Guinée Conakry : vers l’organisation d’élections libres

C’’est la conclusion à  laquelle sont parvenues les parties en présence impliquées dans la crise guinéenne, dont le paroxysme avait été la tentative d’assassinat de Dadis Camara. Le chef de la junte blessé par balle à  la tête avait été évacué vers le Maroc o๠il avait reçu des soins adéquats. Ces derniers temps son retour sur la scène internationale avait réveillé les démons de l’instabilité politique à  Conakry. Le médiateur Blaise Compaoré du Burkina Faso avait alors repris les rênes des négociations entre les différentes forces en présence à  Ouagadougou. Dadis Camara a été débarqué à  Ouagadougou pour y poursuivre sa convalescence. Pendant ce temps le Président intérimaire Sekouba Konaté y a été dépêché. Autour d’une table, ils ont discuté. La communauté internationale souhaitait ardemment le maintien en exil au Burkina de Dadis Camara. Ce qui a été obtenu. Par ailleurs le Président par intérim a été chargé d’organiser dans les six mois à  venir des élections libres. Elles auraient dû se tenir en ce mois de janvier 2010 si le pays avait été stable. Vers un retour à  la paix ? Dans six mois donc, les Guinéens devraient être convoqués pour élire un nouveau président. Le Chef de la junte déchu affirme dans une allocution avoir signé cette sortie de crise en pleine confiance tout en restant disponible pour apporter sa contribution aux acteurs de la transition. Son maintien en exil fait ainsi échec à  une partie de ses lieutenants qui souhaitaient son retour en terre guinéenne. Acteur de premier plan de la transition, le Président Konaté continue son mandat. Il doit désormais procéder la plus rapidement possible à  la nomination d’un Premier ministre de la transition. En effet, l’accord de Ouagadougou prévoit la création d’un conseil national de transition et la mise en place d’un gouvernement d’union dirigé par un Premier ministre, président du Conseil des ministres, issu des Forces vives (opposition, syndicats et société civile) et l’organisation d’élections «dans six mois». Les Forces vives qui ne se sont pas toujours entendus sur un nom commun, redoutaient depuis quelques jours la proximité de Dadis Camara. La tension était montée d’un cran dans les rues de Conakry lorsqu’un collectif de militaire avait réclamé à  la télévision guinéenne le retour du Capitaine déchu.

Accord de sortie de crise en Guinée : Dadis reste en exil, élection présidentielle dans six mois

