Mali – Nouvelles mesures Covid-19: Levée du couvre-feu et port du masque obligatoire

La très attendue allocution du Premier ministre ce samedi était axée sur l’ensemble des nouvelles mesures Covid-19 proposées par le Conseil national de Défense Extraordinaire qui s’est réuni vendredi (08/05/20).

Le Premier ministre Boubou Cissé a annoncé ce 09 mai 2020, la levée du couvre-feu, alors que la réouverture des écoles primaires, secondaires et supérieures est envisagée à partir du 02 juin, le port obligatoire des masques dans les lieux publics.

Selon les autorités, le rapport très détaillé du Conseil national de Défense Extraordinaire précise que notre pays frôle les « 700 cas confirmés de Covid 19 avec plus de 2000 personnes-contacts suivies, un peu moins de 300 guérisons » avec plus de 35 décès. Aujourd’hui, 88% des cas, sont enregistrés au District de Bamako désormais épicentre de la pandémie sanitaire dans notre pays. « La tranche d’âge des « 35-54 ans » est la plus touchée avec près de 40% des cas d’infections. »
Cette catégorie est suivie par celle des « 55 ans et plus » avec un peu moins de 35%. Puis, vient la tranche d’âge des « 15-34 ans » qui représente 24% des personnes contaminées.
Les hommes sont deux fois plus touchés que les femmes, aussi bien pour l’infection que pour la mortalité.
Près de 3000 tests qui ont été réalisés, dans quatre laboratoires de Bamako. Aujourd’hui, les autorités envisagent de renforcer les capacités de tests et de prises en charge dans les différentes régions du pays.
A cet effet, l’aéroport International Modibo Keïta Bamako – Sénou va réceptionner ce dimanche (09/05/20), 10 tonnes de matériels dont 5.000 tests. Les autorités précisent que cet avion a été envoyé par son altesse Cheick Mohamed Bin Zayed, prince héritier des Emirats Arabes Unis.
Le Programme présidentiel « Un Malien, un masque » est en cours a précisé le Premier ministre dans son allocution, avant de préciser que l’Opération de distribution gratuite de vivres aux familles les plus démunies est à l’œuvre dans le District et à Kayes, touchant 1.350 000 personnes pour 14 000 tonnes avec pour objectif de distribuer 56 000 tonnes.
Idelette Bissuu

 

 

Un Malien, un masque : Pas encore une réalité

« Un Malien, un masque », c’est l’initiative lancée par le Président de la République Ibrahim Boubacar Keita lors de son discours à la Nation du 10 avril dernier. Près d’un mois après, la promesse présidentielle peine à devenir réalité.

Commune VI du District de Bamako, la plus touchée par le virus depuis le début de la pandémie au Mali. Il urgeait donc que les habitants de cette commune, qui regroupe 10 quartiers, soient dotés de masques de protection. Fait, mais de manière insuffisante pour le moment. Aux 70 chefs de quartiers, la mairie de la commune a donné à chacun 500 masques, soit un total de 35 000, pour une population estimée, selon le site officiel de la mairie de Bamako, à 600 000 habitants.

Selon le Coordinateur des chefs de quartier de la Commune VI, Seydou Sangaré, « les masques étant insuffisants. Nous avons préféré les distribuer aux plus vulnérables, notamment les personnes âgées, qui sont les plus exposées à cette maladie ». « La distribution s’est faite dans les mosquées et dans certains lieux de regroupement » ajoute-t-il. Les autorités leur ont dit qu’il s’agissait d’un premier lot et que d’autres suivraient bientôt. Le coordinateur a tenu à préciser que ces masques sont lavables et de bonne qualité.

Familles fondatrices uniquement

En Commune IV, où le taux de contamination a pris l’ascenseur, le chef de quartier de Hamdallaye a refusé le lot de masques qui lui avait été proposé au motif qu’ils étaient insuffisants.

Il a estimé ne pas pouvoir offrir de masques à certains et en laisser d’autres, qui s’estimeront dès lors lésés, ce qui pourrait troubler la quiétude de son quartier. « Il a rappelé aux agents de l’État qu’il accepterait les lots uniquement quand ceux-ci seront suffisants pour toute la population de Hamdallaye », rapporte Dramane Kouma, un habitant du quartier qui a participé à une rencontre avec lui.

