Veba soutient les actions de « Cri de Cœur »

La cérémonie s’est tenue ce jeudi 19 février 2015 à  l’hôtel Radisson de Bamako en présence du PDG de Veba, Josef Novà¡k, du président du Collectif Cri de C’œur, Almahady M. Cissé et de nombreux invités. Outre la signature de la convention entre Veba et Cri de C’œur, l’entreprise tchèque a remis un chèque de 35 688 euros, soit plus de 23 millions de FCFA. « Cri de C’œur a vu le jour à  la suite des évènements douloureux que le Mali a connu en avril 2012. Face à  la détérioration de la situation humanitaire sur le terrain, nous avions ouvert le premier corridor humanitaire en direction des villes du nord » a rappelé Almahady M. Cissé lors de son intervention. Il a également évoqué les différentes actions menées par le collectif et remercié la société Veba pour le choix porté sur eux en vue d’aider les victimes de la crise malienne. « Notre société Veba est prête à  partager son succès commercial en mettant l’accent sur les actions de bienfaisance en faveur de ceux qui ont moins de bonheur. J’ai grande conviction que nous allons multiplier nos actions dans l’avenir » a déclaré, pour sa part, Josef Novà¡k. Si Veba est présente au Mali, c’est grâce à  Mme Fatoumata Siré Diakité, ancien ambassadeur du Mali en Allemagne et qui avait huit pays européens sous sa juridiction à  l’époque. Elle a salué le geste de la société à  l’endroit du collectif. Le représentant de la première Dame, Mamadou Sissoko, s’est également réjoui et a félicité M. Josef Novà¡k. Les invités ont, par ailleurs, assisté à  une projection de film sur les activités de Cri de C’œur et de Veba, entreprise qui produit et fournit des bazins et autres tissus à  destination de plusieurs pays dont le Mali.

Gao : Cri de cœur demande l’évacuation d’Alassane Touré

Quelques jours après les événements tragiques de Gao, le collectif « Cri de C’œur » pour le Mali rompt le silence. Il a organisé hier dimanche à  la maison de la presse une rencontre autour de ces événements malheureux. l’objectif de l’exercice dominical était, selon le président du collectif cri de C’œur pour le Mali, Almahady M. Cissé, de faire le point de la situation au nord depuis les événements de Gao et les attaques de Bamba et de Rharous pour tirer les leçons et de réfléchir aux voies et moyens d’une riposte humanitaire. Il s’agissait donc pour le collectif de sonner l’alerte sur la situation sécuritaire au nord du pays. Dans un premier temps, la parole a été donnée au public pour exprimer son sentiment et ses impressions sur la tragédie du mardi dernier ainsi que le regain de l’insécurité dans le nord du pays. Les différents intervenants ont déploré les agissements meurtriers de la Minusma contre des populations aux mains nues. Ils ont émis aussi le vœu que la lumière soit faite sur ces événements en vue de situer les responsabilités et que les coupables puissent répondre de leurs actes. Tout en déplorant le comportement ambigu de la Minusma, des intervenants ont demandé une nette clarification de la position de celle-ci. Evacuation sanitaire urgente Face à  la presse, le président a saisi l’occasion pour informer les journalistes que le collectif a répertorié, en plus des trois personnes tuées près de 20 blessés composés essentiellement d’élèves. Parmi ceux-ci, a expliqué Almahady M. Cissé, figure le jeune Alassane Touré ayant reçu une balle dans la tête depuis le 27 janvier dernier et qui a besoin d’une évacuation sanitaire urgente. La conférence de presse a été sanctionnée par une déclaration du collectif relative aux événements malheureux du mardi dernier. Dans cette déclaration, le collectif condamne l’usage de la force et les pertes en vies humaines. Il recommande au gouvernement malien et à  ses partenaires notamment la Minusma d’ouvrir une enquête pour situer les responsabilités et traduire les auteurs de ces actes devant la justice. Aussi le collectif demande-t-il la prise en charge des blessés et l’indemnisation des familles des victimes tout comme il recommande la sécurisation des axes routiers ainsi que des personnes et leurs biens.

