Affaire du Fonds mondial : Retour sur un scandale de corruption administrative

Le fonds mondial face à  des difficultés de trésorerie ? Le fonds mondial est une Fondation à  but non lucratif destiné à  recueillir, gérer et distribuer des ressources. Beaucoup de pays riches et de donateurs tels que les Etats-Unis, l’Angleterre ou les fondations internationales, ne le financent plus comme auparavant. Au Mali, le Ministère de la Santé a bénéficié depuis 2003, du Secrétariat du Fonds Mondial, de financements importants à  travers plusieurs rounds. Ces subventions sont destinées au financement d’activités mises en œuvre par le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) et le Programme National de Lutte contre la Tuberculose (PNLT). Pour la gestion budgétaire, financière et comptable, la Direction Administrative et Financière (DAF) du Ministère de la Santé a été indiquée, en raison des missions qui lui sont dévolues. A ce titre, la comptabilité des deux programmes bénéficiaires est tenue au niveau de la DAF par un agent qui a été recruté, en exécution des conditions exigées par le Fonds Mondial. Ce comptable gestionnaire assurait le traitement des requêtes des deux programmes, la tenue des supports comptables et l’élaboration des chèques et des ordres de virements relatifs aux dépenses éligibles sur les subventions. Par conséquent, il détenait les chéquiers et était habilité à  effectuer auprès des banques les retraits de relevés, les avis de crédit, les chéquiers. La gestion des programmes financés par le Fonds Mondial a fait l’objet d’une série de contrôles internes et externes qui ont signalé les insuffisances (absence d’état de rapprochement bancaire, avances de fonds non justifiées datant de plus d’une année, absence de copie de chèques tirés sur les comptes bancaires, mauvais classement des documents, mauvaise tenue des comptes). En vue de maà®triser ces insuffisances, la DAF a décidé de renforcer la comptabilité, en 2008 par l’affectation d’un agent chargé du traitement des pièces justificatives. Ce dispositif a été renforcé en 2009 par un second agent chargé du suivi budgétaire et du rapportage financier. Une mission du fonds mondial à  Bamako Au cours des travaux de clôture de l’exercice comptable 2009, ces renforcements ont permis de déceler des pratiques frauduleuses d’imitation de signatures. Ces manipulations frauduleuses ont été confirmées par la confrontation que la Direction Financière et du Matériel (DFM), a organisée avec le comptable du fonds mondial, Monsieur Ichiaka DIALLO. Le département de la santé a immédiatement porté plainte contre l’intéressé auprès du Tribunal de la Commune III, par lettre n°00477/MS-SG du 20 octobre 2009. Le montant détourné, s’élève à  140 millions de FCFA. Les dispositions ont été prises, pour reverser ce montant au Fonds Mondial. Un mois après, en novembre 2009, une mission d’inspection du Fonds Mondial a été reçue au Mali. Le Secrétaire Général du Ministère de la santé, a reçu en séance d’introduction de travail le chef de la mission et le chef des auditeurs financiers, pour les informer de la situation qui prévaut et fait le point de la procédure judiciaire. Cette information préalable a été positivement appréciée par la mission, qui a demandé la collaboration des services pour renforcer les mesures de contrôle interne. La mission d’audit après une première phase de travail a demandé la reprise de la comptabilité des quatre rounds, pour dégager une comptabilité par round au lieu d’une comptabilité par programme que la DAF avait précédemment élaborée. Ce travail a été fait en deux mois, et soumis aux auditeurs du Fonds mondial en février 2010. Ceux-ci ont salué le travail de qualité, effectué en peu de temps. Le rapport de cet audit devrait en principe être porté à  la connaissance du département de la santé, en vue de recevoir les commentaires et observations avant la version finale. Nos sources nous indiquent que, cela n’a pas été fait. Il faut signaler que des agents commis par l’inspecteur général du Fonds mondial, ont scanné l’intégralité des pièces justificatives produites à  cette date. Investigation Et quelques semaines après la fin de l’audit sur le terrain, l’inspecteur général du Fonds mondial, a initié une mission d’investigation au Mali. Cette mission a sillonné tout le territoire national, et a interrogé environ 600 personnes selon les propos tenus par l’un des inspecteurs. C’’est ainsi que des opérateurs économiques consultés dans le cadre de l’approvisionnent des programmes en biens et services, ont été individuellement écoutés sur les différentes procédures et la réalisation des prestations. En outre, les banques dans lesquelles les fonds étaient domiciliés, ont été approchées par la mission d’investigation. l’appui du département de la santé leur a permis d’avoir accès aux informations et à  toute la documentation bancaires. La mission a aussi sollicité le département de la santé, pour obtenir certaines précisions concernant des achats et des travaux. Cela a conduit à  une série de visites de chantiers et d’anciennes réalisations. Comme exemples, on peut citer l’infirmerie de la prison centrale de Bamako réhabilitée en 2005 sur le financement du Fonds mondial, le service pneumologie à  l’hôpital du Point G, et le laboratoire national de référence à  l’INRSP dont les travaux ont subi des modifications suivies d’un avenant pour prendre en compte les observations des Experts du Fonds mondial venus des Etats Unis, pour évaluer le respect des normes en matière de micro-bactériologie. Le Mali, un pays corrompu ? Réponse du ministre ! Et à  chaque descente, la mission d’investigation convoquait les bénéficiaires, les entreprises et les structures techniques du Ministère de la santé. Au terme de toutes les visites de terrain, de toutes les inquisitions et saisies, sans mandat d’un Procureur ou d’un Juge malien, le chef de mission des Inspecteurs du Fonds mondial a déclaré que le Rapport provisoire parviendra au Ministère de la santé dans 2 ou 3 semaines. Au lieu de faire parvenir ce Rapport au Ministère de la santé, comme cela se fait avec toute inspection sérieuse, afin de recueillir les éléments de réponse, le Fonds mondial a fait circuler des rumeurs, au niveau de l’ensemble des Ambassades, Chancelleries et Partenaires techniques et financiers, faisant état d’une corruption généralisée dans le secteur santé au Mali. Une rumeur tendancieuse pour dire que la santé des maliennes et des maliens, ne mérite plus qu’on y injecte un sous. Ainsi, le 28 juillet 2010, les Ambassades des Pays-Bas et du Canada ont rencontré le Ministre de la santé, pour l’entretenir autour des rumeurs tendancieuses véhiculées par le Fonds mondial. Aussi, le Ministre de la santé a adressé, le 3 août 2010, une lettre au Directeur du Fonds mondial pour fustiger la méthode peu orthodoxe employée. « Suite aux malversations décelées dans la gestions des ressources allouées par le fond mondial aux programmes paludisme et tuberculose, le gouvernement du Mali après avoir remboursé les sommes détournées en engagé des poursuites judicaires contre les auteurs, a toujours marqué sa volonté de mettre en œuvre toutes les recommandations issues des différentes missions de votre institution. Cependant, J’ai été surpris d’apprendre des rumeurs faisant d’état de la production d’un rapport par votre organisation contenant des graves accusions de corruption compromettant la crédibilité du programme de la santé au Mali ». Hélas dans toute cette histoire, C’’est le Mali qui ressort entaché pour corruption…Affaire à  suivre. Lire aussi sur ce lien: http://www.journaldumali.com/article.php?aid=1911

