Art Contemporain: un musée à Ouidah

La petite ville côtière de Ouidah, au Bénin est tristement célèbre pour avoir été un des grands centres africains d’embarquement d’esclaves vers l’Amérique. Elle accueille aujourd’hui le premier musée d’art contemporain d’Afrique, une fierté pour les artistes du continent, comme une revanche de l’art sur l’histoire. Quatorze grands artistes africains sont exposés dans la majestueuse villa Ajavon, inaugurée en novembre, en plein coeur de cette bourgade d’à  peine 60.000 habitants, à  une quarantaine de kilomètres de Cotonou. Déjà  présents pour la plupart dans les plus prestigieux musées d’Europe et d’Amérique, ils sont très rarement montrés en Afrique. Ce pari audacieux est celui de la Fondation Zinsou, créée en 2005 par la très dynamique et volontaire Marie-Cécile Zinsou, avec l’appui financier de son père, Lionel Zinsou. Ce franco-béninois, normalien et économiste, est à  la tête du fonds d’investissement PAI Partners, à  Paris, après être passé par le cabinet de Laurent Fabius à  Matignon et la Banque Rothschild notamment. Lors d’une mission au Bénin pour l’ONG SOS village d’enfants, sa fille Marie-Cécile avait voulu emmener les enfants au musée. « J’ai découvert qu’il n’y avait aucune structure pour leur montrer des oeuvres de leur continent aujourd’hui », dit Marie-Cécile Zinsou, petite-nièce d’un des premiers présidents béninois, Emile-Derlin Zinsou. La Fondation Zinsou a d’abord créé un réseau de mini-bibliothèques et un espace d’exposition à  Cotonou dont l’accès est gratuit. En huit ans, la fondation a accueilli quatre millions de visiteurs, dont une majorité a moins de 15 ans, à  Cotonou, avec des expositions de grande qualité d’artistes béninois et étrangers, dont le peintre pop américain d’origine haà¯tienne Jean-Michel Basquiat, en 2007 –une première sur le continent africain.Parallèlement, la fondation a acquis une collection d’oeuvres et s’est mise en quête d’un lieu dans le but de créer un premier musée entièrement dédié à  l’art contemporain africain du continent. C’est la villa Ajavon, construite en 1922 par un riche commerçant d’origine togolaise, véritable trésor d’architecture afro-brésilienne, qui a guidé les pas de la fondation Zinsou vers Ouidah, pour y installer son musée. Pour lire la suite de cet article

Danse contemporaine : le rideau est tombé sur  » Dense Bamako Danse ! « 

Donko Seko ou l’art de danser A Donko Seko, on apprend surtout la danse contemporaine et le cadre s’y prête : une grande cour précède ainsi une belle scène o๠tous les mouvements sont permis. Le centre se veut un espace de formation et de professionnalisation des jeunes danseurs pour les accompagner au quotidien dans leur travail. Pour , le festival o๠une vingtaine de jeunes chorégraphes Africains étaient réunis à  Bamako du 30 septembre au 4 octobre, le rideau est tombé dimanche soir avec le plateau des Jeunes Chorégraphes : il y avait pour cette soirée des talents du Mali comme Aly Karembé et son Solo, basé sur l’identité, Vera Ephraim du Nigéria, et « son empreinte de la chair », « Vision XP » du Gabonais Peter Ngoké ou encore Fatoumata Diabaté et sa reprise de « Skhozi says NON to the Vénus », un Solo emprunté à  la Sud-Africaine Nelisiwe Xaba. Tous ont ébloui un public friand de danse contemporaine mais esthète, également. Jeudi, La Compagnie Gille Jobin a aussi présenté « Black Swan » et Vendredi, Nelisiwe Xaba, la sud Africaine a présenté un solo étrange o๠se mêle impressions fugaces et parcours migratoire sur fond de musique populaire. Ce furent deux des spectacles les plus appréciés avec  » Madame Plaza » de la troupe Anania Bouchra du Maroc. Un festival pour les amoureux de la danse contemporaine Dense Bamako Danse est donc un festival panafricain fait par les Africains et ouvert à  tous les publics. Pour Jean Luc Bayet, le directeur du Centre Culturel Français de Bamako, qui accueillait plusieurs des plateaux chorégraphiques, Bamako est entrain de devenir une vitrine de la danse Contemporaine Africaine, par sa diversité, son creuset culturel riche, mais aussi son ouverture à  toutes les formes d’expression artistique. Et d’ailleurs, après Dense Bamako Danse, la capitale accueillera l’an prochain le festival International, Dense l’Afrique Danse! Rendez-vous est pris.

