Fatoumata Diawara :  » Il nous faut relever la dignité du Mali « 

Elle détonne par ce sourire large et ses belles dents du bonheur. Héroà¯ne de «Â Sia Yatabaré » ou encore sorcière dans «Â Kirikou », Fatoumata Diawara a bien grandi depuis. Surtout, elle a désormais le Mali à  C’œur, après avoir bourlingué sur les scènes du monde, de Paris à  Londres, en passant par l’Amérique, la jeune femme veut désormais se partager entre le Mali et ses tournées musicales. Pour aider son pays qui traverse une crise sans précédents, elle a regroupé les plus grandes voix de la chanson malienne, pour véhiculer un message d’optimisme, de grandeur, celle perdue du Mali et qu’il faut à  tout prix retrouver. Pour cela, les jeunes comme elles, sont en première ligne pour changer les mentalités. Journaldumali.com : Tu viens souvent au Mali désormais ? Que t’apporte ces voyages ? Fatoumata Diawara : Mon pays traverse une crise. Et il a besoin de ses enfants. Je suis très fréquente ici. Je viens surtout entre deux tournées. Mais là , J’entame une tournée jusqu’en Octobre en Europe, mais dès que J’aurai quelques jours de congés, je viendrai au Mali. C’’est important pour moi de rester connectée avec le pays, les proches, savoir ce qui s’y passe. Le Mali m’inspire, je veux tout savoir de la situation des femmes et des enfants pour mon travail et être une bonne artiste. Journaldumali.com : comment vois-tu le rôle des artistes dans cette crise ? Fatoumata Diawara : Longtemps, on a été en retrait. Mais moi J’ai décidé de plus parler de mon pays. C’’est pourquoi, J’ai voulu mobiliser tous ces artistes pour faire de la sensibilisation. Le Mali pâtit aujourd’hui d’une très mauvaise image partout, dans la presse nationale et internationale. On a même l’impression qu’on ne parle plus du même pays. Alors que le Mali est une terre de grands hommes, ce n’est pas non plus un pays de lâches. Il nous faut donc relever la dignité de ce pays. C’’est aussi le rôle des artistes. Et lorsqu’on retrouvera un peu de paix et de sérénité, les choses vont repartir. Journaldumali.com : C’’est un peu l’objectif de ce single Maliko ? Fatoumata Diawara : Oui il réunit près de 40 artistes maliens. De grandes voix comme Amadou et Mariam, Tiken Jah Fakoly, Bassékou Kouyaté, Oumou Sangaré, Toumani Diabaté, Babani Koné, Habib Koité etC’… « On est tous venu avec notre vision du Mali, et on était tous très tristes de la situation », alors, on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose. « Sans la musique, le Mali ne serait plus le Mali. Aujourd’hui, il n’y a plus de festival dans le monde s’il n’y a pas un artiste malien ». Journaldumali.com : Comment avez-vous perçu l’arrivée des troupes françaises au Mali ? Fatoumata Diawara : C’’est une bonne chose sinon les rebelles allaient arriver à  Bamako. Vous imaginez ! Mais soyons clairs avec nous même. Nous nous sommes assez reposés comme ça. Et cela suffit ! Parce que désormais, il faut que tous les Maliens soient debout pour la suite. Vous savez en Afrique en général, on ne se soutient pas entre nous. Et cette crise doit nous apprendre à  rester unis, solidaires et ensemble. Journaldumali.com : Vous parliez de la dignité perdue du Mali ? Comment la retrouver ? [Fatoumata Diawara ] : Notre génération, celle des jeunes est en perte de valeurs, de repères. Elle n’a plus le sens patriotique. Nous sommes tous des Maliens et pourtant, il n’y a un manque d’activisme. Personne ne s’est levé pour dire aux enfants : «Â  battons-nous auprès des enfants. Personne n’a rassemblé les enfants de ce pays pour qu’ils se battent. Il y a trop de discours. C’’est vrai, le Mali est une vieille culture, mais un pays parfois trop conservateur. Il y a du bon comme du mauvais. Il faut garder ce qui est positif et jeter le reste. Je parle de la parenté à  plaisanterie, de la solidarité, des valeurs dont nous devons être fiers tout en restant ouvert à  la modernité. Mais aujourd’hui, je lance un appel, il nous faut croire au Mali. Il y a encore de l’espoir…Moi Fatoumata, je témoigne que J’aime ce pays et que je me battrai pour qu’il retrouve la paix. Journaldumali.com : Ca veut dire que vous allez venir faire plus de scènes ici ? Fatoumata Diawara : Oui C’’est clair. Je vais essayer d’être plus souvent au Mali. Beaucoup n’ont pas la chance de sortir du pays. Il faut donc aussi transmettre la réalité de l’extérieur. Journaldumali.com : La femme malienne occupe une place centrale dans vos chansons et depuis toujours… Fatoumata Diawara : Vous savez, J’ai compris que cette femme là  était brillante. Profonde. Elle possède en elle les valeurs de la famille, mais je l’invite à  plus travailler et à  devenir indépendante pour se faire respecter davantage. Sinon l’homme ira prendre une deuxième femme. Aujourd’hui, les femmes maliennes, me semblent un peu découragées et se laissent aller. Pourquoi ne voient-elles que le mariage, les enfants, au lieu d’envisager l’avenir. Une femme peut bien conduire un taxi, être mécanicien ou entreprendre des affaires. Mais la malienne est parfois trop figée dans sa mentalité, et cela la dessert et la rend moins autonome par rapport à  d’autres pays de la sous région. Journaldumali.com : Et côté cinéma, quels sont vos projets ? Fatoumata Diawara : Je viens de finir une production franco-guinéenne. Le cinéma et la musique sont importants dans ma vie. Je chante en tant que femme, en tant que Fatou, pour donner ma vision de la vie. Et lorsque J’entre dans la peau d’un personnage, je suis autre. C’’est une formidable dualité. C’’est très clair et très précis comme émotion. Malheureusement à  cause de la crise, les comédiens ne font pas beaucoup de films en ce moment. La musique elle est toujours là Â…

