La drépanocytose : Une douleur silencieuse

Première maladie génétique touchant principalement l’Afrique subsaharienne, la drépanocytose concerne plus de 500 000 naissances dans le monde chaque année. Avec un taux de mortalité infantile estimé par an à plus de 60, voire 80%, en Afrique, le combat contre cette maladie invalidante est encore loin de connaitre son épilogue.

Maladie génétique héréditaire, la drépanocytose, aussi connue sous le nom d’anémie à hématies falciformes, se caractérise entre autres par des douleurs abdominales, osseuses, de la fièvre, du priapisme, de l’anémie, un teint pâle, des ictères et une forte sensibilité aux infections, explique le docteur Ruben Sagara de la clinique Farako.

Au Mali, elle concerne touche 6 000 naissances par an. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 5% de la population mondiale ne souffre pas de la maladie mais est porteuse du gène: ces cas sont cliniquement appelés des porteurs sains. Selon la Fondation Pierre Fabre, le taux de prévalence du gène de la drépanocytaire oscille entre 4 et 25% du nord au sud du Mali.

L’État, en collaboration avec cette fondation et d’autres partenaires, a mis sur pied le Centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose (CRLD) en 2010. Ses missions consistent notamment à diagnostiquer, accompagner cliniquement les malades, former des ressources humaines et poursuivre la recherche sur la maladie.

Comprendre la drépanocytose

Selon le docteur Ruben Sagara, « la drépanocytose est une maladie héréditaire qui attaque le sang, surtout les globules rouges, encore appelés hématies. Un patient atteint de drépanocytose présente des hématies en forme de S ou de faucille, d’où le terme falciformation. Pour éviter d’avoir des enfants atteints de drépanocytose, il est cliniquement demandé au couple de faire un bilan prénuptial, notamment le test de l’électrophorèse des hémoglobines A et S ».

Ce test permet de déceler la présence d’hémoglobines anormales. L’hémoglobine est la protéine des globules rouges qui transporte l’oxygène dans le sang et le délivre aux cellules du corps pour assurer leur bon fonctionnement. Elle contient du fer et donne sa couleur rouge au sang. Une hémoglobine anormale ne remplit donc pas pleinement sa fonction dans l’organisme. C’est le cas chez les patients atteints de drépanocytose. Ce dysfonctionnement est à l’origine de la formation de cristaux dans les globules rouges, ce qui obstrue le flux sanguin, provoquant des douleurs, la détérioration d’organes ou certaines complications chez les sujets drépanocytaires.

Meilleur accès aux soins

L’Association malienne de lutte contre la drépanocytose a été créée en 1990 par des personnes affectées par la maladie. Elle joue un rôle considérable dans la sensibilisation. Cette année, le thème de la journée de mobilisation porte sur le dépistage. Dépistage et information sont en effet la base première de la prévention et de la lutte contre la drépanocytose. Le thème est d’autant plus pertinent qu’au Mali les statistiques datent, les dernières disponibles ayant été collectées en 2006.

« Le 10 mai 2019, notre problématique portait sur l’accès aux soins au Mali. Nous avons rencontré les parlementaires pour que le CRLD quitte le statut d’hôpital de jour pour celui d’institut, afin de fournir des soins continus. Les parlementaires nous ont assuré que dès que le projet de loi arrivera sur leur table nous pouvons considérer qu’il est voté », précise Fanta Coulibaly, secrétaire générale de l’AMLUD, avant de poursuivre que la prise en charge des patients est assurée à 60%, mais qu’elle est subordonnée à l’enregistrement au CRLD du malade. Chaque patient s’acquitte ainsi d’un montant forfaitaire annuel du reliquat, soit 40%. Le coût varie selon l’âge du malade. Seulement, chez les enfants, le traitement est généralement plus cher, parce que c’est la période où les crises sont les plus fréquentes. Pour un adolescent de 16 ans, par exemple, le taux forfaitaire varie entre 45 et 46 000 francs CFA par an, avec possibilité de règlement par tranches. Avec les efforts de l’AMLUD, de l’État et des partenaires, les personnes atteintes de drépanocytose au Mali peuvent désormais avoir une espérance de vie de plus de 25 ans.

