Constitution : Le coup de gueule de Mohamed Aly Bathily

ATT persiste et signe, les opposants au projet ne lâchent pas du lest. Après le meeting organisé le mois dernier, suivi deux semaines de la marche pacifique, le Collectif «Â Touche pas à  ma Constitution », continue la mobilisation contre le projet de révision de la Constitution adoptée en août dernier par l’Assemblée nationale. Une conférence débats organisée samedi dernier à  la «Â Pyramide du Souvenir », a réuni plusieurs partisans du «Â non ». Très connu pour ses prises de position dans les débats politiques, l’avocat à  la Cour, Me Mohamed Aly Bathily, n’a pas fait dans la dentelle pour dénoncer ce qu’il qualifie de «Â Constitution opportuniste », voulue par le président Amadou Toumani Touré. l’incompréhensible obsession l’avocat tire la sonnette d’alarme et pense que le processus de révision de cette Constitution comporte plusieurs failles. Parmi les articles incriminés, la référence faite à  la Charte de Kuru kan Fuga. Commentant cette référence à  la Charte du Mandé, Me Bathily a révélé que la démocratie ne tolère pas l’esclavage, alors que la Charte du Mandé tolère la servitude. La création du sénat, explique l’avocat, est une aventure inopportune. «Â ATT s’est engagé dans une réforme que personne ne lui a demandée, et contre le droit » tranche-t-il. Expliquant qu’une Constitution est révisée lorsqu’il y a blocage des institutions, des situations de crise. Or, regrette l’avocat, rien de tout cela n’a été constaté au Mali pendant le régime d’ATT. «Â Les institutions fonctionnent normalement. Et ATT a fait ses dix ans sans problème. On ne voit pas pourquoi il tient à  faire une réforme de la Constitution » s’interroge le conférencier. Qui pense qu’il le fait par orgueil, car son prédécesseur Alpha Oumar Konaré avait échoué dans sa tentative de révision constitutionnelle. «Â Parce que, poursuit-il, toutes les actions du président ATT sont évaluées non pas en termes de développement, du bien-être des Maliens, mais en termes de concurrence, d’avoir fait beaucoup plus qu’Alpha et surtout d’avoir réussi à  faire réviser la Constitution, contrairement à  son prédécesseur ». «Â ATT voulait d’un 3ème mandat ! » Pour Me Mohamed Aly Bathily, juridiquement la Constitution n’est pas une, car elle sera votée sur la base de la loi électorale, elle-même adossée à  une Constitution qui est mise cause. Qu’est-ce qui peut donc expliquer cette obsession du chef de l’Etat à  faire un référendum qui ne lui profitera pas, car il partira le 8 juin prochain ? En réponse à  cette question, le conférencier est formel. Selon Me Bathily, la suppression de l’article 30 de la Constitution (fixant les limites du mandat présidentiel), et l’obtention d’un 3ème mandat étaient bel et bien l’objectif du président ATT. «Â Ce sont certains membres de la Commission d’experts qui se sont rebellés contre la volonté du chef de l’Etat pour cette suppression. Et puisque son objectif a échoué, ATT était gêné d’arrêter le processus, et il mise sur un cahot pour rendre nécessaire son maintien au pouvoir », a déclaré Mme Mohamed Aly Bathily. Pour la conclusion est sans équivoque. En attendant le référendum du 29 avril prochain, les débats vont bon train, et le Collectif «Â Touche pas à  ma Constitution » projette une nouvelle marche le 30 décembre prochain.