Ménaka : Le découpage territorial pose problème

Adopté lors du Conseil des ministres du 28 février 2018, le nouveau découpage du cercle de Ménaka ne fait pas encore l’unanimité. Une délégation des communautés non satisfaites de ce découpage s’est rendue à Bamako pour une série de rencontres avec les autorités. Déterminées à faire prendre en compte leurs préoccupations, les populations, par la voix de leurs représentants, sont engagées à poursuivre les pourparlers.

22 fractions et 7 villages représentant environ 80% du territoire du cercle de Ménaka, ce sont les « communautés lésées » qui réclament la création de 4 nouvelles communes, selon le chef de la délégation, Baba Oumar Maïga. Pour lui, les communautés dénoncent d’abord la non prise en compte de leurs préoccupations, exprimées pourtant avant la décision de création. « Les communautés se sont concertées et acceptées avec des potentialités », selon Baba Oumar Maïga et les conclusions de leurs assises ont été envoyées à Bamako en août 2017, soit  deux mois avant le Conseil de Cabinet d’octobre 2017.

Autre reproche fait à ce nouveau découpage, « il viole les textes de loi sur la décentralisation et met à mal le vivre ensemble ». Alors que les textes interdisent la création d’une commune pour une seule fraction, le nouveau découpage en autorise deux. « Greffer un village situé à 70 kilomètres de Ménaka à la commune urbaine, c’est freiner son développement », s’indigne M. Maïga.

Concentrées au sud-ouest, les 3 communes rurales nouvellement créées excluent les 2/3 de la population du cercle, selon les représentants des communautés. « Nous réclamons plus de maillage dans le cercle de Ménaka et la prise en compte des préoccupations », explique Harouna Abatane, l’un des membres de la délégation. Le découpage constitue en outre pour les représentants « une entrave à l’épanouissement et même à l’accès aux services sociaux de base ». « Les 3 communes rurales créées comptent 8 écoles, dont 4 fonctionnelles, et 1 enseignant pour 6 classes. Selon les communautés lésées, il y a 75 écoles fonctionnelles », explique M. Maïga.

Redoutant un manque de volonté politique, les représentants se disent cependant déterminés à poursuivre la mission que leur ont confiée leurs communautés. C’est pourquoi, alors qu’ils font le compte-rendu de leurs rencontres à la base, les concertations se poursuivent à Bamako, avec des prises de contact avec diverses autorités, y compris des chefs religieux et coutumiers. Même si les autorités gouvernementales sont réticentes à la création de nouvelles communes, à cause des incidences financières, Harouna Abatane prévient : « nous ne commettrons pas la même erreur qu’elles, qui ont décidé sans prendre en compte l’avis des communautés. Elles nous ont demandé de réclamer 4 communes. Nous nous en tenons à cela ».

Autorités intérimaires : où est le piège ?

Mais pour le gouvernement et les groupes signataires de l’accord de paix, il s’agit d’une avancée dans la mise en œuvre de celui-ci. Malgré le battage médiatique autour de la question, peu de Maliens reconnaissent avoir compris les enjeux de cette nouvelle mesure. « Je ne comprend rien à  cette histoire. Il y a tellement d’informations que l’on s’y perd ! » Fousseyni Sidibé, employé de bureau, résume le point de vue de nombre de Maliens sur la question des autorités intérimaires. « Pourtant C’’est très simple », rétorque le secrétaire général du ministère de la Décentralisation et de la Réforme de l’à‰tat (MDRE), département principalement en charge du dossier. « l’Accord de paix prévoit d’améliorer la gouvernance des collectivités et de permettre, en attendant que des autorités légales ne soient installées, la mise en place d’autorités intérimaires, en charge, avec le représentant de l’à‰tat dans la zone concernée, de relancer le fonctionnement administratif, la fourniture des services sociaux aux populations, mais aussi de préparer de nouvelles élections », explique Adama Sissouma. La controverse provient, selon lui, d’un déficit d’information et de communication afin que l’opinion publique comprennne mieux la chose. « Auparavant, il y avait des délégations spéciales. Mais elles étaient limitées, tant par leur composition que par leur mandat. La modification du texte permet de corriger cela », poursuit-il. Arguments contre arguments l’opposition, unanime dans son refus d’accepter le nouveau texte, a tenu avant son passage à  l’Assemblé nationale, à  alerter l’opinion sur les risques qu’il fait courir, selon elle, à  l’intégrité territoriale du Mali. Djiguiba Kéà¯ta, dit PPR, secrétaire général du PARENA, s’insurgeait au lendemain du vote de la loi le 31 mars, contre « le manque de lucidité de la majorité suiviste qui veut nous amener à  la partition du pays ». En gros, comme le résume le chef de file de l’opposition, Soumaà¯la Cissé, « on va enlever les élus de certaines localités pour les remplacer par les gens désignés par la CMA », situation qui pourrait amener des tensions, voire une reprise des hostilités dans les localités concernées o๠l’à‰tat est absent depuis plus de quatre ans. C’’est justement ce dernier argument que le ministre de la Décentralisation, Mohamed Ag Erlaf, a utilisé lors d’une interview accordée à  l’Essor, pour expliquer le bien-fondé de cette mesure. « l’autorité intérimaire aura les attributions du conseil dans tous les domaines, sauf celui de contracter des emprunts, de recruter de nouveaux personnels et de prendre des engagements financiers qui ne sont pas inscrits dans le budget de la commune », explique le ministre pour qui, en plus d’entrer dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord d’Alger, les nouvelles dispositions confortent le processus de décentralisation dans lequel le Mali s’est lancé depuis 20 ans et qui fait actuellement l’objet de réformes. Il assure que les préoccupations de l’opposition ont bel et bien été prises en compte puisque contrairement à  sa première mouture, le texte adopté a élargi la possibilité d’installation d’autorités intérimaires à  toutes les collectivités du Mali, et non plus uniquement à  celles des régions du Nord. Les groupes armés ont affirmé leur adhésion et les tractations sont en cours pour l’effectivité de cette mesure, qui a été saluée ce 5 avril par Hervé Ladsous, secrétaire général adjoint de l’ONU en charge des opérations de maintien de la paix, lors de la présentation à  l’Assemblée générale des Nations unies du rapport de Ban Ki-Moon sur la situation au Mali. Lire entre les lignes ? On est donc tenté de se demander pourquoi cette polémique, qui traduit une certaine inquiétude, ne s’estompe pas malgré toutes les explications. Pour le sociologue et spécialiste du nord du Mali, Naffet Kéà¯ta, « l’annexe 1 de l’Accord de paix, qui porte sur les réformes institutionnelles et politiques, n’indique pas que ces autorités intérimaires doivent jouer le rôle des conseils communaux », ajoutant qu’il est plutôt question d’associer les différentes composantes des communautés à  la gestion, en les incluant par exemple dans un conseil existant. « Leur donner prérogatives de Conseil, C’’est sortir de l’accord », conclut-il. « Au sein de la CMA comme de la Plateforme, la guerre de positionnement a déjà  commencé. Des noms circulent et chaque mouvement entend bien s’assurer une présence confortable au sein de ces instances qui devront diriger les collectivités de Kidal », explique un habitant de la ville. « Même les chefs traditionnels, les religieux, tout le monde est en ébullition ici » poursuit-il. Le Forum, qui s’y est déroulé du 28 au 31 mars devait d’ailleurs sceller les ententes autour du partage du pouvoir de l’accord d’Anéfis. Mais le fait que la CMA s’y soit finalement retrouvée seule, et qu’elle discute désormais avec Bamako pour la mise en place des autorités, n’est pas un bon présage, selon l’analyse de Naffet Kéà¯ta, qui estime que « s’ils ne se sentent plus liés par l’accord d’Anéfis, ce n’est pas une bonne chose pour le processus de paix ». La CMA a en effet posé comme condition à  la tenue d’un nouveau forum avec la Plateforme et le gouvernement, l’installation des autorités intérimaires. On se demande donc comment va se faire la désignation des membres de ces instances, et surtout comment va se passer la cohabitation entre les différentes composantes… Existe-t-il un risque de voir les groupes armés, finalement mettre en œuvre l’accord d’Anéfis et exercer un pouvoir exclusif sur les collectivités concernées, mettant en minorité les représentants de l’à‰tat ? Cette inquiétude est elle aussi balayée par le ministère de la Décentralisation, o๠on estime que « l’accord de paix et le code modifié encadrent bien les prérogatives et que l’objectif de la mise en place de ces collèges transitoires est justement de réinstaller, de manière durable et participative, l’à‰tat dans les zones o๠il est absent ». La durée extensible du mandat de ces autorités est également sujet à  questions, le texte stipulant que le collège intérimaire « restera en place tant que les circonstances l’exigent, jusqu’à  l’installation des nouveaux conseillers »Â… Dès lors qu’ils se partageront le pouvoir local, les groupes armés auront-ils intérêt à  favoriser l’organisation d’élections ? l’opposition n’entend pas en rester là  et demande que le gouvernement ouvre les discussions sur ces mesures, voire retourne à  l’Assemblée pour un réexamen du texte. à€ défaut, « si les conditions de saisine de la Cour constitutionnelle sont réunies, nous allons la saisir. […] La résistance à  cette loi devient un devoir pour tout patriote, tant l’injustice qu’elle crée, la place exorbitante qu’elle donne à  la CMA et à  la Plateforme est inacceptable ». « l’opposition est dans son rôle de critique de l’action gouvernementale. Mais nous devons avancer. Nous avons proposé une formule qui nous permet de le faire et l’Assemblée nous a suivi, C’’est cela l’essentiel », répond encore le secrétaire général du MDRE, qui assure que la détermination des collectivités concernées est en cours. Il s’agira de dresser le constat de la présence effective ou non d’un Conseil de collectivité, et de définir s’il y a lieu de le remplacer par une autorité intérimaire ou pas. « Tout est mis en œuvre pour que cette étape soit franchie dans les plus bref délais », conclut-il.

