Burkina Faso: le parti de Compaoré suspendu

Le grand nettoyage continue et le nouveau régime semble vouloir mettre au placard tous les symboles et représentants de l’ancien pouvoir. Le ministère de l’Administration territoriale a ainsi annoncé la suspension du CDP, le parti de Blaise Compaoré. La Fedap-BC, une association de soutien à  l’ancien président, et l’ADF-RDA, formation qui avait pris position en faveur du projet de modification consitutionnelle, sont aussi suspendues. Et ce, après le limogeage de patrons de sociétés publiques, accusés d’être trop proches du clan Compaoré, et la nationalisation d’une entreprise immobilière appartenant à  l’ancienne « belle-mère nationale », Alizéta Ouédraogo. « Trouble à  l’ordre public » L’arrêté pris par le ministre Auguste Denise Barry, bras droit du Premier ministre Yacouba Isacc Zida, reproche au CDP des « activités incompatibles avec la loi portant charte des partis et formations politiques au Burkina Faso ». Selon ce texte, « en cas de violation des lois et règlements de la république par un parti ou une formation politique et en cas d’urgence ou de trouble de l’ordre public », le Ministre chargé des libertés publiques « peut prendre un arrêté de suspension de toutes activités du parti concerné et ordonner la fermeture de son siège ». Il en est de même pour la Fedap-BC, accusée d’avoir mené des « activités incompatibles avec la loi portant liberté d’association au Burkina Faso ». Le leader du CDP, Assimi Kouanda, et celui de la Fedap-BC, Adama Zongo, sont internés depuis le 5 novembre au camp de gendarmerie Paspanga de Ouagadougou. Ils sont accusés d’avoir publiquement tenu des propos pouvant causer des troubles à  l’ordre publique – Kouanda avait appelé ses troupes à  se défendre en cas d’attaque -, et ont été interpellés et « placés en sécurité » par les militaires en charge de la transition. ———————

Blaise Compaoré trouve refuge dans le royaume chérifien

L’ex-président burkinabè était réfugié à  Yamoussoukro depuis le 31 octobre, jour de sa démission. Blaise Compaoré n’est pas le seul dignitaire africain à  avoir trouvé refuge au Maroc. Si pour l’heure on ignore o๠va résider l’ex-président burkinabè, selon une source à  la présidence ivoirienne, Blaise Compaoré séjournera au Maroc, à  l’invitation du roi Mohammed VI. Le souverain marocain a adressé jeudi dernier un message de félicitations au président intérimaire Michel Kafando au lendemain de sa prestation de serment. Ce n’est pas la première fois que le royaume chérifien accueille des dignitaires africains. Dans les années 60, Mohamed Boudiaf s’est installé à  Kenitra dans le nord de Rabat. Le cadre du FLN algérien séjourna au Maroc pendant près de 30 ans avant d’être rappelé en 1992 pour occuper la présidence de l’Algérie jusqu’à  son assassinat six mois plus tard. Le Maroc a aussi été la dernière demeure de Mobutu. En 1997, le lion du Zaà¯re est admis au Maroc pour des raisons humanitaires. Atteint d’un cancer généralisé, il s’est éteint une semaine plus tard. Sa tombe est toujours visible dans le cimetière chrétien de Rabat. Enfin, en 2009, le Maroc accueillait pendant dix jours le président guinéen Moussa Dadis Camara. Il est hospitalisé dans la capitale marocaine après une tentative d’assassinat par balles pour ensuite trouver refuge au Burkina Faso. l’ex-homme fort de Guinée vit d’ailleurs encore aujourd’hui à  Ouagadougou

Blaise et le glaive…

l’histoire sait jouer des tours à  qui refuse de bien la lire. Le grand médiateur, le gendarme de la sous-région bousculé et obligé de se terrer pour ne prendre la parole que la nuit tombée, qui l’eut cru ! l’officier formé à  Pau en France a réussi à  désintégrer le pays des hommes intègres et la jeunesse africaine d’hier et d’aujourd’hui, ne lui pardonnera jamais la mort de Sankara qui invitait les jeunes à  assumer leur responsabilité. Pourtant, un coup d’œil dans le rétroviseur aurait permis à  Monsieur Blaise le médiateur de savoir que la jeunesse africaine a cessé depuis belle lurette de regarder les matchs des politiques depuis la tribune. Cette jeunesse réclame sa partition et tient à  la jouer. Malheureusement, nos Etats sont dirigés par des hommes souvent en décalage avec les préoccupations et aspirations de leur peuple. Un jeune désireux de parvenir, de se réaliser et point d’emprunter des pirogues pour rejoindre l’eldorado occidental au péril de sa vie, ne reculera pas devant des baà¯onnettes et des fusils. Nos chefs d’Etat gagneraient à  savoir que l’Afrique a fait sa mue. l’Afrique des timoniers et dinosaures qui se fossilisent au pouvoir est derrière nous. l’Afrique des dynasties des révolue. Tout chef d’Etat qui désormais excédé une décennie au pouvoir est exposé à  la vindicte populaire. Le glaive ou la mort Cette vindicte populaire est le glaive qui risque d’emporter Blaise mais le peuple burkinabé ne doit pas être naà¯f. Tel son nom de famille, le tombeur de Sankara sait utiliser ses compas pour faire le grand écart et se maintenir au pouvoir. Un glaive reste suspendu sur la tête des manifestants, des leaders de l’opposition et des militaires sortis des rangs. Si Compaoré réussit la prouesse de rester au pouvoir, les jours à  venir seront sanglants puisque Blaise n’est ni un enfant de C’œur ni un plaisantin. Il aime le pouvoir et n’hésitera jamais à  utiliser la manière forte pour se défaire des trouble-fêtes. Ce qui a emporté Sankara et Zongo Norbert n’épargnera pas les ténors de l’actuelle opposition burkinabé. Au pays des hommes intègres, celui qui croit en la parole de Blaise se leurre car pour avoir éliminé « son ami » à  qui il n’a pas daigné offrir de sépulture décente, est tout sauf intègre alors pourquoi lui tendre la perche ? Les hommes intègres du Burkina tiennent la chance de leur vie qu’aucune médiation ne doit compromettre.

Blaise Compaoré dissout le gouvernement

17H17 : Le président Blaise Compaoré par voix d’un communiqué vient d’annoncer la dissolution du gouvernement tout comme il appelle à  des pourparlers avec l’opposition. Blaise Compaoré affirme aussi avoir entendu le message de son peuple. alors qu’on n’avait pas eu d’écho jusqu’en début d’après midi, de l’homme fort du Burkina Faso, c’est par la voie d’un communiqué que Compaoré va désormais tenter de sauver la situation et engager des négociations pour se maintenir au pouvoir. Le peuple burkinabè et l’opposition politique l’entendront-elles de cette oreille? La question qui se pose désormais est de savoir quel genre de compromis peut être trouvé entre Blaise Compaoré à  qui le peuple a fait une réelle démonstration de force ce jeudi 30 octobre, et ceux qui réclament son départ après 27 ans au pouvoir. Un accord peut-il être trouvé afin que le locataire de Kosyam finisse son mandat dans la tranquillité et promette de rendre le tablier en novembre 2015. Cela afin d’assurer au Burkina Faso une relative stabilité politique dans la sous région et éviter les changements dus à  la chute d’un régime. Un moment, le général Kouamé Lougué avait été cité, mais comme le disent certains observateurs, les militaires au pouvoir, même lors d’une transition ne sont jamais une garantie de stabilité institutionnelle. De son côté l’opposition burkinabè va-t-elle lâcher du lest après la mobilisation des derniers jours et parvenir à  un compromis ou ira t’elle au bout de sa démarche, celle de faire tomber Blaise Compaoré coûte que coûte. Fidèle à  son image d’homme lisse, froid, calculateur et de médiateur des crises africaine, Blaise Compaoré va tenter le tout pour le tout. Et qui sait, réussira-t-il sa sortie ou dans le cas inverse, il se conformera à  la volonté du peuple souverain. Vox populi, vox déi…

Burkina Faso : « Ça passe ou ça casse »

Après la démonstration de force de ce mardi 28 octobre, les Burkinabè sont surs d’une chose, ce jeudi « ça passe ou ça casse ». Ce n’est pas l’homme de la rue qui le dit, mais le chef de file de l’opposition Zéphirin Diabré, qui appelle à  manifester aujourd’hui afin de dire une nouvelle fois non à  la modification de la constitution. Une modification de l’article 37 qui devrait permettre au président sortant Blaise Compaoré de briguer sa propre succession alors qu’en principe son règne de 27 ans doit prendre fin l’an prochain. La fronde populaire a pris de l’ampleur ces dernières semaines, culminant cette semaine avec la manifestation de mardi qui aura réuni au bas mot un million de personnes dans les rues de Ouagadougou. l’Assemblée Nationale doit donc se prononcer ce jeudi sur le texte que le gouvernement lui a soumis la semaine dernière. Si la majorité des trois-quarts des votes n’est pas atteinte, le référendum aura lieu. Mais au regard des récents bouleversements de l’échiquier politique burkinabé, on peut parier que le référendum soit jeté aux oubliettes, privant du coup les burkinabé de leur droit à  s’exprimer. « Inacceptable !» pour les anti-« article 37 » qui battent le pavé depuis des jours. Et pourtant avec le ralliement il y a quelques jours de l’Alliance pour la démocratie et la fédération / Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA), qui compte dix-huit députés, le vote favorable ne fait aucun doute. Pour l’analyste politique Abdoul Karim Sangho, cité par RFI, « les carottes sont presque cuites pour l’opposition politique avec ce ralliement officiel. La CFR, l’autre groupe parlementaire de la majorité, n’ayant jamais marqué son opposition au projet de loi ». Ces dernières semaines, la majorité présidentielle s’est vue confortée du soutien de 99 députés, largement plus que nécessaire pour faire passer la réforme. Et on apprend que les députés favorables au vote ont été internés dans un hôtel proche de l’hémicycle, pour éviter qu’ils ne soient empêchés d’y accéder par la foule qui promet d’en faire le siège. Le printemps burkinabè « Blaise Compaoré a précipité sa chute » affirmait ce mardi un manifestant à  Ouagadougou. C’’est bien le sentiment qu’ont les observateurs de la situation dans le pays. Car, si l’objectif premier des manifestations est bien de faire barrage à  cette modification de la constitution sans référendum, une manœuvre elle-même anticonstitutionnelle en soi, aujourd’hui, nombreux sont ceux qui veulent voir « Blaise » partir une bonne fois pour toutes. Sur la route de Bobo Dioulasso, deuxième grande ville du pays, une statue géante du président a ainsi été déboulonnée, rappelant fort les images d’un certain printemps, il y a quelques années en Tunisie. Pour les leaders de l’opposition, il faut tout simplement annuler la réforme constitutionnelle. Ils soupçonnent en effet, le pouvoir de « soudoyer certains députés afin qu’ils votent en faveur du projet de loi ». Et même si la loi ne passait pas, le référendum qui sera alors organisé ne répondra pas aux normes de transparence et de crédibilité. Mais le printemps burkinabè se veut, pour l’instant, non violent. Manifestations et sit-in, grève du zèle et barrages sur les principaux axes, tous les recours possibles seront exploités et même les plus inhabituels, comme cette « grève du zèle » qui consiste à  travailler avec assiduité pour que le pays ne soit pas bloqué. Une campagne permanente de « désobéissance civile » s’ouvre ainsi avec encore une journée de protestation prévue ce jeudi. . Pour Ablassé Ouédraogo, député de l’opposition à  l’Assemblée nationale, président du parti Le Faso autrement, cette campagne « peut durer des semaines, elle peut durer des mois». Pour Zéphirin Diabré, les choses sont claires. « Notre lutte est entrée en phase finale. Maintenant, ça passe ou ça casse, la patrie ou la mort. Le changement est maintenant ou jamais » a-il affirmé il y a quelques jours. Une détermination partagée par une grande majorité de Burkinabè qui sont bien conscients que ce jeudi, leur pays est à  la croisée des chemins.

