FEMAFOOT : Nouvelle crise en vue?

Depuis quelques semaines, par presse interposée, le Comité exécutif de la Fédération malienne de football et le Collectif des ligues et clubs majoritaires étalent leurs divergences sur la mise en place des commissions indépendantes, notamment. De nouveaux faits qui font craindre une résurgence de la crise.

On l’a cru derrière nous. Le 29 août 2019, Mamoutou Touré dit Bavieux est élu avec à la tête de la fédération malienne de football (FEMAFOOT). D’une courte tête, il a devancé son principal concurrent, Salaha Baby (32 voix contre 30). Après plusieurs années d’une crise qui avait notamment conduit à la suspension du Mali en 2017 et à la menace d’une disqualification de la CAN 2019, le football malien pouvait enfin respirer. Du moins, c’est ce qui était espéré, notamment après les déclarations d’intention des différents acteurs, faisant de la réconciliation « la priorité ». Mais une image vaut mille mots. À l’issue du vote, les trois candidats ont pris la pose, pour montrer leur « engagement » en ce sens. Mais, sur cette dernière, seul le candidat Alassane Souleymane, qui se présentait comme la « troisième voie », semblait heureux d’y figurer. Cinq mois après, les prémices de nouveaux blocages ont germé. Germes portant le nom de « Commissions indépendantes ». Leur mise en place donne lieu à des différends. Une Assemblée générale extraordinaire, prévue pour le 26 janvier 2020, au cours de laquelle la question aurait été à l’ordre du jour, a été reportée. Pour justifier ce report, le Président de la FEMAFOOT, qui pour l’occasion a tenu une conférence de presse le 23 janvier, s’est référé à un courriel de la FIFA reçu la veille et « préconisant » d’attendre la fin des championnats pour « éviter toute équivoque par rapport au quorum ».

Quel quorum ?

C’est l’un des points de divergence opposant le Comité exécutif et le Collectif des ligues et clubs majoritaires (CLCM). Après plusieurs correspondances et relances, une pétition signée par plusieurs clubs « dits » affiliés au CLCM est arrivée sur la table du CE le 29 décembre 2019, l’enjoignant, en conformité avec les nouveaux textes, de convoquer une Assemblée générale extraordinaire, dont l’ordre du jour, comme mentionné plus haut, porterait sur la mise en place des Commissions indépendantes. Le Comité exécutif assure que parmi les signataires de la pétition certains clubs ne font plus partie du collège électoral, « si on enlève ces clubs, les autres n’ont pas la majorité pour convoquer une Assemblée générale extraordinaire », précise-t-il.  Ce dont Moussa Konaté, Président du Club olympique de Bamako (COB) et membre du Collectif se dit surpris. Lors d’une discussion privée à son domicile entre lui et le Président de la FEMAFOOT, la question aurait déjà été soulevée. « Qu’est-ce qui pourrait justifier que le quorum ayant servi pour l’adoption des textes et l’élection du nouveau Président de la fédération ne puisse pas être utilisé ? », s’était-il étonné devant l’interrogation de Touré.

Le TAS une nouvelle fois saisi ?

La FIFA, dans sa correspondance du 22 janvier, s’est dite « confiante » qu’à la fin de la saison « la lumière sera faite sur le quorum et la convocation d’une AGE, notamment pour l’élection des Commissions indépendantes dans leur ensemble, pour un mandat complet, pourra se faire dans un contexte plus serein ». Elle exhorte « le Comité exécutif à trouver une solution temporaire pour permettre la mise en place d’organes juridictionnels ad hoc jusqu’à la fin de la saison 2019 / 2020, ce qui pourra se faire en concertation avec les membres de la ligue / acteurs du football local, la décision finale revenant toutefois au Comité exécutif de la FEMAFOOT». Une chute qui n’a pas plu aux membres du CLCM. Moussa Konaté assure que si le Comité exécutif, conformément à ce dernier paragraphe, « s’entête à poser des actes, il mettra le football malien en péril et c’est sa responsabilité qui sera engagée. Nous saisirons le TAS, qui annulera à coup sûr toutes les décisions, parce qu’illégales », prévient-il. Mais, auparavant, le Président du COB assure que le Collectif enverra en premier lieu une lettre à la FIFA, pour mieux lui exposer la situation, même s’il ne se fait pas de grandes illusions quant à la réponse de cette dernière, qui rétorque le plus souvent ne traiter qu’avec les fédérations.

Commissions indépendantes

Elles sont trois en tout. Une commission d’audit et de conformité, une électorale et une commission d’appel des élections. Elles sont complétées par des organes juridictionnels, la commission centrale de discipline, celle de l’éthique et enfin la commission centrale de recours. Elles assurent une mission législative pour contrôler le CE, selon l’expression imagée utilisée par Moussa Konaté. « Les Commissions indépendantes sont élues et doivent travailler en toute indépendance, sans ingérence d’aucun tiers. Ces commissions sont comme des juges, elles veillent à ce que le Code éthique soit respecté. Elles ne doivent donc être à la solde d’aucun camp », explique Konaté. Lors de leur entrevue, Touré lui aurait proposé que, de manière consensuelle, les « deux camps » se partagent les différentes commissions. Si un camp assure la présidence d’une commission, l’autre en assurera la vice-présidence et vice-versa. Cela se ferait sans élections. Proposition refusée par Moussa Konaté, qui avance que cela ne respecte en aucun point les textes qui régissent la fédération et qu’accepter une telle demande pourrait faire jurisprudence par la suite.

Football malien : Une crise sans fin

Après plusieurs semaines de divergences d’interprétation de la sentence du 15 novembre 2018 du Tribunal arbitral du sport (TAS), les protagonistes de la crise du football malien et le Comité de normalisation ont été conviés par la FIFA à une rencontre à Zurich, en Suisse, le 27 février dernier. Cette réunion, très attendue comme moyen de mettre enfin un terme aux différends des camps antagonistes, n’a pourtant pas eu les résultats escomptés. 

La fin… n’est pas pour tout de suite. La réunion suscitait l’espoir, elle n’a pas réellement permis de faire bouger les lignes. Dans les locaux de la FIFA, les protagonistes de la crise malienne du football se sont retrouvés pour faire converger leurs différents points de vue. L’instance dirigeante du football a d’abord tenu lors de la rencontre à faire comprendre aux différents acteurs du football malien les droits et les obligations concernant les différentes sentences du TAS que la FEMAFOOT avait l’obligation d’appliquer, à savoir celles de 2015, 2016 et surtout de 2018, qui concerne directement le CONOR et a suscité beaucoup d’incompréhension. Il s’agissait pour la FIFA de rechercher la faisabilité d’une entente entre les différents acteurs pour aboutir à l’organisation d’un championnat dans un format qui fasse participer la majeure partie des clubs, sans pour autant impacter la mise en œuvre de la sentence, dont l’application, selon la FIFA, est non négociable.

Blocages persistants

« Les acteurs n’ont pas pu s’entendre. Chaque camp est resté figé sur sa position, ce qui ne permet pas du tout de faire évoluer les actions de normalisation », déplore Mme Daou Fatoumata Guindo, présidente du Conor. En revanche, le seul point ayant fait l’objet d’un consensus est l’organisation d’un championnat de première division avec 23 clubs. Dans une circulaire datant du 28 décembre 2018, le CONOR avait annoncé la reprise du championnat national, à l’arrêt depuis 2017, pour janvier 2019 et dévoilé une liste de 16 clubs devant prendre part à la Ligue 1. Cette décision, selon le comité, est conforme à la sentence du TAS du 15 novembre 2018. Elle pénalisait du coup plusieurs clubs. Ces derniers, notamment l’US Bougouni, avaient donc protesté. « Un club est relégué quand son classement dans un championnat l’impose ou suite à une mesure disciplinaire. Aucun de ces deux cas n’est valable ici », expliquait dans la foulée Mamadou Diallo, Vice-président du Stade Malien, club soupçonné par beaucoup d’être la « mano negra » de cette agitation. Si le principe semble être acquis cette fois-ci sur la forme, le fond continue de diviser. « On peut augmenter le nombre de clubs qui joueront le championnat, mais en préservant ce que la sentence du TAS a dit au moment de l’assemblée générale élective. Je pense que c’est à ce niveau que les deux camps ont émis des réserves. Donc on peut dire qu’ils sont d’accord pour jouer le championnat à 23, mais avec des modalités différentes», explique la présidente du CONOR.

