Vie chère au Mali : le prétexte de la situation ivoirienne tient-il?

Habituellement, les maliens s’attendent à  la hausse des prix à  l’approche du Ramadan. Mais la donne a-t-elle changé avec la crise politique ivoirienne ? C’’est en tout cas la situation chez nos voisins qui sert de prétexte aux commerçants. La difficulté est réelle ; il n’est pas évident d’acheminer les marchandises depuis le port d’Abidjan, et le corridor Abidjan-Bamako est quasiment asphyxié depuis plusieurs semaines. Avec la situation ivoirienne, il fallait donc s’attendre à  l’augmentation du coût de la vie. Là  o๠le bât blesse, C’’est qu’on dirait que les commerçants saisissent cette occasion pour causer une situation de pénurie, mettant à  genoux des consommateurs dont les ressources fondent chaque jour un peu plus. On crie à  la pénurie alors que d’après les informations, de nombreux opérateurs ont des magasins remplis de produits achetés avant décembre mais qu’ils sortent au compte-goutte, spéculant à  tout-va. D’autre part, au lieu de sauver les meubles et de jouer son rôle de régulateur des prix sur le marché, ou à  défaut, d’apporter des éclaircissements sur la hausse des prix, la Direction nationale du commerce et de la concurrence (Dncc) se mure dans un silence assourdissant. Le panier de la ménagère reçoit donc un coup de plus avec cette crise. L’absence de régulation des prix, qui est pour beaucoup la cause de cette situation, fait souffrir plus d’un consommateur. En effet, tous les produits de première nécessité connaissent une hausse assez conséquente. Le kilo de sucre est passé à  600 voire 700 Fcfa ou plus. Le litre d’huile se vend à  partir de 1050 Fcfa, certains allant jusqu’à  1200F contre les 900 Francs d’il y a encore quelques semaines. Parallèlement, apparaissent sur les marchés des produits de mauvaise qualité comme des huiles frelatées sur laquelle se ruent les ménagères pour économiser quelques sous. La grosse inquiétude des chefs de famille, C’’est que les prix restent les mêmes après la fin de la crise. On se souvient qu’en 2002, Bramali avait fait observer une augmentation de 25 F cfa sur les boissons. C’était, à  l’époque pour soutenir les Aigles pour la Coupe d’Afrique des nations que le Mali organisait. Mais après, la CAN, les prix ne sont pas redescendus, au contraire, ils viennent récemment de connaitre une nouvelle hausse. L’on se demande o๠sont passées les Associations de consommateurs, lesquelles ne réagissent que mollement à  ces différentes hausses. Le département en charge du Commerce semble avoir baissé les bras et se cache derrière la commission mise en place pour gérer le problème. Une commission qui jusqu’à  preuve de contraire n’a produit aucun résultat tangible et ne propose rien pour soulager les populations. En attendant, celles-ci poursuivent leur descente aux enfers.

Côte d’Ivoire : Ouattara tend la main au camp Gbagbo

Avec le camp Gbagbo, mais sans Gbagbo lui-même. Le président ivoirien reconnu par la communauté internationale, Alassane Ouattara, est prêt à  travailler avec le camp de son adversaire pour former un gouvernement d’union nationale, a déclaré lundi à  la BBC l’ambassadeur qu’il a nommé auprès de l’ONU. Mais ceci à  la condition expresse que Laurent Gbagbo renonce à  revendiquer la présidence de Côte d’Ivoire. «Ce que je dis, c’est que M. Ouattara doit être reconnu comme président légitime par M. Gbagbo», a déclaré à  la radio britannique l’ambassadeur Youssoufou Bamba, le premier nommé par Alassane Ouattara à  la fin décembre. «Si M. Gbagbo accepte cela, nous pourrions négocier, a ajouté le diplomate. M. Gbagbo n’est pas seul. Il a des partisans, il a des gens compétents dans son parti. Nous sommes prêts à  travailler avec eux, dans le cadre d’un large gouvernement d’union». Quant aux violences commises par le camp Gbagbo et dénoncées par les pro-Ouattara, elles ne devraient pas constituer un obstacle, a-t-il encore estimé. «Il y a eu violation massive des droits de l’homme, c’est la vérité. Mais vous savez, en politique, la vie continue (…) car vous êtes condamnés à  vivre ensemble», a argumenté le diplomate. Le Conseil de sécurité condamne les messages de la RTI De son côté, la communauté internationale a réitéré lundi son soutien à  Alassane Ouattara, par la voix du Conseil de sécurité. Celui-ci déplore au passage le blocus autour de l’hôtel du Golf – QG de Ouattara protégé par 800 soldats de l’ONU -, demandant à  Laurent Gbagbo «d’honorer sa promesse (…) de le lever immédiatement». Les membres du Conseil de sécurité expriment également «leur profonde inquiétude à  propos de la violence qui continue et des violations des droits de l’homme» dans le pays. Ils soulignent «que ceux qui commettent des crimes contre les personnels de l’ONU et des civils seront tenus pour responsables». Dans ce contexte, ils «condamnent fortement et demandent un arrêt immédiat de l’utilisation des médias, spécialement par l’intermédiaire de la radio-télévision ivoirienne (RTI) pour propager de fausses informations pour inciter à  la haine et à  la violence, y compris contre l’ONU».

Côte d’Ivoire : Obasanjo s’investit

La visite de M. Obasanjo n’avait pas été annoncée à  l’avance, pas plus que le cadre dans lequel il l’effectue. L’envoyé spécial de l’ONU en Côte d’Ivoire, Choi Young-jin, a mentionné que M. Obasanjo s’était déplacé pour «discuter de la crise post-électorale». Selon une source diplomatique, M. Obasanjo a été envoyé en mission par le président en exercice de la Cédéao, le chef d’Etat nigérian Goodluck Jonathan. L’ex-dirigeant du Nigeria a expliqué à  M. Gbagbo « le caractère inéluctable de l’alternance » au sommet de l’Etat ivoirien, et fait part de « la détermination de l’Afrique à  atteindre cet objectif », selon cette source. Il a exprimé à  M. Ouattara « le soutien fort de la communauté internationale » et son attachement au « respect des résultats » de la présidentielle du 28 novembre « tels que proclamés par la Commission électorale indépendante (CEI) », a indiqué ce diplomate. La CEI avait déclaré vainqueur M. Ouattara mais le Conseil constitutionnel avait invalidé ces résultats et proclamé élu M. Gbagbo. Le ministre des Affaires étrangères de M. Gbagbo, Alcide Djédjé, qui a également rencontré M. Obasanjo, a affirmé au contraire que ce dernier effectuait une « mission de prospection », « non officielle » même s’il en « a informé certains chefs d’Etat de la région ». « Il n’a aucune solution et il est venu, en ami de la Côte d’Ivoire, pour qu’on recherche ensemble des solutions », a assuré ce proche de M. Gbagbo. La Communauté économique des à‰tats de l’Afrique de l’Ouest, composée de quinze pays, a menacé de recourir à  la force militaire pour forcer M. Gbagbo à  quitter son poste. Le soutien dont bénéficierait une telle opération n’est pas certain. Le président du Ghana a déclaré, vendredi, que son pays ne serait pas apte à  envoyer des soldats. Une mission de la Cédéao, accompagnée par l’Union africaine, a échoué le 4 janvier à  Abidjan à  trouver une issue à  la crise, qui a fait autour de 200 morts selon l’ONU depuis mi-décembre. Une délégation de présidents de trois pays de l’Afrique de l’Ouest s’est rendue en Côte d’Ivoire à  deux reprises pour tenter de persuader Laurent Gbagbo de céder sa place à  M. Ouattara. Le président sortant a refusé et s’accroche au pouvoir, alors que les groupes de défense des droits humains accusent ses forces de sécurité d’avoir enlevé et tué des rivaux politiques. Une nouvelle rencontre des chefs d’Etat devrait avoir lieu cet après-midi au Tchad.

Quelque chose cloche à Abidjan

Quelque chose commence à  se troubler dans le discours médiatique concernant la Côte d’Ivoire. Une interrogation se répand dans l’opinion : tout n’est peut-être pas aussi simple qu’on l’a cru dans cette affaire. Jusqu’alors, nous pensions tous la même chose : vaincu par les urnes, désavoué par une majorité d’électeurs, condamné par la communauté internationale unanime, Laurent Gbagbo s’accrochait coupablement au pouvoir, au risque de provoquer un carnage dans le pays. Tout cela relevait, en somme, d’une figure classique : celle du satrape exotique prêt, faute de mieux, à  lancer ses « escadrons de la mort » à  la trousse des opposants. La cause paraissait donc entendue. La France comme l’Amérique et l’ONU avaient d’ailleurs reconnu en Alassane Ouattara le vrai vainqueur du scrutin, c’est-à -dire le président légitime. Plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, du même avis, se disaient prêts à  intervenir militairement pour chasser le mauvais perdant du pouvoir. Je dois dire que c’est justement cette unanimité qui, depuis le début, m’a dérangé. J’ai pensé à  une sage tradition juive, citée par Emmanuel Levinas dans l’une de ses « Leçons talmudiques » : si tout le monde est trop vite d’accord pour condamner un prévenu, alors mieux vaut le libérer, car tout jugement unanime est suspect. Certes, le très roublard Laurent Gbagbo n’est pas « innocent ». On impute à  juste titre à  ses sbires des violences et des meurtres. Un de nos confrères journalistes a disparu voici quelques années en Côte d’Ivoire dans des conditions suspectes. Gbagbo n’est sûrement pas un ange et cette équipée de deux avocats français (Roland Dumas et Jacques Vergès) accourus de Paris pour le défendre – contre rétribution – est assez grotesque. Il reste qu’une interprétation simpliste de la réalité ivoirienne ne tient plus la route. Bornons-nous à  quelques remarques. Plusieurs journaux, dont notre confrère « Le Monde », ont publié des cartes détaillées du résultat des élections. Elles montraient clairement que la Côte d’Ivoire était coupée en deux. Battu dans la moitié nord (musulmane) au prix de certaines fraudes, Gbagbo reste très majoritaire dans le Sud chrétien, y compris à  Abidjan. Cela signifie qu’une opération militaire du clan Ouattara au Sud – et à  Abidjan – serait forcément sanglante. Le personnage le plus va-t-en-guerre, Guillaume Soro, n’est autre que l’ancien chef de la rébellion du Nord, le « Premier ministre » de Ouattara. Le rappel de cette complexité géographique liée à  des réalités ethniques et religieuses m’a incité à  chercher d’autres points de vue que ceux de nos grands médias. J’ai consulté le blog d’une consœur spécialiste de l’Afrique dont je respecte depuis longtemps la compétence : Colette Braeckman, du « Soir de Bruxelles ». Sans blanchir de ses responsabilités le « boulanger d’Abidjan » (appelé ainsi pour sa réputation de rouler tout le monde dans la farine), elle insiste sur quelques vérités dérangeantes. Je cite en vrac : les résultats électoraux « globaux » ne sont pas si clairs que cela ; le jeu des grandes sociétés occidentales en Côte d’Ivoire l’est encore moins ; plusieurs pays africains commencent eux-mêmes à  douter et, comme le Ghana voisin, refusent à  l’avance d’intervenir militairement. Citant le chercheur Michel Galy, animateur de la revue « Culture et conflits » et bon connaisseur de la Côte d’Ivoire, Colette Braeckman met donc les Occidentaux en garde. En cadenassant le discours dominant sur une vision simplificatrice des choses, on risque d’échauffer un peu plus l’opinion et, au bout du compte, de favoriser une logique massacreuse qui paraà®t s’éloigner mais peut resurgir à  tout moment. Publié par Sud-ouest.fr

Vergès

Ce sont deux vieillards, plus tout à  fait fringants, qui ont débarqué la semaine dernière à  Abidjan, non au compte de la France, mais au secours de leur vieil ami Gbagbo, seul contre tous ! Les deux avocats français ont en effet choisi de prendre le parti de Gbagbo à  l’inverse d’une bonne partie de l’élite intellectuelle européenne. Et cette France de Sarkozy, celle qui veut pourtant rompre avec les relents de la Françafrique, se dit outrée de leur posture : «Â Ils devraient avoir mieux à  faire que s’ériger contre les principes même de démocratie, c’est pitoyable », a en substance déclaré Michèle Alliot Marie, actuelle Ministre française des Affaires étrangères, et certainement dépassée par cette crise, qui ébranle jusqu’aux pressions de la communauté internationale. La détermination de Laurent Gbagbo fait dresser les poils des hauts responsables onusiens ou des bailleurs internationaux, tandis que trois chefs d’états africains, presque pathétiques, jouent un ballet diplomatique sans résultats probants. La situation est ubuesque ! Un homme seul contre tous, fait balancer le reste du monde et confine son rival dans la solitude d’un hôtel…3 étoiles. Alors quelle solution pour sortir de la crise ? Pour l’ancien ministre Roland Dumas, il y a eu fraudes au deuxième tour, ce dont se défend le camp Gbagbo. l’argument n’est pas nouveau. Quand à  Jacques Vergès, ce triste sire, qui a défendu de grands criminels comme le terroriste sud américain Carlos ou le dictateur serbe Slobodan Milosevic, n’y va pas par quatre chemins, et accuse la France de Néocolonialisme, en affirmant que : «Â Laurent Gbagbo est devenu un symbole. Pourquoi ? . Certes, l’Afrique doit se libérer du joug de ses anciens maà®tres, mais faut-il sacrifier son peuple pour cela. Pour l’écrivain Guinéen, Tierno Monénêmbo, l’enjeu est de taille et l’Onu n’a pas à  dicter ses choix lors d’une élection démocratique. «Â Pour une fois, un homme se dresse contre les diktats de l’Occident, voilà  ce qui dérange », affirme un éditorialiste malien. Mais en dix ans, qu’a fait Laurent Gbagbo qui mérite qu’on lui renouvelle sa confiance pour encore 20 ans, car au rythme o๠vont les choses, l’autoproclamé président mourra sans doute au pouvoir. Il reste que Roland Dumas, lui a proposé un recomptage des voix pour sortir de la crise. Cette dernière initiative, si elle s’avérait réalisable, mettrait-elle fin à  l’imbroglio politique ? Si Laurent Gbagbo perdait une nouvelle fois, accepterait-il de s’incliner ou trouverait-il une nouvelle parade pour rouler son adversaire Alassane Ouattara dans la farine ? Celui qu’on surnomme le Boulanger à  Abidjan a plus d’un tour dans son sac et même si on n’approuve pas ses méthodes, le culot et la pugnacité sont ses vertus pour régner en Côte d‘Ivoire. Feu Bongo qui doit se retourner d’amusement dans sa tombe, n’avait-il pas dit qu’on ne perdait pas une élection qu’on organise. Il faudrait être vraiment idiot pour ça ! Alors, la communauté internationale, elle peut aller se chercher ailleurs…ou bien Mr Gbagbo ?