Compaoré au Mali: quid de Kidal?

Une information rendue publique seulement 48 heures avant l’arrivée de l’hôte mais qui n’a pas empêché les Maliens d’avoir des attentes en ce qui concerne cette visite. Ceux-ci attendaient de savoir quelle relation existait entre le président IBK et Blaise Compaoré, et surtout quelle suite sera donnée aux fameux accords de Ouagadougou. Mais aussi, pourquoi pas être enfin fixés sur l’éventuel rapprochement entre le n°1 du Burkina et certains groupes armés du nord du Mali comme le MNLA. La visite de « Blaise » tombait donc plutôt bien pour éclairer la lanterne du citoyen lambda. Il va falloir attendre un autre tour « en terre africaine du Mali » de l’homme intègre pour que l’opinion soit informée. Certes, une visite d’état contient des axes incontournables. Les audiences aux différents responsables d’institutions, aux acteurs de la vie politique, etC’… Certes, il aura également rencontré les responsables des différentes structures en charge de la pacification du pays et de sa réconciliation… Blaise, « le sauveur du Mali » ? C’’est en tout cas le regard d’un confrère burkinabé qui affirme dans sa livraison du lundi dernier que Blaise Compaoré avait été sollicité par les Nations Unies pour venir à  la rescousse du processus de paix en panne au Mali. Si tel était le cas, on se serait donc attendu à  le voir aller à  Kidal, sur les traces de son homologue mauritanien, et parler « en live » aux acteurs sur le terrain. Le site d’information a même qualifié les audiences du président d’ « hommage de la société civile du Mali à  Blaise ». C’’est plutôt l’Office du Niger qui a reçu la visite de l’illustre invité. A Ségou, il rencontrera les Burkinabés vivants dans la localité et visitera des exploitations agro-pastorales. Histoire de rappeler les liens humains et économiques qui unissent les deux pays, comme il l’a souligné lors de son allocution au diner offert en son honneur. Il n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler que son pays est heureux de s’associer à  la communauté internationale pour l’instauration de la paix au Mali. Comme dirait l’autre, point-barre. Au-delà  du langage diplomatique, rien n’aura donc filtré de cette visite. Blaise reste-t-il dans le jeu des prochaines négociations avec les groupes rebelles ? Ira-t-il en cavalier seul ou en synergie avec les autres médiateurs ? Comment va-t-il travailler avec le Représentant du Président malien pour le dialogue inclusif ? Pas de réponses, du moins pas encore… Cette visite, la première officielle depuis ce fameux jour de 2012 o๠des manifestants ont empêché son avion d’atterrir à  Sénou, aura au moins le mérite d’avoir ramené Blaise Compaoré sur la scène au Mali. Pour ceux qui pensaient que le Burkina Faso était en disgrâce aux yeux de Koulouba, les 48 heures bien remplies de son président sur le sol malien auront tenté de les démentir.

Fin de la visite du président Blaise Compaoré au Mali

Après trois heures de route, les deux présidents ont été accueillis par les autorités administratives et politiques de Ségou, ville située à  environ 240 km de Bamako. Ils ont eu une rencontre avec les notabilités de la région et se sont rendus dans la zone de production de Kolongo, localité située à  environ 100 km de Ségou o๠est installée une forte communauté burkinabè vivant essentiellement l’agriculture. Les deux chefs d’Etat ont ensuite visité le complexe agro industriel de l’opérateur économique Modibo Keita dont l’ambition est d’aménager 20 000 hectares dans les années à  venir. Mais pour le moment, la culture du riz, de la pomme de terre, du maà¯s ou de l’oignon se fait sur 1000 hectares. Le rendement de la pomme de terre est de 40 tonnes à  l’hectare. Pour le promoteur dudit complexe, cette visite les encourage et leur donne la force de faire beaucoup plus que ce qui a été déjà  fait. Sa doléance est de pouvoir « faire les extensions le plus rapidement possible ». « On est fier et heureux de voir que dans nos pays, de plus en plus de jeunes ont le goût d’aventure industrielle. Nous avons des terres, de l’eau » a affirmé le président malien. A l’instar de M. Keita, le président IBK a invité les jeunes à  « oser retourner à  la terre ». « Nous n’avons que du respect pour cette initiative parce que C’’est une entreprise qui fait la fierté des Africains » a affirmé le président Compaoré. Il a encouragé le promoteur et a souhaité que « d’autres idées puissent éclore à  son niveau afin qu’il accompagne les besoins du Mali et de la sous-région dans le domaine du pastoralisme ». « Je pense qu’il a donné l’exemple que nous n’avons pas besoin d’aller chercher à  manger ailleurs et que sur le continent, si l’on sait s’organiser, nous pouvons construire des capacités de sécurité alimentaire et nutritionnelle » a ajouté Blaise Compaoré. l’hôte du Mali a quitté Bamako peu avant 22 heures.

Edito : Blaise, l’hôte du jour…

La médiation de Blaise Compaoré, désigné par la CEDEAO, au début de la crise malienne en 2012 a connu ses beaux jours pendant la transition. On se souvient de Djibril Bassolé, qui faisait de fréquents allers retours au Mali, pour tenter de convaincre l’ex junte au pouvoir de céder le pouvoir. A ce moment là , le Burkina était le médiateur tout attitré pour aider le Mali à  retourner à  l’ordre constitutionnel. Ce fut donc chose faite ! A suivi l’élection présidentielle de sortie de crise sanctionnée par la victoire d’Ibrahim Boubacar Keita. Depuis, la donne a quelque peu changé pour Ouagadougou. A Blaise Compaoré, il a souvent été reproché de ménager les rebelles du MNLA, dont beaucoup se sont établis dans la capitale burkinabè. En dépit des accords du 18 juin 2013, signés à  Ouagdougou sous l’égide de Compaoré, et qui n’arrivent toujours pas à  trouver leur application sur le terrain au Nord du Mali, une partie de l’opinion a estimé que le Burkina n’était pas vraiment du côté du Mali. Pourquoi ? A travers Blaise, les capacités de réaction militaire de la CEDEAO et de la force africaine MISMA, ont été fustigées, quant les Français n’ont pas attendu pour intervenir au Mali en janvier 2013. Pis, on ne digère pas pourquoi le médiateur burkinabè ne fait pas davantage pression sur les chefs de file du MNLA pour exécuter les dispositions de l’Accord de Ouagadougou, à  savoir le cantonnement, le désarmement et la démobilisation. Enfin de compte, un seul médiateur suffit-il au Mali ? Les autorités maliennes ont compris depuis longtemps, qu’il y avait d’autres interlocuteurs en face. A commencer par la Minusma qui s’est impliqué dans la préparation d’une partie du dialogue. Ainsi que d’autres médiateurs potentiels comme le Roi du Maroc, qui avait reçu une délégation du MNLA ou encore le président en exercice de l’Union Africaine, le mauritanien Ould Abdel Aziz, qui s’est particulièrement impliqué pour obtenir un cessez-le-feu à  Kidal en mai dernier. Sans oublier l’Algérie qui va superviser une partie du dialogue préparatoire. « Le Mali mobilise toutes les attentions, la communauté internationale s’est beaucoup investie », signalait un diplomate. l’arrivée de Blaise à  Bamako, vise t’elle à  le remettre en orbite en tant que médiateur attitré? Ou à  dissiper une bonne fois pour toutes la soi disante brouille entre Bamako et Ouaga ? A quelques jours de pourparlers préparatoires d’Alger, cette visite se veut sans doute, une manière de ne pas rompre le fil avec la CEDEAO et de sécuriser tous les contours du dialogue intermalien : « J’aimerais pouvoir rencontrer le président Boubacar Kéita et, avec aussi les forces vives, la classe politique malienne, pour voir comment nous pouvons une fois encore nous créer les conditions d’un dialogue fécond », a donc déclaré Blaise Compaoré en prélude à  cette visite. Nous y reviendrons !

Burkina Faso: qui pour faire la médiation au CDP ?

Par une lettre ouverte datée du 4 janvier 2014, le conseiller politique du CDP et d’autres de ses camarades membres du Bureau politique national ont signifié leur désapprobation face à  la gestion du parti. Les cadres ainsi que de nombreux militants ont démissionné en accusant le parti d’avoir fait « disparaà®tre » la démocratie de son fonctionnement, et dénoncent les tentatives du pouvoir « d’imposer » la mise en place d’un Sénat dans le but de réviser l’article 37 de la Constitution qui limite à  deux le nombre de mandats présidentiels consécutifs. Ce qui empêche actuellement le président Compaoré de se représenter en 2015. « La démocratie ayant disparu au sein du parti au pouvoir, elle ne peut qu’être menacée au niveau national (…) Au lieu d’engager un débat préalable sur des questions controversées, nous sommes en train d’assister à  des tentatives de la mise en place du Sénat aux forceps et à  des velléités de réviser la Constitution en vue de sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels dans un contexte o๠le peuple est profondément divisé » ont déclaré ces cadres. Parmi les démissionnaires, il y a l’ancien président du parti et de l’Assemblée nationale, également ex-Premier ministre (de 1994 à  1996), Roch Marc Christian Kaboré, mais aussi l’ancien maire de Ouagadougou, Simon Compaoré, ainsi que l’ex vice-président du CDP et ancien ministre et conseiller spécial du président, Salif Diallo. Tous ces ténors ont été écartés de la direction du parti lors du cinquième congrès du CDP, en mars 2012. Ils ambitionnent de se regrouper sous la bannière d’un nouveau parti politique. Au pouvoir depuis 1987, Blaise Compaoré a joué le rôle de médiateur au Togo, en Côte d’Ivoire, au Mali. Pourra t-il faire bénéficier son expérience de médiateur à  son parti?

