il n’a pas officiellement déclaré son intention de diriger le CNT, est vu comme un potentiel candidat, d’autant plus qu’il est le seul parmi les militaires responsables du CNSP à ne pas encore assumer de fonction officielle dans la transition.

Mais, entrave de poids, le M5-RFP revendique aussi cette présidence et un consensus parait difficile à être obtenu entre les deux grands camps. À en croire l’Imam Oumarou Diarra, le colonel Malick Diaw a convoqué, puis annulé par la suite, il y a moins d’un mois, une réunion avec le Comité stratégique du M5, pour « rapprocher les lignes entre le M5 et le CNSP ».

« Je ne doute pas des compétences du Colonel Malick Diaw, mais je pense qu’aujourd’hui le Mali a beaucoup plus besoin de lui à un autre poste, beaucoup plus stratégique que la présidence du CNT », glisse Oumarou Diarra.

En revanche, le premier Vice-président du CNSP bénéficie déjà de quelques soutiens. Au Mouvement populaire et démocratique (MDP) du Dr. Oumar Mariko, aucune éventualité n’est écartée.

« Malick Diaw, c’est quelqu’un que nous respectons beaucoup. Nous ne savons pas pour le moment qui serait en face de lui s’il se présentait, mais si nous devions choisir entre lui et quelqu’un d’autre, et si cette personne n’atteint pas le même degré d’intégrité que lui, nous n’allons pas hésiter à choisir Malick », clame Dora Cheick Diarra, membre du Secrétariat permanent du MDP.

« Nous soutiendrons l’éventuelle candidature de Malick Diaw. Nous ne voulons en aucun cas qu’un politique préside aux destinées de cette institution », martèle également Hama Ag Mohamed, Secrétaire général de la Coordination des chefs traditionnels et coutumiers touareg du Mali. « Le CNT est plutôt politique et les militaires ne sont pas des politiques », rétorque Mamadou Traoré

Dans tous les cas, avec un système de désignation du Président du CNT identique à celui du Président de l’Assemblée nationale, élu à la majorité absolue des députés, le numéro 2 du CNSP a, a priori, la voie dégagée pour prendre les rênes de l’institution, s’il se positionne pour ce poste.

RCA: Djotodia parti, retour mitigé de l’espoir

Vendredi 10 janvier. Après avoir démenti quelques heures plus tôt la rumeur faisant état de sa démission, le président de la transition centrafricaine annonce qu’il renonce » au pouvoir pour permettre à  son pays de sortir de la crise qui dure depuis quelques semaines et a déjà  fait des milliers de morts. Dès la fin du sommet de N’Djamena (Tchad) Djotodia a pris la direction du Bénin, dans un avion affrété par la présidence tchadienne. Dans ce pays, il ne sera guère dépaysé, y ayant vécu des années et épousé une béninoise. Après la fête, les interrogations Quelques minutes après l’annonce par RFI de l’information, c’est d’abord la peur , le sentiment le mieux partagé à  Bangui. C’est la débandade, les commerçants ferment boutique, les parents ramènent leurs enfants à  l’intérieur des maisons. Mais ce sentiment est de courte durée. S’en suivront rapidement des scènes de liesse, mais elles ne sont pas très nombreuses. Pour la plupart des centrafricains, « tant que la Séléka est en ville et armée, ce n’est pas encore la joie. C’est juste le soulagement… » dira Hippolyte à  un journaliste de l’AFP. Pas vraiment entendu parler de la Séléka, même si quelques exactions ont encore eu lieu ça et là . On se surprend donc, dans les rues de Bangui, de Bossangoa et d’ailleurs, à  espérer. Un nouveau président dans 15 jours, situation encore tendue Pour mener les consultations et doter le pays d’un nouvel exécutif, un homme aura la tâche difficile. Il s’agit de Alexandre-Ferdinand Nguendet, président du Conseil national de transition, qui assure l’intérim. Les parlementaires disposeront de quinze jours pour trouver un successeur à  Michel Djotodia, mais les parrains de la région et la France les poussent à  choisir au plus vite. Plusieurs noms circulent à  Bangui, mais il est encore trop tôt pour déterminer celui qui sera chargé de mener le pays à  de nouvelles élections. En attendant, il faut trouver une solution au problème sécuritaire. De nouvelles violences et des pillages ont eu lieu ce week-end en plusieurs points de la capitale. Les ressortissants étrangers, et particulièrement ceux de confession musulmane, continuent de fuir le pays, o๠ils continuent d’être pris à  partie par les populations. Les chrétiens ne sont pas non plus à  l’abri. Dans l’église évangélique des Frères, devenue un camp de réfugiés, Pierrot, lui, ne veut plus entendre parler de cohabitation. « Ils viennent nous demander pardon avec des armes dans le dos. Les musulmans balancent des grenades dans les maisons. Ils ont incendié ce matin mon domicile », grogne ce diplômé en linguistique recyclé en couturier. Dans le centre de santé qui jouxte le site de l’église, à  16 heures, le personnel avait déjà  recensé 36 blessés et 8 morts, certains touchés par des éclats de grenade dans l’enceinte même de l’hôpital. Le président par intérim Nguendet semble vouloir faire évoluer la situation. Il a prononcé le soir même de son retour de N’Djamena, un discours solennel à  la Nation, appelant chacun à  déposer les armes. Il s’est ensuite rendu dimanche au tribunal de grande instance de Bangui, o๠la Cour constitutionnelle de transition en manteaux d’hermine a pris acte de la démission de son prédécesseur et l’a chargé de procéder à  la nomination de son successeur. Puis, il a rendu visite aux 150.000 déplacés entassés depuis un mois à  l’aéroport M’Poko, leur garantissant la sécurité et les appelant à  rentrer chez eux.

Fin de Kadhafi, le début d’une nouvelle colonisation africaine ?