Un accord de sortie de crise en Guinée a été signé vendredi à  Ouagadougou, prévoyant un maintien « en convalescence » à  l’étranger du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, et la tenue d’une présidentielle dans « six mois ». Après deux jours de difficiles tractations, l’accord a été signé par le capitaine Camara, apparu amaigri et avec une longue cicatrice sur le crâne, le président intérimaire le général Sékouba Konaté et le médiateur dans la crise guinéenne, le président burkinabè Blaise Compaoré, a constaté l’AFP. Dadis en civil, n’a pas parlé pendant la cérémonie Dans le même temps, les opposants à  la junte, incapables de s’entendre, ont proposé deux noms au poste de Premier ministre de transition: l’opposant Jean-Marie Doré et la leader syndicaliste Rabiatou Sérah Diallo. Ils laissent ainsi le choix au général Konaté de le désigner à  leur place. Le chef de la junte, 44 ans, blessé à  la tête par balle lors d’une tentative d’assassinat le 3 décembre, « prend librement un temps de convalescence tout en restant disponible pour apporter sa contribution aux acteurs de la transition », selon le texte de l’accord qui ne précise pas s’il restera au Burkina. Il était habillé en civil, avec des lunettes de vue. Cette tenue contrastait avec celles de commando parachutiste, larges lunettes de soleil et béret rouge, qu’il affectionnait en public avant le 3 décembre. Il marchait seul, sans aide, mais lentement. Le visage figé, il n’a pas parlé durant la cérémonie. La communauté internationale, France et Etats-Unis en tête, redoutait plus que tout un retour en Guinée du capitaine Camara, mis en cause avec d’autres par des enquêteurs de l’ONU pour sa participation au massacre de plus de 150 opposants le 28 septembre à  Conakry. Pas de participation de la junte à  l’élection L’accord de Ouagadougou prévoit aussi la création d’un « conseil national de transition (CNT), organe politique délibérant, dirigé par une personnalité religieuse », la mise en place d’un « gouvernement d’union » dirigé par un « Premier ministre, président du conseil des ministres, issu du Forces vives » (opposition, syndicats et société civile), et l’organisation d’une élection présidentielle « dans six mois ». Le document stipule que « les membres du Conseil national de transition, le chef d’Etat de transition, les membres du CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement, junte), le Premier ministre, les membres du gouvernement d’union nationale et les membres de forces de défense et de sécurité en activité » ne participeront pas à  ce scrutin crucial. Cet accord intervient après de difficiles tractations de haut niveau entamées mercredi soir à  Ouagadougou. Le capitaine Camara était arrivé d’une manière inopinée mardi soir dans la capitale burkinabè, après plus d’un mois d’hospitalisation au Maroc. La communauté internationale soutient le chef intérimaire de la junte qui s’est dit prêt à  partager le pouvoir avec l’opposition. Le 6 janvier, il avait annoncé que le Premier ministre de la transition serait « issu de l’opposition » et « désigné par elle-même ». « Dans la mesure o๠nous n’arrivons pas à  nous entendre sur une candidature unique des Forces vives, nous avons proposé deux candidats », a déclaré vendredi à  l’AFP M. Mamadou Bah Baadiko, président de l’Union des forces démocratiques (UFD). Il a toutefois tenu à  dédramatiser: « ce n’est pas méchant tout cela, le général Konaté aura à  choisir entre les deux candidatures dans la sportivité ». Les deux candidats au poste de Premier ministre ont salué l’accord de sortie de crise. Pour le porte-parole des Forces vives, Jean-Marie Doré, le général Konaté « aura désormais les coudées franches pour entamer les réformes et achever la transition dans la paix ». La leader syndicaliste Rabiatou Sérah Diallo a pour sa part appelé toutes les parties à  « aller vite » pour « sortir le pays de la crise ».

Guinée : Les militaires divisés sur la question Dadis

Les partisans de Dadis à  Ouagadougou Depuis ce jeudi, les partisans civils et militaires du capitaine Moussa Dadis Camara, sont dans la capitale burkinabé. Ils veulent ramener leur chef au pays (Guinée). Les esprits après s’être un peu échauffés, se sont finalement calmés. En effet, certains militaires proches de Dadis, auraient débarqué à  Ouagadougou ce jeudi en exigeant un retour immédiat de Dadis que « tout le peuple réclame depuis un long moment maintenant. » Mais, pour calmer les ardeurs, le président burkinabé serait entré dans la salle o๠l’attendaient les pro-Dadis sans même dire bonjour. Il aurait jeté à  la face des officiers, qu’il démissionnerait de ses fonctions de médiateur. Ceux-ci ont par la suite demandé des excuses à  l’ancien soldat Compaoré pour leur vive réaction. l’ambiance est alors redevenu conviviale. Pas d’accord sur un éventuel retour de Dadis en Guinée Les discussions continuent ce vendredi entre le capitaine Dadis, le médiateur Blaise Compaoré et le président par intérim en Guinée, le général Sékouba Konaté. Ce dernier avait prévu de rester 24 h au pays des hommes intègres mais, il verra son calendrier rallongé de quelques jours puisqu’il n’y a toujours pas eu d’accord sur un éventuel retour de Dadis en Guinée. Compaoré sous pression Le médiateur Compaoré est sous pression. Avec d’une part, les militaires acquis à  la cause du chef de la junte, et d’autre part, le général Sékouba jouissant de l’appui de la communauté internationale puisque considéré comme l’homme de la situation. En effet, le général semble pour le moment, ne pas avoir d’ambition politique. Il affirme vouloir tenir des élections le plus tôt possible et rendre le pouvoir aux civils. Cette position a fortement augmenté sa côte de popularité. Mais la situation actuelle divise l’armée guinéenne. l’enjeu majeur pour le président Compaoré est de réussir à  calmer les fidèles de Dadis qui sont bien décidés à  ne pas se laisser faire. En excellent médiateur et extincteur de feu, il devra user de son autorité afin d’arranger au mieux, cette situation qui, si elle capota, risque d’entacher ses qualités de médiateur des crises africaines. Invisible Dadis… Le chef de la junte guinéenne, reste lui pratiquement invisible depuis la tentative d’assassinat dont il a été victime le 3 décembre dernier. Les forces vives de la Guinée réclament depuis un certain temps, une déclaration du capitaine, mais en vain. Beaucoup espéraient qu’après son arrivée surprise au Burkina Faso, Dadis ferait au moins une petite déclaration à  la presse, mais rien à  faire. Les autorités burkinabés affirment pourtant qu’il est parfaitement conscient. Alors à  quand voir le capitaine président qui malgré tout, a encore des milliers de partisans, qui le préfèrent à  son compagnon de lutte, le général Sékouba Konaté ?