Côte d’Ivoire : « L’incertitude empoisonne la vie quotidienne de la population »

« Les gens ont peur » « La crainte d’une explosion de violence est latente. Abidjan est la capitale des rumeurs », explique un employé français des Nations unies (qui souhaite garder l’anonymat) rapatrié fin décembre à  la suite des nombreuses déclarations anti-ONU de Laurent Gbagbo. L’incertitude est telle dans le pays que la situation qui règne à  Abidjan peut changer du jour au lendemain. « Lorsque des manifestations ou des marches sont prévues, Abidjan se transforme en ville morte, mais dès que la situation se calme, la vie reprend, les rues et les marchés sont noirs de monde », explique-t-il. « Les gens ont peur », confirme Salvatore Saguès, chercheur pour Amnesty International à  Paris, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest et de la Côte d’Ivoire. Depuis le début de la crise, l’ONG est régulièrement contactée par des Ivoiriens victimes ou témoins de violations des droits de l’homme. « Dans le Nord, les populations dioulas (ethnie d’Alassane Ouattara) vivent dans la crainte », indique-t-il. « Depuis la marche du 16 décembre, ils organisent des veilles la nuit, préviennent de l’arrivée de rôdeurs en frappant des casseroles les unes contre les autres. Les forces de l’ordre sont acquises à  Gbagbo, et la présence de miliciens et de mercenaires contribue au sentiment d’insécurité ». Restrictions de circulation Cette crise ébranle un peu plus la sécurité alimentaire de la Côte d’Ivoire, déjà  fortement touchée par la malnutrition. « Dans le Nord, les agriculteurs ont peur d’aller aux champs, explique le collaborateur de l’ONU, ce qui risque d’avoir des répercussions sur les récoltes ». « Une grande part des denrées alimentaires vendues en Côte d’Ivoire vient du Burkina Faso, ajoute Salvatore Saguès, mais avec les restrictions de circulation, les camions n’arrivent plus à  destination et les Ivoiriens doivent faire face à  une hausse importante du prix des aliments. » Le blocage des routes a également des répercussions sur la situation sanitaire du pays. « Toutes les livraisons en provenance de la pharmacie centrale d’Abidjan ont été stoppées », signale Gaà«lle Bausson, porte-parole de l’Unicef pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, basée à  Dakar, avec des conséquences potentiellement gravissimes : une épidémie de fièvre jaune a déjà  fait au moins sept morts dans le pays. Autre inquiétude pour l’Unicef : l’absentéisme dans les écoles. Effrayés, un certain nombre de parents n’envoient plus leurs enfants en classe, risquant que ces derniers, désœuvrés, ne soient embrigadés par l’un ou l’autre des deux camps. Jusqu’à  150 000 réfugiés? Pour l’Unicef, la situation des réfugiés est la plus préoccupante. « Vingt mille personnes ont le statut de réfugié et se sont installées au Liberia », indique Gaà«lle Bausson, « mais sont sans doute 25 000 à  30 000 à  avoir franchi la frontière. » Parmi ces personnes, 75 % sont des femmes (dont beaucoup ont subi des violences sexuelles) et des enfants, qui ont des besoins spécifiques. « Ils arrivent dans un état de fatigue et de dénutrition parfois sévère, et ils s’installent dans un pays dont les ressources sont déjà  faibles », souligne-t-elle. Les mouvements de population internes ont également pris de l’ampleur. « Dans le pire scénario, 150 000 personnes pourraient trouver refuge dans les pays voisins et 450 000 personnes pourraient se déplacer à  l’intérieur du pays, essentiellement vers le Nord, pour échapper aux violences », ajoute-t-elle. La peur des exactions reste palpable, s’alarme encore Salvatore Saguès. « Le plus inquiétant, ce sont les arrestations et les disparitions suspectes », explique-t-il. « A la suite de la marche du 16 décembre [des partisans de Ouattara avaient marché en direction de la télévision d’Etat, contrôlée par le camp Gbagbo], un certain nombre de personnes – impossible à  quantifier – ont été arrêtées et conduites à  la préfecture de police d’Abidjan. Nous avons appris récemment que trois d’entre elles avaient été enlevées dans leur cellule et sont désormais introuvables. » Représailles Dans les rues d’Abidjan, les rumeurs n’en finissent pas de se répandre. Depuis plusieurs jours, des histoires effrayantes de « marquage » des maisons circulent : des partisans d’un camp ou de l’autre patrouilleraient dans les quartiers en marquant les portes des maisons de lettres désignant l’appartenance du propriétaire à  une ethnie ou à  un parti politique, faisant d’eux d’éventuelles cibles pour des représailles. La gravité de ces incidents, repris dans les médias, est délicate à  évaluer. Le site « Les Observateurs » de France 24, qui appelle les Ivoiriens à  témoigner, y a consacré un article qui a par la suite été abondamment commenté par les internautes : un certain nombre d’entre eux expliquent que ce marquage n’a en fait rien à  voir avec des « repérages » menés par les deux camps, mais qu’ils correspondent à  des indications de la vie quotidienne : par exemple, un « D » peint sur une porte signifierait tout simplement « à  démolir », et pas « dioula ». Pour Amnesty International, il s’agit effectivement d’un phénomène extrêmement difficile à  vérifier. « S’il est vrai, il reste très marginal », estime Salvatore Saguès.

Gbagbo, ce héros ?

Qu’à  cela ne tienne, je me saisis du droit absolu de faire jouer mon analyse et mon opinion sur une actualité qui continue de faire couler de faire couler beaucoup d’encres et de salives.Le moins que l’on puisse dire c’est que Gbagbo s’est irrémédiablement inscrit dans les pages de l’histoire. En bien ou en mal, peu importe. Quelque que soit la situation dans laquelle il se trouve aujourd’hui, il peut se targuer d’avoir bravé la foudre de la France, des nations unis, des Etats unies…Bref de l’occident. Pour combien de temps, nul ne saurait le dire. Combien sont-ils, d’Hommes qui ont courbé l’échine devant le rouleau compresseur de la Communauté internationale dès que cette dernière émet un avis contraire ?. Nombreux certes. Mais Gbagbo lui semble déterminé à  faire perpétuer son nom sur la liste noire des résistants. Même si cela se fait au dépend d’un néo-colonialisme savoureusement entretenu par des occidentaux toujours avides d’imposer leur diktat aux bas peuple de l’Afrique noire. C’’est en cela d’ailleurs que nombre d’observateurs de la scène internationale apprécient l’attitude de Gbagbo. Jamais un homme, de surcroit un africain, n’a autant résisté au charme de la communauté internationale. Ni les ultimatums, encore moins, les sanctions n’ont réussi à  émousser son entêtement. La communauté internationale, nonobstant ses sanctions tous azimut, n’a nullement réussi à  ébranler la quiétude et la conviction de celui qui n’a eu aucun complexe de manifester que c’est lui « le garçon » de la Côte d’Ivoire. Son rival, Alassane Dramane Ouattara, retranché à  présent à  l’hôtel du Golf, semble se confiner de plus en plus, dans la résignation. A la place de Gbagbo, certains auraient tout simplement pris la poudre d’escampette. Histoire de sauver leurs têtes. Il est déterminé à  aller au bout de son ambition de diriger encore le pays. La région ouest-africaine privilégie d’abord une solution pacifique à  la crise ivoirienne. Elle n’entend pas aussitôt recourir à  la force pour mettre fin au règne de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire. Ainsi la Cedeao a annoncé qu’elle continuait de « discuter » pour résoudre la crise en Côte d’Ivoire, après avoir menacé Laurent Gbagbo d’une possible intervention militaire s’il ne cédait pas le pouvoir à  Alassane Ouattara. Arrivés à  Abidjan depuis une semaine, les émissaires y retournent aujourd’hui même. La question qui vaille est de savoir si la violence pourrait bien permettre de déloger Gbagbo. En tout cas, là  dessus, le doute est permis. Attendons de voir !

Arrivée de la nouvelle mission: La Côte d’Ivoire dans l’attente

Gbagbo va -t-il fléchir? Rien n’est moins sur et l’issue de cette mission semble courue d’avance. Laurent Gbagbo a d’ores et déjà  déclaré qu’il n’a nullement l’intention de céder le pouvoir à  son rival, Alassane Ouattara. Les présidents béninois, capverdien et sierra-léonais, mandatés par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), ont déjà  rencontré le président sortant la semaine dernière; ils seront rejoints cette fois par le Premier ministre du Kenya, Raila Odinga, dépêché par l’Union africaine et qui s’est prononcé pour un recours à  la force si Laurent Gbagbo s’accroche au pouvoir. Il a cependant assuré n’avoir « aucun a priori ». « Nous voulons juste lui parler et nous verrons ce qui se passera », a expliqué le premier ministre kényan, qui a présenté sa visite comme « une mission de protection de la démocratie et de la voix du peuple en Côte d’Ivoire ». Il retrouvera lundi à  Abidjan les chefs d’Etat Thomas Boni (Bénin), Ernest Koroma (Sierra Leone) et Pedro Pires (Cap-Vert). Laurent Gbagbo, qui s’appuie sur le soutien du Conseil constitutionnel et de l’armée, a réaffirmé au cours du week-end qu’il était prêt au dialogue mais a prévenu que Ouattara, désigné vainqueur de l’élection présidentielle par la commission électorale, ne devait pas compter « sur des armées étrangères pour venir le faire président ». Le Dialogue pour épargner les populations La Cédéao privilégie encore la voie du dialogue, mais a menacé d’utiliser la force pour faire partir M. Gbagbo s’il refusait de céder sa place à  M. Ouattara. L’option militaire est d’ailleurs en préparation, en « dernier recours ». L’organisation doit décider d’ici à  mardi de « nouveaux pas » en vue d’une issue. « C’est la dernière chance pour M. Gbagbo d’obtenir la possibilité d’une transmission pacifique de pouvoir et d’une garantie d’immunité », a déclaré ce week-end Guillaume Soro, Premier ministre du gouvernement installé par Ouattara, qui s’adressait à  des journalistes à  l’hôtel du Golf d’Abidjan, o๠Ouattara et ses proches sont retranchés sous la protection de 600 soldats de l’Onu. Amnesty International a, elle, demandé aux émissaires de la Cédéao de « placer la protection des droits humains au C’œur de leurs efforts ». Près de 18.000ivoiriens ont fui leur pays depuis le début du mois de décembre. Selon Anne Gnahouret, ministre de la solidarité de M. Gbagbo, la plupart d’entre eux ont fui « les zones tenues par les rebelles pour échapper aux exactions » dans le nord du pays, sous contrôle des Forces nouvelles (ex-rébellion) qui appuient M. Ouattara, selon la ministre, qui a accusé « les organisations internationales » de les « ignorer ».

