Samuel Sidibé : « La photographie n’est plus seulement un portrait »

La biennale de la photographie se tient, actuellement, à Bamako du 2 décembre au 31 janvier 2018. Le délégué général de cette manifestation, depuis 2009, Samuel Sidibé, s’est livré au Journal du Mali sur l’organisation technique de ces rencontres. 

Journal du Mali : Pouvez-vous nous dire en quoi consiste cette rencontre ? 

Samuel Sidibé : Les rencontres sont une plateforme qui permettent aux photographes africains du continent et de la diaspora de montrer leur travail. Vous savez, la photographie s’est développée vers une approche artistique. On est aujourd’hui dans une approche différente. Elle est une démarche artistique pour les photographes qui cherchent ainsi par la photographie exprimer leur vision du monde, leurs préoccupations. Depuis plusieurs années, en Afrique, on essaie de faire de la photographie un moyen d’expression artistique. La biennale, c’est offrir l’opportunité aux artistes africains, qu’on appelle plus simplement photographes, de montrer ce qu’ils savent faire. Je pense en ce sens que la biennale est aujourd’hui devenu quelque chose de vraiment important pour les photographes africains en terme de visibilité internationale.

Pourquoi organiser cette biennale au Mali ?

La biennale existe depuis 1994 et a toujours eu lieu au Mali. C’est un concours de circonstances. En 1992, l’idée de faire cette biennale a émergé en marge de l’exposition de Françoise Huguier à Bamako. Par un jeu de circonstances, le milieu international de la photographie re-découvrait à cette époque les illustres photographes maliens : Seydou Keita et Malick Sidibé. L’idée de faire cette grande rencontre de la photographie en Afrique est apparue à ce moment et Bamako était considéré comme l’espace naturel pour initier ces rencontres. 

Pouvez-vous nous parler de ce que cela représente ?

Les rencontres constituent un plan majeur pour le Mali, à l’international. Et le fait qu’il soit organisé au musée contribue à donner une plus grande visibilité au musée national tout d’abord. Traditionnellement, les musées s’intéressent au passé. Le fait de s’investir dans la création contemporaine et artistique permet au musée d’élargir son offre culturelle. En élargissant l’offre culturelle au public, on attire d’avantage de personnes, notamment les jeunes.

Qu’est ce que c’est que d’organiser cette rencontre internationale à Bamako ? 

Le point de départ, c’est d’abord pour nous de choisir un commissaire, capable de prendre la responsabilité scientifique et artistique du projet. Cette personne en la personne de Marie-Ann Yemsi pour cette édition nous a proposé une thématique qui est « Afrotopia » qui sera une sorte de réflexion sur les utopies africaines et sur comment l’Afrique peut à partir de ces propres valeurs, et de son potentiel s’interroger sur son avenir. A partir de cela, les photographes ont développé leur propre approche artistique. Nous avons reçu tout un ensemble de travaux de différentes natures qui montraient la façon dont les photographes réagissaient aux phénomènes divers dans la société tels que l’urbanisation, les questions politique et sociale, ou plus prosaïquement la relation entre les hommes.Après avoir rassemblé tout ce travail, on a mis en place un comité qui a sélectionné les propositions des photographes. Cette dernière sélection a permis de choisir 40 photographes qui seront à Bamako.

À quoi aura droit le public du 2 décembre au 31 janvier 2018 ?

Au musée national, il y aura une exposition panafricaine qui sera inaugurée dès le 2 décembre. Cette exposition fera l’objet d’une évaluation par un jury et des prix seront attribués à certains artistes dont le prix Seydou Keita financé à hauteur de 5000 euros par le ministère malien de la culture. Pour développer un nouveau public autour de la création artistique et permettre aux jeunes de développer une sensibilité artistique. 
Aussi du 2 au 5 décembre, a eu lieu la semaine professionnelle. Les rencontres sont certes une occasion parfaite pour rencontrer un lot important d’artistes. Toutefois, nous souhaitons que le travail artistique et celui intellectuel se rejoignent. Ainsi des intellectuels, des commissaires, des directeurs de musée, de galerie et tout un ensemble de gens des mondes de la culture de l’Afrique, de la France, de Brésil, de l’Espagne, de l’Angleterre seront présents pour organiser des débats, des masters class, des discussions autour de la photographie afin d’enrichir la biennale d’un débat intellectuel. Car, je le rappelle, la photographie est perçue, pour les photographes, comme un moyen d’expression. Les photographes réfléchissent sur les problèmes sociaux, et leur art est une forme d’écriture. Aujourd’hui, ce n’est pas seulement un clic de l’appareil. C’est toute une réflexion. La plupart des photographes tiennent un discours et veulent à travers leur photographie dire leur façon de penser le monde. On s’est demandé comment les photographes et les intellectuels peuvent se rencontrer pour partager leur vision sur la relation de la photographie avec le discours politique par exemple, ou la relation de la photographie avec les questions d’identité. 
Au musée du district, il y aura un regard de la photographie africaine des indépendances, particulièrement la joie de vivre illustrée par James Barnor. Il y aura ensuite une exposition à la galerie medina sur l’afro-futurisme, une réflexion sur l’Afrique future, et à l’institut français sur « La part de l’autre ». En marge, des montages-vidéos de la biennale seront projetés dans les espaces publics afin de toujours élargir le public. 

