Dossier : L’armée malienne face à la Hiérarchie

. Cette phrase figure en bonne place dans le RSA (Règlement du service dans l’Armée) un véritable bréviaire des militaires. Compte tenu de son importance chaque militaire est tenu de la mémoriser à  tout moment. Hiérarchie à  vau l’au Entre ce que disent les textes militaires et la pratique sur le terrain, il existe souvent un décalage. C’’est le cas notamment du Mali. Dans le pays le Soundjata Kéita, ces prescriptions semblent être la chose la moins partagée dans l’armée ces dernières années. La grande muette souffre aujourd’hui d’un manque de discipline qui avait failli ébranler la cohésion même de l’armée. Les derniers développements de l’actualité dans le pays ont mis en exergue cette réalité cruelle. Mais qu’est ce qui est à  l’origine de ce grand mal ? Les chefs et subordonnés se rejettent mutuellement la responsabilité. «Â C’’est le comportement des chefs qui poussent les subordonnés à  l’indiscipline. Ils détournent sans vergogne les droits des hommes. l’avancement ne se fait pas dans la règle de l’art ». Autant de facteurs évoqués par M. Maà¯ga, lieutenant, et qui expliquent selon lui l’effritement de la discipline entre les supérieurs et leurs subalternes. Son frère d’armes qui a requis l’anonymat est sous-officier et partage son point de vue. Pour cet homme à  la voix grave, le non-respect de la hiérarchie passe par un exercice d’introspection de la part de chefs qui profitent de l’armée pour s’enrichir sur le dos des pauvres soldats par des détournements de toutes sortes. Sans oublier le favoritisme érigé en règle de conduite. Les illustrations données par un sous-officier supérieur, responsable de sport militaire, chargent davantage la hiérarchie. l’homme en uniforme avoue être victime plusieurs fois de l’injustice et de l’indélicatesse de ses chefs. Le cas qui l’a le plus marqué remonte à  la coupe d’Afrique militaire en novembre 2012 en Côte d’Ivoire. «Â Contrairement aux autres pays, le Mali a été le seul pays à  effectuer le voyage par route. Pendant ce temps, le responsable se paye le luxe d’aller en avion. Comble les joueurs ont remis ça (retour par car) malgré le trophée arraché de haute lutte en terre ivoirienne. J’ai été blessé dans mon amour propre ce jour-là . », dit- il avec un pincement au C’œur. Et d’ajouter : «Â En guise de récompense, les joueurs n’ont perçu que 500 000 F CFA et l’entraà®neur 600 000 F CFA. Cette somme était bien en deçà  de celle donnée par les autorités. Pendant ce temps les joueurs des autres pays ont touché près du triple de ce qu’on a perçu. Comment voudriez-vous que les soldats puissent avoir du respect dans ces conditions à  l’égard de tels chefs peu scrupuleux ?», s’indigne celui qui témoigne de plus de décennies dans le métier des armes. Mauvais casting ? Les griefs formulés contre les chefs sont balayés du revers de la main par ceux-ci, lesquels estiment d’ailleurs que les ‘’plaignants » sont de mauvais soldats. Incorporé dans l’armée à  la fin des années 70, ce haut gradé de l’armée estime que les jeunes militaires des dernières années viennent dans l’armée avec une mentalité incompatible avec l’armée et dont ils ont du mal à  se départir. La logique consistant à  revendiquer à  tout bout de champ, avance-t-il, ne rime pas avec la pratique militaire. Tout en reconnaissant le mauvais comportement de certains chefs, cet autre chef militaire se lâche sur les soldats qu’ils accusent de faire un mauvais procès aux chefs souvent accusés à  tort et à  travers. De l’avis de l’officier supérieur, les jeunes militaires se trompent d’analyse. «Â Ce sont des militaires qui veulent tout avoir tout de suite. Ils veulent avoir des grades très vite et ignorent qu’on ne vient pas dans l’armée pour s’enrichir », se défend-il. Yaya Diarra, sociologue, tente de diviser la poire en deux. Selon lui, l’indiscipline des soldats est liée à  ce qu’il appelle un mauvais ‘’casting » lors du recrutement o๠l’on se retrouve avec des enfants recalés ou chassés de l’école et même souvent des repris de justice. Ceux-ci viennent avec un comportement qu’ils ne tarderont pas de contracter après quelques années de service si bien qu’ils tentent de transposer leur mode de vie antérieur dans le milieu militaire. Ce qui n’exonère pas, à  l’en croire, des chefs qui adoptent une attitude mercantile pendant le recrutement pour avoir de l’argent. Tout comme certains d’entre eux s’adonnent à  des détournements des droits des subordonnés. Le coup d’Etat du 22 mars 2012, illustre le sociologue, a permis de mettre à  nu le comportement peu orthodoxe des chefs militaires qui s’employaient plus à  gagner de l’argent que d’équiper l’armée ou d’améliorer les conditions de vie. Refonder l’armée durablement Au moment o๠le Mali se remet peu à  peu de la plus grave crise de son histoire contemporaine, la refondation de l’armée est plus que nécessaire dans le cadre de la reconstruction du pays. En tout cas les nouvelles autorités y attachent du prix. Elles ont donné le ton récemment en mettant fin de manière énergique au mouvement d’humeur de certains soldats de Kati. Dans son adresse à  la nation pour la circonstance, le président de la République ; Ibrahim Boubacar Kéà¯ta, appelé les chefs militaires rétablir très vite la discipline dans la grande muette. Ce après avoir décidé la dissolution de comité de suivi et de réforme de l’armée et le désarmement de l’ex-junte. La volonté présidentielle est prise au sérieux par le gouvernement. La preuve par le ministre en charge de la sécurité, le Gal Sada Samaké qui a entrepris une visite dans les différents services relevant de son département. Après la police et la gendarmerie, le ministre était en visite à  la garde nationale le jeudi 10 octobre 2013. Partout le message n’a pas varié : le respect strict de la discipline et le travail bien accompli. « Je suis à  cheval sur la discipline. On ne peut rien avoir d’un soldat indiscipliné. Un chef qui bouffe le droit des hommes n’est pas un chef, je ne travaille avec ce chef », a déclaré, le ton ferme, Sada Samaké à  la garde nationale. Un signal fort.

