Transition: Cheick Modibo Diarra est-il le bon choix?

Attendue depuis quelques jours, la nomination du Premier ministre de transition a eu lieu ce 17 avril. Celui qui va diriger la transition se nomme Cheick Modibo Diarra(CMD), astrophysicien, chef de parti et précédemment candidat à  l’élection présidentielle du 29 avril. Ce choix a été accueilli avec satisfaction par plusieurs acteurs de la crise depuis le coup d’Etat du 22 mars dernier. Satisfaction des « forces vives » Au Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de l’Etat (F, on trouve qu’il s’agit d’ « un bon choix ». Si son vice-président regrette que le Front n’ait pas été consulté, il reconnait « le patriotisme et la capacité technique » de l’homme à  diriger cette transition. Iba N’Diaye d’ajouter qu’il ne doute pas que les défis auquel fait face le pays seront relevés avec la participation de chacun. Quant à  la Coordination des organisations patriotiques du Mali, COPAM, (pro junte), elle pense que cette nomination est un signal fort vers une sortie de crise. Son président, Hamadoun Amion Guindo, salue les nombreuses initiatives de développement entreprises par Cheick Modibo depuis son retour au Mali. Et estime qu’il est le Premier ministre de la situation. Il ajoute que la COPAM reste disponible à  l’accompagner pour réussir le pari. Tous sont donc unanimes sur le choix de CMD, « son parcours, son attachement aux valeurs de société constituent des atouts pour lui ». Autre son de cloche Mais tout le monde n’est pas de cet avis. De nombreux observateurs se veulent en effet plus prudents et craignent, à  travers cette nomination, une « répétition des erreurs du passé », comme dans les années 1990 o๠en pleine crise, on a eu trop confiance aux technocrates. C’’est du moins l’avis du Pr. Balla Konaré, chargé de cours à  la Faculté des sciences juridiques et politiques (FSJP) de l’Université de Bamako. « J’ignore les vraies motivations de ce choix. Mais J’ai compris qu’elles peuvent être d’ordre stratégique. Si tel est le cas, son choix est une erreur. Car les Etats unis ne sont étrangers à  la situation que nous vivons. Ils sont responsables à  part entière de l’invasion de la Libye qui nous a causé une nébuleuse rébellion », analyse l’universitaire. Qui s’interroge sur la légitimité de Cheick Modibo à  occuper ce poste. Le Pr. Balla Konaré, qui craint dans les jours à  venir une crise politique, pense que le nouveau Premier ministre de la transition a d’ « énormes insuffisances sur le plan social qu’il doit corriger ». « Il faut avoir le courage de le dire. Le choix de sa personne n’est pas bon. Car Cheick Modibo a une nationalité américaine. Pis, il n’a aucune base sociale. C’’est un homme de sciences, cela est vrai. Malheureusement qui ne sait rien des vraies réalités du Mali », affirme le Pr. Konaré. La « réhabilitation » de Moussa Traoré ? D’autres observateurs se veulent plus sévères, et pensent que la nomination de Cheick Modibo revêt de facto la réhabilitation de l’ancien dictateur malien, Moussa Traoré, dont il est le gendre. « Techniquement, il est bon. Mais M. Diarra n’a jamais pardonné à  Modibo Keà¯ta (ancien président du Mali) et à  ses camardes d’avoir emprisonné son père. Pendant ces nombreuses années, il n’a d’ailleurs pas caché son mépris pour l’US-RDA. Je crains alors en lui un esprit de revanche sur les tombeurs de Moussa Traoré et certains dignitaires du régime US-RDA », commente pour sa part cet observateur politique sous le couvert de l’anonymat.