Mmes Diarra Alima Coura Marico et Maiga Aminata Kéita : Le train se conduit aussi au féminin

Pionnières, battantes, braves, impulseuses, les qualificatifs ne manquent pas pour décrire Mesdames Maiga Aminata Kéita et Alima Coura Marico, épouse Diarra. Pionnières, ce sont les premières et seules conductrices de train de tout le Mali et même de la sous-région. Battantes et braves, elles le sont, en dépit des nombreuses difficultés qu’elles rencontrent. Impulseuses, elles ont su faire tomber ces barrières pourtant très hautes qui voudraient qu’un métier soit dévolu à un sexe plutôt qu’à un autre.

Cela fait neuf ans, presque une décennie, que ces femmes, deux fois par semaine au minimum, font le Bamako – Kayes et conduisent les trains à bon quai. Mais l’histoire aurait pu être tout autre. Répondant à une annonce d’emploi du Dakar – Bamako Ferroviaire (DBF) en 2006, elles s’entendent répondre « les femmes ne sont pas destinées à la conduite », de part d’hommes craintifs à l’idée de voir leur décor « parasité ». Sans s’en laisser compter, elles n’abandonnent pas. « Nous leurs avons fait savoir que nous avions la même formation que les hommes qu’ils sélectionnaient et ils ont fini par nous laisser passer le concours » raconte Madame Diarra, 39 ans, de quatre ans l’ainée des deux. Bien leur en a pris. Elles sont aujourd’hui de véritables sommités dans leur domaine et font naitre des vocations chez des jeunes filles qui aimeraient leur emboiter le pas. Elles ont la même passion qu’au début, mais les raisons de la voir s’éteindre ne manquent pas. Six mois qu’elles et leurs collègues ne sont plus payés. « C’est un vrai monde militaire », qu’elles décrivent. « Aucune femme avant nous n’avait fait ce travail. Il n’y a donc pas d’endroit au dépôt qui soit réservé aux femmes. Nous mangeons, nous lavons et dormons avec les hommes, que nous considérons comme nos frères ». Des conditions qui pourraient faire sortir de ses gonds le plus flegmatique des maris. Pas les leurs. « Nous n’avons aucun problème de ce côté. Nos maris nous comprennent et nous soutiennent dans notre métier ».