Vidéo : Le collectif « Cri de Coeur » dresse l’état des lieux de la situation humanitaire à Youwarou

Cette vidéo montre des images de la mission d’assistance humanitaire du collectif Cri de Coeur dans la ville de Youwarou située dans la région de Mopti. L’état des enfants malnutris, le cheptel décimé ou les populations privées de soins de santé ou de nourriture sont évoquées dans ces images qui peuvent choquer.

90 jours d’occupation du Nord, c’en est assez!

Malgré la pluie qui a arrosé la capitale malienne toute la journée, des militants et sympathisants de cette association ont fait le déplacement pour soutenir les organisateurs. « Aujourd’hui 28 juin 2012, jour pour jour, cela fait 90 jours que les populations du Nord sont sous occupation. A l’heure o๠nous vous lisons cette déclaration, la situation sécuritaire au nord du Mali, particulièrement dans la ville de Gao, est tombée dans une situation dramatique sans précédent », souligne le collectif dans une déclaration signée de son président, Almahady Moustapha Cissé. Pour lui, cette action a été aussi initiée en réaction aux événements dont Gao a été le théâtre du 25 au 27 juin. Il s’agit notamment de l’assassinat d’un élu local (Idrissa Omorou), la répression dans le sang d’une marche pacifique de protestation des jeunes de la Cité des Askia, et les combats meurtriers entre le MUJAO et le MNLA chassé de Gao. « Déjà  frappées par deux années de pénurie alimentaire, les populations du nord subissent un double traumatisme psychologique et moral, réduites aux pires privations d’eau, de médicaments, d’électricité, d’aliments de subsistance, les populations sont au bord du gouffre et chaque heure qui passe asphyxie davantage », déplore M. Cissé. Ce collectif a été la première association à  envoyer une caravane humanitaire dans les régions occupées. « l’inertie et l’inaction du gouvernement de la République du Mali, l’attitude de la communauté internationale et le comportement ambigà¼e de certains pays voisins qui continuent à  servir de bases arrières aux mouvements armés », indique le Collectif. Il invite le gouvernement à  prendre les mesures urgentes pour mettre fin à  l’occupation et réitère son soutien aux populations du nord du Mali. « Nous souhaitons la libération sans délai des régions occupées, la poursuite et l’arrestation des auteurs et complices de ces atrocités et assassinats ainsi que leur traduction devant les institutions judiciaires compétentes, la prise en charge des victimes et leurs ayants droits », exige le collectif dans la déclaration remise aux participants du sit-in et à  la presse. Pour sortir le Mali de cette impasse politique et sécuritaire, le Collectif Cri de Coeur et ses partenaires appellent les Maliens à  « la cohésion et la solidarité ».

Cri de coeur, c’est parti pour le 2è convoi !

