Moussa Sinko Coulibaly, en lice pour 2018

Cet ancien général de l’armée fut ministre de l’Administration Territoriale sous le gouvernement de Cheick Modibo Diarra, en 2012. À présent, il souhaite se porter candidat à l’élection présidentielle afin de succéder à IBK. 

Après l’annonce de Kalifa Sanogo, maire de Sikasso, c’est au tour de Moussa Sinko Coulibaly de déclarer son intention d’être le futur locataire de Koulouba.

L’information a été relayée par nos confrères de l’Agence France Presse qui s’est procuré une copie de sa lettre de démission où il évoque son intention de « contribuer autrement à trouver les solutions aux défis politiques, économiques, éducatifs, culturels et sociaux auxquels le Mali est confronté ». Cette démission survient quelques jours seulement après celle de l’ancien ministre de la Justice, Mamadou Ismaël Konaté.

Aux cotés d’Amadou Haya Sanogo en étant membre de la junte après le coup d’État de 2012, M. Coulibaly fut ministre de l’Administration Territoriale, poste qu’il a conservé quelques mois après le début du mandat d’Ibrahim Boubacar Keïta.

Son entourage affirme que le candidat a « de nombreux soutiens », notamment dans l’armée. Ce qui peut être une force pour 2018, pour celui qui souhaite devenir le commandant des Armées. Ayant fait ses armes à l’école militaire française Saint-Cyr, il dispose de compétence en la matière.

Son parcours 

Avant d’étudier à Saint-Cyr, M. Coulibaly a commencé son parcours militaire au Mali, au Prytanée militaire de Kati. C’est au cours des années 1990, que le futur colonel s’établit en France pour parfaire sa formation. Après avoir fait ses classes préparatoires du lycée de La Flèche, il sort diplômé de Saint-Cyr, en 1995 avant de terminer sa formation, en France, par un passage à l’École supérieure du génie d’Angers, un an plus tard.

Quelques mois plus tard, de retour au Mali, Moussa Sinko Coulibaly est nommé instructeur permanent à l’École militaire inter-armes (EMIA) de Koulikoro, ensuite, il devient commandant de compagnie de la 261e compagnie et de support de 2000 à 2001.

Jusqu’à sa nomination au poste de Directeur de cabinet du Président du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE), le colonel Moussa Sinko Coulibaly était directeur de l’instruction de l’École de maintien de la paix  Alioune Blondin Bèye (EMP-ABB) depuis 2010. Puis, sa nomination en tant que ministre de l’Administration Territoriale lui permet de goûter à la chose politique. En mai 2014, son portefeuille ministériel ayant pris fin, il regagne son poste de directeur général de l’École de maintien de la paix Alioune Blondin Bèye, à Bamako.

« Pour faire de la politique, la loi obligeait le général Moussa Sinko Coulibaly à démissionner de l’armée. C’est fait. Maintenant, nous voulons avec lui, réaliser l’alternance en 2018 », a déclaré Idrissa Diakité, un de ses principaux soutiens, estimant que « l’actuel président a échoué ».

 

 

 

 

Colonel Calvez :« Le Mali est plus difficile que l’Afghanistan »