« La mauvaise application de la décentralisation nous a mené où nous sommes »

Le Président de la quatrième institution de la République n’y va pas par quatre chemins. Il était ce jeudi 28 Aout l’invité de la Jeune Chambre Internationale Bamako Elite dans le cadre du lancement de son projet « Je suis Malien, je m’engage pour la paix et la réconciliation ». Face à  un public nombreux, il est revenu sur ce qui constitue, selon lui, les causes profondes de la crise que traverse le Mali, en particulier la question de la rébellion. « C’’est la mauvaise application de la décentralisation qui nous a mené o๠nous sommes » a martelé Oumarou Ag Ibrahim Haà¯dara pour qui « le Mali a des textes parfaits » mais leur application fait largement défaut. « Je suis frustré de voir que des pays voisins sont venus s’inspirer de ce que le Mali faisait. Aujourd’hui, ils sont largement en avance sur nous. Notre décentralisation n’est pas effective sur le terrain. La loi parle de « concomitance entre ressources et compétences, or l’Etat central ne veut rien lâcher et les collectivités se retrouvent à  jongler. Il n’y a pas d’harmonisation entre les actions locales et les plans de développement de l’Etat », expliquera-t-il. « Comment voulez-vous qu’une commune qui n’a pas les coudées franches pour faire des investissements pour le bien-être de sa population, sa sécurité, etc. puisse se développer alors que l’Etat de son côté se désengage de plus en plus ?», se demande-t-il. « La décentralisation est une espèce d’autonomie » Or, toujours selon le Président du HCC, « la décentralisation a été la réponse faite aux revendications indépendantistes de certaines populations des régions du Mali. l’Etat a décidé de ne pas limiter la réforme à  Tombouctou, Gao et Kidal, mais de l’étendre à  tout le pays. Sauf qu’après, rien ne s’est passé, ou presque… Depuis les années 60, pas un seul kilomètre de goudron n’a été posé dans la région de Tombouctou. Des situations qui font qu’aujourd’hui, les gens ne croient plus en la décentralisation, et prennent les armes pour obtenir un statut qui leur permet de se prendre en charge. Ce qui n’a pas été compris, C’’est que la décentralisation bien appliquée est une forme d’autonomie ». Il précisera cependant que cette décentralisation bien appliquée doit l’être partout au Mali, « autant à  Kidal qu’à  Kénieba ». La crise qui a commencé en 2012 a, selon M. Haà¯dara, montré un visage nouveau des groupes armés au nord du Mali. Auparavant, C’’était des groupes de jeunes qui avaient des velléités indépendantistes parce qu’ils voulaient accélérer les efforts de développement de leurs contrées. Mais cette nouvelle guerre a été menée par « des multimilliardaires qui ont les moyens grâce aux trafics en tous genres, à  la drogue. Face à  eux, quelques soient les efforts que nous faisons pour notre armée, ce sera très difficile ». Et le Président d’appeler les jeunes et tous les Maliens à  s’investir personnellement pour la paix. Au nord, les gens « sont fatigués de cette guerre », ils veulent rentrer chez eux et continuer leur vie. Mais il faut, pour que la stabilité revienne et dure que soient tués les maux qui servent de terreau aux extrémismes. « Ces gens cultivent des notions qui sont inconnues chez nous, haine raciale, opposition Nord-Sud, communautarisme… Nous ne devons pas les laisser nous diviser » conclura-t-il.

Le Mali promet une décentralisation accélérée

Au finish de ces trois jours d’Etats Généraux de la décentralisation, de nombreuses recommandations et quelques urgences fortes : Le renforcement des capacités de gestion des collectivités territoriales », selon un document adopté mercredi soir à  l’issue des « états généraux de la décentralisation ». La Cette rencontre a rassemblé pendant trois jours à  Bamako quelque 600 participants, en majorité des représentants de l’Etat et des régions. Le gouvernement s’est engagé à  « assurer un transfert effectif des compétences » ainsi que « les ressources financières » indispensables à  une politique efficace de décentralisation, selon le document. Il s’est aussi engagé à  « reconnaà®tre et à  accorder au pouvoir traditionnel et coutumier un rôle important dans la gestion et la prévention des conflits ». Le gouvernement « mettra tout en œuvre pour que les résolutions, les décisions de la rencontre soient respectées et mises en application », a affirmé le Premier ministre malien, Oumar Tatam ly, en clôturant les travaux des « états-généraux ». Mise en application Mme Sall Oumou Seck, seule femme maire d’une commune au Mali, celle de Goundam (nord) a estimé que « si les résolutions de la rencontre sont respectées, le Mali fera un grand bond » en avant, car, selon elle, une décentralisation efficace « est la clé de nos problèmes ». . Ces « états généraux » étaient une des premières phases d’un dialogue censé pacifier le nord du Mali, soumis en 2012 à  une rébellion touareg suivie d’un coup d’Etat militaire à  Bamako, puis d’une occupation par des groupes islamistes armés liés à  Al-Qaà¯da dont des éléments restent actifs dans la région en dépit d’une intervention militaire internationale lancée en janvier 2013 et toujours en cours. En ouvrant les travaux de la rencontre lundi, le président malien Ibrahim Boubacar Keita avait estimé qu’il fallait « apporter des réponses définitives aux frustrations qui alimentent l’irrédentisme de nos frères touareg ». Si elle doit s’appliquer à  l’ensemble des régions maliennes, une décentralisation plus poussée concerne plus spécifiquement le nord du pays, vaste région désertique qui occupe les deux tiers du territoire et o๠les infrastructures de base (eau, électricité, santé, éducation, routes) sont déficientes, voire inexistantes. Les populations de ces régions issues de diverses communautés – Songhaà¯, Peul, Arabe, Touareg – se sentent abandonnées par l’Etat central. La pauvreté a servi de terreau depuis plusieurs années à  divers groupes armés aux motivations politiques, religieuses et/ou criminelles, qui s’y sont livrés à  toutes sortes de trafics et de violences. Leurs activités ont atteint leur paroxysme en 2012, dont le lancement d’une nouvelle rébellion touareg, après celles des années 1960, 1990 et 2000.

