Bolle : quelle prise en charge pour les enfants des détenues ?

Sur les 204 détenues du centre de détention, de rééducation et de réinsertion pour femmes et filles de Bollé, il y a 26 femmes avec leur enfant en bas âge.  Ce n’est qu’après leur 3ième anniversaire que les enfants sont récupérés en attendant la libération de leur mère. « La loi dit que lorsque l’enfant n’a pas 36 mois donc 3 ans, il peut rester avec sa mère détenue, c’est pour cela que nous avons une crèche à l’intérieur où on peut s’occuper des enfants. Quand l’enfant atteint 3 ans, il est confié à un parent à l’extérieur, s’il n’a pas de répondant, les structures appropriées existent pour y palier » explique le Lt-Colonel Boubacar Z Camara, directeur général adjoint de la prison de Bollé. Créé en avril 2015, c’est généralement à l’orphelinat Nelson Mandela où sont placés les enfants en attendant la libération de la mère. Mais, cette procédure n’est enclenchée que lorsqu’il n’y a pas de proches pour s’occuper de l’enfant. « Les enfants viennent sous l’ordonnance du juge des enfants. A partir de 6 ans, ils vont tous à l’école, le franco-arabe pour certains et d’autres suivent les cours à l’école fondamentale classique de Bolle ». L’orphelinat accueille aujourd’hui sept enfants de détenues qui attendent impatiemment la libération de leur mère.

Témoignage : Un 8 Mars avec les femmes de la prison de Bollé

Comme toutes les femmes elles ont aussi des droits : droit à  l’épanouissement, droit à  l’instruction et à  l’éducation pour une vie future meilleure. C’’est ainsi que grâce au soutien indéfectible du CNCM (centre national de la cinématographie du Mali) la société BE KA FILMS, une structure pour la diffusion, la distribution et la production de films a projeté deux films documentaires pour les femmes détenues, rien que pour elles. Cette activité a pour but de non seulement de faire participer pleinement les femmes détenues du centre Bollé à  la célébration du 8 mars, à  contribuer à  leur éducation mais aussi à  la promotion des films documentaires africains qui sont jusque là  très peu vus par les africains. Les deux films documentaires ‘’Collier et la perle » de Mamadou Sellou Diallo‘’ et ‘’Bilim Bi jam » de Bell Simon Pierre sont des films très instructifs, avec les sujets touchant directement les femmes. Il faut entendre par documentaire, la réalité filmée. Le premier film ‘’ le Collier et la perle » de 52minutes aborde la thèse de la construction sociale de l’identité féminine à  travers la relation mère-enfant. Le réalisateur filme sa femme enceinte qui par la suite accouche d’une fille. Il montre dans son film, comment le corps de la mère après l’accouchement se reconstruit. Cette femme ‘’ déchue de sa grâce, victime de l’amour et du sexe » comme le souligne le réalisateur prend soin de sa fille en lui transmettant les codes et valeurs de la féminité par des petits gestes du quotidien. Ce film est donc une lettre d’un père à  sa fille qui apprend à  être femme auprès de sa mère et sa grand-mère. Un film très poétique et intimiste réalisé avec pudeur et respect. Le second » Bilim Bi jam » de 26 minutes à  monter le portrait d’une brave femme hors pair du Cameroun profond, une jeune dame d’une trentaine d’année qui se bat pour gagner sa vie dans les métiers habituellement réservés aux hommes( le transport en motos, le sillage de bois, l’exploitation de terre, la production d’huile de palme) rien que pour vivre dignement et subvenir au besoin de sa famille. Une fille étrange comme le titre du film l’évoque amène le spectateur dans ses aventures et nous montre une fois de plus que seul le travail libère l’Homme. Moi, en tant qu’organisatrice de cette activité, je suis plus que contente. C’’est un bonheur de voir le bonheur de ces femmes devant l’écran, de partager leur joie de découvrir et de se découvrir à  travers les films projetés. Mais pour la pérennisation d’une telle activité qui pour la première fois projection était non payante il faudra des soutiens pour une remontée d’un minimum de recette pour les réalisateurs des films pour qu’ils puissent continuer à  produire.