En Commune II, une confusion semble pour l’heure régner. Adama Niaré, membre des familles fondatrices et chef de quartier de Niarela, dit avoir reçu des masques, mais il assure qu’ils étaient destinés aux familles fondatrices. « Les masques des familles Niaré et Touré nous ont été remis par l’État. Ce lot est uniquement destiné à ces deux familles. La distribution des masques à la population de la Commune II est dévolue à des agents au niveau de la Primature ». Contacté, le service dédié à la distribution au sein de la Primature n’a pas donné suite à nos sollicitations.

Aminata Keita

Espagne: Le bilan quotidien descend à 288 morts

La pandémie de coronavirus a fait 288 morts en Espagne au cours des dernières 24 heures, le chiffre le plus bas depuis le 20 mars, a annoncé dimanche le ministère de la Santé.

Le bilan total s’élève désormais à 23.190 morts dans le pays qui a payé le plus lourd tribut à la maladie derrière les États-Unis et l’Italie, mais qui commence à alléger un des confinements les plus stricts au monde en laissant sortir les enfants.

Source: Le Nouvelliste

Lutte contre le Covid-19 : Les FDS ont-elles les moyens de leur mission ?

Dans la lutte contre la propagation du Covid-19 au Mali, le gouvernement a pris plusieurs mesures dont l’effectivité implique largement les Forces de défense et de sécurité (FDS). Mais, pour mener à bien ces missions, ont-elles les moyens et les effectifs nécessaires ?

Déjà quelques semaines que la plupart des mesures sont entrées en vigueur et un constat se dégage : dans le domaine des transports, difficile de faire appliquer certaines décisions.

Contrairement à la limitation à la moitié du nombre de passagers prévus sur la carte grise du véhicule et la prise en compte de la distance d’un mètre entre ces personnes,  les Sotramas continuent de faire le plein et les motocyclistes à rouler à deux, en violation de la disposition qui limite leur nombre à un seul.

Moyens adéquats ?

S’il y a une mesure où les forces de défense et de sécurité se déploient à fond, c’est le couvre-feu. Les patrouilles de jour continuent toujours, mais la nuit il est la priorité. « Nous avons mobilisé l’effectif que nous avons. Nous ne pouvons pas faire mieux, parce qu’il n’y a pas eu de  recrutement spécial pour le couvre-feu. Nous faisons donc avec les moyens du bord », explique le Directeur régional de la Police du district de Bamako, le contrôleur général Siaka Bouran Sidibé.

« Le carburant est renforcé quotidiennement et pour les mesures d’accompagnement, le Président vient juste d’annoncer des primes. Mais on ne peut pas encore en parler pour l’heure ».

Pour le responsable régional de la police, ses éléments n’auraient pas besoin de moyens extraordinaires pour faire appliquer les mesures si chaque citoyen faisait preuve de civisme.

Protection requise

Mais, pour être sur le terrain et faire appliquer les mesures du gouvernement, les forces de défense et de sécurité doivent d’abord elles-mêmes être suffisamment protégées. Dans un courrier en date du 2 avril au ministre de la Sécurité et de la protection civile, le Syndicat autonome de la police nationale (SAP) demandait que « les policiers, sans distinction de grade et de corps, soient dotés en matériel de protection ».

« Aujourd’hui, nos demandes ont été satisfaites à 70%. Nous avons reçu quelques kits de protection à Bamako, mais nous sommes en train de vérifier si c’est le cas dans les régions », confie Bougouna Baba Dembélé, Président du SAP.

Germain KENOUVI

Les startups Africaines seront-elles le parent pauvre de la crise du Covid-19 ?

