Ebola : le dispositif aux frontières renforcé

Le personnel de santé déployé aux différents postes de contrôle entre Bamako et la frontière guinéenne ne se plaint pas : gants de protection, combinaisons et thermomètres sont mis à  la disposition des infirmiers chargés de procéder au premier diagnostic des voyageurs entrant sur le sol malien. Une tente compartimentée en salles d’hospitalisation est installée des deux côtés de la frontière. Pour éviter les contraintes policières, nous avons préféré ne pas traverser la barrière qui sépare les deux pays. Mobilisation de taille Face à  la situation, Ebola mobilise. Une jeune technicienne de santé venue de Bamako nous reçoit sous un hangar de fortune aménagée. Ereintée par la canicule, elle se confie à  notre micro : « le travail se passe bien, nous gagnons 4 000 francs par jour ici et nos chefs se battent pour améliorer nos conditions. Notre travail consiste à  interroger les chauffeurs pour connaitre la provenance du véhicule, à  prendre la température des passagers sans les toucher et à  leur demander si aucun d’entre eux n’a la diarrhée, la fièvre ou des vomissements. Les premiers symptômes cliniques sont une fièvre de plus de 39 degré et ou la diarrhée ». Notre interlocutrice reconnait que « les agents de santé montent à  bord des véhicules sans combinaison de protection, ce qui peut les exposer ». A la question « pourquoi avoir laissé filer l’enfant à  Kayes ? », son collège vêtu d’un maillot bleu rétorque « nous nous mettions à  contrôler les adultes en pensant que les enfants ne représentaient pas un gros risque et aujourd’hui le fait est là  ». Les autorités sanitaires mesurent l’ampleur de la situation et un médecin expatrié rencontré à  Kourémalé affirme que « tout est mis en œuvre pour éviter que le Mali ne devienne le ventre mou de la lutte contre Ebola ». De concert avec le ministère de la santé, nous avons réussi à  savoir que la fillette décédée à  Kayes est passée par ici, sa grand-mère qui curieusement n’est pas contaminée a pris un taxi à  Sébénikoro pour se rendre à  Bagadadji d’o๠elle s’est rendue à  l’autogare pour prendre le bus qui l’a transportée jusque vers Kayes. Nous avons mis en quarantaine ceux qui ont côtoyé la disparue et sa grand-mère et recherchons les deux taxis qu’elles ont eu à  emprunter ». A Kourémalé, les agents de santé sont appuyés dans leur travail quotidien par les forces de police et les gendarmes. Hors micro, ils ont souhaité « une implication plus forte des forces de sécurité d’autant que certains passagers refusent de sortir des véhicules pour se faire dépister et dès lors, ils montent à  bord des cars pour prendre la température des uns et des autres. Le mal dans ce travail C’’est qu’une fois à  la maison, les parents et les amis ont peur de leur donner la main ». Nous avons également remarqué qu’une ambulance médicalisée manque dans le dispositif mis en place aussi bien au niveau du poste avancé de Kourémalé qu’au poste de contrôle de Sébénikoro or la détection du virus Ebola exige une mise en quarantaine ultra rapide.