Côte d’Ivoire: Tout risque de se mélanger encore…

Des manifestations à  haut risque à  partir de samedi Charles Blé Goudé disait vouloir donner une chance à  la diplomatie en reportant la manifestation d’hier. Selon le ministre de la Jeunesse, il s’agissait de faire un geste de bonne volonté à  l’égard de la Cedeao, tout en préservant des vies humaines, car des informations persistantes laissaient entendre que des partisans du RHDP voulaient infiltrer la manifestation pour semer la mort et la désolation. Ce geste de bonne volonté n’a pas été salué à  sa juste valeur par le RHDP qui y a vu une reculade. Est-ce cela qui explique que 24 heures après le départ des médiateurs, le ministre de la Jeunesse ait décidé de mettre à  nouveau la pression, en projetant une série de manifestations à  hauts risques à  partir du Samedi 1er Janvier 2011 pour libérer l’hôtel du Golf ? Cela signifie-t-il que le ministre Blé Goudé ne croit pas en la Cedeao et ne veut plus donner de chance à  la diplomatie ? Les échos de la médiation ne sont-ils pas positifs ? La rumeur selon laquelle Laurent Gbagbo aurait admis le principe de son départ est-elle fondée à  la lumière de l’offensive que compte lancer Charles Blé Goudé ? Déjà  des observateurs craignent le pire et une grave escalade à  partir de Samedi. s’inspirant de l’action spontanée des patriotes à  Yopougon, qui ont mis en déroute une vingtaine de casques bleus, puis de celui de ceux qui hier ont poussé l’Onuci à  rebrousser chemin hier à  Abobo, Charles Blé Goudé compte aller les mains nues devant l’Onuci à  l’Hôtel du golf, pour mettre fin à  l’imposture et capturer Guillaume Soro . Cela pourrait déclencher une série d’actions et de réactions. Réponse du berger à  la bergère Le RHDP ayant voulu libérer la RTI et la Primature, les partisans de Laurent Gbagbo comptent à  leur tour libérer l’hôtel du Golf. Les mains nues….. A coup sûr, malgré le blocus qui pèse sur eux, les personnalités installées dans l’enclave de l’hôtel du Golf constituent un os dans la gorge de la République, et sont le symbole de ce que la situation n’est pas normale ? Si chacun des responsables du RHDP rentre chez lui, et que les uns et les autres doivent se réunir régulièrement pour mener la fronde contre Laurent Gbagbo, ce sera plus difficile, que d’être rassemblé dans un hôtel, malgré la précarité de la situation. Les partisans de Ouattara annoncent déjà  qu’ils envisagent se joindre aux patriotes pour non pas libérer l’hôtel du Golf, mais plutôt protéger ses pensionnaires. Même si l’entourage de Blé Goudé raille déjà  ces profiteurs de marches, qui attendant toujours que les autres prennent des initiatives pour s’y inviter, ne faut-il pas craindre une série de nouvelles violences à  partir de Samedi prochain, avec des risques d’affrontement direct entre patriotes et Onuci d’une part, et d’autre part entre FDS et Casques bleus. Avec les mains nues, on peut créer autant de grabuges et de dégâts que les mains armées. Dire que tout risque de se mélanger à  partir de Samedi ne veut pas dire qu’on fait du catastrophisme. A moins que Charles Blé Goudé ait choisi de mettre juste la pression, et d’effrayer le RHDP en leur faisant passer un mauvais 31 Décembre, d’autant plus que le Samedi 1er Janvier 2011, marque la date anniversaire d’Alassane Ouattara. Qui veut la paix prépare la guerre, dit l’adage. Ne s’agit-il donc de se mettre en alerte pour éviter de se faire surprendre par l’adversaire qui donne de la voix et dément que l’option militaire a été abandonnée ? Toutes les hypothèses restent possibles ! Cette situation signifie clairement que de part et d’autre, tout en campant sur leurs positions respectives, le camp Gbagbo et le camp Ouattara commencent à  en avoir marre. Et voici que l’année 2011 va nous trouver dans la crise. Dieu nous prête longue et veille sur les uns et les autres.

Payement des salaires en Côte d’Ivoire : ATT sort du silence

Qui a bien pu aider Gbagbo à  payer les salaires des fonctionnaires en Côte d’Ivoire? C’est la question que tout le monde se pose et qui est venue d’une polémique qui a fait choux gras le week end dernier. « Les fonctionnaires ivoiriens ont été payés grâce à  un transfert de la Bceao-Mali à  deux banques ivoiriennes » : voilà  l’information donnée vendredi dernier par un quotidien abidjanais. Obligée d’apporter des éclaircissements, Bceao-Mali a publié, le 25 décembre dernier, un communiqué démentant systématiquement cette information. La banque affirme n’avoir aucun ordre de sa direction, basée à  Dakar, pour transférer de l’argent aux banques citées par ledit journal. Le nom du président ATT a également été cité dans cette affaire sur les médias internationaux. Il est vrai qu’ATT a reçu dans les salons de Koulouba, un émissaire de Laurent Gbagbo, en fin de semaine dernière. Cependant, rien d’officiel n’ayant été dit sur cette rencontre, nul ne peut affirmer que le président malien ait donné un coup de pouce au président Gbagbo. « Je ne sais pas d’o๠vient ce mensonge contre moi. Le fait que j’occupe la présidence de l’Uemoa, ne me donne pas la mainmise sur les ressources de cette institution », a dit ATT. Mais il a beau démentir l’information, l’opinion publique continue de nourrir la conviction qu’il y est pour quelque chose. Partie de nulle part, la rumeur a fini de faire le tour des cercles politiques et de la population qui se demande pourquoi ATT irait payer les salaires des ivoiriens. C’est vrai que depuis, ATT s’est muré dans un silence complet. En dehors même d’ATT, le silence de la classe politique malienne sur la crise ivoirienne a jusqu’ici été assourdissant. A l’exception du Parena, parti de la famille socialiste qui, dans son communiqué du 23 décembre, a félicité le vainqueur, Alassane Ouattara. Manifestement, ATT voudrais bien rester sobre dans cette affaire de Côte d’Ivoire. Il le faut certes. D’autant plus que le président malien doit bien savoir que la crise ivoirienne est en ce moment le sujet le plus débattu dans son pays et que ses dires et ses faits seront retenus dans les annales de l’histoire tant par les différentes parties ivoiriennes que par ses compatriotes. En tout cas, les partisans d’Ado le donnent pour être un pro Gbagbo. Ce dernier a effectivement beaucoup d’amis au Mali. Le plus célèbre d’entre eux, c’est Ibrahim Boubacar Kéita, président du RPM, qui n’a jamais fait mystère de ses relations avec le président sortant de Côte d’Ivoire. Ils sont d’anciens amis d’université et ont milité ensemble en France pendant leurs études. Attendu au sommet d’Abuja du vendredi 24 décembre, ATT s’est fait représenter par son Ministre des Affaires étrangères, Moctar Ouane. En toute objectivité, ATT ne saurait cautionner d’action militaire en Côte d’Ivoire qui est la seconde patrie de plus de 500 000 Maliens. En d’autres termes, en cas d’intervention militaire soutenue par le Mali, il aurait un gros problème en ce qui concerne la sécurité des maliens de Côte-d’Ivoire. ATT est, en tout cas, très certainement du côté de la paix. Car, le moins que l’on puisse dire C’’est qu’une intervention militaire serait très préjudiciable à  la quiétude du régime d’ATT. Autant économiquement que socialement, Mali est lié à  la Côte d’Ivoire.

Côte d’Ivoire : La mission de la dernière chance.

Les amis de Gbagbo Jeudi dernier, à  l’issue de leur session extraordinaire, les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO sur la Côte d’Ivoire les avaient mandatés pour rencontrer Gbagbo. Les trois émissaires ont un point commun. Ils sont connus pour être des amis de Gbagbo ou en tout cas, d’en être plus proche que les Comparé, Wade ou autre Goodluck Jonathan. Ce sera donc une réunion ‘’entre amis ». Mission de cette troà¯ka africaine : parler au nom de tous les pays membres de la CEDEAO et faire comprendre au président sortant qu`une intervention militaire n`est pas exclue s`il refuse toujours d`abandonner le pouvoir au profit d`Alassane Ouattara, le vainqueur désigné de la dernière présidentielle. Il s’agira de le mettre devant ses responsabilités face à  l’histoire et lui faire comprendre qu`il ne gagnera pas son bras de fer contre la communauté internationale, et que, dans son intérêt mais aussi celui de la Côte d`Ivoire, il est encore temps de sortir de cette crise de manière honorable. En cas de refus, le recours à  la force sera alors envisagé et des poursuites internationales seront engagées. Eviter à  tout prix la guerre En réalité, la CEDEAO n`a pas l`intention d`installer la Côte d`Ivoire dans une autre guerre. L`intervention armée évoquée lors de sa réunion du 24 décembre dernier s`inscrit d`abord dans le cadre de la pression exercée par la quasi-totalité de la communauté internationale sur Laurent Gbagbo depuis un mois, sans guère de succès. Cependant, il ne s`agit pas non plus de propos en l`air. S`il refuse de céder après le déplacement à  Abidjan des émissaires de la CEDEAO, Gbagbo devra en assumer les conséquences. Une intervention des troupes ouest-africaines pourrait faire sombrer le pays dans une guerre civile comme lui-même en a brandit la menace la semaine dernière. Les chefs d’Etat qui se rendent aujourd’hui au chevet de la Côte d’Ivoire sont des partisans de la négociation. Le président cap-verdien appelait le week-end dernier les parties ivoiriennes à  tout faire pour éviter l’option militaire. Son ministre des Affaires étrangères, José Brito déclarait il y a quelques jours, «moins on parle avant, et plus on a de chances d`être entendus,» ajoutant que la mission qui s`annonce est difficile et qu`il n`est pas utile de la compliquer par des déclarations qui pourraient être mal interprétées. Quant au ministre béninois des Affaires Etrangères, Jean-Marie Ehouzou, il explique que «cette médiation représente un geste de bonne volonté de la part de la CEDEAO qui veut trouver une issue pacifique à  ce problème», répétant cependant à  plusieurs reprises que la mission est extrêmement difficile. Même état d`esprit en Sierra Leone o๠le ministre de l`Information explique que le Chef de l`Etat se rend à  Abidjan afin de convaincre Laurent Gbagbo d`abandonner le pouvoir. La question que certains observateurs de la scène politique se posent est la suivante : Gbagbo acceptera-t-il de quitter effectivement le pouvoir après la réunion avec ces trois homologues? Rien n’est moins sûr…

Côte d’Ivoire : Où est donc passée Simone Gbagbo ?

Simone Gbagbo est-elle à  Abidjan o๠a t-elle pris la poudre d’escampette avec une partie des avoirs nationaux ? « On reste prudent sur cette info et on préfère rester au conditionnel », informe un reporter togolais envoyé à  Abidjan, au moment fort des affrontements entre militants du RHDP et patriotes à  la mi-décembre. Ou se trouve donc Simone Gbagbo, qui à  vrai dire, n’a beaucoup été vue ou officiellement entendue, depuis le début du bras de fer entre son époux, président autoproclamé à  vie et Alassane Ouattara, président élu, de l’assiégée « République hôtelière du Golf ». Au lendemain des résultats du second tour de la présidentielle ivoirienne, Mme Gbagbo n°2, puisqu’il y’en une deuxième, mais plus discrète que sa coépouse, a certainement entendu la 1ère affirmer que si son époux lâchait le pouvoir, C’’est qu’il n’avait pas de « couilles ». On y croit volontiers quant on connait le franc-parler et la détermination de celle qu’on accuse de tous les maux, instigatrice dénoncée des fameux « escadrons de la mort », alors que leur spectre plane à  nouveau sur Abidjan, avec son lot de cadavres et de dommages collatéraux. Si Simone Gbagbo intéresse, C’’est qu’elle est atypique. Depuis 40 ans aux côté de Laurent Gbagbo, elle a vécu toutes les luttes avec lui, supporté son exil à  l‘étranger, et radicalisé son discours quant il s’est agi du coup d’état de 2002. Historienne de formation, auteur d’un adagio littéraire à  son mari, Simone s’est aussi forgée une image de croyante chrétienne qui contribue à  fidéliser davantage ses vassaux. On la surnomme même «Â Maman » à  Abidjan, ultime marque de respect, alors que d’autres voient en elle, un démon au visage dur et à  l’aura affirmée. Soit, Simone Gbagbo dont on connaà®t l’influence, encourage t’elle son mari à  rester au pouvoir? Pourquoi s’accroche t’elle autant à  ce pouvoir ? Un observateur explique : « Il y a bien sûr les zones d’ombres, de touc ceux qui s’ils quittaient le pouvoir, auraient des comptes à  rendre à  la communauté internationale, mais par ailleurs, Laurent et Simone Gbagbo, mènent une guerre d’idées et de longue date à  la suprématie occidentale, tout en s’auréolant d’une mission presque christique pour le bien de la Côte d‘Ivoire et des Ivoiriens ». l’argument est discutable et dans une interview à  l’hebdomadaire Jeune Afrique, Laurent Gbagbo déclarait péremptoire qu’il détenait les clés du bonheur des Ivoiriens dans ses mains. C’’était avant les résultats du second tour. On se trouve désormais dans cette guerre idéologique et croisade des époux Gbagbo contre l’ancienne puissance colonisatrice et quitte à  y laisser des cadavres jonchant les rues, il faudra aller au bout du dogme…jusqu’à  la mort ? Quant à  Simone, elle n’est pas du genre à  fuir et cette rumeur n’a pas encore trouvé son fonds. , déclare notre confrère togolais, mais qu’irait-elle y faire alors que son époux dispose encore de la présidence, de la télévision, de l’armée et que leur militants cherchent toujours à  percer le système de sécurité des Nations-Unies pour démanteler la République du Golfe, o๠Alassane Ouattara dirige avec frustration, un conseil des ministres sous une tente. l’absence supposée de Simone, reste une rumeur et au sommet, personne ne veut l’enfler. On se plaà®t même à  railler toute ingérence extérieure. Quant au gel des avoirs Ivoiriens, le porte-parole de Gbagbo, Mr Yéré, affirmait sur une chaà®ne européenne : « Que voulez-vous geler ? Mr Gbagbo n’a ni biens, ni maisons, ni comptes à  l’étranger ». ??? Reste que son avion présidentiel en révision en Europe a été bloqué par les autorités françaises. Alors Simone aurait-elle pris un billet classe économique pour fuir le pays ? O๠se serait-elle discrètement évadée par la route de San Pedro ? A suivre…