Une Tribune de Erick Yong – Cofondateur de GreenTec Capital Partners 1er fonds d’investissement allemand dans les startups africaines.
L’ascension de la tech africaine est-elle un lointain souvenir ?Alors même que nous célébrions le cap de 1,3 milliards de dollars investi dans les startups africaines en 2019, la Tech « Made in Africa » pourrait bien se prendre le mur si rien n’est fait pour accompagner les startups de l’écosystème face aux défis provoqués par la crise sanitaire qui sévit sur le continent. Tout allait pourtant pour le mieux, dans le meilleur des mondes : 645 incubateurs, en 2019, étaient recensés sur le continent, contre 314 en 2016 et 442 en 2017. Pour les trois premiers mois de 2020, plus de 335 millions de dollars avaient déjà été investis !
Mais le coronavirus a débarqué sur le continent…fauchant brutalement les espoirs légitimement suscités.
À mesure que les taux d’infection augmentent, l’économie mondiale ralentit – de manière brutale – et les économies africaines ne dérogent pas à ce constat. S’il est trop tôt pour mesurer la totalité des effets de la crise sur le continent, experts et institutions s’alarment. La Banque Africaine de Développement (BAD) prévoit ainsi une baisse substantielle du PIB du continent, qui passerait de 3,2 à 1,8 points de croissance, conséquence directe de la pandémie. Dans l’économie réelle, la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs et des revenus des entreprises sera parmi les premiers effets ressentis. À court terme, ce sont les petites et moyennes entreprises qui courent le plus grand risque, faute de fonds suffisants. Or, l’importance des TPE, petits commerçants et micro-entreprises, est une des spécificités du continent africain. En effet, ces entreprises constituent 95 % de l’activité, tout en figurant en
tête des employeurs du continent !
Les startups à forte croissance, à l’image de la plate-forme de paiements en ligne Flutterwave (Nigeria) ou du spécialiste de la gestion de données, Sokowatch (Kenya), ne seront pas les plus affaiblies par la crise, grâce à des levées de fonds records réalisées en série A en janvier et février de cette année. Et paradoxalement pas plus les startups sans revenus, en recherche de fond d’amorçage initial. Le risque d’échec est bel et bien une réalité pour les anciens gagnants, stabilisés, générateurs d’emplois ayant depuis peu prouvé la pertinence de leur modèle économique au travers de revenus stables. La majorité d’entre eux n’a pas pu créer de matelas financier suffisant pour affronter pareil tsunami économique – mais qui aurait pu en imaginer l’ampleur ? Cela justifie de l’incontestable mise en place d’un support au développement proposé par les agences internationales et locales. 80% de startups viables pourraient ne pas survivre !
Cet arrêt brutal de l’économie sur le continent pourrait balayer les succès anticipés et hypothéquer l’avenir encourageant de cette dynamique entrepreneuriale. L’étude de la Fondation GreenTec Capital Africa et We Tracker2, à paraître à la fin du mois d’avril, réalisée avant le début de la crise du Covid-19, révélait un taux d’échec culminant à 56% pour les jeunes pousses. 80% de ces startups qui échouait, n’avait pas reçu de soutien financier à l’amorçage.

1- Les startups africaines ont levé 1,340 milliards de dollars en 2019 Etude GreenTec Capital Partners – 2020.
2- GreenTec Capital Africa Foundation, For a better Africa, Avril 2020.