La rencontre des musiques africaines et européennes

L’évènement intitulé «  À la croisée des chemins », a initié une table ronde, à l’Institut Français de Bamako, le 22 novembre 2017, intitulée « L’impact des musiques d’Afrique en France et en Europe». Cette activité avait pour but d’expliquer la présence africaine en Europe et son impact par François Bensignor, journaliste, spécialiste de la musique et Keltoun Wallet Emastagh, musicienne, poète et peintre.

C’est dans les années 80, que les artistes africains ont commencé à s’installer en France à la recherche de producteurs. Des artistes comme Salif Keïta, Papa Wemba, Angelique Kidjo, Casera Evorio et plein d’autres ont impressionné le public européen, ils ont marqué l’histoire de la musique européenne. « C’est en ce moment, il y a une ouverture d’esprit de la part des Européens en faveur des musiques africaines », a affirmé François Bensignor, Journaliste, spécialiste de la musique.   .

La rencontre des cultures

Les artistes africains ont influencé la musique européenne avec leurs façons de faire la musique. « Les Européens ont vite compris, qu’ils peuvent améliorer et adapter cette musique à leur continent », a déclaré le spécialiste de la musique. Avec la rencontre des artistes chacun donne quelque chose à l’autre tout en gardant sa propre identité culturelle pour créer une nouvelle chose. Les artistes doivent connaître d’où ils viennent avant de rencontrer l’autre. « La collaboration entre les musiciens tels que Ballakè Sissoko et Jean-François Cigale, chacun garde son identité, chacun ajoute plus d’âme et plus de cœur possible pour donner une nouvelle création », a expliqué le journaliste. La musique, elle est universelle, les artistes s’inspirent les uns des autres, et avec les voyages les hommes ramènent avec eux des souvenirs. Le rap est aussi le fruit du métissage culturel « A travers les voyages, il y aura des échanges, les artistes prennent un peu de tous pour construire ou de créer une nouvelle musique », a exprimé Keltoun Wallet Emastagh, musicienne, poète et peintre.

La compréhension mutuelle

Avec ce nouveau système de vie, les hommes doivent renforcer ce dynamisme, qui est entrain de créer une nouvelle musique mondiale. Chaque fois, qu’il y a une rencontre culturelle, il y a un échange, et tout le monde sort enrichi. Personne ne doit perdre son identité. Les artistes ont le devoir d’éveiller la conscience des uns et des autres pour construire un monde dans la diversité. « Nous avons le devoir de chercher le meilleur de nous-mêmes au lieu de s’accuser mutuellement en tant que citoyen, nous devons donner le mieux de nous-mêmes », a souligné Keltoun Wallet. Le monde a évolué parce qu’il y a eu ces rencontres et ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes, donc, elles ne peuvent pas être négatives, a-t-elle conclut.

Jacques Coulibaly

À la croisée des chemins : la migration au sens positif

Du 17 au 25 Novembre, les chemins se croisent à Bamako, Kayes et Sikasso. A contrecourant, de l’actualité pernicieuse sur la migration, « A la croisée des chemins » souhaite montrer l’apport positif à la culture, sous toutes ses formes,  de la migration.

Ce vendredi débute le programme culturel « A la croisée des chemins », qui vise à montrer la contribution de la migration aux cultures française, allemande et malienne. A l’initiative du fonds culturel franco-allemand, rappelons-le deux pays qui ont réglé leurs différends d’antan en  favorisant le dialogue et la coopération culturelle, le débat d’idées sous forme de conférences thématiques, les manifestations culturelles et artistiques permettront de valoriser l’influence de la migration sur « les scènes culturelles et les pratiques artistiques ».

« On est en train de passer dans un autre monde. Le monde se dé-racialise » souligne Jean-Louis  Duvauroux, écrivain philosophe et l’un des conférenciers au programme, qui se qualifie d’afro-ascendant. Alors qu’encore samedi, un quotidien allemand a établit une liste de 33 293 migrants clandestins morts en essayant de rejoindre l’Europe entre 1993 et 2017, « A la croisée des chemins » consiste à relever les vertus du métissage dans le contexte malien. Qui dit flux migratoire, dit découverte de l’autre et de soi qui a pour conséquence la création d’une identité hybride et métissée. C’est ce métissage et ses conséquences positives sur la culture qui seront à l’honneur pendant toute une semaine dans trois différentes villes maliennes. Si bamako est la capitale du Mali, il est juste de rappeler que Kayes et Sikasso sont les villes d’où le plus grand nombre de migrants maliens entament leur voyage au périple, souvent de leurs vies. Les routes du Mali ont été vecteur de brassage et d’échanges de personnes, mais également des biens artistiques venant d’Europe ou du Mali. Ces routes, chemins empruntés tout au long du voyage est et a toujours été les lieux privilégiés d’échanges d’oeuvres culturels.

Le programme culturel s’adresse à un public le plus large possible et assez diversifié eu égard de la diversité culturelle et artistique des manifestations notamment le cinéma au grand air à Sikasso, la prestation musicale de Fatoumata Diawara, le défilé du célèbre Xuly Bêt, les débats d’idées au sein de l’université des Lettres et de Sciences humaines de Bamako.La double question que se pose les organisateurs, « comment la migration sert la culture, et comment la culture sert la migration » sera discuté, débattu, mis en évidence dans ses différents emblèmes culturels au Mali.