Journaldumali.com: Mon colonel, vous êtes le commandant du Groupement Tactique Inter Armes/ Désert dans le nord du Mali. Les forces Serval ont fait une découverte il y a moins de quinze jours. Pouvez-vous revenir dessus ? Colonel Calvez : Effectivement, il y a une dizaine de jours, nous avons découvert un camp récemment occupé par des groupes terroristes. C’’était au nord de Tombouctou, ils y avaient planqué un stock de 400 tonnes de médicaments, plus de 400 tonnes de carburant, des réservoirs d’eau, un champ de tir et des pièces détachées pour des véhicules de terrain. Ce camp situé au milieu du désert avait été utilisé au moins trois jours auparavant. C’’est vous dire que nous devons en permanence être sur le terrain. A preuve, hier lundi (l’interview a été réalisée le 31 décembre), nos équipes ont découvert une cache de cinq tonnes d’explosif artisanal. Les terroristes s’entraà®nent, ils n’ont pas lâché le morceau mais ils évitent les confrontations. Ils sont difficiles à  identifier et C’’est pourquoi nous travaillons avec des maliens intégrés pour la recherche d’informations. Nous ciblons des chefs de réseau et nous en avons pris quatre vendredi dernier vers Bourem. Nous les avons remis aux autorités maliennes. C’’est quoi le profil de ces chefs de réseau ? Ils sont presque tous maliens et ont entre 40 et 80 ans mais nous ne tenons pas compte de l’âge puisqu’ils ne mangent pas bien dans ces zones arides et disent tous être nés le 31 décembre 1979. Les groupes se forment sur la base d’opportunisme ethnique, tribal et parfois économique. Les gros mouvements qu’on voyait au début de la crise disparaissent au profit de groupes de 30 personnes environ. Nous savons par exemple que Gao est le fief du MUJAO mais il est difficile d’en dire autant pour les autres groupes. Face à  cette multitude de groupes terroristes, comment faites-vous pour contrôler la situation sur le terrain ? Ces bandes armées utilisent un type de téléphone que nous connaissons et dont nous pouvons capter les communications pour des besoins de localisation des groupes mais cela ne suffit pas. Il nous faut toujours aller sur le terrain. Les drones, la cartographie et les capteurs ne peuvent pas tout prendre. Il nous faut des contrôles de zones comme C’’est le cas à  l’instant o๠nous parlons avec près de 300 de nos hommes qui sont en mission sur le terrain. Nos renseignements doivent être recoupés, confirmés et rafraà®chis tout le temps. C’’est dans cette optique que la collaboration des populations est utile. Par exemple, à  Gao, les populations collaborent bien à  l’opposé des populations nomades. Plus on monte dans le nord, moins il y a de collaboration. Néanmoins, l’Afghanistan nous ayant beaucoup appris, nous savons quoi faire. Nous avons une centaine de points renseignements qui nous sont très utiles. Justement, vous parlez de l’Afghanistan, les spécialistes assimilent le Mali à  ce pays ? Non, les deux situations ne se ressemblent pas. En Afghanistan, C’’est un mouchoir de poche, or au Mali les échelles ne permettent pas d’avoir des repoussoirs. Ici, le centre de gravité fait 800 kilomètres fois 800 kilomètres, C’’est large. Gao est notre escadre, nous sommes dans un océan et tout autour les groupes terroristes agissent en miroir. Vous savez au Mali, nous recherchons l’effet direct et l’effet indirect. l’effet indirect C’’est de récupérer par exemple 400 kilogrammes de médicaments voire de nourriture ou de carburant et d’empêcher la reconstitution de ce stock par les groupes armés. Ces captures plombent les velléités de réaction et de mobilité des groupes terroristes. A cette étape de notre mission, il faut une approche globale pour contrôler les flux dans le désert d’o๠la nécessité d’en appeler à  la collaboration de tous les pays de la sous-région. Vous parlez de collaboration or Serval s’apprête à  quitter le Mali, n’est-ce pas contradictoire ? Nous ne partons pas, C’’est simplement que Serval 4 comptera 1000 hommes donc cinq cent en moins. Notre mode d’action va évoluer avec cette réduction d’effectifs. Les échanges avec l’armée malienne sont corrects. Nous nous rencontrons une fois par semaine pour faire le point. Les FAMA et la gendarmerie malienne nous appuient beaucoup. Nous sommes encore là  parce que reconstruire une armée ne se fait pas en six mois. Serval réadapte ses capacités au Mali et ceci n’affectera pas l’armée malienne. C’’est un travail de patience. Serval n’abandonne pas le Mali. Aucune armée ne se ressemble. Le soutien de Serval sera là . Le soutien français sera là . Vous pouvez mettre en avant autant d’hommes sur une superficie deux fois plus grande que la France mais si le renseignement et la collaboration des populations ne sont pas là , rien n’ira. Vous flattez l’armée malienne ou vous la surestimez ? l’armée malienne est sur la bonne voie. La réappropriation du territoire devient de plus en plus effective. C’’est un malade qui guérit peu à  peu seulement il a besoin de conseils, de confiance en ses capacités et la dernière intervention des gendarmes maliens qui ont tué une vingtaine de terroristes en est un bon exemple. Cette guerre est compliquée. Il faut éviter cette vision cartésienne qui compartimente les uns et les autres. Pourquoi les forces Serval n’ont pas fait grand-chose dans l’affaire de nos confrères de RFI à  savoir Ghislaine Dupont et Claude Verlon ? Bien sûr que nous avons fait quelque chose. Nous sommes intervenus dès que nous avons reçu l’information. Nous avons mobilisé 80 hommes en quatre heures pour traquer les assassins. De présumés coupables ont été arrêtés et remis aux autorités maliennes. La traque a duré deux semaines. Nous avons outre ces présumés assassins de Ghislaine et Claude remis aux autorités maliennes une quinzaine de personnes depuis septembre. C’’est aux autorités maliennes de gérer les personnes arrêtées et surtout les bandits de droit commun. Mon colonel, le cas de Kidal est préoccupant. l’on reproche à  la France de protéger Kidal et certains terroristes, C’’est exact ? Kidal est un bouillon de culture, C’’est la concentration de toutes les problématiques. Kidal est un problème endémique et pathologique. C’’est une zone explosive o๠la tension est palpable. Les GAT (groupes armés terroristes) y pullulent. Il faut que le Mali trouve un compromis pour le cas de Kidal, ce n’est pas Serval qui va régler ce problème. La stabilisation de la nation malienne passe par la pacification ou la résolution du cas Kidal. Cette vision angélique faisant des populations de zone de Kidal des terroristes est fausse. On y trouve plus de trafiquants que de terroristes. Nous connaissons les Moktar Bel Moktar dit Mister Marlboro et tous les autres ténors mais à  y voir de plus près ce sont des gens qui s’allient aux groupes terroristes armés pour maquiller leur trafic. La paix au Mali passera par la résolution du cas de Kidal.