Le convoi humanitaire en direction des régions nord du pays a quitté samedi 12 mai 2012 Bamako pour Tombouctou et Gao. Coordonné par le Haut Conseil Islamique (HCI), l’événement s’est déroulé devant le stade du 26 mars, en présence de plusieurs personnalités au nombre desquelles El Hadj Mohamoud Dicko, président du HCI, Cheich Chérif Madani Haà¯dara, le leader de Ançardine, Ichiaka Traoré, le président de l’AMUPI. Les Associations et ONG nationales, qui ont collecté des dons, étaient également présentes à  la cérémonie. Il s’agit notamment du Collectif Cri de C’œur, de la Croix Rouge, du COREN (Collectif des Ressortissants du Nord). Aussi, a-t-on noté la présence de quelques membres du cabinet du Ministère de l’Action Humanitaire, de la Solidarité et des Personnes Agées, mais aussi de la Direction National du Développement Social, de la Solidarité et des Personnes Agées. D’une durée d’environ une semaine, le convoi humanitaire, composé d’une dizaine de véhicules (camions remorques, bus, minibus, véhicules 4X4), acheminera, dans premier temps, vers le septentrion malien quelque 180 tonnes de vivres, médicaments et autres provisions collectés par les différentes associations. Selon Aboubacar Camara, le président de la Commission « Solidarité avec le Nord » au niveau du HCI, GAO recevra 80 tonnes, Tombouctou 60 tonnes et Kidal 40 tonnes. Avant que le convoi ne s’ébranle, le président du Haut Conseil Islamique, El Hadj Mohamoud Dicko, C’’est avec « un pincement au C’œur » qu’il préside cette cérémonie. « La cause qui nous réunie n’est pas du tout réjouissante. Elle est plutôt douloureuse ». Pour l’imam Dicko, la situation de « nos frères » au nord est plus que « désastreuse » et « dramatique ». Appelant les maliens « à  avoir la foi », car la « situation n’est guère désespérée ». Il a appelé les maliens à  un « sursaut national » ne devant compter sur leurs propres forces, d’autant que l’aide extérieur n’est qu’un appoint. Le président du Haut Conseil Islamique n’a pas manqué de remercier le gouvernement malien pour son appui. Mais aussi les autres donateurs, notamment musulmans pour leur « générosité ». M. Dicko a enfin invité les occupants du nord à  plus de retenu, non sans saluer leur bonne volonté pour l’acceptation du convoi humanitaire. La cérémonie a été marquée la lecture du coran et des bénédictions, prononcées par le leader religieux de Ançardine Cheich Chérif Madani Haà¯dara.

CRI 2002 propose un document de sortie de crise

Son départ du gouvernement le 22 mars n’a affecté en rien l’engagement citoyen de l’ancien ministre des Relations avec les institutions, Abdoulaye Sall. Il était le 10 mai dans la salle de conférence de la Dette publique aux côtés de chefs traditionnels à  la faveur d’une journée d’échanges sur les propositions de sortie de crise que traverse notre pays depuis le coup d’Etat du 22 mars dernier. «Â Le Mali n’est pas une exception » Cette rencontre s’inscrit en droite ligne du partenariat entre le Cercle de réflexion et d’information sur la consolidation de la démocratie au Mali (CRI 2002) et la coordination des chefs de quartiers du district et de l’intérieur. D’entrée de jeu, l’ancien ministre décrit la présente situation comme «Â un tournant obligé » pour toute démocratie en voie de construction. «Â Nous traversons certes une situation difficile de notre histoire. Mais le Mali n’est pas une exception. ». Il cite en exemple les rébellions au Tchad et en Côte d’Ivoire. Quatre mesures pour une sortie de crise Pour le CRI 2002 et les chefs de village la sortie de crise passe par quatre axes majeurs. En premier lieu l’adoption d’une loi d’amnistie générale pour les auteurs du coup d’Etat. Le passage du projet de loi en Conseil des ministres le 9 mai constitue une étape importante vers cette adoption, s’est réjouit Abdoulaye Sall. Le deuxième axe de sortie de crise, selon «Â CRI 2002 », doit être l’adoption d’une loi spéciale de programmation militaire, de reconquête et de pacification du Nord. Cette loi, explique le président Abdoulaye Sall devra permettre la réorganisation de l’armée et l’adoption de stratégies de libération des territoires perdus. « Conseil paritaire pour la République  » Troisième étape, la création d’un Conseil paritaire pour la République. Pour Abdoulaye Sall et les chefs de village, ce Conseil devra avoir comme mission fondamentale de convenir de la politique et des stratégies de sortie de crise, et d’établir en conséquence un chronogramme ainsi que les moyens humains et financiers. Le quatrième et dernier grand axe de sortie de crise recommande la création d’un Comité consultatif pour la continuité de l’Etat. Ce Comité, qui sera constitué des forces vives de la nation, doit permettre la réussite de la transition. Ce document de propositions de sortie de crise, adopté après amendements par les autorités et chefs coutumiers, devrait être remis dans les prochains jours au président de la République par intérim, au Premier ministre de la transition et au président du Comité national de redressement de la démocratie et de la restauration de l’Etat (CNRDRE).