Décentralisation : le « découpage administratif » au coeur des débats

Le Mali compte 8 régions et 703 communes, un découpage administratif qui aujourd’hui soulève les débats pour bon nombre d’élus locaux mais aussi pour les agents administratifs, l’Etat, les collectivités territoriales. En jeu, le transfert de compétences, de ressources, le renforcement des capacités et au final, le développement local et régional de ces régions du Mali, cet hinterland, enclavé et qui aujourd’hui fait face à  la problématique du maintien de la paix et de la sécurité après la crise qui a secoué le Nord. En assistant aux débats de ces assises ou état généraux, on se rend compte d’une grande frustration, d’abord de la part des élus locaux venus en grand nombre, mais par ailleurs à  un discours bien huilé, qui dénote d’une faiblesse de la volonté politique, et montre l’incapacité des autorités à  transférer les ressources et les compétences vers les régions, pour parachever le processus de décentralisation enclenché depuis les indépendances.  » J’espère qu’enfin, les recommandations de ces nouvelles assises ne resteront pas lettres mortes et je crois qu’il y a une vraie volonté des nouvelles autorités », commente Ousmane Simaga, maire de Ségou. Dans son discours, le président Ibrahim Boubacar Keita a relevé les noeuds gordiens de cette décentralisation, o๠tout reste encore à  faire. Pour le nouveau locataire de Koulouba, les compétences transférées sont demeurées peu nombreuses et en retrait par rapport au programme initial; Tout comme les ressources allouées aux collectivités territoriales pour leur prise en charge ont été le plus souvent insuffisantes, reflétant des résistances que nous avions sans doute sous-estimées, qui se sont nourries de trop faibles capacités de prise en charge pour assumer les fonctions transférées »… Développement local et régional Des constats ont été faits et répétés. Que faire pour appliquer cette politique de décentralisation, ô combien cruciale dans la bonne marche de toute démocratie qui se respecte ? Pour Cheikna Dicko, maire de Léré, » non seulement le transfert de ressources fait défaut, mais la crise a aggravé la situation d’une commune frontalière de la Mauritanie et forte de 23000 âmes ». Le Maire de Léré, espère que ces Etats généraux permettront de poser les vrais problèmes. Une autre participante, Djénéba Cissé pointe le rôle des partenariats public et privés, la coopération étrangère qui permet de booster le développement local des régions. Le redéploiement dans les régions du personnel compétent. De son côté certains intervenants du Nord, échaudés par tant d’années de discours sans application, ont appelé à  mettre les choses à  plat. « Nous devons voir ce qui a marché et ce qui n’a pas marché, la loi sur le découpage administratif actuel est-elle juste ? » La région Nord du Mali est tellement vaste qu’elle gagnerait à  êtes davantage découpée, précise Maà®tre Maliki, avocat à  Kidal. Ainsi donc, plus de cercles, faire de certaines localités des cercles, et créer une nouvelle région au Nord, celle de Taoudenni ? « , envisage t-on. Le problème récurrent du Nord, pose cette question du découpage. « Mais, ajoute André Bourgeot, anthropologue, il faut aborder les choses dans leur globalité, comprendre qu’il y a au nord comme au sud, des poches de sous développement profondes, et qu’il faut rééquilibrer. En lieu et place de décentralisation, des participants, parleront eux de déconcentration des pouvoirs. Une autre manière d’envisager la décentralisation ? Les débats continuent.

Etats généraux de la décentralisation: début des assises

« Des Etats Généraux de la décentralisation seront convoqués en vue de créer les conditions nécessaires à  un transfert effectif de compétences et de ressources aux collectivités territoriales, sur l’ensemble du territoire » avait déclaré le président Ibrahim Boubacar Keita à  la tribune des Nations unies le 27 septembre dernier. C’est ce lundi donc que débute cette rencontre de trois jours qui réunira environ 600 participants à  Bamako. Il s’agira de faire la revue des orientations et des modalités de mise en œuvre du processus de décentralisation tout en tenant compte des dysfonctionnements actuels. Au cours des travaux, les participants auront pour mission d’approfondir les analyses et les propositions. Autour d’une dizaine de thèmes, ils feront notamment le bilan d’une dizaine d’années de politique nationale de décentralisation au Mali. Selon les organisateurs, trois groupes travailleront sur les enjeux de la décentralisation tandis que sept autres groupes plancheront sur des thématiques stratégiques en rapport avec l’approfondissement du processus de décentralisation. Pour le ministre délégué, chargé de la Décentralisation au Mali, Malick Alhousseini, « l’objectif spécifique est de dégager des propositions d’orientations sur lesquelles l’Etat du Mali pourrait s’engager pour dégager une solution durable pour la crise du nord ».

Issa Bocar Ballo : « Les Maliens doivent se tourner vers l’avenir »

Journaldumali.com: Vous êtes un maire très actif, dit-on. Parlez-nous des grands chantiers inscrits au compte de votre mandat ? Issa Bocar Ballo: Je profite de votre micro pour remercier l’ensemble de la population de ma commune et l’ensemble de nos partenaires. Vous savez, quand nous sommes arrivés aux affaires en 2009, les difficultés étaient énormes. Mais grâce à  Dieu, avec les efforts des conseillers communaux, et l’engagement fervent de nos partenaires sociaux, nous avons pu relever de nombreux défis. Aujourd’hui de suis en droit d’avouer que la commune a véritablement démarré avec, à  la clé, beaucoup d’investissements suivis de réalisations tangibles se traduisant par la réalisation de centres de santé secondaires. Nous nous sommes investis afin que Kalaban ait son Centre de santé de référence ainsi que le Centre de santé de ATTbougou. l’autre grand chantier est le fameux marché dont le taux d’avancement des travaux atteint les 85%.Nous avons commencé à  réaliser des salles de classes partout dans la commune. A Sabalibougou 6 classes ont été réalisées, des salles de 3 classes sont également réalisées à  Gouana, Sangha, Tienbani. Par ailleurs, il faut souligner que nous avons entrepris de petits travaux d’aménagement avec l’accompagnement de nos populations ainsi que de nos partenaires. Au nombre de ceux-ci, il faut noter le décapage des artères principales, des efforts sont faits pour que certaines rues soient praticables. Quelles difficultés avez-vous rencontré? l’une des difficultés majeures à  laquelle nous sommes confrontés demeure le non payement des taxes par le plus grand nombre. La commune perd beaucoup de ses droits sur ce plan. Il reste entendu que ces ressources pourraient énormément nous aider à  faire des réalisations au bénéfice de la population elle-même. Le scenario qui fâche le plus C’’est le cas que nous subissons à  Niamana par la faute de la Mairie du district qui effectue des prélèvements illégaux dans notre commune. Nous avons adressé des correspondances au Maire du District pour attirer son attention sur cet état de fait. Aucune suite ne nous a été donnée quand bien même ce comportement viole les textes de la décentralisation. C’’est déplorable ! Aucune collectivité ne peut se permettre de faire des prélèvements dans une autre sans verser des ristournes à  cette dernière. La justice reste notre dernier recours si la Mairie du District venait à  persister dans son entêtement. Que pensez-vous de la crise socio politique que traverse le Mali ? Vous savez, bien avant le coup d’Etat, notre pays le Mali était malade dans tous les domaines sensés propulser son développement. Il y a sans doute eu des efforts. Mais qui n’ont pas suffit pour la satisfaction de la population. Il y a eu des hauts et des bas. Je crois qu’il revient à  l’ensemble des Maliens de comprendre que ce qui nous est arrivé était quelque part prévisible. Acceptons les solutions alternatives et tournons-nous vers l’avenir dans l’unité.

Démocratie : L’autorité traditionnelle en questions

Autrefois pilier de la société, garante de la stabilité, de la justice et de la sécurité de la communauté, l’autorité traditionnelle au Mali (comme dans beaucoup d’autres pays africains) a été dépossédée de ses pouvoirs face aux enjeux d’une société en pleine mutation. Comment redonner à  ces « anciens » toute leur place, et renforcer leur rôle dans le processus de démocratisation et de décentralisation dans notre pays ? La problématique est au centre d’un forum qui s’est ouvert hier à  Mopti. Initiative de l’Association « Cri-2002 » en partenariat avec le ministère délégué chargé de la décentralisation, et celui des relations avec les institutions et de la Coopération Suisse, la rencontre regroupe les participants venus des régions du Nord. Pour les organisateurs, elle vise l’information, la sensibilisation, et la formation des acteurs sur le chemin de la participation, de l’implication, de la responsabilisation et de l’autonomisation des autorités traditionnelles dans le cadre de la démocratie et de la décentralisation. Pour une meilleure implication de l’autorité traditionnelle l’autorité traditionnelle peut se définir comme une personne, ou un groupe de personnes de notoriété respectable reconnue par la communauté, et à  qui on confie des pouvoirs de gestion, de surveillance de la stabilité…On comprend qu’en Afrique cette couche, qui incarne des valeurs de tradition, avait une place de choix dans la société. Les chefs traditionnels étaient garants de la sécurité (territoriale et alimentaire) de la communauté, ils avaient le monopole d’un certain pouvoir, ils contrôlaient le culte de la pluie, etc. Bref, ils organisaient le pouvoir. Dans le contexte démocratique actuel, l’autorité traditionnelle est peu prise en compte dans la dimension des prises de décisions participatives. La rencontre de Mopti a été donc l’occasion d’adopter une nouvelle feuille de route dans le but de valoriser son rôle dans le renforcement de la démocratie et de la décentralisation. Mopti a été aussi le cadre de lancement des premières balises en vue de l’opérationnalisation des résultats et recommandations du « Forum National sur la décentralisation : Bilan et perspectives », tenu en juin dernier. Les échanges ont, en effet, abouti à  la conceptualisation, l’élaboration et l’opérationnalisation de passerelles pour réussir une synergie d’action entre les acteurs. Cela, non seulement dans leurs relations avec l’administration d’Etat, les organes des collectivités territoriales et les citoyens, mais également dans leur participation, implication et responsabilisation dans la mobilisation des ressources internes, notamment les taxes de développement régional et local (TDRL) et autres taxes et impôts régionaux et locaux. A la fin des débats, prévue ce jeudi, les participants devront adopter un document dit « Appel de Mopti ». Il vise l’application correcte des textes de la décentralisation, l’opérationnalisation des textes portant sur les motivations et indemnités des chefs de villages, fractions et quartiers, la professionnalisation de la fonction de chef de village, fraction et quartier, l’implication des autorités traditionnelles dans l’identification des citoyens afin de permettre de s’acquitter de leur devoir de citoyens dans leur communauté. A Mopti, il a été question aussi de la mise à  jour du répertoire des chefs de villages, fractions et de quartiers, la tenue d’un registre des autorités traditionnelles, etc.

