L’opposition en colère au lendemain de sa marche « interdite »

Les parties politiques de l’Opposition et des organisations de la société civile ont organisé le dimanche une conférence à la maison de la presse de Bamako.  Les responsables ont condamné la répression de leur marche pacifique de la veille, ayant pour but des élections crédibles et transparentes et  l’égal accès à l’ORTM.  En colère,  ils prévoient une nouvelle manifestation le 8 juin 2018.

C’est dans une salle pleine à craquer que s’est tenue le 3 juin,  la conférence de presse de l’opposition et associations de la société civile, regroupée au sein de la Coalition pour l’alternance et le changement.

« Je crois que dans cette même salle, nous avons tenu beaucoup des conférences de presse, mais je ne l’ai jamais vue aussi comble. Cela prouve à suffisance, si besoin en était, la gravité du coup que ce régime a porté à la démocratie malienne hier », condamne dès son introduction l’honorable Amadou Thiam, président de l’ADP Maliba.

Au présidium, le jeune député a à ses côtés des leaders connus pour la force de frappe de leur verbe. Tiebelé Dramé du Parena, Me Mohamed Aly Bathily du Mouvement Appel du Mali(APM), Youssouf Mohamed Bathily dit Ras Bath du Collectif pour la Défense de la République(CDR), mais aussi Cheick Sidi Diarra du Mouvement Anw Bé Faso  Don, et le représentant du Mouvement Badenya Ton parrainé par l’Imam Mahmoud Dicko. Dans la salle,  d’autres personnalités telles que l’honorable Soumaila Cissé, candidat de l’URD à l’élection présidentielle et chef de file de l’Opposition, Aliou Boubacar Diallo candidat de l’ADP Maliba, Mamadou Igor Diarra candidat du Mali En Action, et bien d’autres figures importantes de la Coalition pour l’alternance et le changement étaient présentes.

Dans un communiqué lu par l’honorable Amadou Thiam, l’Opposition dénonce  l’attaque subie par ‘’les manifestants à mains nues, la violation du siège de l’ADP Maliba par les forces spéciales de la police qui y ont jeté des grenades » et accuse par la même occasion, les services de sécurité du Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga d’avoir ‘’tiré à balles réelles sur des manifestants regroupés devant le siège de l’ADP Maliba. Affirmation jugée « mensongère et calomnieuse » par le Premier ministre. Aussi, l’opposition dénombre  une ‘’trentaine de blessés, trois responsables  violement frappés sur la tête avec gourdins et des matraques’’, accuse-t-elle. « L’intention du gouvernement était clair : terroriser l’opposition et toutes les forces démocratiques », souligne le communiqué du cabinet de chef de file l’opposition.

Pour l’ancien ministre d’IBK, Me Mohamed Aly Bathily,  il ne faut jamais perdre de vue les buts de leur manifestation réprimée. « Elle avait deux objectifs : l’accès aux medias d’Etat et la transparence des élections », précise-t-il, et s’explique. « La nouvelle loi dit tout simplement que le ministre de l’Administration territoriale peut pour une raison de force majeur déclarer qu’il n’y a pas d’élection dans certains bureaux. Il suffit qu’il regarde la carte, voit qu’IBK peut perdre dans cette région, et là, il va ramener les services protégeant les urnes là ou IBK va gagner et déclarer qu’on ne peut pas tenir les élections dans l’autre zone,  parce qu’IBK va perdre là-bas. C’est cela l’explication de la fraude inscrite dans la loi », s’insurge-t-il, la  qualifiant  de « la honte pour la démocratie ». Celui qui fut traité de « petit monsieur », devenu président de campagne de Soumaila Cisse, éprouve lui « un sentiment de dégoût de voir des hommes qui ont participé au combat pour l’avènement de la démocratie se transformer en acteur d’un fascisme rampant au Mali». « Où sommes-nous ? Dans une dictature sahélienne ? », s’interroge Tiebilé Dramé, après avoir dénoncé ce qui s’était passé.

Dans un communiqué datant du 2 juin,  le Secrétaire général des Nations Unies a invité « toutes  les parties au calme et à la retenue ». L’ONU se dit prête pour « soutenir un règlement pacifique des différends entre les parties »  et « déplore l’interdiction par le gouvernement de la tenue  des manifestations par les parties de l’opposition ».

Pour ne rien céder, l’opposition appelle à une nouvelle marche le vendredi 8 juin pour l’égal accès à l’ORTM, les élections transparentes et contre les violences policières. Une action qui pourrait détériorer le climat entre l’opposition et le gouvernement avant l’élection  cruciale du 29 juillet