Wari Boyz : Premier album des plus Maliens des Togolais

 

Deux jeunes artistes togolais réunis par leur amour de la musique et leurs valeurs communes ont décidé de travailler ensemble. Tous deux vivants au Mali, Gnim et Laprex forment le duo « Wari Boyz » qui vient de sortir son premier album « De Lomé à Bamako ».

Des textes rythmés et percutants, une musique qui mélange les influences de leur pays d’origine et les mélodies aimées au fil des années, des chansons en français, bambara et dialectes togolais… Voici les couleurs de l’album de ce groupe, créé il y a de cela cinq ans. C’est lors d’un atelier de hip-hop organisé par le Centre Culturel Français du Togo que les deux jeunes gens se rencontrent en 2005. La vingtaine tous les deux, Gnim Dah et Edorh Hervé, connu sous le nom de Laprex, se découvrent les mêmes visions et décident de mettre en commun leurs talents. C’est au Mali, où ils vivent depuis 2012 que ce rêve se concrétisera. « Wari Boyz » nait et leur permet de se faire connaître sur les scènes underground de la capitale. Pourquoi ce nom ? Parce que « Wari Boyz rime avec notre idéologie. Nous sommes convaincus que nous pouvons tous réaliser des grandes choses, même si nous ne pas sommes riches financièrement » explique Laprex.

La musique ne les fait pas encore vivre. Laprex est comptable et Gnim est compositeur – arrangeur.  « Grâce à mes compétences dans le domaine, Wari Boyz s’autoproduit », se réjouit-il. « De Lomé à Bamako » est leur premier album, sur lequel on retrouve douze titres, Bara, Expérience, Africa Love, Ennemis, Papa n’est pas là … et trois bonus. Autant de chansons qui sont des morceaux de vie que les artistes racontent à deux voix à leur public. « L’objectif est de transmettre un message de prise de conscience pour une Afrique unie et prospère.  Nous appelons également les jeunes africains à redoubler d’efforts, à travailler davantage », explique Gnim.

Plusieurs collaborations enrichissent cette première production. On y entend les voix de Buba Maliba, Iba One, Weii Soldat, Black Ismo, Casha et de six autres artistes du milieu rap et hip-hop du Mali. Disponible sur internet depuis le 30 septembre dernier, « De Lomé à Bamako » sera bientôt entre les mains des amateurs.  « Nous rêvons de faire vibre le monde entier au rythme des musiques africaines » … C’est le moins qu’on leur souhaite.

 

L’esclavage moderne par Moussa Kalapo..

Après avoir été épris par le paradoxe d’un Institut français calme au cœur d’un Bamako bruyant, lorsqu’on entre dans le Patio de ce lieu de culture, on est ensuite très vite captivé par les photographies poétiques d’enfants travaillant difficilement sur différents chantiers. On ne peut s’empêcher alors de penser à la campagne « Enfances Volées » initié par Save the Children car ces enfants ont bel et bien leurs enfances volées.

 

Ce message est porté par Moussa Kalapo qui, à travers cette exposition, souhaite « susciter l’intérêt des maliens » sur une pratique qui « parait normal aux yeux de tous » affirme-t-il. Il dénonce à travers ses clichés le travail des enfants de 7 à 17 ans dans les foyers en tant que commerçants-ambulants ou sur des chantiers ou maçons ou mécaniciens. C’est ce travail qu’il esthétise par ces clichés avant de le qualifier « d’esclavage moderne ». Cette photographie malienne au Mali engagée et mobilisée est à l’honneur jusqu’au 27 Octobre dans ce lieu de culture. Cette exposition permet de mettre des visages, sur un problème de la société, qui de loin peuvent apparaitre abstraits.

Ce n’est pas la première fois que le changement social, la dénonciation a pu être initié par la photographie. Rappelons que dès les premières guerres du XXeme siècle, la nécessité d’envoyer des photographes de guerre a été indéniablement reconnu pour avertir et informer le public.

« J’ai commencé à poser des questions aux enfants que j’apercevais, désœuvrés en train de travailler si ardemment à leur âge déjà. Je voulais montrer leur frustration, leur mécontentement, exprimer leur ressenti et le mien », soutient Moussa Kalapo.

 

 

Institut français du Mali : Rentrée esthétique avec l’exposition Wohou – Wohou

 

 

L’Institut Français de Bamako a procédé au vernissage de sa première exposition d’art de la nouvelle saison, le lundi 2 octobre 2017 en fin d’après-midi. A l’honneur, les artistes plasticiens rebelles de Côte d’Ivoire des années 1970, le collectif Wohou – Wohou.

Les œuvres d’art de Wohou – Wohou font partie de la collection des arts contemporains du Musée national du Mali. C’est une collection rare, qui recèle des trésors du continent. L’exposition est la première pour de la saison 2017 – 2018 de l’Institut français. « L’IFM propose cette collection d’art durant tout le mois d’octobre. L’accès est gratuit pendant les heures d’ouverture de nos locaux », a déclaré à Journal du Mali Mme Corinne Micaelli – Mulholland, Directrice déléguée de l’IFM.