Face à  la mort de Kadhafi, le «Â Politiquement correct » règne désormais parmi les présidents Africains. Au Mali, o๠le guide est considéré comme un bienfaiteur, on entend les commentaires suivants : «Â Le président Malien ATT doit parler au nom du peuple malien, Kadhafi était l’Ami du Mali! ». Alors que pleuvent des réactions internationales de satisfaction, le silence troublant des monarques africains révolte certains intellectuels. Seul Robert Mugabe du Zimbabwe a osé exprimer tout haut ce que beaucoup de nos leaders africains pensent tout bas, et pour lui, la mort de Kadhafi est un jour triste pour l’Afrique. Plus grave, l’incapacité de l’Union Africaine, depuis le début de cette crise, questionne la légitimité des institutions panafricaines obligées de s’aligner sur les instances internationales. l’organisation panafricaine s’est simplement contentée d’une déclaration plate, affirmant qu’un chapitre d’histoire était clos, et espérant que la Libye devienne un pays plus stable, qui s’occupe de réconciliation et de reconstruction… Bien que l’ONU ait demandé une enquête ouverte sur les circonstances de la mort du guide, jugées floues, cette fin convient à  la plupart des puissances engagées dans le conflit libyen au nom d’intérêts économiques. Mais si Kadhafi avait été arrêté et jugé, sa fin eut sans doute été plus humiliante que celle de mourir en martyr, comme il l’avait souhaité, livré aux mains de ce peuple pour qui il a tant fait. l’homme à  abattre s’appelle désormais Seif El Islam, fils aà®né de Kadhafi, dauphin et héritier des secrets de son père. Il demeure introuvable. Le rêve mégalomane d’une Afrique Unie Si le dictateur énervait, amusait, troublait, force est de reconnaà®tre la vison panafricaniste d’un homme animé d’idéaux qui ont fini par avoir raison de lui. Grandeur et décadence, mégalomanie, excès en tous genres, Kadhafi se faisait appeler le «Â Roi des rois d’Afriques » pour retrouver un peu de cette aura perdue dans les années 90. Après les attentas de Lockerbie, il avait reculé, fait des concessions face aux Américains et aux Nations Unies… Rêvant de diriger ces Etats-Unis en inversant la géopolitique mondiale, avec une armée puissante, ses diatribes et ses réactions finirent par exaspérer l’occident, tandis qu’elles continuaient de séduire les panafricanistes convaincus. Les sommets de Kadhafi étaient fastueux à  Syrte, à  Tripoli, ses réceptions sous une tente ou dans le désert, inoubliables pour les journalistes. Une célèbre journaliste raconte comment ils furent réveillés à  5h du matin par les militaires et emmenés manu militari pour être reçus par Kadhafi en plein désert libyen. Quiconque a rencontré Kadhafi évoque un dirigeant qui se croyait investi d’une mission au point d’en oublier l’humain. Au Mali, Kadhafi est aimé et les réalisations de la Libye dans notre capitale sont nombreuses, en témoigne la Cité Administrative Mouammar Kadhafi, les hôtels Lybia, les investissement agricoles en Zone Office du Niger, les mosquées, les médersas, les routes financées par le guide, instruments d’influence certes, mais instruments de développement certains. Entre Africains. Mais à  Tripoli, C’’est une autre réalité. La soif de changement, issue du printemps arabe, anime désormais les Libyens. Même si l’avenir du pays reste incertain, le changement sera difficile. La réorganisation politique et administrative du pays, la redistribution des richesses et des avantages, les privilèges des uns et des autres, le partage de l’or noir, qui soutenait l’économie libyenne et africaine certainement. O๠en est l’Unité Africaine ? «Â Vous vous rendez compte, la côte part de la Libye dépassait de loin celle des autres pays membres de l’Union Africaine », interpelle une journaliste choquée par la nouvelle de la mort de Kadhafi. A quoi ont servi les incessants ballets diplomatiques, les réunions extraordinaires pour tenter de trouver une issue à  la crise déclenchée par le Printemps Arabe ? Est-ce pour autant la fin du printemps libyen ? Aujourd’hui, le CNT est la seule autorité légitime, reconnue par la France, les Etats-Unis. Que pèse la voix de l’Union Africaine face à  un peuple qui a choisi d’appeler l’Occident à  l’aide ? Déclaration de principe, les pays arabes ont déjà  fait entendre leur voix. Manifesté leur joie. Face à  cette mort, s’opposera longtemps le silence gêné des souverains africains, que Kadhafi de son vivant a reçu dans son palais de Syrte, sa ville natale. C’’est donc la fin de ces sommets 100% Africains o๠Kadhafi recevait ses « amis » pour leur livrer sa vision d’une Afrique Unie. Après lui, qui réunira ces dirigeants soumis aux intérêts des occidentaux ? Combien nous reste t-il de visionnaires sur le continent ? Malgré leurs défauts et leurs croyances, ils étaient animés d’idéaux et prêts à  mourir pour ces idéaux. Mais avec l’ingérence de l’OTAN qui jure avoir agi pour protéger les civils libyens, l’on est en droit de se demander si l’Afrique, n’est pas entrain de subir pas une nouvelle colonisation ?

