L’ EID décortique 36 affaires

Parmi les 36 dossiers retenus globalement, on retient des litiges fonciers, des cas d’extorsions de lots à  usage d’habitation, des maisons détruites suite à  des contractions juridiques. Sans oublier, les cas des travailleurs déflatés, l’inégalité d’émoluments entre des combattants qui ont participé au compte des Nations-Unies à  des missions de maintien de la paix au Rwanda et en Centrafrique. Les ministères concernés sont entre autres, celui de l’Administration territoriale, du Ministère de la justice, celui des domaines et des Affaires foncières, l’Equipement, des Transports et des Mines. Qu’est-ce que l’espace d’interpellation démocratique ? l’Espace d’Interpellation Démocratique (EID) est un exercice d’application de la nouvelle stratégie de communication entre le Gouvernement et le Peuple. Il s’agit ici de permettre aux gouvernés de s’adresser directement aux ministres, les deux acteurs se trouvant dans la même salle pendant toute une journée. l’expérience de l’EID est déjà  vieille de 19 ans. Ainsi, depuis 1994, elle est organisée à  Bamako le 10 décembre de chaque année sous forme d’une rencontre entre l’ensemble des membres du Gouvernement et des citoyens qui s’adressent directement à  eux au sujet de dossiers qui constituent pour eux des préoccupations. Les travaux de cette rencontre sont organisés par une Commission chargée à  cet effet de recevoir les interpellations, de les traiter et d’élaborer le plan de déroulement des débats. Aussi, un Jury d’Honneur composé de personnalités nationales et étrangères dont les Présidents des Associations des droits de l’Homme du Mali et d’autre pays, est constitué pour faciliter les travaux de la journée et en assurer le suivi des conclusions et recommandations. Les travaux de la rencontre qui sont suivis directement par des centaines de citoyens qui font le déplacement sur les lieux de la rencontre. Cette rencontre est également diffusée en direct sur les antennes de la radio et de la télévision nationales. Les interpellations auxquelles les ministres répondent recouvrent tous les aspects de la vie des populations: la corruption, la non application des verdicts de justice, la lenteur dans le traitement des dossiers au niveau des services administratifs, le non respect des dates annoncées pour le démarrage de certains projets ou programmes de développement, les mutations des fonctionnaires, le manque d’autorité de l’Etat dans la gestion de certaines affaires d’envergure nationale, le traitement des conflits liés à  la gestion des domaines fonciers, etc. Un exercice apprécié En somme toute, l’EID est un exercice très apprécié par l’ensemble des acteurs à  l’échelle du pays. Aussi, beaucoup de partenaires considèrent qu’il constitue en plus des radios privées et de la presse écrite, un cadre adéquat d’expression démocratique. Au delà  de ces appréciations, l’EID est un exercice qui exige des membres du gouvernement de se mettre à  l’écoute des populations et de leur rendre compte et permet au citoyen d’exercer son droit de demander des comptes au gouvernement. Toutefois, s’il est vrai que l’EID a conforté les bases de l’expérience démocratique du Mali; il est tout aussi vrai que la nécessité de l’inscrire dans une dynamique plus globale s’impose de plus en plus qui va du niveau local, régional au niveau national C’’est à  dire ouvrir d’autres espaces aux échelons locaux. Aliou