« Wohou -Wohou est un mouvement d’artistes plasticiens rebelles de Côte d’Ivoire né dans les années 1970. Ces plasticiens étaient à l’époque désœuvrés, parce qu’il avait la crise et qu’ils n’avaient pas de matériel. Ces rebelles avaient aussi envie de se renouveler et, du coup, ils ont créé ce mouvement. Ces créations sont essentiellement des objets de récupération, écorces d’arbres, tissus, sable, charbons Wohou – Wohou, en langue locale, veut dire m’importe quoi. Ils évoluaient dans la récupération pour faire des œuvres d’art, parce que pour eux l’art c’est toute la vie. Il est présent dans chaque étape de la vie humaine » expliquera la Directrice de l’IFM.

« Ils ont été dans la brousse et dans les rues pour voir et créer. Ils ont travaillé avec des objets et des matériels qui viennent de chez nous. Pour n’importe quelle forme d’art, si tu veux travailler, regarde autour de toi et développe », estime le professeur béninois Ludovic Fadairo, un artiste peintre sculpteur. « Je pense que l’on doit élargir un tout petit peu cette exposition, pour les visiteurs ou les observateurs, afin qu’ils soient plus nombreux et pour permettre à la jeunesse de voir le travail des ainés », souhaite Mamadou Camara, artiste peintre infographiste, professeur d’art au lycée Ba Aminata Diallo. « L’institut Français au Mali va également présenter au mois de novembre une exposition de photos pour commémorer pour le 31e anniversaire du décès du grand photographe Maurice Bechar », nous a appris la directrice de l’IFM en conclusion.

 

Création à Blon Ba : Ainsi naquit le « Hôron »

 

 

Le Nouveau Blon Ba ouvre officiellement ses portes ce samedi 30 septembre, avec un nouveau spectacle. En attendant d’être dévoilée au grand public, « Hôron », la dernière création d’Alioune Ifra Ndiaye, sera d’abord présentée aux professionnels. Une occasion de découvrir cette œuvre, qui se veut « politico-socio-artistique ».

« Quand on prend les programmes des états-majors politiques, on se rend compte que ce sont des projets de développement, des projets de gouvernement, mais pas des projets de société. Ce n’est pas étonnant que nous n’ayons pas d’identité ». C’est de ce constat qu’est né le nouveau projet de l’entrepreneur culturel Alioune Ifra Ndiaye, qui le présentera en filage professionnel ce samedi 30 septembre au Blon Ba.  « J’ai donc réfléchi à quel type de Malien nous pourrions rêver. Je l’ai théorisé et appelé le « Hôron », en opposition avec le Banyengo, dont je parle dans un de mes livres. L’objet culturel qui est sorti de cela est ce spectacle, que nous allons bientôt livrer au public », poursuit-il.

« Hôron », spectacle vivant d’une durée d’une heure et vingt minutes, est donc un manifeste, un outil pour faire passer un message aux Maliens. Sur scène, des chanteurs, des danseurs, des musiciens, qui déploient un art à travers lequel le spectateur (re)découvre le contenu de ce qui est devenu un concept qu’il doit se réapproprier : le Hôronya. « Ce concept n’est plus le même qu’au temps de nos parents. Il a évolué. Nous devons trouver notre Hôron moderne ». Ce dernier, à l’heure de la mondialisation, du tout mercantile et des nouvelles technologies, « a les moyens de rester lui-même, avec ses valeurs humaines et sociales, tout en profitant des avancées de son temps ».

« Hôron », c’est aussi une deuxième partie de spectacle sous forme d’animation interactive, avec des supports comme la vidéo. Celle-ci a pour objectif principal de susciter l’échange avec le public. « Car, au final, tout ceci fait partie d’un projet plus vaste. Notre objectif est de pousser les gens à s’engager. Nous allons aller vers eux pour obtenir leur adhésion à ce concept et obtenir qu’un million de Maliens, de Hôronw, s’engagent pour le Mali », continue Alioune Ifra Ndiaye.

Le 30 septembre sera également l’occasion pour le public invité de découvrir le « Nouveau Blon Ba ». L’espace culturel, sis à Baco Djicoroni, en Commune 5 du District de Bamako, est en effet fin prêt pour faire vivre l’art dans tous ses compartiments et sous toutes ses formes.

« Nuit du Mali » à Paris : Bercy pour un spectacle inédit

Le Mali sera sous les feux des projecteurs le 23 septembre 2017, le lendemain de la fête nationale, à l’occasion d’un concert inédit organisé à Paris par le Franco-malien Dawala. Plus de 25 artistes maliens et du continent de renom se produiront dans la plus grande salle de France. Une grande première.

Sous le label Wati B, l’AccorHotels Arena de Bercy, qui compte 20 000 places, brillera de mille feux ce 23 septembre 2017 à partir de 18 heures. A l’initiative de Dawala, un jeune franco-malien producteur et homme d’affaires, des célébrités de la musique malienne auront l’occasion pour la première fois de se produire à Bercy pour un évènement unique : « La nuit du Mali ».