Mali : Compaoré « reste médiateur » dans la crise, assure IBK

Ibrahim Boubacar Keà¯ta dit « IBK » qui fait une tournée africaine qui l’a déjà  conduit au Tchad et en Côte d’Ivoire, s’est longuement entretenu avec M. Compaoré au palais présidentiel de Ouagadougou. « Je suis ici aujourd’hui en tant que président élu du Mali pour un devoir élémentaire de reconnaissance à  l’endroit d’un frère (…) qui a accepté la lourde responsabilité d’assurer la médiation dans la crise multiforme que notre pays a connue », a affirmé à  la presse M. Keà¯ta, soulignant que les « Maliens dans leur pire cauchemar n’ont jamais pensé à  une telle crise ». M. Compaoré « restera à  mes côtés, il sera reconduit, il n’a même pas le choix », a-t-il dit sur le ton de la plaisanterie. Sous l’égide de M. Compaoré, nommé médiateur par l’Afrique de l’Ouest dans la crise malienne, Bamako et les rebelles touareg ont signé le 18 juin un accord préliminaire qui a permis l’organisation de l’élection présidentielle sur toute l’étendue du territoire malien y compris à  Kidal, ville du nord-est du Mali occupée par les Touareg après l’intervention française qui a chassé les djihadistes de la région. Selon l’accord, ces discussions doivent reprendre entre le nouveau pouvoir et les Touareg « 60 jours » après la formation du nouveau gouvernement pour définir l’avenir du nord Mali, appelé Azawad par les Touareg qui souhaitent son autonomie. Par ailleurs, IBK a catégoriquement exclu l’entrée dans son gouvernement du capitaine Ahmadou Sanogo, auteur du putsch qui a chassé le président Ahmadou Toumani Touré « ATT » du pouvoir en mars 2012 et précipité le Nord du Mali entre les mains des groupes armés touareg alliés à  l’époque des groupes djihadistes et d’Al-Qaà¯da au Magrheb islamique (Aqmi). Sanogo ne sera « pas dans mon gouvernement dans tous les cas », a asséné celui qui est présenté comme un homme à  poigne dans son pays. M. Compaoré, bientôt 26 ans au pouvoir, a affirmé qu’il avait de « bons préjugés » sur le président élu malien et lui a souhaité « bonne arrivée à  ce poste ». © 2013 AFP

Le président Blaise Compaoré entame des concertations sur Kidal

Après des longues semaines de préparation, les concertations sur le sort de la ville de Kidal doivent commencer ce lundi à  Ouagadougou sous l’égide de Blaise Compaoré, médiateur régional pour la crise malienne. Bilal Ag Acherif, le chef du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), et Tiébilé Dramé, émissaire des autorités de Bamako pour le Nord du Mali, sont arrivés hier dimanche 26 mai à  Ouagadougou. « On aura des discussions avec chacun d’eux pour voir si un accord est possible », a déclaré un conseiller du président burkinabè. Prévue en juillet, l’élection présidentielle au Mali elle est suspendue à  une solution à  Kidal (nord-est). Cette ville est en effet occupée par le MNLA et un autre groupe armé touareg, le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), qui refusent le retour de l’armée et de l’administration maliennes. Selon le conseiller du chef de Blaise Compaoré, Tiébilé Dramé devrait être reçu ce lundi à  « 11h00 » (locales et GMT) par le chef de l’à‰tat burkinabè. « C’est toujours le même schéma : on aura les consultations séparées avec les parties, ensuite il y aura des discussions avec les partenaires et finalement un dialogue direct » entre les différents protagonistes, a expliqué cette source, citant la France, l’ONU et l’Union africaine comme « partenaires ». Le MIA à  la table des négociations Le secrétaire général du MIA, Algabass Ag Intalla, a indiqué qu’il se rendrait à  Ouagadougou « dans la semaine » à  l’invitation de la médiation au nom du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), organisation qui veut fédérer tous les groupes armés encore installés dans le Nord. Le MNLA, groupe touareg autonomiste et laà¯c, avait conquis en 2012 le Nord du Mali avec des islamistes armés, qui en ont ensuite évincé ces rebelles touaregs. L’opération Serval menée par la France et des troupes africaines depuis janvier a permis de reprendre le contrôle du Nord aux jihadistes tels Aqmi ou Ansar Eddine, dont le MIA est une dissidence. Médiateur pour le compte de la Communauté économique des à‰tats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le président Compaoré avait mené l’an dernier de longues négociations avec le MNLA et Ansar Eddine. Sa médiation avait finalement été suspendue en raison du déclenchement des opérations militaires.

Crise malienne : les négociations aux calendes burkinabé

Aux premières heures de la crise au Mali, C’’est le président Blaise Compaoré qui a eu la confiance de ses pairs de la sous-région pour mener la médiation entre les différents protagonistes. Après le coup d’Etat du 22 mars dernier, le pays des hommes intègres était devenu le vestibule des hommes politiques maliens pour arrondir les angles en vue de la bonne marche de la phase intérimaire puis transitoire. Ce qui a d’ailleurs eu le don d’agacer certains qui estimaient que le linge sale du Mali devait se laver en famille. l’on se rappelle le ballet des hommes politiques, autour des rencontres appelées Ouaga I et Ouaga II. Tout comme les Maliens s’étaient bien familiarisés avec le visage du représentant du Médiateur en la personne du Burkinabé des Affaires étrangères, Djibril Bassolé, avait réussi à  convaincre les militaires à  lâcher du lest par la signature de l’accord-cadre avec la CEDEAO, marquant ainsi le retour à  la vie constitutionnelle normale. Des visions finalement inconciliables Pour rapprocher les lignes entre les occupants du nord Mali et l’autorité centrale, Blaise Compaoré était aussi monté sur ses grands chevaux pour trouver un « gentleman agreement » entre les différentes parties. Dans ce cadre, des rencontres avaient eu lieu avec des positions pour le moins tranchées de part et d’autre. D’un côté, l’Etat malien intransigeant sur le caractère laà¯c du pays et l’intégrité territoriale. De l’autre côté, le MNLA, qui cherche à  cor et à  cri une indépendance avant d’en arriver à  une autodétermination, et le groupe Ançar dine obnubilé par l’idée d’appliquer la charia. Ces négociations étaient fortement critiquées par une bonne partie de la population malienne qui jugeait le MNLA et Ançar dine infréquentables. Le premier pour avoir trahi le pays en étant à  l’origine de son invasion par les islamistes et autres narcotrafiquants, le second pour ses actes odieux et inhumains. Il faut signaler que nombreux sont les Maliens qui trouvaient en Blaise un médiateur plutôt zélé, qui développerait des sympathies pour le MNLA par exemple. C’’est justement dans le cadre de ces négociations que les autorités maliennes devaient rencontrer des membres d’Ançar dine autour de la table à  Ouagadougou d’abord le 10 janvier avant d’être repoussé au 21. C’’était compter sans l’humeur belliqueuse de Ancar dine et le MUJAO qui ont sonné la charge de nouveau par l’attaque de Konna le jeudi 10 janvier dernier au niveau de la ligne de front. La suite est connue, les hostilités sont ouvertes avec l’intervention française du reste avalisée après coup par la communauté internationale. Les négociations sont stoppées net comme la percée des djihadistes à  Konna. Alors question: Blaise a-t-il perdu la main ? En tout cas, les djihadistes semblent bien lui couper la main. En effet, même le Burkina Faso a varié sur l’option des négociations en évoquant une intervention militaire plus que jamais nécessaire. Mieux, le Burkina enverra des troupes au Mali pour mener le combat contre ceux-là  qu’il croyait fréquentables il y a peu. l’attaque de Konna a permis d’édifier les derniers sceptiques sur les intentions inavouées des fous de Dieu. Aujourd’hui beaucoup d’observateurs estiment que l’aval de la communauté internationale est la preuve patente que les négociations doivent être mises sous le boisseau. Du moins, pour le moment…

« La démission du Premier ministre malien ne doit pas nous poser des difficultés particulières »

Depuis son pied-à -terre de Koudougou, o๠il a pris part à  la commémoration du 52e anniversaire de l’indépendance du Burkina, le président du Faso, Blaise Compaoré, par ailleurs médiateur de la CEDEAO dans la crise malienne, a tenu à  se prononcer sur les récents évènements au Mali. « Nous avons d’abord été inquiets, comme l’ensemble de la Communauté internationale, parce que le processus qui a conduit au départ du Premier ministre n’a pas suivi les règles de droit », a-t-il indiqué. Une situation qui n’a cependant pas surpris le médiateur. Car « si vous vous souvenez, J’ai eu plusieurs fois à  attirer l’attention du monde sur le manque de cohérence, de visibilité dans les choix politiques de l’Etat malien. Cela pouvait bien sûr conduire à  des situations plus graves que celles que nous avons pu vivre ces derniers jours », a-t-il ajouté. Fort heureusement le pire a été évité. Et pour le chef de l’Etat, il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour la suite de la médiation. « Les contacts que nous avons toujours eus avec le président Dioncounda indiquent que le président malien est entièrement disposé à  travailler avec nous sur le processus de paix que nous conduisons. Donc je ne pense pas que nous allons avoir des difficultés particulières », foi de médiateur. Mais pour Blaise Compaoré, sa préoccupation a toujours été le répondant du côté de Bamako. « Je me dis que ce qui était difficile était de ne pas savoir avec qui discuter à  Bamako. Je crois que C’’est ce qui a causé le plus de problèmes », ce qui explique que le président du Faso fonde ses espoirs sur le nouveau Premier ministre, Diango Cissoko. « Nous espérons que cette fois-ci le droit constitutionnel a indiqué l’homme qui doit être à  la tête des orientations pour ce dialogue avec les mouvements rebelles », a souhaité le président du Faso. Sur le rôle de la communauté internationale dans la résolution de la crise malienne, Blaise Compaoré s’est voulu clair. « Nous attendons que les Nations unies clarifient la place de la Communauté internationale qui, pour nous, doit être aux côtés du Mali », a-t-il indiqué.