Kati : le capitaine Amadou Konaré et le colonel Youssouf Traoré aux arrêts

Oui les masques tombent sur les raisons de la mutinerie manquée de la garnison de Kati du lundi dernier. Des militaires avaient tiré des coups de feu, saccagé les locaux du comité de réforme et de suivi de l’armée avant de blesser et enlevé momentanément le colonel Mohamed Diallo. Ces incidents malheureux et honteux seraient orchestrés par le capitaine Amadou Konaré et le colonel Youssouf Traoré, tous deux membres de l’ex-junte. Le premier est introuvable pendant que le deuxième est aux arrêts depuis hier matin vers 11 heures après s’être caché depuis le lundi. Que voulaient ces deux officiers ? Selon nos informations, le capitaine Amadou Konaré, ancien numéro deux de l’ex-junte n’était plus en odeur de sainteté avec le désormais général Sanogo depuis belle lurette. Il n’aurait pas digéré le fait de n’être pas promu général ou à  défaut colonel-major. Quant au colonel Youssouf Traoré, récemment au centre d’une tentative d’empoisonnement du général Sanogo, en veut à  Amadou Haya Sanogo depuis le retour à  l’ordre constitutionnel. Un retour, selon nos sources, qui n’a jamais été du goût du colonel Traoré. Ce sont pour toutes ces raisons que les deux officiers mécontents ont manipulé des militaires, tout aussi mécontents de ne pas bouger en grade, de semer le trouble. Ce qui a occasionné les mouvements du lundi dernier avec la blessure du colonel Mohamed Diallo. Aux dernières nouvelles, l’officier supérieur touché au pied à  été évacué hier en direction de la France. Les militaires impliqués dans les mouvements seront, nous indiquent-on, recherchés arrêtés et traduits devant la justice.