La Cedeao en appelle à la justice internationale et Ouattara sort de son silence

Réunie en sommet des chefs d’Etat à  Abuja, la Cedeao a menacé de saisir la justice internationale devant les multiples violations des droits de l’homme commises en Côte d’Ivoire. De son côté le président élu Alassane Ouattara a appelé l’armée à  lui obéir. Les pays d’Afrique de l’Ouest ont menacé vendredi de traà®ner devant la justice internationale les responsables des morts en Côte d’Ivoire lors des récentes violence, dans un communiqué à  l’issue d’un sommet des chefs d’états de la région à  Abuja. « La conférence regrette le niveau excessivement élevé des perte en vies humaines enregistrées depuis le 7 décembre et avertit les responsables de ces actes qu’ils feront l’objet de poursuites devant les tribunaux internationaux pour ces violations des droit humains, dans les délais les plus rapides », assure le communiqué final du sommet de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Déclaration de Noà«l De son côté, le président légitime de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, a lancé un appel à  l’armée, encore fidèle à  Gbagbo. « De graves violations des droits de l’Homme sont constatées partout », a lancé M. Ouattara dans une déclaration prononcée à  l’occasion de Noà«l depuis l’hôtel d’Abidjan o๠il est retranché avec son gouvernement. « En tant que chef suprême des armées, je demande aux Forces de défense et de sécurité (FDS, loyales à  Gbagbo) d’assurer leur mission républicaine de protection des populations contre les miliciens et mercenaires étrangers qui font couler le sang des Ivoiriens », a-t-il ajouté. L’ONU a affirmé cette semaine qu’entre « le 16 et le 21 décembre » elle avait reçu des informations « sur 173 meurtres », en dénonçant « l’usage excessif » de la force par le camp Gbagbo.

Côte d’Ivoire : La CEDEAO se concerte

Une première rencontre sans effet Les dirigeants ouest-africains s`étaient déjà  rencontrés le 7 décembre et avaient suspendu la participation à  cette organisation de la Côte d`Ivoire. Deux rivaux, le président sortant Gbagbo et Alassane Ouattara, dont l`élection a été reconnue par la communauté internationale, se disputent la présidence depuis le scrutin du 28 novembre. M. Gbagbo refuse de céder le pouvoir en dépit des appels de la communauté internationale, notamment les Etats-Unis, l`Union européenne et l`Union africaine. Alassane Ouattara quant à  lui est toujours cloitré dans son camp retranché de l’hôtel du gold à  Abidjan. Pour cette seconde rencontre spéciale Côte d’Ivoire, les dirigeants de la communauté économique en tenant compte de l’évolution de la situation, veulent aboutir à  une décision commune. La communauté devrait ainsi, apporter une contribution militaire en renfort aux casques bleus de l’ONU. Le conseil de sécurité des Nations Unies avait décidé de l’augmentation du nombre de ses forces de sécurité en réaction à  la demande de Laurent Gbagbo qui souhaitait un départ sans délai de l’ONUCI. Selon nos confrères de la RFI, ces renforts de la CEDEAO seraient pré-positionnés au Ghana (voisin de la Côte d’Ivoire). Selon cette même source, leur mission est de dissuader l’utilisation de la force et non de faire partir Gbagbo par la force comme certains le pensent. Eviter le bain de sang Si à  l’image du chef des forces nouvelles Soro Guillaume, beaucoup pensent qu’il est impératif d’user de la manière forte pour déloger Laurent Gbagbo, cette solution n’est cependant pas partager par tous les chefs d’Etats de la CEDEAO. Ils estiment que le renforcement de l’ONUCI et les pressions diplomatiques suffisent amplement à  faire partir Gbagbo. Le président malien Amadou Toumani Touré, en particulier, préconise le dialogue. Il estime qu’une épreuve de force pourrait coûter la vie à  de nombreux innocents et en particulier, aux maliens de Côte d’Ivoire. Une importante communauté malienne vit en effet depuis des décennies dans ce pays et est souvent l’objet d’attaques xénophobes en temps de crise. Par ailleurs, selon le site ivoirien Abidjan.net, Gbagbo aurait envoyé un émissaire du nom de Désiré Dallo à  Bamako dans le but de rencontrer le président malien qui est le président en exercice de l’union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). Les deux hommes se seraient rencontrés il y a deux jours au palais présidentiel de Koulouba, nul ne connait le contenu de leur entretien. l’UEMOA a, de toutes façons, gelé tous les comptes du trésor ivoirien et à  l’image de la BECEAO, la seule signature qui y est reconnue, C’’est celle d’Alassane Ouattara. Les premiers échos de cette rencontre d’Abuja seront très probablement connus dès la mi-journée. Ce matin, les Etats Unis ont renouvelé leur demande le départ immédiat de Laurent Gbagbo et le trajet entre Abidjan et Bouaké (fief des forces nouvelles) est interrompu.

Côte d’Ivoire: Que faire?

La seule option? Soro Guillaume, face à  l’entêtement de Laurent Gbagbo vient de demander, à  la communauté internationale, une intervention militaire. Cette demande s’adresse notamment à  l’organisation des Nations Unies (ONU), l’Union Européenne (UE) et la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ceux-ci n’ont cependant pas réagi à  sa requête mais, continuent de se concerter afin de trouver la meilleure formule à  cette impasse politique ivoirienne qui dure depuis maintenant deux semaines. Il est certain qu’une intervention armée de forces étrangères serait un couteau à  double tranchant. Elle pourrait poser Laurent Gbagbo en martyr aux yeux de ses partisans et pousser ces derniers à  un soulèvement aux conséquences graves pour le pays et pour la communauté internationale elle-même qui pourrait en être tenue pour responsable et perdre toute crédibilité. Mais ne rien faire équivaudrait aussi à  laisser la situation empirer et les ivoiriens en venir aux armes puisque C’’est la seule issue à  l’heure actuelle, les deux camps restant figés sur leurs positions. On est bien sûr en droit de se demander à  quoi cela rimerait de jeter le peuple une nouvelle fois dans les affres de la guerre pour revenir ensuite à  des négociations. Mais il semble que pour le moment, aucune des deux parties ne se pose cette question. Pas question de partir Laurent Gbagbo l’a réaffirmé lors de son allocution du mardi dernier, il n’envisage aucunement de céder le pouvoir. « Je suis le président de Côte d’Ivoire » a-t-il martelé à  l’intention de ses adversaires politiques et de la communauté internationale qui exige depuis deux semaines son départ. Mais pourquoi Gbagbo s’accroche-t-il au pouvoir ? Un intellectuel et fervent combattant de la démocratie comme lui ne devrait-il pas, au nom de l’intérêt du peuple, raccrocher et aider à  trouver une solution pacifique ? On se demande alors s’il n’existe pas d’autres raisons pour expliquer la situation. A commencer par l’entourage de Gbagbo. Ils sont nombreux ceux qui n’ont pas intérêt à  quitter le bord du pouvoir. Notamment Simone Gbagbo, son épouse. Elle a en effet été citée de nombreuses fois dans l’affaire Guy André Kieffer, du nom de ce journaliste franco-canadien disparu mystérieusement après un rendez-vous avec le beau-frère de la première dame en 2004. Jusqu’à  présent, l’affaire n’a pas été élucidée. Et toutes sortes de problèmes avaient été soulevés par le camp présidentiel pour freiner voir bloquer l’enquête du juge français en charge du dossier. Un autre qui ne veut pas voir Gbagbo quitter le pouvoir, C’’est le jeune Charles Blé Goudé, désormais ministre de la Jeunesse et très proche de Gbagbo. Il est sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale, mais Gbagbo continue de le couvrir. Gbagbo lui-même n’est pas hors de cause. Couvert jusqu’à  présent par son immunité présidentielle, redevenir simple citoyen équivaudrait pour lui à  s’exposer à  des poursuites pour les violences de 2000 et les nombreuses exactions commises pendant la crise actuelle et qui selon les Nations Unies auraient déjà  fait 173 victimes. Le défi pour les différents acteurs de cette crise et la communauté internationale qui s’est posée en arbitre plus ou moins impartiale sera de trouver une solution acceptable pour tous et sans danger pour le peuple ivoirien. Et C’’est loin d’être g

Crise ivoirienne: Laurent Gbagbo se prononce sur la situation

Gbagbo revendique et justifie sa victoire Alors qu’on ne s’y attendait pas, le président Laurent Gbagbo aux commandes de la Côte d’Ivoire, a fait ce mardi dans la soirée, une apparition publique sur les ondes de la RTI, la radio et télévision ivoirienne. C’’était la première fois qu’il s’exprimait publiquement depuis le début de la crise sur les résultats des élections présidentielles en Côte d’ivoire. Je suis le président de la République de la Côte d’Ivoire, J’ai prêté serment, J’ai nommé un Premier ministre, le pays s’est remis aussitôt au travail et l’Etat fonctionne, a-t-il fait savoir. Il est revenu sur les différentes étapes qui ont marqué l’annonce des résultats et insiste sur sa victoire. J’ai remporté le scrutin avec 51,45 % des suffrages. Il revient au Conseil constitutionnel de proclamer les résultats, a-t-il déclaré, précisant que la Commission électorale indépendante (CEI) n’avait, selon lui, qu’un rôle d’organisation et de contrôle du scrutin. Laurent Gbagbo se dit désormais prêt à  affronter les pays dits de la communauté internationale toute entière, et qui soutiennent tous son rival Alassane Ouattara, déclaré vainqueur de l’élection par la CEI. De la communauté internationale, Laurent Gbagbo a dit qu’elle a donné un spectacle affligeant, en proclamant les résultats à  l’hôtel du Golf, au QG de son adversaire. Ils sont nuls. La communauté internationale a déclaré la guerre à  la Côte d’Ivoire. Cela n’est pas acceptable et ne sera pas accepté a indiqué Gbagbo. Poursuivant son discours, le président aux commandes de la Côte d’ivoire a fait savoir qu’il regrettait les morts des derniers jours, dont il tient la communauté internationale responsable.On veut nous terroriser, mais je ne veux plus que le sang soit versé. Je ne veux plus de guerre qui peut s’étendre aux pays voisins a ajouté Gbagbo, appelant au calme et à  la retenue. s’adressant ensuite à  son adversaire, Alassane Ouattara, réfugié à  l’hôtel du Golf, il lui demande de regagner son domicile. Je tends la main à  monsieur Ouattara et à  l’opposition armée qui le soutient, a-t-il dit. Il cède des concessions à  son rival et menace la communauté internationale Laurent Gbagbo s’est aussi dit prêt à  accueillir un comité d’évaluation pour juger des résultats de la présidentielle, composé de l’UE, des Etats-Unis, mais aussi de l’Union africaine, de la Ligue arabe, de la Russie et de la Chine. Un pas d’ouverture qui apparemment ne suffit pas. Dans le camp adverse, une porte-parole d’Alassane Ouattara a répondu que Laurent Gbagbo continuait de ruser avec le monde en proposant d’ouvrir le dialogue. Il dit avec force qu’il est encore le président de la République de Côte d’Ivoire, ce qui est inacceptable, a-t-elle insisté. Il s’agit pour lui de reconnaà®tre le verdict des urnes et de partir, tout simplement. Une position qui est celle de la France, qui fait planer la possibilité d’une intervention militaire. Ce mercredi 22 décembre 2010, le président français Nicolas Sarkozy a organisé une réunion sur la situation tendue en Côte d’Ivoire. à‰taient présents à  cette réunion, le Premier ministre François Fillon ainsi que Michèle Alliot-Marie (Affaires étrangères), Alain Juppé (Défense), François Baroin (Budget) et le chef d’état-major des armées, l’amiral Edouard Guillaud. Par la suite, le gouvernement français a recommandé aux ressortissants français qui le peuvent de quitter provisoirement le pays. Le porte-parole du gouvernement, François Baroin, a également conseillé à  la population de différer les projets de voyage vers la Côte d’Ivoire parlant des sources d’inquiétudes indiscutables sur la situation dans le pays. Déjà  Mardi 21 décembre, Paris avait appelé à  nouveau au départ sans délai de Laurent Gbagbo et se disait désormais très vigilant sur la situation des 15.000 ressortissants français et des Européens installés en Côte d’Ivoire. Répondant aux questions de l’assemblée nationale française, Michèle Alliot Marie, la ministre des affaires étrangères a fait savoir qu’aucune attaque ou menace n’avait été formulée pour l’instant envers des Français ou des Européens mais que la France se préparait à  toute éventualité, y compris l’évacuation militaire de ses ressortissants. La communauté internationale rigide jusqu’au bout La communauté internationale elle aussi continue d’être ferme, Gbagbo doit quitter le pouvoir. De nombreux observateurs se demandent pourquoi l’organisation des nations unies est si intransigeante dans le processus électoral ivoirien, alors qu’en Haà¯ti o๠les mêmes difficultés post électorales se posent, le décompte des voix a été proposé. Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a accusé mardi le camp de Laurent Gbagbo de tenter de provoquer les Casques bleus de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et de tarir les sources d’approvisionnement de la Mission onusienne. Une attitude conforme à  la vision du camp Gbagbo qui accuse la partialité des nations unis. Face à  ce défi direct et inacceptable à  la légitimité des Nations Unies, la communauté internationale ne peut pas rester sans rien faire. Elle doit agir et agir de manière résolue. Toute tentative d’affamer la Mission de l’ONU pour qu’elle se rende ne sera pas tolérée. Toute attaque contre les Nations Unies et son personnel sera considérée comme une attaque contre la communauté internationale, a fait savoir Ban Ki-Moon. Même si l’union africaine dénonce l’attitude de Laurent Gbagbo, il n’en reste pas moins que dans de nombreuses grandes villes africaines, ce dernier est soutenu, du moins en pensée. La déclaration du gouvernement français de ce jour donnera les nouvelles orientations de la situation. Pour la Cour pénale internationale, la solution à  ce problème devrait venir de l’Afrique. Je pense que des à‰tats africains ont un rôle primordial à  jouer pour trouver une solution au problème , a fait savoir Moréno Ocampo, le procureur de cette Cour, mardi dernier. Cependant menace-t-il, si cela s’avère impossible et que des crimes sont commis, des à‰tats africains pourraient être prêts à  déférer la situation à  mon Bureau et à  fournir des forces pour appréhender les individus coupables de crimes en Côte d’Ivoire.

