Trafic de visas à l’Ambassade de France

Du lundi au vendredi, les abords de l’ambassade de France ne désemplissent pas de monde. Et toutes ces personnes viennent à  la recherche du précieux sésame : le visa français. Certains passent souvent six mois avant de pouvoir entrer en possession de leur visa. Pour obtenir rapidement un rendez- vous, les candidats vont depuis 4h du matin se mettre en rang. Et les portes n’ouvrent qu’à  8 h. C’’est de ce moment dont profitent les jeunes ‘coxers’ pour rechercher de potentiels pigeons. Le deal concerne la ‘location’ de sous. Lorsqu’un candidat est à  la recherche de visas et qu’on lui demande de présenter une certaine somme d’argent, il lui suffit de passer un deal avec un coxer. Ce dernier disposant d’argent sorti d’on ne sait oà¹, il loue par exemple 650.000 FCFA à  7500 FCFA et donne cette somme lors de l’entretien. Après l’entretien, il restitue les sous au coxer. Et rebelote avec d’autres clients. Certains coxers sont plus coriaces. Ils arnaquent tout le temps des postulants au visa. Rose est une jeune dame de 28 ans qui voulait effectuer un séjour de 3 mois en France. Elle explique : « Il y a deux, je me suis faite arnaquer 500.000 FCFA devant l’ambassade de France. Deux mois durant, je venais à  6 h du matin pour ne repartir qu’à  16h. Je ne suis jamais arrivée à  obtenir le moindre rendez-vous. Un jour, alors que j’avais juré que C’’était ma dernière tentative, un jeune homme m’a accosté. Il m’a assuré qu’il savait comment faire pour me procurer un visa rapidement. Nous avons discuté du prix et je lui ai remis la somme de 500.000 FCFA. Nous avions rendez-vous le lendemain matin à  7h au même lieu. » Malheureusement, Rose ne reverra jamais la couleur de son argent. Trafic de visas : partir, mais à  quel prix ? Seydou est commerçant et avait rassemblé toutes ses économies pour aller ‘se chercher’ en France comme la plupart de ses compatriotes Soninkés. Mais il s’est fait avoir par deux individus pour la rondelette somme de 2 millions de FCFA. Seydou confie : « Je gagnais bien ma vie mais cela ne me suffisait pas. Il fallait que parte. C’’est pour cela que J’ai écoulé toute ma marchandise et vendu ma boutique afin de pouvoir partir en France. J’ai des frères là  bas qui m’auraient hébergé. Deux individus m’ont approché alors que je faisais la queue. Ils m’ont dit que ce n’était pas la peine d’attendre que tout ce monde entre. Ils m’ont prié de venir à  côté pour me monter une chose. Une fois à  l’abri des regards, ils m’ont sorti plusieurs visas. J’étais impressionné. Ils m’ont alors demandé de leur donner deux millions en échange du visa. Je me suis exécuté. Ils avaient des tampons qu’ils ont apposé sur le visa après y avoir collé ma photo. Tout excité, je suis rentré à  la maison et je l’ai montré à  mon cousin qui sait lire. Et C’’est à  ce moment que je me suis aperçu de mon erreur. J’ai déposé une plainte à  la police mais je n’y crois plus trop. » Rose et Seydou ne sont les seules victimes de ces escrocs. Tous les jours, des gens crient à  l’escroquerie. Ce trafic s’effectue au nez des policiers qui affirment ne pas être au courant de ce qui se trame devant l’ambassade. Encore moins des plaintes des victimes. « Nous ne pouvons pas aller perquisitionner sans preuve à  l’appui », déclare un policier. Notons que se sont ces mêmes ‘coxers’ qui trainent devant les banques et proposent des échanges de monnaies et autres services liés au trafic de change. Si la police déroge à  ses obligations pour démanteler ce réseau, la vigilance s’impose à  chacun, face à  ces trafiquants qui ont toujours le mot pour embobiner…