Drogue : La prévention est essentielle

La prévention est l’un des piliers de la lutte contre le trafic et la consommation de drogue au Mali. Un axe essentiel, qui peine à  obtenir des résultats face une absence de données fiables mais aussi à un manque de coordination et de moyens.

« Normalement, il faut une étude pour faire une évaluation.  Mais il n’existe aucune donnée scientifique capable de mesurer la consommation », constate Mohamed Sadio Mady Kanouté,  chef de la division prévention, communication et relations publiques à l’Office Central des Stupéfiants (OCS.) L’absence de données chiffrées sur le trafic et la consommation de drogue constitue le premier obstacle à la prévention, prioritaire dans la lutte.

«Si la répression est insuffisante pour lutter efficacement. Il faut une approche équilibrée entre répression et prévention », explique M. Kanouté.  Car le trafic ne fait qu’augmenter. Deux types de prévention sont menés par l’OCS. Celle dite « universelle », qui s’adresse à la population en général, considérée comme  potentiel consommateur, et l’autre ciblée sur certaines « couches considérées comme vulnérables », comme les élèves et étudiants, ceux qui travaillent dans les activités minières, les professionnels du sexe, les transporteurs et d’autres groupes exposés à la consommation de drogue. Il s’agit essentiellement de séances de sensibilisation organisées en vue d’expliquer les conséquences de la consommation de ces produits sur la santé et la vie de ceux qui s’y adonnent.

Au plan national, la lutte est régie par la  loi n°01-078 du 18 juillet 2001, axée sur la prévention. Depuis 2016, sur instruction de l’ONU, la prévention, qui consiste à «  anticiper la commission de l’infraction », est aussi la règle sur le plan international.

La lutte que mène l’État est effectuée grâce à l’implication de plusieurs organisations de la société civile, parmi lesquelles l’ONG « Ensemble contre la drogue », créée cette année par l’Association des jeunes de Tombouctou pour se focaliser sur la problématique. « Parce que, pendant et après la crise, les jeunes se sont familiarisés avec les stupéfiants. Certains continuent d’être sous leur effet et ont même abandonné l’école », explique Monsieur Ahmadou Touré, Président de l’association. Pour être efficaces, les actions de sensibilisation sont  menées avec des « campagnes de désintoxication et de traitement ». Mais « ce qui manque, c’est la prise en charge en charge des personnes dépendantes, pour leur réinsertion », un volet non encore pris en charge par les partenaires qui accompagnent l’ONG, selon Monsieur Touré. Le chômage, la recherche du gain facile, le contexte sécuritaire « où les trafiquants ne sont pas dénoncés » et la faible implication des familles pour assurer le relais sont aussi autant d’obstacles à la prévention, selon Monsieur Touré.

 

Distribution : petite surface deviendra grande

Parking bondé et double file, devant les supermarchés de Bamako, même si ce n’est pas la cohue, l’affluence des fêtes a commencé. Les grandes surfaces rivalisent d’ingéniosité pour attirer un client qui est de plus en plus exigeant et en veut pour son argent. Quand il ne va pas commander « ses courses » en Europe ou dans les pays voisins, le consommateur malien ou vivant au Mali se réjouit de voir l’offre grossir.

Dès l’entrée du magasin, le ton est donné. Nous sommes à quelques heures de la fête de Noël et ici tout le dit : des guirlandes et sapins disposés dans l’entrée au bonnet rouge et blanc de la fromagère, c’est le grand jeu pour mettre le client dans l’ambiance et le pousser à « se faire plaisir », comme le dit en souriant un des chefs de rayon. Dehors, c’est le gros bouchon. Il est 16h30 et en sortant du travail, Maïmouna est venue « faire quelques courses ». Pourquoi le choix de cette enseigne située sur la route de Koulikoro ? « C’est proche de chez moi et on y trouve de tout, même si les prix sont un peu élevés pour la bourse malienne. Mais, le choix y est et c’est important », explique la jeune mère de famille qui essaie de faire de la résistance face à son jeune garçon campé devant le rayon « chocolat ». Dans les bacs réfrigérés, on sent aussi la fête. Il y a de l’arrivage de fruits de mer et « ce sont les noix de St Jacques que les gens aiment. Avec le saumon aussi. Pour les fêtes, ça sort, avec le chocolat également », poursuit notre interlocuteur.

L’offre s’étoffe

Pour se fournir, le consommateur n’a pas beaucoup à réfléchir. Bamako ne peut pas encore rivaliser avec les autres capitales en termes de « grandes surfaces ». Le terme est d’ailleurs contestable si l’on compare avec les superficies consacrées ailleurs aux supermarchés et centres commerciaux. « La demande n’est pas si importante que cela, pour le moment, même si les choses évoluent. La grande partie de notre clientèle est composée de cadres et d’expatriés. Le Malien n’a pas encore dans sa culture de se rendre au supermarché pour faire ses courses », affirme le gérant de cette autre enseigne. L’offre ne s’en est pas moins démultipliée au cours des 20 dernières années. De l’historique Azar Supermarché ouvert dans les années 90 aux Fitini Market qui essaiment dans les quartiers de la capitale, il y a eu du chemin de parcouru. « Ce n’est pas qu’il n’existait pas de boutique de ce genre auparavant », nuance Amadou, quinquagénaire. « Il y avait des endroits où on pouvait acheter des produits importés. Mais la culture du self-service date vraiment d’une vingtaine d’années, avec la libéralisation du commerce ». Depuis, outre les supermarchés Azar, Fourmi et Shopreate, qui sont les plus importants en surface et en référencements (articles), plusieurs autres enseignes sont nées, la plupart sur la rive gauche de la capitale. On peut citer, entre autres, Mini-Prix, Les mille et une merveilles, mais aussi les Fitini Market, qui eux ont choisi de s’implanter en rive droite, dans les « nouveaux quartiers »  puis de s’étendre de l’autre côté du fleuve Niger. Depuis 2011, la demi-douzaine de « foodstop », comme on peut le lire sur le site de la société, s’est spécialisée dans la distribution en gros et détail des produits alimentaires et d’hygiène. «Il s’agit d’un réseau de supérettes de proximité, pratiquant le libre-service », et misant sur « la valorisation des produits locaux ». Les produits locaux, un argument de vente brandi par la plupart des distributeurs qui veulent attirer une clientèle de plus en plus sensible à cette problématique mais aussi « parce que les entrepreneurs font beaucoup d’efforts sur la qualité et l’emballage, ce qui leur permet maintenant de rivaliser avec les produits importés ».