L’argent, talon d’Achille de Gbagbo

(b Une épine dans le pied de Gbagbo] La zone franc CFA, dont il a été un fervent défenseur, est devenue une épine dans le pied de Laurent Gbagbo dans sa conquête de la présidence ivoirienne. Il ne souhaite pas la céder à  Alassane Ouattara, président élu selon la Commission électorale indépendante et reconnu par la communauté internationale. Sa signature ne serait plus valable selon Paris qui assure, entre autres, la parité fixe du franc CFA avec l’euro. Privé de l’aide des bailleurs de fonds, comment le gouvernement Gbagbo pourrait assurer le paiement des salaires des Ivoiriens en cette fin d’année ? Privés d’argent, leur grogne devient une menace crédible pour Laurent Gbagbo. Dans sa panoplie de combattant contre l’impérialisme français, Laurent Gbagbo, président ivoirien désigné par le Conseil constitutionnel, n’a peut-être jamais imaginé qu’il serait rattrapé par le fait monétaire. La Côte d’Ivoire, pays de la zone franc CFA – géré par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) « qui joue le rôle de banque des banques primaires et des trésors nationaux »,jouit d’une parité fixe avec l’euro, en droite ligne de celle qui liait le franc français au franc CFA. Les Etats de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) ont signé avec la France une « convention de compte d’opérations ». Dans ce cadre, les pays membres de l’union « doivent centraliser, dans un Compte d’opérations, ouvert au nom de la BCEAO dans les livres du Trésor français, 65% de leurs avoirs en devises et autres moyens de paiement internationaux », précise un document de la banque centrale. « En contrepartie de la centralisation des réserves de change, un découvert peut être consenti à  la BCEAO au compte d’opérations, si les disponibilités propres s’avèrent insuffisantes pour faire face aux engagements extérieurs des Etats membres ». Dans le détail, les mouvements financiers sont effectués au titre des Etats représentés par leurs Présidents. Une « seule signature bancaire valable », celle de Ouattara C’’est en connaissance de cause que Michèle Alliot-Marie, le nouveau ministre français des Affaires étrangères affirmait ce mercredi : « Il faut maintenir la pression (sur Laurent Gbagbo), voire l’augmenter notamment par le fait que la seule signature bancaire valable pour l’Etat ivoirien C’’est désormais celle de M. Ouattara ». Sur le site de Laurent Gbagbo et les médias publics ivoiriens, devenus la caisse de résonnance de ce dernier, on assure le contraire. La Banque mondiale aurait reçu « le 9 décembre dernier du gouvernement du Président Laurent Gbagbo, un chèque de 1,5 milliard de Fcfa représentant une partie de ses créances ». Il aurait été signé par le ministre de l’Economie et des Finances du gouvernement Gbagbo, Désiré Dallo. Et l’article de conclure : « Ce qui montre, in fine, que les problèmes de signature (…) ne sont, en réalité, que du bluff ». Par ailleurs, la « seule » signature reconnue par la BCEAO serait « celle du ministre Désiré Dallo (…) parce que les autorités ivoiriennes ont pris des dispositions légales pour qu’il en soit ainsi ». En dépit de ces déclarations, la sortie de Michèle Alliot-Marie ébranle le gouvernement mis en place par Laurent Gbagbo qui n’a jamais remis en cause l’appartenance de son pays à  la zone franc. « Aujourd’hui, huit pays dans la sous-région, membres de l’Uemoa, ont en commun la même monnaie, le franc CFA. Grâce à  cette expérience et malgré ses limites, leurs économies savent résister aux chocs extérieurs et intérieurs. Fort de cette expérience, je soutiens que rien ne devrait être entrepris pour saborder la monnaie commune ou l’affaiblir. », écrivait-t-il dans l’un de ses ouvrages. Cet indéfectible soutien à  la sone franc est l’un de ses principaux points d’achoppement avec l’un de ses compagnons de lutte au Front populaire ivoirien (FPI), Mamadou Koulibaly. Le président de l’Assemblée nationale, responsable du nouvel institut Audace Institut Afrique et l’un des maà®tres à  penser du parti de Laurent Gbagbo, estime que « le franc CFA maintient la Zone Franc en dehors de la mondialisation ». Il constitue, déclarait-il encore récemment dans un entretien, « un obstacle au développement » des pays concernés. Salaires des fonctionnaires : Gbagbo se veut rassurant Les institutions de Bretton Woods et la Banque africaine de développement (Bad) ont coupé leurs crédits à  la Côte d’Ivoire depuis le début de la crise post-électorale. Laurent Gbagbo se retrouve ainsi dos au mur. La porte-parole de son gouvernement, Jacqueline Lohoues Oble a accusé Alassane Ouattara, président élu selon la Commission électorale indépendante, de prendre des « initiatives (…) en vue de désigner de nouveaux représentants dans les organes de l’Uemoa ». Elle a également dénoncé la « volonté » d’Alassane Ouattara « et de ses soutiens régionaux et internationaux de faire jouer à  la BCEAO un rôle politique qui n’est pas le sien » tout en mettant en exergue le rôle de « locomotive » de son pays dans l’union, « même pendant cette crise ». l’actuel gouverneur de la banque centrale, l’Ivoirien Philippe-Henri Dacoury-Tabley, a été désigné par Laurent Gbagbo. La présidence de la Bceao revient toujours de fait à  la Côte d’Ivoire qui représente 40% des réserves de la banque. Des mots et bientôt des actes. Le gouvernement Gbagbo s’évertue à  rassurer les Ivoiriens quant à  sa capacité à  leur verser leurs salaires à  compter du « 22 décembre » prochain. l’information diffusée cite une source, « suffisamment crédible pour ne souffrir aucun doute », qui s’est exprimée ce lundi. Selon elle, « les régies financières vont réussir à  mobiliser – et C’’est quasiment fait – 100 milliards de Fcfa de ressources financières nécessaires (recettes fiscales, douanières et autres ressources parapubliques et appuis attendus) au paiement des salaires ». Une somme qui serait « largement » supérieure aux obligations financières de l’Etat en la matière. « La masse salariale mensuelle des fonctionnaires et agents des établissements publics nationaux (EPN) », les militaires compris, serait « d’environ 70 milliards de Fcfa ». « Mais si l’on y ajoute les arriérés salariaux auxquels l’Etat devra faire face en ce mois de décembre 2010 (environ 23 milliards de Fcfa), son engagement total vis-à -vis des personnes susmentionnées se situe dans la fourchette de 93 milliards de Fcfa », poursuit l’article. Laurent Gbagbo acculé Mais le camp Gbagbo pourra-t-il mobiliser les ressources nécessaires quand l’activité économique est au ralenti depuis ces dernières semaines ? Les troubles de ces derniers jours n’ont fait qu’amplifier une apathie économique que connaà®t le pays depuis le premier tour de la présidentielle, le 31 octobre dernier. « A la fin de l’année, les entreprises doivent normalement s’acquitter de leurs impôts. Mais dans l’état actuel du pays, elles objecteront qu’elles n’ont pas de quoi payer », explique un banquier international. Les menaces du directeur général des impôts, Lambert Feh Kessé, ne devraient rien y changer. Il a déclaré mardi dernier, selon le site officiel de Laurent Gbagbo, « que l’Etat de Côte d’Ivoire, incarné par le président Laurent Gbagbo constitutionnellement élu, ne saura tolérer les comportements antirépublicains ». Quant aux autres sources de revenus, notamment les recettes tirées de la vente du cacao et du café, qui ont jusqu’ici alimentées les caisses de l’Etat ivoirien et du régime Gbagbo, elles ne seront qu’un pis-aller. « Connaissant la situation de la Côte d’Ivoire, les acheteurs internationaux obligeront leurs interlocuteurs ivoiriens à  brader leur production puisqu’ils savent qu’ils ne disposent d’aucune autre ressource financière extérieure », poursuit le banquier africain. Si Alassane Ouattara n’a pas réussi à  mobiliser les foules pour écarter Laurent Gbagbo du pouvoir, le mécontentement probable des Ivoiriens pourraient lui faire obtenir gain de cause. A quelques jours des fêtes de fin d’année, les fonctionnaires ivoiriens attendent impatiemment leur dû. Dans l’hypothèse o๠Laurent Gbagbo tiendrait ses engagements financiers envers ses compatriotes, la trêve devrait durer « tout au plus trois mois ». Autrement, en plus des menaces de la communauté internationale, Laurent Gbagbo devra faire face à  celle de la communauté nationale. l’arme monétaire et ses effets collatéraux auraient alors raison des ambitions présidentielles du « boulanger » de la politique ivoirienne. En matière d’argent et parce qu’attachés aux plaisirs de la vie, les Ivoiriens n’aiment pas être roulés dans la farine.

Côte d’Ivoire : Gbagbo veut que l’ONU et la France partent

Les Casques bleus chassés de Côte d’Ivoire ? Le président autoproclamé Laurent Gbagbo a franchi un cap samedi dans sa confrontation avec la communauté internationale, en demandant le départ «immédiat» de la mission de l’ONU dans le pays, l’Onuci, et de la force militaire française Licorne. «Le gouvernement ivoirien considère que l’Onuci a largement failli à  sa mission en posant des actes qui ne sont pas conformes à  son mandat (et) a fait preuve d’ingérence grave dans les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire, accuse le communiqué de son gouvernement lu à  la télévision d’à‰tat. Le président de la République de Côte d’Ivoire vient de demander le départ immédiat du territoire ivoirien de l’Onuci et des forces françaises qui la soutiennent.» «Cela implique, précise le texte, que le gouvernement ivoirien s’oppose d’ores et déjà  au renouvellement de cette opération qui expire le 20 décembre 2010». L’opération onusienne compte quelque 10.000 Casques bleus dans le pays. Vendredi soir à  Abidjan, leur base a été la cible de tirs de la part d’hommes masqués portant des uniformes militaires. Quant à  la force de l’ex-puissance coloniale française, Licorne, elle compte environ 900 hommes. Ils sont chargés, en cas de besoin, d’organiser l’évacuation des 15.000 Français expatriés en Côte d’Ivoire. «On va libérer totalement notre pays» Autre signe du durcissement du camp Gbagbo, les déclarations belliqueuses du leader de ses jeunes partisans, Charles Blé Goudé, nommé ministre de la Jeunesse par le président autoproclamé. «Nous allons défendre la dignité et la souveraineté de notre pays jusqu’à  la dernière goutte de notre sueur», a déclaré celui qui fut le fer de lance de violentes manifestations anti-françaises en 2003 et 2004 – et reste à  ce titre soumis à  des sanctions de l’ONU. «Je demande à  tous les Ivoiriens de s’apprêter à  livrer ce combat, on va libérer totalement notre pays». Un rassemblement des «jeunes patriotes» doit se tenir samedi après-midi dans le quartier pro-Gbagbo de Yopougon, à  Abidjan. Le conflit entre les partisans d’Alassane Ouattara, soutenu par la communauté internationale, et Laurent Gbagbo a déjà  dégénéré dans les rues de la capitale économique jeudi, faisant près de 30 morts. L’ONU comme la France ont demandé au chef de l’à‰tat sortant de quitter le pouvoir au plus vite. Avec les à‰tats-Unis, Paris et l’Union européenne menacent de prendre des sanctions contre Laurent Gbagbo, son entourage et leurs familles, s’il n’abandonne pas le pouvoir dans les jours qui viennent. Le président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping, a également «remis» à  Laurent Gbagbo une lettre lui demandant de quitter le pouvoir, de la part de Goodluck Jonathan, chef de l’à‰tat nigérian et président en exercice de la Communauté économique des à‰tats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). «Cette lettre réitère la détermination de la Cédéao (…) à  ce que le président transmette immédiatement le pouvoir au président élu Ouattara et évite le retour imminent d’un conflit sanglant et inutile», a expliqué le ministre nigérian des Affaires étrangères.

