Alghabass Ag Intalla : « Je ne suis pas un va-t-en-guerre »

Le 16 décembre dernier, Alghabass Ag Intalla, secrétaire général du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), accédait à la présidence de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Trois jours plus tard, il actait son leadership par un retrait unilatéral de la CMA du Comité de suivi de l’Accord (CSA), conditionnant le retour de son mouvement à la tenue d’une rencontre de haut niveau pour « sauver l’Accord ». Raison pour laquelle un deuxième CSA ministériel fut convoqué le vendredi 10 février, en présence des ministres des Affaires étrangères de l’Algérie, de la Mauritanie et du Niger. Cette rencontre a permis de mettre à plat de nombreux points de blocage et d’arriver à un consensus, remettant la mise en œuvre de l’Accord sur les rails. C’est en marge des travaux de cette rencontre du CSA, que le sulfureux nouvel homme fort de la CMA, qui se fait plutôt rare dans les médias, à accepter de s’exprimer, pour Journal du Mali, sur les sujets concernant le processus de paix et dont il fait aussi l’actualité. Interview.

La rencontre de haut niveau qui s’est tenue le 10 février marque le retour de la CMA dans les travaux du CSA et ses sous-comités. Considérez-vous que cette stratégie de la chaise vide était nécessaire pour faire bouger les lignes ?

Vous savez, on est dans un processus qui n’avance pas. Beaucoup d’amis nous ont conseillé de ne pas pratiquer la politique de la chaise vide. On l’a fait pour faire bouger les choses et obtenir un consensus, notamment entre les mouvements. Donc, notre abstention était un peu pour forcer ce dialogue qui n’aboutissait pas, malgré la pression de la communauté internationale. Il fallait que nous le fassions pour permettre à la mise en œuvre de l’Accord d’avancer.

Après cette rencontre du CSA, peut-on dire qu’il y a maintenant un retour de confiance entre les groupes armés et le gouvernement, contrairement aux négociations précédentes ?

Vous savez contrairement à ce qui se dit, nous ne nous sommes jamais focalisé sur Kidal. Notre problème c’est tout le Mali et en particulier la zone de l’Azawad. Ce qu’on a demandé durant la rébellion, on ne l’a pas demandé seulement pour le Nord mais pour tout le Mali. La preuve en est que la conférence d’entente nationale, c’est pour tout le Mali. Pour répondre à votre question, la confiance est quelque chose qui vient en travaillant ensemble. Pour la rencontre de haut niveau du CSA, on ne peut pas dire qu’il y ait eu une confiance totale et assumée, mais en posant des actions concrètes dans un travail en commun, cette confiance pourra s’instaurer avec le temps.

Le gouvernement devra décider qui sera le président du conseil régional de Kidal. Est-ce une façon pour la CMA de prouver sa bonne volonté à la partie gouvernementale ?

Bien sûr. Nous ne voulions pas, devant la communauté internationale, devant les membres du gouvernement et les différents autres mouvements, que l’on puisse dire que le blocage vient de notre côté.

La mise en place des autorités intérimaires et des patrouilles mixtes a débuté cette semaine et ira jusqu’à la fin février. Que pensez-vous de ce nouveau chronogramme?

Les populations de l’Azawad sont pro-mouvement ou pro-gouvernement. Elles ne refusent rien. C’est le gouvernement et nous qui sommes à même de dire si cela est possible ou si ce n’est pas possible. Mais sur place, les populations sont prêtes, donc ce chronogramme est possible à tenir.

 Les différentes parties ont souvent essayé d’inverser le calendrier de mise en œuvre de l’Accord. Qu’est-ce qui garantit que ce nouveau chronogramme sera respecté ?

On ne peut pas dire aujourd’hui qu’on a une garantie que l’on n’avait pas avant. Mais dans ce que l’on voit aujourd’hui, on peut dire que quelque chose a changé. Il y a un changement positif du côté du gouvernement vis-à-vis de notre position. Je vous rappelle que ce n’est pas à nous de faire des actes, c’est le gouvernement qui doit faire des actes. Nous on doit être seulement en accord avec les actes du gouvernement qui sont conformes à l’Accord.