Un rêve qui est sur le point de se concrétiser pour celui dont l’engagement pour son pays et l’Afrique est remarquable. Pendant environs 5 heures,  les artistes maliens et du continent invités pour l’occasion émerveilleront les spectateurs à travers des sonorités et des chansons mélodieuses. Des ténors comme Salif Keita, Babani Koné, Sékouba Bambino, Cheick Tidiane Seck , Vieux Farka Touré, Khaira Arby, Djénéba Seck, Mokobé … et des jeunes de talent comme Penzy, Sidiki Diabaté, Still Fresh,  Mobjack ou Weei Soldat se succéderont sur scène dans une ambiance qui s’annonce d’ores et déjà électrique. L’événement a pour objectif de célébrer en musique les 57 ans de l’indépendance de la République du Mali, en rassemblant toute la diaspora dans le lieu prestigieux qu’est l’AccorHôtels Arena. Selon Abdoulaye Keita, l’une des chevilles ouvrières à Bamako de l’organisation, « la Nuit du Mali » permettra « de promouvoir la culture malienne et de donner l’occasion à de jeunes artistes maliens qui n’ont pas encore eu la chance d’aller jouer en Europe de se produire à Bercy ». Il s’agit aussi à travers cette panoplie d’artistes et de rappeurs de  faire rayonner à l’extérieur la culture du pays, durement affectée par la crise. Un rendez-vous et un mélange générationnel que le créateur de Wati B, leader du groupe Sexion d’Assaut, entend mettre à profit pour  réunir toutes les communautés africaines, en invitant aussi des artistes d’envergure du continent comme Wally Seck. « La nuit du Mali »,  au-delà de son caractère hautement festif, sera aussi une soirée de la solidarité. « Une partie des bénéfices sera dédiée aux dotations d’un grand jeu concours afin de sensibiliser les populations malienne sur les questions environnementales » affirme Abdoulaye Keita.

 

 

Mariam Maiga : L’art sans tabous

Elle s’appelle Mariam Ibrahim Maiga. C’est une artiste plasticienne formée au Conservatoire des arts multimédias (CAMM) Balla Fasséké Kouyaté. Toute jeune, elle fut attirée par l’art. Elle a déjà fait deux expositions de ses œuvres et en a une troisième en vue. Nudité, maternité et viol sont les thèmes qu’elle évoque sans tabous.

Habitant à Bamako, mais née à Gao, Mme Traoré Mariam I. Maiga a été captivée par l’art du dessin dès sa tendre enfance. Pas étonnant qu’elle soit sortie du CAMM avec un diplôme supérieur en arts plastiques. Elle n’arrive pas à expliquer comment elle tomba amoureuse de ce métier. « Moi-même, je ne sais pas comment. En deuxième année fondamentale, je dessinais déjà » se souvient-elle. Peut-être que la peur d’être frappée a aiguisé sa plume à dessin. « Je dessinais en classe parce que j’avais peur de me faire frapper par certaines personnes. Ces gens-là ont participé à ma formation », reconnait-elle en souriant. Sa sensibilité aussi a impacté son choix de s’exprimer par la peinture, en adepte de l’acrylique sur toile et du collage. Ses toiles sont peintes en noir, sa couleur de préférence, et rouge. «Je travaille surtout avec le noir. J’ai même essayé de travailler du noir sur le noir, mais je n’arrivais pas à faire voir ce que je voulais faire ». Elle a organisé en 2014 sa première exposition collective dans son atelier, « Tim’ Arts », à Baco Djicoroni Aci. Sa troisième exposition personnelle sera axée sur le viol. Depuis la crise de 2012, elle se souvient encore de ces femmes violées. « Il y avait deux petites filles qui ont été violées, puis évacuées ici. L’une avait douze ans et l’autre neuf. La plus petite n’a pas survécu. Elle est décédée », nous confie Mariam. La jeune artiste envisage de travailler sur tous les viols qui se commettent en silence, « Les viols des crises, les viols dans les familles, sur des petites filles, souvent par leurs oncles ou cousins, que les familles cachent, il faut en parler ».  Avec son mari, elle nourrit un projet de centre culturel, « Shiif’Art » (vestibule de l’art), pour l’exposition et la réception d’artistes du monde entier. Son objectif est de faire connaitre l’art. « C’est moi qui fais vivre l’art, l’art ne me fait pas vivre ». Selon elle, le choix du ministre de la culture doit tenir compte de sa vision. « Il faut être fou pour pouvoir gérer les artistes. Je parle de la vision : un fou voit différemment les choses ».

La pauvritude

Elle n’est pas une pensée philosophique.

La pauvritude n’est pas un courant littéraire.

La pauvritude est un constat, le constat d’une attitude, d’un comportement.

Frappé dans son esprit par les colonisations, arabe et occidentale, l’Homme africain au sud du Sahara a perdu conscience de lui-même. N’ayant plus confiance en son savoir-être et son savoir-faire avant le contact avec l’envahisseur, il s’est enrichi de la culture du maître pour devenir pauvre de sa propre culture.

Au Mali, la pauvritude est une brume opaque qui couvre tous les aspects de la vie jusqu’à nous faire perdre le comment dénommer les jours du bout de bois : Dogo-kun, le grand jour du marché, la fête foraine ou foire hebdomadaire.

Le Mali est un pays de culture disent les intellectuels qui, malheureusement, sont les pires freins au rayonnement culturel du pays parce que ce qui se dit et se fait au nom du plus grand nombre est exprimé dans une langue inaccessible à tous.