Le capitaine Dadis à Ouagadougou : Une arrivée surprise et embarrassante

Embarras général Hier mardi 12 janvier, le capitaine Moussa Dadis Camara a quitté l’hôpital militaire de Rabat (Maroc) o๠il était hospitalisé depuis près d’un mois et demi, suite à  la tentative d’assassinat de son aide de camp. Les choses se sont déroulées de façon discrète il faut le dire. Le roi Mohamed V du Maroc, aurait eu un entretien téléphonique avec le président burkinabé et médiateur de la crise guinéenne, Blaise Compaoré. C’’est à  l’issue de l’entretien qu’il sera décidé de transporter le chef du CNDD à  Ouagadougou. Signalons que les burkinabés étaient quelque peu embarrassés par cette visite, ne sachant pas vraiment s’il s’agit d’un simple transit ou d’une destination finale. Cependant, Dadis quittera Rabat à  bord d’un avion militaire dans l’après, pour se poser à  Ouagadougou sous les coups de 22h30 heure locale. Pas de tapis rouge pour Dadis Le capitaine Dadis sera reçu par le ministre burkinabé des affaires étrangères et quelques autres membres du gouvernement, sans honneur présidentiel, ni tapis rouge. A sa descente d’avion, il sera soutenu par deux hommes qui le tiendront par les bras jusqu’au salon d’honneur de l’aéroport. De là , il discutera avec les ministres burkinabé et certains membres de la délégation marocaine venu l’accompagner. Dadis veut regagner la Guinée Les interlocuteurs de Dadis ont eut du mal à  le convaincre de monter dans le véhicule qui devait l’emmener à  la villa qui lui a été réservée dans le quartier le plus riche de la capitale. Il n’acceptera finalement que lorsque le président Blaise lui-même viendra le lui demander en personne. Il tient coûte que coûte à  renter en Guinée. Une délégation de la junte est attendue ce mercredi à  Ouagadougou. Les deux hommes, le capitaine Dadis et le général Sékouba Konaté devraient se rencontrer afin de débattre de l’avenir de la Guinée. Français et Américains contre un éventuel retour de Dadis Les Etats Unis et la France se disent préoccupés par un éventuel retour du chef du conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD). Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner a déclaré le 22 décembre, que si Dadis retournait en Guinée, le pays risquerait une guerre civile. Pour leur part, les Etats se disent préoccupés de toute tentative de retour du chef de la junte. Le match Sékouba/Dadis Il apparait clairement que le général Sékouba Konaté fait l’affaire de tous puisque n’ayant visiblement pas d’ambition politique, contrairement à  Dadis l‘agitateur. Signalons que depuis le 6 janvier, le général a officiellement pris les rênes du pays. Il aurait promis d’organiser des élections démocratiques le plus vite possible, et proposé la formation d’un gouvernement d’union avec un premier ministre issu de l’opposition. Notons que ces déclarations ont quelque peu renforcé sa crédibilité vis à  vis de la France, des Etats Unis et du Maroc. Dadis serait apparemment éliminé de la course au pouvoir. Surtout avec une santé qui n’est pas stable et le rapport publié par l’ONU sur les massacres 28 septembre o๠il est particulièrement incriminé. l’issue de la rencontre de ce mercredi nous édifiera davantage.