Kati : le colonel Mohamed Diallo, kidnappé par des sous officiers

Une source militaire anonyme confirme que les coups de feu entendus ce lundi 30 septembre provenaient bien de la ville-garnison de Kati. Un proche du Général Amadou Haya Sanogo serait retenu en otage depuis ce matin. On aurait d’abord tiré sur le Colonel Diallo qui a récemment été promu à  ce grade. Une promotion non justifiée selon les auteurs des coups de feu et exigent d’en discuter avec le Général Sanogo. Ce dernier aurait alors opposé une fin de non recevoir à  cette requête et exigé la libération pure et simple du Colonel qui est en charge de la gestion de ses finances. Le Général Sanogo aurait déclaré que l’otage sera libéré par la force. L’inquiétude règne dans la ville de Kati et au-delà  à  Bamako. Ce qui s’est passé à  Kati ce matin, source militaire Une autre source à  Kati, a donné une version différente : il s’agirait de plusieurs militaires qui ont blessé et enlevé le président par intérim du comité de réforme et du suivi de l’armée, Mohamed Diallo. Cinq militaires seraient à  l’origine de ces échanges. Trois caporaux et deux sous-officiers (un sergent et un sergent-chef) qui font office de gardes du corps du capitaine Konaré(non mêlé à  cette histoire) et du colonel Youssouf Traoré, également membre du comité. Les bidasses n’auraient pas apprécié le fait de ne pas être promus au grade supérieur. Le responsable désigné pour eux est le président intérimaire. Selon nos sources au comité de la réforme et de suivi de l’armée, les cinq éléments ont commencé ce matin à  tirer des rafales en l’air. Provoquant du coup une espèce de panique. Ce qui a amené les uns et les autres à  se tenir sur le qui-vive… avec des armes. C’’est sur ces entrefaites, indiquent nos sources, que le président intérimaire du comité, Mohamed Diallo sera blessé avant d’être enlevé par la bande des cinq. Pour l’instant, on est sans nouvelle du colonel toujours entre les mains des révoltés, même si l’on affirme qu’il a reçu les premiers soins. Aucune idée également sur la planque des militaires kidnappeurs. « Ces éléments ont voulu semer le trouble mais n’ont pas été suivis. En retenant le colonel Diallo, ils filent du mauvais coton et risquent gros », a laissé entendre notre source, choqué par l’attitude d’indiscipline de ses frères d’arme. Tout en ignorant d’éventuels saccages de certains membres de l’ex-junte, notre interlocuteur assure que le calme est de retour dans la caserne de Kati. Pour l’heure aucune information n’est donnée sur la libération de Diallo.

Enlèvement du Lieutenant colonel Seydou Moussa Diallo

L’homme avait adressé il y a quelques jours une lettre vibrante au Président de la République par intérim demandant une réaction rapide des autorités du Mali à  agir pour le nord du Mali, lettre qui a fait le tour des Médias maliens : Aussi l’homme avait demandé à  ce que les autorités agissent au plus vite : «l’armée doit engager le combat avec les moyens disponibles et attaquer l’ennemi sans délai et sans attendre les soldats de la CEDEAO». Ensuite, le Lieutenant Colonel Moussa Diallo avait entamé une grève de la faim, pour montrer toute sa détermination et son engagement pour la cause du Mali, en demandant une remobilisation rapide des forces armées. Enlèvement Hier lundi, nous avons appris l’enlèvement du Lieutenant colonel à  son domicile de Sébénikoro. D’après les dernières infos :  » l’enlèvement a été opéré par un groupe d’une quinzaine de militaires arrivés à  bord de trois véhicules Pick up », à  la tombée de la nuit. Information confirmé par un témoin sur place. Le Lieutenant-colonel Diallo qui, précisons-le, est démobilisé depuis plusieurs années à  la suite d’une blessure à  la jambe reçue au cours d’un affrontement avec des rebelles, avait indiqué dans sa correspondance que celle-ci n’était pas «un appel à  la révolte». Pour Assane Koné, journaliste, le Lieutenant colonel aurait subi une sanction disciplinaire qui permet à  l’autorité militaire de le faire déplacer de sa garnison à  une autre à  l’intérieur du pays, notamment à  Kayes. Comme pour dire, loin de Bamako, s’il tient à  faire sa grève de la faim, il pourra la faire sans attirer trop de regards et d’attention. Affaire à  suivre !

