Takuba : La force bientôt opérationnelle

La task force Takuba a été lancée officiellement le 27 mars 2020. 11 États européens ont adopté la déclaration politique la créant. Elle sera intégrée au commandement de l’opération Barkhane en vue de lutter contre les groupes terroristes dans la zone des trois frontières.

La task force Takuba (sabre en tamasheq) sera principalement composée de forces spéciales européennes qui auront comme tâche de lutter contre le terrorisme dans le Liptako Gourma et de permettre à terme l’autonomisation des forces armées maliennes pour assurer la sécurité dans cette zone, présentée comme un repaire de l’État islamique au grand Sahara, notamment. Takuba sera déployée fin août – début septembre, mais les premiers éléments, une soixantaine nous dit-on, arriveront dès fin juillet. « Sur le terrain, à la fin de l’été, vous aurez dans le Liptako des unités qui seront appareillées. Des doublettes, avec une compagnie FAMa d’un côté et une petite unité franco-estonienne de l’autre », explique Mathieu Hédoin, Conseiller de l’ambassadeur de France au Mali. L’Estonie fait partie, en plus de la Suède et de la République tchèque, des pays ayant décidé d’envoyer des troupes dans la région. Pour les trois pays, elles devraient tourner autour de 250 éléments. L’ambassade précise que ce sont des forces spéciales, bien entraînées et bien équipées, qui feront du terrain auprès des FAMa et devront accélérer la montée en puissance de ces dernières. Les FAMa, par la voix du Directeur de la DIRPA, le colonel-major Diarran Koné, assurent que le Mali contribuera avec des éléments actuellement en préparation. « Ils répondront avec efficience le jour J », tient-il à préciser.

Des formes à déterminer

La Belgique, le Portugal, le Danemark et les Pays-Bas, tous signataires de la déclaration politique du 27 mars, doivent encore affiner la forme que prendra leur contribution à la task force Takuba. « Cela pourra être des hommes sur le terrain, des hélicoptères ou même des officiers d’état-major, qui seront également basés à Ndjamena », énumère M. Hédoin. Lors du sommet de Nouakchott, le 30 juin dernier, on a enregistré une participation italienne. Le président du Conseil des ministres a annoncé une contribution de ce pays pour 2021. D’ailleurs, c’est au début 2021 que la force devrait atteindre sa pleine capacité opérationnelle, pour emprunter au jargon militaire. Selon les planifications, 400 à 450 éléments composeront Takuba, même si, précise l’ambassade de France, cela dépendra fortement des contributions des États.

Boubacar Sidiki Haidara

Colonel major Diarran Koné: « Personne n’a fait de diminution sur le salaire des FAMa (…)»

Le Directeur de la DIRPA (Direction des Relations Publiques des Armées) a démenti, mercredi 3 juin 2020 lors d’un point de presse, les informations relatives à une supposée diminution  de salaire du personnel des forces armées maliennes. Il a expliqué que c’est dans le souci d’offrir une bonne retraite à ces derniers qu’il y a eu un prélèvement de 4% en application de la nouvelle loi portant code des pensions des fonctionnaires, des militaires et des parlementaires de 2018.  Il a également fait savoir que le salaire des FAMa sera bientôt bancarisé.  

 « Personne n’a fait de diminution sur le salaire des FAMa. C’est faux et archi-faux », dément d’entrée de jeu le Colonel major Diarran Koné.  Il précise que c’est juste l’application du nouveau code de pension qui entraîne une légère baisse du net à payer. Cela s’explique par le prélèvement d’un taux de 4% sur les primes, indemnités et le salaire de base. Seules les allocations familiales ne sont pas soumises à la retenue. Ainsi à la retraite, les FAMa vont bénéficier d’une retraite plus avantageuse que lorsqu’ils étaient sous l’ancien code de pension qui date de 1979.

Bancarisation des FAMa

Le Directeur de la DIRPA a assuré que le département de la défense n’est pas du tout opposé à la bancarisation des salaires des FAMa. Il a fait savoir que celle-là participera de la sécurisation des salaires et de la réduction de la perturbation des opérations et services militaires. En outre, la gestion financière et comptable du personnel sera améliorée.

Cependant, le processus est ralenti à cause de certaines difficultés que le département de la défense compte évacuer. Il s’agit des solutions concernant la couverture bancaire des zones opérationnelles ou encore la question du remboursement des cessions de vivres, de pagnes de fêtes, de motos, à la disposition des militaires dont les frais sont prélevés directement sur les soldes. Néanmoins, le Directeur des finances et du matériel du ministère de la défense, Colonel major Abdoulaye I. Traoré, donne l’assurance. « Le processus va commencer en juillet avec la bancarisation des officiers pour s’étendre plus tard aux sous-officiers et aux militaires de rang ».