La pomme de discorde s’accentue effectivement à ce niveau, les deux camps ne s’étant pas mis totalement d’accord au cours de la rencontre de Zurich. « Nous avons proposé, pour  une sortie de crise, que les uns et les autres puissent cheminer ensemble, qu’on accepte les 23 clubs et également l’adoption des nouveaux textes.  L’autre camp n’a pas voulu. Pour lui, non seulement les 23 n’iront pas aux élections, mais ils n’iront pas non plus à la relecture et à l’adoption des nouveaux textes »,  déclare Kassoum Coulibaly dit Yambox, président de la ligue de football du district de Bamako, l’un des protagonistes des discussions avec la FIFA.  Selon lui, c’est aussi et surtout un problème de quorum et de collège électoral et il faut que cela soit fixé  avec toutes les équipes qui jouent en première division ainsi que celles de deuxième division. « Tout le monde est concerné et doit être présent pour la relecture des textes, y compris les ligues, les clubs, les groupements des anciens footballeurs, les anciens arbitres, les entraineurs et autres, afin qu’un texte consensuel soit adopté et  que les uns et les autres soient obligés de s’y conformer », avance celui qui soutient également que la solution à la crise se trouvera entre Maliens.

La fin par la FIFA ?

Si la rencontre de Zurich n’a pas sonné le glas de la crise qui secoue le football malien, elle aura néanmoins eu le mérite de rassembler les différents protagonistes autour d’une table pour discuter des réels blocages. « Cela a été un grand soulagement pour notre football. D’abord, les deux bords qui sont retranchés, le camp Sahala Baby et le camp Bavieux Touré, se sont retrouvés autour d’une même table et cela  est important », se réjouit Baba Cissouma, directeur de publication du Journal sportif Match.

Dans le communiqué qui a sanctionné la rencontre, la FIFA précise qu’elle prendra une décision sur cette situation dans les prochains jours. Décision qui devrait intervenir cette semaine et à laquelle reste suspendus tous les acteurs. Elle devrait trancher de manière définitive les différents antagonismes. « La FIFA, en prenant sa décision finale, peut s’imposer à tout le monde et, avec l’appui du politique, c’est-à-dire le gouvernement malien, tout le monde devrait rentrer dans le rang », pense M. Cissouma. Il ajoute que c’est la « dernière chance pour notre football de voir enfin le bout du tunnel ». Plusieurs observateurs estiment que les autorités, le Président de la République notamment, devraient s’impliquer pour mettre un terme définitif à la crise. Le chef de l’État, dans son message de félicitation aux Aiglons Champions d’Afrique, s’est exprimé sur la question. Le président du collectif des ligues et clubs majoritaires, Mamadou Dipa Fané, a affirmé qu’il ne répondrait qu’à la seule convocation du Président IBK pour parler de la crise. « Par respect pour sa fonction », a-t-il ajouté.

Mais il parait clair aujourd’hui que la décision finale de la FIFA risque de ne pas être acceptée par un l’un ou l’autre des deux camps. Le CONOR est accusé par certains acteurs de prendre des décisions en affinité avec un camp précis. Si la situation en arrive là, des conséquences vont forcément en découler. Même si, à en croire Baba Cissouma, le football malien ne peut être suspendu par la FIFA en l’absence de certains critères bien établis, les acteurs qui feraient perdurer le blocage risqueraient pour leur part des sanctions allant du blâme jusqu’à, au pire des cas,  une radiation définitive des affaires du football. Le ministère des Sports dit « suivre de près » la situation et attend la décision de la FIFA avant de se « décider ».

Mandat prorogé

Pour permettre l’aboutissement de sa mission de normalisation, le mandat du CONOR a une nouvelle fois été prorogé par la FIFA. Désormais, le comité, dont le précédent mandat a pris fin le 28 février reste en place jusqu’au 31 août 2019. La feuille de route n’a pas changé. Le CONOR est tenu principalement de faire adopter les nouveaux textes de la FEMAFOOT et d’organiser l’assemblée générale élective pour l’élection d’un nouveau bureau exécutif.

Mais, dans l’immédiat, le comité de normalisation s’attèle déjà à la préparation du possible championnat à 23 équipes. « Nous allons déjà travailler sur le projet de règlement spécial pour le championnat à 23 clubs et sur un projet de calendrier, tout en sachant que le temps nous est compté, en attendant la décision que la FIFA nous fera parvenir dans les jours à venir », projette Mme Daou Fatoumata Guindo. Ce championnat devrait prendre fin au plus tard au mois de mai, afin que les clubs qui seront qualifiés à son issue puissent participer aux compétitions continentales. « Il nous sera très compliqué d’être dans les temps. Déjà à 16 c’était un peu juste, et à 23, je me demande comment ils vont pouvoir s’en sortir », commente un acteur du football. La course contre la montre est donc lancée.

Election à la Femafoot : Qui succédera à Boubacar Baba Diarra ?

Ils étaient 11 à déposer leurs candidatures, ils ne sont plus que deux. Ceux qui au départ étaient déjà considérés comme les favoris pour briguer la présidence de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT). Mamoutou Touré dit « Bavieux » et Salaha Baby partagent des similitudes. Tous deux ont été membres du Comité exécutif de Boubacar Baba Diarra et tous deux sont dirigeants de clubs. Mais cela s’arrête là. Car, au-delà, ils représentent également les camps opposés dans la crise qui secoue le football malien depuis 2015. Même s’ils ont déjà affiché leur volonté de faire la paix, le chemin n’en reste pas moins long et tortueux et les défis multiples

A l’issue de l’assemblée générale élective du 8 octobre prochain, la Fédération malienne de football aura un nouveau président. Deux candidats se disputent le très prisé fauteuil. D’un côté, Mamoutou Touré « Bavieux », 60 ans premier Vice-président du Comité exécutif sortant, membre du Comité exécutif de l’AS Real de Bamako (Ligue 1) et par ailleurs Directeur administratif et financier de l’Assemblée Nationale. « Il a occupé beaucoup de postes dans les différents comités exécutifs de la FEMAFOOT et il est dans le football depuis près de 30 ans. Il a donc une grande expérience. Il dispose également de nombreux soutiens. Il est donc naturellement le grandissime favori et, sauf cataclysme, il devrait succéder à Baba Diarra » prédit Baba Cissouma, Directeur de publication du journal « Match ».  Face à Touré se dresse Salaha Baby, Président de la ligue régionale de Tombouctou et de la Jeanne D’Arc de Bamako (2ème division), ancien deuxième Vice-président du Comité exécutif de Baba Diarra, avant de démissionner au bout d’un an demi et de rejoindre le Collectif des ligues et clubs majoritaires, en guerre ouverte avec le futur ex-Président. « C’est un administrateur du football aux qualités exceptionnelles et il connait parfaitement la maison. Il est le mieux indiqué pour devenir Président » l’encense un de ses proches.

Glaner des voix

Les deux candidats sont en campagne depuis près de deux mois. Ils multiplient déplacements et rencontres pour mobiliser autour de leur nom le plus de soutiens possibles. Le week-end de la fête de l’indépendance, Touré s’est rendu à Ségou pour y rencontrer les représentants du football de la région. Dans le même temps, son « concurrent », lui, se trouvait à Kayes, donné comme étant déjà acquis à Touré. Le président étant désigné à la majorité simple, le candidat devra recueillir la moitié + 1 des 57 voix du collège électoral. « Six ligues régionales se sont réunies pour venir voir Touré, le conforter dans sa décision de se présenter et l’assurer de leur soutien » confie l’un des collaborateurs du candidat. « C’est une élection, et tout peut arriver. Certes, Touré a une longueur d’avance, mais nous ne pouvons présumer de rien. Mieux vaut attendre le Jour J », nuance Cissouma.

Tourner la page de la crise

Les candidats font de la réconciliation leur principal cheval de bataille. Rien d’étonnant à cela, puisque la persistance de la crise a conduit à une suspension du pays par la FIFA en mars 2017. Touré et Baby ont marqué d’une pierre blanche la réconciliation dans leurs programmes respectifs. « Depuis l’assemblée élective de 2013 à Mopti et les péripéties qui ont consacré la mise en place du CE actuel, les déchirements ont commencé, jusqu’à atteindre ce que nous connaissons aujourd’hui, faisant de notre pays la risée du monde… Ce climat ne pouvait que détruire ce que tous ont patiemment construit durant des années » peut-on lire dans le programme du candidat Touré. Pour apaiser les tensions, il entend, s’il est élu, organiser « très rapidement », à l’instar des politiques, un « forum de retrouvailles » entre les protagonistes, pour se parler et s’excuser. Baby, de son côté, dit vouloir s’investir sans réserve dans la réconciliation, en instaurant un climat convivial et une entente entre les dirigeants et les acteurs du football. « Sur le papier, ce sont deux excellents programmes, mais un programme et sa réalisation sont deux choses distinctes. Il va falloir juger le candidat élu sur l’observation de son programme » estime Baba Cissouma. L’élection d’un nouveau président sonnera-t-il alors le glas de la crise ? Pas si sûr. « L’un est proche de Diarra (Touré) et l’autre fait partie des frondeurs. Il serait utopique de croire que la crise prenne fin avec l’un ou l’autre de ces deux-là. On efface tout et on recommence à zéro ? Au contraire, cette élection ne va faire qu’envenimer la situation » assure un observateur avisé du dossier. « Nous voulons la paix, nous la désirons même plus que les candidats. Ceux qui se battent actuellement défendent leurs intérêts personnels. Nous n’en tirerons rien du tout. Tout ce que nous voulons, c’est une belle équipe nationale, qui remporte des trophées, et être respectés par la CAF et la FIFA », aspire un supporteur.