La culture est cependant politique et économique. En définissant la politique comme l’expression de l’économie d’un pays, il faut noter que l’économie se conçoit à partir d’une culture donnée. C’est la mise en œuvre d’une certaine idéologie. Ainsi, la colonisation est-elle la traduction d’une vision donnée du monde d’un peuple. C’est pourquoi elle a imposé une nouvelle culture aux nouveaux États afin de pouvoir asseoir un modèle économique et social nouveau ne répondant aucunement à la culture des sociétés concernées. Une culture artificielle étant à la base des économies des pays en développement, l’échec des politiques africaines en est la conséquence finale. Le toit d’une case ne saurait couvrir une autre case pour laquelle il n’a pas été construit.

Au Mali, la culture s’exprime dans l’esprit de nos « intellectuels » par le « Don ni tekere », le folklore. Afin de promouvoir la culture dans ce pays où on confond aisément la culture arabe avec la religion qu’est l’islam, il faut en premier lieu travailler à la reconversion des mentalités, la prise de conscience des valeurs traditionnelles maliennes dans les différents domaines de la vie. Il s’agit de joindre le moderne au traditionnel. Il apparait incontournable de militer également pour l’allocation d’un budget conséquent au département de la culture. Pour compléter le tableau : la mise en valeur des différents lieux de mémoire du Sud et du Centre afin d’en faire des destinations touristiques, la nomination de vrais conseillers culturels dans les représentations diplomatiques du Mali aux fins d’organiser des activités autour de la culture malienne : cinéma, théâtre, art culinaire, parure, mariage, etc. ; et enfin la règlementation de la pléthore de festivals à travers le pays, dont la plupart ne sont porteurs d’aucun projet de développement économique pour la localité qui les abrite.

Ces cinq travaux d’hercule pourront contribuer, je l’espère, au rayonnement culturel du Mali pour son développement économique.

 

Blonba: le nouvel espace inauguré

Le  jeudi 29 décembre s’est déroulée la cérémonie d’inauguration du nouveau Blonba  de l’opérateur culturel malien  Alioune Ifra Ndiaye  à Bacodjicoroni, elle  s’est déroulé en présence de plusieurs personnalités notamment du monde de la culture et des membres du gouvernement.

Le monde de la culture malienne s’est retrouvé ce jeudi 29 décembre à Bacodji-Coroni pour la cérémonie d’inauguration du nouveau Blonba. Situé non loin du marché et construit sur presque 1 hectare, le nouvel espace est  constitué d’une salle de théâtre, une salle de spectacle et d’espaces pour les cérémonies. Le site peut accueillir plusieurs manifestations simultanément et met à la disposition des artistes des espaces de répétitions, des lieux de diffusion. Il s’agit du second investissement de ce type pour l’opérateur culturel Alioune Ifra Ndiaye qui a « investi ses économies et contracté des dettes pour financer la renaissance » de l’espace qui avait fait les belles heures de la culture malienne.

Selon le promoteur, il s’agit d’ « un apport pour la culture malienne », salué par le ministre en charge de ce secteur N’diaye Ramatoulaye, présente à la cérémonie en compagnie de son homologue du travail et de la formation professionnel Mahamane Baby. Ce dernier a félicité l’initiative pour les emplois qui y seront créés. Alioune Ifra Ndiaye a profité de l’occasion pour lancer « un vibrant appel aux autorités maliennes qu’on nous protège, qu’on nous aide à évoluer, qu’on fasse de sorte que nous puissions enfin proposer un vrai service culturel moderne ».

 

 

Culture: Ils nous ont quitté en 2016

L’année qui s’achève emporte avec elle plusieurs illustres représentants du monde de la culture. 

Teneman Sanogo

Une onde de choc. C’est ce que la mort de Teneman Sanogo mieux connu sous le nom « Lassidan » a provoqué. Décédé le dimanche 4 décembre, à 53 ans des suites du diabète, le comédien aux multiples talents étaient de tous les spots publicitaires.Il jouait très souvent la voix de la raison depuis près de 20 ans. Il fut élevé au grade d’officier de l’ordre national à titre posthume par le chef de l’Etat.

Kadia Lelé

Le 18 septembre, la cantatrice dogon Kadia Lelé tirait sa révérence dans la fleur de l’âge. A 43 ans, la chanteuse lâchait son dernier soupir après un malaise survenu au Cameroun.

Malick Sidibé

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En avril, le pays perdait l’une de ces vitrines. Le photographe Malick Sidibé âgé de 80 ans s’éteignait dans la capitale. Surnommé « l’œil de Bamako » il était l’un des plus grands artistes que le pays ait connu. Immortalisant la classe populaire malienne, il a été le premier africain à recevoir le prestigieux prix international Hasselblad qui récompense chaque année les photographes ayant effectué un travail remarquable.

Michel Galabru

Le principal acolyte du légendaire Louis de Funès, a paisiblement passé l’arme à gauche durant son sommeil le 2 janvier. Âgé de 93 ans, le comédien était surtout connu pour son rôle de l’adjugeant Gerber de films les gendarmes. « Il nous a fait rire pendant près de trois décennies, c’est un immense talent qui vient de s’en allé » témoignait le président de France, François Hollande.