Concrètement, comment vont se mettre en place les autorités intérimaires à Kidal ? Comment cela va-t-il se dérouler ?

Pour le moment, il y a un travail à faire avec les autres parties pour déterminer le chronogramme précis, parce que lors du dernier CSA, leur mise en place a été prévue entre le 13 et le 20 février. Mais ce n’est pas précis. On n’a pas dit Kidal c’est le 15 février par exemple. Normalement, ce jeudi tout doit être calé.

 Comment se fera le retour de la représentation de l’État et de ses services déconcentrés à Kidal ?

Dès que les autorités intérimaires seront installées, la représentation de l’État et les services déconcentrés suivront. Il n’y a aucune raison que cela traîne.

 La CMA a payé le plus lourd tribut lors de l’attentat contre le MOC à Gao. Avez-vous exigé de nouvelles garanties de sécurité pour vos combattants?

Vous savez, les combattants qui s’engagent savent qu’ils peuvent mourir au combat. Ce ne sont pas des chômeurs que nous envoyons pour toucher un salaire. Ce sont eux qui vont créer les conditions de sécurité là où ils seront déployés, ce n’est pas à nous de dire qu’on va les sécuriser. Ils vont prendre leur sécurité en charge. Les gens ont été surpris que des terroristes soient rentrés dans le camp du MOC. C’était malheureusement prévisible.

La vocation des patrouilles mixtes est d’abord de sécuriser les autorités intérimaires et les sites de cantonnement. Or, les combattants ne sont toujours pas cantonnés. Cela peut-il fonctionner ?

Dans la mise en œuvre de l’Accord, tant qu’on arrive à faire avancer les arrangements politiques et sécuritaires ensemble, on pourra aller de l’avant. Il faut éviter de vouloir ramener tout l’Accord à un problème de sécurité seulement. Il ne faut pas qu’on dise que tant qu’il n’y aura pas le MOC, on ne pourra absolument rien faire. Aujourd’hui le processus Désarmement Démobilisation Réinsertion (DDR) est très compliqué. Ce n’est pas évident de cantonner des gens dans une situation d’insécurité aussi élevée. Il y a 8 sites de cantonnement qui sont construits très loin des centres urbains pour la plupart. En réalité l’opérationnalisation du MOC est très complexe. Je crois que l’attentat de Gao nous oblige à revoir un peu toute la conception du MOC et à essayer de corriger les insuffisances liées à sa mise en œuvre.

Quel statut voyez-vous pour les combattants qui ont intégré les patrouilles mixtes dans le cadre du MOC ?

Le statut des combattants du MOC sera consigné dans un recueil de textes pris par le ministre de la Défense, de sorte que le combattant soit aligné sur son frère d’armes des FAMA en évitant toute forme de discrimination. À grade égal avec leurs frères d’armes des FAMA et ils seront considérés en phase préliminaire d’une intégration effective.

Les problèmes d’inclusivité des groupes armés comme la CPA, le CJA, le CMFPR2 et le MSA, bloquent la mise en œuvre de l’Accord. Où en sommes nous après cette réunion ?  Et pouvez-vous définir ce qu’est la CMA aujourd’hui, qui la compose ?

Je vais vous dire : ces groupes dit dissidents qui réclament de l’inclusivité, c’est un problème du gouvernement malien. C’est la mauvaise volonté du gouvernement malien qui a créé ces groupes là. C’est la sécurité d’État qui les a fait, c’est la sécurité d’État qui les a logés ici, c’est la sécurité d’État qui leur a donné l’ordre de mettre le désordre. Et ils pensaient nous faire chanter avec ces groupes là, mais ça va se retourner contre le gouvernement. Aujourd’hui, la CMA est composée d’un noyau dur, c’est à dire le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le HCUA et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), point.

