A quoi travaille la CVJR ?

Deux ans après sa mise en place, où en sont les travaux de la Commission vérité, Justice et Réconciliation (CVJR)

Au commencement, était la Commission Dialogue et Réconciliation, créée par Dioncounda Traoré, sous la Transition. A peine élu, en janvier 2014, Ibrahim Boubacar Keïta a recadré le projet en ajoutant le mot «Vérité», comme l’avait recommandé le colloque national sur la justice transitionnelle au Mali, tenu en 2013, avant de l’envoyer à l’Assemblée nationale. « Car on s’est rendu compte que tant qu’il n’y a pas la vérité dans cette affaire, il y aura pas la justice et la réconciliation », explique Filifing Diakité, Chargé de mission à la CVJR. Parmi tous les chantiers sur lesquels IBK est attendu, la réconciliation nationale est le plus délicat. C’est en octobre 2015 que la Commission a effectivement commencé à travailler, après la nomination le 03 août 2015, de son Président Ousmane Oumarou Sidibé ainsi que des autres 14 commissaires. Aujourd’hui, elle compte 25 commissaires, 14 chargés de mission, un secrétaire général et des chefs d’antennes régionaux (Bamako, Ségou, Gao, Tombouctou, Kidal).

A en croire M. Diakité, la Commission travaille actuellement à la mise en  œuvre de sa stratégie et son plan d’actions 2016-2018 conformément à son mandat, qui coûtera des dizaines de milliards de francs CFA. Ce plan d’action est issu de la rencontre entre la Commission et les membres de la société civile à Bamako et dans les autres régions, hormis Kidal. Il s’agit, entre autres, d’enquêter sur les cas de violations graves de droits de l’homme individuelles ou collectives commises dans le pays et spécifiquement celles commises à l’égard des femmes et des enfants ; de mener des enquêtes sur les cas d’atteinte à la mémoire individuelle et ou collective et au patrimoine culturel ; d’établir la vérité sur les violations graves des droits de l’homme et les atteintes aux biens culturels ci-dessus cités, en situer les responsabilités et proposer des mesures de réparation ou de restaurations ; de créer les conditions de retour et de la réinsertion sociale des personnes réfugiées et déplacées ; de favoriser le dialogue inter et intracommunautaire, la coexistence pacifique entre les populations et le dialogue, entre l’Etat et les populations ; de promouvoir auprès des communautés le respect de l’Etat de droit, des valeurs républicaines, démocratiques, socioculturelles et du droit à la différence ; de faire des recommandations dans le domaine de la prévention de conflits. Il reste que la CVJR n’échappe pas aux critiques, d’aucuns allant jusqu’à dire qu’elle « n’intéresse plus personne ». « Je n’accuse personne. Les gens ont le droit de penser ce qu’ils veulent. Nous sommes intéressés par tout ce qui se dit. Mais je crois que parler comme cela de la commission est un manque d’information, puisque c’est l’accord de paix signé en juin 2015 qui prévoit son opérationnalisation », repond Filifind Diakité.