Fêtes & marketing

Pour se rapprocher de la clientèle et faire face à la concurrence qui s’élargit, les « leaders » innovent. Tout est fait pour attirer le client et surtout le fidéliser. L’un des outils les plus utilisés est la présence sur Internet et les réseaux sociaux. Désormais, les clients sont avertis des offres promotionnelles ou des nouveaux arrivages par le biais de « newsletter » ou de messages sur Facebook et Twitter. Ainsi, Tonino Market, enseigne de Korofina en commune 1 du District annonce des réductions sur les achats à partir de 5 000 francs CFA sur sa page Facebook tandis que La Shopreate invite la clientèle, à travers un mail, à venir découvrir les nouveaux arrivages et bénéficier de la promotion « Festivités ». Pour Mamadou Diakité, qui travaille dans l’administration de cette entreprise familiale qui dispose de deux surfaces à Bamako, il faut redoubler d’efforts au moment des fêtes. « Contrairement à ce que les gens croient, la période de la fin d’année n’est pas très propice pour faire du chiffre. Nos clients sont pour la plupart des expatriés. Ceux-ci rentrent dans leurs pays pour les fêtes, ce qui réduit vraiment les ventes. Nous faisons donc tout pour attirer ceux qui restent et les Maliens qui viennent aussi faire leurs courses de fêtes », explique-t-il. « Nous optimisons les coûts » poursuit-il. « Par exemple, pour le chocolat, nous faisons en même temps la commande du 14 février. Cela nous permet d’offrir plus de produits à nos clients ». Maintenir à flot un supermarché, ce n’est pas tous les jours une sinécure.

« Le premier défi, en tant que cliente, pour moi, c’est la qualité des produits. C’est pourquoi je regarde bien ce que je prends, les dates de péremption, la fraîcheur du produit, etc. », assure Maïmouna. Il est vrai que, régulièrement, des rumeurs courent sur des produits de « piètre qualité », ajoute-t-elle, diplomate. « Il n’y a pas de contrôle strict de ce qui est vendu dans ces boutiques. On retrouve des étiquettes visiblement trafiquées ou alors ce sont les normes d’hygiène qui laissent à désirer » se plaint une expatriée sur un site dédié. Une question que les autorités semblent encore négliger puisqu’effectivement, contrairement aux pratiques dans les autres pays, il n’existe pas de contrôle approfondi mené par l’inspection sanitaire et les descentes sur le terrain sont plutôt « superficielles, juste pour le principe », nous confie un agent. L’autre défi étant le transport et la logistique. L’approvisionnement des magasins et surtout le respect de la chaîne de froid sont une « préoccupation de tous les instants, sans compter les problèmes sur la route, etc. », explique un gérant. La diversification de l’offre a poussé les acteurs à élargir la gamme de produits proposés aux fruits et légumes, mais aussi aux fruits de mer et la boucherie. Autant de denrées sensibles qu’il faut commander, acheminer puis conditionner et vendre dans les meilleures conditions.

Spécialistes

Si dans la plupart des enseignes, on retrouve un peu de tout, alimentation-hygiène-vaisselle-mobilier-etc, de plus en plus de magasins spécialisés s’ouvrent dans la capitale. Le traditionnel ORCA, pour la maison et la déco, se voit désormais concurrencer par des enseignes qui grossissent. C’est le cas de Batimat, spécialisé dans les matériaux de construction et la décoration, qui a ouvert un show-room gigantesque, presqu’en face, dans la zone ACI 2000. Euro Décor, quant à lui, s’accroche à la locomotive et se veut spécialiste surtout des tissus en tout genre et ceux d’ameublement en particulier. Pour revenir aux vivres, le Carré Fermier s’implante lui aussi sur le marché, avec un système de franchise qui permet de rendre accessibles au public, des produits de boucherie Made in Mali.

Difficile d’avoir une liste exhaustive des enseignes présentes à Bamako. La consommation allant grandissant (plus de 100% de croissance les dix dernières années), on peut parier que de nouveaux venus vont bientôt venir chercher leur part du gâteau. On annonce pour 2018 l’arrivée d’un géant français, mais aussi l’évolution d’un chantier de centre commercial, lancé il y a deux ans.

Drogue : qui consomme quoi ?

Ils ont entre 15 et 45 ans pour la plupart. Ils viennent de milieux différents, mais ont un point en commun, la consommation de drogue. Pour tenir le rythme au boulot, oublier son quotidien monotone ou tout simplement « planer », de nombreuses raisons mènent à cette addiction.

Les semaines se suivent et se ressemblent toutes. De nombreux stupéfiants sont saisis par les différents services en charge de la lutte contre le trafic des drogues. Plusieurs trafiquants utilisent le Mali comme zone de transit, mais cette tendance tend à évoluer et le Mali fait sa mue d’espace de transit à espace de consommation. Celle-ci prend des proportions inquiétantes et touche, selon le Directeur de l’Office central de lutte contre les stupéfiants, le magistrat colonel Adama Tounkara, « toutes les couches de la société ».

Pour se faire une idée  des profils des consommateurs, il faut s’intéresser aux prix. Le cannabis (chanvre indien, haschich), qui est la drogue la plus consommée, est très accessible. 100 francs CFA suffisent pour s’en procurer. Une aubaine pour de nombreux jeunes, en dépit de leur situation précaire.

Consommation en développement

Au-delà des idées préconçues, Bamako n’est pas la seule ville concernée par la consommation de drogue. Les régions de Sikasso et de Kayes sont particulièrement touchées, en partie à cause des activités d’orpaillage. « Ceux qui travaillent sur ces sites en consomment le plus souvent pour lutter contre la fatigue, oublier le stress et créer une certaine euphorie dans leurs têtes, ce qui leur fait oublier leur quotidien », explique notre interlocuteur. « Le marché du cannabis est devenu une activité malienne. Le trafic et la consommation sont l’apanage de Maliens et une brique de chanvre indien ne coûte que 30 000 francs CFA », ajoute-t-il. Pour le même prix, vous n’aurez droit qu’à un gramme de drogue dure (cocaïne, héroïne…). Dès lors, on change de dimension. La clientèle est plus « select » et la dépendance plus forte. « Le pouvoir d’achat ne permet pas à beaucoup de Maliens de se procurer ces produits. Heureusement, parce que, dans certains pays développés, les trafiquants sont capables d’en offrir gratuitement à de potentiels clients pour les tenter et les rendre dépendants ». Une très forte addiction se crée alors, et le client, même avec la meilleure volonté du monde, se départira difficilement de cette emprise.

« Nous nous attelons à réduire l’offre. Cela passe par l’arrestation des dealers et par la réduction de la demande, en sensibilisant efficacement les éventuels consommateurs », conclut le directeur de l’OCS.

 

Consommation : Pas de baisse des prix en vue

 

Chaque année, la période de soudure se caractérise par une hausse du prix des produits de consommation courante, comme les céréales et les légumes. Cette année, alors même qu’elle s’achève avec l’arrivée des premières récoltes, les prix ne baissent pas, à cause, semble-t-il, d’une mauvaise pluviométrie.