Banzoumana Sissoko, le Vieux Lion : Il chantait toujours le Mali, jamais un homme

S’il y a eu une autre qualité, dont lui-même a su faire montre, ce fut bien le courage. Car de courage, il en a fallu une dose exceptionnelle à  ce fils de Koni (près de Tamani en pays bambara) né aveugle et qui sera ensuite paralytique. Sa vie devint un combat acharné contre l’adversité de son second handicap qu’il finit par vaincre sans pour autant trouver la paix de l’esprit. « J’ai souhaité que Dieu mette fin à  mes jours avant de me ressaisir et de prier très fort pour qu’il me garde en vie », racontait-il. L’enfant « inutile » qu’il était au départ pour les siens finit à  force de courage par recouvrir l’usage de ses jambes. Mais ce fut pour s’exiler, travailler dur afin de payer l’impôt de toute la famille. Né marginal, il parvint à  conquérir parmi les autres sa place parce qu’il s’est toujours voulu leur égal. Il n’a jamais accepté qu’on lui réserve un traitement différent à  cause d’une infirmité « qu’il n’a pas acheté au marché » selon les termes qu’il aimait utiliser. On comprend que BanZoumana puisse permettre de parler de dignité lui, qui en montra autant. Il disait que la dignité renferme toutes les qualités : la bravoure, la témérité, le courage, la fidélité, l’honnêteté, l’humilité, l’amitié, la fraternité, et l’altruisme. Aussi après l’indépendance, alors qu’il était déjà  un beau vieillard de 70 ans, le « Djéli » qu’il était recherchait constamment chacune de ces vertus qu’il jugeait n’appartenir qu’à  ceux de l’ancien temps. Quand l’indépendance fut proclamée et qu’on alla à  lui pour enregistrer son répertoire, il accepta avec bonne grâce mais se refusa tout net aux éloges, propriété exclusive de son « djatigui » (« hôte »). Cependant, il consentit à  magnifier la nouvelle souveraineté en chantant « Mali ba kèra awn tayé ». Durant toute sa vie, il aura traqué les qualités vertueuses chez ses congénères, parfois à  coups de périphrases bien senties que lui autorisait son art de la parole aux accents de son  » seul compagnon de la vie » son « n’goni ». Le seul qui ne le trahit jamais, aimait-il commenter. Un instrument devenu, après sa disparition à  l’âge de 97 ans, pièce célèbre du Musée national.