Territoire : L’Etat plus présent

Le président malien Amadou Toumani Touré l’avait promis dans son discours à  la Nation à  l’occasion du 22 septembre dernier. Le projet a pris corps depuis le Conseil des ministres du 7 décembre 2011. En effet, sur présentation du ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales, il a été adopté un projet de loi portant création de nouvelles circonscriptions administratives en République du Mali. Cette création, explique le ministre Kafougouna Koné, sera échelonnée à  cause des contraintes économiques et financières. l’organisation administrative du Mali indépendant, dit-il, a été fortement marquée par la centralisation, mais aussi par une volonté constante de rapprochement de l’autorité des populations ». Dix nouvelles régions verront le jour Au plan du découpage territorial, trois périodes ont été observées de 1960 à  1991. Ces périodes ont été marqué par la rupture avec le découpage administratif hérité de la période coloniale, la création de nouvelles entités administratives, la recomposition du territoire national en régions, cercles, arrondissements, communes, villages et fractions nomades et le District de Bamako. Ainsi très prochainement dans la région de Kayes, deux nouvelles zones administratives verront le jour. Il s’agit notamment des cercles Kita et de Nioro du Sahel. A Koulikoro, les cercles de Doà¯la et Nara seront transformés en chef lieu de région. A Sikasso, Bougouni et Koutiala sont concernés, tandis qu’à  Ségou un seul cercle sera transformé, celui de San. Dans la région de Mopti, ce sont les cercles de Badiangara, Douentza et Gossi qui subiront les transformations administratives. Mais d’ores et déjà , les débats font rage quant à  la décision de rattacher Gossi à  la circonscription de Mopti. Car cette localité est connue pour être une des bases économiques du Gourma Rhaouss dans la région de Gao. Certains observateurs craignent en effet que ce découpage asphyxie l’économique de cette localité. A Tombouctou, il est prévu une seule nouvelle région, celle de Taoudénit. Il en est de même qu’à  Gao, o๠il est prévu que Ménaka devienne un chef lieu de région. Selon le ministre de l’administration territoriale, la loi ainsi adoptée le 7 décembre, ne concerne que les structures déconcentrées de l’administration territoriale. Elle procède à  l’augmentation du nombre de régions administratives qui passe de huit à  dix neuf, et prévoit la mise en place progressive des nouvelles régions avec leurs démembrements sur une période de cinq ans pour tenir compte des contraintes financières, logistiques et de la rareté relative des ressources humaines. « Rendre l’Etat plus présent au Nord » Le nouveau découpage ne prévoit pas de nouvelles régions à  Kidal, mais dans la mise en place progressive des autres, la priorité sera accordée aux régions de la bande sahélo-saharienne. Il s’agit notamment du Mopti, Tombouctou et Gao. l’enjeu principal de cette décision, est de mieux faire face à  la menace terroriste qui sévit dans cette zone. Et l’un des causes principales de cette situation est l’absence de l’Etat. La création de ces nouvelles régions, explique-t-on permet, permet à  l4etat d’asseoir davantage sa souveraineté et de mieux faire à  la recrudescence du banditisme et du terrorisme transfrontaliers. Ces nouvelles réformes territoriales, explique-t-on, s’inscrivent « dans le souci de corriger les insuffisances constatées jusque là  dans le découpage administratif ». « Il permettra de mettre l’administration en adéquation avec les objectifs de sa modernisation assignés dans le cadre du Programme de Développement Institutionnel, et de prendre en compte les solidarités communautaires et mettre en œuvre les objectifs fixés par l’Etat dans le cadre de la décentralisation ».

CRI 2002 : De l’autorité traditionnelle dans la décentralisation

Les autorités traditionnelles ont un rôle déterminant à  jouer dans le renforcement de la décentralisation dans notre pays. C’’est ce que croit savoir l’association de lutte pour la citoyenneté « CRI 2002 » qui vient de lancer sur l « Acte II de la valorisation de la place et du rôle des autorités traditionnelles dans le cadre de la décentralisation » pour le district de Bamako. Ce lancement, qui a eu lieu à  la mairie de la commune I, a enregistré la présence de nombreux chefs traditionnels du district. A l’ouverture, le président de Cri-2002, Dr. Abdoulaye Sall, a rappelé qu’il s’agissait pour son organisation (après l’obtention de leurs décisions de nomination, qui leur confèrent désormais la légalité et la légitimité requises pour occuper pleinement leur place dans le processus de décentralisation) de partager et de convenir ensemble des approches et des démarches susceptibles de les aider à  mieux jouer leur rôle. Cela, explique-t-il, à  travers la conceptualisation, l’élaboration et la mise en œuvre d’outils, d’instruments et de stratégies appropriées face aux enjeux et aux défis liés au renforcement, de la consolidation de la démocratie et de la décentralisation sur le terrain du développement régional et local. Dans cette perspective, la Coordination et les chefs de quartiers participants ont identifié un certain nombre de stratégies, d’outils et d’instruments en se fondant sur la profession de foi du président de la première République du Mali (1960-1968), Modibo Keà¯ta, qui déclarait dans son appel à  la nation du 1er octobre 1961 que, « le village est chez nous la cellule de base et C’’est la vitalité de cette cellule qui engendrera la vitalité de la nation entière ». Par définition, le village, le quartier sont définis comme « un ensemble de concessions regroupées sur un espace géographique donné et qui abritent des ménages relavant d’une même autorité locale ». Et, C’’est à  ce titre que l’ensemble des chefs de quartiers ont retenu que la valorisation de leur place et de leur rôle passe par la réhabilitation de la cellule familiale. « Il faut que leurs droits et devoirs soient reconnus et acceptés par les familles. Que les outils et les instruments pour leur légitimation soient disponibles, accessibles, reconnus et à  hauteur des enjeux et défis actuels et futurs liés au rôle et la place de la famille en tant que cellule de base, la promotion de la culture de l’état civile et au carnet de famille comme clé d’index dans la conceptualisation et l’élaboration des listes officielles d’affichage », a déclaré avec force le président de Cri-2002, Dr Abdoulaye Sall. Saluant le projet à  sa juste valeur, le 1er adjoint au maire, M’Pè Diarra, a indiqué que cette initiative permettra aux mairies de recouvrir facilement les taxes de développement local. A travers cette initiative citoyenne, l’association Cri-2002 entend développer des outils et des instruments comme le répertoire des autorités traditionnelles, le registre du chef du village pour l’enregistrement des différentes activités menées, le profil pour être investi autorité traditionnelle et des plates-formes de dialogue inclusif, les initiatives d’atténuation des conflits de la famille aux institutions nationales, etc. Cette campagne, qui se poursuivra toute cette semaine, permettra d’élaborer la carte d’identification accompagnée de badge, la préparation, l’organisation, la sensibilisation et la formation sur les règles du jeu citoyen démocratique et républicain, les textes qui régissent les chefs de quartiers et ceux qui portent sur les grandes questions de la nation, des collectivités territoriales, des villages, des fractions et quartiers ainsi que des cellules familiales.