Lutte contre la drépanocytose : Toguna Agro Industrie fait un don de 70 millions FCFA au CRLD

A la veille de la célébration de la journée mondiale de lutte contre la drépanocytose prévue le 19 juin, le groupe Toguna Agro Industrie à  travers son président directeur général Seydou Natoumé a procédé à  la remise officielle des matérielles de travail au centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose(CRLD). l’événement a eu lieu au dit centre en présence du ministre de la santé, Soumana Makadji , de Dapa Diallo directeur général du CRLD et du président de l’association malienne de lutte contre la drépanocytose . Le donateur a honoré sa promesse faite lors d’une précédente visite à  l’occasion de la célébration officielle de la journée mondiale de lutte contre la drépanocytose en 2012. Ces matériels sont composés de matériels de laboratoire et d’un système d’imagerie moderne. Ces matériels équiperont désormais le laboratoire de biologie moléculaire du centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose. Au total, le don a une valeur de 70 000 000 FCFA. Ce geste a été apprécié à  sa juste valeur par le ministre de la santé, Souman Makadji qui a saisi l’occasion pour faire passer trois messages. «Mon premier message va à  l’endroit d’un homme, Seydou Natoumé pour la promesse tenue. Qu’il en soit vivement remercié. Mon second message va au directeur du CRLD et toute son équipe pour, d’une part, les féliciter pour le travail accompli et d’autre part, les inviter à  redoubler d’efforts pour susciter encore plus d’espoir chez nos malade. En fin, le troisième est à  vous tous, ici présents et tout ce qui pourront nous entendre ou nous suivre à  travers les medias. Ce messager réitère mon invite du 14 juin 2013 pour le don de sang bénévole » lance –t-il. Pour sa part Napa Diallo directeur général du centre a manqué de mots pour remercier le donateur. « Merci pour votre engagement dans la lutte contre la drépanocytose. Je voudrais vous donner l’assurance de l’utilisation judicieuses de ce matériel», a–t-il déclaré. Il en est de même pour le président de l’association malienne de lutte contre la drépanocytose qui a infiniment a remercié le donateur. A rappeler que le centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose a pour vocation l’appui pour l’accès des drépanocytaires à  des soins spécifiques. Il intervient également pour le développement de programme de recherche, de formation d’information et d’éducation pour un changement favorable des comportement. En ce qui concerne TOGUNA Agro Industrie SA, il s’agit d’un groupe malien équipé d’un laboratoire de recherche sur les engrais.

Drépanocytose: Un héritage lourd à porter

Au Centre de Recherche et de Lutte contre la Drépanocytose(CRLD), sis sur la colline du Point G, on travaille d’arrache-pied pour venir en aide à  ceux qui sont atteints par cette maladie. La drépanocytose est une maladie génétique et héréditaire due à  une anomalie de l’hémoglobine qui entraine la déformation des globules rouges. La pathologie est très répandue et touche environ 100 millions dans le monde. Selon les statistiques nationales fournies par le département de la sante, la prévalence de la maladie dans la population est de 12 % dans notre pays. Le risque pour un couple porteur de trait drépanocytose de donner un enfant est estimé à  25% à  chaque grossesse. Découvrir la maladie avec cette vidéo Plus de 5000 naissances chaque année « Malheureusement cette maladie n’est connue pas par la population mais elle reste très fréquente au Mali. On peut enregistrer 5000 et 6000 naissances drépanocytaires par an au Mali » indique le Pr Dapa Diallo, le directeur général du CRLD. Ces enfants, surtout ceux qui ont la forme sévère de la maladie, n’atteignent pas l’âge adulte.La plupart mourra avant l’âge de 5 ans,dans de terribles souffrances. l’occasion de la célébration, le 19 juin dernier de la journée mondiale de lutte contre la drépanocytose était bonne pour présenter sa structure et informer la population. Depuis sa création, le CRLD prend en charge à  100% les drépanocytaires les plus démunis et à  40% pour les autres. De nombreuses actions ont été entreprises par le gouvernement malien, qui a reçu l’appui financier et technique de la Principauté de Monaco. « Notre pays a déployé des gros efforts dans la lutte contre la maladie. Dans le cas spécifique de la lutte contre la drépanocytose , l’engagement de l’Etat et l’accompagnement des partenaires ont permis de créer le centre de recherche de la lutte contre la drépanocytose » a expliqué ministre de la santé . La représentante de l’organisation mondiale de la santé(OMS) au Mali réaffirme son engagement à  appuyer le gouvernement du Mali dans ses efforts afin de trouver des solutions durables de lutte contre la drépanocytaire à  travers la recherche, la mobilisation des ressources. Cet engagement de la part du gouvernement a été salué par le président de l’association malienne de lutte contre la drépanocytose et beaucoup d’autres . « Je salue l’effort du gouvernement et ses partenaires pour la prise en charge des malades drépanocytaires » a salué Diadié Koureissi le président de l’association. Pour rappel, le CRLD a été créé en 2011 et couté plus de 700 millions de Francs.