Et le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) ?

Si vous démissionnez de la CMA, que vous partez rencontrer le GATIA ou bien la Plateforme ou bien le gouvernement, c’est que vous êtes de leur côté. Donc ce groupe ne fait pas partie de la CMA.

Comment entendez-vous résoudre ce problème d’inclusivité ?

Je suis sûr que si le gouvernement le veut, il va trouver une solution à tous ces mouvements. Et j’espère qu’il va gérer ce problème pour permettre au processus d’avancer.

Les divergences entre la Plateforme et la CMA sont-elles aujourd’hui normalisées ? Qu’en est-il avec le GATIA qui a un discours très va-t-en-guerre envers la CMA et notamment sur son retour à Kidal, par la force s’il le faut ?

Le GATIA a l’habitude de faire des discours très forts, pour les actions c’est autre chose. Je ne sais pas pourquoi il se sent obligé de faire ce type de publicité sur ses attitudes guerrières. Il n’y a rien à tirer de ce genre de comportement devant la communauté internationale. Avec la Plateforme, il n’y a pas de problèmes. Harouna Toureh, le secrétaire général de la Plateforme, est venu chez nous à Kidal la semaine dernière. Le vieux Ahmed Ould Sidi Mohamed, le secrétaire général du MAA pro-gouvernemental, est venu aussi chez nous à Kidal. Il voulait même rejoindre la CMA. On lui a dit qu’il y a des groupes pour garantir l’Accord, qu’il faut qu’il reste dans la Plateforme, que l’on va les soutenir et qu’ils nous soutiendrons, donc nous serons ensemble. Il y a un seul élément côté Plateforme avec qui les choses ne vont pas, c’est le GATIA.

 Doit-on craindre un retour au conflit entre GATIA et CMA ?

On craint toujours une escalade avec le GATIA, car s’ils croisent nos combattants ils vont automatiquement ouvrir le feu. En ce qui nous concerne, tout affrontement avec le GATIA n’est pas à l’ordre du jour.

On entend souvent dire que certaines forces ne souhaitent pas que le processus de paix réussisse. Quelles sont ces forces selon vous ?

Je pense que le GATIA fait partie de ces forces-là, parce que le GATIA existe pour causer des problèmes. S’il n’y a pas de problèmes le GATIA n’existe pas. L’armée malienne a mis le GATIA à sa place, elle lui a donné procuration. Ils ont des moyens, des voitures, des munitions, tout pour combattre les mouvements de la CMA. Tous les groupes que l’on dit extrémistes ne sont pas pour l’application de l’Accord. Ils préfèrent que les problèmes continuent.

La conférence d’entente nationale devrait se tenir en mars prochain. Encore un chronogramme très serré ?

Nous avons dit à toutes les occasions que la conférence d’entente nationale a pour objectif la réconciliation. Comment voulez-vous qu’on réconcilie des gens alors que des dizaines de milliers sont dans les camps de réfugiés. Les réfugiés doivent rentrer chez eux d’abord, qu’ils s’approprient les TDR de cette conférence et ensuite on pourra l’organiser avec les parties à l’Accord.

Beaucoup dans le Nord ne sont pas convaincus du bien fondé des accords. On entend encore parler d’autodétermination, de « Non au Mali ». Pensez-vous qu’il sera aisé d’y faire appliquer les mesures de l’Accord ?

Je pense que c’est au gouvernement de faire la sensibilisation sur l’Accord, de le faire accepter à tout le monde et de l’appliquer dans le sens des mouvements qui ont signé cet accord. Si on l’applique de façon unilatérale, ça ne peut pas répondre aux besoins de la population. Il est sûr qu’il y a toujours des gens ne seront pas contents de cet accord. Il ne faut pas oublier que c’est la communauté internationale qui nous a forcé la main pour accepter cet accord. Mais maintenant qu’on l’a signé, il suffit simplement de l’appliquer et tout le monde sera obligé de l’accepter.