Décentralisation malienne : Peut (et doit!) mieux faire

La décentralisation malienne se heurte à  plusieurs obstacles, depuis le début du processus en 2000. C’’est la conclusion d’une étude menée par l’ancien ministre de l’administration territoriale, Ousmane Sy. Elle vient d’être rendue publique à  la faveur du Forum national sur la décentralisation tenu à  Bamako du 27 au 30 juin dernier. Initiée par la Direction nationale des collectivités territoriales, cette présente étude avait pour but de contribuer à  la consolidation de la réforme et à  la mise en œuvre du Document Cadre de Politique Nationale de Décentralisation. Cela, en vue d’alimenter les réflexions et les débats du Forum National sur la réforme de décentralisation et ses perspectives. Des acquis notables l’étude du ministre Ousmane Sy a révélé dans ses conclusions des acquis remarquables au cours de la décennie écoulée. Ces acquis, souligne l’étude, ont pour nom : l’enracinement de la démocratie et de la perspective locale dans le paysage politique et institutionnel, l’existence de dispositifs de coordination, d’orientation, d’appui et de suivi du développement local. Le rapport d’étude se réjouit également de l’amorce d’une approche de développement économique régional, l’existence des instruments de mise en œuvre de la décentralisation, le début d’une concrétisation du processus de transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux collectivités territoriales. Aussi, le ministre Sy s’est réjoui au terme de cette, que les résultats du processus de décentralisation aient permis la participation des citoyens aux élections. Processus ponctué d’embuches l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Car la décentralisation au Mali est confrontée à  de nombreuses difficultés. l’ancien ministre de l’administration territorial fait cas de la non viabilité financière d’un grand nombre de petites communes, la persistance des contestations liées à  la réorganisation territoriale, la faible implication des communautés dans le fonctionnement des collectivités. Au nombre des difficultés qui entachent le processus figurent également la faible capacité des élus et du personnel administratif dans les collectivités territoriales, la faiblesse des moyens de travail affectés aux administrations déconcentrées, la mauvaise préparation des documents de programmation et des budgets, la faible sollicitation des services techniques déconcentrés par les collectivités. Les conclusions du rapport d’étude remarquent en outre la faible fonctionnalité des liens de coopération entre les collectivités territoriales, la mauvaise qualité des infrastructures réalisées par les collectivités, la faible implication des administrations élues dans l’accompagnement du développement économique local, etc. Pour un autre mode d’élection des maires Le mode d’élection des maires et des présidents des exécutifs locaux et régionaux, est considéré également comme un problème crucial. l’étude révèle que souvent, par le jeu des alliances, la liste majoritaire ayant obtenu le plus grand nombre de conseillers perd le poste de maire ou de président au profit de la liste minoritaire. Il en résulte, explique l’étude, que la configuration des organes exécutifs est loin de représenter le fait majoritaire. Le problème de collégialité qui en découle entraà®ne souvent la paralysie et le mauvais fonctionnement des bureaux et des conseils communaux. Au nombre des insuffisances dans la mise en œuvre de la décentralisation, figurent aussi les lenteurs l’opérationnalisation du processus de transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux collectivités territoriales. « Malgré l’instruction de novembre 2008, relative à  la mise en œuvre des transferts de compétences et des ressources et à  la mise en place d’une Commission interministérielle de pilotage de ces transferts, les changements restent très lents » souligne le rapport. Les défis à  relever Malgré les nombreuses difficultés, le processus de décentralisation est irréversible dans notre pays. Et son effectivité exige de faire face à  des défis comme l’achèvement de la réorganisation territoriale, l’accroissement du financement national, la nécessité de critères de péréquation équitable. Parmi les défis qui interrogent la mise en œuvre de la réforme, on note par ailleurs le pilotage politique et stratégique de la décentralisation, l’engagement des citoyens, des élus et le renforcement de l’esprit civique, le transfert de la fonction d’appui technique aux structures pérennes, la gestion des contestations liées au découpage territorial. Le défi majeur, selon le rapport du ministre Sy, consiste à  dynamiser les représentants de l’Etat en leur affectant les moyens nécessaires pour leur permettre d’accomplir au mieux leurs missions de contrôle. A cela, recommande-t-il, il faut ajouter l’implication des administrations élues dans la promotion du développement économique local, la cohérence du développement territorial, la poursuite de la réforme de l’Etat, etc.

La Décentralisation en débat à Bamako

Ce forum, qui se déroulera pendant trois jours au Centre International de conférence de Bamako, regroupera les acteurs de la décentralisation de notre pays (Etat et collectivités), les représentants des organisations de la société civile, les chefs de village, les participants venus des pays de la sous-région (comme le Sénégal, le Burkina Faso, le Bénin, etc.), ceux de l’Europe venus de France, des Pays Bas, etc. l’objectif des assises de Bamako est de contribuer à  la consolidation du processus de décentralisation au Mali. Il s’agira également de mettre en œuvre le Document Cadre de politique nationale de décentralisation et spécifiquement du Programme national d’appui aux collectivités territoriales. Au cours de leurs échanges, les participants procéderont à  la restitution des résultats de l’étude sur le bilan et les perspectives de la décentralisation au Mali. Bamako devra également approfondir les réflexions et les orientations relatives aux perspectives opérationnelles de consolidation du processus de décentralisation. Il est par ailleurs attendu que des discussions s’engagent sur les problématiques majeures liées à  la mise en œuvre dudit processus. l’une des étapes importantes de la rencontre de ce lundi, ce sont les échanges d’expériences avec les pays étrangers, notamment la sous-région, et la formulation de recommandations pertinentes en vue d’impulser la mise en œuvre de la décentralisation au Mali. Processus irréversible Le ministre délégué chargé de la décentralisation fonde beaucoup d’espoirs sur ce Forum. Selon M. David Sagara, le processus de décentralisation, qui a été enclenché par le gouvernement depuis une dizaine d’années s’inscrit dans le souci de consolider la démocratie et d’assurer le développement local. Pour lui, il s’agit d’un processus irréversible. La création d’un ministère délégué, dira-t-il, participe de cette volonté politique. Rappelant les défis assignés à  son département, David Sagara a révélé que la mission de son équipe s’articulera autour d’axes majeurs comme le renforcement des collectivités, le jumelage avec d’autres communes, l’intercommunalité, le bien-être des populations. La priorité, précise-t-il, sera axée sur l’opérationnalisation du transfert des compétences et des ressources. Pour le ministre Sagara, le Forum de Bamako se veut une rencontre participative. Qui dressera l’état des lieux de notre processus de décentralisation. Elle permettra de relever les lacunes afin de proposer des solutions pour son renforcement. Au total, six thématiques seront inscrites au centre des débats de ce Forum. Il s’agit notamment de «Â la gouvernance locale au Mali : rôle et responsabilités des acteurs », «Â la problématique de la mobilisation, de la gestion et contrôle des ressources financières des collectivités », «le développement des capacités des collectivités territoriales », «le développement économique régional et local ». l’un des temps forts de ce Forum, sera aussi le débat sur «Â le transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux collectivités territoriales : état des lieux », et enfin «Â le pilotage et suivi évaluation des collectivités territoriales ». Dix ans après, que vaut notre décentralisation ? La décentralisation s’adapte-t-elle au contexte malien ? Quelles sont les avancées et les points de blocage ? La réponse à  ces questions fera l’objet d’un autre article dans les prochains jours.

