Situation alimentaire du Mali : Résoudre l’équation de l’insécurité

Selon le rapport mondial trimestriel de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) qui cite l’analyse du « Cadre harmonisé » de mars 2018, environ 387 000 personnes nécessitaient une aide alimentaire de mars à mai 2018 au Mali. Un chiffre qui devait passer à 933 000 de juin à août, selon le même rapport. Si les paysans s’attendent à une meilleure saison cette année, les difficultés liées à l’insécurité demeurent.

« Les motos sont des outils de travail. Les champs sont distants d’environ 7 à 10 km des zones d’habitation. Faire ce trajet en charrette, si l’on pas d’autres moyens, cela peut être contraignant », déplore Abdoulaye Daou, responsable des organisations paysannes de la zone Office du Niger. Comme dans plusieurs parties du centre du Mali, l’interdiction de circuler avec des engins à deux roues est encore en vigueur dans cette zone.

Une difficulté de taille pour les paysans, qui doivent faire face à une période de soudure particulièrement difficile cette année. Correspondant à la période de contre saison, elle s’est caractérisée aussi par le manque d’eau. Plusieurs paysans qui ont planté  du riz ou de l’échalote n’ont pas pu récolter, les plants s’étant desséchés.

Même si l’aide périodique accordée par le gouvernement et ses partenaires a été distribuée dans plusieurs sites, dont celui de Macina, les ménages connaissent des difficultés, car le kilo de riz a atteint 350 francs CFA par endroits. « C’est pourquoi certaines familles consomment actuellement plutôt du mil », explique M. Daou.

S’ils se réjouissent d’un bon début d’hivernage, les habitants de la commune de Haïbongo, dans le cercle de Diré, région de Tombouctou, redoutent l’indisponibilité de l’engrais, indispensable pour leurs cultures. « La situation alimentaire est très difficile. Mais si la pluie continue et que nous avons les engrais à temps, il y aura une bonne récolte », assure Boubacar Touré, régisseur  de la commune d’Haïbongo et paysan de son état. Se réjouissant d’une saison qui s’annonce bien, contrairement à l’année dernière, il note que les paysans ne sont pas empêchés de vaquer à leurs activités, même s’ils deviennent facilement la cible des bandits « lorsqu’ils ont une nouvelle moto ».

S‘il ignore les raisons de l’indisponibilité de l’engrais et du gaz oil pour faire fonctionner les motopompes, « qui viennent du sud », il redoute l’augmentation du prix de l’engrais, qui pourrait s’ajouter à celui des céréales,  déjà monté à 250 ou 275 francs CFA au lieu de 200. Malgré des distributions alimentaires pour soulager les populations, les paysans espèrent disposer de tous leurs moyens de production afin de cultiver dans la sérénité et « d’avoir une meilleure production cette année ».