Vous êtes l’actuel président de la CMA. Concrètement quels seront les changements que vous apporterez sous votre leadership ?

À mon arrivée à la présidence, je voulais faire de l’application de l’Accord issu du processus d’Alger ma priorité pour le bien-être de tous. Je voulais aussi prendre des mesures fortes pour unifier les Azawadiens. J’ai fait un acte fort en sortant la CMA du CSA peu de temps après mon arrivée. On dit que je suis va-t-en-guerre, mais moi je ne veux pas faire la guerre. Nous sensibilisons le gouvernement malien et les autres parties sur notre volonté à faire avancer le processus de paix.

Il y a au sein du HCUA, des éléments qui ont encore des liens forts avec Ansar Dine. N’est-il pas nécessaire de faire le ménage pour s’engager pleinement dans la mise en œuvre de l’Accord ? Pouvez-vous clarifier une fois pour toutes les relations que vous entretenez avec ce mouvement et son chef ?

Nous avons déjà répondu à cela. Nous l’avons aussi fait lors de la passation de pouvoir entre Bilal Ag Achérif et moi. On s’est retiré de l’accord pour faire respecter nos engagements. Cet engagement est aussi valable entre nous et Ansar Dine parce que nous étions chez Ansar Dine avant d’être au MIA puis au HCUA. Nous avons déclaré devant tous que nous avons quitté Ansar Dine. Si on voulait retourner à Ansar Dine, personne ne pourrait nous empêcher de les rejoindre, parce qu’ils sont là. Ce sont leurs actions radicales qui nous ont fait nous écarter d’eux. Je n’ai plus de contact ni avec Ansar Dine, ni avec son chef Iyad Ag Ghaly.

 

 

 

 

Accord de paix: le processus de nouveau sur les rails

La réunion de haut niveau du CSA ministériel s’est achevée avec une note d’espoir en faveur de la mise en œuvre de l’accord. Les trois parties, le gouvernement la CMA et la plateforme devant les ministres des affaires Étrangères de l’Algérie, Mauritanie et du Niger et la médiation internationale, ont en effet, renouvelé leur engagement pour une mise œuvre diligente et efficace de l’Accord. Un nouveau chronogramme a été établi.

En dépit de quelques constats liés au problème d’inclusivité dont les débats sont toujours en cours pour trouver une solution consensuelle, cette réunion de haut niveau qui constitue un nouveau tournant dans la politique d’instauration du dialogue direct entre les différentes parties, a offert au Comité de Suivi de l’Accord (CSA), un espace de partenariat avec les acteurs. Cette réunion, deuxième du genre, après celle du 18 janvier 2016 à Alger, avait pour objectif fondamental de faire revenir à la table des négociations les mouvements armés CMA et Plateforme, qui voulaient qu’un certain nombre de conditions soient réunies pour pleinement mettre en œuvre les accords

Le groupe de travail mis en place par le CSA aux parties maliennes (gouvernement, CMA et Plateforme), s’étaient concertés au préalable afin d’identifier les points de blocage à la mise en œuvre de l’accord de paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. Réunies du 7 au 10, les parties ont identifié 10 points essentiels autours desquels les échanges ont porté sur certaines recommandations. Il s’agit entre autres des questions des décrets relatifs à certaines commissions, notamment à l’application concertée et l’efficacité des décrets pris par le Président de la République en ce qui concerne la commission nationale de désarmement et le comité national de la réforme du secteur de sécurité (CNRSS), l’accélération de la procédure de nomination des membres des cellules du CNRSS conformément au décret y afférent.

En ce qui concerne la mise en place des autorités intérimaires, mesure phare de l’Accord, elles se mettront en place du 13 au 20 février et un consensus sur la gestion des cinq régions a été obtenu. Deux régions Gao et Tombouctou seront gérées respectivement par la plateforme et la CMA. Pour ce qui concerne Kidal, Taoudenit et Ménaka, le soin est laissé à l’État de désigner les présidents des conseils régionaux.