La 3ème licence bloquée par un conflit d’actionnaires

Dix mois après l’attribution de la troisième licence malienne, le conflit entre Cesse Kome et Apollinaire Compaoré, les deux actionnaires du consortium vainqueur, s’envenime. 50 millions d’euros sont bloqués. Rien ne va plus dans le processus d’attribution de la troisième licence téléphonique au Mali. Cesse Kome et Apollinaire Compaoré, les deux actionnaires du consortium désigné vainqueur * en janvier dernier (Alpha Telecom Mali), ont d’abord eu à  souffrir de la crise politique dans le paus, qui a rendu plus compliqué la levée des fonds nécessaires au paiement de la licence (84 millions d’euros). L’à‰tat avait alors logiquement accordé un nouveau délai au consortium pour verser les sommes. Depuis, le conflit ouvert entre le malien Cesse Kome et le burkinabè Apollinaire Compaoré s’est envenimé. « Il y a un niveau d’animosité absolument incroyable entre eux », souligne un proche du dossier. Résultat : le premier versement, de 33 milliards de F CFA (une cinquantaine de millions d’euros), prévu le 15 octobre dernier, a échoué. « En août dernier, devant le conflit actionnarial, l’à‰tat a demandé aux deux actionnaires de payer séparément les sommes dues, à  hauteur de leurs participations dans le consortium, explique un financier. Les deux ont accepté par écrit. » Selon cette règle, Apollinaire Compaoré, détenteur d’environ 60% du capital d’Alpha Telecom Mali, devait verser le 15 octobre une vingtaine de milliards. Cesse Kome amenant le solde. Cesse Kome out ? « Apollinaire Compaoré s’est présenté avec 28 milliards, se rappelle un témoin présent le 15 octobre. Cesse Kome n’a rien apporté du tout. » Une semaine plus tard, l’homme d’affaires burkinabé dont la surface financière est large (il possède notamment Telecel Faso et est actionnaire minoritaire dans MTN Côte d’Ivoire) a apporté les 5 milliards manquants pour atteindre le premier versement de 33 milliards. « Il a du coup réclamé l’attribution de la totalité de la licence », souligne un proche du dossier. « Le gouvernement malien tente d’écarter Cesse Kome, rétorque un proche de ce dernier. « Il était clair pourtant qu’Apollinaire Compaoré devait apporter 33 milliards le 15 octobre et Cesse Kome 22 milliards dans les mois suivants », ajoute-t-il pour expliquer l’absence de versements de Cesse Kome le 15 octobre dernier. Résultat : l’à‰tat malien se retrouve devant une situation très complexe. Soit il attribue la licence uniquement à  Planor, la société d’Apollinaire Compaoré, mais risque d’être attaqué par Cesse Kome. Soit il annule l’ensemble de la procédure d’attribution mais risque d’être mis en cause par les deux parties… « L’à‰tat devrait trancher en faveur de Planor, souligne un financier. Il a apporté les fonds, ce qui n’est pas le cas de Kome. Or, le Mali a besoin de cet argent dans la situation difficile qu’il traverse. » à€ ce jour, l’à‰tat semble toutefois vouloir pousser les deux hommes d’affaires à  trouver un terrain d’entente… Mais jusqu’à  quand ?

Mali : la diplomatie au service de l’intervention militaire

Les négociations avec une partie des islamistes qui contrôlent depuis sept mois le nord du Mali en y appliquant une charia brutale ont-elles franchi une nouvelle étape ce week-end? Oui, si l’on en croit les premières informations ayant filtré d’une rencontre, samedi, au Burkina Faso avec des responsables d’Ansar Dine, l’un des trois groupes extrémistes implantés dans la région. Pressé par le président burkinabé, Blaise Compaoré, de rompre avec ses alliés djihadistes d’Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique) et du Mudjao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest), Ansar Dine a affirmé à  Ougadougou son «indépendance» et sa volonté de «négocier» pour la paix. La veille, des représentants du mouvement s’étaient également rendus à  Alger, qui pousse une solution négociée au Mali. Selon le quotidien algérien El Watan, «il n’est pas exclu» que ces nouveaux pourparlers «débouchent rapidement sur une prise de distance publique par rapport à  Aqmi et au Mujao». Paradoxalement, cette ouverture diplomatique ne remet pas en cause l’intervention militaire activement préparée par les pays de l’Ouest africain, soutenus sur le plan logistique par la France et les à‰tats-Unis, pour rétablir l’autorité de Bamako au nord du pays et éradiquer al-Qaida de la région. Au contraire, elle pourrait même l’aider. Indispensable soutien algérien Les partisans d’une opération militaire, France en tête, sont en effet conscients que l’utilisation de la force ne sera efficace que si elle s’appuie sur des alliés locaux, capables de pérenniser dans le temps les effets de l’intervention. C’est-à -dire, concrètement, d’empêcher la reconstitution d’un sanctuaire terroriste dans la région. Si Ansar Dine – mouvement composé de Touaregs maliens, contrairement à  ses alliés Aqmi et Mudjao qui s’appuient sur les djihadistes étrangers – accepte de rentrer dans le rang, la partie militaire n’en sera que plus facile à  jouer. Quel que soit leur résultat, les négociations avec Ansar Dine et son chef, Iyad ag Ghaly, facilitent également le versant diplomatique de l’affaire malienne. Acteur incontournable de la crise, l’Algérie n’a jamais été très favorable à  l’intervention militaire. Citant une source algérienne «autorisée», El Watan estime que l’objectif d’Alger est aujourd’hui de «remettre les Touaregs dans le jeu politique, isoler et affaiblir les terroristes en prévision de leur traitement en termes sécuritaires». Le soutien à  l’intervention internationale du grand voisin algérien, de son armée, de ses services de renseignements et de sa longue expérience avec le GIA (Groupe islamique armé), l’ancêtre d’Aqmi, est jugé indispensable par ceux qui planifient l’opération. Washington et Paris travaillent main dans la main à  son ralliement. Que les promesses du mouvement djihadiste soient ou non suivies d’effets, les autorités algériennes auront en tout cas été au bout de leur démarche vis-à -vis d’Ansar Dine, avec qui elles entretiennent des liens. Elles pourraient se considérer désormais libres de changer leur position…

Blaise rate son grand oral à la Francophonie…

l’interview de Blaise Compaoré lors du Sommet de la Francophonie à  Kinshasa a de quoi laisser perplexe. Si le Mali dit être la CEDEAO, comme l’affirment beaucoup d’élus et de politiques Maliens, il semble que la CEDEAO n’ait pas encore totalement fait sien le cas malien. C’’est un Blaise Compaoré largement imprécis et langue de bois qui est apparu face aux questions épineuses des journalistes de TV5 Monde, RFI et Le Monde. A la question de savoir si ces 45 jours suffiront à  définir les contours précis d’une offensive militaire contre les islamistes au Nord Mali, comme le veut la résolution de l’ONU, le médiateur de la CEDAO, s’est contenté de répondre imperturbable, qu’il attendait comme tout le monde, les informations de Bamako… Le décor est planté. Ensuite face aux menaces auxquelles fait face le Sahel, Blaise Compaoré a reconnu que la menace est réelle, d’origine terroriste et mafieuse, sans pouvoir donner une réponse claire de la position des Etats Africains à  endiguer ce fléau sous-régional Il a ensuite platement répondu aux fieffés journalistes, que oui, la région était un corridor des trafics en tous genres, avec un haussement de sourcils. Si un émissaire spécial pour le Sahel a été mandaté par l’ONU, il trouverait en la personne du médiateur de la CEDEAO, un bien piètre interlocuteur . Dès lors, on comprend l’empressement des brebis égarées du MNLA à  s’enfoncer dans les fauteuils mous de Ouagadougou. Plus prompt à  parlementer avec des mouvances rebelles, le médiateur se justifie arguant que : «Â  cela constitue un dialogue politique important en vue de les déconnecter avec la mouvance AQMI.. ». Compaoré lâche enfin que tôt ou tard, si la négociation ne marche pas, il faudra riposter… De guerre lasse sans doute ! Quand à  envoyer des hommes à  Bamako, non il n’y aura pas de «Â forces extérieures au Mali, C’‘est l‘affaire des Maliens». Eh oui, on continue de tourner en rond Pour celui, qui se dit médiateur de crises, depuis près de vingt ans au pouvoir, l’exercice de communication a été «Â pathétique ». En regardant en arrière, l’homme du Faso pourrait s’inspirer de pairs audacieux comme le furent Omar Bongo ou Oluségun Obasanjo en leur temps, au lieu d’envoyer à  tout bout de champ des émissaires à  Bamako ou à  recevoir les groupes sécessionnistes comme le MNLA, en se détournant du fond du problème. l’usure du pouvoir a-t-elle fini par avoir raison de sa clairvoyance ? Ce qui pourrait bien pousser le Mali à  se braquer une fois de plus face à  l’incompétence de la CEDEAO. Non, Blaise, tu ne nous sortiras pas de l’auberge… 45 petits jours pour se décider… Le délai voulu par la Résolution des Nations Unies pour autoriser une intervention militaire au Nord Mali peut-il suffire à  des parties aux positions divergentes sur la sortie de crise ? Aucune réaction des autorités de transition sur cette résolution dans laquelle il est clairement demandée : « les moyens et modalités du déploiement envisagé et, spécialement, le concept d’opérations, les capacités de constitution de la force, ses effectifs et son coût financier ». l’ONU qui a des réserves, mais a tout de même voté la résolution appuyée par la France, encourage même toutes les instances mondiales, l’Union africaine et l’Union européenne, à  mettre leur expertise à  la disposition d’Abuja…Expertise du reste, qui risque bien de rester en suspens tant les préoccupations des acteurs de la crise, sont loin de celles demandées par l’instance onusienne. Qui veut la paix prépare la guerre, dit le proverbe. Si le Mali n’est pas en phase avec ses pairs africains. A qui la faute ? Mais, il est juste de penser que ces 45 jours risquent bien de ne pas suffire à  donner un schéma complet d’une éventuelle opération militaire au Nord Mali. Dans l’hypothèse, exceptionnelle, o๠le sursaut viendrait, il ne faut pas s’attendre à  un déploiement avant au moins six mois. En attendant, les populations du nord devront prendre leur mal en patience, et Bamako battre le pavé jusqu’à  ce qu’action s’en suive ! Parce qu’aux avant postes du nord, les militaires et les volontaires trépignent déjà Â…