David Bowie

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La première grande star à s’en allé en 2016 fut David Bowie. Le 10 janvier, c’est avec effroi que des millions de fans du fantasque chanteur apprennent la nouvelle de sa mort. Artiste controversé par ses excès notamment par le biais de son alter ego Ziggy Stardust il décède d’un cancer du foie à 68 ans deux jours seulement après la sortie de son nouvel album.

René Angeli

Son nom est indissociable de celui de sa femme Céline Dion. Il restera dans l’histoire comme celui qui aura découvert et encadré la talentueuse chanteuse québécoise.  Il décède le 14 janvier à 78 ans. Les autorités québécoises lui rendent hommage en organisant des funérailles nationales.

Alan Rickman

Les amateurs d’Harry Potter le pleurent encore. L’interprète de l’énigmatique professeur Severus Rogue a succombé à un cancer du pancréas à 69 ans.L’acteur britannique était considéré comme l’un des meilleurs de sa génération. « C’est nouvelle qui me laisse sans voix, j’ai crée le personnage certes mais c’est lui qui lui a donné vie » s’émouvait J.K. Rowling, l’auteure des aventures du petit sorcier.

Glenn Frey

Le mythique guitariste et fondateur du groupe Eagles s’est éteint le 18 janvier. Propulsé au rang de star après la sortie de leur album ‘’Hotel California’’ en 1976, Frey est mort à 67 ans des suites d’une pneumonie.

Papa Wemba

wemba

Le roi de ‘’rumba congolaise ‘’  est mort sur scène le 24 avril lors du festival d’Anoumanbo à Abidjan. Le chanteur congolais véritable icone en Afrique avait 66 ans.« La fête est gâché, le grand frère nous a quittés mais nous devons continuer à avancer je crois que c’est ce qu’il aurait voulu » a précisé Asalfo, chanteur du groupe Magic System.

Prince

Le 21 avril, le chanteur Pop Prince est retrouvé mort dans un des ascenseurs de sa propriété. Le chanteur est mort à 57 ans d’un arrêt cardiaque provoqué par une overdose de médicaments. Artistes aux multiples talents, son décès a suscité d’énormes émois dans le monde.

Georges Michael

L’ironie du sort a voulu que le célèbre chanteur britannique meure un 25 décembre. Lui qui avait composé la chanson « Last Christmas » en 1984, a passé les derniers moments de sa vie un jour de Noel. Starisé au sein du duo Wham, il avait par la suite mené une brillante carrière solo, ses ventes d’album sont estimées à près de 100 millions de disques dans le monde.

Carrie Fischer

Alors que la saga Star Wars s’offre une seconde jeunesse, les fans de la saga intergalactique pleurent leur princesse Leia. L’actrice est décédée hier des suites d’une attaque cardiaque à 60 ans. Elle venait de terminer le tournage du huitième volet de la saga, attendu pour décembre 2017.

 

 

 

 

Culturellement vôtre… 2017

L’année 2017 s’annonce riche en évènements culturels. De la Biennale artistique, en passant par la sortie du 1er film de science-fiction made in Mali, ou encore la Biennale de la photographie de Bamako, les amateurs ont de quoi remplir leur agenda.

Plusieurs fois reportée, déplacée de Mopti à Bamako, avec la dénomination de Biennale spéciale, le grand rendez-vous de la culture malienne est désormais fixé à la deuxième quinzaine de mars 2017. Après l’édition de 2010 qui s’est déroulée à Sikasso, il a été convenu que celle de 2012 serait à Mopti, puis finalement reportée. « La biennale devrait marquer le retour de la paix et de la réconciliation nationale. Avec la formalisation des deux régions du Nord, Taoudéni et Ménaka, il fallait leur laisser le temps de s’organiser pour l’évènement. La deuxième cause est la demande de participation des Maliens de la diaspora et celle de l’Association des handicapés. Enfin, la date décidée pour l’évènement était à moins d’un mois des élections communales. Il fallait laisser le temps aux nouveaux maires de se préparer », explique Yacouba Kébé, chargé de communication au ministère de la Culture, revenant sur les raisons des différents reports. La commission de mise en place de la biennale assure être prête techniquement et artistiquement afin de mettre sur pied cet évènement majeur pour le Mali. Avec le concours de plusieurs associations de jeunes, le Gouvernorat, la Mairie du District, Orange Mali en sponsor officiel ainsi que beaucoup d’autres, le ministère de la Culture promet de nombreuses surprises au public.

Du cinéma 2017 sera également marquée par le retour du Mali sur la scène cinématographique africaine. Alors que les séries télé avaient pris le pas sur les longs métrages, le réalisateur Toumani Sangaré invite le public à découvrir dans les prochaines semaines, « Nogochi », 1er film de science-fiction malien. Avec pour ambition d’être présent au prochain Festival de Cannes, le film raconte l’histoire d’un guerrier qui lutte pour protéger le patrimoine de son village de colons en 1880, quelque part entre le Mali et le Sénégal. Le film, tourné à Baguinéda et Siby en un temps record de 27 jours, a vu son équipe remballer les cartons le 25 novembre, marquant la fin du tournage. « Nogochi », qui signifnie la race humaine en bambara, a vu le jour grâce à l’aide de plusieurs partenaires, du Centre national de la cinématographie (CNCM) et l’appui technique du ministère de la Culture. Diffusé en avant-première entre avril et mai 2017, la sortie grand public, elle, n’est prévue que pour  septembre 2017. Le film « rentre dans la promotion du cinéma malien, et nous fondons beaucoup d’espoirs dessus », explique-t-on au ministère de la Culture.