Plutôt que de penser à une embellie d’ici quelques semaines concernant les prix des céréales, les consommateurs devraient plutôt avoir une petite inquiétude. En effet, les prix de ces produits de grande consommation n’ont pas encore atteint le niveau de baisse souhaité en cette période. Qu’il s’agisse du riz ou du mil localement produits, ils restent élevés, contrairement à la même période l’année dernière. Principale raison pour les vendeurs de céréales, la faible pluviométrie enregistrée dans certaines zones de production, de riz notamment. « Les espoirs n’ont pas été comblés et la production n’est pas à hauteur des attentes. Les producteurs conservent le peu qu’ils ont produit et, puisque l’ancien stock s’épuise, les prix ne baissent pas à hauteur de souhait », nous explique Moussa Kouma, commerçant de céréales au marché Dossolo Traoré (Marché de Médine) de Bamako. Actuellement, il cède le sac de riz de 50 kg « Gambiaka » 1er choix à 19 000 francs CFA, un prix nettement supérieur à celui de l’année dernière à la même période.

Du côté des tubercules, les réalités varient. Pour la pomme de terre, dont la production nationale n’est pas attendue avant deux mois, c’est l’importée qui domine le marché. Son prix au détail est fixé à 500 francs le kilo. Mais, lorsque la production locale sera sur le marché, le kilo sera cédé de 200 à 250 francs.

La situation pour les légumes semble être pire. Selon Madame Diallo Binta Camara, vendeuse au Marché Dossolo Traoré, le panier de tomates, qui coûtait entre 10 000 et 12 000 francs CFA l’année dernière vaut actuellement 35 000 francs. Elle évoque aussi la faible pluviométrie dans les zones de production, mais espère une amélioration de la situation durant la période de froid qui s’annonce, favorable au maraîchage.

Durement touché par cette hausse des prix, le panier de la ménagère se vide de plus en plus de certains produits, en raison de leur coût inaccessible. Madame Dravé Mariam Dolo, gérante de cantine, tire la sonnette d’alarme. « Tout est cher : poivron, tomate, céleri, courgette… Je suis gérante de cantine depuis trois ans, mais, cette année, c’est particulièrement dur », soupire-t-elle.

Alimentation : Le consommateur malien est-il en danger ?

Poulets congelés frelatés, viande d’âne vendue comme du bœuf ou du mouton, pommes de terre de mauvaise qualité, étiquettes mensongères sur les canettes de boissons ou riz en plastique tout récemment, comme partout dans le monde, le consommateur malien s’interroge et s’inquiète sur la qualité de son alimentation. Les polémiques se succèdent et poussent à se demander ce qui se trouve réellement dans nos assiettes. D’où viennent ces produits, comment sont-ils contrôlés et finalement, dans quelles conditions sont-ils consommés ? Des questions à la louche, décortiquées avec des représentants des consommateurs, comme des responsables de structures publiques, ou des commerçants.

Pour Mme Cissé Fady Touré, il est clair que le point de départ des interrogations est le changement des habitudes alimentaires des Maliens. « Il y a 30 ans, le Malien mangeait mieux car ne consommait pas les nombreux arômes et bouillons d’assaisonnement qui inondent le marché de nos jours », assure la nutritionniste, professeur à la Faculté de médecine de Bamako. L’introduction de ces ingrédients dans notre quotidien est pour beaucoup dans la perte des notions d’équilibre alimentaire et nutritionnel. Manger en qualité plutôt qu’en quantité n’est pas la préoccupation de la majorité, qui cherche le moins cher pour satisfaire ses besoins. Ce n’est pas une raison, rétorque la nutritionniste, qui estime qu’on peut se nourrir correctement à moindre coût, si l’on sait choisir ses produits. Cet argument est-il encore valable ? Les Maliens savent-il vraiment à quoi ils ont affaire quand ils achètent de quoi préparer leur nourriture ?

L’intensification de l’agriculture (culture et élevage) a imposé un rythme difficile à soutenir sans utilisation d’intrants chimiques (engrais, pesticides, etc), et sans impacter considérablement la rentabilité. Que ce soit un verre de lait frais, du pain, une omelette à base d’œufs frais, ou encore de la mangue, ces produits figurant en bonne place dans notre quotidien alimentaire et considérés comme bons pour notre santé, n’ont généralement plus rien de naturel. De plus, la paupérisation des campagnes et l’explosion démographique dans les villes ont fait croître la demande de produits de première nécessité, à bas coût. L’importation massive est venue répondre à ce besoin. Le directeur national adjoint du commerce, de la concurrence et de la consommation (DGCCC), Boucadary Doumbia, le confirme, la grande majorité des produits consommés au Mali viennent de l’extérieur. « D’après les dernières statistiques qui datent de 2008, 70 % de la consommation malienne vient des produits importés ». Au marché Dabanani, les grossistes attestent de cet état de fait. Affourou Koïta importe du riz de Thaïlande ou de Chine, en fonction du prix, fait venir de l’huile de Côte d’Ivoire ou de la farine du Sénégal. Selon lui, les produits reçus sont généralement de bonne qualité, même s’il reconnaît qu’il y peut y avoir mieux à un prix plus élevé. « Mais ce sera difficilement vendable ici », explique-t-il. À ceux qui dénoncent l’importation de riz, souvent décrié comme de mauvaise qualité, le commerçant rétorque qu’il n’a pas le choix. Le Mali cultive en effet du riz de très bonne qualité mais ce dernier est exporté dans sa quasi-totalité, faisant des petites quantités qui restent, une denrée rare et donc chère. Contrairement au riz, la viande consommée est locale car son importation est prohibée. L’abattage des bovins dont la viande est destinée à la consommation doit se faire exclusivement dans des lieux conçus à cet effet, c’est à dire les abattoirs frigorifiques. Ce qui n’est pas toujours le cas. On déplore en effet, malgré les contrôles et surtout la sensibilisation sur les risques sanitaires que ce genre de pratiques fait courir à la population, l’existence à Bamako et dans de nombreuses autres villes, de lieux d’abattage clandestins d’animaux dont la qualité sanitaire n’est pas avérée, mais aussi l’abattage d’animaux dont la viande n’est pas forcément propre à la consommation. C’est le cas du scandale des abattoirs clandestins d’âne, dont la viande s’est retrouvée sur de nombreux marchés maliens.

