Caravane de la paix sur Kidal : le nouveau défi du mouvement ‘’Trop c’est Trop’’

Le mouvement ‘’Trop c’est Trop’’, après s’être illustré à travers des sit-in dénonçant l’immobilisme du gouvernement face aux problèmes sociaux, la position ambigüe de la France sur la question de Kidal et la récente victoire face à la révision constitutionnelle, explore un nouveau terrain : celui de la paix et de la réconciliation. Il compte à présent faire partir une caravane pour la paix jusqu’à Kidal le 23 septembre prochain. Un défi qui nécessite l’implication de toutes les parties signataires de l’Accord de paix.

Le mouvement ‘’trop c’est trop’’ n’est plus à présenter. Très actif depuis juillet 2016, le mouvement, qui au début n’était pas du tout populaire, ne cesse de s’imposer comme le porte-parole des populations maliennes. Ce fut l’un des premiers a organisé des manifestations contre la révision constitutionnelle. Plusieurs mouvements l’ont rejoint et ont finalement contraint le Président IBK à surseoir à ce projet qui faisait polémique. Pour le mouvement, des priorités existent, l’une d’elle est la réconciliation entre les Maliens. C’est pourquoi, il vont organiser une caravane pour la paix à Kidal qui quittera Bamako le 23 septembre prochain.

Le chargé de communication du mouvement, Malick Konaté, justifie la date du 23 septembre, le lendemain de la fête de l’indépendance du Mali : « Nous avons initié le 23 septembre pour une raison symbolique. La caravane aussi est pour consolider la paix et les liens sociaux entre les jeunes maliens. C’est le moment propice pour mobiliser l’ensemble de la population malienne surtout nous les jeunes pour aller vers une paix définitive » a-t-il expliqué.

Pour atteindre un tel objectif, pas de catimini. Un appel a été lancé à tous les citoyens maliens pour aider dans l’organisation de ce projet. «  Nous avons fait appel à tous les mouvements, à toutes les organisations qui souhaitent accompagner ce projet. Nous allons faire appel à toutes les parties signataires pour nous aider. Nous avons déjà été reçus par la CMA, pour les écouter, nous conseiller et avoir un appui financier auprès d’eux » soutient Malick Konaté.

Le porte-parole de la CMA, Ilad Ag Mohamed, a confirmé que le mouvement avait pris contact avec eux dans le cadre d’une « caravane de la paix qui a pour objectif de passer par Gao, Ménaka et Kidal ». Pour la CMA, l’action était salutaire, c’est pourquoi elle a aussi profité de l’occasion pour demander au mouvement de clarifier ses intentions. « Au départ c’était un mouvement qui était contre la CMA et qui a des accointances avec des milices pro-gouvernementales », souligne Ilad Ag Mohamed.Mais la CMA n’est pas contre cette initiative, «  Il faut que ce mouvement oeuvre réellement pour la paix, et la cohésion sociale » a martelé Ilad Ag Mohamed, «  Kidal n’est pas une ville fermée à qui que ce soit, n’importe qui peut prendre son véhicule aller à Kidal » mais « il y a certes des problèmes d’insécurité, liés aux enlèvements des véhicules ou on dépouille les personnes de leurs biens » reconnaît-il. Avec un budget prévisionnel de cinq cent à six cent millions de franc CFA, le mouvement compte sur la contribution surtout en nature, les matériels notamment. L’accompagnement de tout un chacun est sollicité par le mouvement. «  Cinq franc n’est pas petit et cinq mille francs n’est pas trop » souligne Malick Konaté. « Nous allons demander à la région de Kayes et Koulikoro de rejoindre les gens qui sont à Bamako pour prendre le départ ; les régions de Ségou, Sikasso iront à Mopti. C’est à Mopti que vont se rencontrer ces régions pour prendre départ là bas aussi pour Gao. Les régions de Tombouctou, Taoudeni et Ménaka viendront à Gao. C’est à Gao que le départ pour Kidal sera pris, on verra aussi si la jeunesse de Kidal viendra à Gao pour qu’on puisse aller à Kidal ensemble», détaille Malick Konaté. Les participants à cette caravane sont estimés, y compris les équipes techniques et médicales, à 1120 (mille cent vingt) personnes. Le mouvement ‘’trop c’est trop ‘’ est convaincu de l’utilité de cette initiative, qui n’a rien à voir avec la politique. « Après cinq ans, il y a une fracture entre nous les jeunes. Ils sont eux là-bas, nous aussi nous sommes là, on veut consolider les liens, s’asseoir et discuter et voir les problèmes auxquels nous sommes confrontés pour leur apporter des solutions, ensemble » confie le leader du mouvement. Une fois à Kidal, les jeunes de toutes régions du Mali, pendant trois jours, organiserons des visites, colloques, des matchs de football et des rencontres diverses avec les notabilités, les jeunes etc. Toujours selon Konaté, il ne s’agit pas seulement de voyager pour voyager mais l’objectif c’est de voir le terrain « nous-mêmes » et voir ce qu’il faut apporter.

