Accord ZTS : la pomme de discorde

Déjà , dès le dimanche, la rumeur avait fait le tour de la capitale Bamako. Des rumeurs venues du nord du pays, informaient d’une entente entre la Minusma et les groupes séparatistes touareg et arabes réunis au sein de la CMA. Pour les mieux avertis, il s’agissait d’un accord avec le MNLA pour la mise en place d’une Zone Temporaire de Sécurité autour de Tabankort, localité o๠lesdits groupes subissaient des lourdes pertes depuis plusieurs jours. Le lundi, C’’est la mission onusienne qui vient en quelque sorte confirmer l’information en publiant un communiqué. Elle y accuse le MNLA d’avoir fait de « graves retouches » au dit document et joint au texte une copie de l’accord signé du 24 juin, entre un haut gradé de la Minusma et la Coordination de l’Azawad(CMA). Objectif : obtenir une zone démilitarisée pour « garantir la sécurité des populations civiles ». Quelques heures plus tard, les rues de Gao se remplissent. Jeunes, vieux, femmes et enfants viennent aux portes du QG de la Minusma demander des comptes : pourquoi à  Kidal, on ne dit rien et à  Gao, on demande aux groupes « pro-gouvernementaux » de déposer les armes ? N’est-ce pas faire le jeu du MNLA et consorts et leur donner l’opportunité de revenir dans une bataille qu’ils sont en train de perdre ? Une déclaration est remise et les manifestants attendent que la Minusma s’explique. Le lendemain, ils sont toujours là . Et les choses dégénèrent. Que s’est-il passé ? Selon la Minusma, les manifestants ont caillassé les policiers de la mission qui ont tiré des gaz lacrymogènes et fait des tirs de sommation. Du côté des manifestants, on soutient que face à  leurs mains nues « la Minusma a tiré », selon un jeune élève interrogé à  l’hôpital de Gao. Bilan : 4 morts et 17 blessés (source hospitalière). Mardi soir, la Minusma, par la voix de son Représentant adjoint en charge des affaires politiques, dément avoir « donner l’ordre de tirer ». Le Gouvernement communique aussi. C’’est le Ministre de la Défense (la coà¯ncidence est marquante !), assurant l’intérim de son homologue des Affaires Etrangères, qui lit le communiqué du Gouvernement. Il revient sur les incidents de Gao et affirme que la décision de signature d’un accord signé entre la MINUSMA et certains groupes armés « prise sur une base non inclusive, […] a été perçue comme défavorable au processus de paix et de réconciliation en cours ». En clair, l’Etat malien n’a pas été associé à  la démarche de la Minusma et s’en désolidarise. Pour preuve, le gouvernement s’est félicité de la décision des responsables de la Minusma « de retirer ledit document ». La mission de l’Onu s’est pourtant défendue : le processus n’était qu’à  sa première étape, les suivantes auraient concerné les autres acteurs. Mais, comme la démarche n’a pas été comprise, elle abandonne son projet. Une « volonté de poursuivre de manière inclusive le processus de consolidation du cessez-le-feu et de la sécurité » dont s’est réjoui le gouvernement malien. « Le mandat de la Minusma est clair, la protection des populations civiles » rappellera le ministre de l’administration territoriale, Abdoulaye Idrissa Maà¯ga, en visite à  Gao ce mercredi. « Signer un accord avec des belligérants ne rentre pas dans ce cadre. Le document et ce à  quoi il engage est nul et non avenu » affirmera-t-il ensuite au micro de l’ORTM. Pour en revenir au communiqué officiel, « le Gouvernement exhorte la MINUSMA au traitement impartial du gel des positions et l’engage à  ses côtés à  prendre les initiatives propres à  résorber la situation ainsi créée ». En outre, le ministre qui était en compagnie de son homologue de la Sécurité, le général Sada Samaké, a appelé la Minusma a tiré des enseignements de la situation et prendre ses responsabilités vis-à -vis des familles et des victimes. Le message est on ne peut plus clair ! Ce vendredi, selon des sources concordantes, Bamako devrait marcher. Avec en première ligne, des responsables politiques, de la majorité comme de l’opposition, des leaders de la société civile. Pour que « les amis du Mali restent dans leur rôle et ne jouent plus le jeu des fossoyeurs de la République », comme on l’a entendu dire par un jeune de Gao, témoin des évènements de mardi.

Police nationale : la hache de guerre loin d’être enterrée

l’affaire des nominations exceptionnelles de certains policiers ayant soutenu le coup d’Etat qui a défrayé la chronique la semaine dernière est loin de connaà®tre son épilogue. Les intimidations, les agressions et les chantages secouent désormais le milieu des hommes en tenue bleu. Le décret annulé, les plaies toujours vives l’atmosphère de la camaraderie a volé en éclats depuis la promotion le 22 septembre de membres d’une branche syndicale acquise à  l’ex-junte du CNRDRE. En réaction le Syndicat national des commissaires de police (SYNACOMPOL) avait tapé du poing sur la table en demandant l’annulation pure et simple de ces nominations jugées « claniques ». Si les autorités ont finalement annulé le décret de la discorde le 1 octobre dernier, les bénéficiaires désavoués ont juré de se venger de leurs camarades. Agression et tentative d’enlèvement Et ils semblent avoir passé à  l’acte. Dans la soirée de vendredi, vers 23h00, un jeune policier du groupement mobile de la sécurité(GMS) a été agressé non loin de la chambre de commerce et d’industrie du Mali. Ses agresseurs étaient tous cagoulés, ce qui ne donnait aucune chance à  un bon policier de les identifier. La victime présumée, Jean-Antoine Keita, qui fait partie des opposants aux nominations, a été emmenée à  l’hôpital Gabriel Touré pour des soins intensifs. Un autre fonctionnaire de police membres du syndicat des commissaires aurait été la cible d’une tentative d’enlèvement. « La rumeur a circulé pendant plusieurs heures sans que les autorités n’y apportent de démenti », rapporte RFI. L’ex-junte, impliquée, joue les médiateurs L’ex-junte, qui porte selon le syndicat des commissaires une lourde responsabilité dans ces « nominations exceptionnelles », a appelé les policiers à  la réconciliation à  travers le partage d’un «repas de corps ». Pour donner de l’éclat à  cette tentative de réconciliation, le numéro 2 de l’ex-junte, Amadou Konaré, était présent à  l’événement. Malgré ces tentatives de réconciliation les policiers continuent à  se regarder en chiens de faà¯ence. De sources policières, les injures graves pleuvent toujours entre factions rivales. «La discipline qui fait la force de notre corps a été foulée au pied », peste un jeune commissaire. Au regard de ces querelles intestines dans la police, on peut dire que la chasse aux sorcières dans la police laisse apparaitre une vraie division.