Présidentielle 2018: Rideau sur le 2ème tour

Les opérations de vote de la présidentielle de 2018 au Mali ont pris fin ce dimanche 12 aout auquel étaient qualifiés les candidats Ibrahim Boubacar Kéita président sortant (41,7 % des suffrages au premier tour) et Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition (17,78 %). Le dispositif sécuritaire a été renforcé en fin  de journée dans les centres de vote où l’accès a été restreint, avec un remarquable déploiement des forces de sécurité.

« Nous avons observé 300 bureaux de vote et dans tous les bureaux, nous avons constaté la présence des agents électoraux, des assesseurs, les urnes étaient bien scellées. Mais nous déplorons malheureusement que devant plusieurs bureaux de vote, les listes électorales n’étaient pas affichées », a déclaré Mme Cecile Kyenge, cheffe de la Mission d’observation  électorale de l’Union européenne, lors de son point de presse en fin de journée.

Incidents dans le centre et le nord

Plusieurs attaques ont été signalées au centre et au nord du Mali. Dans la région de Tombouctou, cercle de Niafunké, un président de bureau de vote a été assassiné par des présumés djihadistes, ont annoncé les autorités. Dans la même région, dans le cercle de Diré, des urnes ont été enlevées et détruites, tout comme dans le cercle de Douentza (région de Mopti, dans le centre du pays) où deux bureaux de vote ont été saccagés et les agents électoraux molestés.  6 000 éléments supplémentaires des forces de défense et de sécurité avaient pourtant été déployés pour ce second tour, venant s’ajouter aux 30 000 hommes déjà en place lors du premier. Le Pool d’observation Citoyenne du Mali (POCIM) qui a déployé plus de 2000 observateurs sur le terrain, a rapporté que le vote n’avait pas pu avoir lieu dans d’autres bureaux de vote du pays en raison de la « menace sécuritaire » mais n’a pas fait état d’autres victimes.

Faible mobilisation

Si à l’intérieur du pays, les raisons sécuritaire pourraient expliquer la faible mobilisation, certains bureaux de vote ont fermé avant l’heure face à l’absence de votants, à Bamako, les électeurs semblent « être passés à autre chose ». « Les dés sont déjà jetés, alors à quoi ça sert? » se demandait Aboubacrine A., jeune diplômé sans emploi. La proximité de la fête de Tabaski focalise désormais les préoccupations des Maliens, « fatigué de toutes les histoires depuis le 1er tour », à l’instar de Aissata Sidibé,  employée de bureau, qui n’a pas été voter ce dimanche. La plupart des bureaux de vote où nos équipes se sont rendues en fin de journée, de Bamako à Tombouctou en passant par Sikasso, affichaient à peine plus de 10% de taux de participation. Dans le centre de vote de Djélibougou, une  présidente de bureau de vote annonce que sur les 480 inscrits, une cinquantaine ont fait le déplacement. Les bureaux de vote à l’étranger ont également connu une affluence bien moindre à celle du 1er tour.

La centralisation qui a démarré en fin  de journée, avec la compilation des résultats des plus de 20 000 bureaux de vote.

 

Présidentielle 2018: un 2ème tour sous la pluie

A Bamako, où l’intérêt pour cette présidentielle s’était essoufflé depuis le premier tour du 29 juillet, faisant craindre une faible mobilisation, les opérations pour le second round sont fortement perturbées par la météo.

Très faible affluence dans les bureaux de vote ce matin à Bamako, capitale du Mali. Depuis l’ouverture des bureaux de vote à 8 heures GMT, sans incident particulier signalé pour l’instant, très peu de monde se présente devant les urnes. Alors que des soupçons de fraude planent sur le scrutin, la sécurité a été renforcée et les centaines de badauds qui flânaient dans les centres de vote au premier tour sont désormais « personae non grata » sur place. « Je n’irai pas », déclare tout de go Boubacar, un jeune trentenaire, tenancier de boutique à Kalabancoura, en commune  6 du District de Bamako. Selon lui, « c’est déjà fini. On connait la fin de cette histoire », évoquant ce second tour qui oppose le président sortant, candidat pour un second mandat, Ibrahim Boubacar Kéita et le chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé. La coalition  autour de ce dernier maintient la pression et a assuré lors de la dernière déclaration à la presse, avoir mis en place un système pour réduire les risques de fraude, fraude qui selon elle a tronqué les résultats du 1er tour.

Si au Mali, en cette saison  hivernale, le ciel couvert et la pluie sont de bon augure, les acteurs de cette journée électorale, structures organisatrices comme acteurs politiques ne se réjouissent guère du climat pluvieux de cette matinée qui décourage plus d’un électeur. De Hamdallaye à Sébénikoro sur la rive gauche en passant par Kalabancoura de l’autre côté du fleuve en commune 5 du District, l’élément marquant de cette matinée est la « très faible affluence. Nous sommes là et depuis 8h jusqu’à 10h nous avons eu à peine 30 votants dans notre bureau », confie un assesseur au centre « Ecole fondamentale de Sabalibougou », lui aussi en commune 5. « Nous avons ouvert à 8h, avec tout le matériel bien  en place. A 10h36,  le nombre de votants s’élève à 36 », déclare Gaoussou Coulibaly, président du bureau de vote 06 au centre de l’Hippodrome, école Nelson Mandela, en commune 2.

A Yirimadio, en Commune 6 du District, ce sont les personnes âgées qui ont ouvert le bal. Les jeunes se sont aussi manifestés mais moins que l’ors du premier tour, du moins pour cette matinée. Ce sont en général « les vieux et les jeunes qui viennent le matin. Mais c’est encore un peu timide », explique un agent de bureau de vote.

Les cartes d’électeurs non distribuées étant toujours disponibles, quelques électeurs viennent réclamer les leurs. C’est le cas de Fatoumata Diarra qui était en voyage le 29 juillet et qui recherche ce matin sa carte et son bureau de vote. Dans son centre de vote, le même que celui du candidat Ibrahim Boubacar Kéita, l’affluence a faibli sitôt le vote de ce dernier accompli. Ici aussi la pluie en décourage plus d’un, les accès aux bureaux de vote sont devenu un  vrai parcours boueux.

Au premier tour de ce scrutin, les deux candidats avaient obtenu 41,72% et 17,78% respectivement pour IBK et Soumaila Cissé. Chacun a bénéficié de ralliement de recalés du premier tour et l’autre grande question de ce second tour est de savoir si les consignes de report de voix seront suivies.