Débat : la corruption, plaie des administrations en Afrique

La conférence était animée par le professeur Karamoko Kané, ACBF (la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique), Konimba Sidibé, député à  l‘Assemblée nationale, par ailleurs ancien ministre, Mamadou Semega, docteur en Pharmacie, défenseur de la tradition. Cette conférence a été organisée par l’Institut des Hautes Etudes en Ménagement (IHEM) d’o๠la présence massive d’étudiants de cet institut. Les bas salaires, cause de corruption La corruption tue chaque jour des citoyens africains. Par le biais de la corruption, les responsables cadres détournent les deniers publics et privés affectés au bien être des populations africaines à  leur profit. Conséquence : l’augmentation des inégalités sociales. Pour le professeur en économie, Karamoko Kané, la justice n’est plus considérée comme la garante de l’égalité. «Â l’accès à  l’emploi exclut les « faibles » dans nos fonctions publiques ». « L’une des causes de la corruption en Afrique, ce sont les bas salaires, la faiblesse des organes de contrôle indépendant et le manque de sanctions ». Dans les administrations, les fonctionnaires font semblant travailler et le gouvernement fait semblant payer », ajoute le professeur Kane. Impunité dans les administrations l’honorable Konimba Sidibé estime lui que l’impunité généralisée dans l’administration est en cause : «Â Comment on peut imaginer un fonctionnaire avec un salaire de 100 000 FCFA et qui roule dans une voiture 4×4 avec des enfants envoyés dans les meilleures écoles aux Etats-Unis à  coût de vingtaines de millions de francs. Les élites africains veulent vivre comme les élites européennes alors les salaires ne sont pas les mêmes. Au Mali,l’on doit accrocher le sac là  o๠la main peut l’atteindre c’est-à -dire vivre selon ses moyens. C’’est ainsi le député a évoqué le rôle du bureau de vérificateur général. Pour lui, le vérificateur joue son rôle en publient les rapports, et C’’est aux autorités de sanctionner ceux qui sont épinglés par les rapports du vérificateur. Quant la loi des mœurs prime la loi de justice Pour le Dr Mamadou Semega, on peut puiser dans les traditions pour lutter contre la corruption. « Dans la charte de kouroukanfougan sous le règne de Soundjata, on prêtait serment au féticheur, en craignant dix siècles de malédictions sur soi et sa descendance en cas de corruption. Analysant ce phénomène dans notre société, le Dr Semega pense que la loi des mœurs prime aujourd’hui sur la justice. Certains vont même jusqu’à  utiliser la parenté et le cousinage au profit de la corruption. Les remèdes Le professeur Kane propose quelques instruments pour lutter contre la corruption. La mobilisation générale qui doit s’appuyer sur l’éducation, la mise en place d’organes indépendants, l’élévation des salaires, sans oublier les actions répressives. Pour le Dr Semega, il faut introduire un programme d’instruction civique contre la corruption au niveau scolaire et universitaire.

