Vital Robert Diop : « Notre objectif est de transformer le PMU Mali »

Nommé Directeur général du PMU Mali le 10 février 2020 après en avoir été le Directeur adjoint, Vital Robert Diop, 41 ans, issu du secteur privé, nourrit de grandes ambitions pour la société qui a plus d’un quart de siècle d’existence. En dépit des effets de la Covid-19, qu’elle a su juguler, elle met en œuvre son plan 2020-2023 et compte pleinement jouer son rôle d’entreprise d’économie mixte.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Je suis diplômé en droit et en sciences politiques de l’université de Reims. A l’issue de mes études universitaires, j’ai débuté dans le secteur public à EDM où j’ai été juriste junior durant quelques mois. Ensuite j’ai rejoint une structure de l’ambassade de France, à savoir l’agence française pour l’adoption et après quelques années, je me suis lancé dans le privé, je suis promoteur de plusieurs PME, dans le domaine du tourisme et l’aérien, dans la gestion des ressources humaines et le conseil et dans le domaine des hydrocarbures.

En 2013, le président de la République m’a fait confiance en me nommant au sein de son cabinet, où je me chargeais de la promotion des candidatures du Mali aux postes internationaux. A ce titre, j’ai eu la mission principale d’assister et de promouvoir les deux candidats du Mali, aux postes de directeur régional de l’OMS, le Docteur Fatoumata Nafo et le vice président de la Banque Islamique de Développement, Birama Sidibé, qui était candidat pour la présidence de la BAD. A l’issue de ces missions, je suis devenu assistant spécial du secrétaire général de la présidence.

De là j’ai été nommé en mars 2019, directeur général adjoint au PMU Mali. Et huit mois plus tard, on m’a confié la direction générale.

Quel bilan pouvez-vous faire du PMU Mali, qui a 26 ans cette année ?

Organisant simplement la prise de paris sur les courses hippiques au début, aujourd’hui nous proposons d’autres produits. Les paris sont possible aussi dans les salles de jeu (PCD), qui prennent les paris en instantané et où les parieurs suivent les courses, jouent et empochent aussitôt leurs gains. Conformément au monopole sur les jeux qui lui est conféré par l’État par une loi de 2002, PMU Mali organise des paris sportifs, des paris en ligne et le Loto. La société, en pleine expansion, va continuer à se diversifier.

Quels sont les grands axes de votre plan d’action 2020 – 2023 ?

Ce plan d’action est un complément du plan de relance de l’entreprise lancé en 2015. Il correspondait aux enjeux du moment et avait pour objectif principal de sécuriser les recettes et de lutter contre la fraude. Nous sommes une société anonyme d’économie mixte capable de mener une activité commerciale avec une gestion rigoureuse, et sa mission d’intérêt public, capable de faire bénéficier davantage les parieurs en terme de gains et capable de réaliser les prévisions de recettes de l’Etat. Notre objectif est de transformer l’entreprise et d’en faire la loterie de référence en Afrique. Pour y parvenir, nous devons prendre en compte les nouveaux enjeux, la digitalisation et les innovations technologiques, mais aussi exploiter le monopole de PMU autant que possible tout en réalisant et concevant des jeux au niveau local.

Quelles sont les conséquences de la pandémie de la Covid-19 sur le PMU Mali ?

Avec la suspension des courses françaises, nous étions confrontés à de réelles difficultés, parce qu’elles constituaient l’essentiel de l’offre connue du public malien. Elle a eu pour effet une baisse de plus de 70% du chiffre d’affaires. Avant la suspension des courses de janvier à mars 2020, les enjeux réalisés par la direction étaient supérieurs aux objectifs assignés par le conseil d’administration. Pour l’ALR, l’objectif était de 234 millions en moyenne par course, mais la réalisation était de 256 millions. Sur le PCD l’objectif moyen par semaine était de 1,34 milliard, la réalisation de 1,37 milliard par semaine. Pour le pari foot et un objectif de 2,33 milliards par mois, la réalisation a été de 4,44 milliards.

Nous avions deux choix : suspendre les activités ou innover et trouver une offre de jeux capable de susciter l’intérêt de la clientèle et générer un chiffre d’affaires acceptable. Nous avons trouvé des solutions alternatives en proposant une offre de jeux sur les courses suédoises et d’autres pays. Cela a permis d’endiguer la baisse du chiffre d’affaires, de le stabiliser et même d’enclencher une certaine remontée.

Voulez-vous pérenniser le recours à ces courses ?

Cette offre a permis de stabiliser les chiffres, mais force est de reconnaître que dès la reprise des courses françaises, le public a exprimé sa préférence pour ces dernières. Au niveau des PCD, il avait l’habitude de jouer sur d’autres courses étrangères, mais sa préférence va vers les courses françaises. Cela s’explique parce que ces courses sont les plus crédibles, les meilleures et en termes de volume leur nombre n’est pas comparable aux autres. Même si la Covid-19 nous a montré la nécessité de diversifier l’offre, l’essentiel du chiffre d’affaires est réalisé sur les courses françaises.

Que représente PMU Mali en termes de chiffres ?

Notre chiffre d’affaires a augmenté de plus de 11%, passant de 138 milliards à 155 milliards en 2019. PMU Mali est aussi une entreprise qui verse une redevance à l’État.  Nous avons environ 240 agents permanents, 860 agents intérimaires, un réseau de vente composé de 640 revendeurs et de 1 900 aides. Soit plus de 3 000 personnes. En termes de gains distribués, à titre d’exemple, le 26 juin 2020, pour une mise de 500 FCFA, quelqu’un a gagné 44 millions. Nous redistribuons de 1 à 2 milliards mensuellement. Pour les gains distribués uniquement sur les enjeux hippiques, comptez environ 1 milliard par mois.

Comment jugez-vous votre partenariat avec Premier Bet ?

Dans le cadre du monopole sur les jeux de hasard, PMU Mali a signé un partenariat avec Premier Bet pour l’organisation de paris sportifs, des jeux virtuels et de jeux en ligne. C’est un partenariat bénéfique en termes de recettes pour l’État et d’emplois, parce que Premier Bet en crée entre 600 à 700 emplois directs et autant indirects. C’est un partenariat dont nous sommes satisfaits et qui va se développer.

Où en est-on du chantier de la digitalisation et de l’extension dans les régions ?

C’est un grand chantier, amorcé en 2018 avec l’informatisation. Depuis cette date, les prises de paris sont informatisées. Les revendeurs disposent d’un TPE, procèdent à la prise de paris et impriment un ticket. La deuxième étape de la digitalisation, c’est de leur permettre de payer directement les parieurs. Très prochainement, les parieurs pourront déposer et retirer leurs gains via un portefeuille électronique. Et nous pensons d’ici la fin de l’année 2020, proposer une offre de jeux en ligne.