Similitudes

Il y en a plusieurs dans les deux programmes. Assainir les relations avec le ministère des Sports, tout d’abord. Fortement détériorées lors du mandat de Boubacar Baba Diarra, ces relations ont été entachées par de nombreux épisodes, dont celui de l’équipe nationale refusant de regagner Kabala, au motif que le site n’est pas aux normes. Les candidats ont déjà été reçus par le ministre des Sports Housseini Amion Guindo qui les conseille pour sur une éventuelle réconciliation.

Changer les textes et les adapter au « nouveau contexte », fait également partie des impératifs des aspirants. « Les statuts et les règlements qui régissent notre football ont fait leurs preuves. Aujourd’hui, ces textes ont encore des insuffisances. Il est temps d’entreprendre une réforme en profondeur des textes en vigueur » préconise le candidat Baby.

« Développer le football à la base (chez les jeunes), trouver de nouveaux moyens pour le financer, renforcer les capacités des ligues régionales et professionnaliser le championnat national, conformément aux exigences de la CAF et de la FIFA. Ce sont les dossiers que les candidats ont en commun. Ils ont des programmes assez similaires » énumère Cissouma.

Commission contestée

Le 13 septembre, le camp de Salaha Baby a organisé une conférence de presse au cours de laquelle il a dénoncé la commission électorale, qu’il accuse de partialité. « Cette commission a pour mission de faire élire par tous les moyens l’autre candidat, soutenu par le Comité exécutif sortant. Certains membres de la commission sont en train de battre campagne pour un candidat. C’est dire qu’ils sont juges et parties » a accusé Modibo Coulibaly, du Collectif des ligues et clubs majoritaires. Des incriminations dont se défend la commission. « Nous n’avons aucune relation avec l’actuel Comité exécutif, en dehors de ce que les textes prévoient. C’est une élection qui sera transparente. Tout est fait pour et je ne vois pas comment nous pourrons influer en quoi que ce soit, puisqu’elle sera supervisée par des émissaires de la CAF et de la FIFA » explique l’un de cinq membres de la commission.

Au-delà, certains candidats invalidés n’entendent pas se laisser faire. Estimant que son dossier répondait parfaitement aux critères de l’appel à candidature, Aliou Sangaré, Président du centre Montrouge de Sikasso, a saisi la FIFA pour plaider sa cause. « Nos listes ont été rejetées pour des motifs qui n’ont jamais été portés à notre connaissance et ne ressortent nullement de l’avis publié. Cette attitude est une violation manifeste des règles électorales de notre association et est révélatrice de la volonté de privilégier un candidat » peste-t-il. « Ce genre d’injustices, parmi tant d’autres, paralyse le fonctionnement de l’association » ajoute-t-il. Pour les recalés, sauf un, tout le monde l’a été pour défaut de parrainages, selon notre source à la commission électorale. Qui ajoute, « Sangaré, qui a introduit une action auprès de la FIFA, n’avait ni programme d’action, ni parrainages, et certaines adresses des membres de sa liste manquaient également ».

Tous les candidats sont tout de même unanimes. Aucune mention d’un quelconque parrainage n’a été faite dans la circulaire publiée pour les appels à candidature. Simple oubli ou subtilité visant à éliminer certains candidats ? « Lorsque nous avons fait part de notre incompréhension, ils nous ont rétorqué qu’on ne pouvait prétendre à la présidence de la FEMAFOOT sans connaitre les statuts de l’institution. Que répondre à cela ? Ce ne sont que les néophytes comme nous qui en pâtissent. Baby et Touré, qui connaissent la maison, ne sont pas tombés dans le piège » explique Amadou Mahamane Sangho, chargé de communication au ministère de la Sécurité et de la protection civile et candidat invalidé.

FEMAFOOT : Une crise sans fin ?

Nouveau rebondissement dans le dossier de la crise du football, la FIFA vient de signifier son intention de non-participation à la mise en place du comité de normalisation, qu’elle devait pourtant superviser. Une position qui suscite plein de remous et qui pourrait relancer la crise.

« Nous sommes au sortir du tunnel, nous n’en sommes pas totalement sortis » estimait le chef du collectif des ligues et clubs majoritaires (CLCM) lors d’une interview exclusive accordée au Journal du Mali. Ses craintes semblent se justifier désormais. Le protocole d’accord signé le 27 avril 2017, prévoyait la mise en place au bout de 45 jours d’un comité de normalisation sous la supervision de la FIFA. Sauf que l’instance dirigeante du football a un tout autre regard sur le protocole d’accord. « A ce sujet, nous devons cependant vous informer de ce qu’il suit, la FIFA n’étant pas partie prenante du protocole d’accord, elle ne se sent en aucune manière liée aux résolutions prises » a soutenu la secrétaire générale de la FIFA, Fatma Samoura.

Avant d’ajouter : « Conformément à l’article 8 al.2 des status de la FIFA, remplacer un comité exécutif élu par une commission de normalisation est une mesure exceptionnelle qui relève du pouvoir exclusif de la FIFA. Une telle décision ne peut être prise sans que la FIFA ait au préalable constaté que les conditions de son application sont réunis. Or, il apparaît que dans le cas présent, les circonstances particulières ne sont telles qu’elles justifient le remplacement du comité exécutif par un comité de normalisation, à 6 mois de la fin de son mandat ».

Ce qui en clair, veut dire que le président de la FEMAFOOT, en place pour 45 jours selon les dispositions du protocole d’accord, irait au bout de son mandant, qui court jusqu’en novembre.

« C’est le Mali qui s’est fait avoir, l’Etat aurait dû l’amener (Baba Diarra) à démissionner. Il y a beaucoup de dessous dans cette affaire, certains veulent voir le ministre partir, mais nous, nous ne sommes pas dans ces considérations, c’est le sportif qui intéresse » analyse Mamadou Dipa Fané, chef du CLCM. La crise ne semble donc pas derrière nous. « Nous avons toujours la sentence (celui du TAS rendu le 4 octobre 2016), mais nous allons attendre jusqu’à vendredi (26 mai), et la réunion avec le comité de suivi du protocole d’accord pour décider » a-t-il conclu.

 

Boubacar Baba Diarra – Mamadou Dipa Fané : Le face à face

Après plus de trois ans d’une crise qui s’est soldée par une suspension du Mali par la FIFA, les deux principaux protagonistes de cet épineux problème ont signé le 27 avril 2017, un accord censé y mettre fin. Dans la foulée, Boubacar Baba Diarra, président de la FEMAFOOT, et Mamadou Dipa Fané, président de Collectif des clubs et ligues majoritaires (CCLM), ont bien voulu nous accorder des interviews exclusives, respectivement le vendredi 5 et le jeudi 4 mai, dans lesquelles ils nous livrent leurs appréciations de l’accord et de la crise dont les multiples rebondissements n’ont que trop longtemps parasité le football malien.

Général Boubacar Baba Diarra

Le 27 avril au soir vous avez serré la main de Mamadou Dipa Fané. Doit-on comprendre que la crise qui a longtemps paralysé le football malien est derrière nous ?

Je pense que l’accord est un bon compromis parce qu’il nous permet de sortir définitivement de la crise, s’il est exécuté dans son entièreté. De notre côté, nous sommes disposés à tout faire pour que l’accord soit appliqué. Encore une fois, il va permettre de mettre un terme à la crise, c’est le plus important.

Les termes de l’accord vous satisfont-ils vraiment, quand on sait que votre secrétaire général et son adjoint ne font plus partie de l’équipe ?

Quand on part dans une négociation, il faut faire des sacrifices. Le départ des deux secrétaires généraux a été très mal ressenti au niveau de la fédération parce que ce sont des personnes qui maîtrisent le football malien. Pour qui connait le SG, Yaco uba Traoré, c’est l’un des meilleurs administrateurs du football au Mali aujourd’hui. Lorsqu’on doit se séparer d’une personnalité comme ça, on ne peut que ressentir de l’amertume. Mais, nous avons décidé de mettre le pays au devant pour qu’ensemble nous avancions. C’est ce que l’on a fait.

