Blaise et le glaive…

l’histoire sait jouer des tours à  qui refuse de bien la lire. Le grand médiateur, le gendarme de la sous-région bousculé et obligé de se terrer pour ne prendre la parole que la nuit tombée, qui l’eut cru ! l’officier formé à  Pau en France a réussi à  désintégrer le pays des hommes intègres et la jeunesse africaine d’hier et d’aujourd’hui, ne lui pardonnera jamais la mort de Sankara qui invitait les jeunes à  assumer leur responsabilité. Pourtant, un coup d’œil dans le rétroviseur aurait permis à  Monsieur Blaise le médiateur de savoir que la jeunesse africaine a cessé depuis belle lurette de regarder les matchs des politiques depuis la tribune. Cette jeunesse réclame sa partition et tient à  la jouer. Malheureusement, nos Etats sont dirigés par des hommes souvent en décalage avec les préoccupations et aspirations de leur peuple. Un jeune désireux de parvenir, de se réaliser et point d’emprunter des pirogues pour rejoindre l’eldorado occidental au péril de sa vie, ne reculera pas devant des baà¯onnettes et des fusils. Nos chefs d’Etat gagneraient à  savoir que l’Afrique a fait sa mue. l’Afrique des timoniers et dinosaures qui se fossilisent au pouvoir est derrière nous. l’Afrique des dynasties des révolue. Tout chef d’Etat qui désormais excédé une décennie au pouvoir est exposé à  la vindicte populaire. Le glaive ou la mort Cette vindicte populaire est le glaive qui risque d’emporter Blaise mais le peuple burkinabé ne doit pas être naà¯f. Tel son nom de famille, le tombeur de Sankara sait utiliser ses compas pour faire le grand écart et se maintenir au pouvoir. Un glaive reste suspendu sur la tête des manifestants, des leaders de l’opposition et des militaires sortis des rangs. Si Compaoré réussit la prouesse de rester au pouvoir, les jours à  venir seront sanglants puisque Blaise n’est ni un enfant de C’œur ni un plaisantin. Il aime le pouvoir et n’hésitera jamais à  utiliser la manière forte pour se défaire des trouble-fêtes. Ce qui a emporté Sankara et Zongo Norbert n’épargnera pas les ténors de l’actuelle opposition burkinabé. Au pays des hommes intègres, celui qui croit en la parole de Blaise se leurre car pour avoir éliminé « son ami » à  qui il n’a pas daigné offrir de sépulture décente, est tout sauf intègre alors pourquoi lui tendre la perche ? Les hommes intègres du Burkina tiennent la chance de leur vie qu’aucune médiation ne doit compromettre.

Burkina Faso : « Ça passe ou ça casse »

Après la démonstration de force de ce mardi 28 octobre, les Burkinabè sont surs d’une chose, ce jeudi « ça passe ou ça casse ». Ce n’est pas l’homme de la rue qui le dit, mais le chef de file de l’opposition Zéphirin Diabré, qui appelle à  manifester aujourd’hui afin de dire une nouvelle fois non à  la modification de la constitution. Une modification de l’article 37 qui devrait permettre au président sortant Blaise Compaoré de briguer sa propre succession alors qu’en principe son règne de 27 ans doit prendre fin l’an prochain. La fronde populaire a pris de l’ampleur ces dernières semaines, culminant cette semaine avec la manifestation de mardi qui aura réuni au bas mot un million de personnes dans les rues de Ouagadougou. l’Assemblée Nationale doit donc se prononcer ce jeudi sur le texte que le gouvernement lui a soumis la semaine dernière. Si la majorité des trois-quarts des votes n’est pas atteinte, le référendum aura lieu. Mais au regard des récents bouleversements de l’échiquier politique burkinabé, on peut parier que le référendum soit jeté aux oubliettes, privant du coup les burkinabé de leur droit à  s’exprimer. « Inacceptable !» pour les anti-« article 37 » qui battent le pavé depuis des jours. Et pourtant avec le ralliement il y a quelques jours de l’Alliance pour la démocratie et la fédération / Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA), qui compte dix-huit députés, le vote favorable ne fait aucun doute. Pour l’analyste politique Abdoul Karim Sangho, cité par RFI, « les carottes sont presque cuites pour l’opposition politique avec ce ralliement officiel. La CFR, l’autre groupe parlementaire de la majorité, n’ayant jamais marqué son opposition au projet de loi ». Ces dernières semaines, la majorité présidentielle s’est vue confortée du soutien de 99 députés, largement plus que nécessaire pour faire passer la réforme. Et on apprend que les députés favorables au vote ont été internés dans un hôtel proche de l’hémicycle, pour éviter qu’ils ne soient empêchés d’y accéder par la foule qui promet d’en faire le siège. Le printemps burkinabè « Blaise Compaoré a précipité sa chute » affirmait ce mardi un manifestant à  Ouagadougou. C’’est bien le sentiment qu’ont les observateurs de la situation dans le pays. Car, si l’objectif premier des manifestations est bien de faire barrage à  cette modification de la constitution sans référendum, une manœuvre elle-même anticonstitutionnelle en soi, aujourd’hui, nombreux sont ceux qui veulent voir « Blaise » partir une bonne fois pour toutes. Sur la route de Bobo Dioulasso, deuxième grande ville du pays, une statue géante du président a ainsi été déboulonnée, rappelant fort les images d’un certain printemps, il y a quelques années en Tunisie. Pour les leaders de l’opposition, il faut tout simplement annuler la réforme constitutionnelle. Ils soupçonnent en effet, le pouvoir de « soudoyer certains députés afin qu’ils votent en faveur du projet de loi ». Et même si la loi ne passait pas, le référendum qui sera alors organisé ne répondra pas aux normes de transparence et de crédibilité. Mais le printemps burkinabè se veut, pour l’instant, non violent. Manifestations et sit-in, grève du zèle et barrages sur les principaux axes, tous les recours possibles seront exploités et même les plus inhabituels, comme cette « grève du zèle » qui consiste à  travailler avec assiduité pour que le pays ne soit pas bloqué. Une campagne permanente de « désobéissance civile » s’ouvre ainsi avec encore une journée de protestation prévue ce jeudi. . Pour Ablassé Ouédraogo, député de l’opposition à  l’Assemblée nationale, président du parti Le Faso autrement, cette campagne « peut durer des semaines, elle peut durer des mois». Pour Zéphirin Diabré, les choses sont claires. « Notre lutte est entrée en phase finale. Maintenant, ça passe ou ça casse, la patrie ou la mort. Le changement est maintenant ou jamais » a-il affirmé il y a quelques jours. Une détermination partagée par une grande majorité de Burkinabè qui sont bien conscients que ce jeudi, leur pays est à  la croisée des chemins.