Portrait: Mouammar Kadhafi, le Guide qui s’est perdu

Un jeune capitaine de l’armée libyenne est apparu à  la tête d’une junte militaire le 1er septembre 1969 qui a renversé le vieux roi Idriss sans effusion de sang. Le monde découvrait Mouammar Kadhafi, beau gosse, svelte, fringuant officier supérieur très vite promu colonel pour diriger ce vaste pays riche en ressources pétrolières et sous-peuplé. Très tôt, Kadhafi impose un style. Le monde arabe qui trouvait en Nasser, le président égyptien, un père de la nation voyait en Kadhafi une relève assurée pour l’affirmation d’une identité arabe dans un monde agité et o๠la guerre avec l’Etat hébreu allait focaliser toutes les attentions. Le jeudi 20 octobre 2011, après huit mois d’insurrection et de guerre civile, Mouammar Kadhafi est arrêté à  Syrte, par les rebelles qui ont mis fin à  son règne sans partage de près de 42 ans. Ce dirigeant hors norme, a suscité tour à  tour beaucoup d’admiration, d’irritation, puis de haine. A la tête d’une révolution, il a su mobiliser des sympathies par un régime progressiste soutenant tous les mouvements de libération dans le monde et plus particulièrement en Afrique. Son évolution en politique fut méthodique et calculée avant que l’homme à  qui tout réussissait ne verse dans une effrayante mégalomanie. Sa révolution au début des années 70 était dans l’air du temps. Décolonisation, guerres d’indépendance, la question palestinienne, étaient un fonds de commerce infaillible. Socialiste, il a vite eu de l’écho à  ses appels du refus de l’ordre établi. Le bloc de l’Est, à  l’époque, était un mur sur lequel le président libyen pouvait monter pour observer le monde. Cette posture était pour lui un moyen de menacer l’Occident. Presqu’une obsession. Son pays est devenu la Jamahiriya arabe libyenne et socialiste et marque le profond changement que le leader libyen impose à  son pays. Un mélange de genre entre « centralisme démocratique communiste » et pratique traditionnelle de commandement, le tout érigé en système de gouvernement. Mouammar Kadhafi n’est plus président mais plutôt « Guide de la révolution ». Et, l’air de rien, le pouvoir devient personnel. Il n’est plus exercé par les « masses » qui confient leur destin au Guide éclairé. Mais le culte de la personnalité, déjà  présent, est noyé dans un flot de revendications identitaires et d’affirmation de soi dans un monde bipolaire. Le début de la dérive Devant les débâcles des armées arabes face à  Israà«l les populations se convainquent qu’un leader fort et intransigeant devrait relever l’honneur des nations et des peuples arabes humiliés. Kadhafi a incarné, un temps soit peu, cette image. Il a pensé la renforcer en s’opposant violemment à  toute tentative de négociation avec Israà«l. Le 6 octobre 1981, le Guide libyen s’est félicité de l’assassinat du président égyptien Anouar el Sadate appelant même à  un jour férié pour saluer « l’action héroà¯que » qui a consisté à  éliminer celui qui a trahi la nation arabe en engageant un processus de paix avec Israà«l. Extrémiste, il applique la stratégie de l’ouverture Porté par les foules, l’homme s’est senti habité par un destin universel. Il écrit le « Livre vert » qui en quelques vérités fortes devrait ouvrir les portes d’une nouvelle voie autre que celles des Occidentaux ou encore des Soviétiques. Le Livre vert, pensait-il, devrait envoyer aux archives de l’histoire toutes les théories tiers-mondistes. Dans ce livre le concept de la victoire du peuple inéluctable sur l’oppression, l’impérialisme, par tous les moyens était déjà  un prélude au soutien du terrorisme comme moyen d’abattre l’ennemi. La mise en pratique de cette théorie est déjà  son implication dans le conflit tchadien en 1973. Ses troupes avaient occupé la bande d’Aouzou dans le nord du Tchad avant d’en être délogées par les forces françaises qui ont appuyé l’assaut conduit par l’armée de Hissène Habré en 1982. Ses engagement et soutien sur tous les fronts contre les intérêts occidentaux lui ont valu, en représailles, des bombardements américains sur la capitale Tripoli en 1986. Le guide y a perdu une de ses filles adoptives. Mais le Guide libyen s’est aussi illustré par son soutien financier et militaire à  l’African National Congress (ANC) en Afrique du Sud pendant les années d’apartheid. Grâce à  ses moyens, les dirigeants de l’ANC ont pu voyager dans le monde pour faire entendre la voix de la résistance et de la liberté. Nelson Mandela, après sa libération lui avait d’ailleurs publiquement rendu hommage. l’homme ne se donnait plus de limite. Son bras armé était visible dans l’attentat contre le Boeing de la Pan Am au dessus de Lockerbie et qui avait fait 270 morts en 1988. Un avion DC-10 de la compagnie française UTA avait explosé en vol au dessus du désert du Ténéré au Niger en 1989 ; 170 morts. Là  encore les services libyens sont mis en cause. Un embargo international frappe le pays de 1992 à  1999. Kadhafi avait consenti à  remettre à  la justice internationale ses agents impliqués dans les attentats et à  indemniser les victimes. C’’est le retour de la Libye sur la scène internationale avec son Guide qui a regagné le droit de fréquenter les plus grands de ce monde. Et, par ces temps de crise les dirigeants occidentaux ne voulaient pas « cracher sur les pétrodollars libyens ». Achats d’équipements, d’avions et autres constituaient pour les pays industrialisés une importante manne qui enlève toute odeur au fric libyen. Futé, il ne voulait pas seulement avoir par l’argent un droit de cité. Il voulait toucher l’opinion occidentale au C’œur. De 1999 à  2007, l’affaire des infirmières bulgares, condamnées pour avoir contaminé volontairement, selon les autorités libyennes, des enfants par le virus du sida, a servi de monnaie de change au Guide libyen qui a finalement gracié les inculpées. En 2003, à  la surprise générale, Kadhafi annonce le démantèlement de tous ses programmes secrets d’armement. Il instaure une politique d’assouplissement de la réglementation libyenne en matière économique permettant l’ouverture du marché local aux entreprises internationales. Le réchauffement des relations avec certains pays européens, comme le Royaume-Uni, la France, l’Espagne et l’Italie est effectif. Il déclare qu’il entend désormais jouer un rôle majeur dans la pacification du monde et la création d’un Moyen-Orient sans armes de destruction massive.