Les patrouilles mixtes, quant à elles, débuteront à Gao à partir du 20 février. Un cadre permanent de concertation sera établi entre les trois parties signataires pour statuer sur les questions d’intérêt national dont la conférence nationale d’entente et la réforme constitutionnelle. Par rapport à la gestion de Kidal, il a été convenu que le retour de l’État se fera concomitamment à la mise en place des autorités intérimaires. « A partir de maintenant tout le monde sera assis autour de la même table et poursuivra l’effort commun de mise en œuvre de l’Accord », assure Ahmed Boutache président du CSA.

18 mois après la signature solennelle de l’Accord de paix et de Réconciliation, émaillée d’incidents et accrochages meurtriers, place est de nouveau réservé au dialogue. C’est ce qui ressort des commentaires de l’ensemble des participants à cette rencontre de haut niveau. «Ce qui est très important, ec’est que cette rencontre a fait bouger les trois parties : gouvernement, CMA et Plateforme dans le sens du dialogue. On aurait pu depuis 18 mois commencer à dialoguer pour faire avancer l’Accord, ça n’a pas été fait, mais nous espérons maintenant avec la prise des décisions fermes et des engagements pris de part et d’autre que nous irons dans le sens du dialogue inter-partie pour avancer », explique Me Harouna Toureh, de la Plateforme. «Au regard des résultats obtenues de cette rencontre, nous sommes très optimistes pour une mise en œuvre de l’Accord. Mais pour ce faire, il faut que toutes les parties prennent leur responsabilité dans le sens du respect des engagements pris », conclu Bilal Ag Chérif de la CMA.

CSA, le dialogue et la confiance pour sortir de l’impasse

La rencontre de Haut niveau qui réunit les leaders politico-militaires des mouvements signataires de l’accord de paix, la médiation internationale pilotée par l’Algérie et la partie gouvernementale, a débuté ce matin à l’hôtel Amitié. Cette rencontre, réclamée par la CMA et préalable à son retour à la table des négociations, a pour but de parvenir à un consensus entre les parties pour avancer sur la mise en œuvre et l’application de l’accord d’Alger. Si certains points d’achoppements entre les mouvements armés semblent pouvoir se résoudre, le dialogue avec la partie gouvernementale et une certaine confiance, base qui a fait défaut durant ces 18 derniers mois, est plus que jamais à établir.

Au menu de ce Comité de Suivi de l’Accord (CSA) ministériel, la restauration d’un dialogue nécessaire entre les différentes parties maliennes pour sortir de l’impasse et rompre avec la lenteur et la confusion qui règnent dans la mise en œuvre de l’Accord depuis 18 mois.

Le CSA qui est le cadre de concertation de l’application des accords devra parvenir à recentrer les débats, les concertations, parvenir à des décisions concrètes, notamment sur la question de l’inclusivité, et sur la feuille de route à mener avec la partie gouvernementale. « On espère que ça va bien se passer car avec la partie gouvernementale il y a toujours une sorte de frilosité », explique ce cadre de la CMA. « Nous avons expliqué qu’il faut que les décisions soient collégiales pour ne pas perdre de temps et revenir sur ce qui a été fait ou dit. Cette rencontre de haut niveau est aussi un cadre où l’on va pouvoir discuter des malentendus et peut-être établir une confiance qui n’a jamais vraiment été là. Cette situation n’arrange personne en tout cas pas la CMA », poursuit-t-il.