Ousmane Sy sceptique sur le nouveau découpage administratif

« J’avoue que j’ai beaucoup de mal à  me prononcer sur les propositions du président ATT parce que je ne sais pas sur quelles bases elles ont été faites ». C’’est en ces mots que l’ancien ministre Ousmane Sy s’est exprimé en ce qui concerne le nouveau découpage administratif au Mali. On se souvient que dans son adresse à  la nation à  l’occasion du nouvel an 2011, le président de la République, Amadou Toumani Touré annonçait son projet de découpage administratif au Mali. Ledit projet consiste à  augmenter le nombre de régions de 8 à  19, de cercles de 49 à  78 ainsi que le nombre d’arrondissements de 285 à  348 dans les 5 années à  venir. Selon Monsieur Ousmane Sy, ancien chef de la Mission de décentralisation et des réformes institutionnelles et ancien ministre de l’Administration territoriale, la politique de réorganisation territoriale ne date pas d’aujourd’hui. Elle a été entamée depuis 1993 sous l’impulsion du président Alpha Oumar Konaré. « Parce que, simplement, les circonscriptions administratives dont nous avons héritées sont une œuvre exclusive du pouvoir colonial que les gouvernements successifs ont quelques fois sans remettre en cause la logique qui a guidé leur création » explique-t-il. « A notre époque, pour l’érection des communes, nous avions fait une étude qui a concerné l’ensemble du territoire national et le débat pour le regroupement des villages en communes a été fait avec la participation des populations elles-mêmes et des techniciens des administrations locales ». Par ailleurs, M. Sy s’est dit surpris de voir que le président a préféré se détourner du document qui était censé tracer la poursuite de la réorganisation administrative du territoire.  » Le document de l’étude que nous avions menée est bien disponible. Il proposait trois scénarios pour la poursuite du chantier de la réorganisation territoriale ». Le premier scénario proposait de garder les cercles dans leur configuration actuelle et proposait d’aller à  14 régions tout en maintenant le dispositif communal en place. Le deuxième scénario quant à  lui proposait la suppression des cercles et érigeait 24 régions et le 3ème scénario supprimait les cercles et proposait 33 régions. « Je dois dire que je suis par contre très surpris par l’évocation des arrondissements dans ce projet de réorganisation territoriale car ces anciennes circonscriptions administratives d’une autre époque n’existent plus dans notre organisation territoriale. D’ailleurs, je suis étonné d’entendre dire qu’au Mali, il existe encore 285 arrondissements ». Et l’ancien ministre de conclure que « à  mon avis, ce projet devrait être précédé d’un travail de fond sur la forme et le contenu de la déconcentration de l’Etat central qui doit repenser son organisation sur le territoire en tenant compte de la réalité de la décentralisation de la gestion publique qui est désormais irréversible dans notre pays ». Cependant, M Ousmane Sy reconnait qu’il est tout à  fait opportun pour le Mali de procéder à  la création de nouvelles régions car celles existantes ne répondent plus aux ambitions de développement du pays. Ainsi, dit-il, le processus de décentralisation pourra s’inscrire dans la durée.

Vie des Communes : Kalaban-coro à l’heure de la décentralisation

Commune aux allures urbaines, Kalaban-coro est située sur la rive droite du fleuve, non loin de la Commune 5 du district de Bamako. Grace à  l’engagement des autorités locales, doublée des actes de complémentarité dont la population fait preuve, elle est aujourd’hui dans le cercle vertueux des communes rurales à  avoir amorcé leur développement. C’’est un quartier en pleine mutation du point de vue de son expansion démographique. N’ayant jamais été jumelée à  aucune commune, Kalaban-coro a enclenché son développement en faisant fi de ce que les autres communes peuvent attendre de l’extérieur. Doit-on comprendre que le conseil communal a ainsi lancé un défi à  ceux qui pensent qu’une commune ne saurait se développer que par l’extérieur. «Â Une commune ne peut se développer que par elle-même. C’est-à -dire par la volonté des élus et de la population ». Par ailleurs, la proximité de Kalaban-coro avec le District de Bamako, handicape quelque peu son processus de développement. En effet, cette commune a toujours servi de dépotoir d’ordures pour les Commune 5 et 6 du District de Bamako. Ce qui fait dire à  l’actuel maire que sa commune mérite, à  tout point de vue, d’être soutenu par l’Etat. Pis, le poste de gendarmerie de Niamana (une localité de Kalaban-coro) ne profite guère à  la commune, quand bien même C’’est kalaban qui en assure l’assainissement. «Â Même un franc n’entre pas dans les poches de la commune ». Selon le maire, les multiples recours effectués par les autorités pour changer cette situation se sont avérés vains. «Â C’’est un manque de volonté de leur part tout simplement », a indiqué le maire avant de fulminer que personne ne saurait s’opposer au développement de sa commune. Faire ce qui n’a pas été fait C’’est du moins ce à  quoi l’actuel maire de Kalaban-coro s’est attelé depuis son élection il y’a deux ans. l’édile entend insérer ses priorités dans un cadre de développement économique et social de la commune. Toutefois, saisit-il le cinquantenaire pour faire le bilan de la décennie en ce qui concerne la décentralisation. Ainsi, sa priorité du maire, dit-il, C’’est de faire face aux besoins réels de la population. Ces besoins, a-t-il indiqué, commencent par l’épineuse équation de l’assainissement. Une vraie préoccupation à  couper le sommeil aux populations. Pour ce faire la commune a opté d’abord pour l’acquisition de matériaux de curage tel que le skirosse, une benne pour le ramassage des ordures. Ce matériel, en plus d’être utilisé par les services techniques de la mairie, est mis à  la disposition de la population à  un cout moindre. Du coup, pourrait-on dire, l’avènement de l’actuel conseil communal a permis au volet assainissement de prendre son envol. En effet, de jour comme de nuit, les services techniques s’investissent pour donner à  la commune une réputation de cité moderne. Aussi, la Mairie a été dotée de tout le matériel nécessaire pour son fonctionnement, «Â pour prétendre au développement, il faut d’abord poser les jalons », a dit le maire Issa Bocar Ballo. Un autre aspect jugé très important, C’’est l’adhésion manifeste de la population (qui de nos jours à  changé de comportement) face à  cette vision. Avec cet équipement, le mairie et son équipe ont entrepris de grands travaux dans le cadre de l’amélioration du réseau routier. Les routes principales de la commune sont couramment remblayées et entretenues. Ainsi, que ça soit l’artère principal du «Â plateau » ou encore celui de «Â kouloubleni » et «Â koulouba », tous ont bénéficié d’une retouche inhabituelle grâce à  la Mairie et la participation très active de la population. La réception du nouveau marché prévue dans quelques semaines La réhabilitation du marché central de la Commune apparait comme l’un des projets phares de la commune. En chantier depuis bientôt un an, la réception du marché central de Kalaban-coro est prévue pour quelques jours. l’état d’avancement des travaux est spectaculaire, et l’ouvrage n’attend plus que sa dernière retouche puisque réalisé à  80%. «Â Mon équipe a décidé de surprendre les gens avec ses actions ». La confection de hangars est également prévue dans le contrat de réhabilitation qui au départ a été sévèrement battu en brèche par des manipulateurs politiques tapis dans l’ombre. Mais, aujourd’hui, l’état d’avancement des travaux est salué par plus d’un. Selon le maire, ce matériel a été acquis sur fonds propres sans aucune aide ou subvention. «Â C’’est la volonté qui fait le travail. Notre commune est quelque peu enclavée. Il faut qu’on s’implique dans son développement ».

Coopération décentralisée Nord/Sud : Pour un développement durable

Depuis des temps immémoriaux, il existe différents partenariats entre la France et le Mali. Ces relations entre nos peuples, ont crées des liens assez étroits de fraternité et d’amitié entre les deux peuples. C’’est dans cette foulée qu’en 2003, l’association des ressortissants de la commune de Koussané (cercle de Kayes) en France (A.R.C.K.F) est née. Dans la même année, elle tissera des liens de partenariat avec la mairie de la ville française. Signalons que l’association compte 28 villages membres et plus de 250 adhérents en France, cela représente un total de 400 membres à  peu près. Aussi, Koussané représente la commune auprès de ses partenaires de la coopération décentralisée en Europe dont, les villes de Pierrefitte-Sur-Scène et Scène Saint-Denis (partenaire principal), Tregastelle (France) et les jardins cocagnes en Suisse. Activités réalisées ces 7 dernières années Le maire de la ville de Pierrefitte, Mr Michel Fourcade explique que sa ville, composée d’à  peine 28000 habitants, fait partie des plus pauvres de la France. Cependant, il ajoute que cette pauvreté est relative. « Elle dépend de l’endroit o๠l’on se trouve. En effet, malgré sa pauvreté, elle essaye autant que possible, de venir en aide aux endroits du monde plus pauvres tel Koussané. » Selon Mr le maire, cette coopération, malgré les difficultés, s’inscrit dans une volonté de solidarité. Notons que la coopération a débuté avec un projet de santé étendu sur 4 ans, avec un coût total de 85000 euros, soit environ, 50 millions de FCFA. Il y a notamment eu la rénovation et l’extension du centre de santé communautaire de Koussané ; Le renforcement des compétences à  travers le GRDR de Kayes ; Aussi, lors du Forum Social européen de 2003, 12 ressortissants sont venus tout droit de Koussané, afin d’y participer. Le prochain projet en vue, sera axé sur l’éducation (constructions et équipements d’écoles). Ce futur projet il faut le dire, est soutenu par le gouvernement malien, à  travers les ministères chargés de l’éducation. Echanges entre les mairies de Koussané et Pierrefitte-Sur-Scène Les échanges entre les deux mairies sont basés sur les aspects du nouveau projet éducatif. Il s’agira pour la mairie de Koussané, d’exposer les nombreuses difficultés auxquelles la commune est confrontée notamment et cela, en matière d’éducation, d’accès aux salles de classes, de main d’œuvre(la bonne formation des enseignants), etc. Le coût de ce projet pour l’année 2010, s’étend à  environ 15000 euros. Cette somme sera donc remise au maire de la commune, par son homologue français. Par ailleurs, les ressortissants français de Koussané ont créé il y a quelques années, une caisse d’épargne à  coût de 500 millions de FCFA, pour entretenir les châteaux d’eau et les forages construits sous l’impulsion du gouvernement, à  travers le ministère de l’énergie et de l’eau. l’eau potable constituant une denrée parfois rare dans nos communes.

