Aéroports: Consession n’est pas privatisation!

Dans le but d’ « améliorer la qualité de service et de maintenance et de la performance commerciale », le gouvernement a décidé en 2010 de concéder la gestion de l’Aéroport international de Bamako Sénou à  un privé. Le concessionnaire sera connu d’ici à  juin, assure le gouvernement. Les autorités maliennes parlent de « concession ». Les syndicalistes considèrent qu’il s’agit d’une privatisation qui ne dit pas son nom. La direction nationale de l’Agence nationale d’avion civile (ANAC) et celle des Aéroports du Mali (ADM), relevant du ministère de l’Equipement et des transports (MET), ont donc tenu à  en dire plus sur cette décision polémique. « Pas une privatisation », selon le gouvernement « Cette concession est l’une des conditionnalités posées par le Millenium Challenge Account-Mali (fond étasusien) pour le financement, la modernisation et l’extension de l’aéroport de Bamako Sénou », a indiqué Mme Cissé Kadidia Traoré, conseillère technique au MET. Une concession n’est pas une privatisation, a-t-elle insisté en précisant que la mise en concession prévue d’ici juin 2012 n’implique pas un transfert complet de l’exploitation du service public au repreneur. Les installations aéroportuaires appartiendront toujours à  l’Etat malien, a notamment expliqué le directeur général de l’ANAC, Abdoulaye Coulibaly. La directrice des Aéroports du Mali mise à  la porte « Toute défaillance au titre des obligations du concessionnaire en termes de garanties financières, de protection de l’environnement, de sécurité et de refus de communication constitue une faute contractuelle donnant droit à  une résiliation de la Convention », a-t-il également rappelé. La décision de mise en concession n’est nullement liée à  la gestion controversée de l’ancienne directrice générale de la structure, Mme Thiam Aya Diallo, a ajouté Mme Cissé kadidia Traoré. Après des semaines de protestations des employés la directrice a été remercié le 22 février. Le syndicat des travailleurs est farouchement opposé à  toute idée de mise concession, qu’il perçoit comme une privatisation pure et simple. Si cette concession venait à  être effective l’entreprise et ses employés seraient menacés, ont estimé les travailleurs et le collectif des femmes. Toutes les garanties sont prises pour la préservation des emplois, a affirmé de son côté la conseillère technique du ministère.

Crise à Transrail SA : les travailleurs de plus en plus inquiets

« Nous nous sentons abandonnés par nos deux Etats. Ils doivent s’investir afin que nos emplois soient sauvés » . Voilà  les préoccupations exprimées par le syndicat des travailleurs du rail (Sytrail), qui lors d’une conférence de presse ce jeudi n’a pas fait l’économie des difficultés que traverse la société depuis sa concession en 2003. Sur les 11 locomotives qui assuraient le trafic, il n’y en a que 6 qui fonctionnent normalement. Bref, voilà  autant de difficultés sont susceptibles de conduire à  l’arrêt des activités, si aucun investissement n’est fait d’ici la fin de la période transitoire fixé à  décembre 2011. 176 milliards. C’’est la somme dont a besoin l’ex régie du chemin de fer pour sauver ses emplois et maintenir ses activités. Le Sytrail qui a suivi toutes les étapes de la concession estime que la convention a été biaisée depuis le départ. Et pour cause, dit-il, le repreneur se devait d’injecter plus de 5 milliards F cfa dans la compagnie avant de lancer ses activités. Cette consigne, bien que stipulée dans la convention de concession, a été foulée au pied. «Â Nous n’avons pas demandé cette concession. Depuis 2003, on s’est serré les coudes poursuivre le processus. La convention de concession a été signé avec des problèmes. Les difficultés se sont accumulées si bien que aujourd’hui ça ne va pas. Les Etats doivent mettre en marche un plan d’urgence ». Crise durable A force de s’accumuler les irrégularités ont conduit la société (depuis le 10 aout 2009) à  se « réfugier » auprès du tribunal de commerce de Bamako, sous règlement préventif. Pour s’épargner les assauts des créanciers. C’’est dire si la concession de la société a échoué. A l’allure o๠vont les choses, les travailleurs craignent la sauvegarde de leur emploi. La crise risque de durer si les Etats concessionnaires ne s’y intéressent pas avec beaucoup plus de volonté. Du coup, les centaines d’employés traversent une situation de précarité indescriptible. « C’’est nos emplois ainsi que la stabilité de nos familles qui sont menacées », indiquent les cheminots de Transrail. Faut-il souligner que l’axe ferroviaire Bamako Dakar assurait directement et indirectement la vie économique d’une multitude de travailleurs. Force est de rappeler que la concession du chemin de fer a occasionné le licenciement de la moitié du personnel en 2006. La rencontre des partenaires sociaux qui s’est tenue à  Dakar le 12 mai dernier, a décidé d’une « Société de patrimoine » qui sera gérée par les deux Etats. Toutefois, le Sytrail considère que le chemin de fer est un patrimoine national qu’il faut sauvegarder pour les générations futures.