 » Monsieur le président, j’ai honte d’être officier »

Je vous écris cette lettre ouverte aujourd’hui, Monsieur le président, parce que, comme tous les soldats maliens qui ont encore une conscience, ma dignité a été violée, mon honneur amputé, ma liberté empiétée, ma fierté écorchée. Je porte aujourd’hui Monsieur le président, le fardeau de l’affront, de l’humiliation et de la honte. J’aurais souhaité vous remettre cette lettre ouverte à  mains propres, mais J’ai tenté tous les moyens sans succès. Je suis donc désolé que vous appreniez son existence par voie de presse. l’acte que je pose aujourd’hui devant le destin et l’histoire, n’est ni une incitation à  la révolte, ni un appel à  la violence. Je suis indigné et révolté. Mon pays est agressé et occupé dans ses deux tiers par des bandits armés, des barbares apatrides et autres mécréants qui, au nom d’un islam mal assimilé, sèment la terreur dans le septentrion du Mali. Le nord de mon pays est devenu aujourd’hui une ruche sur laquelle se ruent des abeilles assoiffées. Le nord de mon pays est aujourd’hui une zone de non droit o๠des exactions les plus inhumaines sont le lot quotidien des populations abandonnées, livrées à  elle-même. Ces braves et innocentes populations martyrisées, violées, séquestrées, engrangées, sont réduites au silence, réduites à  la plus petite expression de leur existence. Devant cette tragédie humaine inqualifiable, Monsieur le président, le silence m’étouffe. Lieutenant-colonel de mon Etat, officier supérieur de l’armée de la République du Mali, para commando de formation, J’ai été blessé lors de ce même conflit latent et récurrent en 1994, précisément, le 5 octobre, à  Temeira, entre Bourem et Tombouctou, à  bord du bateau » Général Soumaré » ; J’étais alors jeune Lieutenant et vous, Monsieur le président, ministre de la défense. Aujourd’hui, je refuse de capituler devant ce diktat et cet affront. Je dénonce l’inaction et l’immobilisme des uns et des autres, la peur de l’ennemi et le manque de volonté réelle de combattre cet ennemi avec les moyens disponibles. Un adage bambara dit, je cite : « quand un serpent sort de son trou pour vous mordre, vous l’écrasez avec le bâton disponible « . Les Maliens vivent aujourd’hui dans l’indignation et la crainte d’un lendemain incertain, ce lendemain déjà  hypothéqué. O๠sont donc Soundiata Kéita, Tièba Traoré, Babemba Traoré, Samory Touré, qui ont préféré la mort à  la capitulation, à  la honte ? O๠est donc ce grand et glorieux Mali dont nous étions tous fiers ? O๠est donc l’armée malienne, cette vaillante, brave et intrépide armée malienne qui faisait notre fierté ? Aujourd’hui, Monsieur le président, comme tout soldat malien qui a encore une conscience, J’ai honte. Oui J’ai honte, Monsieur le président, J’ai honte d’être officier. Oui J’ai honte. Oui aujourd’hui J’ai honte, J’ai honte Monsieur le président, J’ai honte de porter l’uniforme et de marcher dans la rue. Dans la rue, monsieur le président, J’ai l’impression de marcher sur des braises ardentes. Oui aujourd’hui J’ai honte, Monsieur le président, J’ai honte de croiser le regard des autres, ce regard qui me transperce telles des flèches empoisonnées. Oui Monsieur le président, aujourd’hui J’ai honte d’être soldat, J’ai honte de moi-même. Mais je suis fier d’être Malien, car le Malien ne baisse jamais les bras devant l’adversité, le diktat, l’affront, l’humiliation et la honte. Le Malien ne capitule jamais. Je ne vous apprends rien par cette lettre ouverte, Monsieur le président. Mais au Mali, l’histoire est en marche, rien, nul ne peut l’arrêter. l’armée malienne a été défaite ; elle est aujourd’hui la risée du monde entier, une sorte de curiosité populaire amèrement célèbre, ses soldats jetés en pâture aux ennemis du Mali. Mais le Mali reste debout Monsieur le président. Des patriotes convaincus et engagés, civils et militaires, sont prompts à  relever le défi, à  laver l’affront fait au peuple malien et à  porter le danger au C’œur de