La Junte guinéenne au Burkina Faso : tension avec les Forces vives

La junte refuse le départ de Dadis Cette semaine, C’’est une délégation de 18 personnes qu’a rencontré le président burkinabé Blaise Compaoré. La 1ère rencontre s’est tenue mardi au palais présidentiel de Ouagadougou oà¹, Mr Compaoré demandait à  la junte de formuler ses doléances par écrit. Doléances qui seront déposées et discuté le lendemain mercredi. Difficile négociation Le médiateur Blaise Compaoré est conscient que tous les points de vue de part et d’autre, ne sont pas négociables. En effet, la junte demande plutôt un gouvernement d’ouverture o๠pourraient éventuellement figurer les forces vives (opposition, syndicats, société civile), point de vue non partagée par l’opposition. Il est hors de question pour le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), que Dadis quitte le pouvoir. Néanmoins, il semblerait qu’une solution à  la zimbabwéenne(Mugabe/Zvangirai )soit possible. Avec Dadis à  la tête du pays, et un premier ministre issu des forces vives, qui devra diriger les finances et la banque centrale de Guinée. Seulement, cette solution risque des prendre un temps fou puisque, la junte craint d’avoir les mains liées sans un contrôle sur l’argent du pays. Par ailleurs, Blaise Compaoré estime que : « l’essentiel, C’’est de faire évoluer les positions. En ce qui concerne les candidats à  la future élection présidentielle, elle pourrait être abordée plutard. » La priorité étant mise ‘’comment mettre en place un gouvernement d’union, o๠toutes les parties en conflit, seraient satisfaites ? » Diplomatie fine Le médiateur a une tâche difficile avec cette médiation qui semble être l’une des plus dures parmi celles du Togo et de la Côte d’Ivoire. Il devra faire preuve de beaucoup de diplomatie envers les deux parties qui semblent vouloir rester sur leurs positions. A lui de savoir appuyer sur le bon bouton pour un redémarrage approprié. Selon des informations recueillies par RFI, un membre de la junte explique qu’il faudrait une limitation d’âge des potentiels candidats à  la présidentielle. Un point de vue qui n’arrangera pas forcément les doyens de la vie politique guinéenne tels que Alpha Condé et d’autres. Toujours dans les doléances remises au burkinabé Blaise Compaoré, la junte voudrait qu’un audit soit organisé, afin de situer les responsabilités de chacun, dans la mauvaise gestion des ressources publiques sous le règne du défunt président Lansana Konté. On connaà®t le président Blaise pour sa finesse et grande diplomatie dans les résolutions de conflits. Le dossier guinéen semble assez lourd et délicat avec des visions très opposées. Il devra donc faire preuve de beaucoup de tact et d’habileté.