EID 2012, le nord et le foncier

C’’est le ministre de l’Economie, des Finances et du Budget, Tiéna Coulibaly, représentant le Premier ministre, qui a présidé ces assises. Alors que devaient s’ouvrir les concertations nationales, une énième fois reportées, l’Espace d’Interpellation Démocratique a respecté le rendez-vous. Pour la dix-septième année consécutive, l’EID a regroupé des centaines de participants venus de tout le pays, mettre sur la table les maux dont souffre le pays. Organisée pour la première fois par les services du Médiateur de la République, la rencontre s’est déroulée au Centre Internationale de Conférences de Bamako. Même si les actes ne suivent pas toujours les paroles, les Maliens ne boudent pas leur Espace, qui s’est posé au fil des années comme un exercice de démocratie. En effet, l’EID est l’occasion pour le citoyen lambda d’amener sur la place publique les griefs qu’il a contre l’Administration et ses propositions pour une meilleure gouvernance. « Améliorer notre façon de servir »] Plus de cent interpellations ont été reçues par la Commission de dépouillement qui a rendu publique son rapport ce 10 décembre. 35 d’entre elles ont été lues dans la salle avec une grande majorité de cas liés au foncier et de non-exécution de décisions de justice. Des cas plus pathétiques les uns que les autres ont été évoqués pour mettre en lumière les insuffisances du système judiciaire et le manque de protection pour les plus faibles. Ainsi, des émissaires des chefs de village et propriétaires de champs du cercle de Kati ont fait le déplacement de Bamako pour déposer des interpellations dans lesquelles ils fustigent le laxisme de l’administration, la gestion des mairies, des décisions de justice parfois contestables, etc. Le médiateur de la République a dans son discours d’ouverture, rappelé l’impérieuse nécessité de changer nos comportements de citoyens. Il s’agit pour Diango Cissoko d’améliorer notre façon de servir, surtout en ce qui concerne les agents de l’Etat qui ne devrait pas oublier que « que notre système de fonction publique est défini et bâti autour de trois valeurs fondamentales qui sont la probité, l’impartialité et l’efficacité ». Pour qui la plupart des maux de notre société résultent de la-non application de ces valeurs. La crise et particulièrement la situation au Nord du pays a évidemment été évoquée, les participants émettant l’ardent souhait de voir des solutions rapidement trouvées pour mettre fin aux souffrances des populations et restaurer l’intégrité territoriale du pays.

26 Mars : 20 ans après, le RPM rend hommage aux Martyrs et appelle à un renouveau démocratique

Il y a vingt ans, notre peuple s’est ouvert les chemins de la démocratie et de la liberté d’expression en payant le prix fort : la mort sous les balles de la dictature anachronique de plusieurs de nos concitoyens devenus depuis des Héros, des Martyrs. 20 ans après , le Rassemblement pour le Mali (RPM) se souvient. Il s’incline devant la mémoire de tous les patriotes dont le sacrifice ultime a permis l’avènement d’une nouvelle ère. De ces héros, connus et anonymes, de ces blessés à  vie et de toutes les victimes de cette glorieuse campagne, le Rassemblement Pour le Mali se souvient en ce jour. Il se souvient parce le 26 Mars 1991 était l’aspiration profonde à  l’émergence d’un autre Mali. Que voulaient ces martyrs ? Ils ne demandaient qu’à  être des maliens accomplis dans leur dignité : l’amélioration des conditions de vie, la fin du monolithisme, la liberté d’expression, une école de qualité, des institutions légitimes, la lutte contre la corruption, la santé pour tous, du travail… 20 ans après qu’en est-il ? Assurément, il ne faut pas se contenter d’évoquer les morts. En cette circonstance, le Rassemblement Pour le Mali voudrait pouvoir faire le lien entre la mort de ces martyrs et la réalité de nos jours, pour que justement cet immense sacrifice n’ait pas été vain. 20 ans après , il y a lieu de s’interroger au vu des inacceptables errements constatés : les combattants d’hier se sont étonnamment métamorphosés. Pour beaucoup d’entres eux, se taire est devenu le créneau assuré pour faire carrière dans l’administration et bénéficier de certaines largesses du Prince du jour. 20 ans après , il est horrible de constater dans ce pays que l’homme lui-même est devenu un instrument de promotion. l’argent peut tout avoir aujourd’hui au Mali. Il peut faire que des partis politiques renoncent à  leur vocation cardinale qui est la conquête et l’exercice démocratique du pouvoir. Les élections sont tronquées par l’argent. Ne faut-il pas parler de placement que d’élection ? 20 ans après, la corruption est plus que patente, beaucoup plus que sous la dictature. Et ce ne sont pas les mécanismes chargés d’éradiquer ce fléau qui manquent pourtant. N’a-t-on pas vu ici le forcing et la communication qui ont été à  la base de la création du Bureau du Vérificateur Général, ce bureau-transparence, qui d’après ses initiateurs serait la trouvaille géniale ? Et après ? On assiste à  une cabale contre cette même institution. Jamais, les ressources de l’Etat n’ont été si facilement dilapidées par une poignée de parvenus qui du seul fait de leur accointance avec les Princes du jour se donnent tous les privilèges ! Jamais l’impunité n’a autant été totale ! Le silence observé devant une telle négation des valeurs n’est pas que coupable, il est tout simplement criminel. 20 ans après , il convient d’être critique. Il convient d’être critique devant la façon dont le droit est dit dans nos cours et tribunaux ; d’être critique devant la façon dont l’école est gérée ; d’être critique devant la façon dont la sécurité de notre pays est assurée, d’être critique devant la façon dont la criminalité se répand…. 20 ans après , notre sous région est en ébullition parce que le mode d’accession au pouvoir ne se fait pas de façon transparente. En cause très généralement, un fichier électoral qui autorise toutes les tentations et tous les tripatouillages. Aujourd’hui, il convient plus que jamais d’attirer l’attention de ceux qui sont en charge des élections sur les attentes de notre peuple qui veut être informé sur les résultats et la portée du Recensement Administratif à  Vocation Electorale (RAVEC). Le Rassemblement Pour le Mali exprime sa vive inquiétude, par rapport à  la préparation des élections générales annoncées et dont rien ne dit qu’elles auront lieu avec le sérieux requis ; en tout cas à  l’aune des actes jusqu’ici posés. Il ne faut pas que le silence soit l’arrière cour du fait accompli. 20 ans après , la jeunesse ne croit pas en la possibilité d’un bonheur sur place. Elle meurt, cette jeunesse dans les sables et dans la mer à  la recherche de l’eldorado européen alors même que le Mali est l’un des plus gros producteur de métal jaune en Afrique. 20 ans après , les défis se ressemblent : l’école n’est toujours pas une école de développement, la faim tue encore nos concitoyens alors que de bonnes politiques en la matière peuvent éradiquer le problème. Le Rassemblement Pour le Mali, pense que de Mars 1991 à  Mars 2011, les acquis existent (multipartisme, liberté d’expression, élections…), mais que les idéaux de la révolution ont été dévoyés. Malgré tout, nous pensons que la démocratie réelle peut et doit être instaurée. En cela, le Rassemblement pour le Mali en appelle à  l’engagement de tous les acteurs du mouvement démocratique. Notre parti prendra toute sa part à  la poursuite de l’élan du 26 Mars 1991, en allant inlassablement à  la rencontre du peuple du Mali, et en proposant des solutions concrètes aux problèmes du pays. Pour nos Martyrs et pour notre jeunesse, nous devons réussir le grand rendez-vous de 2012, cette « fête de la démocratie », qui pourra faire de notre pays une nouvelle vitrine démocratique en Afrique.