L’affaire des fausses factures de l’armée 

Le Colonel major Diarran Koné a confirmé l’imitation de signature dans l’affaire des fausses factures d’un montant de 700 millions portant livraison de véhicules au Ministère de la Défense. « Il y a eu imitation de signature. Oui il s’agit d’un faux contrat et déjà le ministre de la Défense a porté plainte ».

Boubacar Diallo

FAMa : Riposte et harcèlement payent

Régulièrement cible d’attaques, les forces armées maliennes semblent, à les en croire, enclencher les modes ripostes et harcèlements depuis quelques semaines.

« Tirs de harcèlement ». Depuis quelques semaines, la formule est très usitée par les forces armées maliennes dans leurs différents canaux de communication. Ces tirs auraient, selon les FAMa, permis de récupérer des armes abandonnées et de « nettoyer des sites de prédilection de certains terroristes ». L’opération de tirs de harcèlement dans le secteur de Diafarabé (Mopti) a été menée simultanément avec une autre à Sokolo, dans le cercle de Niono (Ségou). L’opération de Diafarabé s’est déroulée sous la supervision  du Chef d’état-major général des Armées « himself », le général de division Abdoulaye Coulibaly, accompagné de certains officiers, précise le portail web des FAMa. Ces ciblages interviennent seulement quelques jours après une embuscade qui a coûté la vie à quatre soldats maliens à Diakera, dans la localité de Diafarabé. Pour l’heure, les représentants de l’armée restent encore évasifs sur le bilan réel de ces opérations. « Cela requiert du temps », selon le Colonel Diarran Koné, patron de la Direction de l’information et des relations publiques des armées (DIRPA). « Nous ne pouvons rien évaluer sans avoir totalement fini ». Les résultats déjà obtenus sont « fort appréciables », confie-t-il néanmoins. « Les animaux qui avaient été enlevés reviennent, ce qui veut dire que ceux qui les avaient ne sont plus en mesure de les retenir. Les populations qui avaient fui Diafarabé, où des Fama se trouvent actuellement, regagnent elles aussi leurs domiciles », affirme le Colonel Koné.

Difficile combat

Toutefois, en dépit de ces « succès », la situation sécuritaire au Mali est toujours des plus préoccupantes, dans le centre du pays notamment. En poste à la Brigade territoriale de Boni (Mopti), qu’il présente comme l’un des principaux fiefs terroristes, un élément des FAMa affirme que ces difficultés sont dues à un problème de coordination. « La collaboration avec les populations s’avère souvent difficile » reconnait-il. En cause, la peur générée par les djihadistes. Il affirme en outre que la tâche leur est rendue difficile par la présence de « forces hostiles étrangères » concourant à rendre l’équation du centre très complexe. « Nous avons eu des résultats concrets, en neutralisant et arrêtant plus de 50 terroristes. Mais la situation reste néanmoins difficile, nous devons faire face à la présence de groupes armés étrangers ». Un « coup dur » porté à nos ennemis, précise-t-il.

DIRPA :  » Au nord, la situation est relativement calme « 

Face à  la presse, ce lundi, le capitaine Modibo Naman Traoré, coordinateur de la cellule chargée des forces étrangères, a affirmé que la situation est relativement calme mais l’ennemi est toujours dans la guerre asymétrique notamment la guérilla. Il est revenu sur la descente, la semaine dernière, de l’armée malienne à  Kadji, un village situé à  proximité de Gao. Une opération menée en collaboration avec l’armée française visant à  démanteler un réseau de djihadistes, dans un quartier formant une petite à®le. Le capitaine Traoré a par ailleurs salué la collaboration de la population civile ainsi que le travail des services de renseignements. A Tessalit, il y a une accalmie et l’armée a procédé à  la sécurisation point par point des lieux, a-t-il ajouté. Pour sa part, le Directeur adjoint de la DIRPA, le lieutenant colonel Souleymane Dembélé, a souligné que le traitement de certaines informations pourrait compromettre les opérations sur le terrain car les djihadistes peuvent localiser leurs positions grâce aux images. Il fait ainsi allusion à  une diffusion d’un reportage télévisé d’une chaà®ne internationale.  » Maliens au front  » Répondant aux questions des journalistes sur l’absence des soldats maliens à  Kidal, le lieutenant Colonel Dembélé a fait savoir que «Â l’armée malienne est confrontée à  un manque de logistique, notamment en matériels roulants. Pour la population, l’armée n’est pas présente comme elle l’entend ou le souhaite. Si on met les moyens à  disposition, les soldats iront au-delà  de Kidal. » Il ajoute cependant que «Â plus en plus, il y a les moyens, les hommes vont au contact. l’armée est entrain de commander 500 véhicules pick up. » Evoquant le manque de moyens pour aller sur certains théâtres d’opération, un journaliste a demandé à  servent les butins de guerre notamment les armements, les véhicules saisis. Le Lt Col. Dembélé a répondu que pour une question de dignité et de fierté, l’armée malienne, même si l’armée est en manque, doit garder la tête haute et non se rabaisser. En plus tous ces butins ne sont pas seulement saisis par les forces maliennes. Concernant, le silence des autorités maliennes par rapport au décès ou non des deux chefs terroristes, tant que la preuve n’est pas encore scientifiquement établie il serait difficile de se prononcer. Certains confrères ont voulu avoir plus d’explications sur la tactique de l’armée malienne qui selon eux, attend que l’ennemi l’attaque avant de riposter. Il leur a été répondu qu’il faut sécuriser d’abord ces villes avant de pourchasser l’ennemi. Pour ce qui est de l’accréditation des journalistes nationaux pour aller sur les zones du conflit, le Directeur adjoint a indiqué que si les rédactions font la demande, la DIRPA facilitera les procédures et pourra prendre uniquement en charge le transport.