ATT à propos de la Libye : “ La reconnaissance du CNT par le Mali n’est qu’une question de temps”

Monsieur le président bonjour, est-ce que votre participation à  la Conférence de Paris sur la Libye vaut reconnaissance du CNT ? Non. Vous savez que d’abord, J’ai été invité par le président de la République française et vu les relations et les privilèges que nous avons avec la France et au plan de la courtoisie d’abord, il faudrait répondre. Nous reconnaissons la Libye et nous avons notre ambassadeur qui est resté en Libye, malgré tout, avec sa famille, qui est resté solidaire au peuple libyen pendant toute sa lutte. Jusqu’à  aujourd’hui, notre ambassadeur n’a pas bougé. D’autre part, en tant que membre d’un comité qui est chargé de la médiation, vous imaginez, nous ne pouvons pas être juge et partie. Nous respectons également une ligne qui été dégagée par l’Union Africaine : accélérer la mise en place d’un Gouvernement inclusif. A partir de là , nous allons procéder également à  l’acceptation de ce gouvernement au sein de l’Union Africaine et J’ai été réconforté par le président du CNT, hier, qui a dit également les mêmes choses. Donc, je pense que la reconnaissance n’est qu’une question de temps. Vous n’avez pas de doute sur le projet de société du CNT par exemple ? Je n’ai aucune raison de douter. Je pense ou en tout cas J’ai vu des gens de très bonne volonté. Ensuite, ce n’est pas ma première fois de rencontrer le CNT. A chaque fois qu’il y a eu une réunion, je me suis toujours permis de les rencontrer et J’ai toujours échangé avec eux. Ensuite, je me suis rendu à  Benghazi pendant les heures chaudes et donc, pratiquement, je les connais. Nous attendons que l’UA change de position pour reconnaà®tre, à  votre tour, si J’ai bien compris, le CNT. Mais, est-ce que vous n’avez pas l’impression que l’UA s’est arcboutée sur une position dépassée ; qu’elle n’a pas su s’intégrer à  une dynamique internationale concernant la Libye ? Je ne crois pas. Je pense que l’UA, d’abord, il faut le reconnaà®tre, a été l’une des premières organisations à  s’intéresser à  la situation en Libye. D’autre part, l’UA, en tout cas, a dégagé une feuille de route. Et aujourd’hui, nous voyons que les éléments essentiels de notre feuille de route ont été pris en compte. Je ne pense pas que l’Union Africaine soit en retard. Je pense que C’’est une démarche et je comprends parfaitement cette démarche. Sur ce dossier libyen, les pays africains sont particulièrement divisés une quinzaine ont reconnu le CNT. D’autres, non. Est-ce qu’il n’y a pas, aujourd’hui, un manque de leadership au sein de l’Union Africaine ? Je ne pense pas. Je pense tout simplement, il faut reconnaà®tre une chose : le fait de ne pas reconnaà®tre le CNT est un sujet dépassé. Moi, J’ai dit à  certains amis du CNT :  » ne perdons pas du temps à  la reconnaissance ; maintenant, voyons les actions nouvelles comment les uns et les autres peuvent s’y engager ». Il y a un fait qui est là  : C’’est le CNT. Ils sont là , ils sont installés ; ils travaillent, on travaille avec eux, on parle avec eux. Donc, moi je pense que l’Union Africaine, C’’est beaucoup plus les textes qui l’enferment et non une autre volonté politique. Monsieur le président, qu’allez-vous faire pour les Maliens qui vivent toujours à  Tripoli qui, pour beaucoup, sont coincés chez eux, n’osent pas sortir et sont pris pour des mercenaires. Est-ce que votre mission diplomatique sur place a des contacts avec eux. Savez-vous combien sont concernés ? Qu’est-ce qui est prévu ? D’abord, Il faut dire qu’il y a un nombre particulièrement important de Maliens qui sont rentrés. Il y a pas moins de 20 000. Et je suis surpris de savoir qu’il a encore presque le même nombre qui est resté. Jusque là , nous n’avons appris aucune exaction et nous n’avons appris aucun problème à  un Malien. l’ambassadeur, qui est là -bas à  que J’ai commis de rester tant qu’il y aura un seul Malien, est là  et chaque jour nous recevons des comptes rendus. Mais C’’est vrai, J’ai profité de cette réunion pour rappeler quand même qu’il y avait un point très important qui avait été déjà  souligné avec insistance par le Premier ministre du CNT qui disait  » nous prendrons toutes les dispositions pour les Etrangers « . Nous avons dit que ça nous rassure. Ils ont besoin de reprendre les choses en mains et je pense que ça ira bien. Et concernant les Maliens qui sont rentrés au Mali dans le dénuement… Est-ce que des financements vont être débloqués pour ces personnes qui sont revenues sans aucun sou ? Je comprends le drame que vivent ces compatriotes rentrés les mains vides ou avec la couverture et les enfants. Vous ne pouvez pas imaginer les flux financiers que ces Maliens envoient au pays. .. Ce que nous avons pu faire, C’’est de les accueillir, C’’est de leur exprimer notre affection, C’’est de prendre en compte certains petits soucis. Mais en vérité, pour les réinsérer, cela est extrêmement important et C’’est un des sujets avec lesquels nous allons discuter, avec, non seulement certains partenaires mais essentiellement avec la partie libyenne. Ce n’est pas suffisant ce qui doit être fait. Mais, nous pensons que C’’est une situation provisoire. Confirmez-vous la circulation d’armes françaises venues de Libye au Mali, comme l’a dit un officiel sous couvert d’anonymat ? Armes françaises, je dis tout de suite que ce n’est pas vrai. Je suis officier, donc, je connais quand même les armes. Je n’ai vu aucune arme qui porte une mention  » Made in France « . Mais, je sais que la Libye est une poudrière, un magasin d’armes et je pense qu’avec les désordres qui sont autour des différents affrontements, certainement, nous sommes sûrs que des armes ont quitté certaines zones pour se déverser dans la bande sahélo-sahélienne. Nous sommes convaincus que certains anciens combattants ou autres sont retournés dans la bande sahélo-sahélienne. Il y a des Maliens ; il y a d’autres nationalités. Et nous savons également que certains sont revenus avec armes et bagages. Est-ce que vous craignez le retour de Touareg qui auraient pris les armes en Libye et qui reviendraient au Mali ? Nous n’avons aucune crainte. Tout dépendra de leur volonté. Il y a des touareg d’origine malienne qui sont libyens. Il y a des Touareg libyens également. Mais, si quelqu’un vient et qui doit retourner un jour dans son pays d’origine, avec la bonne volonté devenir faire l’élevage, la pêche ou autre pour s’intégrer dans la société qu’il avait quittée, il n’y a aucun problème. Interview transcrite par Bruno Djito SEGBEDJI