Consommateur influencé Autant de sujets d’inquiétude pour l’Association des consommateurs du Mali (ASCOMA). Mme Coulibaly Salimata Diarra, sa présidente, pointe également du doigt « l’usage abusif de l’engrais et autres produits qui rendent difficile la conservation des fruits et légumes, ainsi que l’utilisation disproportionnée des antibiotiques dans l’élevage moderne de volaille, un problème crucial puisque leur consommation a des effets néfastes sur notre organisme ». Une rencontre sur ce thème avait d’ailleurs été initiée en 2016 par l’ASCOMA, mais n’a été suivie d’aucune mesure véritable. Lamine Kaba, chauffeur de taxi, déplore lui aussi que « la nourriture que nous consommons contient trop de produits dont on ne connait pas la composition. Les femmes les utilisent juste à cause de la publicité qu’on en fait ». Le chantier pour l’ASCOMA est donc l’éducation des consommateurs au choix des bons produits. Un défi encore très loin d’être relevé, tant l’ignorance ou l’inobservance des règles minimum d’hygiène et de conservation est encore la norme. Selon la directrice générale de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire des aliments (ANSSA), qui a pour mission d’assurer la coordination de toutes les actions liées à la sécurité sanitaire des denrées alimentaires et des aliments pour animaux, le Dr Oumou S. Maïga, « le gros problème de la consommation des Maliens réside dans la conservation des produits alimentaires, ce qui provoque la présence de bactéries telles que la salmonelle dans les aliments crus ou insuffisamment cuits, ou des aliments laissés sans réfrigération durant plusieurs heures. C’est aussi le cas de l’aflatoxine dans la pâte d’arachide vendue sur nos différents marchés. Cette bactérie résiste même à l’eau de javel et peut causer de nombreuses maladies, dont la plus courante est la fièvre typhoïde ».

Contrôle accru Il y a quelques années, lors d’un contrôle sanitaire effectué par différentes structures, dont l’ASCOMA, seul le Takoula, beignet sous forme de pain fait à base de mil ou de riz cuit à la vapeur, s’était avéré un aliment sain au Mali. Cette confidence de la présidente de l’Association des consommateurs fait froid dans le dos. « Tous les produits alimentaires qui doivent être commercialisés au Mali doivent passer par l’ANSSA qui en examine les échantillons à travers 4 laboratoires : le laboratoire chimique, le laboratoire de microtoxine, le laboratoire des pesticides et celui des micro bactéries », explique cependant le Dr Oumou S Maiga. « Il est difficile de garantir à 100% la fiabilité dans le contrôle des produits importés » reconnait Boucadry Doumbia, directeur national adjoint à la DNCCC. Sa structure s’occupe de vérifier tout produit qui entre sur le territoire malien, destiné à la commercialisation. « C’est possible que des produits soient importés sans autorisation, à l’insu des autorités. Nul ne peut affirmer contrôler ses frontières à 100% », poursuit notre interlocuteur. « Les services techniques de contrôle doivent être plus exigeants », s’emporte Mme Coulibaly Salimata Diarra, présidente de l’ASCOMA.

Une raison qui a poussé l’ANSSA à prioriser cette année, des investigations sur les produits de grande consommation à travers le contrôle des unités de sachet d’eau, d’huileries et de cubes alimentaires, qui inondent le marché, mais aussi renforcer les capacités et les mesures d’accompagnement sur les bonnes pratiques agricoles, d’hygiène et de transformation. « Nous avons tout un arsenal juridique qui nous permet d’assainir nos marchés, mais pour cela la population doit rester alerte », exhorte M. Doumbia, dont la structure, suite à la polémique du riz en plastique qui a défrayé la chronique ces dernières semaines, a saisi 25 tonnes de produits suspectés pour analyse au niveau du Laboratoire national de la santé. Les résultats sont encore attendus.

Pour que le consommateur malien prenne le contrôle de son assiette, il faut, selon Mme Coulibaly de l’ASCOMA, « booster la production locale et subventionner l’élevage comme cela se fait pour la pisciculture depuis quelques années ». Associer une agriculture locale mieux contrôlée à des vérifications plus strictes et une meilleure information des consommateurs, voilà aux dires de tous les acteurs, la recette pour y parvenir.

 

Consommer malien, la solution pour booster l’industrie ?

Les États d’Afrique encouragent de plus en plus la production et la consommation des produits fabriqués sur place. Au Mali, le concept existe mais peine à devenir réalité.

Pour le Dr Abdramane Coulibaly, enseignant chercheur à l’ENSUP, le « consommer malien » est encore au stade embryonnaire. « C’est un rêve pour l’instant », affirme-t-il. Force est de constater que « les produits Made in Mali ne sont pas aussi compétitifs que les produits exportés », explique Hamidou Doumbia, entrepreneur. Au niveau de l’Association des consommateurs du Mali (ASCOMA), plusieurs dispositions sont prises pour sensibiliser et renforcer les capacités des entreprises maliennes. « Cela passe par la mise en place du label Made in Mali », affirme Coulibaly Salimata Diarra, présidente de l’ASCOMA.

Du côté des industriels, c’est vers l’État que sont tournés les regards. « Un des moyens de soutenir l’activité des PME est de faciliter leur accès à la commande publique », explique Issouf Traoré, Directeur général de la Société nationale de tabac et allumettes du Mali (SONATAM). Les montants en jeu sont en effet considérables : à hauteur de plusieurs centaines de milliards de francs CFA par an pour le Mali, environ 5 500 milliards de francs CFA pour l’espace UEMOA. À l’OPI, on est du même avis, en rappelant que « l’État est quand même un très gros acheteur ». « Nous attendons qu’ils veuillent bien passer des commandes au niveau des industries nationales, ce qui est aujourd’hui encore très marginal. Elles sont moins de cinq », explique le président de l’Organisation patronale des industriels, Cyril Achcar. Un début de mise en œuvre de cette doléance avait eu lieu en 2014, le gouvernement Mara ayant lancé une politique de promotion de l’achat des produits artisanaux et industriels locaux dans le processus de la commande publique. Mais elle fit long feu. « On nous certifie que la volonté existe toujours, mais nous attendons les faits. Le jour où l’État commandera nationalement, ce sera un message très fort », poursuit-on à l’OPI. Le ministre du Développement industriel estime pour sa part que ce n’est plus la solution pour la relance de l’industrie malienne. « On n’est plus dans cette dynamique car le « consommer malien » répondait à un besoin précis à un moment précis c’est-à-dire l’industrialisation par substitution de l’importation », explique Mohamed Aly Ag Ibrahim. « Nous devons aujourd’hui aller au-delà. Il faut promouvoir l’industrialisation pour la consommation, comme pour le sucre ou l’huile, mais aussi pour l’exportation. Nous avons des entreprises qui se sont inscrites dans cet élan telle que Toguna qui exporte des produits de qualité dans toute la sous-région » poursuit le ministre.

