Dr Brema Ely Dicko : « Se rencontrer permet de dissiper les malentendus »

Le gouvernement du Mali prévoit en janvier 2019 la tenue d’une Conférence sociale. Elle permettra de créer les conditions d’un dialogue social inclusif sur les grandes préoccupations des travailleurs dans un contexte où les préavis de grève se succèdent. Le Dr Brema Ely Dicko,  chef du département sociologie-anthropologie de l’Université des lettres et des sciences humaines de Bamako, explique la portée de l’initiative.

Qu’entend-on par conférence sociale ?

C’est une rencontre entre les acteurs politiques, le gouvernement, qui est l’Exécutif,  et les partenaires que sont les syndicats des travailleurs. Chaque corps à son syndicat. Il y a ensuite des syndicats qui regroupent tous les autres, comme l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) ou la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM), entre autres. C’est donc un rendez-vous entre le gouvernement et les différents représentants des acteurs professionnels, pour discuter des problèmes dans les différents secteurs mais aussi se mettre d’accord sur les priorités du moment.

Cette conférence est-elle pertinente aujourd’hui ?

Une conférence est toujours pertinente, par ce que c’est toujours un rendez-vous du donner et du recevoir. Se rencontrer permet de dissiper les malentendus et de mettre fin aux rumeurs. Cela permet aussi d’avoir des informations factuelles et de faire baisser les tensions, par ce que quand les gens ne se parlent pas ils ne peuvent pas se comprendre. Organiser cette rencontre, c’est donner la parole aux uns et autres, se retrouver pour présenter la situation du pays, voir ce qui est possible et ce qui ne l’est pas, dégager ensemble les priorités du moment et voir comment elles peuvent être prises en charge par l’Exécutif et les partenaires.

Qu’est ce qui sera débattu lors de ces journées ?

Beaucoup de choses. Les revendications sont connues. Les préavis de grèves expliquent toujours pourquoi les gens veulent débrayer. Par le passé, des accords ont été signés par le gouvernement, disant en 2018 on va faire ceci et en 2019 cela. La conférence permettra de faire le point des engagements pris, de voir ce qui est pris en compte au-delà du papier et de déterminer comment ce qui reste à faire peut être pris en charge dans un avenir proche. Les gens pourront définir ensemble un nouveau calendrier.

La conférence pourra-t-elle mettre fin aux revendications ? 

Cela dépendra de la santé financière du pays et du réalisme des revendications. Et aussi de la volonté réelle du gouvernement en place de répondre aux demandes sociales et de sa capacité financière à prendre en charge les doléances. À court terme, cela sera très difficile. Par contre, cela permettra de se parler pour se mettre d’accord sur un calendrier réaliste et dégager les voies et moyens pour prendre en charge les doléances les plus urgentes.