Libye : Kadhafi traqué, Seif el Islam libre

Seif el-Islam devant des journalistes et ses partisans à  Tripoli, la nuit du 22 au 23 août 2011. © AFP C’est tout sourire que Seif el-Islam a démenti son arrestation devant trois journalistes qu’il avait fait venir de l’hôtel Rixos au complexe militaire fortifié de son père Bab Al-Aziziya, aux toutes premières heures de la journée. Le fils de Kaddafi, porte-parole officieux du régime libyen est arrivé à  bord d’un véhicule tout terrain devant l’immeuble qui avait été bombardé par les Américains en 1986. La rencontre s’est ensuite déroulée sur un terrain vague attenant. « Je suis là  pour démentir les mensonges », a-t-il déclaré en affirmant que la capitale était « sous le contrôle » des forces du régime. « Vous avez vu comment le peuple libyen s’est soulevé pour combattre l’arrivée des rebelles ? » a-t-il lancé. « L’Occident dispose d’une haute technologie qui a perturbé les télécommunications et a envoyé des messages au peuple faisant état de la chute du régime du colonel Kaddafi, a-t-il ajouté. Selon lui, des SMS de propagande ont été envoyés dimanche à  de nombreux habitants de Tripoli pour répandre de fausses rumeurs. « C’est une guerre technologique et médiatique pour provoquer le chaos et la terreur en Libye », a-t-il ajouté. « Ils [les rebelles, NDLR] ont aussi fait infiltrer des bandes de saccageurs (dans la capitale) par la mer et à  bord de voitures », a-t-il ajouté. Il a également assuré que les forces loyales au régime ont fait subir à  la rébellion de « lourdes pertes » aux rebelles qui prenaient d’assaut la résidence de son père. Le régime serait-il plus solide que ne l’estiment les forces alliées aux rebelles ? Plus de six mois après le début du soulèvement en Libye à  la mi-février, ils étaient nombreux lundi, au lendemain de l’entrée des rebelles à  Tripoli, à  juger que le régime n’en avait plus pour très longtemps, qu’il « touchait à  sa fin », selon les mots du président américain. Multiples réunions sur la Libye Barack Obama a exhorté le dirigeant libyen à  annoncer « expressément » son départ après 42 ans de règne. Le patron de l’ONU Ban Ki-moon a quant à  lui convoqué un sommet sur la Libye cette semaine. Le Groupe de contact doit également se réunir jeudi à  Istanbul tandis qu’un sommet du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) est prévu vendredi à  Addis Abeba. Pendant ce temps, Kaddafi compte bien s’accrocher encore au pouvoir. Selon une source diplomatique, il se trouverait toujours dans sa résidence du quartier de Bab Al-Aziziya à  Tripoli. La Maison Blanche affirme ne disposer d’aucune preuve de son départ de Tripoli et la rébellion dit ignorer o๠il est. La rébellion avait annoncé avoir « arrêté » dimanche deux de ses fils, Mohamed et Seif al-Islam. Pour le second, il s’agissait vraisemblablement d’une manipulation destinée à  affaiblir le moral de l’adversaire. Et pour le premier, un haut responsable des rebelles a indiqué que qu’il avait réussi à  s’échapper. Les rebelles tiennent cependant une bonne partie de la ville, jusqu’à  80 % selon de nombreuses sources. Ils ont atteint la place Verte, un lieu symbolique o๠les partisans du régime avaient l’habitude de se rassembler et que les insurgés ont rebaptisée « place des Martyrs ». Une foule en liesse a dansé toute la nuit en agitant des drapeaux rouge, noir et vert, aux couleurs de la rébellion. Snipers embusqués Les rebelles ont pris le contrôle des locaux de la télévision d’à‰tat, qui a cessé d’émettre. Mais des tireurs embusqués sur le toit d’immeubles freinent leur progression dans de nombreux quartiers et l’euphorie semble retombée. Ils attendent désormais le renfort de milliers d’autres combattants et hésitent sur la manière d’avancer : rapidement à  travers de grandes avenues exposées aux tirs des snipers, ou lentement à  travers le labyrinthe de ruelles sans savoir qui les attend au tournant. A Benghazi, les rebelles ont confirmé que « plusieurs navires sont arrivés » à  Tripoli « depuis Misrata, avec à  leur bord un grand nombre de combattants et de munitions ». « L’époque de Kaddafi est révolue (…) mais nous ne pouvons pas dire que nous contrôlons Tripoli », a dit le président du CNT Mustapha Abdeljalil lors d’une conférence de presse, menaçant de démissionner si des exactions et des « actes de vengeance » étaient commises par ses troupes. « Nous espérons que Mouammar Kaddafi sera capturé vivant pour qu’il puisse avoir un procès équitable », a-t-il ajouté. Enfin, le département d’à‰tat a fait savoir que des proches du dirigeant libyen ont tenté de négocier avec l’administration américaine jusqu’au début de l’offensive rebelle contre Tripoli. Mais « aucun d’entre eux n’était sérieux, parce qu’aucun » n’offrait en préalable le départ du pouvoir du colonel Kaddafi, a indiqué à  la presse Victoria Nuland, la porte-parole du département d’à‰tat. Ailleurs en Libye, des affrontements ont été signalés dans les villes d’Al-Aziziya (50 km au sud de Tripoli) et d’Al-Khoms, à  mi-chemin entre la capitale et Misrata (est). Plus à  l’est, les pro-Kaddafi ont évacué la ligne de front de Brega et fui vers l’Ouest en direction de Syrte, ville d’origine et bastion du dirigeant libyen, selon la rébellion dont le chef a promis que les villes de Syrte et de Sebah « se soulèveront bientôt à  leur tour ». (Avec AFP)