Tiébilen Dramé à propos du Mouvement Démocratique :  » Il est urgent de s’unir pour porter un homme politique à Koulouba ! « 

A cette conférence débat organisée par l’Association pour la défense des victimes de la répression (AV, on notait la présence de Tiebilé Dramé, Président du parti Parena, Ali Nouhoum Diallo, modérateur, Mountaga Tall, président du parti CNID Faso Yiriwaton, et le doyen Victor Sy ainsi que d’autres acteurs de la scène politique. Le président du parti Parena et ancien secrétaire de l’UNEEM, l’Union Nationale des élèves et étudiants du Mali, Tiébilé Dramé est revenu sur les atrocités subies par lui et ses camarades dans les geôles du régime militaire, de même que les circonstances cruelles de la mort d’Abdoul Karim Camara dit Cabral, en juillet 1980. Il a également évoqué la naissance du mouvement démocratique jusqu’à  la chute du dictateur Moussa Traoré tout en saluant le courage du groupe militaire piloté par le Lieutenant colonel Amadou Toumani Touré en tandem avec Oumar Diallo dit Birus et Anatole Sangaré, qui ont tous rejoint les insurgés pour renverser le régime dictateur en mars 1991. « Cette démocratie chèrement acquise a eu comme acquis, la liberté de la presse, le multipartisme, la mobilité des personnes et des biens, une couverture sanitaire, l’accès à  l’éducation pour tous etc. ». Pourtant malgré les acquis, le mouvement démocratique tend aujourd’hui vers une mort lente avec l’émergence des nouveaux riches qui veulent confisquer le pouvoir. C’’est pour cette raison, que Tiébilen Dramé, médiateur de la crise malgache, pense qu’il est urgent de faire l’alliance des partis politiques pour porter un Homme politique à  Koulouba en 2012 . Autre préoccupation évoquée par Tiebilé Dramé : la fiabilité du ficher électoral, il est temps de réviser la liste électorale à  13 mois des élections présidentielles. «Si on n’y prend pas garde, «Â les parvenus » vont détruire tout ce que les démocrates ont construit pendant des années, a ajouté Mountaga Tall, qui n’a pas caché son inquiétude quant à  leur ascension au pouvoir. Le mouvement démocratique, un échec ? l’honorable Oumar Mariko connu pour ne pas avoir la langue de bois, estime que le mouvement démocratique a été un échec dans tous les domaines. 20 ans de laxisme dans les rouages de l‘état ont plombé le secteur de l’agriculture. Sinon, comment comprendre que ce secteur devienne la propriété d’un groupuscule d’opérateurs économiques, au détriment des paysans qui se voient dépossédés du revenu de leur labeur. Autre plaie : l’Education qui peine retrouver ses lettres de noblesse : « l’école malienne est à  terre, les fils du peuple ont été abandonnés par les démocrates venus aux affaires. Et pourtant, leurs enfants étudient dans les meilleures écoles à  l’étranger, mais sur le dos du contribuable malien ». Liberté d’expression menacée Quant à  la liberté d’expression, elle est sous le joug de l’Etat depuis l’arrestation, de 4 directeurs de publication dans l’affaire de la Maitresse du président. Le Dr Mariko critique également les difficultés auxquelles les directeurs des publications sont confrontés pour la parution des journaux. « Le frais de parution des journaux sont très élevés, ce qui fait que la presse n’est plus libre et est à  la solde des nantis ! ».