 

Bamako au rythme du Ramadan

Se priver de boire, de manger, de fumer, du lever au coucher du soleil… C’’est l’une des prescriptions faites au fidèle musulman pendant le mois béni du ramadan. Le mois de jeûne est le quatrième pilier de l’islam, moment de pénitence par excellence. Au cours de ces 30 jours, les habitudes de vie et surtout l’alimentation subissent un profond changement. A chacun sa manière de vivre cette période si spéciale dont l’édition 2014 a commencé le dimanche dernier.Bamako, comme tous les recoins du Mali, vit au rythme de ce mois de carême. Dans la rue, peu de rassemblement, les uns et les autres se concentrent sur eux-mêmes pour oublier la sensation de faim et de soif qui s’affirme au fil des heures. C’’est plutôt la quiétude qui prévaut et les mosquées ne désemplissent pas. Nombreux sont ceux qui ne parviennent pas à  rester éveillés et somnolent dans les bureaux. Particulièrement dans la seconde partie de la journée de travail, o๠il est difficile de rencontrer des salariés dûment installés à  leur poste. Petites astuces pour rester éveillés, le cure-dent qui apparait au coin de la bouche et aussi la montre bracelet qui est consultée toutes les cinq minutes, histoire d’accélérer la survenue de l’heure de la rupture. Ou plutôt de la « descente », la fin de la journée de travail étant avancée pour permettre aux uns et aux autres de rallier le domicile avant le coucher du soleil. Du coup, l’administration se retrouve paralysée, avec le changement d’horaire et le manque d’assiduité des travailleurs. Fruits, poissons et compagnie Sur le coup de 17heures, C’’est la ruée sur les marchés. On vient acheter la viande ou le poisson le plus frais possible, mais surtout les légumes et les fruits qui viennent enrichir le régime alimentaire de ce mois particulier. Assanatou Camara, son cure-dent bien calé entre les lèvres, déambule entre les étals des vendeurs de poissons au niveau de l’immeuble SONAVIE, à  l’ACI 2000. « Mon mari préfère le poisson à  la rupture du jeûne », raconte-t-elle. Elle doit attendre son tour car la file de clients est longue. Les vendeuses de fruits aussi voient leur part de marché augmenter à  ce moment de forte consommation. Djibril Coulibaly témoigne rompre « mon jeûne avec les fruits d’abord (datte et papaye) et ensuite J’attaque les autres plats. Raison pour laquelle chaque jour je m’approvisionne ici en fruits avant de prendre la direction de ma maison ». Autre friandise recherchée pour la rupture du jeûne, les galettes. Salées, sucrées, au riz, au mil ou à  la farine de blé, frites dans le beurre de karité ou une simple huile végétale… on voit des vendeuses s’installer à  tous les coins de rues pendant le mois de carême. Histoire de partager la manne que draine la clientèle qui change ses habitudes pour acheter au petit soir au lieu du matin. Vers 18 heures, on peut constater des attroupements autour de la vendeuse des précieux gâteaux traditionnels consommés avec le kinkeliba à  la rupture du jeûne. Les plus nantis prennent la direction des pâtisseries, les restaurants, pour rompre en famille ou avec les amis avec une large variété de plats et de boissons. Comme quoi, à  chacun son mois de carême…

Le riz augmenterait les risques de cancer

Devenu base de l’alimentation dans bon nombre de pays comme le Mali, le riz serait un produit dangereux pour les enfants. C’est en tout cas ce que pensent les autorités sanitaires danoises, qui alertent sur la concentration d’arsenic dans le célèbre féculent. Les autorités danoises ont même lancé une campagne de communication pour déconseiller aux parents de donner à  leurs enfants des produits à  base de riz, comme les céréales au riz soufflé, les gâteaux au riz ou le lait de riz. Pourquoi une telle inquiétude ? Le riz contient naturellement de l’arsenic inorganique, et « les personnes consommant des aliments avec de l’arsenic inorganique quotidiennement courent un risque accru de cancer », ont expliqué les autorités danoises sur leur site internet. Elles ont ainsi appelé les parents à  être « particulièrement attentifs » à  la consommation des enfants, en raison de leur poids. D’autres tests sur d’autres produits à  base de riz ont été commandés pour déterminer leur concentration en arsenic inorganique, comme les nouilles à  base de riz. Les résultats des analyses doivent être publiés en juillet. La présence d’arsenic dans le riz attire de plus en plus l’attention. En septembre, les autorités américaines de sécurité alimentaire (FDA) ont annoncé qu’elles allaient mener des analyses pour déterminer la dangerosité du riz et d’aliments en contenant. Les adultes moins sensibles « Dès qu’on parle d’arsenic, les gens paniquent. Des taux significatifs ont été détectés, mais une bonne partie de cet arsenic est déjà  métabolisé par le riz, ce qui signifie qu’il a perdu une grande part de sa toxicité », nuance toutefois Jean-Yves Dionne, directeur en pharmacologie, cité par Terra Femina. « La capacité de détoxification des bébés est moins forte que celle des adultes », reconnait toutefois le spécialiste.

Des insectes contre la faim dans le monde

Selon une nouvelle étude de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) présentée lors de la Conférence internationale sur les forêts pour la sécurité alimentaire et la nutrition qui se tient à  Rome du 13 au 15 mai, les insectes constituent une source majeure d’aliments nutritifs facilement accessibles et riches en protéines issus des forêts. Ils sont également riches en lipides, en calcium, en fer et en zinc. Le bœuf par exemple, contient en moyenne 6 mg de fer pour 100 g de poids sec, alors que ce chiffre varie entre 8 et 20 mg pour 100 g de poids sec chez la sauterelle, selon l’espèce et le type d’aliments que cette espèce elle-même consomme. Encourager l’élevage d’insectes «Nous ne disons pas que les gens doivent consommer des bestioles», souligne Eva Muller, Directrice de la division de l’économie, des politiques et des produits forestiers à  la FAO. «Nous disons que les insectes constituent simplement l’une des ressources que fournissent les forêts, et que leur potentiel est plutôt sous-exploité dans l’alimentation, surtout l’alimentation animale. Cependant, à  mesure que les habitats forestiers disparaissent, nous risquons de perdre des espèces avant d’avoir compris comment les utiliser pour réduire la faim», ajoute Mme Muller. Selon la FAO, « d’ici à  2030, plus de 9 milliards de personnes devront être nourries, tout comme les milliards d’animaux élevés chaque année », rappelant que « la pollution des sols et de l’eau due à  la production animale intensive et le surpâturage conduisent à  la dégradation des forêts ». Raison de plus pour encourager l’élevage d’insectes. Alors que deux kilos d’aliments sont nécessaires pour produire un kilo d’insectes, les bovins, eux, exigent huit kilos d’aliments pour produire un kilo de viande, argue-t-elle Toujours selon cette étude, les insectes d’élevage offriraient une solution durable pour éviter toute surexploitation susceptible d’affecter des espèces plus prisées. Certaines espèces, comme les vers de farine, sont déjà  produites à  une échelle commerciale puisqu’elles sont utilisées sur des marchés de niche comme l’alimentation des animaux domestiques, les zoos et la pêche de loisir. Si la production était plus automatisée, cela rabaisserait les coûts à  un niveau o๠le secteur profiterait d’une substitution de la farine de poisson par la farine d’insecte pour nourrir les élevages, par exemple. l’avantage est d’augmenter l’offre de poisson disponible pour la consommation humaine. Apport du secteur privé « Le secteur privé est prêt à  investir dans l’élevage d’insectes. De grandes perspectives se dessinent devant nous», explique Paul Vantomme, l’un des auteurs de ce rapport. «Mais aucune entreprise ne se risquera à  investir dans ce secteur d’activités tant que les textes législatifs n’auront pas été clarifiés et empêcheront même l’essor de ce nouveau marché». D’après les recherches de la FAO, menées en partenariat avec l’université de Wageningen aux Pays-Bas, plus de 1 900 espèces d’insectes sont consommées par les hommes sur le globe. On estime qu’ils s’inscrivent dans les régimes alimentaires traditionnels d’au moins deux milliards de personnes. à€ l’échelle mondiale, les principaux insectes consommés sont: les scolythes (31 %), les chenilles (18 %), les abeilles, les guêpes et les fourmis (14 %), les sauterelles et les criquets (13 %).