De nombreuses jeunes entreprises africaines – plus de 80 % – acclamées hier encore, pourraient se retrouver contraintes de baisser le rideau, dans des délais records si des fonds ad hoc n’étaient pas mis à leur disposition. L’Ethiopie, le Rwanda, le Zimbabwe ou encore le Maroc, des pays où les startups fonctionnent principalement sur fonds propres, sont particulièrement exposés aux risques de cessation d’activité de pépites évoluant dans leurs écosystèmes entrepreneuriaux.
Depuis mi-mars, nous observons un mouvement de panique face à des perspectives court terme qui commenceraient par des destructions d’emploi. Face à cela, les acteurs de l’écosystème tentent de mutualiser des solutions de réorganisation permettant de gagner du temps. Mais la mise en place d’actions coup de poing pour compenser ce manque ponctuel de liquidités est indispensable pour le plus grand nombre. Sinon, tout l’argent investi jusqu’à présent n’aura servi à rien. Cela coûtera plus cher de reconstruire que d’investir dès aujourd’hui. Il est indispensable d’anticiper et proposer des leviers financiers concrets, doublement efficaces lors de la sortie de crise. L’angoisse liée aux destructions d’emploi est de plus en plus tangible. Les jeunes entreprises ne rentrent plus d’argent et parmi les 20 millions d’emplois qui vont être détruits en Afrique, nombreux le seront dans les startups. Ben White, PDG du réseau d’investisseurs panafricain Venture Capital 4 Africa soulignait récemment que les 13 500 startups répertoriées par son réseau avaient créée en moyenne 8 emplois, soit 108 000 emplois au total, eux aussi particulièrement menacés dans le contexte actuel.
Mais pendant que les puissances Européennes seront occupées à reconstruire leurs économies exsangues, les start-ups n’auront pas le temps d’attendre les subsides promis. Chez les entrepreneurs concernés, la crainte d’un effondrement des écosystèmes startups du continent s’accroît et des voix s’élèvent pour réclamer des soutiens effectifs. En atteste les déclarations des présidents du Small Business Institute en Afrique du Sud et du Small Business Owners au Nigéria, John Dludlu et Femi Egbesola, rapportant le grand désarroi des membres de leurs organisations respectives.
Ces circonstances extraordinaires en appellent à des mesures non moins extraordinaires pour
préserver les startups du continent de ce tsunami économique. Les bailleurs de fonds ont déjà
amorcé plusieurs mécanismes de financement pour soutenir les économies africaines, mais la
considération des startups aux agendas des acteurs de l’aide au développement demeure
incertaine. Les gouvernements et autres organisations privées ne sont pas en reste. Des
initiatives commencent à émerger : l’International Trade Center développe par exemple, un
centre de ressources dédié aux impacts de la pandémie sur les startups et PME du continent.
L’Afrique du Sud et le Nigeria, les deux économies les plus avancées du continent, ont annoncé
des mesures d’urgence de grande envergure pour aider les entreprises à amortir le choc de la
pandémie, sans qu’aucune annonce n’ait encore été faite au regard des bénéficiaires et
disponibilités des fonds annoncés.
Les autorités en Afrique francophone formulent également des réponses, comme au Sénégal où
Papa Amadou Sarr, Directeur Général de la Délégation générale à l’Entreprenariat Rapide des
Femmes et Jeune (DER/FJ), a annoncé la suspension temporaire des dettes des jeunes
entreprises et un plan de 1,5 Milliard FCFA d’aides attribuées sous forme de subventions et prêts divers. Les organisations fédérant les acteurs du capital-risque comme l’African Private Equity and Venture Capital Association (AVCA) ou la African Business Angel Network (ABAN), planchent, quant à elles, sur des mécanismes pour accompagner les fonds d’investissement dans leur mission aux côtés des entrepreneurs. L’enjeu étant pour les investisseurs de trouver l’équilibre entre des tours de table anticipés et le respect des politiques d’allocation, de sorte à pouvoir accompagner d’autres structures à fort potentiel. Car, face à l’adversité, mais aussi la tentation pour les fonds d’investissement de se concentrer sur leur portefeuille, soutenir les startups du continent aujourd’hui ne doit pas diminuer, bien au contraire !
Ajuster les solutions face au caractère d’urgence Il faut essayer de nouvelles méthodes pour soutenir ces jeunes pousses dans les ajustements qu’elles connaîtront dans les prochains mois. En qualité d’ambassadeur de l’investissement sous forme de support opérationnel, GreenTec Capital Partners préconise de réajuster les actions déployées face à cette nouvelle réalité. Le regard des bailleurs de fonds doit aujourd’hui s’adapter : il faut d’abord sauver ce qui a déjà été fait et ne pas se projeter dans une vision de nouvelle création.
L’ambition de notre politique d’investissement opérationnel est donc partiellement réorientée
vers l’implémentation de mesures de résilience pour optimiser la résistance des entreprises face
à la durée de la crise et ses conséquences. Par cette action concrète, nous maintenons une
véritable capacité d’accompagnement humain et technique, propre au Venture Building, notre
modèle d’investissement original, plébiscité par de nombreux acteurs du développement en
Afrique. Les opportunités qui nous ont été données de passer à l’échelle avec des partenaires
tels que l’A.F.D. (Agence Française de Développement) ou la G.I.Z. (Deutsche Gesellschaft
für Internationale Zusammenarbeit), nous permettent d’appréhender en amont les risques
imminents de l’écosystème des startups Africaines. C’est pour cette raison que non seulement
nous souhaitons lancer un signal d’alarme sur ce point précis mais également être force de
proposition. Nous avons donc alerté tous nos partenaires en Europe et en Afrique, afin de
proposer des actions concrètes qui pourraient être mises en place à court terme. Nous sommes
dans l’attente de leur réaction.
Cette action consisterait en une aide destinée à la préservation des emplois en péril, mettant à
disposition des fonds d’urgence destinés aux startups porteuses d’emplois, qui sans cette crise
étaient génératrice d’activité économique stable. Cette initiative commencerait donc par
l’identification de ces entreprises en collaboration avec l’écosystème, suivi d’un support en
capacité de résilience pour s’assurer de la pertinence des besoins avec en parallèle le versement
d’une enveloppe adaptée pour couvrir leurs frais fixes pendant une période limitée.
En accordant dès aujourd’hui une somme mensuelle de 5 à 10 000 euros pendant 3 à 5 mois
maximum, à des startups ciblées – au moins 2 ans d’existence, + de 10 employés fixes, aux
revenus récurrents et à l’activité stoppée net par le Covid-19, et qui repartiront une fois la sortie
de la pandémie actée – nous pourrions préserver les acquis, sans se disperser dans des
programmes de reconstruction post-crise qui demanderont forcement énormément plus de
ressource pour relancer l’écosystème.
Nous recommandons donc de mettre en place un programme de fonds de roulement d’urgence
– un « Startups Bridge pour l’Afrique » – opéré par des acteurs en capacité d’accompagner
opérationnellement les bénéficiaires, en complément des fonds débloqués par les Etats
africains, dans l’esprit des mesures prises en Europe et aux États-Unis en soutien aux entreprises