15ème édition de l’EID : 18 dossiers à traiter

Un excercice de democratie active L’Amphithéâtre du Centre international de conférences de Bamako a refusé du monde ce matin. Tous venus assister au lancement de l’EID et soutenir les leurs, victimes d’injustice ou d’abus. Quinzième du genre, cet exercice original de démocratie à  la base donne aux citoyens estimant leurs droits violés, l’occasion de s’adresser directement aux membres du gouvernement. Une grande majorité des ministres y étaient, surtout ceux là  qui étaient concernés par les interpellations. Après l’ouverture officielle de l’évènement, les interpellations ont été lues en présence du jury d’honneur, des membres du gouvernement et de responsables d’associations de défense des droits de l’homme. A l’instar des autres années, l’événement est retransmis en direct à  la télévision et la radio nationale. Pour cette édition, la commission d’organisation a reçu 90 interpellations. Après dépouillement, une sous-commission présidée par Mohamed El Béchir d’Amnesty International Mali a procédé au classement des interpellations. Trente autres ont été classées dans la catégorie « suite à  donner » et 41 rejetées. Un dossier a été retiré par son auteur. Selon un membre du jury, les motifs de rejet des interpellations vont de l’absence d’adresse à  la non mention de la loi violée dans la requête, en passant par l’insuffisance d’éléments d’information, le manque d’objet, le manque de base juridique sur la violation évoquée, l’existence d’une procédure en cours ou encore le fait que la question a déjà  été traitée à  l’EID. Les 18 interpellations retenues feront l’objet de réaction de la part des membres du Gouvernement. La cérémonie d’ouverture présidée par le chef de l’Etat a été l’occasion de présenter pour le ministre de la Justice le bilan de la dernière édition. Le public a également suivi une contribution des associations de défense des droits de l’homme. La cérémonie a été par ailleurs marquée par une visite des stands de la semaine nationale du détenu. Les activités de ce 15ème EID entrent dans le cadre de la célébration du 10 décembre, date marquant l’anniversaire de la Déclaration universelle des doits de l’homme. Les droits humains au coeur de l’actualité Parallèlement à  l’EID, se tient la semaine nationale de la lutte contre la corruption dont le lancement a été fait par le ministre de la justice, Mahrafa Traoré. Dans un message qu’il a livré à  cette occasion, le ministre relève que « la lutte contre la corruption ne peut être atteinte que par la mise en place d’un dispositif juridique et institutionnel adéquat au niveau des Etats, par la sensibilisation des acteurs sur les conséquences tragiques de la corruption, ainsi que sur l’existence de mesures qui peuvent être prises pour la limiter ». Faut-il rappeller que le Mali, a mené plusieurs actions aux plans politique et normatif pour lutter contre la corruption. De corruption, il en sera également question au cours de l’EID. Au même moment se tient également sous la houlette du ministère de la Justice, à  travers la direction nationale de l’Administration pénitentiaire et de l’Education surveillée, une semaine nationale dédiée aux détenus.