Blaise Compaoré, le faiseur de paix et de rois

Malgré l’activisme du président sénégalais, C’’est le placide Burkinabé qui a été choisi pour une difficile médiation à  Conakry. Il avait pourtant en charge deux autres dossiers particulièrement délicats. La Côte d’Ivoire, o๠il a réussi à  faire signer un accord de paix à  Ouagadougou, le 4 mars 2007, et le Dialogue intertogolais, qu’il a accueilli à  Ouagadougou, en août 2006, pour un accord entre le gouvernement et les partis de l’opposition. Il est vrai qu’il est, de loin, le doyen des chefs d’Etat de la région. Son plus proche suivant, le Gambien Yayah Jammeh ne compte encore que quinze ans au pouvoir. Mais la durée, tout étant un atout, ne constitue pas un élément décisif. Nul ne s’aviserait de penser à  Jammeh pour prendre sa succession. l’homme du Faso avait tout contre lui pour prétendre s’imposer à  la région. Après les indépendances, la région a d’abord connu un trop-plein de leaders charismatiques. Du côté des Anglophones, Kwame Nkrumah, bien sûr. Quand il est évincé par l’armée, le Nigérian Yakubu Gowon prend le relais. Chez les Francophones, C’’est carrément la bousculade. Sékou Touré, Félix Houphouà«t-Boigny, Léopold Sedar Senghor, Modibo Keita… Instabilité nigériane Puis, l’instabilité politique s’installe au Nigéria. Murtala Muhamed (29 juillet 1975-13 février 1976), Olusegun Obasanjo (13 février 1976-1er octobre 1979), Shehu Shagari (1er octobre 1979-31 décembre 1984) n’ont eu guère le temps de s’imposer dans l’instable fédération pour songer à  la région. De même, le Ghana, après Nkrumah, connaà®tra quatre présidents en quatre ans. C’’est l’Afrique francophone qui prend le leadership régional, avec Senghor et Houphouà«t-Boigny. Les autres rivaux sont passés à  la trappe. Le Malien Modibo Keita est évincé par le fruste et brutal Moussa Traoré, alors que Sékou Touré s’isole dans une dérive dictatoriale. Les deux leaders de la région s’imposent avec des armes différentes. Senghor compte sur sa stature intellectuelle et l’influence de son pays, qui fut la capitale de l’Afrique occidentale française, alors que l’Ivoirien brille par son sens de la manœuvre politique, appris sur les bancs du parlement français, et le poids économique de son pays, qui attire tous les ouest-africains. A la disparition de Senghor, Abdou Diouf a su préserver son legs diplomatique. Le Sénégal continue à  accueillir les grandes conférences internationales, à  assurer la présidence en exercice des organisations continentales ou régionales (OUA, CEDEAO, CEAO, UEMOA, CILSS) et à  placer ses ressortissants à  la tête des institutions internationales (Organisation commune africaine et malgache, Air Afrique, UNESCO, Banque africaine de Développement, Organisation de la Conférence islamique, Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest, Union économique et monétaire ouest-africaine, UEMOA, FAO…) Voie ouverte La mort d’Houphouà«t-Boigny le départ de Diouf ouvrent la voie à  un nouveau venu. Alpha Oumar Konaré. Tribun, il peut s’appuyer sur la belle victoire de la démocratie sur la dictature de Moussa Traoré et le prestige impérissable de l’empire du Mali pour reprendre le flambeau, le Sénégal commençant à  perdre place. La co-rédaction du NEPAD assure au départ une certaine visibilité à  Wade, mais la multiplication de ses initiatives finit par irriter. Il est le rare chef d’Etat à  ne pas bénéficier du renouvellement de son mandat à  la tête de l’UEMOA et de la CEDEAO. Le leadership de Blaise Konaré retraité, Amadou Toumani Touré plutôt effacé, Gbagbo empêtré dans une rébellion