Lutte sportive au Mali : une discipline qui s’impose progressivement

Créee il y’a seulement 4 ans, la Fédération Malienne de lutte est à  pied d’œuvre pour donner à  cette pratique séculaire une dimension sportive La lutte est pratiquée, depuis des lustres, au Mali comme dans la plupart des Etats africains. La lutte n’est pas qu’africaine. Elle a appartenu à  tous les peuples du monde. Au Mali, elle existe chez les bambaras, les dogons, les bobos. La lutte que pratique les dogons a toujours été événementielle. Par exemple, la manifestation de la joie après une bonne récolte est matérialisée par organisation de luttes. La fédération Nationale de lutte du Mali La lutte est loin d’être un jeu fortuit. Elle nécessite une préparation mentale et physique du lutteur. Dans le souci de conférer à  la lutte une forme idéale à  un sportif, Sinaly Tangara s’est fait soutenir par Ibrahima Sacko, opérateur économique. La complicité de ces deux hommes a présidé à  la création, en 2006, de la Fédération Nationale de lutte. Sinaly Tangara : un passionné de la lutte Cet homme est par ailleurs, technicien des arts martiaux (option Aà¯kido), doublé d’une qualification en arts plastiques. Toute fois, il ne semble pas regretter de s’être converti dans l’encadrement des lutteurs. En effet, il est le premier directeur technique de l’équipe nationale de lutte. Et il le demeure. Les difficultés sont énormes pour le technicien. D’une part, le jeune âge de la discipline y est pour beaucoup. Pour Sinaly, un lutteur arbore la forme primaire de l’homme : la nudité. Or, la nudité est l’expression de la puissance humaine. Malgré les embûches qui jalonnent le parcours, M. Tangara ne désespère pas quant à  l’avenir de la lutte sportive au Mali. Lutte sportive au Mali : Un parcours peu reluisant mais ambitieux Depuis la mise en place d’une Fédération dédiée à  la lutte, le Mali est toujours représenté dans les grandes compétions africaines. Ainsi, le Mali participe tous les ans au tournoi de lutte de la CEDEAO (Tocac). Cette fête compétitive, qui regroupe toutes les catégories (65 kg, 75 kg, 85kg, 100kg ou plus) de la lutte, est organisée tous les ans au Niger et au Sénégal. D’entrée de jeu, à  l’issue des jeux de la zone 2 ou ACNOAZ, le Mali s’en est sorti avec une médaille en bronze. A l’issue de sa participation au Championnat du monde écologique en 2008, le Mali a été classé 4ème avec une médaille de bronze Au Tolac du Niger le mérite du Mali a été sanctionné par une médaille en argent. Ainsi le Mali a été classé 2ème de la compétition. Au plan national, la Fédération Malienne de lutte participe chaque année au Grand Prix de la Nation qui est une compétition organisée par le centre hippique de Bamako. La lutte, une discipline saisonnière Face à  la contre performance de l’équipe nationale de lutte, le directeur technique de la Fédération avance que les lutteurs aux Mali sont des saisonniers. « Ce sont des gens qui restent avec moi pendant seulement 4 à  5 mois. Or la préparation d’une équipe nécessite de la rigueur et la permanence » a-t-il indiqué. Mais, déplore le technicien, C’’est le manque de moyens qui fait que la discipline tarde à  pousser des ailes. Sur tout autre plan, le sélectionneur national de lutte sportive prôné la nécessité d’aller vers une cible autre que les saisonniers. Il s’agit potentiellement des agents de sécurité des boites de nuit, communément appelés « gros bras ». En tout cas pour que cette discipline sorte de l’ornière, il est impératif pour le Mali de doter la Fédération nationale de lutte, de ressources adéquates… Cela aidera à  coup sur, les jeunes lutteurs à  compétir sur l’arène des nations réputées en la matière. Présentement, la Fédération Nationale de lutte est entrain de préparer « le drapeau du chef de l’Etat ». Une compétition qui en est à  sa toute première édition !