Le BlonBa de retour Les entrepreneurs culturels maliens promettent de faire de 2017 une année riche en concerts et spectacles. La finition prochaine du nouveau BlonBa de Alioune Ifra Ndiaye suscite d’ores et déjà l’enthousiasme des acteurs du secteur, cet espace au design novateur devant offrir un cadre abritant différents types d’évènements culturels.

De la photo Pour clôturer l’année en beauté, Bamako devrait accueillir la 11e Biennale de la Photographie. Mais en avant-goût de ce rendez-vous, le Sommet Afrique-France qui se déroulera du 13 au 14 janvier sera l’occasion de présenter les meilleures œuvres de la Biennale précédente. « Les images seront visibles sur les grands axes, tels que le boulevard et le Monument de l’indépendance, l’Institut Français ou à la descente du 2epont », explique M. Kébé. Le plus gros challenge est de monter l’exposition en totalité une semaine avant le début du Sommet Afrique-France. Regroupant plus d’une dizaine de photographes, les œuvres illustrent la vie des générations passées et actuelles vaquant à leurs plus simples occupations. Une exposition qui méritera le coup d’œil.

 

Culture: La sagesse numérisée

La fréquentation des musées et des spectacles ainsi que les ventes de disques, sont désormais rendus possibles via Internet. Il existe aujourd’hui de nombreux outils pour rendre la culture accessible, mais aussi la préserver à travers la numérisation de ses trésors. Dans cette démarche, plusieurs initiatives méritent le détour. Ainsi, l’on peut par exemple consulter en ligne des feuillets des manuscrits millénaires de Tombouctou, grâce au travail titanesque de numérisation effectué par l’ONG Savama-DCI. Au stade des projets avant-gardistes, on peut souligner celui de Boukary Konaté, « Quand le village se réveille ». Lancée en 2014, l’idée de ce professeur de français et de bambara consiste à aller dans les villages pour collecter la parole des sages, les rites et les traditions pour ensuite les diffuser à travers des images, du son et des vidéos en se servant du web. Le projet a pris de l’ampleur à travers l’application smartphone « Culture Mali », disponible sur IoS et Androïd. « Nous avons commencé avec zéro franc », indique Konaté. Il travaille aujourd’hui avec une équipe d’une dizaine de personnes qui parcourt le pays. L’objectif final, explique-t-il, est la création d’une entreprise numérique « pour la mise en place d’une base de données culturelles pour les futures générations qui s’intéressent plus aux outils numériques qu’à l’apprentissage auprès des sages ». Une exposition-vente virtuelle à destination des touristes est prévue prochainement.

PEN-Mali : Comment refonder la paix et la cohésion sociale en Afrique à partir des concepts de droits humains ?

Du 19 au 21 septembre, en prélude au colloque international des écrivains, journalistes et communicateurs traditionnels, aura lieu un atelier préparatoire qui réunira hommes de cultures et écrivains autour des thématiques tels que les chartes sociales précoloniales, la gouvernance démocratique et l’extrémisme violent.

Dans le cadre du colloque international des écrivains, journalistes et communicateurs traditionnels, un atelier préparatoire aura lieu du 19 au 21 septembre, au Centre Djoliba, à Bamako. Organisé par le centre PEN-Mali et le mouvement Malivaleurs, et placé sous la haute présidence du Président Ibrahim Boubacar Keïta, l’atelier réunira, pendant trois jours, hommes de culture et écrivains autour du thème « Regard croisés entre Chartes sociales précoloniales (Kurukanfuga/Dina du Macina) et constitutions. Des énoncés précoloniaux en matière de droits et de libertés ? ». Outre qu’il y aura deux cafés littéraires sur les femmes écrivaines du Mali et les écrivains de Tombouctou.

Concepts de droits et liberté (liberté d’opinion/droits humains), la Charte de Kurukanfuga, la Dina, contributions sur d’autres chartes de référence, sont entre autres, des sujets qui seront discutés, au cours des panels. Les ateliers porteront sur les enjeux de ces concepts de droits humains pour les nouvelles générations, et le rôle des journalistes, écrivain et communicateurs traditionnels dans la lutte contre l’extrémisme violent et les dérives anti-démocratiques de la gouvernance.

L’atelier se tiendra en prélude au colloque qui se tiendra du 25 au 28 octobre sur le thème « La montée des intégrismes comme menace pour les droits et les libertés. » Pour mémoire, la première édition du colloque, à laquelle ont pris part des écrivains venant de plusieurs pays, a eu lieu du 28 au 30 septembre 2015. « Notre programmation 2016 vise à consolider les acquis et à nous pencher sur la question de l’extrémisme violent comme menace grave pour les droits et les libertés. », explique l’écrivain et éditeur, Ismaïla Samba Traoré, président de PEN-Mali. Auparavant, fin août, un séminaire  à Tombouctou a permis à des écrivains francophones et arabisants de débattre sur les thématiques du colloque et de l’atelier préparatoire.