Nicotine: un poison doublement mortel

Cette année 2013, l’OMS a fait savoir son désir d’interdire toute publicité autour du tabac. La cigarette crée une dépendance chez ses consommateurs, pourtant tous ne le savent pas. « Je me sens bien quand je fume et j’ai toujours une sensation forte mais cela ne veut pas dire une dépendace » explique Amadou Fomba, fumeur depuis une dizaine d’années. Dans le système nerveux, les récepteurs nicotiniques sont abondants. La consommation à  forte dose de la nicotine constitue un poison violent, selon les experts médicaux. Elle irrite le système digestif, entraà®ne des atteintes du système nerveux central (convulsions, coma) et des muscles (en particulier le coeur et la respiration). Des paralysies et des spasmes vasculaires se rencontrent fréquemment. La mort par arrêt respiratoire peut survenir rapidement après l’apparition des premiers symptômes d’empoisonnement en trente à  soixante minutes. En un mot, « la cigarette est mortelle ». La nicotine est une drogue redoutable parce qu’elle resserre son emprise sur le corps et l’esprit d’une façon très subtile. Elle produit un effet agréable au cerveau (en stimulant la production de dopamine) sans perturber le comportement (vous n’êtes pas euphorique, dépressif ou somnolent, et vous n’avez pas d’hallucination; vous restez normal). Mais comme les drogues dures, la nicotine entraà®ne entre autres l’accoutumance par une réaction de tolérance du cerveau entraà®nant le besoin d’en prendre régulièrement et toujours un peu plus pour ressentir le même effet. Dépendance physique et psychologique La dépendance physique s’exprime souvent par des symptômes de sevrage déplaisants lorsque la quantité de nicotine devient insuffisante dans l’organisme. De nombreux fumeurs grillent une cigarette au réveil, ce qui accroà®t d’ailleurs les risques de cancer selon une étude récente. Même si ces symptômes de sevrage ne sont pas aussi dramatiques que ceux causés par la désintoxication à  l’héroà¯ne ou à  la cocaà¯ne, l’emprise de la nicotine entraà®ne une dépendance au moins aussi forte! En plus de la dépendance physique, la nicotine et le tabagisme entraà®nent une dépendance psychologique très puissante. à€ chaque cigarette fumée, vous inhalez en moyenne 10 à  12 bouffées. Donc, à  chaque cigarette, vous vous injectez une dizaine de fois une drogue qui contribue à  votre bien-être. On constate donc que la cigarette n’est rien d’autre qu’une sorte de seringue : une seringue buccale. Chacune de ces bouffées sera associée positivement par le cerveau à  l’événement ou à  la situation que vous vivrez à  ce moment-là . Peu importe que vous ayez du plaisir, que vous vous ennuyiez, que vous soyez stressé(e), que vous ayez de la peine ou que vous soyez en colère, vous comptez sur la cigarette pour vous aider à  vous sentir mieux. « Même quand j’ai froid, je fume et cela m’aide à  surmonter la fraà®cheur » confie Mohamed Barry, âgé de 18 ans, il a commencé à  fumer dès l’âge de 15 ans. Donc, en plus d’avoir rendu son cerveau dépendant physiquement d’une drogue extérieure, le fumeur l’a programmé à  associer la cigarette à  toutes les situations qu’il vit. C’est pour cette raison que plusieurs fumeurs parlent de la cigarette comme d’une amie. C’’est pour cela également qu’il est si difficile de se libérer de cette dépendance. Ceux qui arrivent à  arrêter la cigarette constituent seulement 10 % de la population de fumeurs. « J’ai fumé pendant six ans, et cela fait deux ans que j’ai arrêté. Je comprends maintenant que fumer est vraiment très dangereux » confie Bafing Samaké, un jeune citoyen malien.