Blaise Compaoré à l’Elysée, un médiateur controversé dans la crise malienne

François Hollande, qui poursuit ses rencontres avec les grands dirigeants africains au sujet de la crise malienne, recevait ce mardi après-midi Blaise Compaoré, président du Burkina Faso depuis 25 ans et médiateur de la CEDEAO pour le Mali. Plusieurs organisations se sont réunies la veille pour protester contre cette « médiation à  la française ». A l’initiative de l’association Survie qui se bat depuis de longues années contre la Françafrique, ce rassemblement contre la venue du président burkinabè a reçu le soutien du Front de Gauche et du Collectif des Maliens de France pour la Paix. Une petite cinquantaine de personnes était présentes, un résultat satisfaisant pour Survie, dans la mesure o๠«nous n’avons pu lancé l’appel que samedi, et l’annonce de la venue de Compaoré a été faite seulement lundi matin sur le site de l’Elysée» explique Danyyel Dubreuil de Survie, dénonçant « un manque d’information criant de la part de l’Elysée, qui nous laisse très peu de marge de manœuvre». « Compaoré trop compromis pour être médiateur » Un changement immédiat de médiateur dans la crise malienne est réclamé à  l’unisson par les intervenants. Officiellement, Compaoré se pose en garant d’une stabilité démocratique et d’une certaine justice dans la région. Ce qui plaà®t à  Paris. « Dans la réalité, il ne fait que maintenir la Françafrique et défendre les intérêts des puissances occidentales et françaises dans la région », explique Danyel Dubreuil. Imposé par la CEDEAO pour résoudre la crise malienne, Compaoré se fait le relais d’une « médiation à  la française » qui ne ferait qu’empirer la situation. « C’’est un dictateur, en place depuis 25 ans et compromis dans de nombreuses affaires politiques et criminelles non résolues, comme l’assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara et plus récemment le procès du libérien Charles Taylor, au cours duquel il a régulièrement été cité » poursuit-il. Marine Malberg, membre du Collectif Afrique du PCF rappelle que la demande d’enquête parlementaire concernant la mort de Thomas Sankara est toujours en attente de réponse, ainsi que son soutien à  la veuve de ce dernier. « Une intervention militaire au Nord-Mali serait inacceptable» Après la guerre en Lybie, le problème de l’ingérence des états européens dans les crises africaines est donc vivement relancé. « Le peuple malien, qui n’a pas été consulté sur l’éventualité d’une intervention militaire, refuse l’idée d’une coalition armée des pays de la région. La solution de la crise malienne doit provenir des Maliens eux-mêmes. Seule une intervention soumise à  la légalité internationale, composée par exemple de casques bleus pourrait éventuellement être tolérée », affirme Pierre Boutry du Parti de Gauche, pour qui «la dynamique de redéploiement militaire français dans la région est inquiétante, notamment au Burkina Faso o๠le réinvestissement de certaines bases militaires a d’ores et déjà  été acté ». Le président Hollande sous surveillance Pour les organisations réunies lundi soir, cette visite signifie le soutien de Hollande au président burkinabè qui « a pourtant à  répondre pour ses actes devant le Tribunal Pénal International» selon les slogans repris en coeur. La déception est pour l’instant à  la hauteur des attentes suscités par l’élection du nouveau président. Deux mois après la visite du gabonais Ali Bongo, l’attention est à  présent tournée vers la visite prochaine de Hollande à  Joseph Kabila au Congo Kinshasa lors du Sommet de la Francophonie. Ces rencontres à  répétition de l’hôte de l’Elysée mettent chaque fois à  mal sa promesse de ruputure avec la Françafrique, inscrite dans son programme de campagne.

Mali: la médiation poursuit ses discussions avec les islamistes d’Ansar Dine

« Nous poursuivons les échanges avec eux pour mieux leur expliquer notre position et celle de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédeao) », a indiqué à  l’AFP un proche de M. Compaoré venu retrouver la délégation dans un grand hôtel de la capitale. A l’issue d’une rencontre lundi avec M. Compaoré, médiateur de la Cédéao, la délégation d’Ansar Dine avait annoncé accepter la médiation du président burkinabè qui, de son côté, a appelé ce groupe à  rompre avec les « terroristes » d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), ses grands alliés dans le Nord malien. « Nous demandons au monde de nous comprendre, (. . . ) nous nous battons au nom d’Allah. Nous, on n’est pas Al-Qaà¯da. L’islam interdit de prendre quelqu’un en otage » ou de prendre « l’argent de la rançon d’un otage », a assuré à  l’AFP Cheick Ag Wissa, porte-parole de la délégation islamiste. Une délégation du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), la rébellion touareg supplantée dans le nord du Mali par les islamistes, se trouve aussi à  Ouagadougou. Des envoyés du MNLA, mouvement d’idéologie sécessionniste et laà¯que, avaient rencontré M. Compaoré le 9 juin. « Rien ne peut sortir de nos discussions tant qu’Ansar Dine réclame l’application de la charia (loi islamique) et le jihad (guerre sainte) », a affirmé à  l’AFP Magdi Ag Bohada, responsable du MNLA à  Gao, une grande ville du Nord malien. Il a ajouté que son groupe avait « confiance » dans le Burkina Faso mais non dans les autorités maliennes. La médiation souhaite arriver à  un « agenda global de sortie de crise » qui se concluerait par des négociations entre groupes armés occupant le Nord malien depuis fin mars, communautés de la région et autorités de Bamako. Pendant ce temps, la Cédéao prépare l’envoi éventuel d’une force de quelque 3. 300 hommes au Mali. La France a dit mardi s’attendre à  une décision rapide du Conseil de sécurité de l’ONU soutenant ce projet de l’Union africaine et de la Cédéao.

Que peut-on vraiment négocier avec les islamistes d’Ansar Dine?

Des émissaires du groupe islamiste Ansar Dine (…) à  Ouagadougou. Même si aucune confirmation officielle n’en a été donnée, on se demande bien pourquoi cette frange de la rébellion du Nord-Mali a choisi de sortir maintenant du bois, au lendemain même de la rencontre des chefs d’états-majors de la Cédéao à  Abidjan. Ansar Dine se sentirait-il menacé et isolé, au point de devoir se déplacer à  Ouagadougou pour négocier, étant donné la probabilité d’un conflit sous-régional? Peu d’informations ont filtré quant à  la composition de la délégation des islamistes. Encore moins sur la durée du séjour et sur un éventuel entretien avec le président Blaise Compaoré, médiateur officiel de la Cédéao dans la résolution de la crise malienne. Des interlocuteurs infréquentables On ignore ce que veulent bien les islamistes qui occupent illégalement la partie septentrionale du Mali et actionnent la machine de la charia sur ce territoire. Le groupe Ansar Dine exerce de multiples exactions et brimades sur des groupes de populations vulnérables dont les femmes et les jeunes. Outre la répression, on lui reproche d’être à  l’origine de l’introduction, dans la sous-région, d’individus peu recommandables comme les narcotrafiquants et des terroristes venus de pays étrangers au continent. Cette complicité, ajoutée à  la mise en application aveugle de la charia, a sérieusement contribué à  discréditer l’organisation d’Ansar Dine aux yeux des masses ouest-africaines. Celles-ci, très religieuses, sont soucieuses du respect de leurs traditions et des valeurs humaines que véhiculent leurs cultures depuis des temps immémoriaux. Mais pourquoi recevoir ce groupe jugé non recommandable et aujourd’hui en apparence soucieux de mieux se faire connaà®tre? Il a toujours été dit que la porte du dialogue reste ouverte. Aussi ne doit-on pas exclure de les recevoir, au nom de la paix et de la culture démocratique. Même si eux savent bander du muscle et sortir des griffes. Il faut les recevoir en espérant qu’ils seront prêts à  s’amender. Car, eux et leurs alliés méritent d’être jugés par la Cour pénale internationale (CPI), pour les actes posés. De fait, de quels droits un groupe d’individus non élus peut-il s’approprier des préceptes religieux pour soumettre des groupes de populations paisibles, dans un pays souverain, reconnu au plan international comme étant une République indivisible, laà¯que et ayant choisi de vivre en démocratie? Quelles sont les raisons de ces pourparlers? Pour l’exemple, en aucun cas cette agression des institutions républicaines ne devra rester impunie. Ansar Dine et autres doivent comprendre qu’il leur sera très difficile de convaincre l’opinion ouest-africaine du bien-fondé de l’Islam dont ils sont promoteurs. Encore moins lorsqu’ils s’acoquinent avec des sécessionnistes! Par leurs pratiques, ils ne feront que du tort à  cette religion qui a trop souffert de l’égarement de certains prétentieux. N’empêche, il faut les recevoir tout en demeurant vigilant. C’’est pourquoi une foule de questions taraudent les esprits. Qui est donc à  l’initiative d’une telle rencontre? Ansar Dine? Le médiateur, de façon unilatérale? s’il s’agit d’une initiative du médiateur, à  quel jeu jouerait-il? A moins qu’il n’y ait eu concertation entre la médiation et la Cédéao. On se rappelle, l’organisation sous régionale avait recommandé de négocier avec tous les groupes rebelles, à  l’exclusion des organisations terroristes dont celles d’Ansar Dine. Pourquoi donc le Burkina Faso a-t-il accepté de recevoir les islamistes qui sèment la terreur dans le Nord-Mali ? En le recevant à  Ouagadougou, le médiateur se sentirait-il redevable après le rôle joué par Ansar Dine dans la libération d’une otage suisse il y a quelques mois? Ansar Dine serait-il devenu fréquentable et partenaire au point d’envisager des actions similaires? En tout cas, ce mouvement doit en savoir beaucoup sur la situation des otages français au Mali. Il détient de ce fait une arme entre les mains. Une donne que n’ignore pas le médiateur… La stratégie de l’usure Ansar Dine cherche aussi à  miser sur le temps. Tout en donnant l’air de vouloir négocier, le groupe pourrait en même temps fourbir les armes. Car, il doit se rendre à  l’évidence: par ses pratiques anachroniques, il s’est fait aujourd’hui plus d’ennemis que d’amis en Afrique de l’Ouest. Chercher par ces temps-ci à  se repositionner semble bien trop tard. En tout cas, ses tentatives de négociations semblent plutôt viser à  déstabiliser la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) déjà  sur le sentier de la guerre. Ansar Dine voudrait brouiller les cartes, confondre le médiateur et la Cédéao qu’il n’aurait pas mieux fait. Et qu’en dira la partie des officiels maliens? Dans tout ce méli-mélo, le principal intéressé, le gouvernement malien, semble aujourd’hui répondre aux abonnés absents. Son silence, surtout le temps qu’il prend à  demander officiellement assistance en vue de reconquérir le territoire perdu, n’est assurément pas de nature à  faciliter la tâche à  la Cédéao. l’organisation sous-régionale qui a entrepris des démarches auprès du Conseil de sécurité des Nations unies attend toujours le feu vert des autorités maliennes pour venir les épauler. Dans cette attente, qu’attendre des autres composantes de la rébellion? Recevoir Ansar Dine peut bien paraà®tre comme un élément de motivation et d’encouragement à  venir négocier. Après Ansar Dine, il ne reste plus qu’Aqmi à  venir voir le médiateur! Le Pays

Echec de la médiation de la Cédéao après de multiples tentatives de résolution de la crise

Aucun accord avec l’ex-junte sur le nom du prochain chef de la transition n’a été trouvé. Pendant cinq jours, les envoyés de la médiation ouest-africaine, ont rencontré plusieurs fois la junte, le Premier ministre, le président par intérim Dioncounda Traoré. Rencontre également avec les religieux et des diplomates. Mais à  l’arrivée, échec, blocage, chacun choisit ses mots, mais la réalité est la même : les envoyés de la médiation ouest-africaine et junte au pouvoir au Mali n’ont pas pu se mettre d’accord sur le nom du futur président de la transition, une transition qui commence dans exactement huit jours. Pour les médiateurs, qui affirment ne soutenir aucun candidat, C’’est la Constitution malienne qui permet de résoudre la question. Celui qu’on surnomme « l’homme au cigare », le ministre ivoirien Adama Bictogo, est l’un des deux envoyés de la médiation. Il explique : « la Constitution malienne prévoit qu’en cas d’impossibilité d’organiser des élections dans les 40 jours d’intérim, ce qui est actuellement le cas, la Cour constitutionnelle annonce un nouveau délai pour l’organisation des élections. Et puisque la non organisation des élections ne dépend pas de l’acteur, mais de la mission, c’est-à -dire de la situation sur le terrain, il appartient au président par intérim de poursuivre sa tâche ». l’argument n’a pas convaincu la junte malienne, qui a donc dit « non ». Tous les regards sont maintenant tournés vers le 22 mai, date de la fin du mandat de 40 jours confié au président intérimaire, mais peut-être qu’avant cette date, une solution sera trouvée.