Armée Malienne: « Kidal ne fera pas exception »

La question de Kidal demeure la plus sensible dans la guerre en cours en ce moment au Mali. Et pour cause la présence des soldats français dans cette ville sans l’armée malienne suscite des colères et des frustrations auprès des populations civiles. Les militaires ont tenu à  partager leur vision de cette situation. Face à  la presse, Souleymane Dembélé affirme que la région de Kidal ne fera pas exception dans le cadre de la reconquête des zones occupées du Mali. Selon lui, l’armée malienne s’est investie dans une mission de reconquérir tout le territoire occupé par les islamistes. « Partout o๠se retranchent les islamistes, l’armée sera là -bas pour les bouter hors du Mali » martèle –t-il. Concernant la négociation avec le MNLA, Souleymane Maiga directeur de la DIRPA est formel, « l’armée malienne ne gère pas l’aspect politique, mais tout groupe armé qui possède des armes sera combattu par l’armée malienne. Si le MNLA détient les armes, nous allons le combattre car il est considéré comme l’ennemi du pays ». Et il ajoute que les militaires maliens sont en route pour Kidal avant de rappeler cette est route très accidentée, ce qui rend son accès difficile. « l’armée malienne n’est pas bien outillée comme la France qui a aéroporté ses hommes pour occuper le terrain » dit-t-il. La présence de la France à  Kidal sans l’armée est également stratégique, selon Souleymane Dembélé. La France n’a aucun intérêt à  mettre l’armée malienne à  l’écart mais elle a aussi un intérêt qui est de sauver la vie de ses otages dans les montagnes de Kidal. Vous verrez l’armée malienne et française qui contrôleront cette région bientôt » dit-t-il. « C’’est honteux de faire du bruit à  Bamako» Ce matin les Bamakois se sont réveillés avec les bruits d’un nouvel affrontement entre bérets rouges et verts. Il y a à  peine dix jours, des bérets rouges incarcérés depuis le mois de mai, étaient libérés. Tous avaient pensé alors à  la réconciliation des corps dans l’armée malienne. Ce vendredi, des bérets rouges qui voulaient se réunir en auraient été empêchés des bérets verts. Des coups de feu ont été tirés faisant deux morts, selon une source militaire citées par l’AFP et plusieurs blessés. Pour le lieutenant-colonel Soulyemane Dembélé, l’ « affaire des bérets rouges est un non-événement ». Il affirme que les bérets rouges qui ont participé au contre coup ont commis un acte d’indiscipline notoire dans l’armée. « Malgré tout, nous avons essayé de les manager pour les repartir dans les différents corps afin de combattre les ennemis communs qui sont les islamistes » ajoute –t- l’officier. Selon le directeur adjoint de la DIRPA, il reste quelques bérets rouges qui sèment la zizanie dans l’armée. « Je pense qu’il est honteux que les militaires maliens fassent du bruit à  Bamako pendant que les étrangers qui sont venus nous aider sont au front » déplore –t-il. Concernant la MISMA, le communicateur de l’armée malienne a annoncé que de nouveaux contingents sont arrivés de la Guinée Conakry et du Sénégal. Actuellement le commandement de la MISMA travaille sur le déploiement de ces forces sur le terrain.