Gao, Tombouctou et Kidal. Depuis le début de ce conflit, l’armée malienne est restée dans une léthargie totale, ballotée entre la peur et le ridicule. Elle est aujourd’hui au bord de l’implosion, minée par de graves dissensions internes, de querelles intestines insensées, de conflits fratricides incompréhensibles, gangrénée par une profonde crise de confiance et de commandement. Il est certain qu’aucune armée ne peut gagner la guerre dans la division, la suspicion et l’indiscipline des hommes. Il apparait aujourd’hui indispensable que l’armée malienne se réconcilie avec elle-même dans un élan de sursaut national, afin d’aller à  la reconquête des territoires perdus, unie et solidaire. Il lui faut aujourd’hui engager le combat avec les moyens disponibles et attaquer l’ennemi sans délai et sans attendre les soldats de la CEDEAO. Ne nous berçons pas d’illusions. l’ennemi, chaque jour, consolide ses positions et renforce ses capacités de combat. Il pose, chaque jour, des actes de défiance à  l’Etat, viole, ampute, et tue, pendant que nous perdons notre temps dans des débats stériles interminables et honteux, débats qui se focalisent sur le manque de matériels et une éventuelle intervention de soldats étrangers. La communauté internationale tergiverse à  prendre une décision courageuse. Certains de nos grands voisins jouent à  l’hypocrisie, d’autres, prétendent s’en tenir au principe de la neutralité. Pendant ce temps, le Mali se consume et se meurt à  petits feux. Engageons le combat avec les moyens disponibles et attaquons. Les soldats de la CEDEAO nous trouverons sur le terrain. l’armée malienne, après sa défaite, a opéré un repli stratégique sur le terrain, certes, mais l’armée malienne a cessé le combat ; elle a rangé le matériel et attend aujourd’hui un miracle qui ne se produit toujours pas. En terme clair, opérer un repli stratégique sur le terrain après une défaite militaire ne doit jamais signifier cesser le combat. En 1940, l’armée française a été défaite, mais l’armée française n’a jamais cessé le combat. l’armée française a même su transformer cette Depuis le début de ce conflit, l’armée malienne est restée dans une léthargie totale, ballotée entre la peur et le ridicule. Elle est aujourd’hui au bord de l’implosion, minée par de graves dissensions internes, de querelles intestines insensées, de conflits fratricides incompréhensibles, gangrénée par une profonde crise de confiance et de commandement. Il est certain qu’aucune armée ne peut gagner la guerre dans la division, la suspicion et l’indiscipline des hommes. Il apparait aujourd’hui indispensable que l’armée malienne se réconcilie avec elle-même dans un élan de sursaut national, afin d’aller à  la reconquête des territoires perdus, unie et solidaire. Il lui faut aujourd’hui engager le combat avec les moyens disponibles et attaquer l’ennemi sans délai et sans attendre les soldats de la CEDEAO défaite militaire en un véritable sursaut national et populaire, aidée en cela par des partisans, poursuivant résolument et invariablement son idéal de liberté, de fraternité, d’égalité et de justice dans une France libre et réunifiée. Le peuple français a soutenu l’armée française, parce que l’armée française n’a pas trahi le peuple français. Et nous ? Qu’avons-nous offert à  notre peuple ? Nous lui avons offert un spectacle d’indignation, de désolation et de désespoir, dans une ambiance folklorique frisant souvent le ridicule, dont les pas de danse riment avec les larmes des désespérés. Nous avons trahi le peuple malien, nous avons trahi la confiance du peuple malien et nous lui avons asséné le coup de massue. Il faut aimer son pays pour accepter de mourir pour son pays. Il faut, Monsieur le président, aimer le Mali pour accepter de mourir pour le Mali. Depuis le début de ce conflit, Monsieur le président, aucun acte concret n’a été posé pour reprendre l’initiative du combat. La prise de la localité de Douentza devrait servir de tremplin à  l’armée malienne pour engager le combat avec les moyens disponibles. Elle aurait pu ainsi redonner l’espoir au peuple malien, car le peuple malien attendait cela. Mais le peuple malien a été lamentablement déçu, il a vécu cette journée dans l’indignation, l’humiliation et la honte.