Le blocage persiste après les refus du capitaine Sanogo

Les médiateurs, arrivés en urgence à  Bamako samedi matin, n’ont pas réussi à  infléchir les positions du capitaine, alors que la population civile désapprouve les choix de la Cédéao. A Bamako, le blocage continue depuis vendredi, au moment o๠l’on a appris dans la capitale malienne les décisions prises la veille par la Cédéao. Rapidement, dans la journée de vendredi, la fronde est montée du camp de Kati sur les hauteurs de Bamako, sous forme de fin de non recevoir de la part des militaires. Le capitaine Sanogo a consulté des personnalités influentes dans la nuit de vendredi à  samedi, avant de s’entretenir avec les médiateurs burkinabè et ivoirien. La pression autour de lui a été très forte. Des soldats « sur les dents », qui ont compris que le texte de la Cédéao les mettaient à  l’écart, des hommes qui ont même menacé samedi les deux émissaires de la Cédéao Djibril Bassolé et Adama Bictogo, armes aux poings samedi en criant « A bas la Cédéao ! ». Un véritable coup de sang dans le camp de Kati, que le capitaine Sanogo a dû calmer à  plusieurs reprises. Les militaires ont même tenté de bloquer la voiture des médiateurs à  la sortie de ce camp militaire. La Cédéao accusée d’avoir outrepassé ses prérogatives En réalité, les Maliens ne comprennent pas bien que la Cédéao décide unilatéralement de l’avenir de la transition de leur pays. En effet, il y a un grand écart entre le premier accord-cadre signé le 6 avril dernier et la déclaration des chefs d’Etat de la Cédéao le 26 avril. Dans le premier texte, la junte devait participer au débat sur le rôle qu’elle pourrait jouer dans les mois à  venir et aussi sur la durée consensuelle de la transition. Mais trois semaines plus tard, jeudi dernier, le ton a été très différent et beaucoup plus radical vis-à -vis des militaires qui ont été priés de se soumettre aux autorités civiles. Au Mali, les différentes décisions prises par la Cédéao ont vraiment été vécues comme un affront, comme une mise à  l’écart. Ce n’est pas seulement au camp de Kati que l’on désapprouve cette attitude. Beaucoup de Maliens estiment qu’on ne peut pas revenir sur le premier accord, que ce n’est pas honnête. « Il y a un capitaine à  bord » dit le maire d’une des villes du nord du pays, et « il faut faire avec lui ». Ce dimanche matin la Copam, une coalition de partis d’associations et de syndicats favorable au capitaine Sanogo, a décidé d’organiser jeudi une marche anti-Cédéao. Dans une déclaration, la Copam se dit décidée à  faire échouer cette tentative de déstabilistion et d’humiliation du pays. La Cédéao est donc entièrement invitée à  revoir sa copie.

Mali, Guinée-Bissau : L’Afrique de l’Ouest annonce l’envoi de forces militaires

Dans le communiqué final, ils demandent à  la commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) de « commencer avec effet immédiat le déploiement de la force d’attente de la Cédéao » au Mali, o๠le coup d’Etat militaire du 22 mars a favorisé la chute du Nord il y a un mois aux mains de rebelles touareg et de groupes islamistes armés. Il s’agit d’aider à  « sécuriser les organes de la transition et le gouvernement intérimaire en attendant que le processus arrive à  son terme » et de « parer à  toute éventualité dans l’hypothèse de l’usage de la force pour le recouvrement de l’intégrité territoriale du Mali », a expliqué devant la presse le président de la commission de la Cédéao, Désiré Kadré Ouédraogo. « On attend les négociations d’abord. Le premier contingent sera un contingent de maintien et de sécurité de la transition, mais il n’est pas exclu que des unités combattantes soient envoyées plus tard » en cas d’échec des discussions, a-t-il expliqué. Les dirigeants ouest-africains ont également décidé de « déployer avec effet immédiat un contingent » en Guinée-Bissau, plongée dans une nouvelle crise depuis le putsch du 12 avril, selon le communiqué final. « Cinq cents à  six cents hommes seront déployés », fournis par au moins quatre pays (Nigeria, Togo, Côte d’Ivoire et Sénégal), a précisé M. Ouédraogo. L’objectif de cette force, commandée par le colonel-major burkinabè Barro Gnibanga, est de « faciliter le retrait de la Mission d’assistance technique et militaire de l’Angola en Guinée-Bissau, d’assister la sécurisation du processus de transition » et de préparer la réforme du secteur de défense et de sécurité, indique le communiqué final.

Les partis politiques à Ouaga pour fixer la « feuille de route » de la transition

Désigné médiateur par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), M. Compaoré a affirmé que la réunion devait permettre de « parachever la mise en oeuvre » de l’accord politique conclu récemment avec la junte. Cet accord a permis le transfert du pouvoir des putschistes du 22 mars aux civils et l’investiture jeudi de l’ex-président de l’Assemblée nationale Dioncounda Traoré comme chef de l’Etat par intérim. La réunion, à  huis-clos, a aussi pour objectif d’ »élaborer une approche de sortie de crise au nord du Mali », désormais sous la coupe de la rébellion touareg et de groupes islamistes armés. Il s’agit d’aboutir à  « une feuille de route consensuelle » pour « renouer le dialogue », « assurer le fonctionnement régulier des institutions républicaines, assurer l’intégrité territoriale et tenir des élections libres et transparentes dans un environement apaisé et sécurisé », a ajouté M. Compaoré. Il a appelé le peuple malien à  « s’investir au côté de la transition pour la consolidation de l’Etat de droit, le respect des valeurs républicaines et la préservation de l’intégrité territoriale » du pays. Après l’intronisation de M. Traoré, un Premier ministre doté des « pleins pouvoirs » doit à  présent être désigné. Si les rumeurs sont allées bon train à  Bamako ces derniers jours, aucun nom ne s’est encore imposé. Le Premier ministre doit diriger un gouvernement d’ »union nationale » comptant une vingtaine de personnalités « consensuelles ». La composition de ce gouvernement, qui devrait intégrer des membres de l’ex-junte ayant renversé le président Amadou Toumani Touré (ATT), sera au menu des discussions, de même que la durée de la transition. Plus de 80 participants l’intérim de Dioncounda Traoré doit théoriquement se conclure au bout de 40 jours par des élections présidentielle et législatives. Mais l’accord obtenu par la Cédéao a déjà  pris acte de l’impossibilité de tenir ce délai. Plus de 80 personnes participent aux échanges autour du médiateur à  la salle de conférence internationale de Ouagadougou. La délégation de l’ancienne junte est conduite par Moussa Sinko Coulibaly, directeur de cabinet de l’ex-chef des putschistes, le capitaine Amadou Sanogo. l’un des leaders politiques du mouvement pro-junte, Oumar Mariko, est présent. Les vice-présidents de l’Assemblée nationale, des représentants de plusieurs ex-candidats à  la présidentielle qui était prévue le 29 avril sont là  aussi, de même que des représentants de l’assemblée régionale de Kidal (nord), le Collectif des ressortissants du Nord et des responsables chrétiens et musulmans. Il y a urgence à  trouver une issue à  la crise au Nord, contrôlé depuis fin mars par les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et Ansar Dine, mouvement islamiste appuyé par Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). Des éléments du groupe islamiste nigérian Boko Haram ont également été signalés ainsi que des trafiquants en tous genres, dans cette zone o๠la multiplication des exactions et les pénuries de vivres et de médicaments inquiètent la communauté internationale. La Cédéao continue de brandir la menace d’une intervention militaire régionale au Nord en cas d’échec du dialogue, mais ses projets demeurent flous pour une mission qui paraà®t délicate.

Au Burkina Faso, « un soulèvement populaire est peu probable »

Quelle est la situation au Burkina Faso ? Damien Glez : Vu de l’extérieur, on a l’impression qu’il y a une contagion [des troubles]. Mais la situation s’est calmée à  Ouagadougou, et il y a simplement des répliques dans les provinces. Sur le modèle d’un ricochet, l’épicentre s’est calmé, et seules les vaguelettes subsistent à  présent. à‡a annonce a priori le calme. Quelles sont les revendications de ces mouvements de colère ? Ce qui est complexe, c’est que ces mobilisations portent des revendications très différentes. La garde présidentielle s’est par exemple soulevée pour une histoire d’indemnité logement. Mais il y aussi des étudiants qui manifestent contre les violences policières après la mort de l’un d’entre eux. Les syndicats sont sur le pied de guerre concernant la vie chère. Et plus généralement, il y a une lassitude d’une partie de la population qui en a assez de voir le président toujours tourné vers les enjeux internationaux, et très peu intéressé par les problèmes nationaux. Au Burkina, beaucoup voient Blaise Compaoré davantage comme un « super ministre des affaires étrangères » que comme un président. Quelle est justement la stratégie de Blaise Compaoré pour gérer la crise ? Compaoré est quelqu’un de très muet, en général. Jouer les « endormis » lui a souvent réussi. En treize ans, il n’est intervenu sous forme d’allocution que deux fois. Sa stratégie, c’est seulement d’avoir décapité toutes les autorités : il a suspendu tous les chefs d’état-major et dissous le gouvernement. Ensuite, il fait du saupoudrage, grâce à  des mesures ciblées vers des groupes en colère. Mais c’est une réaction à  très court terme, rien n’est fait pour régler les problèmes de fond, notamment dans l’armée. Mardi, le président a nommé un nouveau premier ministre, Luc-Adolphe Tiao, pour freiner la contestation. Est-ce un bon choix ? C’est un choix assez surprenant, car Compaoré a choisi de ne pas nommer quelqu’un issu du milieu militaire. Tiao est un communicant : il a été président de l’équivalent du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) au Burkina, et était ces dernières années ambassadeur en France, donc il a aussi un côté diplomate. Dans l’ensemble, il a une image politique assez neutre. Il n’a jamais participé à  une campagne, n’a pas été élu. Stratégiquement c’est un bon choix, parce que la mutinerie s’en est prise aux symboles du pouvoir central. Reste donc à  savoir comment il va être accueilli par les militaires. Peut-il y avoir une révolution au Burkina Faso sur le même modèle que les révolutions du monde arabe ? Un soulèvement populaire est peu probable. Les revendications sont tellement diverses qu’elles ne peuvent pas s’agglomérer pour faire une révolution. Il y a beaucoup de colère contre Blaise Compaoré ; un cap a été franchi en passant du mutisme à  la mutinerie. Aujourd’hui, les gens n’ont plus peur de Blaise Compaoré. Mais l’armée a attaqué les civils, a pillé les magasins, les soldats n’ont fait aucun geste pour rassembler un front uni et cohérent contre le pouvoir en place. D’autant plus que le mouvement reste très intellectuel et urbain. La masse électorale qui a permis à  Compaoré d’obtenir 80 % des votes à  la dernière élection, souvent analphabète et manipulée par les cadeaux en tout genre, n’est pas prête à  basculer dans la contestation. Demain, s’il y avait une élection, il y aurait de grandes chances que Compaoré soit réélu.

