Yaya Bagayoko, le coiffeur de ces dames 

La coiffure par hasard Il atterri dans la coiffure féminine par un pur hasard. Un beau matin, il reçoit la visite d’une amie coiffeuse. Elle lui propose de passer de temps à  autre dans son salon de coiffure parce qu’elle sent, à  travers sa manière fine de coiffer les hommes, qu’il ferait une belle carrière dans le milieu féminin. C’’est ainsi que pendant ses temps libres, Yaya passait au salon de son amie. Cependant, il refusait de s’aventurer sur le terrain car, ne connaissant rien aux goûts et aux plaisirs des femmes. Il ne faisait que regarder. Un jour donc, une dame lui dit : «Â Mon petit, puisque tu n’est pas un coiffeur de femme, il faudrait que tu y songe sérieusement parce que je te vois tout le temps ici. Efforce toi de le faire. à‡a ira un jour ou l’autre. » Avec les encouragements des clientes, Yaya se lança dans la chose sans hésiter. Il acquérit toutes les techniques de base en deux semaines tout juste. Il explique : «Â Au début, je n’avais pas trop de talent. Quand je coiffais, je priais le bon dieu pour qu’il me donne la force et le courage de produire quelque chose d’extraordinaire.» Les premières coupes qu’ils réalisait, était les babilis ou mise en plis comme disent certains. Il se spécialise dans ce domaine, en faisant des stages dans presque tous les grands salons de coiffure d’Abidjan (capitale économique de la Côte d’Ivoire). Il multiplie les expériences et apprend les différentes coiffures féminines : Greffages (tissage de mèche), tirés, la boucle anglaise, tresses, le brushing, le traitement de cheveux, le défrisage… Et même le maquillage, l’entretien du visage, la pédicure et la manicure. La créativité avant tout Yaya estime que dans toute chose, il faut être créatif. Donc, il inventait de nouvelles inventions. Il a l’esprit créatif et aime rendre les femmes belles. «Â La femme est sacrée. Elle a tout le temps besoin de se sentir belle et désirée. Et, moi je fais tout ce qui est en mon pouvoir, pour les rendre reines. Car, ce sont nos reines.» Préjugé au tour des coiffeurs de femmes Issu d’une famille modeste et nombreuse dont il est le benjamin, Yaya était prédestiné à  devenir menuisier. Son père ne voulait plus entendre parler de lui lorsqu’il s’est lancé dans la coiffure. Ce dernier lui répétait sans cesse « Ce n’est pas un métier pour un homme. Ceux qui le font, sont, ou finissent tous par devenir des homosexuels. » Mais, ces préjugés au tour de sa passion ne décourageront pas ce jeune homme. Son père n’était d’ailleurs pas le seul à  penser ainsi. Les coiffeurs sont vus d’un mauvais œil dans les sociétés africaines. Mais les esprits commencent à  fléchir petit à  petit et ils sont de plus en plus compris. Ce sera surtout le cas de Yaya qui finira par imposer son choix à  sa famille. Son père l’encourage même dans cette lancée. Il contribue énormément aux dépenses familiales, car il vit pleinement de son art, selon lui. Destination, Mali Yaya quitte la Côte d’Ivoire en 2000 pour le Mali. Il confie : « J’ai toujours aimé le Mali. Lorsque je regardais les émissions maliennes sur TV5 en Côte d’Ivoire, je disais à  mon petit frère, un jour, je partirai au Mali parce que C’’est un pays que je trouve fascinant, à  travers la diversité culturelle. » Et en 2000, il accepte la proposition d’une tenante de salon de coiffure ivoirienne installée à  Bamako. Il collabore pendant deux ans avec cette dernière avant d’ouvrir son propre salon en 2002. Un salon à  son nom Après s’être fait connaà®tre à  travers la qualité de son travail, il reçoit plus d’une vingtaine de clientes par jours dans son petit salon des Halles de Bamako. Signalons que les coiffures en vogues à  Bamako sont surtout les tissages. La majeure partie de sa clientèle, est constituée de jeunes filles. Yaya travaille seul dans son salon. Mais, de temps à  autre, de jeunes coiffeuses viennent apprendre à  ses côtés. Et, il les initie au temps que possible à  sa manière. Par ailleurs, Yaya est fiancé et père d’un petit garçon. Et sa petite famille vivant en Côte d’Ivoire, devrait le rejoindre très bientôt.