L’aspect sécuritaire n’est pas en reste, et des mesures seront prises assure t-il, «  Nous n’allons pas faire de parti pris, nous allons demander le concours tout le monde, la MINUSMA, Barkhane, le gouvernement du Mali et les mouvements signataires de l’Accord d’Alger ». Bien que prudent pour le moment le porte-parole de la CMA, insiste sur la clarification du projet car «  il nous faut savoir la lecture même de ce mouvement par rapport à l’Accord de paix » disait-il. « Aujourd’hui, un mouvement qui s’inscrit à l’encontre de l’Accord de paix n’est pas le bienvenu à Kidal », a-t-il fait remarquer. «  la CMA où qu’elle se trouve peut apporter quelque chose, notamment l’accompagnement des forces qui se montreraient disponible pour la sécurisation de la caravane, que ce soit la MINUSMA, Barkhane ou même les FAMas si c’est possible ; avec la plateforme cela serait un peu difficile dans la mesure où on n’est pas parvenu à un cessez-le-feu encore » indique Ilad Ag Mohamed. Aussi la CMA pourrait faciliter sur le plan politique et social, les contacts avec les populations locales.

Pour l’heure, le mouvement est à pied d’œuvre pour réunir les conditions à la tenue de cette caravane nationale. Une initiative visant selon les organisateurs a apporté leur pierre à l’édifice de la résolution des conflits et de la réconciliation au Mali.

Révision constitutionnelle : une campagne pour le « Non » se propage sur les réseaux sociaux

Les internautes ont pris d’assaut les réseaux sociaux depuis l’annonce du référendum constitutionnel portant sur la révision de la constitution de 1992. Une contre campagne est menée sur toile. Elle appelle les uns et les autres à voter « Non » au projet de révision constitutionnelle.

Depuis l’annonce de la date du référendum constitutionnel prévu pour le 9 juillet où les Maliens sont appelés à se prononcer sur le projet de révision constitutionnel, les internautes mènent campagne déjà sur la toile. Tous semblent décidés à faire front contre cette nouvelle constitution censée remplacer celle du 25 février 1992. « Si ce projet passe c’est que le Mali est foutu », écrit Siaka Tamboura sur sa page. Les commentaires ne se sont pas faire attendre. Tous partagent l’idée de Siaka et appellent à la sensibilisation sur internet, « l’article 118 doit suffire pour comprendre le complot qui se cache derrière ce projet », écrit un autre internaute appelant les esprits encore incrédules à lire cet article. L’avant-dernier alinéa de cet article stipule en effet, que « aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire ». Une disposition qui selon plusieurs internautes met fin au débat car certaines régions du pays tel que Kidal échappe encore au contrôle de l’état.

Les blogueurs s’en mêlent. La communauté des blogueurs du Mali dénommée « Doniblog » a également pris position. « Nous sommes contre ce projet de loi », affirme Abdoulaye Guindo, son président. Elle a même lancé un hashtag (#TouchePasAMaConstitution) repris par la majorité de ses membres. Pour Fatouma Harber, bloggeuse activiste, le débat est ailleurs, ‘’s’ils organisent un référendum sur une révision de la constitution avec un document complément inconnu des populations un mois avant le scrutin, c’est parce que l’avis de ce peuple-ci ne compte pas’’, écrit-elle sur sa page Facebook. Un avis largement partagé par les internautes qui voient en ce référendum un prétexte pour élargir les pouvoirs du chef d’Etat Ibrahim Boubacar Keïta dont la gestion du pays est constamment critiquée.

Le collectif « Trop c’est trop » très actif également sur les réseaux sociaux notamment Whatsapp a appelé à une marche de protestation pour dire « Non » au projet de loi en question. Elle aura lieu demain 8 juin. Les manifestant partiront de la bourse du travail et se rendront à la primature.