Les rebelles aux portes de Tripoli

La rébellion libyenne a pris ce dimanche la ville de Zaouà¯ah, à  50 km environ à  l’ouest de Tripoli, sur la route côtière qui mène à  la Tunisie. Cette nouvelle victoire est sans nul doute l’avancée la plus spectaculaire des insurgés depuis six mois dans les zones de l’ouest du pays contrôlées par les partisans de Mouammar Kadhafi. Les rebelles contrôlent à  présent la côte aussi bien à  l’est qu’à  l’ouest de Tripoli. Au nord, un blocus naval assuré par l’Otan est en place et, au sud, des combats sont en cours. A Tripoli on garde son calme. Des troupes gouvernementales lourdement armées sont stationnées en nombre sur la route de la capitale, qui ne semble pas directement menacée dans l’immédiat. Dans le centre de la ville, rien ne laissait penser dimanche soir que la situation ait évolué. Des jeunes jouaient près de la place centrale de la ville, d’autres étaient assis devant des boutiques peu avant la fin du jeûne de la journée, dans le cadre du ramadan. Mouammar Kadhafi, quant à  lui, n’entend d’ailleurs pas laisser tomber son pays aux mains de ceux qu’il qualifie de « traà®tres » et a appelé ses compatriotes à  en libérer le pays. Dans un message sonore diffusé dans la nuit par la télévision d’Etat, il a lancé: « Avancez, prenez vos armes, allez au combat pour libérer la Libye mètre après mètre des traà®tres et de l’Otan. Tenez-vous prêts au combat (…) Le sang des martyrs nourrit le champ de bataille. » Mais les invectives et la position de fermeté toujours affichées par le Guide réflètent-elles la véritable position du pouvoir libyen, que beaucoup disent désormais aux mains du fils Saà¯f el Islam ? Pas sûr, au vu des dernières informations. En effet, des représentants du gouvernement et de l’insurrection se seraient réunis à  huis clos dans un hôtel de Djerba, dans le sud de la Tunisie voisine. Une information démentie, aussitôt qu’elle a été rendue publique, par le porte-parole du gouvernement libyen Moussa Ibrahim. Ce dernier a par ailleurs affirmé que les villes de Zaouà¯ah et Gariane, que les rebelles annonçaient avoir prises, étaient sous le contrôle du pouvoir central. Il a néanmoins fait état de petites zones de combat en deux autres points des environs de Tripoli. Selon les journalistes présents sur place, divers signes indiquent que les combats se propagent à  l’ouest à  partir de Zaouà¯ah le long de la côte. Des tirs ont été entendus au poste frontalier de Ras Jdir, du côté libyen de la frontière. A Bruxelles, l’Otan a dit surveiller de près une situation « fluide ». « Les forces pro- et anti-Kadhafi sont au contact. Nous ne savons encore rien de sûr, notamment à  propos du contrôle de Zaouà¯ah », a dit un responsable de l’Alliance.

Libye: le spectre d’une guerre civile à la somalienne

Mais que se passe-t-il au sein de la rébellion libyenne? Une semaine après l’assassinat du général Abdel Fattah Younes, le Conseil national de transition (CNT) vient d’annoncer la dissolution de son Comité exécutif, autrement dit l’une des pièces maà®tresses de son fonctionnement et de sa gestion des zones dites «libérées». Pour les soutiens acharnés du CNT, parmi lesquels nombre de chancelleries du Golfe, le Français Bernard-Henri Levy mais aussi plusieurs analystes de la chaà®ne Al-Jazeera, il ne s’agirait que d’une réorganisation technique destinée à  faire en sorte que l’action politique et militaire du CNT soit plus cohérente, plus efficace et qu’elle efface le mauvais effet provoqué par la mort, toujours inexpliquée, du général Younès. Dans le même temps, les porte-parole de la rébellion souhaitent que cette réorganisation ne soit pas exploitée pour faire oublier que le régime de Kadhafi n’est plus capable de mener des opérations militaires de grande envergure. Le CNT au bord de l’implosion Il reste que cette dissolution fait non seulement désordre mais pourrait bien annoncer d’autres ruptures au sein de la rébellion. En effet, tout se passe comme si deux crises majeures se déroulaient en même temps. En premier lieu, les troupes qui se battent sur le terrain s’estiment de moins en moins représentées par le CNT et lui reprochent même son inefficacité en matière d’obtention d’armes lourdes auprès des Occidentaux et des pays du Golfe. De même, les nominations récentes d’ambassadeurs du Conseil de transition dans les principales capitales européennes n’a semble-t-il pas été du goût de toutes les factions qui le composent.«Plus le CNT va déployer des efforts à  l’étranger en envoyant des émissaires et des représentants permanents et plus les chefs militaires qui se battent sur le terrain vont avoir l’impression de se faire berner. La recomposition du conseil n’est rien d’autre que l’habituel affrontement entre militaires et civiles», analyse un diplomate algérien pour qui «d’autres règlements de compte sont inévitables même si la rébellion contre Kadhafi va continuer». La seconde crise est liée à  l’existence d’une importante ligne de faille entre islamistes et non-islamistes laquelle diviserait le CNT. Après avoir minimisé leur influence au sein de cette instance, les membres de la coalition internationale s’inquiètent de l’importance que commencent à  prendre les groupes de combattants rebelles qui se revendiquent du salafisme ou qui se disent proches du mouvement des Frères musulmans. Pour l’heure, rien ne prouve que ces factions n’aient rien à  voir avec Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) comme l’affirme le régime de Kadhafi et comme le laissent entendre les autorités algériennes. Pour autant, alors que rien n’est encore réglé en Irak et en Afghanistan, l’administration américaine s’inquiète de plus en plus quant à  la perspective de voir ces alliés du moment devenir ses ennemis de demain. Du coup, Washington pèse de plus en plus sur le CNT afin qu’il mette de l’ordre dans ses affaires et qu’il présente un visage plus convenable. Des pressions amicales qui entretiennent les tensions au sein du CNT. La menace d’une guerre civile multidimensionnelle Dans une situation qui correspond à  une partition de fait —le CNT a ses relations diplomatiques et le régime de Kadhafi est encore loin d’être isolé notamment en Afrique et Amérique latine— il y a donc de fortes chances pour que la guerre civile devienne multidimensionnelle. Outre l’affrontement entre pro et anti-Kadhafi, on ne peut plus exclure que des factions, aujourd’hui encore unies au sein du CNT, puissent s’opposer les unes aux autres en ayant recours, le cas échéant, aux armes un peu à  l’image de ce qui s’est passé en Somalie à  la fin des années 1980. Un scénario catastrophe dont ne veulent absolument pas les membres de l’Otan car il remettrait en cause l’image d’une rébellion unie et solidaire contre Kadhafi. Mais, dans le même temps, la coalition aura beaucoup de difficultés à  maintenir la cohésion du CNT sans donner l’impression que ce dernier n’est rien d’autre qu’une marionnette entre ses mains. Cela d’autant que l’intervention de l’Otan est de moins en moins acceptée dans le monde arabe et que chaque jour qui passe redonne du crédit à  Kadhafi et à  sa posture de héros arabe et africain assailli par les forces impérialistes.

