Une femme de trop : un roman contemporain

Le 6 février,  au complexe culturel Blonba,  a eu lieu la dédicace  du nouveau livre « Une femme de trop » de Issoufi Dicko. L’auteur, professeur des Lettres, a expliqué devant un public acquis  les grands axes d’une œuvre qui peint la société malienne d’aujourd’hui.

«  (…) A ce moment-là, une silhouette apparut à l’entrée du jardin et avança dans sa direction. De loin, Oussou ne pouvait distinctivement voir sa mystérieuse hôtesse qui avançait sur lui d’un pas sûr, mais calmement.  (…). Quand elle s’approcha (…), ce dernier se leva pour la saluer et découvrit seulement à ce moment qu’il s’agissait de … son assistante, Safia !». Ces quelques lignes sont issues du nouveau roman d’Issoufi Dicko,  dédicacé le mercredi 6 févirer au Complexe culturel Blonba. C’était en présence des amoureux des belles lettres, des amis et parents.  La critique était assurée par Dr Mamadou Dia, chef de département Lettres de la Faculté des Lettres, langues et sciences du langage(FLSL), pour qui la production répond à toutes les caractéristiques d’une œuvre romanesque.

Roman d’amour, ‘’Une femme de trop’’ est une description  sans concession des réalités sociales Bamakoise, même les plus camouflées.  A travers son regard, ses expériences journalistiques, ses veilles sur les réseaux sociaux, l’auteur dans un condensé de littérature embarque le lecteur dans un univers imaginaire mais bien familier. Le livre part d’une histoire banale, comme il y en a tous les jours dans la ville des 3 caïmans. Un jeune et bel homme, Oussou, marié sous le régime monogamique avec Soussaba, qui  s’empêtre  dans une infidélité sans égale, acceptant les offres alléchantes des courtisanes. Et « depuis  la malencontreuse visite de ses collègues, Oussou et Soussaba faisait chambre à part ».

A travers des descriptions des lieux, des péripéties, des attentes, l’auteur invite le lecteur à se rendre compte des vices  qui hantent notre société, pourtant d’apparence conformiste et rigoriste. L’infidélité, l’amour, la corruption, la condition de la femme, l’homosexualité, la religion etc., les thèmes abordés par l’auteur sont aujourd’hui sujets de controverses.

Une œuvre osée

Le roman de 140 pages, au-delà de sa simplicité est une œuvre actuelle, contemporaine et osée. Il  vient  dévoiler sur la scène un phénomène réel dans une conjoncture où la société malienne dans sa majorité ne tolère pas certains comportements jugés immoral et contre nature. « Parlé de l’homosexualité au Mali dans ce contexte actuel  fait  peur, mais disons-nous que l’écrivain est l’historien du présent », reconnait l’auteur, qui est aussi un ancien directeur de l’académie de Kati.

Si l’auteur  estime que l’écrivain  a le devoir de rendre compte de son présent, il ne s’embarque pas dans les prises de positions. Comme un René Maran, Issoufi Dicko se refuse à se mettre dans la posture d’un moraliste. « Nous nous contentons  tout simplement d’enregistrer, d’observer. Nous ne commentons pas, nous n’analysons pas et nous ne critiquons pas », fait savoir ce militant de l’action civique. Pour  Serges Cyrille Kooko, responsable éditorial de la maison  Innov Editions,  l’œuvre décrit « les choses qu’on refuse parfois de voir » et  qualifie  cette plume de « captivante, un peu choquante, mais qui dévoile les réalités bancales de notre société ». Ousmane Almoudou, professeur des Lettres a été conquis par une « œuvre extraordinairement rédigée dans un style mûrement réfléchi ».  Il  a  également le mérite de pouvoir être un classique de la littérature malienne tant son auteur, expert et formateur en didactique du français, y pris soin d’y insérer un corpus varié pour l’étude du français au lycée.

C’est finalement dans les dernières pages de l’œuvre que Sara jette l’éponge pour laisser tranquille Oussou et sa femme Soussaba . « Je n’ai pas ma place dans ta vie. Je suis comme un  cheveu dans la soupe ; je suis la femme de trop », se résigne-t-elle, sous le poids de la tradition et le regard de la société.