Consommation du« Bôgôni »: alerte danger!

La consommation du kaolin, « bôgôni » en bambara, n’alerte pas vraiment l’opinion publique car étant un phénomène traditionnel mais aussi très répandu dans nos sociétés. Dégoutante selon l’avis de la plupart des hommes, honteuse selon celui des femmes, cette pratique dure depuis des siècles en Afrique occidentale. Révélateur de manque La consommation du kaolin peut être associée au syndrome de « pica ». Le pica est un trouble du comportement alimentaire caractérisé par l’ingestion durable (plus d’un mois) de substances non nutritives (terre, craie, sable, papier, kaolin, etc.) Le pica a plusieurs causes, sa genèse associant des carences alimentaires et affectives. Son évolution peut parfois se compliquer de troubles intestinaux (occlusion, parasite digestif), de saturnisme en cas d’ingestion de peinture. l’ingestion du kaolin a beau être banalisée dans nos sociétés elle n’en demeure que plus dangereuse. Un effet presque imminent de l’absorption du kaolin est la constipation. Celle-ci est suivie d’une anémie qui s’aggrave au fil du temps. En effet le kaolin, une fois absorbé constitue une barrière à  beaucoup d’éléments nutritionnels à  l’exemple du fer et du zinc. Arrêtez, vite ! Pour les femmes enceintes, principales consommatrices de kaolin, les effets peuvent aller de l’avortement spontané à  l’incrustation du kaolin sur certaines parties du corps de l’enfant causant ainsi des manifestations cutanées et des troubles intestinaux. A la naissance, le bébé peut souffrir de développement insuffisant de ses organes, d’hypogonadisme (sécrétion anormalement faible d’hormones par les glandes génitales, C’’est-à -dire testicules chez l’homme et ovaires chez la femme) et de ralentissement de sa croissance. Diverses méthodes sont utilisées par certaines femmes soucieuses des dangers du kaolin. Une cure est de diminuer progressivement sa consommation mensuelle de kaolin (une demi-dose, puis un quart… jusqu’à  arrêt). Par contre l’envie de croquer du kaolin découle d’un manque de certains éléments tels que le fer dans notre organisme. De ce fait, un moyen beaucoup plus efficace serait la prise régulière de ces éléments (fer ou acide folique sous forme de comprimé), sous ordonnance médicale bien sûr et sur une durée allant d’un à  deux mois. Alors, les croqueuses, maintenant que vous êtes averties, il est temps d’abandonner cette pratique qui en plus est loin d’être esthétique !

Slow food : « Les africains doivent consommer africains »

Le constat fait par la fondation slow food dont le siège est en Italie avec des représentations dans une trentaine de pays africains est clair. « Les africains délaissent leur propre gastronomie pourtant très riche au profit de la gastronomie européenne ou étrangère ». Or à  en croire Carlo Petrini, président international et fondateur de Slow Food, « la colonisation aujourd’hui passe par la gastronomie et il est temps d’y mettre fin en sensibilisant les africains à  consommer africains », soutient-il au cours d’un échange avec des journalistes africains au siège de la fondation en Italie. Pour le président de cette organisation qui a engagé un projet visant à  créer 1000 jardins maraichers dans de nombreux pays africains, dont plus de la moitié sont opérationnels, la souveraineté d’un peuple ou d’un pays passe par la souveraineté alimentaire. « Les africains ne connaà®tront pas de souveraineté alimentaire tant qu’ils ne consommeront pas les mets africains et ne respecteront pas les producteurs locaux », pense Carlo Petrini. Exode rural et OGM La fondation Slow food regrette la percée de l’exode rural qui fait fuir de nombreux jeunes des campagnes pour les villes. Or en ville, il n’y’a pas de terres à  cultiver. « On ne consomme pas l’ordinateur, mais la nourriture. Nous devons aider les jeunes africains à  s’intéresser à  l’agriculture et leur en donner les moyens », invite Carlo Petrini. Il regrette par ailleurs que les organismes génétiquement modifiés soient introduits subrepticement en Afrique. Ceux-ci comportent des conséquences fâcheuses qui ne sont pas maà®trisées par les africains. « Nous sommes contre les Ogm parce qu’ils consomment beaucoup d’eau et leurs effets sur la santé de l’homme n’ont pas encore été prouvés. Bien plus, ils sont produits par des multinationales à  qui il faudra toujours payer des royalties », dénonce le président de Slow food. Cette fondation qui ne manque pas l’occasion d’appeler les africains à  dénoncer les Ogm soutient par ailleurs que les européens manque de respect à  l’Afrique en tentant d’y introduire des cultures pourtant interdites en Europe. Carlo Petrini fait remarquer que l’introduction des Ogm en Afrique va contribuer à  la perte de la biodiversité chère à  l’Afrique du fait de ce type d’agriculture qui est généralement intensive. « Nous devons amener les jeunes africains à  le savoir et les journalistes doivent s’approprier ce combat, en plus du combat de la décolonisation de la gastronomie africaine », interpelle Slow.food. Cette fondation a financé la production des guides et des livres de cuisine pour mets africains en fonction des pays et accompagne des africains dans la création de restaurants spécialisés en mets africains. Slow Food est une organisation mondiale fondé en 1989 avec plus de 100 000 adhérents dans plus de 150 pays à  travers le monde. Les différents membres sont mus par la volonté d’établir un lien entre le plaisir de la bonne nourriture avec un engagement envers leur communauté et l’environnement. Organisation à  but non lucratif, Slow food a l’ambition de contrer la montée de la restauration rapide connu sous le nom de Fast food qui contribue à  la disparition des traditions gastronomiques. Elle milite pour la prise en compte des choix alimentaires des différentes communautés et la manière dont ceux-ci affectent le reste du monde.