Libye : Les rebelles passent à l’attaque

D’intenses échanges de tirs ont eu lieu tôt ce matin, alors que les avions de l’OTAN survolaient la zone, sans la bombarder. C’’est donc avec le «feu vert de l’OTAN» que la rébellion a lancé une offensive majeure pour reprendre des secteurs au sud de Tripoli perdus au profit des forces du régime. Les insurgés cherchent notamment à  reprendre Bir Al-Ghanam, un carrefour stratégique à  quelque 50 km au sud de Tripoli, afin d’être à  portée de canon de la capitale libyenne. Autre enjeu de cette offensive, la ville de Gharyane, o๠se trouvent les garnisons de l’armée loyaliste, considérée comme un verrou stratégique vers Tripoli par les rebelles. Samedi, l’Otan a annoncé avoir intensifié ses bombardements dans l’ouest de la Libye, détruisant une cinquantaine d’objectifs militaires durant la semaine. Les opérations ont visé des objectifs situés du Djebel Nefoussa, près de la frontière tunisienne, à  la ville de Misrata, à  plus de 200 km à  l’est de Tripoli, selon un communiqué de l’Otan. Après avoir été acculés à  se retirer de la région de Bir Al-Ghanam dans les montagnes de Nefoussa (ouest), les rebelles veulent de nouveau s’emparer de ce carrefour stratégique qui a été visé vendredi par l’aviation de l’Otan. Dimanche dernier, la rébellion avait annoncé son intention de lancer une grande offensive sur le front ouest pour récupérer les territoires situés au Sud de Tripoli. « Nous attendions avant de lancer cette attaque, nous avons finalement eu le feu vert de l’Otan ce matin [mercredi] et l’offensive a commencé », a déclaré un membre du comité révolutionnaire de Zenten, au sud de Tripoli. La France avait procéder la semaine dernière a des largages de d’armes et de munitions pour soutenir les rebelles dans la préparation de cette attaque. Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, s’était pourtant dit défavorable à  une telle offensive mardi lors d’une conférence de presse à  Paris, doutant des capacités militaires des rebelles. « Nous ne sommes pas aujourd’hui dans un système stabilisé, centralisé, obéissant dans toutes ses implications sur le terrain à  une autorité unique ». La Libye est en proie depuis la mi-février à  un soulèvement contre le régime autoritaire du colonel Mouammar Kadhafi qui a été réprimé dans le sang. Une coalition internationale est intervenue le 19 mars, sur mandat de l’Onu, pour venir en aide à  la population et l’Otan en a pris le commandement le 31 mars. La rébellion s’est elle installée dans l’est de la Libye et a établi sa « capitale » à  Benghazi tandis que la majeure partie de l’ouest du pays reste aux mains du régime hormis quelques zones -essentiellement Misrata et les montagnes berbères- o๠se déroulent des combats entre rebelles et pro-Kadhafi.

Kadhafi, c’est fini?