locales. Ces mesures permettraient à entrepreneuriat autour de la Tech africaine de poursuivre
son ascension de plus belle, tout en préservant les emplois menacés.
Enfin, cela serait aussi le meilleur signal à envoyer à tous ces jeunes entrepreneurs, témoignage
sincère de toute la confiance que nous avons en eux.

Coronavirus : Prévenir pour gagner la lutte

Depuis la confirmation de ses premiers cas, le 25 mars 2020, le Mali est entré dans la phase de riposte contre le coronavirus. État d’urgence sanitaire, couvre-feu et gestes barrières, les mesures de prévention pour éviter la propagation de la maladie se multiplient. Car si les mesures sanitaires  se mettent en place parallèlement pour la prise en charge des cas, face à la menace mondiale que constitue cette pandémie et eu égard à la faiblesse de notre système sanitaire, la prévention est la principale arme de lutte contre le Covid-19.

L’annonce des premiers cas de Covid-19 sur le territoire malien a eu raison de l’espoir, il faut dire peu rationnel, qu’avaient certains de garder notre pays indemne de la menace planétaire. Désormais, plus de place pour les suppositions et les incertitudes. « Nous avons résisté le temps qu’il fallait », déclarait le  Professeur Akory Ag Iknane, Directeur de l’Institut national de la santé (INSP) et  Coordinateur national de la lutte contre le Covid-19 sur l’ORTM 1 le 26 mars 2020.

Alerté par l’Organisation mondiale de la santé, « le Mali, depuis le 2 janvier 2020, a réactivé son système de surveillance, au niveau des frontières en particulier, en essayant de contrer l’épidémie ». Une mesure qui n’empêchera pas le pays d’enregistrer ces premiers cas, dont trois « importés », selon le terme consacré, sur quatre.

Le virus, qui se propage de façon exponentielle, avait contaminé à la date du 31 mars 2020 28 personnes, selon le ministère de la Santé. 2 décès ont été enregistrés et 554 personnes contacts identifiées.

Psychose

Même si les autorités sanitaires recommandent à la population de rester sereine face à la pandémie, difficile de garder la tête froide pour la plupart des personnes, surtout dans les zones atteintes, surtout celles qui sont en contact avec le public.

« Il y a une grande psychose ici », déclare M. Mamadou Coulibaly, Coordinateur régional de la société civile à Kayes, membre du Comité régional de gestion de la pandémie dirigé par le Gouverneur de région. Pour cet acteur de la société civile, l’heure est à la campagne de sensibilisation pour le respect strict des gestes barrières, conformément aux prescriptions des autorités. Et, pour ce faire, ce sont les radios de proximité qui ont été privilégiées pour véhiculer les messages de sensibilisation. Mais avec une population en majorité non instruite et ne pouvant pas utiliser le numéro vert, l’information est souvent remontée de bouche à oreille.

Dans ce contexte où les suspicions des uns rencontrent les réticences des autres, il n’est pas rare de constater des incidents, comme celui enregistré il ya quelques jours dans le cercle de Kayes, quand un homme soupçonné par ses voisins d’être malade a été contraint par ces derniers d’aller au Centre de santé. Face à son refus, les forces de l’ordre sont intervenues. L’homme sera finalement testé négatif et l’incident sera clos. Désormais, les 2 familles protagonistes se regardent en chiens de faïence, déplore M. Fofana, correspondant régional de Studio Tamani à Kayes.

Dans les rencontres formelles, les gestes barrières sont respectés, mais dans la vie quotidienne difficile d’envisager ces mesures, avec « des marchés bondés et des lieux du culte musulmans qui continuent d’être fréquentés », explique M. Coulibaly. À cela s’ajoute la spéculation organisée, qui fait monter « de façon exponentielle les prix des équipements » et la pénurie, qui pousse les populations à s’approvisionner sur « un marché noir où on vend toute sorte de gels », déplore M. Coulibaly. Ce qui ne fait « qu’ajouter à la psychose ». Pour un masque que l’on pouvait se procurer à 500 francs CFA, il faut désormais débourser la somme de 2 000 francs.