Dossier régions : Interview de Bakary Keita, Président du Conseil de Cercle de Kangaba

En cette période de tension entre les pays industrialisés et les pays émergents après la conférence sur le réchauffement climatique à  Copenhague, nous nous sommes rendus à  85 km de Bamako pour nous informer sur la protection de l’environnement dans cette zone du Mali. Nous avons rencontré le premier responsable des collectivités pour connaà®tre les raisons de la coupe du bois abusive et des alternatives exploités après une vive tension entre les populations. Avec notre interlocuteur toujours sur pied d’œuvre pour répondre aux sollicitations des 60 villages du cercle, nous avons aussi abordé des sujets sur le tourisme, la décentralisation, le projet de la nouvelle route pour ne citer que ceux-ci. Nous vous invitons à  découvrir Kangaba et ses réalités avec son Président du Conseil de Cercle. Journaldumali.com : Bonjour veuillez-vous présenter à  nos lecteurs Bakary Keita : Je me nomme Bakary B. KEITA connu sous le nom de Monsieur Bouh ou Naà¯da Bouh. Enseignant de formation, je suis aujourd’hui Président du conseil de Cercle de Kangaba. Marié, polygame, père de 7 enfants. Journaldumali.com : Comment vous êtes venu aux affaires ? Bakary Keita : l’histoire est un peu longue mais pour être concis, je dirai que J’ai aimé la politique depuis que J’étais simple enseignant. C’’était au temps de l’UDPM (l’union démocratique du Peuple Malien. J’étais le chargé des sports de l’UNJM (ndlr : Union Nationale des Jeunes du Mali) dans le cercle. Après l’instauration du multipartisme, je suis venu à  la politique. C’’est à  l’issue d’une élection que je me suis retrouvé au conseil de cercle. D’abord je fus conseiller communal de Minindian en 1999 à  ma première mandature. J’ai été à  la même année, délégué au conseil de cercle. Je fus aussi 2e vice président au cours du même mandat. à€ travers les élections en 2004, J’ai été reconduit conseiller communal, délégué au conseil de cercle et cette fois ci, Président du conseil de cercle. Journaldumali.com : Qu’est ce qui vous a poussé à  vous maintenir à  ce poste ? Votre conviction Bakary Keita : Ma conviction dans cette mission est que personne d’autre ne peut développer notre pays ou nos localités à  notre place. Il faut donc quelqu’un qui connaisse le terrain et la mentalité des populations. Qui soit aussi capable de les motiver dans le cadre de leur propre développement. Voilà  donc les quelques points qui m’ont motivé à  réaffirmer ma disponibilité à  ce poste et J’avoue que J’ai réussi parce que J’ai eu la confiance des populations, chose qui ne date pas d’aujourd’hui. Faut il préciser que je suis natif du terroir ? Je ne me suis donc jamais mis à  la marge des activités socio – économique et culturelle de cette population. Je n’ai jamais créé la différence entre mes frères qui ne sont jamais passés par les bancs et moi. C’’est donc vous dire que je prends régulièrement part à  leurs activités. Journaldumali.com : Compte tenu des difficultés que vous rencontrez sur le terrain, parlez nous d’une expérience qui vous a le plus marqué dans votre parcours à  la présidence du conseil de cercle. Bakary Keita : Effectivement comme vous le dites, la mission d’un élu n’est pas toujours facile. Au regard de la complexité des textes et surtout un enseignant qui se retrouve au poste d’administrateur sans passer par une école d’administration, ce n’est vraiment pas facile. Alors le travail se fait avec une grande délicatesse et avec tact. C’’est après avoir pris connaissance des actes posés par mes prédécesseurs, que je me suis inspiré de leurs expériences pour ensuite apporter des améliorations afin de relever les défis du moment. Parmi ces défis il y avait assez de conflits dans le cercle de Kangaba entre différentes couches de la communauté. Sachez toute fois que Kangaba est une zone à  80% agricole. Parmi ses grandes activités il y a aussi la pêche et l’élevage étant donné que le fleuve Niger passe par ici. Il y avait donc à  ce moment un conflit terrible entre agriculteurs et éleveurs et ensuite entre transhumants et chasseurs. Face à  cette délicate situation, J’ai initié un espace d’échanges entre les différentes parties afin d’avoir un terrain d’entente, C’’est ce qui a donné naissance à  la convention locale qui est aujourd’hui un outil efficace pour la gestion de conflits et la gestion des ressources naturelles. Il faut reconnaà®tre que l’exercice a été très difficile mais au finish, il y a eu un compromis sans incident major. C’’est ce qui m’a beaucoup réconforté dans mon cours et C’’est toujours d’actualité. D’ailleurs, je profite de votre micro pour dire que nous sommes actuellement à  la recherche de financement pour l’élaboration d’une nouvelle convention locale axée principalement sur le secteur de la pêche. b Journaldumali.com : Qui étaient les autres acteurs dans l’élaboration de la dite convention locale qui est pourtant sortie d’un conflit entre 3 acteurs que sont les éleveurs, les agriculteurs et les chasseurs ? ] Bakary Keita : Cette convention qui a été élaborée avec l’appui de plusieurs partenaires, a impliqué entre autres : les services techniques de l’Etat, les pêcheurs, les exploitants forestiers, bref toutes les couches qui contribuent au développement du cercle. Journaldumali.com : Quel est l’impact du transfert de compétence et ses difficultés dans votre cercle ? Bakary Keita : En matière de transfert de compétence de nos jours, on peut dire qu’il n’y a que trois secteurs qui ont été réellement transférés mais pas les ressources. Les deux transferts doivent donc se suivre. C’’est un véritable problème que nous rencontrons ici. Il faut cependant reconnaà®tre qu’il y a un changement au fil du temps depuis le début de la décentralisation. Par ailleurs, il y a certaines autorités de tutelle qui ont bien compris la décentralisation et qui lui sont vraiment favorables. Par contre, d’autres demeurent très allergiques à  celle-ci. Et ce sont ces derniers qui empêchent les collectivités à  assurer la mobilisation des ressources et même à  leurs mises à  dispositions aux collectivités. Journaldumali.com : Des sources fiables ont témoigné qu’il y avait des tonnes de chargement de bois qui venaient régulièrement de Kangaba. Est-ce avec votre consentement ou peut être votre complicité ? [b Bakary Keita : BBK : Je dirai que J’en veux aux services techniques de l’Etat en charge de la protection de l’environnement. Je le dis à  qui veut l’entendre, Kangaba fait parti aujourd’hui des dernières réserves du Mali en matière de ressources naturelles. Nous avons élaboré cette convention locale pour permettre aussi aux exploitants forestiers de mener leurs exploitations sans nuire à  l’environnement. Mais ce fut le contraire. C’’est pourquoi nous avons demandé par la suite, l’arrêt strict du charbonnage dans la convention locale. Pour celui qui a connu Kangaba à  cette période, la zone était devenue très désolante. Tout avait été ravagé. Et pire, les 80% des sommes perçues qui vont dans la caisse de l’Etat pour l’exploitation de la forêt n’ont pas servi à  remplacer les bois coupés. Pour faire face à  cela, nous collectivités, avons tenté de créer un cadre de concertation pour faire recours à  notre convention, afin d’essayer de freiner cette coupe abusive du bois. Ainsi nous avons mobilisé les différents comités de vigilance créer dans tous les villages, pour qu’ils veillent scrupuleusement à  l’environnement. Et les camions une fois appréhender, qu’ils saisissent le maire et que celui-ci vérifie l’authenticité de leur autorisation de coupe. En cas d’irrégularité, les camions sont immédiatement déchargés. Ces produits déchargés sont mis à  la disposition des services des eaux et forets et le délégué à  l’environnement de la mairie. Par ailleurs la coupe du bois vert est strictement interdite à  l’absence d’une assurance de reboisement par l’exploitant. Lorsque nous menions ce combat, nous étions très mal compris des services techniques et des autorités de tutelle mais nous n’avions pas fléchi pour autant. Aujourd’hui ce dégât s’est beaucoup amoindri et nous continuons de réfléchir sur un cadre d’échange pour la mise en œuvre des textes législatifs en la matière. Je confirme que la coupe du bois s’est beaucoup atténuée et que les zones détruites sont en régénération. Journaldumali.com : Bientôt l’axe Bamako – Kangaba – Djoulafondo sera dotée pour la première fois d’une route goudronnée. Quelles sont vos impressions par rapport à  cela ? Bakary Keita : : D’abord je salue cet acte courageux et glorieux du chef de l’Etat. Nous l’avions sollicité et il nous a accepté avec son gouvernement. A la réalisation de cette route, nous serons obligés de nous assumer pour la simple raison que cette route arrive aussi avec ses conséquences. Vu que nous sommes à  proximité de Bamako et sur une zone plate, il faut s’attendre à  des problèmes tels que les accidents de la circulation, le banditisme… Donc réfléchir à  la construction d’un centre de santé plus performant et renforcer le dispositif sécuritaire. Avant même l’avènement de cette nouvelle route, il faut savoir que la ville de Kangaba a déjà  son schéma directeur qui nous permet d’orienter les actions. Je vais donc entreprendre les mêmes actions dans les autres communes qui longent cette nouvelle route. Journaldumali.com : Vous savez mieux que moi que Kangaba est une ville historique du Mali. C’’est ici que la grande sœur de la charte universelle des droits de l’homme à  vu le jour. Je veux parler de la charte de kurukanfuga en 1236. C’’est ici qu’il y a aussi la case sacrée qui a été construite par Mansa Sèma, localement appelé « Kaaba Blonw » (âgée de plus de 8 siècle), sans parler du balafon mystique de Soumangourou Kanté pour ne citer que ceux-ci. Mais il y a un paradoxe ici, C’’est le manque d’infrastructure pour une si grande potentialité touristique. Par quoi pouvez-vous expliquer cela ? Bakary Keita : Je crois que le manque d’infrastructure est dû à  l’enclavement. Kangaba est bien un site touristique, je dirai même plein de site touristique mais le problème était lié à  l’accès à  la zone. C’’est ce qui faisait que les touristes avaient des difficultés à  se rendre ici. Pour faire un financement il faudrait s’attendre à  ce qu’on y gagne après ! Lorsque la route sera achevée, chacun voudra investir à  cause de la potentialité et du désenclavement du cercle. à‡a ne sera plus la seule affaire des collectivités mais aussi des commerçants. J’insiste quand même sur les raisons pour lesquelles nous n’avons pas d’infrastructures. C’’est aussi dû au fait que nous avons toujours été omis et mis en marge du développement par les différents régimes passés sauf celui du général Toumani et ce, malgré nos potentialités. Le fleuve Niger passe par ici pour le reste du pays mais il y a combien de périmètres aménagés à  l’est pendant qu’il n’y avait rien chez nous qui sommes en amont. C’’est seulement à  l’arrivée d’ATT que nous avons assisté à  l’aménagement de la plaine de Maninkoura ici à  Kangaba. Maintenant il y a plusieurs autres projets de périmètre aménagés le long du fleuve. Même le tourisme était axé sur l’est à  cause de la facilité d’accès de la zone. C’’est pour vous affirmer que Kangaba a changé de visage à  tous les niveaux pendant ces deux mandats du Président ATT. Kurukanfuga dont vous parlez, fait aujourd’hui l’objet de convoitise pour sa revalorisation. l’espace a été borné récemment. Nous sommes vraiment déterminés à  la recherche de partenaires et de financement pour assurer la réalisation des infrastructures dans notre cercle. Journaldumali.com : Quel est l’état de la relation entre le cercle de Kangaba et l’autre coté de la frontière Guinéenne ? Bakary Keita : Notre relation avec la Guinée est bonne et cela ne date pas d’aujourd’hui. Ces bons liens historiques continuent entre nos différentes communautés. Si ce n’est le petit incident qui s’était déroulé entre Balandougou du coté Guinéen et Comana – Kouta au Mali, tout va bien de part et d’autres des frontières. Journaldumali.com : Votre mot de la fin Bakary Keita : : Je vous remercie et votre organe également pour votre courage et votre dévouement à  venir jusqu’ici à  Kangaba pour nous donner la parole. Je remercie également tous les acteurs au développement qui opèrent dans notre cercle. Je lance un vibrant appel à  toutes les organisations et personnes de bonne foi à  jeter un regard sur le cercle de Kangaba, à  nous tester afin de voir ce dont nous sommes capables. Pour terminer, je lance un appel à  tous les élus du Mali à  s’impliquer d’avantage pour le développement de toutes les localités et à  croire à  leur gouvernement pour que nous puissions aller de l’avant pour le bien être de notre cher Mali.