Cri de cœur repart dans le Nord : « Assez de discours, les gens nous attendent ! »

Journaldumali.com : Comment est né le collectif Cri de C’œur ? De façon spontanée. Dès les attaques de Gao et Tombouctou, un groupe de jeunes pour la plupart originaires du nord du Mali, s’est rassemblé pour répondre aux demandes d’aide de nos parents et amis. Nous sommes tous des volontaires, la plupart d’entre nous n’ont jamais été membres d’une association. D’habitude, dans ce genre de situation l’aide humanitaire intervient très rapidement, au bout de 48h. Mais cette fois les populations sont restées plus de deux semaines, abandonnées à  elles-mêmes. D’o๠vient le nom du collectif ? Il vient des SMS que nous recevions de nos parents. Ils nous écrivaient : «Â Ecoutez nos cris et venez nous en aide ». «Â Assez de discours » De quels soutiens bénéficiez-vous ? Nous recevons l’appui de tous ceux qui veulent faire quelque chose. Le collectif rassemble des médecins, des journalistes, des opérateurs économiques. Notre message est un message d’action : «Â Assez de discours, les gens nous attendent et on besoin de nous ». Les gens nous ont écoutés et nous ont apporté leur soutien. Chacun a mis en marche son propre réseau et nous sommes arrivés à  mettre en place notre corridor. Personne ne nous finance, nous recevons des dons. La direction nationale de la santé, la direction de la pharmacie et du médicament, l’ordre des pharmaciens, l’ordre des médecins. Ce sont eux qui nous ont fait confiance et qui nous ont fourni les produits que nous avions demandé. Quelles actions avaient vous pu mener jusqu’à  présent ? Nous avons d’abord fait une marche pour attirer l’attention de l’opinion sur le drame qui se déroule au Nord. Suite à  cela, nous avons fait un sit-in à  la Tour de l’Afrique jusqu’au départ  du premier convoi humanitaire vers les zones en difficulté, le 13 avril. Nous avons collecté  essentiellement des médicaments. Quatorze personnes les ont acheminés à  Gao et 4 autres à  Tombouctou. Quelle situation y ont-ils trouvé ? Sur place, C’’était le chaos, la désolation. Il n’y avait plus aucune structure de soutien aux populations. A Gao, nous nous sommes appuyés sur les bonnes volontés qui sont restées sur place, essentiellement des médecins. Ils ont réussi à  récupérer une partie du matériel dérobé lors de l’attaque. Ils étaient soulagés de nous voir arriver avec des médicaments et du matériel. Ils ont pu venir en aide à  de nombreuses personnes, pour la plupart des femmes enceintes qui avaient besoin d’une césarienne. Vous n’avez rencontré aucun problème de sécurité ? Nous avions pris toutes les dispositions. De toute façon le transport interurbain est assuré. Nous avions des contacts avec la société civile et les quelques représentants de l’administration restés sur place. «Â Nous nous préparons à  repartir le 4 mai » Quelle est la prochaine étape ? Quand on a fait une réunion au retour du premier convoi, les volontaires ont déclaré qu’il fallait retourner sur place dès le lendemain. Ils ont été très touchés par la situation et par les appels des populations. Nous avons alors remis en branle le même réseau et nous nous préparons à  repartir le vendredi 4 mai. Nous allons mettre en place un roulement des médecins qui vont être sur place. Il y a des risques d’épidémies, des gens qui sont malades de tuberculose, de Sida, qui ont besoin d’assistance. La direction nationale de la santé se charge de la partie médicaments. Cela se chiffre en dizaines de millions de FCFA. Des partenaires nous ont offert des véhicules pour le corridor. Il reste à  organiser la logistique sur place. Nous devons prendre en charge le logement, la nourriture et les déplacements vers les centres de santé des villes voisines. Cela coutera environ 6 millions. «Â Un SMS pour soutenir le collectif » Comment soutenir votre action ? Le plus simple aujourd’hui C’’est le mécanisme de levée de fonds par SMS. Vous pouvez envoyez autant de fois que vous le pouvez MALI au 37 373 pour Orange et 35 373 pour Malitel. Le message coûte 300 francs. Tout est reversé au collectif. De nombreuses collectes s’organisent par ailleurs au nom des populations du Nord. Nous voulons dire à  leurs initiateurs que nous sommes des relais et qu’ils peuvent passer par nous pour faire parvenir ces fonds à  ceux qui en ont vraiment besoin.  