Difficile respect des mesures barrières

Dans cette lutte enclenchée contre le Covid-19, « la prévention est l’élément-clé », rappelle le Coordinateur national. Parce « qu’un porteur a la capacité de transmettre le germe en un mois à 406 personnes. Par contre, si l’on respecte les mesures barrières, on peut réduire le risque à 5 personnes », précise le Professeur Ag Iknane, le lavage des mains au savon pouvant à lui seul réduire de 60% le risque de transmission. Il est essentiel que les populations adoptent comme un réflexe ces gestes, pour se protéger et protéger leur entourage.

Réservé aux cas suspects et aux personnes contacts ayant développé des signes, le test n’est pas accessible à grande échelle au Mali. « Un luxe » que le pays ne peut s’offrir, préviennent les autorités sanitaires. Le défi est donc de « bloquer la transmission ». C’est pourquoi, malgré « la fermeture » de nos frontières, qui restent poreuses, « il faut être vigilants ». Une vigilance et une responsabilité individuelles et collectives sur lesquelles misent les autorités pour rendre ces mesures efficaces.

En effet, les personnes contacts sont mises en auto isolement durant 14 jours. Une mesure indispensable, destinée à identifier rapidement les cas suspects. Des personnes, dont la liste peut s’avérer très longue, compte tenu de notre contexte social.

Mais les mesures barrières, comme la fermeture des frontières, sont néanmoins importantes, parce qu’elles permettent d’éviter « d’essaimer la maladie » et de rallonger le délai d’incubation. Le couvre-feu en vigueur entre 21 heures et 5 heures du matin, même s’il paraît insuffisant, permet de réduire « au moins durant une période la transmission ».

La non fermeture des marchés et la poursuite des rassemblements, notamment dans les mosquées, continuent pourtant de susciter l’inquiétude face à la progression de la pandémie.

Solidarité internationale

L’apparition du Covid-19 a mis à l’épreuve les plus grands systèmes sanitaires. Son ampleur et sa propagation ont convaincu de la nécessité d’une solidarité, surtout pour les systèmes les plus fragiles. Si plusieurs sites de prise en charge existent à Bamako, à l’intérieur du pays les hôpitaux régionaux restent les seules structures de référence, dont les capacités pourraient être rapidement dépassées en cas de propagation de la pandémie. À Kayes, où 2 cas ont déjà été pris en charge, l’hôpital compte un infectiologue et la structure attend des équipements pour le personnel sanitaire. Des besoins similaires dans plusieurs autres structures.

Présente au Mali, où elle a effectué ses premières missions dans les années 1980, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) et ses 3 sections (MSF France, Espagne, Belgique) a des projets depuis 2009 un peu partout sur le territoire. Avant même l’apparition de la pandémie, elle avait prévu diverses activités IPC (Infection, Prévention, Contrôle) dans les hôpitaux, où elle appuie les services de l’État. Des activités renforcées dans les structures d’intervention, afin « que le staff soit bien protégé et prenne en charge les malades du Covid-19 mais aussi tous les autres », explique le Docteur Idrissa Compaoré, Coordinateur médical au Mali. Ces activités de protection concernent aussi les simples usagers.

L’épidémie de fièvre Congo-Crimée qui s’était déclarée à Mopti en février 2020 avait sonné l’alerte et permis à MSF de prévoir des sites d’isolement dans les structures de soins où elle est présente. Les équipes ont été dotées des équipements adaptés pour faire face aux menaces.

À Bamako, l’ONG appuie l’équipe de prise en charge de l’Hôpital du Point G et prévoit notamment « un renforcement des équipes et l’élargissement du centre de prise en charge», en collaboration avec le ministère.

Face à « l’évolution très dynamique des besoins non satisfaits », aucun pays, ni aucune organisation ne peut faire face seul. Il faut donc « la main de tout le monde », suggère le Dr Compaoré.

Les défis restent importants, car il s’agit de « couper la chaîne de transmission ». Si à Bamako, 6 centres de prise en charge sont prévus, à l’intérieur du pays les besoins restent énormes face au risque d’expansion.

Fatoumata Maguiraga

Repères :

2 Janvier 2020 : Réactivation du système de surveillance des épidémies

25 mars 2020 : Apparition des 2 premiers cas au Mali

26 mars 2020 : Début du couvre-feu

Numéro vert : 36061

Numéro vert Centre d’appel spécialisé : 195