Le Maroc et ses voisins du Sud, une histoire très ancienne

Le Maroc et l’Afrique de l’Ouest partagent une histoire ancienne qui remonte au Moyen Âge. Si elle fut pleine de vicissitudes, elle a laissé une empreinte sociale et culturelle particulièrement au Mali et en Mauritanie.

Le point de mire des relations maroco-maliennes, reste incontestablement la ville de Tombouctou et sa région. En effet, la Cité des 333 saints doit sa célébrité mondiale à un illustre marocain, Hassan Al-Wazzan, dit Léon l’Africain, originaire de la ville de Fès. Rappelons que très jeune déjà, ce natif andalou, victime de la Reconquista de Isabelle la Catholique, accompagnait son oncle diplomate auprès du souverain songhaï Askia Mohamed. C’est lors de ses multiples pérégrinations que Hassan Al-Wazzan fut capturé par des pirates et vendu comme esclave. Impressionné par son savoir encyclopédique, le Pape Léon X le baptisa et lui donna le nom de Johannes Leo Africanus, dit Léon l’Africain. À la demande du souverain pontife, il rédigea un traité géographique intitulé « Cosmographia de Africa » ou « Description de l’Afrique ». C’est grâce notamment à l’ouvrage de ce grand voyageur marocain, que Tombouctou devint une ville mythique dans l’imaginaire occidental et inspira René Caillé.

Tombouctou et sa région passèrent sous domination marocaine lors de sa conquête par le sultan marocain de la dynastie saadienne Al-Mansour en 1591 à la bataille de Tondibi à 50 km de Gao. Le pachalik de Tombouctou bénéficiait cependant d’une certaine indépendance du fait de l’éloignement géographique et des soubresauts dynastiques que connut le Maroc à cette période. Il pris fin au début du XIXème siècle avec le renforcement de l’influence touarègue sur la région et l’avènement de l’empire du Macina.

Malgré les péripéties de l’Histoire, Tombouctou est restée très marocaine jusqu’à nos jours, avec la présence d’une forte communauté arabe attachée à ses origines. En vérité, la description des anciennes relations entre l’Afrique de l’Ouest et le Maroc, présente un triangle civilisationnel Tombouctou-Marrakech-Tékrour.

En effet, l’ancien royaume du Tékrour, sur les bords du fleuve du Sénégal, d’où est originaire le grand souverain Askia Mohamed, selon son contemporain l’érudit Mahmud Kati, a été une composante politique et militaire du mouvement Almoravide qui a conquis Awdaghost de l’empire du Ghana, en 1054, et fondé la ville de Marrakech, en 1070 avec Youssouf Tachfine, avant de conquérir l’Espagne. C’est dire que l’histoire du Maroc est intimement liée à celle de ses voisins du Sud, dans un mouvement perpétuel d’échanges de biens, de savoirs mais aussi d’affrontements. Le foyer religieux de Chinguetti en Mauritanie témoigne de ce dynamisme séculaire de transfert de savoirs islamiques qui structurait les relations multidimensionnelles entre le vieux Maroc et l’Afrique de l’Ouest. Beaucoup de manuscrits en arabe, relatifs à l’histoire ouest africaine, sont encore disséminés à travers les collections publiques et privées du royaume.

 

Le Maroc et l’Afrique : Un roi, une vision

Le 12 novembre 1984 à Addis-Abeba, le Maroc subissait un désaveu diplomatique avec l’admission au sein de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) du Front Polisario. Sa Majesté feu le Roi Hassan II décida, sur le coup, de faire sortir son pays de l’organisation continentale. Mais cette crise a été particulièrement mal vécue par le Royaume chérifien, un pays farouchement attaché à ses racines africaines. Le Maroc n’a pourtant jamais cessé de cultiver ses liens avec ses frères africains, proches ou plus lointains, et de s’investir pleinement dans les problématiques du continent. Le retour triomphal en janvier dernier du Maroc au sein de l’Union africaine est donc bien le fruit d’un engagement, d’une vision du Roi Mohammed VI pour l’Afrique.