Gaz butane : extinction des feux ?

s’il est vrai que les ruptures de gaz et autres spéculations étaient décriées par les consommateurs, l’annonce de l’augmentation de son prix pour en assurer un bon approvisionnement ne va pas non plus être applaudie. Surtout à  un moment o๠le charbon de bois coûte les yeux de la tête et que bien des familles ont investi dans la fameuse petite bouteille. En effet, les différentes campagnes pour la substitution du charbon de bois par le gaz butane ont commencé à  porté leurs fruits et bien des ménages y étaient encouragé par le prix somme toute modique de la recharge. Il convient d’ailleurs de noter que C’’est la deuxième fois en un an que le prix augmente. Il est passé de 2000F à  2500F il y a quelques mois, avant d’être fixé à  3500F il y a quelques jours. l’augmentation concerne également la bouteille de 12 kg qui est passée de 9000à  11 000FCFA. Vers le retour en force du charbon Pour Kadiatou Doumbia, C’’est une très mauvaise nouvelle. Son mari est au chômage technique depuis deux mois et C’’est tant bien que mal que les fins de mois sont bouclées. Alors, cette augmentation du prix du gaz tombe plutôt mal. « Nous faisions la cuisine exclusivement au gaz. Mais, a présent, les choses vont changer. On est obligés de retourner au charbon et au bois, le gaz sera juste pour les urgences ». Dans cette grande cour à  Lafiabougou, toutes les femmes sont de son avis. « l’argent de popote n’augmente pas, mais les prix de toutes les denrées augmentent. Le sucre, la viande et maintenant le gaz, C’’est difficile » nous confie une quinquagénaire, mère de 12 enfants. Le pire, C’’est que, dès l’annonce sur les antennes des médias publics de cette hausse, les revendeurs l’ont aussitôt appliquée. Pas question de vendre à  l’ancien prix un stock qui était pourtant là  bien avant la décision. « Si tu n’es pas content, C’’est ton problème, ce n’est pas moi qui ai augmenté les prix », nous rétorque vertement un revendeur de Baco-Djicoroni. Selon le ministère de l’Economie et des finances, l’augmentation du prix de la bouteille de gaz butane vise a pallier la rupture de stock de gaz butane et les divers spéculations qui ont lieu en ces périodes là . Mais au regard du comportement des revendeurs, pour qui certes, le bien-être du consommateur est le cadet des soucis, il est important de surveiller de près l’application strictes des décisions prises. A quand la consommation du gaz malien ? l’autre avantage de cette hausse est l’économie réalisée par l’Etat. Ce dernier a lourdement subventionné les années passées les importations de gaz. La crise économique et les difficultés actuelles sont venues compliquer la mise en œuvre de cette subvention. Cela faisait des mois que les distributeurs se plaignaient de ne pas avoir reçu leur subvention et menaçaient de cesser leur activité. Le Trésor public va pouvoir souffler un tant soit peu. Mais, on peut se demander s’il ne valait pas mieux appuyer les efforts des investisseurs dans le secteur pétrolier qui ont commencé à  exploiter du gaz. En effet, pour beaucoup, il est difficile de comprendre qu’un pays qui produit du gaz soit complètement dépendant des importations au point de devoir imposer des augmentations drastiques pour pouvoir continuer à  ravitailler le marché. En attendant, et comme le dit cette mère de famille dans un soupir « à  l’image de l’or du Mali qui ne brille pas pour nous, le gaz du Mali ne brûle pas pour nous ».

Huile frelatée: 130 personnes intoxiquées à Koutiala

Le Centre de Santé de Référence (CSREF) de Koutiala a connu cette semaine une affluence inhabituelle. Tout a commencé dimanche dernier aux environs de 19 heures, juste après la rupture du jeun, quand plusieurs malades présentant les mêmes symptômes ont été admis aux urgences avec des signes comme les maux ventre, la diarrhée et le vomissement. l’ensemble des malades, estimés à  130 personnes dont 41 enfants, sont arrivés au Centre de santé de référence avant 22H. l’équipe médicale dirigée par le Médecin Chef du CSREF, Dr Mahamadou MAGASSA n’a ménagé aucun effort pour la prise en charge diligente des malades. Ainsi, les prélèvements analysés en laboratoire ont conduit les hommes en blouse blanche à  la thèse d’huile frelatée qui en serait la cause principale de ce qui apparaissait être une intoxication. Informées dans l’immédiat, les autorités administratives et municipales à  savoir le Préfet du Cercle, El Hadj Sékou COULIBALY, ont vite investi les lieux. Le Commissaire de Police Diamoutene a, sans plus attendre, commencé les investigations et ses recherches ont permis d’interpeller 03 individus, tous commerçants détaillants. Les faits Le sieur Dramane CAMARA, domicilié à  Lafiala, aurait acheté 02 bidons d’huile provenant de Keleya cercle de Bougouni. Cette huile, tirée du pourghère, était destinée à  être du biocarburant et du savon artisanal donc impropre à  la consommation. Cette huile fut ensuite revendue à  Mr Oumar DIARRA, domicilié à  Lafiala aussi. C’’est la vendeuse d’huile du marché, Mariam DEMBELE qui a finalement payé les 02 bidons d’huile, soit 40 litres à  15.500F CFA avec Oumar DIARRA. Les ménagères de la ville se sont à  leur tour rendues au marché et ont acheté cette huile chez Mariam DEMBELE. Le drame a été évité de justesse. Une source médicale témoigne que dans une famille, tout le monde « a failli y passer ». Joint au téléphone hier, le Médecin chef, a assuré que la malheureuse situation est sous contrôle. Toutes les 130 personnes admises ont été prises en charges correctement et sont maintenant retournées chez elles. Du coté de la police les enquêtes se poursuivent et les trois personnes en cause ont été conduites à  la maison d’arrêt de Koutiala pour répondre devant le juge. Pour sa part la Fédération nationale des producteurs d’huile entend, très prochainement, tenir une conférence de presse pour décliner sa responsabilité dans cette scabreuse affaire. La question se pose aussi du contrôle des produits mis sur le marché o๠l’on constate malheureusement des pratiques plus ou moins dangereuses pour la santé publique. La prudence est donc recommandée aux consommateurs qui payent les pots cassés dans cette affaire.