Corruption sur les routes : la mauvaise image du Mali

Pour traverser les frontières maliennes en partance vers d’autres pays, il faut payer de l’argent. Au retour il faut encore soudoyer. Et C’’est différent des frais de douane ou de police qu’on paye légalement. à‡à  s’appelle une pratique illicite, je veux dire de la corruption. La responsabilité se situe à  de niveaux. Celui qui donne et celui qui prend. l’argent Celui qui prend a peut être ses raisons. Un faible salaire malgré les milliards qu’il conduit dans les caisses de l’Etat tous les mois. « Je veux aussi ma part, car C’’est l’argent du contribuable », raisonne t-il. Ce n’est pourtant pas compliqué. Les usagers qui ignorent leurs droits et devoirs, payent toujours sans reçus. Ils peuvent même payer le double de la contravention en cas d’infraction. « Sans reçu je prends et je me tais ! ». Le chef…il ne dira rien car il sait que sans çà  je ne m’en sortirai jamais. Ce n’est même pas grave car on lui envoie quotidiennement sa «recette ». Et l’usager ? « Pour moi, ce n’est pas compliquer », dit-il. « Je n’ai pas besoin de mettre mon véhicule en règle. à‡à  me coûte cher et çà  me prendra plusieurs mois avant de recouvrer mon argent. Je peux donc compter sur mon ami « chef de poste » pour me faciliter le voyage à  l’intérieur et à  l’extérieur du pays. La formule est simple. Je glisse quelques billets entre les mains du contrôleur à  chaque barrière.Ainsi va le « Mali qui gagne ». Cette pratique frappe tout le monde. Du moins presque que tout le monde. Même les intellectuels ignorent quelquefois leurs droits et devoirs sur les axes routiers. Dois-je payer ? Suis-je en règle ? Que dois-je faire en cas d’infraction ? On se pose rarement ces questions. Quelques chiffres Le 5e rapport de l’observatoire des pratiques anormales sur les axes routiers inter-Etats (OPA), révèle que les perceptions illicites sont plus élevées sur le corridor Ouagadougou-Bamako, avec 40 850 FCFA par voyage. « Une situation essentiellement imputable au Mali, qui bat le record avec 31 509 FCFA des perceptions les plus élevées par pays et par corridor au cours d’un voyage. Un record loin des prélèvements les moins élevés qu’on enregistre sur l’axe Tema-Ouagadougou (13 770 FCFA par voyage). Selon l’OPA, les corps les plus incriminés sont, par ordre d’importance la douane suivie de la police au Ghana. La Douane, la Gendarmerie et la police au Burkina. Au Togo C’’est la Gendarmerie et ensuite la police et la douane. Le Mali enregistre des perceptions illicites généralisées dans tous les corps avec toutefois des niveaux de perceptions très élevés pour la Gendarmerie et la police. Pour redorer le blason Ce classement du Mali, premier pays corrompu sur les axes routiers est une situation qui interpelle les autorités. Lundi, la coalition des Alternatives Africaines et Dette (CAD- Mali), a lancé une campagne de sensibilisation sur le phénomène. Pendant quatre mois, des messages seront diffusés dans la presse sur les pratiques illicites au niveau des postes de contrôle. Les annonces renfermeront les textes régissant les transports dans le pays. « Une large diffusion sera faite dans les langues nationales », a expliqué Maouloud Ben Katra, membre de CAD- Mali. La campagne lancée cette semaine implique tous les acteurs de la question. Pour l’ONG, la cause principale de ce mauvais record du Mali est la méconnaissance des textes en la matière. Et il faut les vulgariser. Ici et maintenant.