« Si vous dansez avec aveugle, il faut de temps à  autre, lui donner de petits coups de pied, pour lui signifier votre présence, afin qu’il sache que vous êtes toujours là  et bien là  » a-t-on coutume de dire. Monsieur le président, parler de la venue ou non des soldats de la CEDEAO, spéculer sur nos matériels militaires bloqués aux ports de Conakry, Dakar, ou de je ne sais oà¹, ne nous avancent à  rien. Engageons le combat et attaquons avec les moyens disponibles. On ne peut pas travailler au four et avoir peur de la chaleur. Monsieur le président, l’histoire militaire de l’humanité est jalonnée de hauts faits qui prouvent à  suffisance que ce n’est pas le matériel qui est l’élément déterminant d’une victoire militaire sur le terrain. Ce n’est pas le matériel qui fait la guerre, mais l’homme. C’’est l’homme qui fait la guerre avec son courage, sa bravoure, sa détermination, animé par l’idéal pour lequel il se bat. Pour illustrer cela, Monsieur le président, je citerais seulement deux exemples éloquents : 1- Les soldats français ont été défaits à  Dien-Bien-Phu, alors que l’armée française disposait des armes sophistiquées et modernes. Dien-Bien-Phu est resté dans la mémoire collective comme la victoire du plus faible sur le plus fort. 2- l’armée américaine, l’armée la plus puissante du monde, a été mise en déroute au Vietnam. l’utilisation des armes ultra modernes, les plus redoutables, souvent non conventionnelles, n’a pas entamé le moral et la détermination du peuple Vietnamien à  se défaire de l’impérialisme américain. Le matériel militaire le plus sophistiqué, le plus redoutable, reste un tas de ferraille, si l’homme qui l’utilise a peur ou ne croit plus à  l’idéal qu’il défend. Un Général français, lors de la deuxième guerre mondiale a dit, je cite : » une armée perd la guerre quand le Caporal mouille sa culotte « . Monsieur le président, nous avons eu peur de l’ennemi, nous avons encore et toujours peur de l’ennemi. Voilà  l’amère et triste vérité. La guerre est un art. Le chef militaire qui se trouve sur le terrain est un artiste. Quatre qualités essentielles lui sont indispensables pour lui permettre de tenir toute sa place au sein de sa troupe et commander. Il s’agit entre autres : 1- De l’esprit de sacrifice ; 2- Du courage ; 3- De la bravoure ; 4- Du caractère. Il lui faut impérativement concilier ces quatre qualités pour réussir sa mission. Monsieur le président, la guerre n’a d’autre solution que la guerre. Celle-ci nous a été imposée, tramée de l’extérieur, orchestrée et manipulée par des intelligences non avouées, une agression barbare et inhumaine. Mais o๠sont donc les Généraux, Monsieur le président ? O๠sont donc les officiers ? Nous avons tous déserté, tous disparu sur la pointe des pieds et à  présent nous sommes confinés au fond des chambres, tremblotant au moindre bruit de botte à  la porte, la peur au ventre. Tous les officiers, Monsieur le président, devraient passer cette année devant une cour martiale, pour haute trahison, désertion en temps de guerre et abandon de matériels sur le terrain. Mais le peuple malien ne nous a fait aucun procès, parce que le peuple malien est un peuple indulgent, parce que le peuple malien est un grand peuple. C’’est une honte pour nous cette année d’attribuer des grades et de s’entredéchirer pour des promotions, pendant que le reste du peuple croupit au bas de l’échelle. Mais comme le dit Mao, ancien président chinois : » le ridicule ne tue pas l’homme dépourvu de dignité « . Le grade se mérite, il ne se décrète pas. Qu’avons-nous fait cette année pour le mériter ? Nous avons déserté le front, nous avons fui le combat, nous avons fui devant l’ennemi, abandonnant tout le matériel sur le terrain. Toute promotion