En même temps, l’ancien secrétaire général ne répond pas à certains critères essentiels, tels que la catégorie A, pour occuper ce poste. La revendication du CLCM est donc légitime…

Oui, mais lorsque nous arrivions au football, il n’y avait pas ce critère de catégorie pour les administrateurs. Ce n’est pas comme au niveau de la CAF ou de la FIFA où on parle de catégorie. C’est récent. Quand on est mis devant une telle situation, on n’a pas de recul car ce sont les textes qui l’exigent. Il faut donc l’appliquer.

Pour certains observateurs cette paix est plus une accalmie qu’une fin de crise définitive. Que pensez-vous de cet avis ?

Au niveau de la fédération, nous ne savons pas ruser ni utiliser la malice pour faire avancer les choses. Personnellement, je ne pense pas que ce soit une accalmie. Peut-être que nos camarades d’en face sont pessimistes, mais pas nous.

Avez-vous respecté vos engagements prévus par l’accord ?

Jusqu’ici, j’ai exécuté à la lettre tout ce qui était prévu. Je devais procéder au changement des secrétaires généraux avant le vendredi 5 mai, je l’ai fait. J’ai écrit à la Cour suprême pour retirer la plainte que j’avais déposée contre la décision du ministre des Sports portant dissolution du comité directeur de la FEMAFOOT. Nous avons écrit aux différents clubs et ligues pour leur signifier la décision de la levée des sanctions prises à l’encontre des dirigeants de football dans le cadre de la crise. J’ai écrit à la FIFA qui a levé les sanctions qui pesaient sur le Mali. Je l’ai invité dans une autre lettre à assister à l’Assemblée générale du 12 juin, dans le but de mettre en place un comité de normalisation. Ce vendredi 5 mai 2017, j’ai écrit aux ligues de Ségou et Bamako pour leur dire de préparer la tenue de l’Assemblée générale extraordinaire élective pour le 26 mai.

Votre gestion financière de la fédération est mise constamment en doute.

Dans ce pays, quand on veut accuser quelqu’un, on dit qu’il a volé de l’argent. C’est courant et c’est facile. Chaque année la FEMAFOOT est auditée au moins deux fois par la FIFA et la CAF. Lorsque la FIFA vous donne de l’argent et que vous l’utilisez, il est exigé de justifier les fonds à la suite d’un audit. Si on avait volé de l’argent, comme certains le prétendent, vous croyez que la FIFA nous aurait accordé d’autres financements ? Soyons sérieux.

Vous avez tenu tête au ministre Guindo et vous voilà de nouveau rétabli dans vos fonctions. Est-ce une victoire pour vous ?

Je n’ai pas tenu tête au ministre Guindo. J’ai passé 38 ans au service de la puissance publique, je connais l’État dans ses profondeurs, dans toutes ces dimensions et une personne qui a ce passé, cet état de service ne peut avoir que du respect pour l’État. Je ne peux vouloir humilier l’État encore moins son serviteur qu’est le ministre des Sports. Mais j’ai défendu une position de principe. Quand je crois à la justesse des actes que je pose, je les pose et je reste derrière ces actes-là. Je suis fondamentalement ancré dans la tradition malienne, et je ne pourrai jamais chercher à humilier un cadet, même s’il n’était pas ministre. Je ne considère pas ça comme une victoire. C’est un pan de l’histoire maintenant.

Vous êtes en place pour 45 jours ? Que comptez- vous faire ensuite ? Pensez-vous à vous représenter ?

J’avoue que je préfère ne pas répondre à cette question. On attend de voir les choses venir.

Vous avez chaleureusement serré la main de Mamadou Dipa Fané, qui était votre ami. La hache de guerre est-elle enterrée ?

Il n’y a pas d’anciens amis dans la vie. Dire ancien ami c’est un échec pour nous, pour Dipa Fané et pour moi. On a eu des divergences de points de vue à un moment donné et dès que c’est réglé on met ça sur le compte du passé, on continue. On peut s’empoigner sur le football, mais on ne se tuera pas. Il y a des limites qu’on ne dépassera jamais. Ils demeurent (Mamadou Fané et Moussa Konaté, ndlr) pour moi des amis.

La FIFA est accusée de partialité dans la gestion de la crise malienne. Qu’en pensez-vous ?

Vous pensez que la FIFA soit capable de partialité ?

Vous auriez même payé pour influencer la décision et l’agent incriminé, Primo Corcavo, aurait même été sanctionné par la FIFA ?

(Rire) Malheureusement, dans notre société, on a érigé le mensonge en mode de fonctionnement. Je ne sais pas si Primo a été sanctionné par la FIFA. Je sais que lorsqu’une nouvelle administration s’installe, elle est obligée de se défaire d’un certain nombre d’agents, ça arrive. Vous pensez que je peux avoir l’argent pour corrompre quelqu’un de la FIFA ? C’est mal connaître cette institution. Il faut qu’on sorte de la question d’argent. Nous sommes dans le domaine du football, mais j’ai constaté que ces trois dernières années, la question financière était l’épicentre de la crise.

Votre gestion financière est donc à l’origine de la crise ?

Non ce n’est pas vrai. C’est parti de la non application des dispositions d’un règlement spécial du championnat. Dans ces dispositions, il est dit qu’une équipe qui observe forfait est reléguée. Ces personnes n’ont pas voulu nous laisser travailler. Ce sont des mauvais perdants. À un mois des élections, ils ont lancé les hostilités. Quelle gestion ? Je n’aime pas jeter la pierre aux gens mais pourquoi cette importance de la gestion financière dans une discipline comme le football ? On dirait que la FEMAFOOT est une succursale de la Banque centrale. On n’a jamais autant parlé d’argent à la fédération que maintenant. Pourquoi ? Peut-être parce que quelqu’un est trop intéressé par les moyens de la fédération. Et personne ne peut apporter de preuve sur un détournement d’argent. Chaque année, je convoque une assemblée générale à laquelle je soumets un rapport financier, et ce rapport est envoyé à tous les membres de la fédération y participant, y compris le ministère des Sports. Pendant trois ans, on n’est jamais venu à l’assemblée pour dire « votre rapport n’est pas bon », mais c’est dans la rue qu’on apprend que l’argent a été détourné.

Vous avez reproché à la presse d’envenimer la crise…

Je l’ai dit frontalement à certains journalistes. Il y a des journalistes qui sont venus me voir pour me dire qu’il était temps d’arrêter cette crise. Je leur ai rétorqué que si la crise avait pris de l’ampleur, pour atteindre un certain niveau, il y allait de leur faute parce qu’à un moment donné, il y a des journalistes qui ont pris position pour l’un des deux camps. Si les journalistes s’étaient mis ensemble pour aller dire au protagoniste qui a tort, vous avez tort, il faut revenir en arrière, la crise n’aurait pas atteint ce niveau. Chacun a prêché pour sa chapelle et s’est abrité derrière la version de son camp. Cela a fait empirer les choses.

Votre vision pour l’avenir du football malien ?

Vu tout le travail de fond effectué par la Fédération malienne de football, l’amélioration des infrastructures du football et la formation, et surtout l’investissement qu’on a fait sur les jeunes, je peux dire que l’avenir du football malien peut être radieux. Si l’effort que nous avons fait, la vision que nous avons étaient soutenus par ceux qui viendront après nous, le Mali pourra respirer dans les deux ou trois années à venir.

Mamadou Dipa Fané

Le 27 avril au soir, vous avez serré la main de Boubacar Baba Diarra. Doit-on comprendre que la crise qui a longtemps paralysé le football malien est derrière nous ?

Nous sommes au sortir du tunnel, nous n’en sommes pas totalement sortis. Vous vous mettez autour d’une table, vous convenez de quelque chose, vous le mettez sur papier. À partir du moment où c’est écrit, il se pose des questions d’interprétation et c’est là où les avis divergent et ces divergences peuvent faire en sorte qu’au lieu que nous sortions tout de suite de la crise, celle-ci peut trainer un tout petit peu parce que, il faut en toute chose moins de malice et beaucoup de bonne foi. Quand vous prenez un texte, il y a l’esprit, il y a la lettre. Un exemple : il est dit qu’« il sera nommé un secrétaire général » et un secrétaire général adjoint. Les gens vont dire « mais vous n’avez pas tout dit parce que vous auriez dû mettre le mécanisme de nomination qui nomme, quand il doit le faire, la procédure de nomination, etc. ». Les gens qui sont autour de la table sont intelligents, sont des adultes, sont des responsables. Nous avons pris soin de ne pas noter dans le protocole que ce serait quelqu’un du comité de normalisation (CONOR) parce que la FIFA aurait dit « ah bon, ils ont déjà décidé ». Mais autour de la table, il a été précisé que pour des questions d’éthique et de neutralité, le secrétaire général et le secrétaire général adjoint viendraient du CONOR. Donc ce n’est pas encore la sortie du tunnel. L’interprétation fait que cette sortie traîne encore.

Êtes-vous satisfait par les termes de l’accord ?