Jean Ping, président de la Commission de l`UA, arrivé à Abidjan

La dernière chance? M. Ping s`est directement rendu de l`aéroport au quartier administratif du Plateau o๠est situé le palais présidentiel et o๠se trouve l`un des deux présidents ivoiriens proclamés, Laurent Gbagbo. Il devrait ensuite se rendre au quartier général d`Alassane Ouattara, autre président proclamé reconnu par presque toute la commuanauté internationale,dont l`UA. Sa venue survient au lendemain de violences à  Abidjan qui ont fait de onzeà  trente morts, selon les sources. Les partisans de M. Ouattara ont tenté de marcher sur la radio-télévision d`Etat RTI, mais en ont été empêchés par les forces de l`ordre fidèles à  M.Gbagbo qui ont ouvert le feu. Ces militants ont prévu de reprendre leur marche sur la RTI, ainsi que sur le siège du gouvernement, vendredi. Une précédente tentative de médiation de l`UA, menée par l`ancien président sud-africain Thabo Mbeki, avait échoué. Sarkozy lance un ultimatum à  Gbagbo Nicolas Sarkozy a haussé le ton à  l’encontre de Laurent Gbagbo, vendredi 17 décembre, sinon il figurera sur la liste des personnes visées par des sanctions de l’Union européenne. « Laurent Gbagbo et son épouse ont leur destin entre leurs mains. Si avant la fin de la semaine il — Laurent Gbagbo — n’a pas quitté le poste qu’il occupe en violation de la volonté du peuple ivoirien, ils seront nommément sur la liste des sanctions », a déclaré le président français lors d’une conférence de presse en marge d’un sommet européen à  Bruxelles. « Ce qui se passe en Côte d’Ivoire est parfaitement inadmissible (…), des élections ont eu lieu, sous le contrôle des Nations unies, elles ont été validées par les Nations unies. Mieux, la totalité des Etats africains ont reconnu l’élection d’Alassane Ouattara », a décrit M. Sarkozy. « En violation de la volonté du peuple ivoirien, qui avait déjà  été privé d’élection pendant dix ans, M. Gbagbo se maintient au pouvoir, ses partisans tirent, il y a eu des morts dans les rues d’Abidjan hier, c’est un scandale », a martelé le président français.

Côte d’Ivoire : Des morts, des morts et encore des morts !

Des morts, des morts, et encore des morts. On en a dénombré des dizaines encore dans les rues d’Abidjan. Des corps chauds d’humains, gisant dans leur sang comme aux résultats d’une battue dans une partie de chasse. A combien sommes-nous maintenant depuis le 28 novembre 2010 ? Plusieurs dizaines, peut-être au-delà  même de la centaine, les morts occasionnées par les violences résultant du bras de fer autour du fauteuil présidentiel à  l’issue du scrutin qui a vu deux présidents de la République proclamés pour la même Côte d’Ivoire. Que de morts ramassés encore, hier, dans les rues d’Abidjan. Les chiffres vont divergents, selon que l’on soit de l’un ou de l’autre camp. On parle de 3 morts à  Adjamé Williamsville, 6 dans la commune d’Abobo, au moins un dans chacune des communes de Yopougon, Treichville, Koumassi et Port-Bouà«t, et presqu’un carnage dans les alentours de l’Hôtel du Golf o๠des éléments des forces de défense et de sécurité ceux des forces nouvelles tentant d’accompagner au siège de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) les dirigeants du Rassemblement des Houphouétistes, avec à  leur tête le président du RDR, Alassane Ouattara, proclamé également président de la République par la commission électorale indépendante à  l’issue du scrutin du 28 novembre. La défiance et l’intolérance entre les deux camps continuent d’accroitre le nombre de morts sur le territoire ivoirien. Qui parmi les manifestants, qui parmi les forces de l’ordre commis à  la canalisation des violences post-électorales qui vont se multipliant et s’intensifiant. Le pouvoir pour le pouvoir, les politiques ivoiriens sont en train de s’illustrer de la plus machiavélique des manières. l’on enjambe les corps sans état d’âme au mépris de la dignité humaine prônée à  longueur de discours pour distraire l’opinion et poser des actes dissonants. Depuis des semaines, la Côte d’Ivoire saigne. Des familles pleurent des morts. D’autres morts vont encore allonger la liste, ce jour. Il parait que çà  va se poursuivre aujourd’hui le spectacle désolant auquel l’on a eu à  assister hier. Triste spectacle, hélas dans l’indifférence des politiques, obnubilés par l’appétit du pouvoir. Ce pouvoir qui continue de blesser, qui a calciné à  Abobo, qui tue ici et là  ses enfants. Bref, ce pouvoir qui mange ses enfants. Est-ce cela, la lutte pour le bien-être de ses concitoyens, quand on augmente chaque jour la liste des veufs, veuves, orphelins et familles éplorées ? Ceci par son intolérance, son radicalisme et pour ses ambitions personnelles ? Gbagbo et Ouattara, à  quand le dialogue fraternel pour arrêter la tragédie ? La violence a beau duré, elle terminera toujours dans le dialogue. Pourquoi ne pas commencer par là  et épargner les vies de ceux qu’on prétend gouverner ? Les deux acteurs du bras de fer autour du fauteuil, présidentiel devront se sentir interpellés par ces cadavres qui jonchent les rues. Non pas parce qu’il y eu une catastrophe, mais par le fait de l’homme. Non !

Les vérités ivoiriennes d’Abdou Diouf

Invité de l’Institut français des relations internationales (Ifri), l’ancien président sénégalais Abdou Diouf, secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a livré hier soir, à  la faveur d’un dà®ner-débat, une analyse claire et ferme de l’imbroglio ivoirien. Diagnostic d’autant plus probant qu’il émane d’un des rares « sages » de l’Afrique d’aujourd’hui. Mais aussi d’un ténor politique qui, chef d’Etat sortant vaincu à  la régulière dans les urnes, sut en 2000 s’effacer sans barguigner devant son rival Abdoulaye Wade, résistant au passage aux injonctions de quelques barons de son parti. Ne pas rééditer le schéma zimbabwéen Selon ce « disciple » du défunt Léopold Sédar Senghor, il n’y a pas en Côte d’Ivoire d’autre issue que le départ du sortant Laurent Gbagbo. Seuls, estime le patron de la Francophonie, les modalités de sa retraite et son statut futur peuvent faire l’objet de négociations. « Pas question, insiste-t-il, de rééditer le schéma zimbabwéen. » Référence à  la côte mal taillée imposée voilà  peu dans l’ex-Rhodésie du Sud, qui permit au vieux satrape Robert Mugabe de sauver son fauteuil présidentiel, tout en offrant à  la figure de proue de l’opposition, Morgan Tsvangirai, la très ingrate mission de chef de gouvernement. En inversant le verdict des urnes, pourtant incontestable et certifié, conformément à  l’accord de paix de Ouagadougou (2007), par les Nations unies, le Conseil constitutionnel, organe aux ordres du clan Gbagbo, a commis à  ses yeux une « forfaiture ». De même, Abdou Diouf approuve les sanctions individuelles et ciblées décidées par l’Union européenne à  l’encontre de divers membres du « premier cercle » de Laurent Gbagbo. « A mon sens, précise-t-il, il n’y a pas lieu de suspendre la Côte d’Ivoire de telle ou telle instance continentale. Car cette formule laisse supposer que l’exécutif sortant demeure l’interlocuteur avec lequel il convient de traiter. Pour ma part, je n’envisage pas une suspension de l’OIF. A l’inverse, je demande à  Alassane Ouattara, chef d’Etat légitime, de désigner le nouveau représentant de son pays au sein de l’Organisation. » S’il déplore la posture de l’armée ivoirienne, du moins de sa haute hiérarchie, celui qui fut le Premier ministre puis le successeur de Senghor relève que la troupe aurait quant à  elle voté majoritairement en faveur de Ouattara. Ainsi émet-il l’hypothèse d’un mouvement qui pourrait aboutir à  l’éviction simultanée de Gbagbo et des « généraux félons. » La théorie du complot néo-colonial récusée Par ailleurs, « M. Francophonie » récuse la rhétorique très en vogue dans l’entourage de Gbagbo, selon laquelle ce dernier serait la victime d’un vaste complot néo-colonial ou impérialiste. A cet égard, il juge essentielle la réprobation explicite de l’Union africaine et de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Reste que, sur la scène internationale, confesse-t-il, « trois pays m’inquiètent » : la Russie, qui n’a rallié que tardivement, et à  reculons, le désaveu du Conseil de sécurité de l’Onu, la Chine, et plus encore l’Angola, ultime soutien de poids du putschiste institutionnel Laurent Gbagbo. S’agissant de celui-ci, l’hôte de l’Ifri tend à  adhérer à  la thèse qui veut que le fondateur du Front populaire ivoirien serait moins réfractaire au scénario d’un retrait assorti de garanties que la coterie des faucons qui l’entourent, à  commencer par sa première épouse Simone. Faut-il craindre, au-delà  d’une période d’indignation consensuelle, que le primat de la Realpolitik conduise la « communauté internationale » -ou ce qui en tient lieu- à  tolérer le fait accompli abidjanais ? « Impossible, rétorque Abdou Diouf. Jamais on n’acceptera cela. A cet égard, conclut-il, j’irai jusqu’à  parier ma veste et ma chemise. »

Cote-Ivoire: une trentaine de tués (sources concordantes)

Au moins six personnes ont été tuées selon un bilan provisoire officiel et au moins huit blessées dans des affrontements en Côte d’Ivoire jeudi entre partisans des deux concurrents pour la présidence Laurent Gbagbo et Alassanne Ouatarra. Mais des sources concordantes font état d’une trentaine de victimes. Des combats à  l’arme automatique et à  l’arme lourde ont eu lieu dans la capitale économique Abidjan et dans la capitale politique Yamoussoukro. Selon des journalistes de l’AFP et des témoins, quatre personnes ont été tuées par balles à  Abidjan au moment o๠les forces de l’ordre, fidèles à  Laurent Gbagbo, ont dispersé des partisans d’Alassane Ouattara qui marchaient sur la télévision d’Etat ivoirienne. Dans le quartier populaire d’Adjamé (nord), un photographe de l’AFP a vu les corps de trois personnes tuées par balles. Dans un autre quartier populaire, Koumassi (sud), un journaliste de l’AFP a vu la Croix-Rouge emporter le corps d’une victime également tuée par balle. Le siège de la RTI, située dans le quartier chic de Cocody, était totalement bouclé par les forces de l’ordre fidèles à  Laurent Gbagbo, a constaté l’AFP. Les Forces nouvelles (FN) qui protègent M. Ouattara retranché dans l’hôtel du Golf, à  Cocody, qui lui sert de « présidence », ont fait état de deux tués dans leurs rangs, et d’un blessé. Pendant plusieurs heures, les deux camps se sont affrontés à  l’arme lourde et à  la mitraillette autour de l’hôtel. Les FN ont tenté de dégager la seule route qui passe devant l’hôtel, barrée par des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS, pro-Gbagbo), afin de se diriger vers la télévision d’Etat RTI. A la mi-journée, les tirs avaient cessé et les FDS, qui avaient reçu des renforts, tenaient toujours le barrage, a constaté un journaliste de l’AFP. A Yamoussoukro (centre), sept personnes ont été blessées par balles lorsque les forces de l’ordre fidèles à  M. Gbagbo ont dispersé une manifestation de partisans de M. Ouattara, ont indiqué des témoins. Selon un témoin, « plusieurs centaines de jeunes » ont tenté de marcher, « les (éléments) FDS sont venus, ils ont commencé à  tirer sur les gens ». « On peut compter au moins sept blessés, des blessés par balles », a-t-il indiqué. Mercredi, plusieurs personnes avaient déjà  été blessées par balles à  Yamoussoukro lorsque les FDS avaient dispersé une marche pro-Ouattara, selon des sources concordantes. La communauté internationale a quasi-unanimement reconnu la victoire de M. Ouattara au scrutin présidentiel du 28 novembre et appelé M. Gbagbo à  céder le pouvoir. Ce dernier a prêté serment après avoir été proclamé vainqueur par le Conseil constitutionnel ivoirien.