en grade cette année, au sein des forces armées et de sécurité, est une insulte à  la conscience du peuple malien. Je n’engage aucun bras de fer avec l’armée qui reste ma famille et mon point d’attache. Je dis les choses telles qu’elles sont. Je mesure toute la portée de mon acte, en tant que soldat, J’en assume l’entière et pleine responsabilité. Ce pays m’a tout donné, en retour je lui dois tout. Et pour le soldat que je suis, ce pays, mon pays est au dessus de toute autre considération. Pour le Mali, nul sacrifice n’est vain. Si je ne peux continuer à  vivre dans l’humiliation et la honte, la mort sera alors pour moi une véritable délivrance. Je suis un soldat, Monsieur le président, tenu par le devoir de réserve, censé obéir aux ordres de ma hiérarchie. Mais voyez-vous, Monsieur le président, je suis d’abord au service et aux ordres de mon peuple avant d’être au service et aux ordres de l’armée. Il faut souvent choisir la désobéissance là  o๠l’obéissance est déshonorante. Dès la diffusion de cette lettre ouverte, on m’enverra sûrement une horde de soldats pour me faire regretter mon acte. Mais les commanditaires d’une telle décision se trompent, car je vis pour un idéal, celui de servir mon pays, en tout temps, en tout lieu, en toute circonstance, sans condition aucune, au prix de ma vie s’il le faut. Aucune force au monde ne peut m’enlever cet idéal. Je suis prêt à  mourir pour le Mali, dans une civière, s’il le faut, pour débarrasser définitivement et complètement mon pays de cette vermine. Donnez-moi Monsieur le président, un char, un B.T.R, un B.R.D.M.2 et un commando de 90 hommes équipés en grenades, lance-roquettes et fusils d’assaut ; donnez-moi ces moyens, Monsieur le président, et je vous donnerai 24 heures pour libérer Douentza et marcher sur Gao. Je jure sur ma lignée peuhle et sur mon honneur de soldat qu’il en sera ainsi, ou l’ennemi marchera sur mon corps. Je mets au défi tout juriste, si éminent soit-il, si émérite soit-il, de condamner mon acte. l’ennemi est-il celui qui prend les armes contre son propre pays, ou celui qui le défend au prix de sa vie ? J’invite tous les patriotes maliens, civils et militaires, convaincus et engagés, à  observer une journée de jeun le lundi 5 novembre 2012 par solidarité avec nos compatriotes du nord, pour partager une journée de souffrance et de douleur avec eux. Pour ma part, J’ai décidé, à  compter de lundi 29 octobre 2012, d’entamer une grève de la faim illimitée: soit l’armée se décide d’engager le combat et d’attaquer avec les moyens disponibles, sans délai et sans attendre les soldats de la CEDEAO, soit on me donne les moyens d’engager le combat tout seul et d’attaquer l’ennemi, ou je meurs sur mon lit. Ces bandits armés ne sont pas invincibles, ils ne sont pas immortels. Ces bandits armés ne sont pas des diables, ce sont des êtres humains comme nous. Pourquoi avoir peur d’eux alors ? Pourquoi avoir peur de les affronter avec les moyens disponibles ? En tout cas, moi, Seydou Moussa Diallo, lieutenant-colonel de mon état, officier supérieur de l’armée de la république du Mali, je dis non au diktat. Je refuse tout compromis tant que ces bandits armés occuperont encore un centimètre du territoire de mon pays. La guerre d’abord, la négociation ensuite. Le bateau-Mali a tangué, mais le bateau-Mali n’a pas chaviré, le bateau-Mali ne va jamais chavirer. Seuls les stupides et les imbéciles osent s’en prendre au Mali. Nous n’échangerons rien contre notre liberté, notre dignité, notre honneur et notre patrie. l’intégrité territoriale de notre pays n’est pas négociable. Nous ne capitulerons jamais. Nous sommes jaloux de notre souveraineté et fiers d’être Maliens. Il faut aimer son pays pour accepter de mourir pour son pays ; il faut aimer le Mali, pour accepter de mourir pour le Mali. Engageons le combat et attaquons l’ennemi avec les moyens disponibles. Les soldats de la CEDEAO nous trouveront sur le terrain. Pour la gloire et la grandeur du Mali, nous vaincrons