interne, il n’y avait plus que le Burkina en Afrique francophone et, après la fin du second mandat d’Olusegun Obasanjo, dans toute l’Afrique de l’Ouest. Plus vieux dans le grade, réfléchi jusqu’à  la rouerie, Blaise Compaoré ne partait pas avec la faveur des pronostics. Son pays, le Burkina, l’ancienne Haute Volta, n’était pas taillé pour le leadership régional. Le colon français le vouait au rôle de réservoir de main-d’oeuvre pour la riche colonie ivoirienne. C’’est Thomas Sankara qui a sonné la révolte voltaà¯que pour fonder une nouvelle nation, fière d’elle-même, avant d’être « rectifié » par ses compagnons d’armes, parmi lesquels Compaoré, qui éliminera ensuite Henri Zongo et Jean-Baptiste Boukary Lingani, les deux autres acteurs du quatuor qui avait pris le pouvoir en 1983. Compaoré peut restaurer au Burkina, il est vrai au forceps l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et trois de ses compagnons, le 13 décembre 1998, l’illustre – la stabilité politique que connurent, du XIe au XIXe siècle, les royaumes Mossi, malgré les expansions des empires du Mali et du Songha௠dans la boucle du Niger. Les ingérences Pour ne rien arranger, Compaoré est accusé d’ingérence. Sa main est vue dans les guerres civiles du Libéria, de la Sierra Leone et de l’Angola. Il en sera de même avec la Côte d’Ivoire. C’’est depuis Ouagadougou que la rébellion s’organise. Les Burkinabés sont victimes de graves exactions qui les conduisent à  quitter par milliers, en catastrophe, la Lagune Ebrié. La métamorphose Le premier théâtre d’opération du Compaoré nouveau est le Togo. Dans les années 90, C’’est lui qui sauve la mise de Gnassingbé Eyadema, près d’être emporté par le vent de démocratie qui souffle sur le continent. Il récidivera avec le fils, en 2005, en arrachant un improbable accord avec le fils d’Olympio, qui ravive l’opposition entre leurs pères. La semaine dernière, il a réussi à  faire revenir le président Faure sur la nomination du président de la Commission électorale nationale indépendante, qui risquait de plomber, avant l’heure, la présidentielle de l’année prochaine. Alors que le Burkina a également une communauté touareg, l’ordre qu’il fait régner sur son pays lui évite les soubresauts qui déchirent ses voisins nigériens et maliens. Compaoré est aussi intervenu en Centrafrique pour installer au pouvoir François Bozizé , son complice selon les partisans de Patassé. Bozizé est venu à  Ouagadougou, en février 2005, pour le remercier. Précédé de quelques jours par un autre président, le Libérien Gyude Bryan, dans le même exercice. Fort de ses succès, il bénéficie du pragmatisme de Gbagbo. Las de la multiplication des médiateurs, Wade, Kufuor, Mbeki…, il se tourne vers celui qui est, à ses yeux, le véritable parrain de la rébellion du Nord. Pari gagnant. La paix est en marche et les deux pays sont réconciliés, ainsi que vient de l’entériner une visite officielle de Compaoré en Côte d’Ivoire, du 15 au 18 septembre dernier. Stabilité La France, préoccupée de stabilité parce qu’elle n’a plus les moyens de multiplier les interventions armées, les Etats-Unis, soucieux de ne pas offrir de refuge éventuel à  Al Qaà¯da, l’Union européenne, mollement engagée dans le soutien à  la démocratie, Compaoré, qui a modifié sa constitution pour rester au pouvoir, offre les gages de stabilité qui lui assurent ses galons de médiateur. Le « beau Blaise » a parcouru bien du chemin. Parrain hier, faiseur de paix aujourd’hui. A 58 ans, bien décidé à  rester au pouvoir, il sera de plus en plus incontournable. Notamment dans la crisé guinéenne.