« Les gens en Côte d’Ivoire en ont assez de la violence »

Nouvelobs.com : Dans quelles conditions évolue le gouvernement actuellement ? – L’exercice du pouvoir se passe bien. Sur les aspects diplomatiques, nous avons des relations normales avec tous les pays : la France, les Etats-Unis, les pays de la sous-région… Alassane Ouattara a été accusé par Laurent Gbagbo d’être le candidat de l’étranger. Le soutien de la communauté internationale n’est-il pas contre-productif ? – La campagne est terminée. Laurent Gbagbo a agi ainsi pour s’attirer des voix. Mais nous n’avons pas à  faire une deuxième élection. Alassane Ouattara a été élu président par les Ivoiriens. Est-ce que l’Onuci ou la Licorne vous protège ? – Oui, ainsi que les Forces nouvelles. A quoi servent les pressions de la communauté internationale ? – Elles dissuadent certains acteurs de soutenir l’ancien président. Entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, qui détient la réalité du pouvoir ? – A votre avis ? La réalité du pouvoir, c’est d’abord la reconnaissance du peuple ivoirien. Ensuite, il y a celle de la communauté internationale. Et puis il y a la réalité financière. Quid des droits uniques de douanes ? – Ces taxes sont collectées par l’Etat et la trésorerie est gérée par la banque centrale sous le contrôle de la Cedeao*. Les chefs d’Etat de la Cedeao ont reconnu l’élection d’Alassane Ouattara. Selon nos informations, certaines entreprises auraient décidé de ne plus verser ces droits de sortie. Confirmez-vous cette information ? – Nous avons une réunion avec le patronat mercredi, nous devons en discuter. Une partie de l’armée soutien Laurent Gbagbo. Ou en êtes-vous du contrôle de l’armée ? – Dans le rapport de force, nous n’avons pas une attitude agressive. Nous avons appelé à  une marche pacifique qui doit avoir lieu jeudi, vers le siège de la radio-télévision publique RTI qui est entouré par les hommes de Laurent Gbagbo. Nous verrons jeudi si l’armée nous soutient. Des mercenaires ont été repérés dans les rues de Yamoussoukro. A quelle réaction vous attendez-vous de la part des Jeunes patriotes ? – Je ne sais pas. Les Jeunes patriotes ne sont pas conviés. Il y a des mercenaires à  Abidjan aussi. S’ils viennent, j’espère qu’ils laisseront cette marche se dérouler normalement. On ne peut pas empêcher une marche pacifique. Comment faites-vous pour éviter l’agacement des Forces nouvelles ? – S’ils avaient nourri un agacement, ils l’auraient déjà  manifesté. Il ne faut pas oublier que les Forces nouvelles ont une structure militaire. Ils sont disciplinés. Selon les rumeurs, des armes auraient été vendues par l’Angola à  Laurent Gbagbo ? – Nous avons été informés de la tentative de Laurent Gbagbo d’acheter des armes aux Etats-Unis et à  l’Angola. Mais je ne suis pas au courant d’une vente. Croyez-vous à  une issue du conflit pacifique ? – Oui, tout à  fait. Après 10 ans de crise, les gens en Côte d’Ivoire en ont assez de la violence

Côte d’Ivoire: Soro hausse le ton, l’UE sanctionne Gbagbo

Vendredi, Conseil des ministres aux Plateaux Ouattara, l`un des deux présidents proclamés de Côte d`Ivoire, a affirmé lundi qu`il s`installerait vendredi avec ses ministres au siège du gouvernement à  Abidjan. Vendredi, « afin de faire face aux préoccupations des Ivoiriens et pour abréger les souffrances des populations, le gouvernement au complet tiendra le Conseil de gouvernement dans les locaux de la Primature au Plateau », quartier administratif de la capitale économique, déclare M. Soro dans un communiqué. La veille, il se rendra avec son cabinet « dans les locaux de la RTI (télévision publique) pour y installer le nouveau directeur général », ajoute le texte. Reconnu président par la communauté internationale, M. Ouattara siège pour l`instant avec son gouvernement au Golf hôtel d`Abidjan, dont les accès ont été bloqués lundi à  la mi-journée par des forces fidèles à  l`autre président proclamé de Côte d`Ivoire, le sortant Laurent Gbagbo. M. Gbagbo reste au palais présidentiel et les membres de son gouvernement ont occupé les ministères. La RTI est toujours aux mains du camp Gbagbo et la nomination par M. Ouattara d`un nouveau directeur général est restée sans effet. L’Union européenne accroit la pression Hier lundi, l’Union Européenne a pris des sanctions contre le régime de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, via des restrictions de visas et un gel d’avoirs, face à  son refus de reconnaà®tre la victoire d’Alassane Ouattara à  l’élection présidentielle. « Ces mesures incluront une interdiction de visas et un gel des avoirs », selon une déclaration adoptée à  Bruxelles par les ministres européens des Affaires étrangères. « Elles cibleront notamment les responsables qui ont refusé de se placer sous l’autorité du Président démocratiquement élu », ajoute encore le texte, dans une claire référence à  Laurent Gbagbo et à  son entourage. Une liste précise des personnes visées doit maintenant être établie. L’UE promet aussi « de prendre des mesures en soutien des autorités démocratiquement élues » autour d’Alassane Outtara. Soulignant que le détail des sanctions devait être encore défini, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a dit espérer que cette décision de principe allait « convaincre les dirigeants (ivoiriens) avant qu’on en arrive au stade des sanctions » proprement dites. Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a souligné qu’il était « important que la volonté de la population (ivoirienne) soit respectée » et affirmé que son pays était favorable à  une « approche dure » à  l’égard de Laurent Gbagbo et de son régime. En plus des restrictions sur les visas ou le gel d’avoirs, l’UE a un levier important dans le domaine de la coopération. L’aide au développement actuellement programmée par l’UE en faveur de la Côte d’Ivoire, sur plusieurs années, s’élève à  254,7 millions d’euros. Mais ce volet possible de sanctions, susceptible de pénaliser la population, ne devrait pas être utilisé dans l’immédiat.

Côte d`Ivoire : Tiken Jah Fakoly demande à Gbagbo de quitter le pouvoir

Il faut être démocrate », a déclaré au cours d’une conférence de presse le nmusicien, installé au Mali depuis la crise ivoirienne de 2002. « Tous les candidats ont pu librement faire campagne au Nord, au Sud, à  l’Est et à  l’Ouest du pays. (Alassane) Ouattara a gagné. Gbagbo doit partir. Il ne faut pas tricher », a-t-il dit. « Il faut lui (Gbagbo) trouver une porte de sortie. Nous sommes aujourd’hui dans un village planétaire et quand le monde entier vous parle, vous devez écouter. Il y a eu trop de morts en Côte d’Ivoire. Nous ne voulons plus que le sang coule », a ajouté l’artiste. Selon lui, Laurent Gbagbo « n’a plus » le soutien de toute l’armée ivoirienne. « Le seul soutien de Gbagbo aujourd’hui, c’est la télévision (publique) ivoirienne qu’il contrôle. Le jour o๠il ne contrôlera plus la télé, c’est terminé ». Se disant « inquiet », Tiken Jah Fakoly souhaite que « tout le peuple ivoirien oeuvre pour la paix et le respect des urnes ». S’adressant au « président élu Alassane Dramane Ouattara », il a déclaré: « Il ne doit pas s’éloigner du peuple. Nous serons là  pour toujours dire ce qui ne va pas ». Très engagé depuis le début de sa carrière en 1991, Tiken Jah Fakoly se veut « la voix des sans-voix » grâce au reggae qui permet selon lui « l’éveil des consciences ». Dans sa célèbre chanson « Quitte le pouvoir », il poussait vers la porte de sortie les chefs d’Etat africains au pouvoir depuis de longues années. La Côte d’Ivoire est dans la tourmente depuis la présidentielle du 28 novembre : M. Ouattara a été désigné vainqueur par la Commission électorale indépendante (CEI) avec 54,1% des suffrages, mais le Conseil constitutionnel, acquis à  M. Gbagbo, a invalidé ces résultats et proclamé le sortant président avec 51,45%.

Armée ivoirienne : Au cœur du bras de fer Gbagbo-Ouattara

Le nerf de la guerre… « C’est l’armée qui déterminera le vrai gagnant entre Gbagbo et Ouattara », analyse un journaliste ivoirien spécialisé dans les questions militaires, interrogé par l’AFP. Laurent Gbagbo a un avantage de taille sur Alassane Ouattara: les milliers d’hommes recrutés depuis 2002 au sein de l’armée, qui lui sont redevables. « Ce sont des +soldats de guerre+, de purs produits de la crise, qui ne réfléchissent pas, avance le journaliste. On les retrouve essentiellement dans la Garde républicaine et le Cecos », une unité créée pour lutter contre le grand banditisme à  Abidjan et qui, très bien équipée, a pris une place centrale dans le dispositif sécuritaire du pouvoir. Par ailleurs, M. Gbagbo n’a pas ménagé ses efforts pour s’assurer du soutien des officiers généraux de la gendarmerie, de la police et de l’armée. « Si je tombe, vous tombez », leur avait-il lancé en août lors du cinquantenaire de l’indépendance ivoirienne. De son côté, le camp Ouattara se montre confiant. « On a été contacté par plusieurs officiers des Fanci (Forces armées nationales de Côte d’Ivoire). C’est clair que ce n’est pas toute l’armée qui soutient Gbagbo », affirme un proche de M. Soro. Aussi divisée que les politiques Les chefs de l’armée loyaliste? qui ne contrôle que le sud du pays depuis que la rébellion des Forces nouvelles (FN), s’est emparée du nord après son coup d’Etat manqué de 2002 contre M. Gbagbo, ont rapidement fait allégeance au président sortant dans cette nouvelle crise. Mais dans son ensemble, l’armée est « aussi divisée que les politiciens », souligne ce journaliste sous couvert de l’anonymat. Conscient de cette « fracture » au sein de la « Grande muette », M. Ouattara, reconnu par une communauté internationale quasi-unanime comme le chef de l’Etat légitime à  l’issue de la présidentielle du 28 novembre, s’emploie à  faire basculer dans son camp certains officiers. Pour la première fois, son Premier ministre et chef des FN Guillaume Soro a appelé jeudi l’armée (18.000 hommes officiellement) à  se placer sous l’autorité de M. Ouattara. Pour l’instant, cet appel reste sans effet visible même s’il se murmure dans son entourage que plusieurs officiers loyalistes ont reconnu sa légitimité. Ne « pas faire la guerre aux ivoiriens » Dans l’épreuve de force en cours, le ministre de l’Intérieur de M. Gbagbo, Emile Guiriéoulou, a fait une sortie fracassante samedi en accusant des diplomates « occidentaux » à  Abidjan de vouloir « déstabiliser » le régime en tentant de faire passer des officiers du côté de l’ex-opposant. Quant au chef d’état-major, le général Philippe Mangou, il a averti dimanche la mission onusienne Onuci et la force française Licorne déployées dans le pays qu’elles ne devaient pas « faire la guerre aux Ivoiriens ». Lors d’une tournée dans des casernes à  Abidjan, il a rappelé novembre 2004, quand plus de cinquante manifestants ivoiriens étaient tombés sous les balles françaises. Comme l’attestent les tournées de certains chefs pour mobiliser la troupe, le message est bien passé au sein d’une haute hiérarchie militaire choyée par le président sortant qui a multiplié les promotions. « Tout le monde est gonflé à  bloc, on n’attend que les instructions », indiquait cette semaine un officier du 1er Bataillon des commandos parachutistes (BCP) d’Abidjan basé à  Akouédo, dans l’ouest de la ville. Selon un autre haut gradé, en cas de nouvelle confrontation, l’armée ne commettra pas « les mêmes erreurs » qu’à  l’éclatement de la crise de 2002, quand des sous-officiers avaient fait défection au profit de la rébellion. Et de confirmer la suspicion entre militaires: « on se connaà®t maintenant et on sait qui est qui ».