Oumar Daou (Etat major) : « l’armée malienne est en mesure de reprendre Konna »

O๠se cache la vérité sur la situation au centre du Mali ? Konna est-elle vraiment tombée ? La ville a-t-elle été reprise d‘ailleurs ? Pour Oumar Daou, chef militaire de l’Etat major, il faut se garder d’annoncer certaines informations trop vite ! Ce message va à  l’encontre de la presse, dans son ensemble, pour éviter de créer la psychose ou la désinformation ou encore l‘intoxication au sein du peuple malien. C’’était tout l’objet de cette conférence de presse organisée ce vendredi à  la base militaire de Bamako par la DIRPA. Sauf qu’en matière de secrets défense, on ne peut pas tout dire. Les confrères le savent et on bien voulu jouer le jeu en allant écouter les hauts gradés nous dire d‘être prudents. l’armée malienne le sait, et les autorités aussi, il ne faut plus rien cacher au peuple et surtout, ne pas réitérer le «Â gros mensonge dAguel’hoC’ » qui a conduit l’an dernier à  la chute du régime d’ATT et à  la prise du nord Mali… «Â  l’armée malienne est en mesure de reprendre Konan » Aussi, les animateurs de la conférence de presse, même si on n’y a pas appris grand-chose, ont quand même rétabli quelques vérités. La première, C’’est cette volonté d’informer les populations maliennes sur ce qui se passe au centre, depuis que les islamistes ont repris leur offensive contre l’armée. Deuxièmement, bien expliquer le concept harmonisé de la MICEMA, la force africaine de soutien à  l’armée malienne. «Â  Depuis Avril, nous avons jusqu’ici fourni énormément d’efforts et de ressources dans le rééquipement de l’armée malienne, aussi bien et les délais d’intervention ont été revus ». C’’est un euphémisme de le dire, car sur le terrain, la guerre elle a déjà  commencé. Sur Konan, Daou est optimiste : «Â Oui l’armée n’est pas à  Konna actuellement. Mais l’armée est en mesure de reprendre Konna ». La prise de la ville se voit donc confirmée par le responsable militaire, qui demande de se garder de toute exagération. «Â  Nous demandons aux confrères de s’adresser à  la DIRPA pour toute information, nous sommes là  pour ça ». Un changement de stratégie qui intervient à  un momen crucial pour nos forces armées aux prises avec les islamistes. Reste que la presse a jusqu’ici toujours été confrontée au silence assourdissant des autorités militaires. Faut-il se réjouir de cette nouvelle posture ? Pour le Conseiller Technique chargé des opérations auprès du Ministère de la défense et des anciens combattants, Colonel Abdramane Baby, l’aide du peuple est cruciale pour laréussite de la mission de libération du Nord du Mali. «Â Cette conférence a été autorisée par le ministère de la Défence et sachez le, la mobilisation internationale est en cours. Les partenaires sont là  en discussion. Mais certaines infos concernant Konan doivent rester entre les mains de l’opérationnel… » Préoccupations des confrères Quelles forces sont en présence sur le terrain ? Quel est le bilan des affrontements à  Konna ? Comment Konan est-elle tombée ? Que peut la France pour le Mali à  l’heure actuelle après que François Hollande ait déclaré l’Etat d’urgence et promis d’aider le Mali ? Les hommes de la DIRPA se veulent toujours prudents face aux questions des confrères. On savait et on le sait d’autant plus, d es forces étrangères sont à  Mopti. «Â Nigérianes, sénégalaises, françaises », répond le colonel Baby. «Â Par ailleurs, des missions opérationnelles sont en cours sur le terrain et dans le cadre de la résolution ». s’agit-il des avions arrivés la veille à  Mopti ? Les militaires français censés former l’armée sont-ils déjà  sur place ? Sur le bilan de Konna, on n’en saura pas davantage, sinon le maigre espoir qu’une contre offensive de l’armée est en cours, grâce à  des hélicoptères, des blindés. Mais des blessés, il y en a : «Â Comprenez, affirme le colonel Baby, qu’on ne pourra tout vous dire sur ce qui se passe à  Konan, mais nous ferons le point et cela demande du temps ». La veille, des rumeurs avaient parlé elles de camions remplis de cadavres entrant à  Sévaré ou encore de soldats égorgés par les islamistes… La peur a dominé alors à  Sévaré, ville garnison, mais pour les militaires, il faut rester calme. «Â  Le Mali a besoin de l’aide de tous et de son peuple », conclut Baby. La DIRPA, est désormais le relais. A tout journaliste de se référer à  l’institution pour valider, vérifier ou confirmer une information. Nous sommes en temps de guerre !