Nous sommes satisfaits. Notre combat depuis trois ans, c’était de faire en sorte que nous puissions avoir au niveau de la FEMAFOOT une autre forme de gouvernance administrative et financière. L’accord dit dans son troisième point que le même jour (vendredi 28 avril), le président de la Fédération doit s’engager à tenir une assemblée générale au plus tard le 12 juin à l’effet de la mise en place d’un comité de normalisation sous la supervision de la FIFA. Pour nous, l’ancien président devait donc, le 28, faire une lettre à la FIFA pour dire que la situation était devenue saine et qu’il fallait qu’elle vienne pour que nous mettions en place le CONOR. Jusqu’au moment où je vous parle, il ne l’a pas fait. Tout cela fait que l’application de l’accord est un tout petit peu inquiétante pour nous, car chacun avaient des obligations. La nôtre c’était d’arrêter les procédures judiciaires contre la fédération, ce que nous avons fait. Si les obligations ne sont pas actées, à un moment le tout s’arrête. Vous ne pouvez pas vous asseoir devant le président de la République pour dire, nous adhérons à l’accord, c’est un bon compromis, et après vous ne respectez pas les obligations qui vous reviennent. C’est en dessous de tout.

Le protocole d’accord recommande que les parties lèvent leurs recours au niveau national et international. L’avez-vous fait ?

Nous sommes comme un chat échaudé. Au niveau de la médiation que l’Assemblée nationale avait initiée, ils nous avaient dit d’arrêter la procédure judiciaire. Mais n’étant pas mis en confiance, nous avons plutôt suspendu. Les recommandations n’ont pas été respectées. Nous avons donc dit que nous n’allions pas arrêter parce que nous sommes sûrs de gagner cette procédure. À charge pour la partie fédération, d’accomplir ses obligations, dès qu’ils le feront, nous transformerons la suspension en arrêt de la procédure.

Vous avez rencontré le président de la République. Qu’en est-il sorti ?

L’État nous a dit qu’il faut tout faire pour que les jeunes puissent aller défendre leur titre de cadets. Alors ce que l’on a pu faire c’est ce protocole qui, je pense encore une fois, est un très bon compromis pour la sortie de crise et pour l’avenir du football malien, à partir du moment où les deux protagonistes que nous sommes avec la Fédération vont être mis de côté et où un CONOR, censé être neutre, va gérer le football le temps de mettre en place une nouvelle fédération. Je pense cela plus responsable, plus proche d’une gestion saine tant administrativement que financièrement.

Pensez-vous que le délai de 45 jours prévus par le protocole d’accord pour la mise en place du CONOR sera respecté ?

Quand deux parties sont en conflit et que vous vous mettez autour d’une table, en principe, il y a une tierce partie qui doit être là pour intervenir en cas de divergences. L’État a endossé ce protocole, c’est l’État qui doit être arbitre. On a dit autour de la table que l’on doit choisir les secrétaires parmi les membres du CONOR. On ne va plus choisir une personne qui soit du collectif ou de la fédération. C’est ce qui doit être fait. Mais pour l’heure ce n’est pas le cas. La fédération est dans la dynamique de vouloir choisir quelqu’un pour ce poste et l’a déjà désigné. Par honneur, puisque nous avons apposé notre signature et que nous sommes allés devant la plus haute autorité du pays pour dire que nous étions d’accord, la fédération a l’obligation morale de respecter son engagement.

Que feriez-vous si ce n’était pas respecté ?

Je vous ai dit que notre procédure judiciaire au niveau du TAS est simplement suspendue. Vous devez savoir les conséquences qu’il peut y avoir.

Vous gardez donc toujours la carte de la sentence du TAS du 4 octobre 2016 sous le coude ?

Ceux qui ont prononcé la sentence ne sont pas des Maliens, ni des Africains. Cela vient de l’extérieur et d’Europe. Ils ne connaissent pas le collectif, ils connaissent sûrement quelques membres de la fédération, mais sont attachés à dire le droit. La sentence du TAS est au-dessus de tout. Voilà pourquoi notre plainte reste suspendue et nous pensons que le CONOR qui sera mis en place doit s’attacher à faire en sorte que la sentence soit appliquée parce que c’est cela le droit. Cela doit être une sorte de bréviaire pour la bonne marche du football malien.

Pourquoi le protocole a écarté les secrétaires généraux du comité de Baba Diarra ?

Le président de la fédération est élu, mais le secrétaire général et son adjoint sont nommés. Ce sont des salariés. Et pour occuper ces postes, il y a des critères, notamment ceux d’être de nationalité malienne, d’être de bonne vie et mœurs, d’être cadre A et d’avoir une profonde connaissance du football. Malheureusement, dans le cas d’espèce, pour les deux, aucun n’est cadre A et la fédération a fonctionné avec ça. C’est déjà un impair. Voilà pourquoi je dis que la gouvernance administrative doit être restaurée en mettant les hommes qu’il faut où il faut.

Les causes profondes du conflit sont-elles également derrière vous ?

Pour vous faire un peu la genèse, nous sommes d’abord allés voir le Comité olympique, qui nous a lié en huit recommandations, sur lesquelles nous étions d’accord parce que nous avons mis en avant le Mali. Ensuite pour entériner cela, nous sommes allés à l’Assemblée nationale qui a accepté cinq recommandations. L’important pour la fédération était que Baba Diarra reste président. Nous l’avons accepté malgré nous, parce qu’il fallait qu’on s’en sorte. Nous sommes allés dans la salle pour signer. Le président de l’Assemblée nationale (Issaka Sidibé) nous a dit que finalement c’était seulement trois points. Les trois points retenus étaient de lever les sanctions, faire monter les clubs en première division et reconnaitre M. Diarra comme président de la fédération. Une assemblée générale devait se tenir pour rapidement acter ces trois recommandations. Nous sommes partis sur cette base, nous avons fait confiance. Ils ont convoqué l’assemblée, et ils ont juste accepté de faire monter les quatre clubs en première division et les dirigeants qui financent sur leurs propres deniers sont restés suspendus. De ce jour, jusqu’à maintenant, nous avons cherché à rencontrer le président de l’Assemblée nationale, en vain. Donc nous avons pensé que nous avions été grugés. À partir de là, nous nous sommes dit que si nous arrêtions nos procédures, nous allions nous faire avoir. On a vu tout le monde, de Dioncounda, aux religieux et tous nous ont dit « vous avez raison ». Même les familles fondatrices l’ont dit. L’origine de la crise, c’était des questions financières. Les violations des textes étaient là, mais l’important était la question financière.

Quid de la gestion de l’affaire par la FIFA ?

La FIFA vient imposer aux fédérations africaines ce qu’elle n’impose pas aux fédérations européennes. Alors que celles-ci sont différentes. En Afrique, c’est l’État qui paye tout. Les stades appartiennent à l’État. Les équipes lorsqu’elles sont à l’internat, c’est l’État qui met les milliards. En plus, ce qui est juridiquement important de savoir, c’est que c’est le ministre des Sports, au nom de l’État du Mali, qui donne délégation de pouvoir à une fédération pour gérer une discipline. La FIFA impose aux États africains de ne pas mettre le nez dans la gestion des fédérations africaines, sous prétexte d’immixtion. Nous avions proposé que les ministres des Sports africains se mettent ensemble pour demander à la FIFA de revoir ces règles.

Beaucoup pensent que le ministre Housseiny Amion Guindo a été obligé de trouver un accord avec Baba Diarra. Êtes-vous du même avis ? 

Le ministre est resté toujours droit dans ses bottes par rapport à la décision de suspension de la FEMAFOOT. Toutes les autorités que nous avons rencontrées nous ont affirmé que la décision du ministre est avant tout la décision du gouvernement. Le plus important pour le gouvernement et le ministre des Sports était de trouver une solution pour sortir de ce problème. L’annulation de sa décision était certes difficile, mais elle témoigne de la bonne volonté du ministre à aller de l’avant. Le plus important pour le gouvernement et pour tous les Maliens, c’est que le football soit remis sur pieds. On a annulé pour que nous puissions continuer, mais ce n’est pas un désaveu pour le ministre.

Souhaitez-vous rejoindre l’équipe du comité de normalisation ?

Non ! Je suis dans cette histoire pour que les choses s’arrangent, c’est tout. Je ne souhaite occuper aucune fonction dans le domaine du football au Mali

Quelle est votre vision du football pour les cinq années à venir ?

Ma vision est un football entre les mains des politiques. Quant à la politique du football, il faut d’abord former les footballeurs, notamment les plus jeunes, et les administrateurs (arbitres, encadreurs, entraîneurs…). Il faut ensuite aller vers la professionnalisation du football en octroyant un salaire aux joueurs locaux et aux administrateurs. Les infrastructures doivent être également aménagées. Enfin, il faut améliorer la rentabilité au niveau des équipes en trouvant des sponsors de taille pour les clubs de première division. Pour les clubs de deuxième division, il faut les confier aux sociétés nationales comme l’a fait le président Alpha Omar Konaré. Si on arrive à faire ça, le football se portera bien.