Démocratie : L’autorité traditionnelle en questions

Autrefois pilier de la société, garante de la stabilité, de la justice et de la sécurité de la communauté, l’autorité traditionnelle au Mali (comme dans beaucoup d’autres pays africains) a été dépossédée de ses pouvoirs face aux enjeux d’une société en pleine mutation. Comment redonner à  ces « anciens » toute leur place, et renforcer leur rôle dans le processus de démocratisation et de décentralisation dans notre pays ? La problématique est au centre d’un forum qui s’est ouvert hier à  Mopti. Initiative de l’Association « Cri-2002 » en partenariat avec le ministère délégué chargé de la décentralisation, et celui des relations avec les institutions et de la Coopération Suisse, la rencontre regroupe les participants venus des régions du Nord. Pour les organisateurs, elle vise l’information, la sensibilisation, et la formation des acteurs sur le chemin de la participation, de l’implication, de la responsabilisation et de l’autonomisation des autorités traditionnelles dans le cadre de la démocratie et de la décentralisation. Pour une meilleure implication de l’autorité traditionnelle l’autorité traditionnelle peut se définir comme une personne, ou un groupe de personnes de notoriété respectable reconnue par la communauté, et à  qui on confie des pouvoirs de gestion, de surveillance de la stabilité…On comprend qu’en Afrique cette couche, qui incarne des valeurs de tradition, avait une place de choix dans la société. Les chefs traditionnels étaient garants de la sécurité (territoriale et alimentaire) de la communauté, ils avaient le monopole d’un certain pouvoir, ils contrôlaient le culte de la pluie, etc. Bref, ils organisaient le pouvoir. Dans le contexte démocratique actuel, l’autorité traditionnelle est peu prise en compte dans la dimension des prises de décisions participatives. La rencontre de Mopti a été donc l’occasion d’adopter une nouvelle feuille de route dans le but de valoriser son rôle dans le renforcement de la démocratie et de la décentralisation. Mopti a été aussi le cadre de lancement des premières balises en vue de l’opérationnalisation des résultats et recommandations du « Forum National sur la décentralisation : Bilan et perspectives », tenu en juin dernier. Les échanges ont, en effet, abouti à  la conceptualisation, l’élaboration et l’opérationnalisation de passerelles pour réussir une synergie d’action entre les acteurs. Cela, non seulement dans leurs relations avec l’administration d’Etat, les organes des collectivités territoriales et les citoyens, mais également dans leur participation, implication et responsabilisation dans la mobilisation des ressources internes, notamment les taxes de développement régional et local (TDRL) et autres taxes et impôts régionaux et locaux. A la fin des débats, prévue ce jeudi, les participants devront adopter un document dit « Appel de Mopti ». Il vise l’application correcte des textes de la décentralisation, l’opérationnalisation des textes portant sur les motivations et indemnités des chefs de villages, fractions et quartiers, la professionnalisation de la fonction de chef de village, fraction et quartier, l’implication des autorités traditionnelles dans l’identification des citoyens afin de permettre de s’acquitter de leur devoir de citoyens dans leur communauté. A Mopti, il a été question aussi de la mise à  jour du répertoire des chefs de villages, fractions et de quartiers, la tenue d’un registre des autorités traditionnelles, etc.

