Adema : à la recherche d’un miel meilleur

« l’Adema, orphelin dans la majorité présidentielle ». C’’est l’opinion de beaucoup et même au sein du parti o๠l’on estime que sa place est dans l’opposition au régime IBK. Le « premier parti du Mali » n’est plus que l’ombre de lui-même. Pour preuve, ses résultats plus que mitigés aux dernières élections et la saignée continue au sein de ses effectifs. Depuis quelques semaines, des actions sont menées pour ramener le parti au centre du jeu, notamment à  travers des visites de courtoisie rendues à  plusieurs formations politiques. Officiellement, le président de l’Adema-Pasj, le Pr Tiemoko Sangaré, a entrepris de rencontrer ses homologues pour échanger sur les sujets qui préoccupent la nation, parmi lesquels la lutte contre l’extrémisme religieux qui demeure depuis 2012. s’y ajoutent l’accord de paix ainsi que sa mise en œuvre, et le renforcement de la démocratie. C’’est dans ce sens qu’une délégation du parti a déjà  rencontré le SADI, le RDS, l’APM-Maliko et l’Union pour la république et la démocratie (URD). D’aucun pensent que le parti des abeilles est en quête d’un nouveau positionnement sur l’échiquier politique. Entre majorité et opposition, beaucoup se cherchent : « nous subissons des menaces tous les jours, nos cadres sont limogés de leurs postes sans raison valable. Le président IBK a toujours considéré l’Adema comme son propre parti mais certains de ses proches nous en veulent à  mort », nous confie un député Adema dans les couloirs de l’Hémicycle. La récente interpellation de Dr Bocary Treta, ministre en charge du Développement rural par le député Bacari Koné de l’Adema élu à  Koutiala n’est pas pour arranger la situation de méfiance vis-à -vis des abeilles. « On ne peut pas être de la majorité et s’attaquer à  des ministres du gouvernement », martèle un jeune député du RPM. D’après l’universitaire Moussa Keà¯ta, la Ruche lance un signal fort à  la majorité : « l’Adema est dans la logique de s’allier à  d’autres forces politiques, voire à  l’opposition, pour une nouvelle alliance politique. D’ailleurs, l’alliance Adema-Asma/CFP-UDD serait en gestation pour les élections de 2018. Si l’hypothèse se réalisait, il n’est pas exclu que Soumeylou Boubeye Maà¯ga en prenne la tête. « l’Adema est un patrimoine commun », a-t-il opportunément rappelé le samedi 28 mars, lors de la 13ème Conférence nationale de l’Adema-Pasj. Boubeye, reine des abeilles ?

Les Maliens de retour à Alger

La paix au Mali est de nouveau en question dans la capitale algérienne. Il ne s’agit pas « d’une réouverture des négociations », a tenu à  préciser la médiation à  travers la voix du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali le chef de la MINUSMA, Hamdi Mongi. Ce sont plutôt des « consultations » destinées à  mettre en place les conditions « d’application de l’accord dans les plus brefs délais ». Pour rappel, l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali a été officiellement signé le 15 mai dernier, en l’absence du MNLA, du HCUA et du MAA, les trois principaux membres de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Ces derniers sont présents pour cette nouvelle étape. Bien que les échanges n’aient pas encore véritablement commencé, il semble que la CMA tentera le forcing pour la prise en compte de ses recommandations qui ne figurent pas dans le texte de l’accord. Et d’affirmer, que contrairement à  la mission onusienne: « Nous, à  la CMA, nous le comprenons comme ouverture des discussions. Et ce n’est pas une consultation ». Les recommandations de la CMA avaient été remises aux représentants de la MINUSMA à  Kidal le 17 avril 2015. Elles contiennent, entre autres, des revendications relatives à  « la définition d’un statut politique et juridique particulier de l’Azawad », alors que le gouvernement malien ainsi que la médiation internationale ne reconnaissent que « la réalité humaine de l’Azawad ». Il apparait donc toujours difficile de concilier les parties, même si la médiation se veut optimiste et espère arracher l’adhésion de ces groupes armés à  l’accord de paix. Du côté de Bamako, pas de changement : on exclut toujours toute idée de renégociation de l’accord. Le président Ibrahim Boubacar Keà¯ta avait laissé aussi une porte ouverte à  la CMA pour signer l’accord tout en la mettant en garde de ne pas « prendre en otage le pays et sa population”. Or, depuis le 15 mai, la situation sécuritaire continue de se dégrader sur le terrain, avec des combats meurtriers dans plusieurs localités du nord. Le choix des mots est donc très important dans un tel contexte et celui de « discussions » permet de contenter les deux parties. Un groupe d’experts a par ailleurs été désigné pour engager « immédiatement les préparatifs pour la mise sur pied du Comité de suivi de l’Accord et la tenue dans les délais les plus rapprochés de la première réunion de cette instance ». Le Comité devra proposer un échéancier pour la mise en œuvre de l’Accord que tous espèrent voir la CMA signer au plus tard le 15 juin prochain.

