Centre du Mali : un cessez-le-feu qui divise

Le mouvement dogon d’auto-défense des chasseurs du groupe  « Dan Na Amba Sagou »  a signé lundi 2 juillet 2018 à Mopti, un engagement unilatéral en faveur d’un cessez-le feu au centre du Mali, dans les cercles de Koro, Bankass, Bandiagara et Douentza. Sauf qu’une partie de l’Etat major du mouvement ne reconnait pas l’engagement, au point où une dissidence s’est créée.

Dans le document signé, il est stipulé que « ce cessez-le-feu unilatéral est convenu afin de démontrer la bonne foi du bureau politique, de l’état-major et des coordinations des  chasseurs à entamer des négociations avec la communauté Peule par l’intermédiaire du médiateur HD en vue de la signature d’un accord de paix entre Dogon et Peul ». C’est le fruit d’un mandat  qui a été confié au Centre HD (Humaritarian Dialogue) par le Premier Ministre en mars dernier dans le cadre d’une ouverture  d’un dialogue non seulement entre les communautés mais aussi entre l’Etat et les groupes armés du Mali afin d’aboutir à des ententes.

Même si différentes sommités du mouvement d’auto-défense « Dan Na Amba sagou » ont apposé leur signature en faveur de ce cessez-le-feu, en présence d’autres autorités témoins, en l’occurrence  deux représentants des collectivités et chefs de villages, certains voix au niveau de l’état-major ne reconnaissent pas l’engagement. « L’essentiel, c’est la majorité qui décide dans un groupe. Ce que l’ensemble dit, c’est cela qui fonctionne. Il ya des politiciens qui nous ont infiltré pour faire une récupération politique mais ils ne pourront pas parce que nous avons pris des dispositions », martèle David Timbine, Président du bureau Politique de « Dan Na Amba Sagou, lui-même qui aurait été déchu quelques semaines avant cette signature. Interrogé sur la situation au niveau de la tête de la coordination à ce jour, sa réponse est claire. « Rien a changé, c’est toujours moi » rassure t-il. A l’en croire il n’ya qu’un seul homme derrière cette tentative de déstabilisation mais il ne ferait pas le poids parce que en réalité il n’a même pas la carte de membre du mouvement.

L’homme politique en question, à la tête de la dissidence n’est autre que Youssouf Toloba, qui a été démis de la coordination militaire du mouvement. « C’est lui qui ne reconnait pas l’accord et qui a mené des hostilités au lendemain de la signature du cessez-le feu » révèle Abdel Kader Sidibé, Chef de mission au Niveau du Centre HD. Selon lui cet engagement de cessez-le feu reste entièrement valable. «  C’est une faction qui ne reconnait pas l’accord. Mais juste après sa signature le lendemain, il y a une réunion de l’ensemble des chasseurs du pays dogon à Koro convoqué par le chef des chasseurs ». A en croire Abdel Kader Sidibé, Youssouf Toloba n’adhère pas à l’accord pour des raisons d’intérêts et de leadership  qui ne l’avantageraient pas si le conflit prenaient fin, ce qui s’oppose catégoriquement au souhait de la majorité des chasseurs qui, en réalité en ont  marre des affrontements. « Les communautés dogons qui adhèrent à Dan Na Amba Sagou nous ont dit que ce conflit les empêchait de faire la culture, les oppose à leur frères et qu’il faudrait y mettre fin. » indique le chef de mission HD.

C’est le même son de cloche au niveau de l’Etat major de « Dan Na Amba Sagou » où la fin du conflit passe en priorité.  « Nous reconnaissons la signature de cet accord, nous souhaitons la fin des conflits et nous allons laisser les armes du moment où les Peuls aussi le feront » assure Amadaga Niangaly, chef d’état major du mouvement. Il  promet que dorénavant les informations seront régulièrement transmises aux supérieurs sur l’évolution de la situation sécuritaire afin  que les mesures idoines soient prises. Comme un signe de son total engagement dans ce cessez-le-feu, il met en avant le retour au calme. « Notre souhait hardant, c’est la paix. Rien ne la vaut. Personne ne gagne dans un conflit, nous y sommes tous des perdants » reconnait-il.