Kadhafi fini ? Pas si sûr. C’’est qu’il est coriace le Frère Guide de la Révolution, le Roi des Rois d’Afrique ! Il vient de le prouver à  nouveau ce mardi 7 juin dans une intervention en directe à  la télévision d’Etat libyenne. Il a juré, de rester à  Tripoli, « mort ou vif ». « Nous n’avons qu’un seul choix : nous resterons sur notre terre morts ou vifs ». »Nous vaincrons nos ennemis, proclame le dirigeant libyen, qui a appelé ses partisans à  se rassembler dans son complexe de Bab Al-Azizia, à  Tripoli. Nous ne nous rendrons pas. Nous saluons la mort. Le martyre est un million de fois préférable. » « Je suis à  proximité des bombardements mais je résiste toujours », poursuit Mouammar Kadhafi, qui appelle « le peuple à  résister » et prévient les pays qui participent aux opérations militaires en Libye qu’ils ne pourront « jamais vaincre un peuple armé ». «Kadhafi doit partir» Depuis le début de l’insurrection libyenne, les puissances occidentales se sont succédé au créneau pour appeler Kadhafi à  quitter le pouvoir qu’il détient depuis plus de 40 ans. Ce mardi peu après la diffusion de cet entretien, C’’est le président américain Barack Obama qui lui a adressé une énième mise en garde, en marge d’une rencontre avec la chancelière allemande, Angela Merkel. Barack Obama assure que la pression s’intensifiera jusqu’au départ du colonel. « La chancelière et moi-même avons été très clairs. Kadhafi doit quitter le pouvoir et le rendre aux Libyens, et la pression ne fera que s’intensifier jusqu’à  ce qu’il le fasse », a déclaré M. Obama. Mais, fait nouveau, depuis quelques jours, ce sont les « amis » africains de Kadhafi qui le « lâchent ». Après Abdoulaye Wade du Sénégal, C’’est à  présent le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz qui estime que le colonel Mouammar Kadhafi « ne peut plus diriger la Libye » et que « son départ devient une nécessité. « Quoi qu’il arrive, il y aura une solution négociée, même avec le temps. Dans tous les cas, Kadhafi ne peut plus diriger la Libye. Son départ devient une nécessité », a déclaré M. Ould Abdel Aziz. M. Ould Abdel Aziz a cependant douté de l’efficacité des frappes menées par l’Otan en Libye, en particulier sur sa capitale Tripoli. « Les frappes de l’Otan ont peut-être permis de diminuer l’intensité des actions menées par les forces gouvernementales à  l’époque mais, en tout cas, cela ne semble pas régler le problème et cela ne pourra pas le régler. C’est l’Etat et le peuple libyens qui en souffrent. Il faut alors le faire partir (Kadhafi) sans faire plus de dégâts. En tout cas, l’avenir appartiendra à  son peuple », a-t-il estimé. Le président mauritanien préside un comité de chefs d’Etat de l’Union africaine (UA) chargé de trouver une solution négociée au conflit libyen. L’UA s’est engagée dans une délicate médiation pour faire accepter par les protagonistes libyens une « feuille de route » prévoyant un cessez-le-feu dans les meilleurs délais, un acheminement de l’aide humanitaire et l’instauration d’une période de transition et de dialogue conduisant à  des élections démocratiques. Déluge de feu sur Tripoli En attendant qu’une solution soit trouvée au conflit, C’’est le peuple libyen qui voit ses conditions de vie se détériorer un peu plus chaque jour. La capitale Tripoli a subi ce mardi une vague de bombardements d’une ampleur inégalée depuis le début des opérations militaires de l’OTAN dans le pays, fin mars. Une vingtaine de puissantes explosions ont secoué le centre de la capitale, o๠plusieurs bâtiments ont été touchés au sein de la résidence de Mouammar Kadhafi. Conséquence des bombardements intensifiés de l’OTAN, les autorités tunisiennes ont constaté un afflux de réfugiés à  sa frontière. Selon le ministère de la défense tunisien, 6 850 réfugiés ont franchi la frontière tunisienne entre lundi et mardi matin, parmi lesquels 6 000 Libyens. D’après le ministère de l’intérieur, plus de 70 000 Libyens ont trouvé refuge en Tunisie depuis le début de la révolte contre le régime du colonel Kadhafi, en février. Le peuple fuit libyen fuit son pays et Kadhafi s’accroche…

« On a tout compris ! »

Dans un passé pas si lointain, à  l’ère des coups d’Etat en série sur le continent, on pointait du doigt les puissances occidentales. Pour certains, elles agissaient dans l’ombre pour déstabiliser les pays pour en chasser des dirigeants trop souverainistes ou tout simplement s’accaparer de leurs richesses. Partisans du « diviser pour régner » tous les moyens étaient donc bons pour les aider à  parvenir à  leurs fins. Guerre civile en RDC, rébellion au Libéria et Sierra Leone, instabilité en Guinée…la main des « cellules africaines » des anciennes puissances coloniales, et celle de la France en particulier pour ne pas la nommer, se faisait particulièrement sentir. Le summum du cynisme était que lorsque ces conflits éclataient, ces mêmes puissances arrivaient au secours des belligérants. Dans un premier temps pour vendre des armes à  l’une comme l’autre des parties. Second mouvement, initier des négociations et des pourparlers sous leur propre égide pour ramener la paix. Et enfin, faire des prêts payables sur 10 générations, pour reconstruire ce qu’ils auront si ardemment aidé à  détruire. Et voici que nous franchissons un nouveau cap, dans l’indifférence quasi générale. Les « maà®tres du monde » agissent désormais à  visage découvert. Ils annoncent au monde entier qu’ils vont donner des armes à  des rebelles pour renverser le régime en place. Confirmation ! diront certains qui y voient la preuve que depuis toujours, les « grands » ont toujours eu quelque chose à  voir avec les problèmes du continent. Ainsi donc, Barack Obama, Nicolas Sarkozy et consort veulent chasser à  tout prix Kadhafi, leur grand ami d’hier. On se souvient qu’il y a à  peine quelques mois, le Guide libyen, aujourd’hui ennemi mondial n°1 (digne successeur de Saddam Hussein !), était reçu en grandes pompes et signait des contrats commerciaux faramineux avec ceux-là  même qui ont aujourd’hui juré sa perte. Kadhafi n’est certes pas défendable, dans sa stratégie de lutte contre l’insurrection. Bombarder des villes entières et faire des milliers de victimes en quelques semaines est plus que condamnable. Mais là  n’est pas le propos. C’’est l’attitude du « groupe de contact sur la Libye » qui devrait nous pousser à  réfléchir. Nous sommes en train d’assister à  la création sur le continent d’un Irak ou d’un Afghanistan bis. Au nom de quels intérêts…C’’est la question que l’on doit se poser. Le peuple libyen est censé être protéger par la résolution 1973 des Nations Unies qui a donné mandat à  la « coalition ». En armant les insurgés, les occidentaux installeront définitivement le pays dans une logique de guerre. Les libyens ont donc le choix : mourir sous les balles de Kadhafi ou celles de la coalition par insurgés interposés, entre un statut de victimes et celui de martyrs. Et si on les laissait vivre, tout simplement ?