Gbagbo évoque d’éventuels pourparlers de paix en Côte d’Ivoire

Les propos du chef de l’Etat, publiés vendredi dans le quotidien gouvernemental Fraternité Matin, constituent le premier signe d’une apparente volonté d’engager un dialogue pour mettre fin à  l’impasse institutionnelle. Au lendemain du second tour de l’élection présidentielle, le 28 novembre, la Commission électorale indépendante (CEI) avait déclaré vainqueur Alassane Ouattara. Mais le Conseil constitutionnel, acquis au chef de l’Etat sortant, a aussitôt inversé le résultat et proclamé Laurent Gbagbo vainqueur. Les deux rivaux, qui affirment aujourd’hui être le président de la Côte d’Ivoire, ont depuis nommé chacun un Premier ministre et un gouvernement. Alassane Ouattara, ancien gouverneur de la BCAO et directeur général adjoint du FMI, bénéficie du soutien de la communauté internationale, dont celui des Etats-Unis, de la France, de la Cedeao et de l’Union africaine. Dans les colonnes de Fraternité Matin, Laurent Gbagbo déclare: « On entend souvent les gens dire qu’il y aura la guerre, il y aura une déflagration. Il n’y aura pas de guerre ici. Les affaires tournent et l’on va finir par s’asseoir (ensemble) ». « Asseyons-nous et discutons. S’il y a un problème, on va s’asseoir et discuter », ajoute-t-il. Le camp Ouattara n’était pas disponible dans l’immédiat pour réagir aux propos de Laurent Gbagbo mais par le passé, il s’est dit prêt au dialogue à  condition qu’il cède le pouvoir à  son adversaire. OBAMA PRàŠT à€ RECEVOIR GBAGBO En dépit d’intenses pressions diplomatiques et de menaces d’isolement, Laurent Gbagbo conserve le soutien des chefs de l’armée ivoirienne et des médias officiels, et continue de gouverner à  partir de bâtiments officiels. Alassane Ouattara est, quant à  lui, toujours retranché dans l’hôtel du Golf, au bord de la lagune Ebrié, sous bonne garde des casques bleus de l’Onuci qui ont installé des groupes électrogènes pour parer à  d’éventuelles coupures de courant. Il a invité les agents de l’Etat à  ne pas travailler pour un gouvernement qu’il juge illégal. Vendredi, les tours en verre et en acier abritant les ministères au Plateau, le quartier administratif et des affaires, étaient inhabituellement calmes. « Bon nombre de nos collègues ne sont pas venus travailler aujourd’hui », raconte Roger Zan, un fonctionnaire. « Comme vous le voyez, il n’y a pratiquement pas d’activité dans les couloirs. Les fonctionnaires sont toujours effrayés ». Les livraisons des précieuses fèves de cacao aux ports d’Abidjan et de San Pédro, vers la frontière libérienne, sont en baisse et le patronat ivoirien a menacé de ne plus payer d’impôts jusqu’à  ce que la crise institutionnelle soit réglée. A Londres, les cours du cacao ont baissé vendredi et étaient en recul de 3,67% à  1.917 livres sterling la tonne à  14h00 GMT. Les Nations unies, qui étaient chargées de certifier le résultat de l’élection présidentielle aux termes d’un accord passé en 2007 avec toutes les parties, ont donné l’exemple de la reconnaissance internationale d’Alassane Ouattara. Le président Barack Obama a fait pour sa part un geste en direction de Laurent Gbagbo en lui proposant de le recevoir à  la Maison blanche s’il démissionne. L’intéressé n’a pas répondu. Le Nigeria, poids lourd régional qui exerce la présidence tournante de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, a écarté l’idée, en la jugeant mauvaise, d’un gouvernement d’union nationale en Côte d’Ivoire à  l’image de ce qui s’est passé ces dernières années au Kenya et au Zimbabwe. A l’issue d’un entretien avec son homologue américaine Hillary Clinton, le ministre nigérian des Affaires étrangères, Henry Odein Ajumogobia, a indiqué que les pays membres de la Cedeao étaient prêts à  soutenir d’autres mesures punitives contre Laurent Gbagbo. « Nous appuierons et la Cedeao appuiera (…) tout régime de sanctions prescrit par la communauté internationale, les Nations unies, l’Union européenne et l’Union africaine », a-t-il dit.

Côte d’Ivoire; Gbagbo, président malgré tous?

Gbagbo, seul contre le monde l’Union Africaine, à  travers son président, a apporté son soutien au candidat déclaré vainqueur par la Commission Electorale Indépendante (CEI) Alassane Ouattara. Ainsi le malawite Bingu Wa Mutharika et l’Afrique du Sud ont conjointement lancé un appel à  Laurent Gbagbo à  quitter le pouvoir le plus rapidement possible. A leur suite, le Conseil de Sécurité de l’ONU qui tardait à  se mettre d’accord sur une décision commune, a finalement apporté son soutien à  Ouattara. Il est donc reconnu comme président élu légitimement par les ivoiriens. La décision des 15 pays membres du Conseil survient quelques jours de tergiversations dues au refus de la Russie de rejoindre la position des autres. l’ONU menace à  présent de prendre des sanctions ciblées contre toute personne qui voudrait mettre en péril, la paix et la sécurité de la Côte d’Ivoire. Gbagbo qui se retrouve de plus en plus isolé, semble ne guère s’en soucier. Pour preuve, son gouvernement a commencé à  travailler, faisant fi de ce qu’il appelle « l’ingérence étrangère ». Quand à  Alassane Ouattara, il prend « son » pouvoir petit à  petit. Son Premier Ministre a annoncé qu’il prendrait d’ici quelques jours el contrôle des institutions financières du pays et a procédé à  des nominations à  la tête des principaux services de l’administration, à  commencer par la Radio-Télévision Ivoirienne(RTI). Le gouvernement devrait déménager dans les jours à  venir dans la capitale politique Yamoussoukro. Des risques majeurs pour l’économie La vie reprend petit à  petit dans le pays et particulièrement à  Abidjan. La capitale économique du pays est la plus touchée par la situation de crise politique car, regroupant la majorité des entreprises, sociétés, et marchés importants. Après l’ouverture des frontières aériennes, routières et maritimes, les populations retournent timidement à  leurs activités. Les rues restées désertes durant quelques jours par crainte d’affrontements, retrouvent des couleurs. La circulation infernale, les vendeurs ambulants se faufilant entre les véhicules…sont entre autres signes de la volonté de la population à  aller de l’avant et ne pas se laisser abattre par une situation qu’elle a du mal comprendre et maà®triser. Les opérateurs économiques ont lancé un cri d’alarme à  l’endroit des dirigeants. Pour eux, l’économie ivoirienne ne peut pas se permettre une nouvelle crise. Si les choses n’évoluent pas rapidement, de grosses difficultés sont à  prévoir comme l’impossibilité pour la plupart des sociétés de respecter leurs échéances fiscales. Des ivoiriens témoignent Marie Chantal Aké est commerçante au marché d’Adjamé (quartier populaire d’Abidjan). Elle explique que « nous,on croyait qu’après le 28 novembre, notre pays allait avoir un nouveau visage et repartir de l’avant mais on se trompait. Nos dirigeants se comportent comme des enfants et se foutent de nous. Ce qui les intéresse, C’’est leurs propres intérêts, C’’est tout. Nous on ne demande rien d’autre que la paix. Et qu’ils nous laissent vendre et nourrir nos familles qui ont faim». Alain Koda est quant à  lui, gérant du super marché Cash Center, au quartier de Cocody Palmeraies. Il déplore une chute importante de ses revenus depuis le début de la campagne du second tour de la présidentielle. « Avant, on pouvait vendre plus de 800 000 francs CFA par jour, mais depuis quelques semaines, on ne fait même pas 200 000 francs la journée. Les gens ont peur de sortir et nous, nous sommes obligés de travailler juste la demi-journée, de peur que des petits voyous ne viennent nous dévaliser. » Oscar a un master en marketing et communication mais, s’est reconverti dans le commerce faute d’emplois. Il est vendeur ambulant de carte de recharge, brosses à  dents…et quelques autres petites bricoles. Il explique que « je ne gagne plus assez d’argent comme il y a deux ans. J’ai été obligé de réduire ma quantité de marchandises pour ne pas perdre plus d’argent. Les policiers nous arrachent nos produits dans les rues sans raison et nous demandent de payer des sommes exorbitantes. J’espérais qu’avec ces élections, je verrais enfin le bout du tunnel mais, je me suis trompé. On est fatigués de la guerre, fatigués… » Jusqu’à  présent, personne ne sait comment se terminera la situation actuelle dans ce pays désormais divisé avec à  sa tête deux dirigeants.

Côte d’Ivoire, le cabinet de combat de Laurent Gbagbo

D’abord, une confidence. Quand j’ai reçu par courriel, hier lundi à  la mi-journée, une liste des membres du gouvernement qu’est censé diriger l’économiste et universitaire Gilbert-Marie N’Gbo Aké, nommé la veille par le « président » non élu Laurent Gbagbo, le doute m’a effleuré. Certes, la source abidjanaise est d’ordinaire fiable. Mais mon informateur n’avait-il pas été lui-même la cible d’une intox ou d’un canular ? Pour le coup, mieux valait patienter 24 heures. Dans sa version finale, la composition de ce cabinet de combat diffère nettement du casting initialement annoncé. Reste qu’elle fait la part belle au clan des faucons. Premier indice : la répartition des maroquins a été égrenée ce mardi au sortir d’un « conseil des ministres » par l’ancien titulaire du portefeuille de l’Intérieur Désiré Tagro, fidèle d’entre les fidèles du fondateur du Front populaire ivoirien (FPI). Les Affaires étrangères sont confiées à  Alcide Djédjé, jusqu’alors conseiller diplomatique de la présidence et ambassadeur de Côte d’Ivoire auprès des Nations unies. Un ambassadeur peu diplomate: c’est lui qui, le 3 décembre, sur les écrans de la RTI, la radio télévision nationale, a menacé d’expulsion le Coréen Youn-jin Choi, représentant spécial de l’Onu à  Abidjan, coupable d’avoir confirmé la victoire d’Alassane Ouattara lors du second tour du scrutin présidentiel, le 28 novembre. Assimilé à  un « agent de déstabilisation » enclin à  encourager les « violences », M.Choi avait alors été sommé de se tenir coi, sous peine de « départ immédiat. » La nomination de Charles Blé Goudé -Jeunesse, Formation professionnelle et Emploi- vaut elle aussi le détour. Issu du syndicalisme étudiant, tout comme l’ancien chef de la rébellion nordiste Guillaume Soro, reconduit pour sa part dans ses fonctions de Premier ministre par Ouattara, « CBG » fut le leader zélé des « Jeunes patriotes », milice dévouée corps et âme à  Gbagbo. Le « général de la Jeunesse » -titre revendiqué par ce tribun populiste sensible aux honneurs et aux berlines de luxe- fut l’un des boutefeux des manifestations anti-françaises consécutives au coup d’Rtat avorté de septembre 2002, puis aux affrontements meurtriers de novembre 2004. Parmi les autres membres de l’équipe N’Gbo Aké, on trouve un joli contingent de néophytes et peu de « pointures » de l’échiquier politique ivoirien, sinon le professeur Alphonse Voho Sahi, vieux compagnon de route de Laurent Gbagbo, nommé à  la Culture. Reste que la composition du cabinet importe moins que « l’armée » des conseillers de l’ombre familiers des couloirs du palais. Gageons ainsi qu’Antoine Bohoun Bouabré, faucon réputé proche de l’inflexible Première dame Simone Gbagbo, et considéré par les enquêteurs français comme le principal responsable de la disparition sans retour du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, restera dans les parages.

Politique ivoirienne : La CEDEAO en réunion spéciale au Nigéria

Un éléphant à  deux têtes Depuis quelques jours, la Côte d’Ivoire se retrouve dotée d’un double gouvernement et deux présidents. Une situation survenue après la proclamation le week-end dernier de deux résultats pour le second tour de la présidentielle du 28 novembre dernier par la commission électorale et le conseil constitutionnel. La commission a déclaré Alassane Dramane Ouattara vainqueur du scrutin. Ces résultats devaient être confirmés et validés par le conseil constitutionnel. Mais ce dernier invalidera le vote et proclamera vainqueur le président sortant Laurent Gbagbo. La situation est toujours confuse après la nomination par les deux homes de leur premier ministre respectif et de la tenue hier de deux conseils des ministres parallèles. Les violences sont par ailleurs de plus en plus fréquentes entre les partisans des deux hommes. Ouattara soutenu par la communauté internationale Depuis quelques jours, les soutiens se font de plus en plus nombreux pour le président du rassemblement des républicains (R. Ouattara en plus de bénéficier du soutien des Etats Unis, de la France et du Royaume Uni, est également reconnu par l’ensemble de la communauté africaine dont le médiateur burkinabé Blaise Compaoré, l’Organisation Internationale de la Francophonie et la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao). Cette dernière décidera dans l’après midi, du sort qu’elle réservera au président Gbagbo et à  l’ensemble de la classe politique ivoirienne. Dimanche dernier, l’ancien président sud africain Thabo Mbeki était à  Abidjan dans l’optique de trouver une issue de sortie de crise. Après avoir rencontré les deux hommes, il a également entendu le représentant des nations unis en Côte d’Ivoire et l’ensemble des politiques ivoiriens. En fin de compte, la visite ne portera aucun fruit car les deux camps sont restés sur leur position. Ouattara d’une part, demandant à  Gbagbo de se retirer et céder la place aux nouveaux arrivants. Gbagbo pour sa part refuse toute ingérence dans les affaires intérieurs du pays. La CEDEAO à  Abuja Les chefs d’Etats de la Cedeao sont depuis ce matin à  Abuja (Nigéria). Objectif, trouver rapidement une solution à  la crise politique ivoirienne après la médiation sans succès de Mbeki. La communauté a mandat d’intervenir dans les affaires intérieures de ses pays membres en cas de crise de ce genre. Quoi qu’il en soit, la situation reste aussi tendue en Côte d’Ivoire o๠les organisations de défense des droits de l’homme annoncent le chiffre de 20 morts depuis le week-end dernier, début du « bicéphalisme ivoirien ». Autre signe de la dégradation de la situation, les Nations Unies ont commencé il ya quelques heures, le retrait de leur personnel non essentiel.