 

 

 

 

Crise du Football : enfin un accord

Les deux parties protagonistes dans la crise du football, Boubacar Baba Diarra et Mamadou Dipa Fané, ont signé un protocole d’accord hier soir après plusieurs jours de négociation initiées par Abdoulaye Idrissa Maïga, nouveau chef de gouvernement.

L’information est officielle depuis hier soir, Boubacar Baba Diarra et Mamadou Dipa Fané respectivement président de la Fédération malienne de football (Femafoot) et président des ligues et clubs majoritaires (CLCM) ont échangé la poignée de main tant attendue. Un acte qui met donc fin à la plus grande crise du football de l’histoire du Mali. Abdoulaye Idrissa Maïga, nouveau Premier ministre accompagné de quelques membres de son gouvernement notamment Amion Guindo, ministre des Sports et Abdel Karim Konaté, porte-parole du gouvernement ont réussi là où plusieurs personnalités ont échoué. Une nouvelle page s’ouvre donc pour le football malien.

Quid de l’accord ? Le protocole d’accord signé entre les deux hommes prend en compte plusieurs aspects de la crise. Les plus importants sont les suivants : les sanctions liées à la crise et qui pèsent toujours sur certains membres du CLCM sont levées depuis hier soir, soit à partir de la date de signature. Par ailleurs, les deux parties s’engagent à suspendre toutes les actions et recours judiciaires au niveau national et international. Le gouvernement quant à lui s’engage à son tour à annuler la décision de dissolution du comité exécutif de la Femafoot et celle de la mise en place du comité provisoire de normalisation du football (CONOR). Précisons que l’accord prévoit que Boubacar Baba Diarra saisit la FIFA ce vendredi 28 avril pour lui notifier la décision prise par le gouvernement. Une Assemblée Générale sera convoquée par Boubacar Baba Diarra pour la mise en place du comité de normalisation.

Pour finir, il sera procédé à la nomination d’un nouveau Secrétaire Général et de son adjoint au plus tard le 5 mai prochain.

 

La CAF lance un ultimatum au Mali

La confédération africaine de football a lancé ce mardi 11 avril un ultimatum au gouvernement du Mali pour qu’il revienne sur sa décision de dissolution de la FEMAFOOT. Condition requise pour que l’équipe nationale cadette puisse participer à la CAN de la catégorie prévue au Gabon du 14 au 28 mai prochain.

« Nous nous référons à la décision de la FIFA de suspendre la Fédération malienne de football de toutes activités sportives jusqu’à nouvel ordre… Nous vous informons par la présente que si la décision n’est pas levée au 30 avril 2017, l’équipe nationale U17 du Mali ne sera pas autorisée à prendre part à la 12eme édition de la CAN U17 et l’équipe nationale U17 de l’Ethiopie (la dernière que le Mali avait éliminée) la remplacera automatiquement », pouvait-on lire sur le courrier adressé aux équipes qualifiées par le secrétaire général de la CAF. Juste avant cette correspondance, le nouveau président de l’instance du football africain Ahma Ahmad  s’était montré clair au sujet du Mali : « Je vais être tranchant, on ne peut pas se permettre d’accepter ce genre d’interférences car ça nuit au développement du football dans la région. Il faut protéger le football. On ne peut pas développer le football en Afrique sans les gouvernements mais on ne peut pas accepter d’ingérence ». Des membres du comité de normalisation reviennent d’une mission en Suisse où ils ont introduit une requête d’urgence auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS) pour annuler la décision de suspension de la FIFA au motif qu’elle revêt un caractère irréparable. « Nos avocats sont revenus mais pour l’heure nous ne voulons pas encore communiquer dessus, il y’a des données sensibles, nous le ferons en temps et heure. Le TAS se prononcera avant le 30 de ce mois, je pense, c’est surtout le bureau sortant qui nous met des bâtons dans les roues » a expliqué le président du CONOR, Yaya Diallo.

 

 

 

 

 

Sidi Diallo : « Trouver une solution malienne »

Alors qu’une mission gouvernementale est en Suisse, au siège de la FIFA, pour négocier la levée de la suspension du Mali, le Président du comité de normalisation (CONOR) de la Fédération malienne de football, Sidi Diallo, assure être à pied d’œuvre pour poser les bases de la refondation du sport roi au Mali.

De la date de sa mise en place à aujourd’hui, quelles sont les actions posées par le Comité de normalisation du football malien ?

Dès la réception de notre feuille de route le 14 mars dernier, nous nous sommes réunis pour élaborer un plan stratégique autour de notre mission principale : la réunification de la grande famille du football. Des commissions de travail ont été créées et elles sont à pied d’œuvre. Nous avons également effectué plusieurs rencontres avec l’ensemble des acteurs qui interviennent de près ou de loin dans le football malien (les religieux, les autorités politiques, le collectif des ligues majoritaires, certains présidents de clubs et ligues). Nous avons adressé une correspondance à l’ancien bureau de la Fédération pour les rencontrer et échanger. La lettre a été réceptionnée, ce qui signifie qu’ils sont ouverts au dialogue, bien qu’ils affirment ne pas être dans les dispositions pour nous rencontrer pour l’instant. Nous restons confiants qu’ensemble nous puissions trouver une solution malienne.

Quels seront les points de négociation si l’ancien bureau venait à accepter la rencontre ?

Le point qui retient l’attention de tous les Maliens c’est la suspension du Mali par la FIFA. Il suffit que l’ancien bureau reconnaisse la décision du gouvernement, celle de la mise en place du CONOR pour que la FIFA vienne le constater, afin de lever la sanction. Une des clés de cette levéeest entre les mains de Boubacar Baba Diarra, président sortant de la Fédération. S’il n’accepte pas, nous serons malheureusement obligés de transporter un problème national à l’international.

Vous avez maintes fois appelé le personnel de la FEMAFOOT à reprendre le travail. Qu’en est-il et de qui s’agit-il concrètement ?

Il s’agit du personnel salarié payé au compte de la FEMAFOOT, différent du bureau qui vient et qui part. Nous avons remarqué qu’il y en a de toutes sortes, c’est un véritable fourre-tout. Un inventaire est en cours pour revoir les contrats. L’ultimatum était prévu pour ce lundi 3 avril. Huit se sont présentés. Les autres peuvent d’ores et déjà se considérer comme démissionnaires.

Quid de la reprise des compétitions nationales ?

La commission en charge de ces questions y travaille. Nous aurons bientôt une proposition de reprise des compétitions. Je peux vous assurer que nous allons très vite reprendre les compétitions en mettant en jeu la Coupe du Mali. Le reste suivra.

 

 

Suspension du Mali par la FIFA : effets immédiats et secondaires

Les conséquences de la dissolution de la FEMAFOOT et de la suspension du Mali par la FIFA le 17 mars, commencent à se faire sentir par l’ensemble des acteurs du football malien qui s’apprêtent à les subir de plein fouet.

Les effets immédiats de la suspension du Mali par la FIFA le 17 mars, soit une semaine après le limogeage des dirigeants de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT), semblent de plus en plus difficiles à gérer pour les acteurs du football malien. Arbitres, joueurs, entraîneurs et supporteurs semblent être dépassés par la tournure que prend l’événement ces derniers jours. C’est du moins l’avis de Madou K., arbitre en deuxième division. « Il n’y a plus d’entraînement ni de compétition. Nous sommes à la maison. Or, sans le football nous sommes au chômage », explique-t-il. Plusieurs entraîneurs locaux devaient en effet passer les examens de Licence A, (agrément qui permet de prendre en charge une sélection nationale, ndlr) dans la première semaine du mois d’avril. Mais ils ont été annulés par la Confédération africaine de football (CAF) en raison de la suspension. Les supporteurs, eux, passent la journée au grin autour du thé.

Blocages En outre, les nouveaux talents du football malien qui évoluent dans les clubs locaux ne peuvent pas signer de contrats professionnels. C’est du moins l’avis de Boubacar Baba Diarra, ancien président de la FEMAFOOT : « pour qu’un joueur malien puisse s’engager avec un club à l’étranger, il lui faut un Certificat international de transfert (CIT) qui doit être délivré par la fédération », estime-t-il. Une fédération qui n’existe plus que de nom malheureusement. Joint au téléphone, le département des Sports n’a pas souhaité réagir.

Alors même que la 3è journée des éliminatoires pour le mondial Russie 2018 approche à grands pas, les rencontres ayant opposées la sélection nationale à ses adversaires jusque là, seront purement et simplement annulées à la faveur des autres équipes du groupe C (Maroc, Gabon et Côte d’Ivoire).

