Tabaski : Mouton pas cher, cherche propriétaire…

Comme chaque année, l’approche de la fête de Tabaski est source de réjouissances pour les familles, mais aussi d’angoisse pour ceux que le prix du mouton freine, afin d’accomplir leur sacrifice rituel, celui d’Abraham, lorsqu’il immolait un mouton à  la place de son fils. Marchandage en règle Les moutons, on en voit partout dans les rues de Bamako, des troupeaux qui sillonnent les quartiers à  la recherche d’un heureux propriétaire. Mais si la bête fait envie, tout le monde peut-il se la procurer ? Le prix débute à  50 000 F CFA pour les plus petits moutons, montent jusqu’à  90 000 F CFA pour les moyens et 200 000 F CFA ou plus pour les gros moutons ou le « Bali bali ». Ces moutons proviennent essentiellement du Nord du Mali, de villes comme Hombori, Goundam, Mopti, Nara. Des zones réputés pour leurs tradition pastorale. Reste que pour ceux dont la bourse n’est pas très lourde, certains vendeurs offrent des béliers à  40 000 francs, et des bêtes plus grosses juqu’à  200 000 francs. Dans les garbals, ( lieux de vente des moutons), c’est donc la négotiation qui commence. Assane et ses amis, discutent au garbal de Faladiè, un mouton de 60 000 francs. Une avance, voilà  ce qu’ils veulent donner, et le reste après.  » Comment faire autrement, il faut que l’on soit solidaire », avoue le jeune père de famille. Mais les vendeurs sont exigeant. Il faut prendre en compte dans le prix du bélier les conditions de transport, qui font monter les enchères. Concurrence étrangère Outre la difficulté à  trouver un mouton, vient s’ajouter la concurrence étrangère et l’ouverture du marché malien aux éleveurs sénégalais, ivoiriens ou gambiens, qui bénéficient de certains avantages accordés par les autorités. Ainsi, le gouvernement malien, à  travers son ministère de l’Elevage et de la Pêche à  permis à  ces éleveurs étrangers de s’approvisionner dans notre pays. Une réunion a été tenue avec les syndicats de la filière bétail viande pour faciliter l’accès des marchés de mouton de l’intérieur à  leurs homologues de ces pays. Les points de destination choisis sont les régions de Ségou (les zones de Macina, Niono, et San) et Kayes (Nioro et Nara). Ces pays grands exportateurs de moutons maliens concurrencent notre marché. Des moutons de fête sont vendus au même prix sinon moins cher à  Abidjan, Dakar, Banjul qu’à  Bamako. Au même moment, des consommateurs maliens qui ont des salaires de misère contrairement à  ceux de ces mêmes pays rasent le mur pour accomplir le sacrifice d’Abraham. Malgré tous ces inconvénients, les Maliens veulent fêter dignement la fête de Tabaski et cherchent par tous les moyens à  accomplir le sacrifice d’Abraham. Il s’agit d’une question de foi et de religion. Dans un pays à  99% musulman, la fête de Tabaski après celle de l’Aid El Fitr est la deuxième plus grande fête collective dans notre pays. L’occasion de retrouvailles familiales et de bénédictions à  s’échanger entre croyants et citoyens… Bonne fête de l’Aid à  tous.