M5-RFP Malikura: 3 mois après sa création, le mouvement essaye de se faire une place

Lancée en août dernier, la nouvelle tendance du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (MR-Rfp) est figée sur ses prérogatives : militer pour l’amélioration de la situation sécuritaire et le redéploiement de l’État sur l’ensemble du territoire malien, la lutte contre la corruption et l’impunité ainsi que le coût de la vie. Estimant que les mêmes inquiétudes qui l’ont poussé à manifester contre l’ex Président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) sont toujours présentes, le mouvement a appelé les autorités de la transition à changer de paradigme lors d’une conférence de presse ce mardi. 

Trois mois après sa mise en place, rien ne semble avoir changé pour le M5-RFP Mali Kura. Cette nouvelle tendance considère que, depuis le 3 août dernier, le « partenariat » noué avec les autorités militaires en mai 2021 souffre d’un « déficit de dialogue », qui a « nui à la mise » en œuvre de son projet pour le Mali. Il s’agit de l’arrêt de partage d’informations sur les enjeux majeurs de la transition. Notamment sur le retour de la paix et de l’administration sur l’ensemble du territoire national, la lutte contre la corruption et l’impunité dans la gestion des affaires publiques et la baisse du coût de la vie.

Selon le mouvement, la situation sécuritaire s’est sérieusement dégradée en 2022. Il souligne, entre autres, l’extension croissante des attaques des groupes armés terroristes, leur emprise dans les localités des régions de Ménaka et Tombouctou ainsi que la multiplication des déplacés internes dans le pays.

Sur le plan économique, « les prix des denrées de première nécessité ont fortement augmenté au cours des deux dernières années, pour de multiples raisons imputables à la crise mondiale, mais aussi à la relative inefficacité de l’État à réguler les comportements de certains opérateurs économiques », dénonce le collectif, selon lequel il urge que le gouvernement procède à un examen approfondi de cette question pour prendre toutes les mesures efficaces possibles afin de soulager les populations.

« Le M5-RFP est la force politique qui a créé les conditions de la chute du régime d’IBK, à travers la mobilisation massive du peuple malien contre sa mauvaise gouvernance », s’est exclamé Konimba Sidibé, Président du Comité stratégique M5-RFP Mali Kura. « À  ce titre, cette transition est la nôtre et nous voulons qu’elle soit la transition de rupture avec les mauvaises pratiques de gouvernance, pour gagner la lutte contre les groupes armés terroristes, restaurer la sécurité et la souveraineté de l’État sur toute l’étendue du territoire national et poser les piliers du Mali Kura, tant attendu par le peuple malien. Notre engagement et notre détermination restent totaux pour l’atteinte de ces objectifs », dit-il.

Dans cet élan, le mouvement a rencontré le Premier ministre par intérim, le Colonel Abdoulaye Maïga le 10 octobre dernier et exprimé le souhait de la libération « le plus tôt possible » des militaires ivoiriens détenus au Mali depuis le 10 juillet dernier, trouvant que leur détention est à l’origine d’une tension qui n’est bonne ni pour le Mali en situation de grande fragilité, ni pour la Côte d’Ivoire, ni pour la sous-région, confrontée à une grave crise sécuritaire et économique.

« Ce souci d’apaisement est une forte demande des populations maliennes, qui voient en la République de la Côte d’Ivoire un pays frère, où vivent 4 millions de Maliens, et un partenaire économique majeur du Mali », justifie le Président du M5-RFP Mali Kura.

En rupture avec le M5-RFP originel, où les relations étaient tendues notamment avec Choguel Kokkala Maïga, qui dirigeait le mouvement avant ses soucis de santé, le M5-RFP Mali Kura annonce vouloir être une force politique efficace de veille.

CNJ : Vers une nouvelle scission ?

A peine remis de la crise qu’il traversait, le Conseil National de la Jeunesse réconcilié (CNJ) semble rentrer dans une nouvelle période difficile. Des délégués venus de tout le Mali hormis les trois du nord (Gao, Tombouctou, Kidal) se sont réunis à  Bamako ce week-end. Leur porte parole, Moussa Sow, a indiqué que « l’heure est venue pour la jeunesse malienne de reprendre toute sa place dans le développement socio économique du pays. C’’était « prévisible » Ce Congrès doit être perçu comme le point culminant d’une crise qui ne date pas d’aujourd’hui. l’on se rappelle qu’une querelle de leadership, consécutive au renouvellement de l’ancien bureau, a, en 2010, secoué le CNJ. Ladite crise avait été désamorcée grâce à  l’implication des autorités maliennes qui n’ont ménagé aucun effort pour que l’entente revienne. Mais il semble qu’elle ne fut que de façade. Les raisons évoquées par ces jeunes pour la tenue de ce congrès extraordinaire du CNJ sont entre autres : la politisation du bureau du CNJ, la violation du texte statutaire du CNJ et la limite d’âge (35 ans) qui frappe beaucoup de jeunes du bureau d’Abdoulaye Touré. Le président de la commission de crise, Mody Samaké, a fustigé le bureau Touré qui a soutenu par exemple de projet de réforme constitutionnel du président ATT. « Ce bureau s’était politisé », explique-t-il en ajoutant que l’ancien bureau a fait que la représentativité des jeunes dans les structures publiques n’est plus une réalité. « Nous ne sommes pas là  en mission commandée. Mais nous sommes là  pour recadrer les missions du CNJ afin que la crise qui secoue notre organisation soit jugulée ». Election express Cinq minutes de concertations auront suffit pour qu’il ait un consensus autour du nouveau président. En effet, C’’est Oumar Maà¯ga qui présidera désormais aux destinées de la plus haute instance de la jeunesse malienne. Fort de 23 membres, le nouveau bureau qu’il préside, sera sans doute confronté à  un problème de légitimité. l’ «héritier» de Abdoulaye Touré, élu par les délégués du congrès, a promis de rendre visite aux jeunes du nord Mali pour exprimer leur solidarité. « Nous sommes là  parce que l’autre CN a lamentablement échoué. C’’était un bureau de farfelus, de corrompus, de malhonnêtes » a-t-il déclaré. Bras de fer inévitable l’ancien bureau du CNJ n’est pas prêt à  capituler. Les membres du bureau Touré continuent leurs activités, comme si de rien n’était. Il faut cependant noter qu’Abdoulaye Touré est porté disparu depuis l’éclatement de la crise socio-politique le 22 mars dernier. Pour s’enquérir de sa position, nous avons pu joindre son vice président, Alioune Gueye. Selon lui, cette méthode du congrès extraordinaire des jeunes n’est ni démocratique, ni républicaine. « Nous ne savons pas qui sont les commanditaires de ce congrès. Mais après avoir eu l’information, J’ai sillonné toutes les communes de Bamako et contacté toutes nos structures de bases à  l’intérieur du Mali qui ont confirmé ne pas être au courant de la mise en place de ce bureau parallèle. Nous sommes dans une situation o๠la priorité est de libérer les régions du nord Mali et non de créer le désordre. Dans les jours à  venir, nous vous édifierons à  travers une conférence de presse», a-t-il expliqué.