 

La FIFA suspend le Mali

La Fifa a décidé de suspendre la FEMAFOOT avec effet immédiat pour ingérence d’état. Le pays est désormais suspendu de toute compétition jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée.

C’était dans les airs, c’est désormais officiel. Suite à la décision du ministre des sports Housseini Amion Guindo de dissoudre le comité exécutif de la FEMAFOOT le 8 mars dernier, la FIFA a par le biais d’une correspondance a annoncé la suspension du Mali.

La FIFA avait dans un premier temps lancé un ultimatum qui courait jusqu’au 10 mars pour que le ministre revienne sur sa décision. « Il faut s’attendre à une suspension de principe, on sera certainement suspendu, mais on n’exporte pas un produit si il n’est pas bon, nous allons assainir notre football et le refonder » prévenait le ministre hier, mercredi 15 mars, lors d’un point presse. Quelques heures plus tard, la sentence est tombée. «  Le bureau du conseil a décidé de suspendre la FEMAFOOT avec effet immédiat à compter du vendredi 17 mars. Par conséquent, la FEMAFOOT perd tous ses droits de membre. Cela signifie aussi qu’aucune des équipes représentatives et aucun des clubs affiliés de la FEMAFOOT ne sont plus en droit de prendre part aux compétitions internationales et d’entretenir des relations sur le plan sportif avec les associations membres ».

En clair, les clubs engagés en Coupe des champions africains perdront sur tapis vert, l’équipe nationale du Mali ne pourra prendre part aux éliminatoires de la CAN 2019, et pour la coupe du monde 2018. La sélection cadette en fera aussi les frais puisqu’elle ne pourra pas disputer la Coupe d’Afrique de la catégorie prévue en mai au Gabon.

Ces sanctions seront en vigueur, à moins que le ministre ne revienne sur sa décision et réinstalle Boubacar Baba Diarra dans ses fonctions. Une alternative qui semble bien éloignée puisque le ministre a procédé à la présentation du comité provisoire qui va désormais présider à la destinée du football malien. « Il (le comité) aura la charge de réconcilier tous les acteurs du football malien, et d’organiser dans un délai n’excédant pas une année des élections pour un nouveau président » explique le ministre. Très décidé, le ministre a aussi mis sous scellé les locaux de la FEMAFOOT, et déclaré vouloir un audit sur la gestion financière et administrative de Boubacar Baba Diarra et de son équipe.

 

 

Mamadou Dipa Fané « Je ne veux pas être président, je ne le serai jamais ! »

Suite à la décision de dissolution de la Fédération malienne de football prise par le ministre des Sports le 8 mars 2017, le président du Collectif des ligues et clubs majoritaires (CLMN), Mamadou Dipa Fané, s’exprime sans concessions sur une crise qui n’en finit pas.

Quelle lecture faites-vous de la décision du ministre ?

Le collectif que j’ai l’honneur de présider trouve que c’est une décision salutaire, malgré son caractère tardif. Nous l’avons salué, mais nous avons dit dans le communiqué d’appréciation de la décision de dissolution que nous réaffirmons notre attachement à la décision du 4 octobre 2016 rendue par le Tribunal arbitral du sport. Elle doit être une sorte de bréviaire pour sortir de la crise. Il n’est pas possible que l’on fasse monter en première division nationale, des clubs qui ont été créés de toutes pièces. Nous pensons que le ministre a fait une action salutaire pour sauver le football, mais la dissolution n’en est qu’une partie. L’autre partie c’est de faire en sorte que plus jamais on ne tombe dans des travers comme cela par des comportements ou des actions de quelques individus. Ce que les gens oublient, c’est que cette crise et tout ce qui est venu se greffer dessus comme la suspension des clubs ou des dirigeants, ce sont des épiphénomènes. La réalité c’est une question de gestion financière et de gouvernance administrative.

Au risque d’une suspension ?

Vous savez, il y a tout un battage médiatique autour de la suspension. Le ministre ne peut risquer d’engager la responsabilité de tout un État sans avoir au préalable pris ses précautions. Certains veulent mettre en doute notre patriotisme en assurant que nous voulons que le Mali soit suspendu, mais ce n’est pas le cas. Quand la secrétaire générale de la FIFA, Fatma Samoura, a envoyé sa correspondance, il était dit que si le ministre ne revenait pas sur sa décision avant le 10 mars, on serait suspendu, mais le délai est passé depuis et rien ne s’est produit.

Seriez-vous disposé à vous impliquer dans la refondation du football malien ?

Pour résoudre une crise, il faut faire intervenir les différents protagonistes. Ce serait inutile de prendre des gens qui ne connaissent rien à la situation pour les mettre devant. Encore une fois ce n’est pas une question de personne. Je ne veux pas être président, je ne le serai jamais. Nous sommes là, mais nous restons attachés à la sentence, à son application.

 

Qui pour sauver le football malien ?

La crise qui sévit au sein du football malien depuis presque deux ans a connu plusieurs tentatives de négociation, dont celle de l’ancien Président de la République Dioncounda Traoré et de l’ancien ministre des Sports, Adama Koné. Pourtant, on cherche encore l’homme providentiel qui pourrait mettre un terme à cette situation qui n’a que trop duré.

Depuis janvier 2015, plusieurs personnalités ont tenté de concilier les deux grandes forces antagonistes de la crise qui sévit au sein du football malien : d’un côté la FEMAFOOT et de l’autre le Collectif des ligues et clubs majoritaires (CLCM), dirigé par l’ancien ministre Mamadou Dipa Fané. Pilotée par Adama Koné, ancien ministre des Sports, un pool de la médiation constitué en octobre 2015 par le Comité national olympique et sportif (CNOS) du Mali fut l’une des cartes avancée pour mettre un terme au conflit. Après un mois de négociation, il finit par mettre sur la table de discussion six recommandations, parmi lesquelles la levée des sanctions qui frappent les personnes physiques et morales, et le retour en ligue 1 des clubs relégués en 2ème division avec un accompagnement financier. Adama Koné s’est retiré courant 2016, laissant le soin au CNOS et au département des Sports de veiller à leur application. Dioncounda Traoré s’est également investi dans ce dossier brûlant en juillet 2015. Mais après avoir échangé avec les protagonistes, il a conclu dès le mois d’août à « la mauvaise volonté des deux parties de faire la paix ». Déçu, l’ancien président de la République a simplement décidé de passer la main à la Fédération pour trouver un terrain d’entente.

Médiations politisées D’autres personnalités de l’échiquier politique malien ont également tenté d’intervenir avec plus ou moins de succès dans cette crise. Parmi elles, Issiaka Sidibé, président de l’Assemblée nationale, dont l’intervention a permis d’accélérer le retour des clubs « frondeurs » en 1ère division en mars 2016, et l’imam Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil islamique. Ces médiations n’ont cependant pas changé fondamentalement la situation. « De la poudre aux yeux, voilà ce que c’était », qualifie un membre du CLCM. Pour Moussa Bolly, chroniqueur sportif, « tant que les parties ne comprendront pas que ce qui prime c’est le Mali et son football, nous ne sortirons pas de cette situation ». Mais après ces nombreuses tentatives de conciliation infructueuses, le CLCM estime qu’« il n’existe aucune personnalité crédible qui puisse jouer le rôle de médiateur », selon Abba Mahamane, son secrétaire général. La solution viendra donc probablement d’ailleurs…

 

Qui pour sauver le football malien ?

La crise qui sévit au sein du football malien depuis presque deux ans a connu plusieurs tentatives de négociation, dont celle de l’ancien Président de la République Dioncounda Traoré et de l’ancien ministre des Sports, Adama Koné. Pourtant, on cherche encore l’homme providentiel qui pourrait mettre un terme à cette situation qui n’a que trop duré.

Depuis janvier 2015, plusieurs personnalités ont tenté de concilier les deux grandes forces antagonistes de la crise qui sévit au sein du football malien : d’un côté la FEMAFOOT et de l’autre le Collectif des ligues et clubs majoritaires (CLCM), dirigé par l’ancien ministre Mamadou Dipa Fané. Pilotée par Adama Koné, ancien ministre des Sports, un pool de la médiation constitué en octobre 2015 par le Comité national olympique et sportif (CNOS) du Mali fut l’une des cartes avancée pour mettre un terme au conflit. Après un mois de négociation, il finit par mettre sur la table de discussion six recommandations, parmi lesquelles la levée des sanctions qui frappent les personnes physiques et morales, et le retour en ligue 1 des clubs relégués en 2ème division avec un accompagnement financier. Adama Koné s’est retiré courant 2016, laissant le soin au CNOS et au département des Sports de veiller à leur application. Dioncounda Traoré s’est également investi dans ce dossier brûlant en juillet 2015. Mais après avoir échangé avec les protagonistes, il a conclu dès le mois d’août à « la mauvaise volonté des deux parties de faire la paix ». Déçu, l’ancien président de la République a simplement décidé de passer la main à la Fédération pour trouver un terrain d’entente.