Que se passe-t-il au Burkina Faso ?

La nuit a été relativement calme à  Ouagadougou dont les habitants reprennent leurs activités. La ville est sous couvre-feu de 19heures à  6heures du matin. Une mesure prise par les autorités après avoir tenté en vain de désamorcer les troubles qui ont éclaté le jeudi dernier dans la capitale et qui s’étendent à  présent dans plusieurs autres villes. Après Ouagadougou, ce fut le tour de Pô et Tenkodogo, et aujourd’hui Kaya de suivre le mouvement. Des soldats et des gendarmes sont sortis, dimanche soir, dans les rues de Kaya, ville située à  une centaine de kilomètres au nord-est de Ouagadougou, et ont tiré en l’air dans les rues jusqu’à  6 heures, ce lundi. Pour la première fois, des gendarmes participaient à  la mutinerie, depuis le début du mouvement. Ils ont incendié le domicile du chef du corps du régiment de commandement d’appui et de soutien (CAS) et saccagé celui du commandant de la première région militaire, celle de Kaya. Le mouvement de contestation était parti jeudi soir de la propre garde présidentielle du chef de l’Etat, Blaise Compaoré, puis s’est, les jours suivants, étendu à  d’autres garnisons de la capitale, et des trois autres villes. Pour tenter de contenir cette révolte, Compaoré, arrivé au pouvoir par Des dizaines de soldats étaient descendus dans les rues de Ouagadougou la semaine dernière. Des magasins ont été pillés, une radio saccagée et des résidences d’officiers incendiées. Cette mutinerie a entraà®né la dissolution du gouvernement burkinabé et le limogeage du chef d‘état-major des armées. Militaires toujours fâchés Ces agitations constituent l’une des plus graves crises qu’ait connue le régime du président Compaoré. En fait, les troubles actuels semblent être la continuité d’autres mouvements d’humeur des militaires. Dans la nuit du 22 au 23 mars, dans capitale à  Ouagadougou, des militaires étaient sortis de leurs casernes, avaient tiré en l’air dans les rues et pillé des boutiques en réaction à  la condamnation de cinq des leurs dans une affaire de moeurs et de viol. Le 24 mars, ils étaient libérés par les autorités. Le 28 mars, les villes de Koupéla, Tenkodogo, et à  nouveau Ouagadougou étaient touchées par la grogne des militaires. Dans la capitale, des militaires appartenant au 32e régiment d’infanterie commando (RIC) étaient allés libérer à  la prison civile un autre soldat, enfermé pour le viol d’une jeune fille. Après ces incidents, le président Compaoré a rencontré, le 31 mars, toutes les composantes de l’armée, des simples soldats aux généraux. Outre la contestation du jugement de six de leurs camarades, les soldats burkinabés protestaient contre leurs mauvaises « conditions de vie », ou encore « des problèmes avec la hiérarchie ». On croyait alors la page tournée jusqu’au jeudi dernier o๠la garde présidentielle déclenche une mutinerie. Du mal à  gérer la crise Des discussions étaient pourtant en cours entre la hiérarchie et les mutins. Selon un officier de ce régiment présidentiel ayant requis l’anonymat, il s’agit d’un mouvement de colère de militaires pour protester désormais contre le non-versement d’une indemnité de logement et alimentaire qui leur avait été promise. Parallèlement, les professionnels de la justice ont suspendu depuis le 23 mars leurs activités, pour exiger la réincarcération de cinq militaires condamnés pour des affaires de mœurs et de viol, et libérés par les autorités. En guise de réponse à  la demande des magistrats, une roquette fût tirée le 29 mars par des militaires sur le palais de justice de la ville de Fada N’Gourma, dans l’est du pays. Les étudiants aussi sont fâchés Des manifestations étudiantes sont aussi organisées, depuis le 22 février, pour dénoncer la mort de six personnes lors d’une marche fin février dans la région du Centre-Ouest. A l’origine, les étudiants demandaient le « respect des franchises scolaires et universitaires » et « exigeaient » le « départ » des forces de police qui stationnent sur les campus. Malgré des mesures prises par le gouvernement pour ramener le calme, les violences se sont étendues à  travers le pays. Le 9 mars, le gouvernement a ordonné pour la deuxième fois en dix jours la fermeture des établissements scolaires « jusqu’à  nouvel ordre ». Nouvelle déclaration de Blaise Compaoré le 10 mars: « En cassant on ne peut pas faire durer le progrès dans notre pays. » Rien n’y fait. Le 12 mars, des heurts ont opposé des manifestants de l’Université de Ouagadougou aux forces de l’ordre, après l’échec d’une nouvelle marche « pacifique » pour réclamer justice pour leurs camarades tués. Bilan: neuf blessés et cinq interpellations. Depuis, la contestation continue: des lycéens de Tenkodogo, ville située à  près de 200 km au sud-est de Ouagadougou, ont manifesté le 31 mars, en soutien aux étudiants. Et il y a une semaine, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans la capitale et dans plusieurs villes de l’intérieur du pays contre le régime de Compaoré. Le Burkina Faso est-il en train de devenir le pays des hommes fâchés ?

Compaoré lâché par sa garde rapprochée

Qui a peur du grand méchant Blaise? Plus son peuple manifestement. Dans la nuit du 14 au 15 avril, aux alentours de 21 heures, des détonations se font entendre dans l’enceinte du palais de Kossyam, la flambant neuve présidence du Burkina Faso à  Ouagadougou. Le souffle de mutinerie se répand de caserne en caserne, à  commencer par le camp qui jouxte l’échangeur du Sud. Les militaires investissent les rues. Les armes lourdes relaient les armes légères. Les habitants de zones à  forte densité «kaki» se réfugient sous leur lit. En urgence, le président Blaise Compaoré quitte Ouagadougou pour sa ville natale de Ziniaré, à  une quarantaine de kilomètres de la capitale. Tout au long de la nuit, et au cours de la journée du vendredi 15, les armes continuent de crépiter ici ou là , essentiellement en direction du ciel. Des militaires désinhibés pillent quelques showrooms, confisquent la 605 du maire avec laquelle ils «farotent» (font le malin, selon une expression locale) avant de crever les pneus du véhicule au bord de la symbolique place de la Nation, là  o๠le monument de la flamme révolutionnaire fait face au siège de la banque centrale, symbole de cet argent qu’ils disent leur faire défaut. Quelques menaces militaires plus tard, en milieu de journée, les rues sont vides, alors qu’elles sont habituellement bondées de musulmans prosternés, en ce jour de prière du vendredi. Ouaga ville morte… Une contestation au C’œur du pouvoir Ce ne sont pas les premières bisbilles que connaà®t cette ville habituée aux coups d’Etat militaires (cinq en cinquante ans). Ce n’est que le 3 avril dernier qu’a été levé le dernier couvre-feu; auparavant, le maire de Ouaga avait été molesté, le ministre de la Défense traqué ou le domicile du chef d’état-major général des armées incendié. Mais cette fois, C’’est le RSP, le Régiment de sécurité présidentiel, qui entre dans la danse des contestations; le premier cercle militaire du capitaine Blaise Compaoré; le C’œur du système à  qui on accordait tout à  la fois des missions délicates et des pouvoirs exorbitants. Sous le Front populaire –régime transitoire qui suivit l’assassinat de Thomas Sankara en 1987–, le responsable de la Garde présidentielle, l’adjudant-chef Hyacinthe Kafando, avait la réputation de mettre à  genou des ministres. Il aurait aussi assumé des besognes déterminantes pour Compaoré. Lorsque le journaliste Norbert Zongo est assassiné en décembre 1998, C’’est encore six membres de ce régiment que la Commission d’enquête indépendante, sous l’impulsion du secrétaire général de Reporters sans frontières Robert Ménard, désigne comme suspects sérieux. Seul le dénommé Marcel Kafando sera inculpé. Un non-lieu sera prononcé. Dans ce régiment, il est un officier qui incarne la poigne de fer dans un gant de… fer: Gilbert Diendéré, chef d’état-major particulier de la présidence, le bras armé de Compaoré, fidèle parmi les fidèles, craint parmi les craints. Dans la nuit du 14 au 15 avril, pourtant, la villa de ce cacique intimidant a été saccagée par ses propres subalternes. Du mutisme à  la mutinerie Qui a encore peur du grand méchant Blaise? Blaise Compaoré, au pouvoir depuis vingt-quatre ans, est un homme fort. Il fallait l’être pour occuper le fauteuil du charismatique Thomas Sankara. Il fallait l’être pour s’insinuer, de son petit pays, dans des crises comme celle du Liberia, de la Sierra Leone, de la Côte d’Ivoire, voire de la Mauritanie. Il le fallait pour se muer ensuite en pompier de conflits sous-régionaux. Justement, la fierté des Burkinabè d’avoir fourni un facilitateur à  Abidjan ou un médiateur à  Lomé a son revers. Compaoré n’est-il aujourd’hui qu’un super ministre des Affaires étrangères loin des réalités de son peuple? En sus des interventions télévisées soporifiques de fin d’année, Blaise Compaoré ne s’est adressé que deux fois à  son peuple en treize ans. Il y a plus qu’un pas entre le mutisme des uns et la mutinerie des autres, mais le peuple, surtout abondamment sinistré par des inondations en septembre 2009, s’impatiente de voir réagir son leader avec célérité. Il ne tarde pourtant jamais à  afficher le portrait présidentiel dans sa boutique ou à  s’habiller d’un pagne à  l’effigie du «beau Blaise». Ces dernières semaines, Blaise Compaoré, peut-être trop concentré sur la chute de Laurent Gbagbo, n’a-t-il pas vu se tisser le drap de revendications sociales multiples qui l’étrangle aujourd’hui? Certes, les membres du RSP exigent des indemnités de logement promises. Certes, les cavaliers se plaignent que les chevaux ont des défraiements qui excèdent ceux des humains. Mais les élèves, aussi, demandent justice pour Justin Zongo décédé à  Koudougou fin février, après des maltraitances policières. Les universitaires qui commencent à  peine leur année académique 2010-2011 exigent de meilleures conditions de travail. Les magistrats, en grève début avril, demandent le respect des condamnations de militaires dont les collègues demandent l’annulation. Les syndicats battaient le pavé, vendredi 8 avril, pour se plaindre du renchérissement des biens de première nécessité. Le tout sur fond de dossiers de corruption mal gérés et de délestages électriques qui, en cette période de canicule et selon les programmations officielles de la société d’électricité, atteignent douze heures par jour. Blaise Compaoré peut toujours se cacher derrière ses deux petits doigts. Primo, il vient d’être réélu, fin novembre, avec plus de 80% des suffrages. Secundo, les agissements des militaires, pris indépendamment des autres revendications sociales, ne sont pas défendables. Piller en même temps qu’on revendique, C’’est au mieux un enfantillage. Mais s’arrêter sur ces arguments serait oublier que le score soviétique à  la présidentielle est le fruit de l’analphabétisme, du clientélisme ou de l’anesthésie d’une opposition régulièrement débauchée. Ce serait omettre que le manque de civisme des forces de l’ordre est le résultat d’une culture d’Etat d’exception cultivée par le chef des armées depuis vingt-quatre ans, lui-même issu des corps habillés. Purge pour purge Problème de civisme mais aussi de simple organisation logistique. Comment est-il possible que de jeunes soldats se servent sans vergogne dans l’armurerie d’un camp militaire? Si l’insondable Blaise Compaoré a deux arguments, il a aussi deux cartes déjà  épuisées. Il a usé, le 30 mars, de l’allocution solennelle. Il a multiplié, depuis, les concertations avec tous les corps de métiers sous les lambris d’une République si peu républicaine. Les cartouches du président du Faso semblent épuisées avant celles des mutins. Il ne lui reste plus qu’à  tenter une purge cosmétique, pour convaincre que Yako n’est pas la seule ville à  pouvoir fournir des dirigeants à  l’armée, comme le chef d’état-major à  la présidence Diendéré Gilbert et le chef d’état-major général des Armées Djiendéré Dominique. Mais peut-être le Président risquerait-il de laisser penser, purge pour purge, qu’il n’est pas écrit que le premier magistrat du pays doit toujours s’appeler Compaoré. Cet énième coup de sang militaire n’est apparemment pas une tentative de putsch. Mais peut-être révèle-t-il l’usure du pouvoir. Blaise Compaoré vient d’entamer le dernier mandat que l’article 37 de la Constitution autorise. Mais son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès, et les associations qui cultivent son culte (réunies dans la FEDAP-BC: Fédération associative pour la paix avec Blaise Compaoré) ont déjà  ouvert le débat d’une modification constitutionnelle. Comme le fit le parti de l’ex-président Ben Ali.