Adame Ba Konaré : « Mobilisons-nous pour défendre notre continent meurtri et bafoué »

Ceux qui n’ont pas la liberté d’expression se battent pour l’obtenir ; ceux qui l’ont n’en usent pas. Telle me semble être le paradoxe de l’Afrique. Alors qu’ils clament urbi et orbi l’unité de leur continent, qu’ils ont créé une organisation -l’Union Africaine – pour affirmer leur volonté d’union, mieux faire entendre leurs voix, compter davantage et s’imposer, les Africains, mystérieusement et incompréhensiblement, en ces temps graves o๠quelque part le sort de leur continent se joue, restent silencieux. Une fameuse Communauté internationale, qui n’a d’international que par la volonté des puissances occidentales, s’agite pour expulser un «Â dictateur africain », au grand mépris de l’avis des chefs d’Etat africains et des Africains. l’Afrique est exclue d’un débat qui aurait dû être prioritairement le sien. Mais l’Afrique se tait : les chefs d’Etat se taisent ; les classes politiques et les sociétés civiles sont aphones ; même les «Â ELDERS » (le comité des sages africains) sont muets. Les quelques tentatives d’expression sont peu visibles. Nous avons appris, alors que d’autres grandes puissances – l’Allemagne, la Russie, la Chine, le Brésil, l’Inde – se sont abstenues, que trois pays africains, en l’occurrence l’Afrique du Sud, le Gabon et le Nigéria, ont voté, dans le mépris souverain de la résolution adoptée à  Addis Abeba par le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, pour la résolution du Conseil de Sécurité des Nations-Unies sur la zone d’exclusion aérienne en Libye, pour des frappes ciblées, contre un pays africain. A aucun moment, les puissances occidentales n’ont fait référence à  l’appartenance de ce pays à  l’Afrique. l’Union africaine, en tant qu’institution, était absente à  la réunion du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Tout au long du débat, C’’est de ligue arabe qu’on a parlé et là  aussi, C’’est un pays arabe qu’on livre aux Occidentaux, en utilisant d’autres pays arabes. Insidieusement, on insiste sur la participation arabe, le parapluie arabe. Ce samedi, une réunion s’est tenue à  Paris regroupant des pays européens, arabes et nord-américains. A son honneur, l’Union Africaine a refusé d’aller à  cette rencontre. Quatre avions français, notamment, furent immédiatement déployés dans le ciel libyen : deux Rafale et deux Mirage. Puis ce fut le carnaval macabre, baptisé «Â Aube de l’odyssée », une coalition de cinq armées, frappant depuis les airs et la mer Méditerranée : France, Grande-Bretagne, Etats-Unis d’Amérique, Italie, Canada. Une véritable armada : en ce samedi déjà , 111 missiles Tomahawk furent tirés par des navires de guerre et des sous-marins britanniques et américains contre des sites libyens. Des grêles plus drus sont attendus. On nous assène solennellement que «Â le seul objectif est de venir en aide à  un peuple en « danger de mort », « au nom de la conscience universelle qui ne peut tolérer de tels crimes », qu’on ne fait que «Â protéger la population civile de la folie meurtrière d’un régime qui, en assassinant son propre peuple, a perdu toute légitimité. » (Dixit Nicolas Sarkozy.) Pendant ce temps, le mouroir palestinien est là Â ; il ne suscite nulle compassion de la part de notre fameuse communauté internationale et ne heurte nullement la «Â conscience universelle. » Un Internaute du site du journal «Â Le Figaro » écrivait: «Â je ne comprends pas. En Libye, des rebelles armés, ça s’appelle des «Â civils » et il faut les protéger. En Palestine, des gamins ramassent des pierres, ça s’appelle des terroristes. Comprend pas la différence de