Si la confiance et le dialogue, enjeu fort de ce CSA ministériel, sont au rendez-vous, de nombreux points devraient être en passe de se solutionner, notamment la mise en place des autorités intérimaires, qui devaient initialement être effective immédiatement après la signature de l’Accord. « il faut poser tous les jalons, la période intérimaire qui n’a pas débuté au lendemain de la signature des accords est à présent à redéfinir, elle ne devait pas dépasser les 18 mois et elle les dépasse aujourd’hui allègrement. On parle de mettre en place la Conférence d’entente nationale qui devait normalement couronner le tout. La simple logique des accords veut qu’on commence les étapes par le début pour qu’elles s’enchaînent », ajoute ce même cadre de la CMA

Le chronogramme annoncé à l’issue de la signature de l’accord d’Alger et qui a connu de nombreuses difficultés dans son application, a génèré une détérioration de la situation sécuritaire et des tensions entre les différentes parties, notamment concernant la possibilité du retour de l’État malien à Kidal, qui reste toujours aujourd’hui difficile. La CMA soutient que le gouvernement pourrait revenir à Kidal concomitamment à la mise en place des autorités intérimaires et du MOC avec les patrouilles mixtes, qui pourront sécuriser ce retour. Néanmoins des divergences de vues subsistent, sur le statut des ces patrouilles mixtes qui n’est toujours pas défini et leur indemnisation qui tarde à venir et qui freine une réelle opérationnalisation de cette disposition de l’Accord, selon la CMA.

Cette réunion de haut niveau, où les différentes parties devront dialoguer et se concerter pour avancer est condamnée aux résultats, à une issue positive, qui permettra une application tangible et rapidement visible de l’Accord d’Alger sur le terrain, car obtenir la paix demande des sacrifices, de sortir des clivages, elle ne peut pas être obtenue simplement par des affirmations, il faut ensemble prendre des engagements et les respecter.

CSA ministériel : un accord en vue entre la CMA et la Plateforme

Un pas vient d’être franchi dans la mise en œuvre l’Accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger. Les ennemis d’hier, CMA et la Plateforme, semblent enterrer la hache de guerre pour donner une chance au dialogue intergroupe.

Ce vendredi 10 février se tient à l’hôtel Amitié le Comité de Suivi de l’Accord (CSA) ministériel, en présence d’une délégation de la CMA conduite par les secrétaires généraux du MNLA, du HCUA et du MAA (Bilal Ag Achérif, Alghabass Ag Intalla et Ibrahim Ould Sidati), des représentants de la Plateforme et d’autres mouvements dissidents.

Il s’agit au cours de cette rencontre de haut niveau, de donner un coup d’accélérateur au processus de paix et de réconciliation au Mali en panne depuis quelques temps.

En tout cas l’espoir est permis. Le leader de la plateforme Me Harouna Toureh était à Kidal le 07 février dernier où il a échangé avec les leaders de la CMA. Cette visite visait à ramener les ex-rebelles dans le processus de paix, après que ces derniers aient suspendus leur participation aux travaux du comité de suivi de l’Accord. « Je suis venu voir mes frères de la CMA qui ont suspendu leur participation aux instances du CSA pour des raisons qui leur sont propres, mais que nous partageons. La CMA est un élément clé du processus, son absence pèse beaucoup sur la mise en œuvre de l’accord», explique Me Harouna Toureh.

Même si le déplacement de Me Toureh est considéré au sein de la Plateforme comme une initiative personnelle, il a été tout de même très apprécié au niveau de la CMA. «Cette visite a été vraiment positive parce que ces derniers temps, la Plateforme et la CMA se sont beaucoup concertées pour avoir une nouvelle vision politique et mettre en place un cadre de travail qui va faciliter la mise en œuvre de l’Accord », souligne un cadre de la CMA. « Au cours de cette rencontre, Me Harouna Toureh nous a réaffirmé que les propos de Fahad ne l’engage pas du tout et que s’il y a un différend entre GATIA et CMA, ça se réglera entre eux hors de la Plateforme », a-t-il ajouté. Malgré cette différence d’appréciation entre les responsables de la Plateforme, le secrétaire général du GATIA Fahad Ag Mahmoud a souligné une possible entente entre la CMA et la Plateforme au cours de cette réunion de haut niveau.