Enseignement supérieur : Ségou abrite la première université régionale du Mali

Le premier ministre Modibo Sidibé avait créé en Mars dernier, la mission universitaire de Ségou. Cette mission avait pour but, de mettre en œuvre, toutes les conditions de recueillement pour l’université nouvelle de Ségou. Tout en tenant compte des spécificités de la région pour le choix des filières d’étude. Une université spécialisée Cette université accueillera une multitude de facultés telles que la faculté d’agronomie et de médecine agro-animale (FAMA), la faculté des sciences de la santé (FAS) mais aussi la faculté du génie et des sciences (FAGS). Par ailleurs, l’université de Ségou appliquera le système LMD (licence-master-doctorat) dès l’ouverture de ses portes à  compter de la rentrée universitaire 2009/2010, contrairement à  celle de Bamako o๠l’application n’est pas encore effective. Mme Siby Ginette Bellegarde, ministre de l’enseignement supérieur affirme : « Les programmes d’enseignement ouvriront la voie à  une université engagée et résolument tournée vers les métiers du pays et à  l’écoute du monde de l’emploi et ouvert sur le 21e siècle. » Un soulagement pour les étudiants saturés de Bamako Les étudiants poussent enfin un ouf de soulagement quand on sait à  quelle point, l’université de Bamako est peuplée. Cela permettra de diminuer l’effectif plétorique que connaissent les différentes facultés de la capitale. Cette nouvelle université donnera surtout, un nouveau visage à  la cité des balanzans. Les professionnels du secteur agricole, se réjouissent de ces filières qui selon eux, repondent bien, aux des ségoviens ( habitants de Ségou)car Ségou est une région agricole et agro-pastorale. Il faut espérer que cette nouvelle œuvre, apportera un plus au secteur de l’éducation au Mali confronté à  d’énormes difficultés. La création de cette université est-elle la meilleure des solutions pour pallier à  la crise actuelle ? Souhaitons le, avec ces nouvelles filières qui répondent sans aucun doute, aux besoins d’emploi et de la formation professionnelle.

Coopération sud-sud : Bamako et Bobo Dioulasso jumelées

« Avec les enfants, semons les graines de l’intégration durable », C’’est le message qu’on pouvait lire mardi, sur les banderoles à  l’occasion de la clôture des activités de COLOVAC 2009. Entre Bamako et Bobo-Dioulasso le ton est donné pour une coopération base de ce jumelage. Les maires de l’époque se sont donnés la main pour un partage d’expérience et de savoir-faire entre les deux villes. De 1994 à  nos jours, le jumelage a certes connu une période de flottement, mais les deux parties entendent relancer la coopération. « Une forte délégation de la mairie du District de Bamako se rendra dans les prochains jours à  Bobo-Dioulasso », a promis Adama Sangara, maire de Bamako. Une tribune pour les enfants Ce sont des jeunes scolaires de Bamako qui ont rejoint leurs homologues de Bobo. Pendant une semaine, les enfants ont mené des activités d’apprentissage et culturelles. Chants, chorégraphies, poésies, ballets…ont été les canaux de d’expression des jeunes. Les thématiques portaient en général sur le dialogue entre les enfants et les grandes personnes. Un dialogue rendu possible par les parents et les mairies des deux villes qui ont organisé la colonie. Selon la chef de la délégation de Bobo-Dioulasso, Mathilde Bambara, C’’est espace qui a permis aux enfants de s’intégrer. « Au début de la colonie, C’’est des étrangers qui sont arrivés à  Bobo. Deux semaines après, C’’est des amis et des frères qu’on retrouve ici à  Bamako », a-t-elle dit. C’’est donc un message fort pour les municipalités des deux villes jumelées. Invité d’honneur à  la cérémonie de clôture, l’ambassadeur du Burkina Faso au Mali, s’est dit satisfait du jumelage entre les deux villes qui selon lui, traduit l’état de santé de la coopération bilatérale entre son pays et le Mali. Le Burkina Faso et le Mali entretiennent depuis leurs indépendances des liens de coopération dans les tous les secteurs.