Présidentielle au Burkina Faso: Electeurs peu motivés

Le scrutin sans enjeu s’est déroulé dans le calme A 59 ans, le président sortant Blaise Compaoré, au pouvoir depuis plus de 20 ans, est assuré d’être réélu face une opposition trop divisée pour constituer une menace. Face à  lui, six autres candidats dont l’avocat Stanislas Benewindé Sankara, qui n’avait recueilli que 5% des suffrages lors de la dernière présidentielle en 2005 contre plus de 80% pour Compaoré. Ce dernier est assuré de remporter ce scrutin avec encore une fois un score digne d’une ex-république soviétique ! Le véritable enjeu restait le taux de participation, tant les burkinabés semblent peu concernés par ce scrutin. « Je crois qu’il faut attendre la fin du scrutin pour apprécier, mais je pense qu’il faut que les électeurs participent massivement à  ce vote parce que c’est un moment qui nous permet de faire le bilan, mais aussi de nous projeter vers l’avenir », a déclaré Blaise Compaoré, après avoir voté lui-même en milieu de matinée, à  Ouagadougou. Cet appel ne semble pas avoir été entendu. En dehors du taux de participation dont les chiffres n’ont pas encore été communiqués mais qui risque d’être assez faible (il pourrait en pas atteindre les 50%), aucun incident majeur n’a été signalé. Quelques retards ont été constatés dans l’ouverture des bureaux de vote, et on a pu remarquer l’absence des représentants de l’opposition dans de nombreux bureaux. Les problèmes de cartes d’électeurs qui ont émaillé les préparatifs du scrutin ont persisté. « Un quart des cartes que je devais distribuer n’ont pas été retirées et de nombreux électeurs se sont inscrits mais ne retrouvent pas leurs cartes », a expliqué à  Reuters Awa Traoré, agent distributeur de cartes au bureau de vote No1 de Koulouba, à  Ouagadougou. Blaise contre Compaoré S’il remporte le scrutin de dimanche, ce devrait donc théoriquement être son deuxième et dernier mandat depuis la révision constitutionnelle. Mais les responsables du parti au pouvoir ont fait savoir qu’ils souhaitaient modifier la constitution pour qu’il puisse se présenter autant de fois qu’il le souhaite, ce que conteste avec véhémence l’opposition. On se souvient qu’après la vague du multipartisme qui a balayé le continent africain au début des années 90, le Burkina Faso avait organisé des élections et Compaoré a remporté deux mandats successifs de sept ans en 1991 et 1998. En 2002, une révision de la Constitution a limité à  deux mandats de cinq ans les mandats présidentiels, mais les partisans de Blaise Compaoré ont argué que la mesure n’était pas rétroactive, ce qui lui a permis d’être réélu en 2005. Le multipartisme burkinabé reste un effet de style, l’opposition restant cantonnée au rôle de faire- valoir. En 2005, le chef de l’Etat a été réélu avec 80,3% des voix. Les résultats de ce premier tour devraient être connus d’ici au 25 novembre.

Guinée : le médiateur burkinabé veut un «code de bonne conduite»

Le président par intérim de la Guinée, Sékouba Konaté doit aussi y participer. Blaise Compaoré, médiateur dans la crise guinéenne, va proposer aux deux candidats de souscrire à  un « code de bonne conduite » afin de prévenir des violences post-électorales. Le temps est court pour chacun des deux candidats à  la présidentielle qui entament dès le 4 septembre, leur campagne pour le second tour prévu le 19 septembre . C’’est pourquoi, le 2 septembre, le médiateur, est allé vite. Après avoir reçu Cellou Dalein Diallo à  la mi-journée, le président Blaise Compaoré a discuté très tard dans la nuit avec Alpha Condé, arrivé en début de soirée à  Ouagadougou. Selon une bonne source, Blaise Compaoré habitué à  ce genre de pourparlers a déjà  son plan. Le médiateur devrait proposer aux deux candidats une déclaration qui engagerait chacun d’eux. Des engagements qui concerneraient avant tout, la sécurisation de la période qui suivrait les résultats du second tour. En plus clair, l’idée est que le candidat déclaré perdant accepte les résultats, sans contestation ni violence de la part de ses militants. Les deux protagonistes affirment partager l’idée de Compaoré avec toutefois un préalable pour Alpha Condé : il s’agit de la publication de la liste électorale, et un audit des ordinateurs de la Ceni (Commission électorale nationale indépendante) qui ne serait pas fiable à  ses yeux. Cellou Dalein Diallo, lui, dénonce une sorte de sabotage du scrutin de la part de son adversaire. Celui-ci aurait demandé à  ses délégués de ne signer aucun texte qui ne lui est pas favorable, y compris les procès-verbaux issus des bureaux de vote.

Burkina Faso: Blaise Compaore candidat à sa succession

Ainsi déclarait Blaise Compaore ce dimanche 22 août 2010 à  l’occasion de la cérémonie marquant son investiture comme candidat officiel de son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), à  l’élection présidentielle. Près de 4000 militants dudit parti étaient réunis à  cet effet au palais omnisport de la capitale Ouagadougou. Devant l’assistance, le président Blaise Compaore a donc répondu selon lui aux nombreuses sollicitations du peuple. Il a par la suite tenu à  annoncer quelques grandes lignes du programme qu’il mettra sur pied une fois élu, visant notamment la construction d’une société prospère qui mènera à  un pays économiquement émergent. Pour y parvenir, il a besoin du soutien sans faille du peuple, raison pour laquelle il a appelé les uns et les autres à  s’investir sur le terrain, acquérir les documents électoraux, puis participer à  l’élection. Blaise Compaoré est à  ce jour le septième candidat déclaré à  ce scrutin, et de nombreux observateurs le présentent déjà  comme le grand favori. Théoriquement, il a droit à  un dernier mandat, mais son parti a annoncé son intention de réviser la Constitution votée en 1991, pour y supprimer la limitation du nombre de mandats présidentiels. Ce qui pourrait lui permettre de rester au pouvoir au-delà  de 2015. A 59 ans, Blaise Compaoré a été porté au pouvoir le 15 octobre 1987 lors d’un coup d’Etat au cours duquel a été tué le président Thomas Sankara, dont il était le numéro deux. Ex-capitaine de l’armée, il a été élu pour la première fois en 1991, réélu pour un second septennat en 1998, puis pour un quinquennat en 2005.

Second tour de la présidentielle en Guinée : Blaise Compaoré veut une date !

Fixer une date pour le second tour La présence du président du Burkina Faso à  Conakry, s’explique par la lenteur de la fixation d’une date pour le second tour de l’élection présidentielle. Après le premier tour du 27 juin dernier, le second tour devait normalement se tenir le 18 juillet, c’est à  dire, deux semaines après le premier. Mais vu les demandes de recours en justice déposées par les différents candidats contestataires des résulats, cette date a été repoussée. La justice disposait donc de deux semaines pour étudier les dossiers avant de valider les résultats. Une chose qui sera d’ailleurs faite avec la confirmation des passages de Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé au second tour. Blaise Compaoré rencontre les Guinéens Arrivé à  Conakry ce mardi 4 Août, le médiateur burkinabé a rencontré le chef de l’Etat, le premier ministre, l’ensemble du gouvernement, les partis politiques, la société civile… afin de discuter des raisons du retard cumulé pour la fixation d’une date pour le second tour. Après la confirmation des résultats par la cour suprême, le second tour devait se tenir au plus tard le dimanche 1er Août. Mais cette date est passée sans qu’aucune décision ne soit prise, encore moins de déclaration de la part de la commission électorale nationale indépendante (CENI). C’est ce retard et ce manque de communication qui expliquent la visite du président Compaoré à  Conakry. Eviter une nouvelle crise Blaise Compaoré souhaite l’organisation du scrutin le plus rapidement possible. Face à  tous les représentant politiques et à  la société civile, le président à  mis les guinéens en garde contre les lenteurs constatées dans le processus électorale. Cet avertissement s’explique par le fait que le pays est déjà  dans un situation fragile et instable à  cause des différentes difficultés rencontrées depuis début 2009. Il estime que si pour des élections aussi majeures les guinéens laissent autant de temps entre les deux tours, ils veront se créer d’autres désullisions qui perturberont le processus. Le président Compaoré a par ailleurs salué et félicité le général Sékouba Konaté et son entourage pour la conduite dit-il exemplaire du processus de sortie de crise en Guinée. Pour sa part, le général Konaté a exprimé son souhait de voir terminer l’oeuvre engagé par la Guinée et ses partenaires une meilleure situation politique et sociale. Cette visite de Blaise Compaoré donnera cetainement de l’élan pour la tenue du second tour dans les plus brefs délais. La balle est donc dans le camp de la CENI qui doit fixer une date rapidement. Dernières retouches A savoir qui de Cellou Dalein Diallo avec ses 43,69% et Alpha Condé avec 18,25%, sera le futur président la république de Guinée. Les alliances se sont déjà  nouées de part et d’autre. D’une part, Sidya Touré s’aligne dernière Cellou Diallo et d’autre part, Lansana Kouyaté fait front avec Alpha Condé. Chacun mène activement sa campagne afin de séduire le maximum d’électeurs.