Médiation guinéenne : Le CNDD et l’opposition bientôt à Ouagadougou

Mr Compaoré a rencontré hier le Conseil National pour la démocratie et le développement (CNDD) du capitaine Moussa Dadis Camara, l’opposition, les syndicats et la société civile. D’une part, les opposants demandent le départ de la junte qui selon eux, devrait être remplacée par des civils jusqu’aux élections de janvier prochain. Par ailleurs, le chef de la junte a déclaré sur les antennes de RFI : Le président Compaoré a du pain sur la planche. Rappel des faits Le lundi 28 septembre dernier, les forces vives (opposition, syndicats et société civile) se réunissaient au stade du 28 septembre de Conakry. Des milliers de partisans et sympathisants avaient effectué le déplacement. Le meeting a enregistré la présence de leaders de l’opposition tels que Cellou Dalein Diallo, François Fall, Sidya Touré, Jean Marie Doré, Alpha Kondé… Ils s’étaient donnés la main pour contrer l’éventuelle candidature du capitaine Dadis aux prochaines élections de janvier. Les forces vives ont également déploré les incessantes humiliations subies par la population et les autorités du pays, dans le ‘Dadis show’ qui passait souvent à  la télévision nationale guinéenne. Ainsi, pendant que le rassemblement se faisait à  l’intérieur du stade, des bérets rouges de l’armée guinéenne ont fait irruption. Tout le monde était encerclé, et il n’y avait plus d’issues de sortie. Des militaires se sont alors déchaà®nés sur la foule. raconte un témoin. Deux leaders politiques dont Cellou Dalein Diallo ont reçu de sérieux coups entraà®nant de graves blessures. Des femmes étaient déshabillées, violées, battues, mutilées. Des armes étaient introduites dans leurs sexes avant de les tuer. Triste scénario quant en plus de cela, des corps ne sont pas retrouvés ou cachés. Ils ont disparu comme par enchantement. Les corps disparus auraient été extraits de la morgue en pleine nuit par des militaires, afin de cacher, le nombre exact de morts. Dadis dément avoir demandé à  quiconque de tirer Par ailleurs, le capitaine Dadis a décliné toute responsabilité dans les tristes évènements du lundi 28 septembre dernier. Il impute tous les faits, à  l’opposition qui selon lui, voulait le destituer du pouvoir. « Ils se sont rassemblés au stade afin d’amener le peuple à  se révolter contre moi. » A-t-il spécifié. Dadis aurait-il eut peur d’un scénario malgache ? Un scénario qui a fait partir l’ex président Marc Ravalomanane, à  la suite du soutien du peuple au jeune maire de la capitale Antananarivo, Andry Rajoelina ? On serait tenté de répondre oui. Mais était-ce une raison pour tirer sur un peuple sans défense ? De violer et mutiler des femmes en temps que défenseurs de la nation ? Plus de 150 personnes auraient été tuées selon des chiffres de l’ONU. Dadis affirme que des manifestants étaient armés et que, les militaires n’ont fait que se défendre. Par ailleurs, il a déclaré ne pas maà®triser sont armée à  100%. Unanime condamnation l’écrivain guinéen Tierno Monénembo, prix Renaudot 2008, avec son livre ‘le roi de Kahel’, est pour le déploiement d’une force d’interposition en Guinée. La France a quant à  elle, vivement condamné ces violences et suggéré une force d’interposition, tout comme Tierno Monénembo. Idem pour les Etats et toute la communauté internationale. Cependant, les dirigeants africains n’ont pas condamné les tueries, juste du bout des lèvres. Blaise Compaoré nommé facilitateur de la crise guinéenne Blaise Compaoré a su gérer la crise ivoirienne qui a durée 7ans. Saura-t-il faire ramener le CNDD et les forces vives à  une même table de négociation ? Il semble que des accords soient possibles, puisque chaque partie a accepté de se réunir dans la capitale burkinabé Ouagadougou, sous la demande du médiateur Compaoré. Cependant, les forces vives demandent le départ pur et simple de la junte, la restitution des corps disparus et le relâchement des manifestant incarcérés le lundi dernier. Il est clair qu’il sera très difficile d’obtenir un départ du capitaine Dadis maintenant. Compaoré a une lourde tâche, même s’il bénéficie du soutien de l’union européenne.