Dès son accession au trône en 1999, le nouveau Roi, Sa Majesté Mohammed VI, a mis en œuvre une stratégie imparable en vue d’un retour, par la grande porte, au sein de la famille africaine. Cet agenda performant, mené de main de maître, a été déroulé autour de quatre axes majeurs : le renforcement des relations bilatérales avec les pays africains, une plus grande présence économique, la redynamisation de l’action diplomatique et un engagement humanitaire accru, comme l’atteste l’inauguration en février 2017 de la clinique prénatale de Bamako, financée par la Fondation Mohammed VI.

Le renforcement des relations bilatérales s’est matérialisé en 46 visites royales dans les pays africains, durant 17 ans de règne, avec parfois des séjours prolongés, inédits dans les anales diplomatiques et avec plus de 950 accords de coopération signés avec une vingtaine de pays. Le bilan époustouflant du jeune souverain, dynamique et grand connaisseur de l’Afrique, se passe de commentaires dans ce domaine.

De même, sur la présence économique, les banques et les compagnies d’assurance se sont massivement installées au fil des ans, faisant aujourd’hui du Maroc l’un des opérateurs financiers majeurs en Afrique de l’Ouest. L’appui aux politiques agricoles, à travers l’Office chérifien des phosphates (OCP), complète le tableau.

Le dynamisme diplomatique est aussi remarquable. Sur ordre du Roi, les diplomates marocains ont été de tous les combats pour défendre les intérêts du continent sur la scène internationale.

En ce qui concerne le Mali, l’action du Maroc a été décisive dans l’adoption de la résolution 2085 en 2012, créant la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA), ancêtre de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Cette action, le Maroc l’a réalisée en étant membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies.

Quid de l’engagement humanitaire ? Le volet humanitaire de l’engagement royal en faveur des africains est le point saillant de son œuvre. Pas une catastrophe ne survienne, hélas, sans que sa Majesté ne fasse preuve d’une compassion agissante. Les gestes humanitaires envers les populations sinistrées sont nombreux. Le dernier en date : la prompte intervention en faveur des migrants expulsés d’Algérie vers le Niger au mois de janvier 2017. La régularisation massive des immigrés vivant dans son pays participe de cette sollicitude affective envers ses compatriotes africains.

Élargissement des partenariats Une fois la base de cette nouvelle vision africaine bien assise, le Roi du Maroc décide de passer à une étape supérieure. Tout d’abord, il élargit le cercle des amis du Royaume, en s’ouvrant à des pays jusque-là éloignés de sa sphère traditionnelle. L’Éthiopie, le Nigéria, la Tanzanie, le Rwanda, la Zambie, autant de pays anglophobes avec lesquels le Maroc a récemment noué des partenariats stratégiques, mettant en pratique une approche audacieuse de l’émancipation africaine. Allant plus loin, le Roi du Maroc a inspiré le lancement de grands projets économiques structurants : une usine de fertilisants de 2,2 milliards d’euros avec l’Éthiopie et un projet de gazoduc géant avec le Nigéria pour transporter le gaz tout au long de l’Afrique de l’Ouest jusqu’en Espagne, via le Maroc.

L’action résolue et constante du Roi du Maroc en faveur de l’Afrique a été appréciée à sa juste valeur par les Africains. Le résultat est éloquent. La consécration de cette action a été matérialisée par le retour triomphal du Royaume au sein de l’Union africaine, lors du dernier sommet à Addis-Abeba les 30 et 31 janvier 2017. L’accueil enthousiaste des 39 membres en faveur de ce retour, en plus d’une standing ovation réservée à sa Majesté à la tribune, témoigne de cet amour pour ce pays très attaché à ses liens multidimensionnels avec le continent. Il ne pouvait en être autrement car Feu Hassan II donnait souvent cette image métaphorique pour parler de son royaume : « le Maroc est comme un arbre dont les racines sont profondément enfouies en Afrique et les branches respirent en Europe méditerranéenne ».

Son fils et digne successeur a porté cette relation sublime à son apogée. L’élan de sympathie envers son Royaume, palpable chez tous les peuples africains, est l’œuvre de cette chaleur unique, doublée d’une vision exceptionnelle du devenir continental.