Secteur primaire: réflexion autour de la production

Ces consultations qui ont débuté le 09 février au Centre international des conférences de Bamako prennent fin ce mercredi. Elles concernent divers domaines à  savoir: l’agriculture, le développement du secteur privé, le capital humain, la sécurité, la gouvernance, etc. Les enseignements tirés serviront à préparer un nouveau Cadre de Partenariat avec le Mali. Ousmane Sidibé dirige une usine de fabrication d’engrais et de traitement de semences à  Sikasso. Il répond à  nos questions. Journaldumali : Vous venez de participer à  l’atelier intitulé « Comment augmenter la production dans le secteur primaire au Mali ?» Que peut–on retenir ? Ousmane Sidibé : Plusieurs questions essentielles qui ont été soulevées. Vous savez, le domaine du développement agricole ne peut pas s’analyser sans celui de la transformation et des marchés que nous allons aborder dans la partie consacrée à  ce sujet cet après-midi. Dans l’ensemble, les sujets ont porté sur le foncier, le crédit au petit paysan qui est vraiment un casse-tête parce qu’il n’a aucune base de rentabilité pour les banques, ni de garantie de ses prêts. C’’est très compliqué et C’’est pour cela qu’il est abordé par un organisme comme la Banque mondiale qui n’a pas nécessairement cet esprit de profit mais qui a un esprit de développement et notre contribution s’inscrit dans ce cadre-là . Vous avez pointé du doigt le fait que beaucoup de projets ont été réalisés sans tenir compte de l’avis des bénéficiaires Le développement économique en lui-même est un sujet très vaste et compliqué qui doit s’exécuter dans un partenariat entre bailleurs de fonds qui ont une façon de voir les choses, pouvoirs locaux et société civile locale et qui ont aussi leur appréciation. Les sujets sont transversaux et multiples, et puis, avec l’émergence de la démocratie, les opinions sont diverses, les groupes d’intérêts sont complètement divers, ce qui fait que ce n’est pas étonnant que ça prenne autant de temps. Mais je pense que cela ne peut pas nous dispenser de l’effort d’arrêter une fois pour toute, le chemin à  suivre dans le cadre de consultations qui vont non seulement au niveau des organisations représentatives des différents groupes d’intérêts mais aussi à  la base. Dans le domaine de la politique, les partis politiques sont censés représenter la population, au niveau de la société civile, les organisations sont censées représenter leur base, il en est de même chez les paysans, etc. La représentation a été vidée de son sens par les convoitises et la recherche d’intérêt personnel. Donc si l’on veut avancer, il est important d’être directement en contact avec les bénéficiaires sinon ça n’a pas de sens. Quelles autres solutions préconisez-vous? Je pense qu’il y a deux choses à  dire. Premièrement, il est très important que les Africains en général et les Maliens en particulier comprennent que tous les pays qui sont développés ou en voie de développement sont passés par des chemins bien connus. Nous ne ferons pas exception à  cette règle. La deuxième chose, C’’est qu’il y a des tendances nouvelles qui n’étaient pas prises en compte avant et qui obligent même des institutions comme la Banque mondiale à  se remettre en cause. Il s’agit de l’avis des populations, l’environnement. Ce sont ces deux piliers sur lesquels on doit travailler pour aboutir à  des plans qu’on va cette fois-ci inscrire dans la durée au lieu de faire des projets de deux ou trois ans, il faut les faire par filière avec un aspect multidimensionnel pour les exécuter sur dix ou quinze ans. C’’est la seule façon de s’en sortir. Sinon à  chaque changement de régime, à  chaque changement d’acteurs, on est obligé de recommencer, il est temps d’avancer.