Existe t-il un art contemporain au Mali ?

Le milieu de l’art contemporain malien est appréciable dans de nombreux domaines comme la danse, le cinéma, ou la peinture. Les arts plastiques sont tout aussi vivaces mais, le public local ne s’y intéresse pas beaucoup. Cet art reste surtout valorisé en Europe ou aux Etats-Unis. Le directeur du Musée National de Bamako, Samuel Sidibé explique : « la pénurie de lieux d’expositions et l’inexistence d’un marché local, expliquent en partie ce phénomène. l’intérêt porté par les galeries et institutions du nord, a souvent un effet pervers et résulte de l’engouement occidental pour les arts dits primitifs. De fait, ces institutions influencent terriblement l’art contemporain d’Afrique noire et du Mali en particulier. Elles renforcent leurs propres imaginaires et fantasmes sur l’Afrique en sélectionnant des artistes pour une audience internationale. Face à  cette situation, il est capital d’offrir aux artistes africains, l’opportunité de créer localement et développer un public chez eux, d’abord». l’art contemporain africain témoigne d’une relation complexe qui cristallise dans chaque œuvre, des formations de sens, ouvrant la voie à  la construction d’une démocratie à  venir. Quelques artistes hors pairs Artiste visuel, Abdoulaye Konaté est narrateur, historien, auteur et peintre. Il est né en 1953 à  Diré (Mali). Diplômé de l’Institut national des arts (INA) de Bamako et de l’Institut des Arts plastiques de la Havane à  cuba, il est l’actuel directeur du Conservatoire des Arts et Métiers, Multimédia Balla Fasséké Kouyaté , situé sur la colline de Koulouba. Konaté creuse dans l’histoire, en redonnant une valeur à  la culture sahélienne que la modernisation s’attache à  faire disparaà®tre progressivement. Bien qu’il soit reconnu sur la scène internationale pour ses grandes installations textiles et multimédias, C’’est par la peinture que Konaté a débuté sa carrière. A la fin des années 60, il établit son atelier à  Bamako et consacrera son travail à  l’étude de la peinture abstraite, grâce à  la lumière en parallèle à  l’obscurité. Activité qui selon lui « tenait plutôt de l’exploration esthétique ». Konaté n’a jamais nié son intérêt pour l’esthétique pure mais a appris à  les combiner à  une analyse sociale et politique subtile. Diabaté, la référence Artiste plasticien depuis plus de 40 ans, Ismaà«l Diabaté fait partie des précurseurs de l’art contemporain au Mali. Amoureux du dessin depuis l’enfance, Diabaté optera pour l’INA o๠il étudiera les Arts plastiques pendant trois ans. Après sa formation, il enseigne au lycée. Ses sources d’inspiration sont liées au quotidien, à  la vie, aux ustensiles, à  la culture. Il précise « cela ne veut pas dire que je ne m’intéresse pas à  ce qui se fait ailleurs, C’’est juste que je refuse de faire de l’art conceptuel. Diabaté vivra pleinement de son art qu’au début des années 90. Il est désormais connu sur le plan international et expose beaucoup plus en Europe qu’au Mali, car, estime t-il, le public malien ne s’intéresse pas assez à  son travail. Il est l’auteur de la fameuse assiette Diabaté, une création originale, o๠la sauce par un procédé ingénieux, coule sur le riz, l’athiéké ou autre… On peut également citer les sculpteurs Amaiguéré Dolo et Sami Tera, les photographes Malick Sidibé ou Seydou Keita, des figures que l’on retrouve régulièrement dans les festivals ou aux Rencontres photographiques de Bamako et qui sont de véritables ambassadeurs de l’art contemporain malien. l’art contemporain au mali reste un terreau à  exploiter et n’a pas encore dévoilé toutes ses facettes, avec de nombreux artistes dans l’ombre. Le Centre culturel français de Bamako, a l’honneur d’en promouvoir quelques uns, mais surtout, les artistes sont-ils assez soutenus par les autorités culturelles ? Outre la musique, le public malien commence timidement à  s’y s’intéresser, et les expositions se multiplient à  Bamako, notamment au Musée National et il y a bien quelques collectionneurs comme l’Anthropologue malien Filifin Sacko pour acheter des œuvres aux artistes locaux ! Après vingt ans, en Ethiopie, il a posé ses valises à  Bamako pour vivre au milieu du patrimoine local. Ca commence par là  !