Billet : croissant de lune ou croissant de boeuf ?

Aujourd’hui ou demain ? Bien malin le marabout ou l’exégète qui pourra le préciser. En tout cas, les marathoniens lessivés par une vie d’ascèse de près d’un mois, n’ont nullement envie de jouer les prolongations. En attendant le croissant lunaire, on voit déjà  un autre croissant qui fait foi: le croissant de bœuf, pardon les têtes de bœuf qui pavoisent dans les rues. Avec ce croissant là , pas besoin de scruter le ciel à  la recherche de la lune dont la vue en cette période hivernale est aléatoire. Pas besoin non plus d’être scotché à  son transistor à  des heures indues pour écouter le verdict de la Commission d’observation de lune. Il suffit simplement de regarder autour pour contempler les têtes qui augurent une arrivée imminente et encourageante. Or, à  ce stade de la compétition, aucun concurrent ne prend le risque de jouer compliqué au risque de craquer in extremis. On joue donc la carte de la simplicité et de la proximité, on s’intéresse aux objets sur terre qu’à  ceux du ciel. Et à  ce jeu, il y a mille chances chance de franchir la ligne d’arrivée aujourd’hui même. Hourra ! l’épée de Damoclès qui planait sur les pauvres bœufs vient de tomber avec les têtes. Le nom du vainqueur est connu d’avance : le croissant de vache suivi du croissant lunaire. Bonne fête de Ramadan à  tous et à  toutes !

Aux sources du jeûne musulman : la nuit du Destin

La Nuit du Destin Lors des dix derniers jours, les musulmans intensifient leur jeûne par la pratique du Zikr, ou récitation du Coran et cela dans le but de recueillir des bénédiictions divines. On dit que la Nuit du Destin ou « Layla Tul Qadr », durant laquelle le Coran a été révélé, est une nuit bénie entre milles. Les anges descendent au ciel le plus bas pour recueillir les prières des mortels et celui qui prie jusqu’à  l’aubre verra ses péchés pardonnés et ses voeux exaucés. Les fidèles veillent alors en prière et avec ferveur. Cette nuit se trouverait entre les dix dernières du Mois de Ramadan et particulièrement les nuits impaires. Généralement située à  la 27è nuit, l’heure est au recueillement et au pardon. Don de soi Instauré par le Coran et la Souna, le jeûne, élément central du Mois Saint, relève de l’exercice physique et mental pour ceux qui se livrent au rituel. Certaines personnes en sont exemptées telles que les enfants, les personnes âgées, les malades chroniques ou mentaux, les femmes enceintes, en période de menstruation ou d’allaitement, ou encore certains voyageurs. Le jeûne musulman comporte une dimension purificatrice et expiatoire symbolisée par l’acte de renoncer à  manger, à  boire, à  avoir des relations sexuelles de l’aube au coucher du soleil. Il relève aussi de l’ascèse spirituelle. Le Ramadan est en effet une période d’intense recueillement et d’adoration profonde d’Allah. Don à  Dieu Par la prière, le fidèle se plonge dans l’ascèse qui le purge de ses pêchés. Ces instants doivent le rapprocher de Dieu et des préceptes coraniques. Cinq fois par jour, le jeûneur (Soumbaka) rend gloire à  Dieu et à  son prophète Mahomet. Vers quatre heures du matin, la communauté des fidèles s’éveille pour la première coupure du jeûne. Elle sera accompagnée une heure plus tard d’un instant de recueillement, jusqu’à  6 heures du matin. Cette prière ouvre le bal des suivantes, scandant quotidiennement la vie du fidèle pendant un mois lunaire. « A 6 heures, tu te lèves deux fois, à  14 heures, tu te lèves quatre fois, à  16h, tu te lèves quatre fois, à  18h, tu te lèves deux fois, à  20h, quatre fois », explique Aboubacar. A 18h30, lorsque la nuit tombe, le jeûne est rompu jusqu’à  4 heures. Mais le partage spirituel se poursuit. Après 20 heures, durant la « Nafla », ou grande prière du soir, le fidèle s’inclinera dix-sept fois. Certains se retrouvent à  la mosquée pour l’accomplir et réciter des prières correspondant chacune à  un trentième du Livre. La lecture intégrale, individuelle ou collective du Coran se pratique donc tout au long du Mois Saint. Une façon de renouer avec les enseignements de l’Islam. Don et partage Les autres actions menées par les jeûneurs durant le Mois saint se font dans un esprit de don et de partage. Les opérations de charité menées par la communauté musulmane s’intensifient : distribution de repas par les femmes aux abords des mosquées, don de vivres et de denrées alimentaires (riz, sucre principalement). Le Ramadan est aussi l’occasion de faire des cadeaux à  la famille ou aux amis, d’offrir des vêtements ou des chaussures aux plus démunis. Le mois de jeûne permet donc aux musulmans du Mali de renouer avec autrui dans le respect de valeurs très fortes telles que l’entraide et la solidarité. En famille, la pratique consiste à  distribuer du sucre à  ses parents. On va ainsi de maison en maison avec un ou deux kilos de la précieuse denrée pour contenter les siens. On peut aussi donner de l’argent oou des fruits, apporter des repas lors de la coupure. C’est une forme de rapprochement et de partage entre membres d’une famille élargie.