Médiations politisées D’autres personnalités de l’échiquier politique malien ont également tenté d’intervenir avec plus ou moins de succès dans cette crise. Parmi elles, Issiaka Sidibé, président de l’Assemblée nationale, dont l’intervention a permis d’accélérer le retour des clubs « frondeurs » en 1ère division en mars 2016, et l’imam Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil islamique. Ces médiations n’ont cependant pas changé fondamentalement la situation. « De la poudre aux yeux, voilà ce que c’était », qualifie un membre du CLCM. Pour Moussa Bolly, chroniqueur sportif, « tant que les parties ne comprendront pas que ce qui prime c’est le Mali et son football, nous ne sortirons pas de cette situation ». Mais après ces nombreuses tentatives de conciliation infructueuses, le CLCM estime qu’« il n’existe aucune personnalité crédible qui puisse jouer le rôle de médiateur », selon Abba Mahamane, son secrétaire général. La solution viendra donc probablement d’ailleurs…

 

FEMAFOOT : le football malien pris en otage

Cela fait plus de deux ans que le Mali est englué dans la plus grande crise de l’histoire de son football. Deux camps se confrontent depuis 2015. D’un côté, le Collectif des ligues et clubs majoritaires (CLCM), de l’autre le comité exécutif de la Fédération. Après plusieurs tentatives de négociation qui se sont avérées vaines, et alors que s’est tenue le 29 novembre une nouvelle Assemblée générale extraordinaire de la FEMAFOOT, le scénario de sortie de crise qui semble se profiler pourrait avoir des conséquences irrémédiables pour le football malien.

« Notre football se redressera et se projettera vers l’avenir à partir d’un mouvement de conscience et de volonté de ses dirigeants », déclarait le 10 janvier 2015, à l’ouverture de la 43ème Assemblée générale ordinaire (AGO) de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT), le général Boubacar Baba Diarra, son président. Élu à la tête du football malien en octobre 2013 pour un mandat de quatre ans avec un comité exécutif composé de vingt et un membres, celui-ci n’imaginait certainement pas que ce présage contraire serait le point de départ d’une crise aux lendemains mouvementés et interminables. C’est du moins l’avis de ce responsable au sein de la fédération : « il adore le football et ferait tout pour que les choses s’arrangent », estime-t-il. Une opinion que ne partage pas Moussa Konaté, président du Club Olympique de Bamako (COB), qui considère que la crise actuelle tire sa source de la mauvaise gouvernance, la malversation financière et la violation des textes de la fédération par Boubacar Baba Diarra.

Flash back Suspendu à la suite d’une réunion extraordinaire en 2014, après avoir demandé plus de transparence financière dans la gestion de la fédération, Yéli Sissoko, alors président de la Commission centrale des finances de la FEMAFOOT, fut convoqué par la fédération, conformément à ses statuts, pour venir s’expliquer au cours de la 43ème AGO. Selon ses dires, il a répondu à la convocation mais a été empêché d’accéder à la salle où se tenait l’AGO. « C’est après l’expulsion du délégué du Djoliba AC, Bassafilou Sylla, pour avoir réclamé notre présence, que 29 délégués sur les 55 présents ont, par solidarité, décidé de quitter la salle de réunion », explique-t-il. Dès lors, se sont mis en place deux fronts antagonistes : d’un côté le Collectif des ligues et clubs majoritaires (CLCM) regroupant les clubs contestataires (Djoliba AC, COB, Centre Salif Keïta (CSK) et l’Avenir Club de Tombouctou), piloté par Mamadou Dipa Fané, président de l’Union des anciens footballeurs du Mali. De l’autre, le comité exécutif de la FEMAFOOT.

En août 2015, une assemblée générale dissidente, fut convoquée et décida de la révocation de Boubacar Baba Diarra. En réponse, le 31 octobre de la même année, la fédération tint à son tour une nouvelle assemblée générale au cours de laquelle la suspension des membres « frondeurs » fut décidée. Yéli Sissoko fut suspendu pour 10 ans de toutes activités liées au football, quand Mamadou Dipa Fané se vit signifier une exclusion à vie. Refusant de prendre part au championnat en protestation à ces décisions considérées comme arbitraires, les membres du CLCM furent rétrogradés en 2ème division, une sanction qui suscita une vive polémique et un fort désintérêt pour le championnat malien.

Tentatives de sortie de crise Après plusieurs médiations infructueuses, l’affaire fut finalement menée par Yéli Sissoko et le CLCM devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), instance juridictionnelle de dernier recours. Suite à l’audience du 2 juin 2016, où les protagonistes des deux parties et leurs avocats furent entendus à son siège de Lausanne (Suisse), le TAS a rendu sa sentence le 4 octobre 2016. Dans ses conclusions, il déclare que « l’Assemblée générale organisée le 31 octobre 2015 par la FEMAFOOT est nulle, ainsi que les décisions adoptées ». Et au TAS d’ordonner la convocation d’une autre Assemblée générale avec à l’ordre du jour la révocation de Yéli Sissoko et la suspension de toute autre personne physique au plus tard le 30 novembre 2016. « Cette décision du TAS est illégale. Nous pouvons décider de ne pas la respecter mais nous avons choisi d’organiser une AGE conformément à nos textes et statuts. Nous n’avons rien à perdre », affirmait Boubacar Baba Diarra lors d’une interview en octobre dernier. C’est donc pour répondre à cette injonction, que s’est tenue, le mardi 29 novembre à Sikasso, l’Assemblée générale extraordinaire de la FEMAFOOT à laquelle le CLCM n’a pas cependant pas pris part. « Cette AGE est une fuite en avant qui nous fait perdre plus de temps », estime Moussa Konaté, président du COB.

L’impossible réconciliation Tel un défit au TAS, l’Assemblée générale de Sikasso a confirmé la révocation de Yéli Sissoko, et seulement réduit la suspension de certains membres du CLCM. « C’est un non événement. C’est juste du folklore qui ne nous concerne pas » a commenté Mamadou Dipa Fané le lendemain mercredi 30 novembre. Les lignes ne bougent donc pas à l’issue de cette assemblée, qui ne semble pas faire évoluer cette crise complexe vers la réconciliation des protagonistes. Pour Mansour Lom, journaliste sportif à SFR Sport, Boubacar Baba Diarra a fait son temps : « il faut refonder la fédération, élaborer de nouveaux textes et organiser un nouveau scrutin transparent pour un nouveau départ ». Et à Abba Mahamane, secrétaire général du CLCM d’ajouter qu’il faut « révoquer Baba Diarra ainsi que l’ensemble du comité exécutif de la FEMAFOOT ». Convaincu que cette crise n’est que l’expression d’acteurs égocentriques ne défendant que des intérêts personnels, Moussa Kondo, journaliste sportif à L’Express de Bamako, estime que seule la justice peut et doit trancher.

Vers une suspension du Mali ? Solution extrême mais vers laquelle la fédération et les « frondeurs » semblent amener inexorablement le football national, la suspension du Mali permettrait sans nul doute d’assainir le milieu. Du côté de la FEMAFOOT ce n’est pas une alternative envisageable : « il n’y a aucune raison que le Mali soit suspendu et ça n’arrivera pas », estime un responsable dans les coulisses. De son côté, le CLCM dit avoir déposé une plainte devant la commission de discipline de la FIFA. « si elle se déclare compétente, la seule sanction prévue est la suspension de la FEMAFOOT, et donc du Mali, des compétitions de la FIFA », explique Yéli Sissoko. Dans le cas contraire, « nous retournerons devant le TAS en attaquant aussi l’Assemblée du 29 novembre. Cette fois-ci, nous demanderons la dissolution du comité exécutif, la suspension individuelle de tous ses membres, ainsi que de tous les membres de la fédération ayant participé à ladite assemblée », conclu-t-il.

Au regard des récents évènements qui rendent utopique une éventuelle entente à l’amiable entre les parties, deux cas de figure semblent s’imposer pour une sortie de crise. La première possibilité serait que le ministre des Sports, Housseini Amion Guindo, retire sa délégation de pouvoir au comité exécutif de la fédération, ce qui entrainerait automatiquement des sanctions de la FIFA, selon le sacrosaint principe de non-ingérence d’un tiers dans les affaires d’une fédération. Cela « obligerait la FIFA (…) à trouver une solution à très court terme avec la mise en place d’un comité de normalisation, comme cela a déjà été fait dans d’autres pays », affirme Yéli Sissoko. La seconde option serait celle offerte par le TAS qui, conformément à ses statuts, pourrait sans nul doute prendre une décision radicale de suspension de plus longue durée, et dont les conséquences seraient dramatiques pour le football malien, surtout à un mois du début de la Coupe d’Afrique des nations 2017…