traitement. » Oui, cette différence de traitement, il faut qu’on nous l’explique. Il faut que l’on nous explique la politique de «Â deux poids deux mesures », non seulement en Palestine, mais aussi dans la situation des immigrés, et de bien d’autres situations dans le monde. Africains, la Libye est sous les feux de forces étrangères en quête de gloriole personnelle et de défense de leurs propres intérêts. De quelle légitimité politique, de quelle crédibilité morale, ces puissances qui ne tiennent pas leurs engagements, qui affament les peuples, pillent les ressources des pays, peuvent-elles se prévaloir ? Le pétrole et le gaz libyen sont-ils absents de leurs motivations? Ne veut-on pas régler aussi ses comptes à  Kadhafi pour des marchés non tenus, et pour avoir exigé un dédommagement au titre de la colonisation à  l’Italie, l’ancienne puissance coloniale ? De quelle révolution parlent-elles ? Qui ne se souvient de leurs amitiés et de leurs embrassades avec ceux qui sont tombés, Ben Ali et Hosni Moubarak ? Qui a déroulé le tapis rouge à  Khadafi dans sa capitale ? Qui lui a proposé des armes sophistiquées ? Dans quelles banques sont déposés ses fonds? Africains, la partition de la Libye est en marche. Bientôt peut-être, flottera, à  Benghazy, le drapeau de la Cyrénaà¯que, enjeu réel de toutes ces agitations, aux couleurs de la monarchie. A qui le tour demain ? Quel autre mets va nous servir cette organisation au fonctionnement anachronique que sont les Nations-Unies avec des privilèges datant d’une autre époque, notamment ce fameux droit de véto obsolète ? Africains, un de nos proverbes dit : «Â si tu tues ton chien méchant, celui d’autrui te mordra. » Africains, sont révoltantes, au plus haut point, les appétences bellicistes des Grands de ce monde, qui le pressurent selon leur volonté, tout simplement parce qu’ils en ont les moyens. Le plus paradoxal est qu’il ne se trouve, parmi leurs entourages, aucune voix pour en appeler à  la mesure, à  la sagesse, pour mettre le pointeur sur les conséquences de leurs actes sur le reste de l’Afrique et du monde. l’Afrique peut-elle continuer à  n’enregistrer qu’humiliations sur humiliations ? Malgré ses méthodes souvent étranges, le caractère contestable de ses théories, Khadafi n’aura-t-il pas été l’un des chantres de l’unité africaine ? N’a-t-il pas essayé d’apporter plus de ressources à  maints pays africains que nombre de puissances qui aujourd’hui le condamnent ? N’a-t-il pas soutenu les mouvements de libération et la lutte contre l’apartheid en Afrique ? Lui qui n’aime pas les partis n’a-t-il pas aidé des partis politiques en Afrique ? Certes tout cela ne saurait le dédouaner d’actes répréhensibles qu’il a pu commettre, tel que le soutien à  des mouvements terroristes ou la violence contre des populations civiles mais son sort peut-il être décidé en dehors de l’Afrique ? Certainement non. Je suis inquiète. Hurlons notre inquiétude, Africains, clamons nos opinions, nos appréciations. Mobilisons-nous pour défendre notre continent meurtri et bafoué. Ne laissons pas le monopole de l’expression à  nos seuls chefs d’Etat ; prononçons-nous en tant qu’opinion publique, à  travers nos partis politiques, nos sociétés civiles, nos intellectuels, nos jeunes et nos femmes. Surmontons nos peurs, nos misérables petits tas d’intérêts personnels pour nous tourner vers l’Afrique et seulement vers l’Afrique. Osons barrer la route à  la désintégration de notre continent, afin d’éviter sa recolonisation. Osons barrer la route au sectionnement de l’Afrique en Afrique noire et Afrique blanche. l’Afrique est une et indivise, de Tripoli au Cap, de Dakar à  Djibouti. Bamako, le 20 mars 2011.