La hausse du prix du sucre inquiète les consommateurs

A l’instar de nombreux pays importateurs de sucre, le Mali est menacé par une rupture de stock de sucre. Et pour cause, l’offre mondiale connaà®t de nos jours une réelle baisse. Le marché international du sucre est caractérisé par une hausse continue des prix, se justifiant par un accroissement de la demande. De 169 millions de tonnes en 2008, la production mondiale a chuté à  162 millions (soit une baisse de 4,14%). Au point que les pays exportateurs ont commencé à  diminuer leur offre vers l’extérieur. Cette situation est imputable aux mauvaises récoltes dans de nombreux pays asiatiques. En outre, le marché de la canne à  sucre qui était uniquement destiné à  la production du sucre, est aujourd’hui utilisé dans la production de biocarburants. Production nationale insuffisante Certes, le Mali produit du sucre, mais cette production est quasiment insuffisante face à  la demande nationale. Sur les 150 000 tonnes qu’absorbe la consommation nationale, seulement 36 000 de tonnes (soit 24% de la consommation) sont produits par NSukala SA, l’entreprise implantée au Mali. Le pays est ainsi fortement dépendant de l’importation. La situation est aujourd’hui très préoccupante. Pour sa part, le gouvernement malien entend s’investir en vue de trouver une solution rapide, C’’est à  dire une intensification de la production locale à  travers la réalisation de grands projets sucriers en cours : « Nous ne faisons qu’importer et non produire dans le but d’exporter. Avant que ce problème ne nous atteigne, nous avons plusieurs armes en notre possession et que nous devrions exploiter pour devenir nos propres fournisseurs en sucre », a déclaré le ministre du Commerce, Ahmadou Abdoulaye Diallo, au cours d’une conférence de presse tenue jeudi dernier. Fixer le prix du sucre Lors de ce point de presse le chef du département du Commerce, a de vive voix, a indiqué que le Kilo de sucre ne dépassera pas 555F CFA contrairement aux pays qui environnent le Mali, ou les prix oscille entre 550 et 700 F CFA. A travers ses propos, le ministre s’est réjouit du fait que le sucre importé par le Mali est revendu aux consommateurs à  un prix dérisoire. Mais ces prix sont mal ressentis par les maliens. Le mois de mars prochain est l’échéance fixée par le ministre et les opérateurs économiques (importateurs), pour revoir à  la hausse ou à  la baisse le prix du sucre suivant la réalité du marché mondial.

Santé publique : saisie de viandes impropres à la consommation

La viande impropre à  la consommation inonde aujourd’hui nos marchés. Depuis le 11 septembre, une opération coup de point a été menée par les gendarmes et sous l’instruction de la Direction Nationale de la Santé. Succès de l’opération. Abattage clandestin d’animaux Des bouchers au bord du fleuve à  Kalanbacoro et Niamana ont été surpris en délit d’abattage clandestin d’un nombre important de bœufs entre 2 et 3h du matin, samedi 12 septembre 2009 par des gendarmes. Au total, ce sont 17 boeufs qui ont été frauduleusement abattus par les bouchers. D’origine douteuse, la viande des bœufs abattus serait infectée par des maladies comme la tuberculose, et par conséquent impropre à  la consommation. Ce sont près de 5000 mille personnes à  qui étaient destinés ces abattages. D’o๠une forte probabilité de contamination à  la tuberculose ou tout autre maladie selon les experts de la santé. Bactéries détectées La quantité de viande saisie a été transportée à  l’abattoir frigorifique par les éléments de la gendarmerie. Après contrôle, le résultat est inquiétant : une bonne partie de la viande est infectée de bactéries. Saisies des viandes clandestines Le directeur national des services vétérinaires, le Dr. Kassoum Diakité, rapproché par nos soins, affirme que tout est parti d’un soupçon sur des abattages clandestins. Et d’ajouter « C’’est pourquoi, nous avons mis en place une opération dite  » coup de poing » pour démanteler le réseau des bouchers qui effectue l’abattage clandestin des animaux. » Selon le Dr. Kassoum Diakité, l’article 8 du texte stipule que « tout boucher agréé (chevillard, détaillant, abattant) pris en flagrant délit d’abattage clandestin encourra les solutions suivantes : saisie de la viande issue de cet abattage, paiement à  l’Etat de 50% de la valeur d’une carcasse différente. En plus, il sera dépossédé de sa carte professionnelle pour une durée de 3 mois. En cas de récidive sans préjudice des sanctions, le retrait de la carte professionnelle sera définitif et le coupable déferré devant le tribunal correctionnel ». Une viande qui pullule dans les marchés A souligner que les marchés de Bamako sont inondés par la viande avariée. M. Diakité révèle que la foire foraine est l’occasion pour beaucoup de bouchers d’introduire leur viande clandestine. Par ailleurs, la quantité de viande saisie, propre à  la consommation, est destinée aux œuvres sociales, comme les prisons, les hôpitaux et les mosquées, aux dires de Mouleykafou, Président Directeur de l’abattoir frigorifique. Enfin, il invite la population à  être vigilante pour l’achat de viande et de s’assurer que les kiosques modernes seront mis en place pour la vente de ces viandes.

Energie : légère hausse du prix de l’électricité à compter du 1er Juillet…

En cette période caniculaire, o๠la distribution d’électricité est en peine de satisfaire les clients, avec des coupures intempestives à  longueur de journée, le gouvernement du Mali, sur le conseil de la Commission de Régulation de l’électricité et de l’eau (CREE), va procéder, à  partir du 1er juillet prochain, à  un léger réajustement tarifaire de l’électricité. Ce réajustement tarifaire est de l’ordre de 3 à  5 % pour les clients qui dépassent une consommation mensuelle de 100Kwh. Désormais ces clients paieront environ 3 francs en plus. Pour la tranche de consommations qui se situent au-delà  de 201 Kwh, elle augmentera de 5%, soit environ 5 à  6 francs de plus. Un léger mécontentement est perceptible chez les maliens, notamment les plus modestes, et qui peinent à  assurer trois repas quotidiens et se voient déjà  dans l’obscurité. Un fonctionnaire à  la retraite s’inquiète de la hausse, même si elle ne concerne que 50% des clients domestiques. La Commission de régulation de l’eau et de l’électricité, explique ce réajustement par une « contribution solidaire », qui permettra à  l’Etat de souffler un peu. Depuis 2005, l’état investit chaque année environ 40 milliards de FCFA dans le maintien des services publics et leur expansion sur le territoire national. C’’est dans cette logique que le gouvernement va procéder à  la hausse du tarif de l’électricité à  partir du 1er juillet prochain. Une hausse accompagnée de mesures, car depuis 2003, les tarifs de l’eau et de l’électricité n’ ont pas bougé au Mali. Et l’Energie du Mali (EDM) peine à  faire face à  ses obligations : celles de fournir l’électricité à  l’ ensemble des citoyens du Mali.