Affaire DSK : ces détectives qui fouillent le passé de la plaignante

Ils tentent de trouver toute information qui leur permettrait de mettre en doute la crédibilité de son témoignage. O๠est-elle ? Depuis ses accusations lancées contre Dominique Strauss-Kahn, la femme de chambre du Sofitel de Times Square a été placée sous protection policière. Elle est introuvable, injoignable… et la police tente tout particulièrement de la protéger des pressions qu’elle pourrait subir de la part du camp DSK. Qui est-elle ? D’origine guinéenne, elle est âgée de 32 ans, mère d’une adolescente, sans histoire. Apparemment, du moins. Mais des détectives privés chevronnés, embauchés au service de la défense de Dominique Strauss-Kahn, tentent en ce moment même de savoir ce que pourrait cacher cette vie « sans histoire ». Ils travaillent de manière discrète, et si l’embauche par DSK d’une star du barreau new-yorkais, l’avocat Benjamin Brafman, pour assurer sa défense, a focalisé l’attention des médias américains, peu se sont intéressés à  cette embauche de détectives privés – des anciens procureurs, d’ex-enquêteurs et des retraités du FBI – pour fouiller dans le passé de la plaignante. Selon le New York Times, la société Guidepost Solutions, qui offre des services de sécurité et de renseignement, travaille pour le compte de Me Brafman. Un avocat travaillant pour Dominique Strauss-Kahn a refusé de commenter cette information, mais selon des spécialistes en la matière, l’embauche de détectives privés est courante pour des clients fortunés. Leur mission : trouver les failles dans la version des faits avancée par le procureur. « Ils vont probablement essayer de découvrir quels jours et à  quelles heures (la plaignante) travaillait, savoir s’ils (Dominique Strauss-Kahn et la jeune femme) ont eu des contacts par le passé, sexuels ou non » afin de prouver éventuellement qu’ils se connaissaient au moins un peu, explique Todd Henry, d’un cabinet d’avocats qui travaille avec des enquêteurs privés. Les détectives de DSK vont aussi tenter de savoir si la jeune femme a déjà  été arrêtée, si elle consomme de la drogue, si elle boit beaucoup, des éléments « qui pourraient miner sa crédibilité », ajoute-t-il. « Il n’y a peut-être rien à  trouver sur elle » Benjamin Brafman sera limité par les lois new-yorkaises qui protègent les victimes présumées de viols. Par exemple, il ne sera pas autorisé à  parler des relations sexuelles que la jeune femme a pu avoir par le passé. Mais ses enquêteurs peuvent lui fournir des munitions pendant un procès et même avant, s’il tente par exemple de négocier une peine. L’avocat pourrait tenter de convaincre le procureur d’abandonner les accusations si des informations très compromettantes sont débusquées. Si les détectives de DSK établissent que la victime présumée a déjà  menacé de faire chanter des hommes pour leur extorquer de l’argent, « cela pourrait clore » l’affaire, estime Beau Dietl, un enquêteur respecté de New York. L’équipe de DSK pourrait aussi recourir à  des médecins légistes afin d’étudier toutes les données disponibles comme des échantillons de sang, de salive, éventuellement de sperme, ou des traces de blessures. « Il est rare que des clients aient les meilleurs détectives et experts au monde à  leur service », remarque Matthew Galluzzo, un ex-procureur devenu avocat. Mais le pire scénario pour l’équipe de défense de Dominique Strauss-Kahn serait de découvrir que la victime présumée est telle que son avocat la présente : une jeune immigrante, humble, qui travaille honnêtement pour se faire sa place au soleil en Amérique. « Elle pourrait tout à  fait être normale. Il n’y a peut-être rien à  trouver sur elle », souligne Todd Henry.